Catégorie : Maroc

  • Propagande antiterroriste : Les attentats de Casablanca

    La vague d’attentats kamikazes qui a endeuillé le Maroc, le 16 mai 2003, a été présentée comme une opération conçue par Abou Moussab Zarquaoui pour les réseaux Al-Qaïda. Le royaume chérifien aurait rapidement arrêté les complices, les aurait jugés et condamnés, sauvant ainsi son processus démocratique. Une thèse taillée en pièces par le professeur Omar Mounir qui relève, dans un récent ouvrage, les incohérences de la version officielle. Selon notre enquête, les attentats pourraient être liés à la question saharaouie et auraient été utilisés par le gouvernement pour museler un parti islamiste que tous donnaient gagnant aux élections municipales imminentes.

    RÉSEAU VOLTAIRE | PARIS (FRANCE) | 28 FÉVRIER 2005

    Le 16 mai 2003, le Maroc est secoué par une vague d’attentats sans précédent. Par une série de cinq attaques quasi-simultanées dans la ville de Casablanca, le royaume est soudainement touché par le « terrorisme international ». L’opération fait une quarantaine de morts et une centaine de blessés. Immédiatement, le pouvoir adopte une législation antiterroriste jusque-là soumise à une forte opposition, et incarcère un grand nombre d’opposants politiques issus des mouvements islamistes. Ces mesures légitimes et appropriées sont d’une efficacité redoutable, le Maroc éradique rapidement le terrorisme et retrouve sa stabilité antérieure.

    C’est en tout cas la version officielle de cet événement qui a aujourd’hui disparu de la mémoire collective. Cependant, Omar Mounir, ancien professeur de la Faculté de droit de Casablanca, vient de publier un livre, Les Attentats de Casablanca et le complot du 11 septembre, dans lequel il expose les contradictions de la thèse des autorités marocaines. Replaçant cette vague d’attentats dans le contexte général de « guerre au terrorisme » et du conflit irakien, il propose une interprétation tout à fait différente de ces événements.

    Des versions contradictoires

    Dès les premières heures, les versions données aux médias sont très confuses, à la fois sur les cibles visées et sur le mode opératoire des terroristes. Pour le journal Le Monde, « trois voitures piégées ont explosé respectivement près du consulat de Belgique, de l’hôtel Farah-Maghreb (ex-Safir) et du Cercle de l’alliance israélite, et une ou deux bombes ont explosé à la Casa Espana (Maison d’Espagne), le centre culturel hispanique, pourvu d’un restaurant très fréquenté ». Dans son chapeau, le « quotidien de référence », se contredisant lui-même, explique que les attentats sont « pour la plupart des attaques-suicides de kamikazes ». Des kamikazes suffisamment amateurs pour rester à bord des voitures en stationnement qu’ils ont eux-mêmes piégées ? Dans le même article, le journaliste affirme qu’« une bombe aurait été apportée à l’entrée de l’immeuble [de l’hôtel Farah-Maghreb] par un kamikaze à pied, selon un témoin ». Le ministre marocain de l’Intérieur, Moustapha Sahel, explique que « ces attentats portent la signature du terrorisme international ». Selon lui, « le but visé par les terroristes était de porter atteinte au processus démocratique au Maroc et à son « pluralisme » politique ». Objectif atteint : dans les jours qui suivent, la police marocaine arrête de nombreux opposants issus des mouvements islamistes, alors même que le président du Parti de la justice et du développement, la branche politique de cette tendance, a qualifié ces attentats de « crime terroriste sauvage » [1].

    Les enquêteurs ne s’attardent pas beaucoup sur les motivations éventuelles des terroristes. Ils se contentent d’une cassette sonore distribuée en février 2003 et attribuée à Oussama Ben Laden dans laquelle celui-ci affirmait que « les musulmans doivent se mobiliser pour se libérer du joug de ces régimes apostats, asservis par l’Amérique. (…) Parmi les pays qui devraient être libérés figurent la Jordanie, le Maroc, le Nigéria, le Pakistan, le pays des deux saintes mosquées et le Yémen » [2].

    Selon la police, « une dizaine de kamikazes ont trouvé la mort et trois suspects, tous de nationalité marocaine, ont été arrêtés ». Parmi eux, figurerait un kamikaze blessé. Dans les jours qui suivent, la police identifie huit membres des cinq commandos et procède à une trentaine d’arrestations. L’enquête vise un groupe islamiste, Assirat Al-Moustaquim (Le Droit Chemin), une bande d’un quartier populaire de Casablanca qui prône une application rigoriste de la loi coranique. Dans la foulée, le président états-unien, George W. Bush, offre son aide pour « arrêter et traduire en justice les responsables » des attentats. Une proposition qui suscite immédiatement une forte opposition populaire, Bush étant même qualifié de « pompier-incendiaire ». Puis, après avoir interpellé deux autres kamikazes survivants, la police marocaine arrête « le coordinateur principal » des attentats, mais celui-ci décède avant d’avoir été présenté à la justice, de « mort naturelle ». Il n’empêche, d’après les enquêteurs, les personnes déjà arrêtées ont permis d’identifier huit des quatorze kamikazes, et de connaître l’intégralité du fonctionnement du réseau.

    Dans les jours qui suivent, c’est un suspect français qui est interpellé à Tanger. Ce dernier, Robert Richard Antoine Pierre, réside au Maroc depuis six ans et est rapidement soupçonné d’être un maillon essentiel du dispositif.


    Les suites judiciaires de l’affaire sont une véritable parodie de justice. Fin juin, une trentaine de Marocains arrêtés avant les attentats et soupçonnés d’appartenir à l’organisation clandestine « Salafia Jihadia » sont jugés… pour leur rôle dans l’opération de Casablanca ! Le procureur requiert contre eux la « peine maximale », donc la peine de mort pour une dizaine d’entre eux. Tous ont pourtant nié les faits à l’exception de Youssef Fikri, baptisé « l’émir du sang » par la presse. Le tribunal suivra malgré tout ces réquisitions [3].

    Quelques jours plus tard, alors que le ministre de la Justice Mohammed Bouzoubaa affirme que 700 personnes sont sous le coup de procédures judiciaires en raison de leur implication « directe ou indirecte » dans cette tragédie, le premier procès directement lié aux « attentats-suicides » s’ouvre à Casablanca. Les 52 suspects (qui seront bientôt 87) sont des membres de la Salafia Jihadia. Parmi eux, les trois kamikazes présumés rescapés. Ceux-ci sont d’ailleurs les seuls à être poursuivis pour leur rôle dans les attentats du 16 mai, les autres étant pour leur part soupçonnés d’avoir fomenté des projets similaires à Marrakech, Agadir et Essaouira. Ils sont jugés sur la base de la nouvelle loi antiterroriste, votée juste après l’attaque, en juin 2003 et appliquée rétroactivement [4]. Seul élément matériel retenu contre eux par l’accusation : « plusieurs cassettes faisant, selon elle, l’apologie du jihad en Tchétchénie, en Palestine et en Afghanistan et que les inculpés auraient visionné en groupe avant le drame du 16 mai » [5]. Au finale, quatre d’entre eux sont condamnés à mort et trente-neuf à la prison à perpétuité [6]. Un Français, Pierric Picard, arrêté et jugé dans le cadre de cette affaire, est acquitté.

    Un troisième procès s’ouvre fin août. Il permet à la justice marocaine de s’intéresser au cas de Pierre Robert (également appelé Richard Robert et Didier Robert), un « islamiste français » arrêté à Tanger le 3 juin 2005 et accusé par le parquet de Rabat d’être « le principal responsable de cellules terroristes constituées à Tanger, Fès (centre), Casablanca, et dans le nord du pays » [7]. Également visée, la Salafia Jihadia, dont le Français aurait été l’ « émir ». Pierre Robert, qui comparait aux côtés de trente-trois islamistes salafistes marocains, affirme le 9 septembre 2003 qu’il a travaillé pour la DST française, pour le compte de laquelle il aurait infiltré la mouvance islamiste algérienne. Il aurait été impliqué dans « le démantèlement d’un réseau de seize Algériens, Tunisiens et Marocains opéré conjointement dans cinq pays européens, dont la Belgique et la France, qui menaçaient, à travers des attentats à la bombe, la Coupe du monde 1998 ainsi que la cathédrale de Strasbourg » [8]. Le Quotidien d’Oran rappelle d’ailleurs que « la DST est concernée dans l’enquête de Casablanca, du fait que trois ressortissants français ont péri dans les attentats. Le lendemain des faits, quatorze agents de la DST sont arrivés au Maroc, dont les spécialistes de l’identification judicaire, des spécialistes en explosifs et des experts du laboratoire central, pour épauler leurs homologues marocains ». Bien que le ministère français ait immédiatement démenti ces informations, les déclarations de Robert font sensation. Cela n’empêche cependant pas la justice marocaine de le condamner lourdement, malgré l’absence de tout élément matériel dans le dossier d’accusation. Le 29 septembre, il écope de la prison à perpétuité, tout comme deux autres prévenus. Les autres sont condamnés à des peines allant de trois mois à trente ans d’emprisonnement, tandis que deux seulement sont relaxés [9].

    Ainsi se termine cette ténébreuse affaire. Avec cette dernière vague de condamnations, les autorités marocaines referment le dossier des attentats les plus meurtriers qu’a connus le Maroc, quatre mois seulement après qu’ils ont été commis. On ne sait pourtant rien, ni des motivations des auteurs, ni de l’idéologie de leur réseau, ni des cibles désignées, ni du mode opératoire. Tant sur le plan politique que matériel, ces attentats restent un mystère. Un mystère qu’Omar Mounir a choisi d’éclaircir.

    Le choix des cibles

    La première attaque a été commise dans le quartier de Sahat Al-Arsa, dans la vieille médina de Casablanca. Contrairement à ce qui deviendra plus tard la version officielle, l’attentat n’est pas réalisé par un commando de trois kamikazes, mais par un seul. Les trois autres victimes seraient simplement des passants, d’après les témoignages recueillis par l’hebdomadaire TelQuel. Les médias vont rapidement éclipser ce détail pour chercher à expliquer quelle était la cible du ou des terroristes. Selon eux, c’est le cimetière juif voisin qui était visé. Pourtant, comme le note Omar Mounir, « le dernier enterrement remonte quand même à 1950 » et l’explosion a eu lieu à plusieurs rues de son emplacement. Et l’auteur de s’étonner : « Venir avec, apparemment, l’intention de faire sauter un cimetière ou l’on ne sait quoi et ne même pas savoir où il se trouve ! ».
    Concernant l’attaque du Centre de l’alliance juive, elle est réalisée, selon des témoignages également recueillis par TelQuel, par deux terroristes munis de bombes. La veille, les terroristes y auraient perturbé un banquet de 150 personnes. Ils ont préféré l’attaquer alors qu’il était désert, un vendredi soir de shabbat. La troisième cible visée est le restaurant « Le Positano », qui se trouve en face de l’ambassade de Belgique. Il est fréquenté par une bonne partie de la communauté juive de Casablanca, et se situe dans le quartier de la ville qui compte le plus de synagogues. Il est également situé non loin de l’ambassade états-unienne. Mais là encore, les incohérences sont multiples : les terroristes se sont faits sauter, ou tout au moins les explosions ont eu lieu, à l’extérieur du restaurant et non à l’intérieur. Les victimes sont des passants, notamment un Français qui descendait de son véhicule. Aucun Juif ne pouvait être visé, puisque là encore, l’attentat a été perpétré le soir du shabbat.
    Voilà pour les trois attentats « ratés », où les victimes sont principalement les auteurs eux-mêmes. Seuls quelques passants subissent, parfois de manière fatale, les conséquences de la « maladresse » des terroristes. L’attentat qui vise les intérêts espagnols au Maroc est bien plus meurtrier. Vers 22h30, trois terroristes pénètrent dans la Casa de España, qui comprend un restaurant et un club social espagnol subventionné par Madrid. L’attaque fait vingt-deux morts, dont un Italien, deux Espagnols et dix-neuf Marocains.
    Enfin, le dernier attentat vise l’hôtel Farah. L’attaque fait trois morts : un kamikaze, un vigile et le concierge.

    Quelle est la logique de ces attentats ? D’après l’AFP, « les attaques (…) ont visé des cibles juives et des établissement fréquentés par des étrangers ». Pourtant, « la majorité [des victimes] sont des Marocains » [10]. En ce qui concerne les « cibles juives », il semble que les attaques n’aient pas été réalisées dans le but de tuer, puisque les lieux choisis ne pouvaient pas être fréquentés par des Juifs ce soir-là. D’où l’hypothèse d’Omar Mounir : les terroristes « voulaient avertir les Juifs et non pas les tuer, peut-être…. Les contraindre à quitter le Maroc pour Israël comme Sharon le leur demandera au lendemain des explosions ».

    Une seule cible peut être clairement identifiée : l’Espagne. Comme le note Omar Mounir, « le Casa de Espana se trouvait dans le même bâtiment que la Chambre de commerce espagnole, non loin de la mission catholique ibérique de Saint François d’Assise, derrière le restaurant. L’État et l’Église espagnols étaient donc représentés ici ». À quelques jours d’élections municipales cruciales pour le gouvernement Aznar, allié inconditionnel de Washington, celui-ci se retrouve ainsi confronté à un flot de critiques de José Luis Rodrigues Zapatero, qui l’accuse « d’avoir placé l’Espagne sur la liste des objectifs du terrorisme international » [11].

    Liens avec Al-Qaïda
    Au cours de leur enquête, les autorités marocaines vont désigner plusieurs groupes islamistes comme les responsables de l’organisation de ces attaques : Assirat Al-Moustaquim, puis la Salafia Jihadia. Deux organisations peu connues des spécialistes mondiaux du terrorisme. La presse évoque des connexions internationales multiples : le journal Al-Ittihad Al-Ichtikari affirme que « au moins deux kamikazes résidaient en Égypte et aux Émirats et seraient arrivés au Maroc par avion en provenance de Londres et de Bruxelles ». Le 5 juin, on apprend dans le Washington Post que les attentats étaient préparés depuis plusieurs mois et que l’ordre d’exécution a été donné par Abou Moussab Zarquaoui lui-même. Deux semaines plus tard, Al-Qaïda revendique les attentats « par l’enregistrement vidéo d’un homme masqué qui a promis de nouvelles opérations suicides ». Le même jour, le 23 juin, le journal As Sabah publie des informations selon lesquelles les attaques auraient été financées par « un groupe de Marocains résidant en Grande-Bretagne, dans des pays scandinaves, en Suède et au Danemark ». Ce qui permet de rattacher l’opération aux réseaux du terrorisme international, et notamment la nébuleuse Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. L’identité des kamikazes et leur origine sociale, abondamment diffusées dans la presse, vont pourtant totalement à l’encontre de cette théorie du complot. Venus des bidonvilles les plus défavorisés de Casablanca, les terroristes présumés étaient marchand ambulant, soudeur, poissonnier, ou encore gardien de parking. Un profil qui ne cadre pas avec la thèse des « agents infiltrés » soutenus de l’étranger… L’inexpérience des personnes choisies exclue également qu’elles aient pu mener ces attaques avec un timing aussi minutieux puisque les explosions se sont succédées, comme à Madrid, dans une plage horaire inférieure à 15 minutes.

    À partir de ces éléments, l’auteur élabore deux hypothèses : pour lui, les « kamikazes » ont agi sous l’emprise de psychotropes, et leurs bombes étaient actionnées à distance. Une hypothèse qui a le mérite d’expliquer pourquoi les bombes déposées à l’hôtel Farah-Maghreb et au Cercle de l’alliance israélite ont explosé avant que les terroristes ne soient ressortis du bâtiment. Cela expliquerait aussi pourquoi les informations sur les explosifs et leur dispositif de mise-à-feu sont aussi contradictoires. En définitive, on ne sait toujours pas aujourd’hui quel type d’explosif a été utilisé, qui a assemblé les engins et comment ils étaient censés être déclenchés, plusieurs journaux évoquant des minuteries de mise à feu fixées à 5 minutes. Un mécanisme qui exclurait que l’on parle de « kamikazes », et n’explique pas pourquoi la plupart des bombes ont explosé à l’extérieur des cibles qu’elles étaient sensées détruire.

    L’intérêt des islamistes à réaliser ces attentats reste par ailleurs l’objet de toutes les interrogations. L’opération a en effet eu lieu à quatre mois d’élections municipales pour lesquelles « observateurs et politologues s’accordaient à dire [qu’elles] allaient être un raz-de-marée islamiste ». La vague d’arrestations qui suit les attentats de Casablanca vise avant tout les figures les plus connues et les plus populaires de l’islamisme marocain, notamment Abdelbari Zemzmi, Mohamed Fizazik et de nombreux cadres du Parti de la justice et du développement (PJD), troisième formation politique au Parlement. Sous la pression, le mouvement ne présentera des candidats que dans 16 % des circonscriptions aux élections municipales. De ce point de vue, la vague de répression qui suit les attentats doit être comparée à celle qui suivit la victoire des islamistes algériens aux municipales de 1990, à la différence près qu’au Maroc les attentats ont permis d’agir avant le scrutin.

    Parallèlement, l’invention du délit d’« apologie de crime de terrorisme », qui permet de réprimer tout discours de contestation politique dont la virulence rappellerait celle d’organisations terroristes, permet aux autorités marocaines de déférer devant la justice plusieurs journalistes et directeurs de journaux. À l’unisson des « démocraties » occidentales après le 11 septembre, le Maroc a également adopté une législation antiterroriste ultra-sécuritaire peu de temps après les attentats.

    Tous ces éléments ne permettent pas de mettre à jour les motivations des auteurs des attentats. Tout au plus réduisent-ils à néant la version officielle en démontrant une opposition complète entre l’amateurisme supposé des « kamikazes » fanatiques et la préparation méthodique que présuppose une telle vague d’attaques simultanées. En renforçant l’assimilation des mouvements islamistes à la nébuleuse terroriste internationale érigée en nouvel ennemi par Washington, les attentats de Casablanca légitiment la guerre au terrorisme menée par les États-Unis depuis le 11 septembre 2001. L’absence de cohérence réelle dans le choix des cibles laisse pourtant supposer que l’objectif visé est encore largement inconnu du grand public. Tout comme les attentats de Madrid, qui surviendront neuf mois plus tard, les attentats de Casablanca doivent s’inscrire dans un agenda – ou au moins un contexte – dont la logique reste à déceler. Il est fort possible que la question du Sahara ex-espagnol, vieux sujet de discorde entre le Maroc et l’Algérie, y soit liée. Le 16 mai 2003, jour des attentats, le ministre des Affaires étrangères marocain, Mohammed Benaïssan, rencontrait Dick Cheney, Condoleezza Rice, Paul Wofowitz, Richard Armitage et le sous-Secrétaire d’État aux affaires du Proche-Orient, William Burns. Depuis près de trente ans, le Maroc occupe les deux tiers du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole. Depuis, il est confronté à une résistance armée du Front Polisario, qui prône l’autodétermination. Mais Rabat ne semble pas décidé à abandonner cette portion de territoire, riche en fer et en phosphate – voire en pétrole – et ce, malgré de nombreuses propositions de l’Organisation de l’unité africaine et de l’ONU.

    Cette question est devenue une préoccupation première de Washington depuis 2002 et l’adoption de l’ « Initiative Pan Sahel », lancée fin 2002 avec le Tchad, le Niger, la Mauritanie et le Mali pour « assurer conjointement la protection des frontières, le suivi des mouvements de personnes, la lutte contre le terrorisme et la coopération régionale ». Le tout avec un budget de 7 millions de dollars, avec une possibilité de réévaluation à hauteur de 125 millions dans les cinq ans à venir. Sous couvert de lutte contre Al-Qaïda et de son allié supposé, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, l’administration états-unienne a déjà considérablement accru son emprise militaire sur la région. Le Maroc aurait-il été sanctionné pour son intransigeance dans le dossier, qui bloque depuis des années le bon fonctionnement de l’Union du Maghreb arabe en polluant les relations entre Rabat et Alger ? Il est indiscutable en tout cas que les attentats de Casablanca sont arrivés au pire moment pour le pouvoir marocain, en pleine négociation diplomatique du nouveau plan Baker sur cette question. Ce plan prévoit notamment l’organisation d’un référendum au Sahara occidental d’ici à 2010, auquel tous les habitants de la région depuis fin 1999, qu’ils soient Marocains ou Saharaouis, seront autorisés à voter. Une proposition à laquelle le Maroc s’est opposé tandis que le Front Polisario y apportait son soutien, avec l’appui du Conseil de sécurité de l’ONU, fin juillet 2003.

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    [1] « Plusieurs attentats font au moins 24 morts à Casablanca », par Mohammed Chakir et Dominique Pettit, Le Monde, 18 mai 2003.

    [2] « Fragile Maroc », Le Monde, 28 mai 2003.

    [3] « Au Maroc, dix condamnations à mort dans le procès d’intégristes », Le Monde, 13 juillet 2003.

    [4] « Au Maroc, début du premier procès lié aux attentats-suicides de Casablanca »,Le Monde, 22 juillet 2003.

    [5] « Les inculpés de Casablanca nient en bloc », par Mounia Daoudi, RFI, 29 juillet 2003.

    [6] « Maroc : Le procès des attentats de Casblanca débouche sur 4 condamnations à mort et 39 à perpétuité », Quotidien du Peuple, 29 août 2003.

    [7] « Le procès de l’islamiste français Pierre Robert reprend au Maroc », Le Monde, 30 août 2003.

    [8] « Le cerveau des attentats de Casablanca est un agent de la DST », Le Quotidien d’Oran, 9 septembre 2003.

    [9] « L’ »émir » français Richard Robert échappe à la peine capitale au Maroc », par Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde, 20 septembre 2003.

    [10] « Attentats au Maroc : le lien possible avec Al-Qaïda prend corps », AFP, 19 mai 2003.

    [11] « L’Espagne, objectif du terrorisme », Le Monde, 20 mai 2003.

    Source : Réseau Voltaire

    Tags : Maroc, Terrorisme, attentats de Casablanca, 16 mai 2003, salafisme, al qaida,

  • Belgique : Espions venus du Maroc

    Gilbert Dupont, La Dernière Heure

    Des agents actifs à Bruxelles à la recherche du trésor de Belliraj

    Des Belgo-Marocains de Bruxelles et leurs familles, de près ou de loin liées à l’affaire Belliraj, ont souffert, entre février et juillet, en Belgique, de la présence, des procédés et des agissements d’agents des services secrets marocains ou présentés comme tels.

    Leur objectif était aussi d’en savoir plus sur le trésor Belliraj , une partie de l’argent, estimée par les services marocains à 11 millions d’euros, provenant d’un hold-up au Grand-Duché, qui n’a pas été retrouvée.

    Selon des sources rencontrées par La DH/Les Sports, ces agents marocains ont recouru au chantage, à l’intimidation et à la menace. Ils se sont vantés de torturer Belliraj et Abdellatif Bekhti qu’ils détenaient dans leur centre de Temara. Belliraj, selon eux, avait travaillé pour eux dans l’affaire Mellouk. Dans les années 1990, Farid Mellouk, le dernier du groupe Kelkal (attentats GIA de 1995) était soupçonné de se cacher en Belgique. Les Marocains le payaient alors 40.000 francs belges/mois pour les aider à le localiser.

    À Bruxelles, des avocats s’étonnent de ces agissements tolérés sur le sol belge d’agents présentés comme liés à la DGET, la Direction générale des études techniques, le contre-espionnage marocain.

    En concurrence avec les services belges, ces équipes n’observaient pas la même déontologie et certainement pas les mêmes scrupules. Elles ont cherché à recruter. Elles ont dissuadé des Belgo-Marocains de travailler pour les Belges. Elles avaient l’avantage de travailler dans une communauté où le seul prononcé des initiales DGET provoque une sainte terreur.

    Pendant des semaines, des Belgo-Marocains de Bruxelles se sont cachés pour leur échapper. Des pressions ont été exercées sur les familles au Maroc.

    « Ils expliquaient qu’ils torturaient Bekhti et Belliraj à Temara, qu’ils leur lâchaient les chiens et aussi qu’ils les faisaient violer par des gardiens d’origine djbela (apparemment très opposée aux Rifains) pour casser leur honneur. »

    Les agents marocains auraient menacé de procéder à des enlèvements sur le sol belge. Ils ont cherché à attirer à Lille, hors Belgique, des Belgo-Marocains qui les intéressaient, notamment un frère Bekhti et un certain Boucif .

    dh.be, 31 déc 2008

    Tags : Maroc, Belgique, Belliraj, terrorisme, DGED,

  • Maroc : Le pillage de la RASD ne remplit plus les caisses du Makhzen

    La machine de propagande du makhzen, chargée généralement d’étouffer toute voix dénonçant l’illégalité de l’occupation des territoires du Saharaoui, est également appelée à soigner l’image du royaume. Très souvent, des articles de presse et des reportages vantant la réussite politique et économique du royaume de Mohammed VI sont diffusés sur différents supports.

    Mais la crise du covid-19 a vite fait de rappeler la réalité aux marocains. Dès le début de la pandémie, le Maroc va solliciter une aide du FMI en recourant à la ligne de précaution et de liquidité d’un montant de 3 milliards de dollars. Mais le gouvernement marocain a besoin de plus d’argent pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie. Selon le gouvernement marocain d’autres demandes de crédits seront faites auprès d’autres institutions financières internationales tout au long de l’année en cours.

    La raison, le Maroc à une dette extérieure de 34 milliards de dollars et doit payer 4,15 milliards de dollars à de service de la dette en 2020. Face à cet endettement plus ou moins élevé, le Maroc ne dispose pas d’importantes réserves de change. Ces dernières s’élevaient à 24,4 milliards de dollars à fin février 2020, alors que l’Algérie dispose de 60 milliards de dollars. Mais la situation se complique davantage quand on aborde la structure du commerce extérieur de nos voisins de l’ouest. Le déficit commercial des biens s’est élevé à plus de 21 milliards de dollars en 2019, alors qu’il n’a été que de 6,11 milliards de dollars pour l’Algérie.

    Les performances économiques du Maroc, tant chanté par le makhzen, étale au grand jour une fragilité structurelle. L’économie marocaine doit importer deux dollars pour exporter un seul dollar. Ce lourd déficit du commerce extérieur des biens est plus ou moins atténué grâce aux rentrés en devises du tourisme et des transferts de l’argent de la diaspora. Enfin, les investissements directs étrangers ont chutés de 45% en 2019 pour n’atteindre que 1,8 milliards de dollars. Remettant en cause l’attractivité de l’économie marocaine.

    Le gouvernement marocain s’attend à une année très difficile sur le plan économique et social. La sécheresse qui frappe l’agriculture va réduire du tiers la production céréalière. Les principaux secteurs économiques exportateurs sont presque à l’arrêt. Le tourisme sera long à la reprise vu que les principaux pays émetteurs maintiennent leurs frontières fermées. Tandis qu’on s’attend à une baisse mondiale des transferts d’argent des émigrés de l’ordre de 20%. Une situation tellement critique que le gouvernement marocain n’a d’autres choix que de s’endetter encore plus.

    Puis il y a le Sahara occidental. La colonisation de ce territoire coute cher à Rabat. Le mur qui sépare les territoires libérés de ceux occupés par le Maroc, long de2700 kilomètres, doit être régulièrement entretenu. Des dizaines de milliers de soldats marocains, avec leurs équipements, sont mobilisés tout au long de ce mur. Le gouvernement accorde des avantages financiers pour encourager les marocains à s’implanter dans les territoires occupés pour modifier la démographie.

    La facture est tellement élevées que les richesses pillées du Sahara occidental, phosphate et poissons, ne couvrent que faiblement les dépenses engagées par le palais royal pour maintenir la colonisation d’une partie des territoires Sahraouis. A titre d’exemple, les exportations de phosphate du Sahara occidental n’ont rapportés que 90,4 millions de dollars en 2019 contre 164 millions de dollars en 2018, tandis que le pillage des ressources halieutiques a généré 100 millions de dollars la même année. Ces montants sont loin de couvrir le cout annuel de la colonisation, qui est en réalité supporté par le peuple marocain.

    Le Jeune Indépendant, 20 mai 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Makhzen, Front Polisario, phosphates, pillage, ressources naturelles, armée, mur de la honte,

  • Maroc : Le coronavirus fait perdre six points de PIB au pays

    Les deux mois de confinement imposé au Maroc pour lutter contre la pandémie de coronavirus représentent six points de produit intérieur brut (PIB), a annoncé mardi le ministre marocain de l’Economie. «Cela se traduit par la perte de 1 milliard de dirham (environ 930 millions d’euros) pour chaque jour de confinement», a précisé Mohamed Benchaâboun devant le Parlement.

    Le Maroc, qui a enregistré officiellement 7 023 cas de contamination et 193 décès au total, a imposé un confinement général le 20 mars, prolongé jusqu’au 10 juin et renforcé par un couvre-feu nocturne pendant le Ramadhan.

    Les milieux économiques préconisaient de lever le confinement le plus rapidement possible mais leurs préconisations n’ont jusqu’ici pas été suivies. Durant les quatre premiers mois de l’année, les exportations ont baissé de 61,5%, avec une moyenne de 90% en avril pour l’automobile, l’aéronautique, le textile et l’électronique, a déclaré le ministre.

    Autre secteur clé de l’économie du royaume, le tourisme a vu ses recettes plonger de 60% en avril, alors que le pays a verrouillé ses frontières à la mi-mars et suspendu tous ses vols internationaux. Les pertes pour les recettes du trésor sont, elles, estimées à 500 millions de dirhams (46 millions d’euros) pour chaque jour de confinement, a dit M. Benchaâboun. A la paralysie économique provoquée par la pandémie s’ajoute une «baisse de la valeur ajoutée agricole» en raison d’un déficit pluviométrique, a rappelé le ministre.

    Les dérogations spéciales sur les restrictions de déplacements permettaient théoriquement aux entreprises de fonctionner normalement. Mais environ 950 000 salariés sont temporairement en arrêt de travail et au moins 4,3 millions de familles privées de revenus tirés du secteur informel ou d’emplois précaires.

    Tags : Maroc, économie, pandémie, covid19,

  • Le Maroc, seul état à refuser de rapatrier ses sujets

    Les marocains coincés à l’étranger par les mesures de confinement ont découvert l’indifférence de l’État face à leur détresse. Il refuse encore de rapatrier ses ressortissants malgré la propagation de la pandémie de COVID-19. 

    Les autorités marocains ne cherchent même pas à dissimuler leur désengagement face à leur devoir d’assurer le rapatriement de milliers de Marocains dont une grande majorité passe la nuit à l’intempérie.

    Avec la pandémie, les marocains ont découvert le vrai visage du pouvoir marocain, le sort de ses citoyens est le dernier de ses soucis. Au Maroc, le citoyen ne vaut rien aux yeux de la clique qui gouverne ses destins. Il les abandonne quitte à régler ses comptes avec certains pays européens qui refusent de se plier à ses caprices barbouzières.

    Les dirigeants marocains ont accumulé le plein d’amateurisme diplomatique et je m’en foutisme digne des régimes les plus despotiques.

    Les marocains, eux, payent à leur tour 45 ans de soutien aux plans les plus fous de la monarchie marocaine et ses velléités expansionnistes contre l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara Occidental alors que le colonialisme est installé à Ceuta et Melilla et sa sécurité est assuré par le prétendu Commandeur des Croyants.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Mohammed VI, pandémie, covid19, coronavirus, rapatriement, marocains coincés è l’étranger,

  • Maroc : Le Makhzen se cache derrière le silence sur la santé de Mohammed VI

    La nouvelle diffusée par Fox News se confirme avec le temps. Selon de sources non officielles, le roi Mohammed VI est en état d’agonie suite à son infection au covid19. Selon la chaîne Fox News, le roi du Maroc a été contaminé par le prince Albert de Monaco.

    Le Makhzen semble avoir adopté la stratégie du silence face à une situation peu habituelle : toute la famille royale a disparu des écrans radars sans aucune explication laissant la porte ouverte à toute sorte de rumeurs.

    D’après plusieurs supports de presse locaux, deux hauts gradés de la Garde Royale ont été écroués inculpés d’avoir voulu contaminer le roi au covid19.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, pandémie, covid19, coronavirus, confinement,

  • Maroc : La connexion sioniste de Mohammed VI

    UNE DIZAINE DE MINISTRES D’ORIGINE MAROCAINE RETENUS DANS LE NOUVEAU GOUVERNEMENT SIONISTE : La preuve par les chiffres

    Un pareil choix, loin d’être aléatoire, trahit au contraire les penchants pro-israéliens du Makhzen, pourtant dirigé par un homme qui usurpe indument le pompeux titre de « commandeur des croyants ».

    Finalement, et après une attente qui aura duré plus d’une année, sur fond d’une crise profonde et à plusieurs facettes, l’entité sioniste a fini par se doter d’un gouvernement. Mais, la composition de celui-ci fait irrésistiblement penser à cet adage qui veut que la montagne accouche d’une souris. Cet Exécutif, que l’on subodore éphémère, comme ceux qui l’ont précédé puisque Netanyahu ne devrait en assurer la direction que durant 18 mois, a mis à nu la coupable, mais secrète, proximité qui a toujours existé entre cette entité d’essence néonazie et le Maroc, dont la politique colonialiste déployée au Sahara occidental n’a rien à envier à celle des criminels sionistes dans les territoires occupés palestiniens. La communauté juive sépharade d’origine marocaine, en effet, a obtenu d’importants « maroquins » dans le nouveau cabinet de Netanyahu. Le site « Maghreb Confidentiel » parle, lui, de pas moins d’une dizaine de portefeuilles ministériels revenus à cette « catégorie ethnique ».

    À titre d’exemple, la formation religieuse Shass, traditionnellement sépharade, a hérité du ministère de l’Intérieur et Développement du Néguev et de la Galilée, confié à Arié Dery, né le 17 février 1959 à Meknès. Dans les rangs de la droite du Likoud, il est relevé la présence d’Amir Ohana désigné ministre à la Sécurité. Dans le précédent cabinet Netanyahu, il avait dirigé le département de la Justice. Ouvertement homosexuel, Ohana est né en 1976 à Beersheva au sein d’une famille juive marocaine. Toujours au Likoud, Miri Regev, elle aussi née au Maroc, est propulsée à la tête du département des Transports. Au ministère du Renforcement communautaire figure Mme Orly Lévy-Abécassis du Parti Gesher (Pont), créé en 1996 par son père David Levy. Ce dernier avait occupé le poste de ministre des Affaires étrangères (6 juillet 1999 – 4 août 2000), traditionnellement chasse gardée des juifs ashkénazes. Natif de Rabat, en 1937, il avait déjà effectué une visite officielle au royaume en janvier 2000 pour aborder le processus de paix au Moyen-Orient avec son homologue Mohamed Benaïssa, ainsi que André Azoulay. D’autres ministres d’origine marocaine figurent sur la photo de famille du nouveau cabinet Netanyahu, tels Raphy Peretz (Parti Foyer juif), ministre du Patrimoine, Neirav Cohen (Parti Bleu-Blanc) à l’Egalité sociale et David Amsallem (Likoud) chargé des Relations avec le Parlement (Knesset).

    De pareils choix, loin d’être le fruit du hasard, trahissent au contraire la grande proximité doctrinale qui a toujours existé entre Rabat et l’entité sioniste. Pour finir de s’en convaincre du reste, il suffit juste de rappeler que la construction du tristement mur de la honte au Sahara occidental n’a été rendue possible qu’avec le complice concours des hommes du génie de « Tsahal »…

    Kamel Zaidi

    Le Courrier d’Algérie, 20 mai 2020

  • Un activiste sahraoui dévoile les secrets qui entourent les attentats terroristes commis par des marocains

    Depuis les attentats de Madrid de 2004, connus pour être « le 11 septembre européen », les services secrets marocains sont soupçonnés d’être derrière de nombreux attentats terroristes en Europe. En Espagne, ils sont nombreux et son catalogués de « conspirationnistes ». Cependant, les révélations d’un activiste sahraoui qui a séjourné dans les prisons marocaines apportent le maillon qui manquait au chaînon qui explique le modus operandi dans ces opérations.

    Mohamed Dihani est originaire du Sahara Occidental, un territoire non autonome dont une partie est occupée par le Maroc depuis 1975. Enlevé en avril 2010 par la police marocaine, il a été emprisonné pendant près de 6 ans dans lesquelles il a connu les pires des tortures physiques et morales en vue de le contraindre à accepter de participer à la formation d’un semblant de cellule terroriste qui sera accusée de planer des actions terroristes au Sahara Occidental dans le but de diaboliser les sahraouis aux yeux de la communauté internationale.

    Son expérience personnel et celles de nombreux détenus marocains ont permis à Mohamed Dihani de découvrir la réalité des prétendues « cellules démantelées » que les autorités marocaines ne cessent d’annoncer dont la « cellule d’Amgala », censée être dirigée par Dihani dans les plans de la DST marocaine. L’écrasante majorité des membres de la dénommée « cellule d’Amgala » que Dihani a rencontrés en prison n’avaient rien de radicaux et n’étaient même pas des pratiquants (ne font pas la prière). Ils étaient tous innocents et dénoncent une manipulation avec des visées politiques. L’annonce de la cellule d’Amgala a été dictée par la condamnation internationale de la sanglante répression du Camp de Gdeiz Izik, le 8 novembre 2010.

    Acculé par la légalité internationale au Sahara Occidental, Rabat tente de coller aux sahraouis l’image de terroristes dangereux pour les intérêts de l’Occident et que la présence du Maroc est nécessaire pour sécuriser le territoire.

    Mohamed Dihani se trouve actuellement en Tunisie dans le cadre d’un programme thérapeutique contre les séquelles de la torture physique et morale. Craignant l’approbation de la loi 22.20, il a décidé de profiter de son séjours à Tunis pour partager son vécu avec le public moyennant des interventions directes par visioconférence.

    Dans des conditions très émouvantes, Dihani a raconté son calvaire en versant beaucoup de larmes qui emporteront les traces de près de 6 ans de prison, de torture et des traitements les plus atroces que l’humanité puisse imaginer. Il a aussi dévoilé le calvaire de milliers de marocains qui se trouvent en prison pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis. Des victimes collatérales des agendas politiques des autorités marocaines.

    Dihani a décrit, avec précision, l’ambiance qui entoure les annonces de démantèlement des prétendues cellules terroristes, une farce dont les dindons sont les pays européens et leur allié ultra-atlantique. Les services secrets marocains sont allés jusqu’à flirter avec le terrorisme en contribuant à la création et manipulation de ces cellules depuis l’intérieur de la prison de Salé-2 grâce à la présence dans la prison de cheikhs salafistes qui ont été retournés grâce à certains privilèges qui vont leur permettre de vivre comme des rois. « Ils sont les seuls à avoir le droit de recevoir leurs femmes et passer la nuit avec elles en prison », précise M. Dihani. Des déclarations qui semblent avoir contrarié les autorités marocaines au point de les pousser à demander à leurs homologues tunisiens l’extradition de Mohamed Dihani.

    En effet, Dihani a été visité par des officiels tunisiens qui lui ont informé que le Maroc a demandé son extradition. Après avoir entendu la version de Dihani, ils sont partis.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, terrorisme, attentats,

  • Un prisonnier du Sahara occidental ouvre la boîte de Pandore sur les prisons marocaines

    En mai 2020, le Maroc a demandé que le militant sahraoui et ancien prisonnier politique Mohamed Dihani soit extradé de Tunisie. Dihani se trouve en Tunisie pour suivre un programme de réhabilitation d’Amnesty International pour les blessures physiques et mentales qu’il a subies lors d’un séjour de cinq ans dans les prisons marocaines entre 2010 et 2015.

    Mohamed Dihani a commencé en mai à raconter en direct sur Facebook les tortures les plus incroyables et autres traitements dont il a été victime et vécu pendant sa détention au Maroc. Entre autres choses, il a été enfermé en isolement pendant un an et demi dans une cellule de 1 x 2 mètres et trois ans sans voir le soleil.

    Les autorités tunisiennes ont récemment informé Dihani que le Maroc avait demandé son extradition pour des accusations liées au terrorisme. Cependant, selon ses avocats, les autorités tunisiennes auraient traité Dihani avec politesse et respect.

    Mohamed Dihani, qui a grandi et vécu dans la partie occupée du Sahara occidental, a été arrêté en 2010 et a disparu pendant 6 mois. Il s’est avéré plus tard qu’il se trouvait dans la prison secrète de Témara et a été torturé pendant 10 jours. Il a ensuite été emmené à la prison de Salé, près de Rabat, où il a également été torturé.

    Il a été accusé de terrorisme présumé; pour avoir planifié une attaque terroriste en Italie, des tentatives d’exemption de prisonniers sahraouis et des meurtres et condamné à 10 ans de prison. La seule preuve contre lui était des aveux sous la torture. Mohamed Dihani a fait appel du verdict, affirmant qu’il était innocent et avoir été torturé.

    En 2013, un nouveau procès a eu lieu. Cinq jours auparavant, il avait été très violemment battu en prison. Des photos de ses supplices ont fuité de la prison. Lors du nouveau procès, la peine a été réduite à 6 ans et il a été libéré en 2015.

    Amnesty International écrit dans un rapport du 26 avril 2019 que Mohamed Dihani est surveillé depuis sa libération en 2015. Les défenseurs des droits humains du Sahara occidental comme Mohamed Dihani sont souvent soumis à divers types de harcèlement. En 2018, il a été arrêté à deux reprises lors de participation à de manifestations pacifiques. Il a été arrêté pour cela et accusé d’avoir diffusé de fausses nouvelles. En février, cependant, il a été libéré des charges, écrit Amnesty.

    Dans ses enregistrements sur Facebook en mai, Mohamed Dihani dit qu’il avait également été soumis à divers types d’extorsion pendant la prison: il serait libéré s’il organisait des attaques terroristes dans la partie occupée du Sahara occidental. Les propositions étaient des explosions, des assassinats et semer la peur dans la population. De cette façon, le Sahara occidental serait considéré par le monde extérieur comme une plaque tournante du terrorisme et des menaces à la sécurité internationale, tandis que la présence marocaine serait considérée comme importante pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme. En outre, les autorités marocaines pourraient blâmer les militants du Sahara occidental et les condamner à de longues peines de prison. Ils pourraient également accuser le Polisario de financer le terrorisme et de collision avec Al-Qaïda. Ainsi, le Maroc apparaîtrait comme ayant une force de police fiable dans la région.

    Pendant longtemps dans les prisons marocaines, Mohamed Dihani a rencontré des prisonniers marocains condamnés pour terrorisme. L’un d’eux serait libéré s’il devenait officier d’information des services de sécurité marocains et était envoyé au Mali pour infiltrer Al-Qaïda. Après deux ans avec Al-Qaïda en 2005-2007, il a été arrêté parce qu’il refusait de fournir des informations spéciales au service de sécurité.

    Mohamed Dihani dit également qu’à travers ses codétenus, il a compris que les autorités marocaines elles-mêmes avaient créé de faux cellules terroristes juste pour montrer qu’ils les « démantelées ». Il cite en exemple la dénommée « cellule d’Amgala ».

    Lena Thunberg

    Sources:

    Tidskriften Västsahara nr 2/2013: Marockansk fångvård

    Amnesty International: UN must monitor Human Rights in Western Sahara and Sahrawi Refugee Camps

    Saharawinet: Former Saharawi political prisoner tells his story and unmasks Morocco manipulation of terrorism

    Saharawinet: Moroccan intelligence race against the clock to fabricate new terrorism charge against Saharawi former political prisoner Mohamed Dihani

    Tunisie: Malgré sa protection par Amnesty International, un saharaoui risque l’extradition vers le Maroc

    Vast-Sahara, 17 mai 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, terrorisme, Mohamed Dihani,

  • Enfants de Salafistes : victimes malgré eux

    Les enfants des présumés terroristes des attentats de Casablanca se souviennent de l’arrestation de leur père comme si c’était hier. Depuis, ils sont marginalisés par la société. Encore plus que les autres enfants aux conditions précaires, ils n’ont d’autre choix que de s’en remettre à Dieu. Témoignages à Sidi Moumen, quartier qui a vu naitre des kamikazes du 16 mai.

    par Hicham Bennani

    Les enfants du bidonville des carrières Thomas, en périphérie de Casablanca vivent toujours dans des conditions précaires. Mais certains sont plus marginalisés que d’autres. En ce lieu appelé «Kariane Toma», un grand nombre de présumés terroristes ont été arrêtés par la police, suite aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Selma Mouhim avait 5 ans, lorsque son père Abdelhak a été enlevé à son domicile. Abdelhak Mouhim, 36 ans, peintre en bâtiment, a été condamné à trente ans de prison ferme. «Je m’en souviens comme si c’était hier. Une vingtaines d’hommes en civil ont pénétré par la force dans la maison. En nous injuriant, ils nous ont demandé où était mon père. L’un d’eux m’a violemment frappé à la jambe. Ma mère venait d’accoucher, ils ont alors dit «mabrouk ziada» (bienvenue au nouveau né) !», témoigne la jeune fille aujourd’hui âgée de 12 ans. Après cela, Selma a continué de se rendre à l’école. «Les premiers mois, mes camarades m’insultaient et me traitaient de fille de terroriste. Une institutrice m’a reproché de porter le voile. Ils me disaient : comment se fait-il que tu obtiennes de très bonnes notes, alors que tu es fille de terroriste, tu ne le mérites pas ! Lorsque je rentre à la maison, je me réfugie dans le travail et je pleure. Je veux que l’innocence de mon père soit faite par la justice», lance Selma en éclatant en sanglots. Pour acheter leurs livres et leur matériel scolaire, les enfants de ceux qui ont été incarcérés après les attentats de Casablanca font avec les moyens du bord, car leurs familles sont coupées de toutes aides extérieures. Et personne n’a le droit de leur apporter de l’assistance. «Nous sommes surveillés en permanence, les voisins sont solidaires, mais on leur passerait les menottes s’ils nous donnaient quoi que ce soit», assure Khamissa Rtimi, sœur de Abderazak Karaoui, condamné à 30 ans de prison ferme.

    Où est mon père ?

    «A chaque rentrée des classes, Sidna envoie des cartables aux élèves, nous ne bénéficions plus de la totalité de ce don depuis les attentats !», déplore K. Rtimi qui ajoute que sous prétexte que les enfants sont «fils de terroristes», ils ne bénéficient pas des mêmes avantages. Cette femme âgée de 42 ans ajoute qu’: «avant les attentats, la préfecture nous convoquait régulièrement pour nous donner de la nourriture, mais depuis les condamnations nous n’en bénéficions plus, alors que nous faisons partie des habitants des bidonvilles les plus défavorisés du Maroc».

    Naima Karaoui habite à Kariane Toma. Elle est l’épouse de Abderazak Karaoui, qui purge sa peine à la prison de Kénitra. Cette femme de 50 ans est mère de sept enfants. L’un d’eux, Othman, 22 ans, a arrêté ses études. «Une enseignante le traitait d’enfant de terroriste. Il était pénalisé dans ses notes et ne supportait pas le regard de ses camarades», raconte Naima Karaoui. Hamza, 14 ans, ne va plus au lycée depuis qu’il a été victime d’un accident de voiture. Selma et Assia, deux jumelles âgées de 8 ans sont très marquées par l’enlèvement de leur père. Elles ne ratent jamais la série mexicaine «Ayna abi ?» (où est mon père ?) diffusée sur la chaîne Al Aoula. «C’est notre feuilleton préféré. Nous espérons retrouver notre père à la fin de chaque épisode. Nous cherchons notre père à chaque fois dans l’image», précise Assia.

    Naima Karaoui lance un dernier cri du cœur : «Nous sommes des islamistes, pas des terroristes ! Nos enfants moisissent. Nous demandons à Sidna, commandeur des croyants, que Dieu le garde, d’intervenir. Nous n’avons aucun autre espoir pour eux !»

    Tous les deux mois, les enfants Karaoui rendent visite à leur père à Kénitra. «A l’entrée de la prison, Imane a été dénudée dans une petite pièce et fouillée, je ne sais même s’ils l’ont violenté… Les enfants sont traumatisés par la police. Ils ne peuvent pas voir un policier sans changer de trottoir», constate Khamissa Rtimi. «Un petit garçon dont je ne vous dirais pas le nom nous a dit : quand je grandirais, ma mission sera de tuer les policiers pour me venger !», atteste Naima Najari, mère de Abdelaziz Chafai, 29 ans, ancien marchant ambulant, condamné à 30 ans de prison. Après un long périple jusqu’à Kénitra, une attente interminable et une petite heure passée avec leur père qui est atteint d’une sciatique et survit dans des conditions difficiles, «nos enfants ne peuvent que devenir des voyous, des terroristes et maudire l’Etat, vu ce que l’on nous inflige», conclut Naima Karaoui.

    Même son de cloche du côté de Rachid Mesli, directeur juridique du Forum Al Karama, association pour les droits de l’homme dans les pays arabes basée à Genève. Selon lui, dans tout le monde arabe, on retrouve à peu près la même situation critique au niveau des familles. «Lorsque le principal soutien de famille est arrêté et détenu, elles sont systématiquement marginalisées. Cela a des conséquences sur la situation matérielle de ces familles et engendre de graves problèmes pour la société», constate Rachid Mesli qui explique qu’une fois devenus adultes, les enfants suivent les traces de leur père. A long terme, leur devenir peut être «assez imprévisible», prévient R. Mesli.

    «Il n’y a pas de droits, de l’homme, pas de droits des femmes, pas de droits des enfants au Maroc», martèle Naima Karaoui en désespoir de cause. A chaque fois que les familles tentent de faire entendre leurs voix sous forme de manifestations pacifiques dans la rue, elles sont matées par les forces de l’ordre.

    Le «rêve» danois

    Changement de décor. Mercredi 20 janvier 2010. Non loin du bidonville Kariane Toma, dans un quartier modeste, proche de Sidi Moumen, les enfants de Omar Maarouf, s’apprêtent à partir dans l’après-midi pour le Danemark, pays où ils ont grandi. En juillet 2003, la Cour d’Appel de Casablanca avait condamné Omar Maarouf, considéré comme faisant partie des principaux accusés dans l’affaire des 31 membres de la «salafia jihadia», à la peine capitale. Ses enfants Hamza, 16 ans, Zineb, 14 ans, Mouad, 11 ans et Amar, 9 ans possèdent la double nationalité. Omar Maarouf a été interpellé à Tanger, alors qu’il s’apprêtait à quitter le territoire marocain. «Je n’ai jamais compris ce qui s’est passé. Le jour de son arrestation, mon père m’a dit qu’il avait un problème avec le service des douanes», se souvient Hamza. «Notre pays c’est le Danemark. Quel avenir au Maroc ? On se sent vraiment bien à Copenhague. Nous sommes chez nous. Personne ne nous fait de réflexions déplacées… », soutien l’ainé. A entendre la famille Maarouf, le Danemark, un pays dont la réputation a été ternie avec les pays musulmans, suite à la publication de caricatures du prophète Mohammed, est de toute évidence moins dur à vivre lorsqu’on est étiqueté «enfants de terroriste» que le Maroc. Le Danemark est même «un véritable rêve! Personne ne nous fait sentir que nous sommes des marginaux. Les gens qui nous connaissent de près ou de loin nous demandent même régulièrement des nouvelles de mon mari, indique Araba Hassania, femme de Omar Maarouf, L’école danoise nous a donné des vacances supplémentaires pour que les enfants puissent se remettre de leurs émotions.» Une fois par an, ces enfants passent leurs vacances au Maroc. Tous les deux jours, ils rendent visite à leur père. Et comme tous les autres enfants qui ont un père présumé terroriste, ils subissent l’humiliation à l’entrée de la prison de Kénitra. «On nous isole, on nous dénude, on nous fouille… », témoigne la petite Zineb. La veille, Mouad, le plus jeune, avait été très choqué par les conditions de détention de son père. «Il vomi et est couvert de boutons depuis qu’il l’a vu…», fait remarquer la mère. A chaque rentrée scolaire, les enseignants demandent aux enfants de raconter par écrit ce qu’ils ont fait de leurs vacances. Pas étonnant qu’en étalant au grand jour le contraste de leur vie entre les deux royaumes, ils soient totalement déboussolés. Au Danemark, les quatre enfants de Omar Maarouf sont suivis par un psychiatre. «Amar est le plus atteint. Il souffre d’une grave maladie mentale», atteste Araba Hassania. Pour cette femme, «le Maroc est notre pays. Mais c’est le Danemark qui nous a aidé. J’ai écrit plusieurs lettres au roi, qui sont restées sans réponse. Omar ne peut pas rester en prison. La lumière apparaitra. Ce n’est pas un homme qui est pénalisé, c’est une famille toute entière !»

    Pour Fatiha Mejjati, veuve de Karim Mejjati, soupçonné d’être un des organisateurs des attentats de Madrid, tous ces enfants restés sans père, qui sont souvent des «innocents derrière les barreaux», sont démunis de leur citoyenneté. De véritables «bombes à retardement».

    Article paru dans le dernier numéro du Journal Hebdomadaire (426)

    Source: Maroc Infos, 2 fév 2010

    Tags : Maroc, terrorisme, attentats de Casablanca, 16 mai 2003,