Catégorie : Maroc

  • « Le roi prédateur », analysé par Abdelmalek Alaoui

    SYNTHESE

    Les deux livres événement « Le Roi Prédateur », dans une moindre mesure « Paris Marrakech : Luxe, Pouvoir et Réseaux » ont eu un retentissement considérable notamment du côté des médias hispanophones. Pour un certain nombre d’observateurs avertis, cette occurrence s’explique par un « acharnement » d’une partie de la presse espagnole à l’encontre du Maroc, jugée par ces mêmes observateurs comme étant Pro-Polisario.

    A titre d’exemple, la publication d’un article sur le sujet par le quotidien El Pais a eu un écho pour le moins conséquent : 2676 partages sur Facebook, 549 Tweets, et 800 commentaires sur le site web du journal. A noter que la tonalité de ces commentaires a été globalement positive, la majorité d’entre eux étant favorables au Roi Mohammed VI. Cela dit, nombreux sont ceux qui pensent que la censure d’El Pais au Maroc aurait grandement contribué à en accroitre la visibilité, notamment sur le Web.

    Du côté des médias francophones, les thématiques dominantes ont principalement concerné l’« éventuel » impact généré par la sortie du livre « Le Roi prédateur », ainsi que le contenu de celui-ci en mettant en avant certains passages « clé » de l’ouvrage et en pointant de l’index l’entourage du souverain impliqué dans la gestion de ses affaires. La censure du livre au Maroc a également été un sujet très médiatisé et relayé sur le net.

    « Le Roi prédateur » a eu un moindre retentissement dans les médias arabophones. Ces derniers se sont montrés plus critiques en s’attaquant aux raisons qui auraient motivé les auteurs de l’ouvrage.

    PRESSE NATIONALE

    Al Massae :

    Mustapha Al khalfi ministre de communication, autorise la distribution du dernier numéro du journal « le monde » malgré la publication de ce dernier d’un article qui revient sur le livre « le roi prédateur ». Le ministère a justifié sa décision par « le professionnalisme » avec lequel le journal a traité le sujet.

    Assabah :

    Le journaliste Ignacio Cembrero vient de publier un article sur le livre « le Roi prédateur ». Ce journaliste ne manque aucune occasion pour critiquer le royaume chérifien.

    Liberté :

    La fortune personnelle du roi du Maroc a quintuplé en dix ans. Le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde.

    Le Soir Echos :

    Le Maroc interdit le numéro du dimanche du quotidien espagnol el Païs pour publication de quelques extraits, du nouveau livre « Le Roi Prédateur », jugé « diffamatoire et sans preuves ».

    PRESSE INTERNATIONALE

    L’Express :

    Dans une interview accordée au magazine « l’Express », Eric Laurent, co-auteur du livre « le Roi prédateur » précise que le livre était à l’origine une enquête sur l’état des lieux de la monarchie marocaine à l’heure du printemps arabe.

    Le Monde :

    Page après page, les auteurs du « Roi Prédateur » décrivent un souverain allié de la France devenu « le premier banquier, le premier assureur, le premier agriculteur » de son pays, et un homme d’affaires de premier plan dans « l’agroalimentaire, l’immobilier, la grande distribution, l’énergie, les
    télécoms »…

    RFI :

    Le quotidien «El Pais» est interdit au Maroc à cause d’un article contenant des extraits inédits d’une prochaine publication d’un livre sur le roi Mohammed VI.

    Le Matin DZ :

    « L’absolutisme royal de Hassan II était résolument politique et visait à assurer la pérennité de la monarchie marocaine. L’absolutisme de Mohammed VI s’exerce, lui, dans le domaine de l’économie et ne s’accompagne d’aucune stratégie politique pour assurer l’avenir de la dynastie qu’il incarne », estiment Catherine Graciet et Eric Laurent.

    Al Qods :

    Une grande polémique est suscitée par la sortie d’un livre qui remet en question la fortune du Roi. Les autorités marocaines considèrent que l’interdiction des publications étrangères sur son territoire est sans lien avec la liberté d’expression.

    Le quotidien rapporte que le journaliste Ismail Ouali doute de l’étrange coïncidence entre la parution du livre « Le Roi prédateur » et la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport par le ministère de tutelle. Le journaliste accuse de ce fait le gouvernement de vouloir détourner l’attention des citoyens.

    Echos du Web

    Web francophone :
    Le roi prédateur, un livre qui fera trembler le trône Présentation du livre et résumé de l’éditeur
    voxmaroc.blog.lemonde.fr 10/02/12

    « Le roi prédateur » : un brûlot contre Mohammed VI
    Objectif du livre : lever le voile sur le rôle que jouent les sociétés appartenant à Mohammed VI dans l’économie marocaine
    mgb.minutebuzz.com 24/02/12

    Le Roi prédateur : un nouveau livre visant le roi du Maroc
    Annonce de parution
    rifonline.net 24/02/12

    Le Roi prédateur, une enquête sur la fortune de Mohammed VI, sortira en France le 1er mars prochain
    Annonce d’un nouveau livre : Zoom sur Mounir Majidi
    maghrebemergent.info 24/02/12

    El Pais : Nouvelle censure pour « diffamations » à l’encontre du roi
    « Il s’agit de la deuxième fois que le journal est censuré en seulement dix jours. Ignacio Cembrero, journaliste d’El Pais spécialiste du Maroc, ne comprend pas ces censures. »
    yabiladi.com 28/02/12

    « Le roi prédateur », un livre accusateur contre Mohammed VI
    Annonce d’un nouveau livre : un livre à charge contre Mohammed VI.
    rtbf.be 28/02/12

    L’Union Internationale des Editeurs (UIE) demande au Maroc d’autoriser la distribution de « Le Roi Prédateur »
    La page diffuse le communiqué de l’UIE
    mamfakinch.com 01/03/12

    L’UIE condamne la censure du « Roi prédateur » au Maroc
    «L’UIE condamne cet acte de censure et demande aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d’expression en autorisant la distribution du livre au Maroc», indique l’organisation dans un communiqué.
    livreshebdo.fr 01/03/12

    Maroc : Que le Roi Mohammed 6 accepte les critiques !
    « Ce livre est certes fort critique du roi du Maroc et de sa cour, mais il est écrit de bonne foi et est le fruit d’un travail d’enquête exceptionnel. À défaut, si la distribution du livre venait à être interdite, l’UIE considérerait que le Maroc contreviendrait à ses obligations internationales en matière de liberté d’expression et de liberté de publier, notamment au titre des articles 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. »
    actualitte.com 01/03/12

    Maroc : Le roi prédateur des pauvres « Un livre bien documenter explique comment fonctionne la tyrannie marocaine présenté comme un régime modéré et moderne, qui est en fait un régime royaliste qui est en train de mettre son propre peuple à genou. »
    bellaciao.org 03/03/12

    « Le Roi prédateur », pour qui roule Eric Laurent ?
    Derrière la publication de ce livre :
    Processus de désengagement de la Société Nationale d’Investissement (SNI).
    L’ouverture de nombreux secteurs aux investisseurs étrangers, notamment du Golfe.
    Bladi.net 03/03/12

    « Le Roi Prédateur », une enquête sur la fortune colossale du Roi Mohamed VI
    Présentation du livre / censure/ UIE
    Elwazir.org 04/03/12

    L’UIE demande au Maroc d’autoriser « Le Roi Prédateur »
    « L’Union internationale des Editeurs (UIE), qui accuse le Maroc de « prendre à contre-pied » le vent de liberté qui souffle sur le monde arabe.»
    Bladi.net 05/03/12

    Analyse des commentaires

    Reportage : le Roi prédateur (El Pais)

    Le journal espagnol mis en exergue les passages les plus critiques de l’ouvrage en insistant sur le fait que les deux journalistes français allaient montrer au monde le vrai visage du Roi Mohammed VI. Sur la toile, l’article d’El Pais a été partagé 2676 sur Facebook et 549 sur Twitter, totalisant environ 800 commentaires sur le site du quotidien, dont la majorité est postée par des marocains qui défendent le Roi, accusant le journal espagnol d’être un pro-Polisario.

    Le Maroc interdit El pais à cause d’un article sur l’ouvrage « le roi prédateur »

    Hespress revient sur la censure du journal El pais par le ministère de la communication, précisant qu’environ 30 quotidiens et magazines étrangers ayant abordé ledit ouvrage ont été interdits au Maroc. Cet article a été relayé 101 sur le net suscitant la réaction de 79 internautes dont 51 % d’entre eux expriment leur mécontentement vis-à-vis du quotidien espagnol « anti-Maroc qui ne cesse pas de porter atteinte à l’image du pays, ajoutant qu’il y a fort à parier que le Polisario soit derrière cet article». A l’inverse, 45% critiquent les mesures de censure prises par le gouvernement, pensant que « la liberté d’expression reste un droit fondamental » et qu’elle est non respectée par le pouvoir marocain.

    Œil sur les réseaux sociaux

    Constats :

    -Absence d’un Hachtag français spécifique au livre « Le Roi Prédateur », le seul Hachtag arabe utilisé est : # ‫المفترس‬ _ ‫الملك‬ utilisé par @abdelfadili

    -Hachtag utilisés : #MohamedVI #Maroc #Morocco #Marruecos

    -Comptes liés au sujet (les plus tagués) : @icembrero @el_pais @lemondefr

    Thèmes dominants

    -Les annonces de parution (liens vers les articles de presse et le web)

    -La censure (particulièrement des tweets étrangers)

    Le plus twitté : les bonnes feuilles par Vox Maroc

    Compte actif : @abdelfadiliGroupe ouvert : « le roi predateur »

  • Maroc : Nées le jour du mariage de Lalla Salma, des milliers de filles portent son prénom

    Le jour de son mariage, le roi du Maroc a organisé à ses frais, le mariage de milliers de couples marocains. Ces couples gardent le souvenir de leurs noces synchronisés avec un événement royal de grande importance.

    Mais il y a aussi les filles qui sont nées ce 22 mars 2002. Elles se comptent par milliers, elles ont aujourd’hui 17 ans et elles portent le prénom de Salma. Leurs mères leur ont donné ce prénom en guise de respect et considération envers celle qui est devenue la première dame du Maroc et la première épouse du souverain marocain à s’afficher en public et à mener des activités de la royauté moderne. C’est aussi une façon de leur souhaiter la même chance que celle de la princesse marocaine.

    Il y a lieu d’imaginer le déception de ces jeunes filles en sachant que celle qui porte leur prénom a disparu de la scène d’une manière pour le moins bizarre. Personne ne l’a vue ni entendue depuis ce fameux jour de décembre 2017 où elle s’est présentée avec une nouvelle coiffure au Musée Mohammed VI d’Art Moderne. Celles parmi elles qui sont superstitieuses vont probablement chercher à changer de prénom par crainte de subir le même sort que Lalla Salma.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, mariage royal, divorce, disparition,

  • La crise libyenne dévoile la réalité du Maroc, un tigre en papier

    Les cartes du jeu ont été dévoilées par la crise libyenne. La communauté internationale attendait la fin du feuilleton de l’élection présidentielle en Algérie afin que celle-ci puisse prendre en charge le processus des négociations en Libye.

    Face aux avertissements d’Alger, les velléités guerrières d’Erdogan ont fait marche arrière. Les chefs de la diplomatie des parties intéressées et concernées par la situation à tripoli ont fait un véritable ballet à la capitale algérienne. Un ballet qui ne laisse aucun doute : l’Algérie est une puissance incontournable dans la région.

    Entre-temps, le Maroc aboie pour se faire entendre, se faire une place pour trouver un cavalier en vue de participer à ce ballet auquel il n’a pas été inventé. Le grand Maroc s’est avéré un tigre en papier. Alors, il multiplie les déclarations et les communiqués dans l’espoir de se faire inviter à un moment où Rabat se trouve en conflit avec tout son voisinage, son allié la France perd de plus en plus de terrain en Afrique et le pays se trouve assis sur une poudrière à cause de la crise financière et le poids de la dette.

    En vue de calmer sa population, le pouvoir marocain se tournera contre les sahraouis. La répression des sahraouis est le sport national favori au Maroc. Aucun parti ne s’y oppose ne n’y condamne. Même l’AMDH et Annahj Addimocrati se taisent pour ne pas incommoder le Makhzen dans sa politique saharienne.

    Tags : Maroc, Algérie, France, Libye,

  • Maroc :Les défenseurs des droits humains dénoncent la « répression » des réseaux sociaux

    Un groupe de défenseurs des droits humains marocain a dénoncé jeudi « une campagne de répression » visant des utilisateurs des réseaux sociaux, en listant une douzaine de condamnations ces deux derniers mois contre des publications sur Youtube, Facebook ou Twitter.

    Des dizaines de manifestants ont tenu un sit-in de solidarité avec les détenus devant le Parlement à Rabat à l’appel de ce groupe. Brandissant des pancartes avec des photos, ils ont réclamé « la liberté immédiate » pour tous les détenus, dénonçant « un état policier ».

    Les condamnations concernent des vidéos ou des messages dénonçant la situation sociale, la pauvreté et la corruption au Maroc, avec des critiques virulentes ou des insultes visant le roi ou les autorités.

    Le groupe de soutien a présenté jeudi une liste des condamnations avec des peines de prison ferme allant de six mois à quatre ans notamment pour « offense au roi », « offense aux institutions constitutionnelles », outrage à fonctionnaire public ou au drapeau national ou encore « incitation à la haine ».

    La campagne en cours « vise à terroriser les usagers des réseaux sociaux », a estimé le « Comité de soutien au journaliste Omar Radi et à tous les prisonniers d’opinion », dans une déclaration lue au cours d’une conférence de presse à Rabat.

    Selon le comité, l’objectif est en réalité de museler la liberté d’expression sur internet, alors que les nouveaux médias ont ouvert un espace aux voix indépendantes dans un pays où les médias sont étroitement contrôlés. Le comité voit là « une vengeance et un règlement de compte avec ceux qui sont en désaccord avec l’Etat, critiquent ses politiques ou expriment leur colère ».

    Le cas de l’activiste Abdelali Bahmad, dont le procès pour outrage au drapeau national reprend jeudi à Khenifra (centre), « en est l’exemple », selon la célèbre militante Khadija Ryadi, membre du comité. Cet activiste de 35 ans est poursuivi pour avoir écrit fin octobre sur Facebook qu’il « n’avait pas les moyens d’acheter des allumettes pour brûler le drapeau marocain alors qu’il a faim », selon le comité.

    Ce comité a été créé fin décembre au moment de l’arrestation d’Omar Radi, un journaliste et militant des droits humains de 33 ans, poursuivi pour « outrage à magistrat » pour un message sur Twitter. Son procès s’ouvre en mars. Une campagne îfreekoulchi (« libérez-les tous ») a récemment été lancée sur Twitter pour dénoncer la série de condamnations, dont celle d’un lycéen de 18 ans condamné à trois ans de prison ferme pour avoir publié sur Facebook une phrase d’un titre de rap « Vive le Peuple » jugé offensant par les autorités.

    Tags : Maroc, Omar Radi, droits de l’homme, réseaux sociaux, liberté d’expression,

  • Le Comores et la Gambie perdent le droit de vote à l’Assemblée Générale de l’ONU

    « Dix membres ont accumulé des arriérés tombant sous le coup de l’article 19 » de la Charte des Nations unies, a indiqué Stéphane Dujarric lors de son point-presse quotidien. L’article 19 prévoit une suspension de vote à l’Assemblée générale pour les pays dont le montant des arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées. Les dix pays concernés sont « la Centrafrique, les Comores, la Gambie, le Liban, le Lesotho, Sao Tome et Principe, la Somalie, le Tonga, le Venezuela et le Yémen », a précisé le porte-parole de l’ONU.

    « En octobre 2019, l’Assemblée générale a décidé que les Comores, Sao Tome et Principe et la Somalie pouvaient garder leur droit de vote à l’Assemblée générale jusqu’à la fin de la session » actuelle en septembre, a-t-il rappelé. L’article 19 de la Charte prévoit que l’Assemblée générale puisse autoriser des Etats mauvais payeurs à garder leur droit de vote lorsque leurs manquements sont dus à des circonstances indépendantes de leur volonté. Le budget de fonctionnement de l’ONU est d’environ 3 milliards de dollars. Celui des opérations de paix atteint quelque 6 milliards de dollars.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, contributions,

  • Maroc : cette explosion sociale qui vient

    Rabia Franoux Moukhlesse

    Tous les expatriés volontaires du monde éprouvent un sentiment de nostalgie pour leur pays d’origine. Souvent ils fantasment sur la réalité de ce dernier n’ayant pas suivi les évolutions de mentalités, les changements urbains, les modifications politiques etc.

    Mon cas est bien particulier ayant quittée le Maroc en 1999, soit à la mort du Roi, laissant derrière moi un Royaume plein d’espoirs sur les changements à venir avec ce nouveau souverain que l’on appelait le « roi des pauvres ». Après les années de plomb et malgré l’ouverture opérée dans les années 90, les marocains espéraient un renouveau total. Le changement étant toujours pour demain, le Maroc a vécu les révolutions arabes à travers ce que l’on a appelé le mouvement du 20 Février. Le trône a semblé vaciller et des changements constitutionnels ont été opérés pour calmer les esprits. Et voilà que 10 ans de plus ont passés et où en sommes-nous ?

    PROMESSES NON TENUES

    Les riches sont plus riches et les pauvres sont plus pauvres. Rien de choquant me direz-vous, puisque c’est le cas dans presque tous les pays ! Et bien pas tout à fait. Car le Maroc assume pleinement ces écarts humainement monstrueux. Casablanca recense plus de 8.000 millionnaires en dollars ce qui est plus que Londres, New York ou Hong-Kong. Les investisseurs étrangers se pressent attirés par les exonérations de taxes, la main d’œuvre bon marché et un point d’ancrage stable politiquement en Afrique.

    Les grandes sociétés marocaines n’ont jamais gagné autant d’argent, des fortunes personnelles ont été multipliées par 3 ou 4 en moins de 5 ans. Vous pouvez croiser quotidiennement les derniers modèles de grosses voitures qu’un Européen ne verra que dans les publicités. Des maisons de 400 ou 500 m² habitables poussent comme des champignons.

    Regardez cette masse de jeunes sans travail qui rêvent de l’Europe et risquent leur vie pour accéder à une vie sans faim.

    Tout ceci côtoie une classe moyenne qui se paupérise face au coût de la vie après avoir récemment émergé et surtout une cohorte de pauvres faisant l’immense majorité du Maroc. Voyez au-delà des images de cartes postales touristiques ces bidonvilles où les eaux usées coulent au milieu du chemin. Tous ces gens qui s’entassent dans 20m² recouverts de tôles, souffrant de la chaleur et du froid. La populace qui prend à 7 ou 8 un taxi le matin pour aller pointer à l’usine ou venir dans les belles villas valant 1 million d’euros en tant que jardinier, femme de ménage, cuisinière, homme à tout faire pour 300 euros par mois.

    Regardez cette masse de jeunes sans travail qui rêvent de l’Europe et risquent leur vie pour accéder à une vie sans faim. Croisez ces hordes de mendiants à chaque coin de rue… Et comprenez les attentes d’une jeunesse qui veut vivre décemment, qui souhaite un peu de liberté, qui attend une meilleure répartition de toutes ces richesses qui s’étalent avec indécence devant leurs yeux, qui veut des infrastructures dignes d’un pays en développement au lieu d’écoles privés, d’hôpitaux en souffrance et de mosquées pour seul refuge.

    RÉPONSE SÉCURITAIRE

    On obtient donc une situation explosive où les citoyens sont à bout de nerf et n’ont plus rien à perdre. Ils ne leur restent plus au pire qu’à se laisser embrigader dans un islam radicalisé qui leur promet un monde meilleur dans l’au-delà, un peu de considération ici-bas mais à condition d’essaimer leur vision délétère et la violence qui va avec. Et au mieux, de parler, revendiquer, dénoncer les injustices et les abus en espérant que les choses vont changer.

    Vous avez le cocktail (sans alcool) d’une explosion programmée

    Or, la réponse est toujours la même. Avant tout sécuritaire pour que rien ne change et surtout pas les privilèges. A chaque mot de trop, de critique, de manifestation ou d’information gênante pour les dirigeants, une cohorte de fonctionnaires zélés, nostalgiques des années de plomb où chaque tête qui dépassait disparaissait du paysage intervient et frappe de toutes ses forces. On assiste là aussi à une radicalisation de la répression. Toute personne ayant l’audace de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas doit faire face au système judiciaire. La parole n’est pas libre. L’information n‘est pas libre.

    La société n’est pas libre. Un simple tweet, un blog, une chanson, une enquête d’investigation, une attitude postée sur face book, une « morale » non conforme aux mœurs d’un autre temps et vous pouvez gouter à l’hospitalité des prisons marocaines pour 4, 5 ou 25 ans. Les exemples sont nombreux de ces condamnations et s’accélèrent ces derniers temps dans l’indifférence et la méconnaissance totale, volontaire ou non, du reste du monde.

    Une population qui n’a rien à perdre même plus la vie, des privilégiés qui ne lâchent rien, des religieux qui ne rêvent que de mettre en place un califat basé sur la charia et vous avez le cocktail (sans alcool) d’une explosion programmée. Alors pour vos prochaines vacances, profitez vite du Maroc typique, de ses hôtels et golfs, de ses lieux de fêtes car il se pourrait bien qu’un jour il ressemble plus à l’Irak qu’au pays ouvert aux étrangers et à l’hospitalité légendaire.

    #saffibaraka (Ca suffit)

    Source : Marianne, 11 jan 2020

    Tags : Maroc, inégalités, pauvreté, injustice, répression, richesse,

  • Assassinats, coups d’Etat. Tout sur le passé trouble qui lie la France au Maroc

    Le Maroc et la France partagent une histoire occulte écrite par des truands et des mercenaires utilisés par les services secrets des deux pays pour exécuter leurs coups tordus et leurs basses œuvres. Plongée dans le monde des barbouzes.

    Nous sommes à la fin des années 1950. Le gouvernement français a constitué une “war room”, conseil de guerre ultrasecret et restreint, chargé de dresser “une liste de personnalités acquises au F.L.N” et “d’hommes publics particulièrement ennemis de la France” à neutraliser ou à liquider. Allal El Fassi est le premier homme à abattre.

    Dans ses mémoires, le colonel Le Roy-Finville, chef du service 7, spécialisé dans l’obtention de renseignements pour le compte du S.D.E.C.E (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), le décrit comme “un Marocain vigoureusement anti-français et allié virulent au F.L.N”. “L’idée, écrit Le Roy-Finville, est de faire sauter El Fassi et les autres chefs de l’Istiqlal à l’occasion d’une de leurs rencontres à Tétouan, en zone espagnole”, prévue à l’hôtel Dersa. Le service 7 se charge de fournir au service Action toutes les indications techniques : poids d’explosif nécessaire, épaisseur des murs, systèmes de sécurité, etc. “Du travail tout mâché”, rapporte le colonel. Sauf que “les militaires ne veulent pas se salir les mains” et constituent “un petit groupe de repris de justice qui se disent prêts, eux, à faire la sale besogne. Contre une bonne récompense (…) et des protections pour leurs petites affaires”.

    Ces spécialistes des coups tordus, connus sous le terme de barbouzes, sont dans leur grande majorité des truands employés par les services secrets français pour les basses œuvres. Ils sont notamment utilisés dans les “contrat homo”, expression désignant l’élimination physique de personnes gênantes pour les intérêts de la France. A la tête des truands engagés par les services spéciaux pour assassiner Allal El Fassi, Jo Attia et Georges Boucheseiche, deux barbouzes connus des renseignements de police en France et proxénètes chevronnés au Maroc. Ceux-là mêmes qui seront impliqués, quelques années plus tard, dans l’affaire Ben Barka. Massacreurs professionnels sur le papier, ces “types du milieu” sont loin d’être des enfants de chœur et ont un CV de malfrat long comme un jour sans pain.

    Le fiasco Attia

    Pourtant, ils s’avèrent être des dilettantes du crime dans la tentative d’assassinat de Allal El Fassi. Comme dans un San-Antonio loufoque, Leroy-Finville surnomme la tentative avortée d’éliminer le chef de l’Istiqlal le “fiasco Attia”. C’est que Jo Attia et Georges Boucheseiche, “le grand Malabar” et “le petit gros”, sont à la discrétion ce que l’hippopotame est à la grâce. A l’aéroport d’Orly où ils embarquent pour Tanger, les deux rossards se font remarquer par des effusions grandiloquentes, sous les yeux ébahis des voyageurs. Attia embrasse goulûment sa petite amie, “une petite brune piquante, très jolie”. Il faudra attendre que l’hôtesse de l’air lance un appel pour embarquement immédiat pour que les deux acolytes détalent “en direction de la salle de départ, en se retournant encore dix fois pour faire des signes à la fille”.

    Dans l’avion Air Atlas qui les mène vers Tanger, Boucheseiche et Attia retrouvent “deux hommes à eux, Nottini, dit la Béquille, et Palisse, autre future ‘célébrité’ de l’affaire Ben Barka”. Durant le vol, “Attia et les trois autres branquignols, sablant le champagne aux frais de la princesse, laissent tomber par inadvertance un sac de grenades qui roulent sous les sièges des passagers”. à quatre pattes, les malfrats, que les passagers prennent pour des plaisantins ivres, récupèrent les bombes, “qui ricochent comme des billes, au gré du balancement de l’appareil”. Les négligences perdurent à leur arrivée au Maroc : la première valise piégée installée à l’hôtel Dersa explose dans la mauvaise direction. La seconde, installée par les soins d’Attia dans la villa de Allal El Fassi, est retrouvée et désamorcée par la police espagnole. Le premier “contrat homo” est un échec.

    Des truands très show-off

    Après cette tentative d’assassinat avortée, la presse ne parle que d’eux. La police locale se lance aux trousses de la bande. Les barbouzes, en arrivant au Maroc, se font remarquer en faisant “la tournée des grands ducs dans les boîtes”, “en menant grand tapage”. Le gang se sépare : Palisse et Boucheseiche cavalent en zone française, tandis qu’Attia et Nottini la Béquille rebroussent chemin pour Tanger. Là-bas, Attia se fait passer pour un agent du S.D.E.C.E auprès d’un gérant de bar français. Ce dernier leur présente Antoine Lopez, chef d’escale de l’aéroport de Tanger. Ce futur agent secret, bientôt impliqué dans le kidnapping de Ben Barka, peut les rapatrier en France en leur évitant police et douane.

    “Empotés comme il n’est pas permis”, décrit Le Roy-Finville, Attia et Nottini brillent encore une fois par leur amateurisme. En voyant le déploiement de policiers à l’aéroport, Attia panique et se souvient qu’il a encore un revolver sur lui. Il s’engouffre dans les toilettes de l’aérogare et décide de cacher l’arme dans la cuvette. Sauf que le poissard a encore des balles dans sa poche. Il garde les munitions dans sa paume droite et décide, en feignant une poignée de main, de les tendre à Lopez. Sauf que le chef d’escale ne comprend pas. “Les balles tombent, rebondissent sur l’asphalte dans un crépitement métallique”, devant une flopée de policiers, qui se jettent sur le gang et mettent les brigands étourdis sous les verrous…

    L’affaire Ben Barka

    Malgré ce plantage, on refait appel quelques années plus tard à la bande de Boucheseiche. Elle est chargée d’organiser, le 29 octobre 1965, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp avec l’aide de policiers français. Maurice Buttin, avocat de la famille de l’opposant marocain, rapporte que c’est d’abord Jo Attia qui reçoit “une demande des Marocains d’éliminer physiquement Ben Barka”. La consigne : procéder à l’assassinat à “Genève, avec un fusil à lunettes”. Un “contre-ordre” lui fait savoir que le pouvoir préfère “ramener Ben Barka vivant au Maroc”. On l’informe qu’à Paris, un certain Georges Figon doit se charger de la question. Attia n’accorde aucune confiance à ce personnage naviguant entre milieux intellectuels parisiens et malfrats de la capitale. Il préfère donc “refiler l’affaire à son lieutenant, Boucheseiche”.

    Georges Boucheseiche est à la tête de plusieurs maisons closes, au Maroc et en France, qu’il gère avec son épouse. La barbouze est introduite dans les hautes sphères du pouvoir marocain, organise des soirées pour le beau monde et rêve d’ouvrir, sous les cieux du royaume, le plus grand bordel sur terre. “Un établissement fabuleux installé à Aïn Diab, au bord de l’océan, pas trop loin du centre des affaires, tout près de l’aérodrome”, rapporte un article de presse de l’époque. Pour le convaincre de participer au kidnapping de l’opposant à Hassan II, on lui aurait fait miroiter l’espoir qu’il obtiendrait, une fois sa mission accomplie, son lupanar…

    Boucheseiche mouillé jusqu’au cou

    C’est Antoine Lopez, le chef d’escale qui devait, quelques années plus tôt, faciliter la fuite d’Attia après l’attentat contre Allal El Fassi, qui est chargé d’accueillir le leader du mouvement tiers-mondiste à l’aéroport et de prévenir ses ravisseurs de son arrivée. Une fois le rapt effectué, Ben Barka est amené, ce vendredi 29 octobre, dans la villa de Boucheseiche, à Fontenay-le-Vicomte, dans l’Essonne. Y est réunie sa bande, constituée de Jean Palisse, Pierre Dubail et André Le Ny. Avant l’arrivée du général Oufkir et du colonel Dlimi, Ben Barka aurait été enfermé au premier étage de la demeure. Parmi les innombrables versions dédiées au décès de l’opposant marocain, des éléments rapportés aux gendarmes par le fils de Le Ny, retranscrits par Maître Maurice Buttin dans Ben Barka, Hassan II, De Gaulle : “ce que je sais d’eux : Ben Barka aurait été transporté dans la villa de Boucheseiche, puis transféré à Ormoy, chez Lopez. Dlimi et Oufkir l’avaient torturé dans la cave (…) C’est Boucheseiche qui l’avait frappé en premier, car Ben Barka ne se laissait pas faire. D’un coup de poing, il lui avait cassé les cervicales. Ils l’avaient ensuite attaché (…) et Oufkir et Dlimi l’avaient un peu ‘bousculé’. C’est là que Ben Barka est décédé”.

    Dans le même ouvrage, Maurice Buttin cite un commissaire de police français retraité : “J’ai rencontré Palisse (…) Il m’a dit avoir assisté à la mort de Ben Barka, par accident, sur un mauvais coup que lui avait porté Boucheseiche”. à l’annonce de la disparition de Mehdi Ben Barka, c’est le royaume tout entier et l’Elysée qui se mettent en branle. Le 4 novembre 1965, Georges Boucheseiche prend la fuite pour le Maroc. Quatre jours plus tard, un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Sa bande ne tarde pas à le rejoindre. Le 7 juin de la même année, la barbouze est condamnée, par contumace, à la perpétuité. Malgré les mandats d’extradition qui pèsent sur leurs têtes, Boucheseiche et ses complices coulent des jours heureux au royaume. Les truands prospèrent, sous la surveillance, ou plutôt la protection de la police marocaine. Boucheseiche reprend les affaires dans ses bordels. Son paradis artificiel, sous les cieux marocains, prend fin quelques années plus tard.

    Des hommes qui en savaient trop

    Boucheseiche, Le Ny, Palisse et Dubail sont arrêtés, au lendemain de la tentative de coup d’Etat de Skhirat, en 1971. La bande, dans sa quasi-totalité, est enfermée au Point Fixe 3 (centre secret de torture et de détention installé à Rabat). Pierre Dubail y entame, de novembre 1973 à avril 1974, un dialogue avec son voisin de cellule. Il s’agit de Ali Bourequat, l’un des trois frères que Hassan II fait prisonnier dans les geôles de Rabat puis de Tazmamart. Dans son livre Dix-huit ans de solitude (Ed. Michel Lafon), il recoupe les informations que lui distille Dubail : “Nous savons trop de choses. (…) Nous avons travaillé sous les ordres d’Oufkir, pour le compte du roi”. Les barbouzes connaissent personnellement Hassan II. “Il nous tapait sur le ventre. Il nous invitait à dîner, nous emmenait en balade. Notre façon de parler l’amusait…”

    Dubail voudrait que Ali Bourequat, à sa sortie, se rende au Henry’s Bar à Rabat, sur le boulevard Mohammed V. “Tu verras un homme qui, le dimanche, à l’heure du tiercé, boit un perroquet (…) Il est des nôtres”. Dubail voudrait que Bourequat prenne un billet de tiercé et y inscrive les chiffres 2 9 1 0 6 5, correspondant à la date de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. “Il te fournira tout ce dont tu as besoin, assure Dubail à Bourequat. En échange, donne-lui de nos nouvelles. Dis-lui que nous sommes ici, au PF3. Dis-lui que nous avons peu de chances de nous en sortir”. Dans les épanchements de Dubail, une révélation reste à ce jour invérifiée. Au centre du niveau 2, devant la cellule 14 du PF3, se trouverait une tombe “un peu spéciale”. Ce qu’elle contiendrait ? “La tête de Ben Barka”, affirme Dubail. “On la lui a tranchée après sa mort. (…) Hassan II voulait la voir”.

    Selon le récit de Bourequat, “Dubail, Boucheseiche et Le Ny quittent le PF3” en avril 1974. “Boucheseiche reviendra le premier, le 29 octobre”, date anniversaire de la disparition de Ben Barka. “Le Ny le suivra le 14 novembre. Dubail, lui, reviendra le 16 novembre 1974. Ni lui ni les autres ne seront alors en mesure de communiquer avec qui que ce soit”. La phrase est interprétée comme une métaphore macabre. Des enquêtes publiées sur l’affaire supposent que ce retour est posthume, et que ce sont les dépouilles des barbouzes qui sont reconduites au PF3. Une seule chose est sûre : le sort de Boucheseiche et de ses compères est presque aussi nébuleux que l’affaire Ben Barka…

    Bob Denard entre en ligne

    Intimement imbriquée à la politique française dans ses anciennes colonies, la barbouzerie prend un tournant nouveau durant les années 1970. Le caractère occulte des relations franco-africaines est désormais définit par le néologisme “Françafrique”, expression qui dénonce les coups d’Etat et interventions sur le continent noir menés par des mercenaires à la solde de l’Etat français, relayés parfois par les Marocains. C’est que dans le contexte de guerre froide des années 1970, Hassan II a choisi son camp : ce sera l’Ouest. Le Maroc apporte notamment son soutien au dictateur Mobutu, l’assassin du leader de gauche Patrice Lumumba. Le royaume va jusqu’à accueillir des mercenaires en route pour déstabiliser des régimes de gauche africains. “Le marché des missions secrètes est si prospère en Afrique que je ne tarde pas à être de nouveau sollicité. Le contact vient cette fois d’un agent marocain”, raconte dans ses mémoires le célèbre mercenaire Bob Denard. Courant 1977, à Paris, où Denard a établi sa base arrière, l’agent des services secrets marocains lui aurait fait rencontrer le docteur Emile Derlin Zinzou, l’ancien président du Dahomey, destitué en juillet 1969 suite à un coup d’Etat. Le Dahomey, devenu la république populaire du Bénin, est désormais gouverné par le général Mathieu Kérékou qui a instauré un régime d’inspiration marxiste-léniniste. Bob Denard raconte avoir été contacté par le Maroc car Kérékou embarrasse le royaume depuis qu’il a pris parti pour le Front Polisario en reconnaissant la république sahraouie. L’homme gêne aussi la France qui désire le renverser pour “le remplacer par quelqu’un de plus proche des vues françaises”, raconte Jacques Foccart, l’éminence grise de l’Hexagone pour les affaires africaines. Ce dernier connaît très bien Bob Denard pour avoir déjà fait appel à ses services afin d’organiser des opérations militaires et des coups d’Etat sur le continent noir.

    La France marchant main dans la main avec le Maroc, Bob Denard estime qu’il peut s’engager dans cette affaire car il bénéficiera “d’appuis sérieux et de fonds conséquents”. “Mister Bob”, comme on le surnomme, dépêche un jeune officier en reconnaissance dans la capitale béninoise, Cotonou. Se faisant passer pour un touriste, ce dernier séjourne une semaine sur place pour évaluer les forces armées de Kérékou. Fort du rapport de son espion, Bob Denard juge qu’une opération militaire menée par des mercenaires serait le moyen le plus efficace de blackbouler Kérékou du pouvoir. Il en fait part aux parties prenantes dans l’opération, et notamment à Hassan II qui lui aurait fait “un premier versement de cent quarante cinq mille dollars” pour amorcer l’opération.

    Benguerir, base de chiens de guerre

    Bob Denard lance une campagne de recrutement de mercenaires, employant des Béninois exilés, qui seront épaulés par des Européens enrôlés grâce à des petites annonces publiées dans des quotidiens français. Bob Denard se fait appeler “colonel Maurin” pour les besoins de l’opération. Il n’informe aucune de ses recrues de la nature de la mission. Tous ignorent leur destination. Ce n’est qu’à l’aéroport, en recevant leurs billets d’avion, qu’ils découvrent leur port d’arrivée : le Maroc. Les chiens de guerre arrivent par petits groupes au royaume où, toujours selon Bob Denard, ils sont accueillis par des membres de la Gendarmerie royale. Ils sont ensuite conduits sur la base militaire de Benguerir qui, à l’époque, est considérée comme la base d’intervention du 13ème régiment de parachutistes français, une unité qui fournit le service action du SDECE en hommes de main.
    Bob Denard et son armée privée, composée de quatre-vingt-dix soldats de fortune, s’entraînent un mois complet sur la base de Benguerir. Ils sont équipés de fusils d’assaut, de mitrailleuses, de mortiers et de lance-roquettes. Bob Denard affirme avoir rencontré deux fois Hassan II pendant les préparatifs de l’opération. Le souverain lui aurait garanti, pendant l’un de leurs entretiens, son soutien plein et entier. “Après avoir versé son obole, le roi du Maroc nous garantit par contrat que le docteur Zinzou (ancien président du Bénin) nous allouera, pour sa part, quatre cent mille dollars”, raconte-t-il dans ses mémoires. Le 15 janvier 1977, Bob Denard et ses mercenaires sont passés en revue par le colonel Dlimi. Ils s’apprêtent à embarquer pour le Gabon, avant de débarquer au Bénin. Nom de code du coup d’Etat en cours : opération Crevette.

    Denard, barbouze de Sa Majesté

    A leur arrivée à Cotonou, “Mister Bob” et son armée privée rencontrent une opposition farouche. Denard n’arrive pas à prendre le contrôle de Cotonou et doit réembarquer l’après-midi même avec ses troupes. L’opération est un fiasco total, le commando de Denard en déroute est rapatrié au Gabon, avant de rejoindre le sud du royaume, “en accord avec les autorités marocaines”, écrit le mercenaire. L’opération Crevette aurait pu rejoindre la longue liste des coups d’Etat foireux d’après-indépendance en Afrique, restés auréolés de mystère. Sauf que là, Bob Denard abandonne derrière lui une caisse de munitions contenant les documents de l’expédition. La “Crevette” est décortiquée par Kérékou qui met en cause le Maroc et ses alliés français et gabonais. Pour ne rien arranger, les documents oubliés par Bob Denard sont intégralement publiés par la revue Afrique-Asie et établissent l’implication du Maroc dans le complot contre Kérékou. (…)

    telquel-online.com, 20 août 2013

    Photo : Bob Denard aux Comores

    Tags : Maroc, France, services secrets, Bob Denard, Algérie, Sahara Occidental, Mathieu Kérékou, Bénin, Dahomey, mercenaires, Mehdi ben Barka,

  • Medi1, une radio créée par la France et le Maroc pour contrer l’influence de l’Algérie

    Au Maroc, la France finance Medi1, vieillissante voix du roi

    Ex-journalistes à Medi 1, Elodie Font et Marion Guénard racontent le fonctionnement particulier d’une radio surveillée de près par le pouvoir, et où le moindre impair à l’antenne peut coûter cher. Et rappellent que le financement de ce…

    Par Elodie Font et Marion Guanard

    Ex-journalistes à Medi 1, Elodie Font et Marion Guénard racontent le fonctionnement particulier d’une radio surveillée de près par le pouvoir, et où le moindre impair à l’antenne peut coûter cher. Et rappellent que le financement de ce média très institutionnel est assuré en partie par la France, via une subvention pour la rédaction française. Y.G.

    (De Tanger) Au dernier étage d’une imposante villa qui domine le mythique détroit de Gibraltar, au nord du Maroc, journalistes, animateurs et techniciens s’activent. « Sept heures trente sur Medi 1 ! » Comme chaque matin, depuis trois décennies, le jingle retentit. C’est parti pour un quart d’heure d’informations maghrébines et internationales.

    Radio Méditerranée Internationale, plus connue sous le nom de Medi1, a soufflé il y a quelques jours ses trente bougies. Depuis 1980, elle émet vingt-quatre heures sur vingt-quatre, en arabe et en français. D’après ses propres chiffres (il n’existe pas d’instituts statistiques), elle serait écoutée par plus de 20 millions d’auditeurs.

    Il y a trois décennies, Medi 1 était un ovni dans le paysage médiatique maghrébin : seuls les relais officiels des différents régimes sont alors autorisés. Les auditeurs découvrent la matinale, avec un ton plus direct et des informations fiables sur l’actualité internationale. Une station innovante, qui semble indépendante.

    Hassan II en est pourtant à l’origine : le roi cherche alors à contrer la couverture algérienne du conflit au Sahara. L’idée séduit le président français, Valéry Giscard d’Estaing, qui y voit un moyen de pérenniser l’influence française au Maghreb.

    Medi 1, un vent de liberté vite essouflé

    L’accord est scellé : Medi 1 sera possédée à 51% par le Maroc et à 49% par la France, par l’intermédiaire de la Compagnie internationale de radio et télévision (le CIRT), que nous avons joints pour obtenir davantage de détails, mais personne n’a souhaité nous répondre.

    Un vent de liberté qui s’essouffle rapidement. Medi 1 n’échappe pas à la règle : impossible pour la radio de repousser certaines limites. Principal mot d’ordre : ne jamais offenser le pouvoir royal, qu’il soit incarné par Hassan II, puis par son fils Mohammed VI.

    A sa prise de pouvoir, en 1999, le roi, jeune trentenaire, semble pratiquer l’ouverture. Pourtant, aujourd’hui, Medi 1 n’a jamais été autant assujettie au palais. C’est d’ailleurs la station qui diffuse le plus longuement les activités royales -davantage que la Radio Télévision Marocaine, fidèle parmi les fidèles. Par activité royale, comprenez le récit détaillé de l’emploi du temps du roi, quel qu’il soit.

    Voici l’extrait d’un communiqué (pris au hasard), publié par la MAP, l’agence de presse officielle du Royaume :

    « SM le Roi inaugure à Agadir un centre de formation professionnelle mixte et un centre de consolidation des compétences des femmes, d’un coût total de 12 millions de dirhams.

    Agadir – Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a inauguré, mardi à Agadir, un centre de formation professionnelle mixte et un centre de consolidation des compétences des femmes, réalisés par la Fondation Mohammed V pour la solidarité pour un coût global de 12 millions de dirhams. [1 million d’euros, ndlr] »
    Sur l’antenne, les journalistes ont le droit d’oublier le « Sa Majesté » et le « que Dieu l’assiste. » Pour le reste, tous les mots sont repris. Tant pis si, finalement, l’information peut paraître obscure. Le plus important, c’est de recracher la dépêche le plus rapidement possible à l’antenne. Et d’en faire l’ouverture.

    Explication du nouveau PDG de la radio, Hassan Khyiar :

    « Quand le roi, après avoir inauguré un centre, remonte dans sa voiture, il veut l’entendre sur Medi 1 le plus vite possible. »

    Pas question de se tromper à l’antenne : Medi 1 est la voix du roi

    Et pour cause : avec 20 millions d’auditeurs, une diffusion dans tout le Maghreb, Medi 1 est devenue progressivement la voix du roi. Au Maroc, bien sûr, mais aussi pour les observateurs extérieurs. Pas question donc de se tromper sur un chiffre ou sur un nom.

    En mai, l’une de nous deux en a fait les frais. Le roi d’Arabie saoudite venait de faire un don au Maroc, et il fallait rapidement donner l’information à l’antenne. Dans la précipitation, elle parle du « président de l’Arabie saoudite ».

    Dans une monarchie, c’est l’erreur à ne pas faire. A peine le flash terminé, le téléphone sonne dans le bureau des rédacteurs en chef. Plusieurs dizaines de fois. Au bout du fil, très en colère, l’ambassade d’Arabie saoudite et le Palais royal.

    En une heure, la radio est sens dessus dessous. Personne ne comprend réellement ce qui se trame. Ni elle, ni ses collègues.

    Une heure après, elle présente un nouveau flash. En sortant du studio, son rédacteur en chef l’attend. Le visage grave, il lui annonce : « On demande ta tête. » Une exigence du Palais. Pour cette erreur, elle a finalement été mise à pied pendant trois jours.

    Medi 1 parle plus librement de l’Algérie, mais n’enquête guère

    Pour éviter tout dérapage, tous les sujets de politique intérieure et de société passent à la trappe. A part pour quelques domaines chers à la famille royale (comme la lutte contre le cancer), Medi 1 ne s’autorise pas à parler du Maroc.

    La radio parle plus librement de l’Algérie. Dans les années 1990, le GIA algérien y diffusait d’ailleurs ses communiqués – comme dans l’affaire des moines de Tibéhirine. Les nombreux auditeurs algériens cherchent sur les ondes marocaines une vision plus critique de leur pays.

    Sur certains sujets, ils sont servis. La question du Sahara, par exemple – ce qu’on appelle en France le Sahara occidental. Medi 1, comme les autres stations marocaines, ne peut se permettre aucune nuance : le Maroc a forcément raison, l’Algérie toujours tort.

    Medi 1 est très écoutée en Algérie et pourtant la station n’a que deux correspondants réguliers à Alger. Alors, pour parler du pays, chaque matin, le premier réflexe des journalistes est d’éplucher la presse algérienne (El Watan, Liberté, L’Expression), d’en ressortir une poignée d’informations qui datent souvent de l’avant-veille, et de les redonner à l’antenne. En ne les vérifiant jamais.

    S’inspirer de la presse algérienne, c’est une vieille tradition dans la rédaction. Preuve parmi d’autres de la faible évolution du traitement de l’information. Après trois décennies, les journalistes sont toujours obligés de passer par le standard pour appeler à l’extérieur ; il n’y a toujours pas d’invité en direct -pour éviter ce qui est arrivé à la station privée Radio Mars ; toujours pas de reportage.

    Les subventions françaises accordées à la radio augmentées en 2010

    Pourtant Medi1 ne manque pas de financements. Fait rare en ces temps de vaches maigres, les subventions françaises reçues ont même augmenté cette année. En 2010, l’Etat lui a versé 1,6 million d’euros, pour financer la rédaction francophone -composée d’une quinzaine de journalistes.

    Même si elle est encore une référence aujourd’hui, la vieille Medi 1 est en train de se faire rattraper de toute part par des radios concurrentes bien plus aventurières (2M ou Aswat).

    Pour stopper l’hémorragie, la nouvelle direction va lancer en octobre une nouvelle grille. Un des principaux objectifs : développer le numérique. Alors que le journalisme citoyen est apparu il y a déjà plusieurs années, le site ne propose aucune forme d’interactivité avec les auditeurs.

    Medi 1 était à ses débuts un appel d’air sans précédent, un vrai laboratoire d’idées. C’est aujourd’hui une radio bien difficile à dépoussiérer.

    Rue89, 20 septembre 2010

    Tags : Maroc, médias, radio, Medi1, roi du Maroc, Valery Giscard d’Estaing,

  • Voilà pourquoi le Maroc demande l’ouverture des frontières

    Le trabendo continue de faire rage à nos frontières ouest Une économie souterraine au service du développement du Maroc.

    Le trafic transfrontalier est un phénomène presque universel qui se limite dans la majorité des pays à un échange informel de produits rares ou onéreux dans l’un ou l’autre entre les populations riveraines, sans pour autant porter atteinte à la sécurité nationale de son pays, saigner son économie et détruire son potentiel infrastructurel.

    Ce qui se passe à nos frontières ouest n’est plus une affaire de simple trabendo, mais une grave entreprise criminelle organisée, planifiée, sans scrupule, sans aucun sentiment nationaliste et décidée à user de tous les moyens funestes pour satisfaire les commandes, toujours plus exigeantes et ciblées, des acolytes de l’autre côté de la frontière, pour ne pas dire les commanditaires attirés eux aussi par le gain facile, mais qui, contrairement à nos trabendistes, participent indirectement au développement socioéconomique de leur région en particulier, et de leur pays en général.

    Ils ne s’aventurent guère, à titre d’exemple, à voler les câbles téléphoniques ou électriques d’Oujda, Berkane, Ahfir ou Saïdia, pour ne citer que les villes frontalières, pour approvisionner en précieux métal de cuivre les ateliers algériens, ni priver leurs concitoyens de médicaments sensibles et très chers pour «se solidariser» avec nos hôpitaux et cliniques et enfin piller toute leur économie pour uniquement s’enrichir et créer une plus value, à moindre coût, dans nos régions frontalières.

    Les trabendistes marocains obéissent à un diagramme bien étudié dans les hautes sphères de la monarchie marocaine et ils l’exécutent à la lettre.
    Leurs activités sont encouragées et supervisées par la DST marocaine, avec laquelle ils sont tenus de collaborer, en lui fournissant tous les renseignements dont elle a besoin. Ces révélations nous ont été rapportées par un ancien baron de la drogue, D. Hachemi, condamné à de lourdes peines pour trafic de drogue par le tribunal militaire de Mers El-Kébir d’Oran dans les années 80, aujourd’hui retiré de ce milieu après avoir purgé 20 ans de prison. Il gère actuellement un grand café à Maghnia.

    «Je reconnais mes erreurs du passé sauf que nous avons acheté la drogue avec notre argent. Je peux vous affirmer que nous n’avons jamais bradé les produits de première nécessité ou un quelconque équipement pour acheter la drogue. Au contraire tous les produits que les trabendistes algériens ramenaient du Maroc étaient payés cash.» Et de souligner que «le trabendo a pris maintenant une grave dérive, sinon comment expliquer que des Algériens puissent saboter les équipements de leur pays ou priver leurs concitoyens de produits et médicaments vitaux pour le bien-être des populations d’un autre pays?»

    Il conclura en disant substantiellement que «tous les trabendistes marocains ne peuvent exercer leurs activités sans l’aval et la bénédiction du Makhzen qui régule ce trafic et leur impose une liste de produits qu’ils doivent obligatoirement ramener pour subvenir aux besoins des populations pauvres et sans aucune ressource économique, de l’Est- marocain, et en même temps prélever une dime sur chacune de ces transactions pour financer les collectivités locales, ‘’Aamala’’ de ces régions frontalières qui ne survivent que grâce au trabendo».

    Les trabendistes et le royaume

    Au moment où le trafic d’alcool en provenance du Maroc battait son plein, des distilleries clandestines ont été érigées le long de la bande frontalière pour mettre en péril la santé de nos compatriotes, avec des alcools frelatés, notamment les spiritueux et le Ricard qui ne répondent à aucune norme de sécurité sanitaire.

    Des millions de bouteilles ont été écoulées sur le marché national avant qu’un drame n’emporte 11 personnes à Sidi Bel-Abbès après avoir consommé cette boisson toxique, confirmée par des analyses biologistes.
    Ce «poison» était échangé à l’époque avec des médicaments subventionnés par l’Etat à coup de devises fortes, comme le Tagamet, un antiulcéreux inaccessible pour les bourses marocaines et tant d’autres médicaments vendus presque symboliquement par nos officines. D’autres échangeaient ces produits stratégiques contre des effets vestimentaires de qualité médiocre ou des fruits exotiques.

    Depuis l’ouverture de notre économie nationale, le trabendo marocain s’est reconverti en un véritable outil au service du développement et s’est transformé en une véritable connexion politico-financière et stratégique avec l’introduction de nouveaux acteurs influents ou autres décideurs pour faire pression sur l’Algérie afin qu’elle renonce à son soutien indéfectible à la cause sahraouie.

    L’argent de la drogue est mis alors au service du grand banditisme et du terrorisme. Le soutien et l’asile accordé à l’«émir» El-Ayada est la plus grande preuve de ce complot qui est loin de connaître son épilogue. Les campagnes médiatiques marocaines menées à ce jour contre notre pays confortent la thèse que «tant que l’Algérie continue de soutenir le Polisario, la manipulation marocaine est loin de s’arrêter».

    L’on sait la virulence avec laquelle a été accueillie au Maroc la chute de Kadhafi et comment les services marocains ont accueilli, hébergé et participé directement et indirectement au financement de la rébellion avec l’argent de la drogue. Le Maroc utilise donc la filière du trabendo pour, d’un côté, subvenir aux besoins des populations d’une région pauvre et sans ressources économiques, et, de l’autre, comme d’une arme au service du renseignement, de l’affaiblissement de l’économie algérienne et de son instabilité politique.

    Carburants, médicaments, produits alimentaires de première nécessité, engins agricoles et cheptel, tout y passe. Quant au cuivre, des unités de sa transformation ont été créées dans les zones frontalières. Et nos œufs, par jerricans, alimentent quotidiennement les usines marocaines de shampoings, sans omettre tous les matériaux de construction. Des villes entières se sont développées grâce à cet apport, à l’instar
    d’Ahfir ou Berkane qui n’étaient que des petites agglomérations, il n’y a pas si longtemps et qui sont devenues de grandes cités construites avec nos matériaux issus de la contrebande. En contrepartie, les trabendistes marocains ne nous livrent que de la drogue, quelques effets vestimentaires déclassés et certains produits alimentaires, de surcroît impropres à la consommation comme les olives dénoyautées dont 200 quintaux ont été saisis l’année dernière par les garde-frontières. Après analyses, il s’est avéré que ce produit représente un danger pour la santé publique.

    Une activité encouragée par le Makhzen

    A Araboz, commune de Bâb El-Assa, Roubane, Béni-Boussaid, Chébikia, Akid Lotfi, Sidi-Embarek, Douar Ouled Kaddour, Boukanoune, Mersat Ben-Mehidi, Sidi-Boudjenane, Souani et la région d’El-Aachach, toutes situées à la limite de la bande frontalière avec le Maroc, il existe des dépôts entiers pour stocker toutes sortes de marchandises destinées à la contrebande avec le Maroc.

    Sauf que chaque baron a sa limite territoriale et son créneau d’activité. Un genre de deal entre ces parrains de la «ruine» de l’Algérie.

    Hadj Rabah connaît très bien ce milieu et ne veut pas se cacher pour dénoncer cette situation qui met en péril notre économie et compromet notre sécurité nationale. «Jeune, j’ai fait du trabendo sans toucher aux choses interdites, mais détruire notre économie ou nos équipements comme le font certains voleurs et saboteurs relève d’un crime impardonnable», dira-t-il.

    Et de s’insurger : «Comment quelqu’un qui se dit Algérien détruit les installations de son pays pour développer un autre pays ? C’est de la haute trahison, ce n’est pas du trabendo. L’Etat doit revoir les sanctions vis-à-vis de ces traîtres», avant de souligner : «On échangeait des cigarettes, de l’huile, du café, du thé, du sucre avec des pantalons jeans, mais jamais je ne suis arrivé à un point où pour satisfaire un Marocain je prive tout un village d’électricité ou de téléphone.»

    Il s’est proposé de nous faire vivre et découvrir, de nuit, les dessous de cette économie souterraine. «Il ne faut pas faire un amalgame entre ceux qui font du trabendo par nécessité et les barons de la contrebande qui n’ont ni nationalité, ni moralité», dira-t-il alors que l’on roulait à bord de sa Mercédès. Et de se rappeler cette anecdote qui lui a coûté six ans de prison ferme.

    «Il y avait une grande crise de lait infantile en Algérie dans les années 80 à cause du trafic avec le Maroc où des quantités énormes ont été introduites, à un moment où ce produit était cédé à un prix dérisoire. Un soir, je devais réceptionner ma marchandise, des jeans et des habits pour femmes, au douar Salah où d’autres contrebandiers chargeaient à partir de leur dépôt des milliers de boîtes de lait infantile. J’ai alors chargé ma marchandise, mais je n’avais pas la conscience tranquille.

    En cours de route, je me suis dirigé tout droit vers la brigade de la gendarmerie de Sidi-Embarek, qui a arrêté les trabendistes et saisi le lait.
    Toujours est-il que ce contrebandier reconverti en homme d’affaires nous a permis, au cours de cette virée nocturne, de découvrir l’ampleur de ce trafic, malgré la présence de nos garde-frontières et le renforcement des dispositifs de contrôle. Il nous expliqua que le problème ne réside pas dans nos forces de sécurité, mais dans la complicité du Makhzen avec les contrebandiers marocains qu’il aide dans son entreprise.

    «Nos forces de sécurité combattent le trabendo parce qu’il porte atteinte à notre économie, sans parler de la drogue, mais le Makhzen n’a rien à craindre de ce trabendo qui n’est rien d’autre qu’une richesse pour l’économie marocaine.» Il dira, ironiquement et à juste titre, que l’un de ses amis, au moment où les frontières terrestres étaient encore ouvertes, avait tenté de faire introduire légalement un kg de pois chiches de qualité supérieure, dans l’intention de le faire semencer en Algérie.
    Il s’est vu opposer un refus catégorique de la part des douanes marocaines qui ont saisi le produit avec l’affirmation «que ce produit est interdit d’exportation par le Maroc».

    Zoudj Bghal ou Zoudj Fakou, l’âne reste incontournable

    Zoudj Bghal, devenu dans le jargon populaire local le poste frontalier «Zoudj Fakou», est presque désert, tout comme le poste de Boukanoun dont la commune n’est qu’à quelques mètres des frontières avec le Maroc. Mais c’est à partir de Chébikia et Sidi Boudjenane que nous apercevons des convois d’ânes chargés de marchandises et de jerricanes de carburant, sans guide, prendre le chemin des frontières.

    Notre guide nous éclairera en nous disant que «ces ânes connaissent la destination et n’ont besoin de personne pour s’orienter». Le reflexe de Pavlov nous est revenu à l’esprit sans pour autant négliger que le prix de l’une de ces bêtes dépasse, selon notre interlocuteur, «les vingt millions de centimes».

    La bande frontalière est très animée, y compris la nuit, malgré le nombre important de postes de contrôle. Dans cette économie souterraine et ce monde versatile, l’âne est l’élément central de ce vaste trafic. A ce sujet, Hadj Rabah nous dira que «les barons ne s’affichent jamais et ceux qui possèdent des dépôts le long des zones frontalières ne sont en fait que des intermédiaires.

    Les ânes qui sont chargés de marchandises commandées par les Marocains, à partir de ces dépôts, connaissent parfaitement les lieux de livraison.
    C’est un moyen de trafic utilisé uniquement entre l’Algérie et le Maroc. Entre l’Espagne, à travers Ceuta et Melilla par exemple, ce sont les femmes qui sont chargées de convoyer les effets du trabendo, essentiellement des habits dont la plus grande partie arrive jusqu’en Algérie.

    Les Espagnols ferment les yeux sur ce trafic, car il leur est fortement favorable et ne porte aucun préjudice à leur économie, comme c’est le cas de notre pays où cette région frontalière consomme l’équivalent de dix wilayas. Les chiffres ne sont pas utopiques.

    En carburant, le volume n’est plus à démontrer, de l’avis même des responsables de Naftal et des services de sécurité qui ont saisi, au cours des dix premiers mois de cette année, 335 000 litres de mazout. Quant aux semoules et farines, les préjudices sont énormes.

    Il existe dans la wilaya de Tlemcen 6 minoteries-semouleries, dont deux à Maghnia et une à Souani avec des surplus de production, sans compter l’unité d’Ouled-Mimoun qui couvrirait à elle seule les besoins de trois wilayas. Cette année la contrebande de ces deux produits a connu un regain sans précédent, après que le Maroc eut décidé de revoir à la hausse le prix des céréales.

    Ce qui a poussé des centaines de boulangeries à menacer de fermer chez nous, alors que, selon nos sources, toutes les boulangeries de l’Est-marocain sont approvisionnées grâce au trabendo avec l’Algérie.

    Une manne financière de plus de 6 milliards de dirhams par an
    D’après les spécialistes, le trabendo en provenance de l’Algérie rapporte au Maroc une manne financière de plus de 6 milliard de dirhams, soit 22 fois plus que ce que lui rapporte sa principale ressource, le phosphate et 150 fois la valeur des exportations de ses ressources agricoles vers l’Union européenne.

    Les raisons sont simples selon les analystes économiques : les populations de l’Est marocain, estimées à plus de 4 millions d’habitants, dont Oujda à elle seule compte plus de 2 millions d’âmes, vivent à 80% de produits algériens, se soignent avec nos médicaments, circulent avec notre carburant, construisent avec nos matériaux de construction et tous leurs étalages ne sont garnis que par nos produits : du chocolat jusqu’aux espadrilles en plastique.

    Lors de la décennie noire à ce jour, mais à des degrés moindres, fil chirurgical, sérum et vaccins prenaient le chemin des hôpitaux marocains à un moment où, des malades marocains se faisaient opérer dans nos cliniques et nos hôpitaux moyennant quelques dirhams.

    Ce qui représente une énorme charge en moins pour l’Etat marocain et une plus value pour son économie pour laquelle elle n’a investi aucun dirham.
    Pire, notre datte est exportée à partir d’Oujda sous le label marocain et les contrebandiers algériens achètent des palmeraies entières à Biskra et Tolga pour alimenter ce trafic. Que peut-on dire de toute cette catégorie de personnes qui a vendu son âme et sa conscience au diable pour quelques dirhams de plus, sans se soucier des intérêts suprêmes de son pays ?
    Des individus qui mettent en péril notre économie nationale, du fait qu’ils ne reculent devant rien. Seul l’appât du gain prime pour eux, avant des considérations nationaliste, patriotique ou économique. C’est là où réside le danger.

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    Tags : Algérie, Maroc, frontières, contrebande,

  • COMBAT DU SAHARA OCCIDENTAL ET DE LA PALESTINE: La même indifférence des Occidentaux

    «Dhrabni ou bka, sbakni ou chka» Il m’a frappé et a pleuré, il m’a devancé et s’est plaint de moi».

    Ce proverbe du terroir maghrébin illustre plus que mille discours, la «sortie» du Royaume du Maroc qui a rappelé «en consultation» son ambassadeur pour des faits qui, a postériori, sont de sa responsabilité. S’il est vrai que s’attaquer à un attribut de souveraineté tel que le drapeau est monnaie courante par les temps qui courent, il n’est que de voir le sort périodique du drapeau américain victime des colères arabes et plus largement musulmanes. Il n’en demeure pas moins que c’est un précédent qui ne nous garantit nullement de la récidive. Tout est parti de l’actualité de cette semaine qui a été marquée par deux événements importants. D’abord la conférence d’Abudja concernant la cause sahraouie et ses conséquences indirectes sur les relations de l’Algérie avec le Maroc, ensuite, le feuilleton des négociations israélo-palestiniennes jalonnées par la construction de milliers de logements de colonisation sur les territoires occupés depuis 1967.

    Les symboles de l’Etat algérien profanés au Maroc

    En moins d’une semaine les symboles de l’Etat algérien au Royaume du Maroc ont été bafoués. Le deuxième incident eut lieu la veille du 1er Novembre La double agression contre l’ambassade à Rabat et le consulat à Casablanca est un élément inacceptable car lourd de conséquences. Dans le même ordre on ne peut que s’interroger sur le manque de réaction des autorités consulaires qui n’ont pas bougé le petit doigt quand l’intrus est rentré posément en escaladant la barrière, a grimpé par la gouttière,a pris son temps devant un drapeau qui rechignait à se laisser faire. Quand quelqu’un rentre chez vous, la moindre des choses est de le sortir par tous les moyens… Les Algériens considèrent que l’atteinte à notre drapeau national, surtout un 1er Novembre, n’est pas un acte isolé. Il est très possible que les événements aient été programmés.

    Pour rappel et comme l’écrit Tayeb Belghiche du journal El Watan, dans un discours prononcé le 11 octobre dernier devant les deux Chambres réunies, le roi Mohammed VI a clairement donné le feu vert au passage à l’action: «Au lieu d’attendre les attaques de nos adversaires pour riposter, il faut plutôt les acculer à la défensive en prenant les devants, en anticipant les événements et en y répondant de manière positive», ajoutant plus loin: «Par conséquent je vous exhorte tous, encore une fois, à une forte mobilisation, une vigilance de tous les instants et des initiatives efficaces aux niveaux interne et externe pour contrecarrer les ennemis de la nation où qu’ils se trouvent et pour déjouer les stratagèmes illégitimes auxquels ils ont recours.» (1)

    Tayeb Belghiche s’interroge sur l’expansionnisme marocain qui dit-il, «a pris en otage le Grand Maghreb,. Jusqu’à quand? L’alternative est claire et tous les Maghrébins de bonne foi et de bonne volonté ne peuvent que la comprendre, sinon la soutenir: faisons le Maghreb avec ceux qui sont prêts. (…) L’Algérie ne peut pas continuer à faire preuve de retenue quand l’arrogance du gouvernement marocain n’a pas de limite. Il ne s’agit pas seulement d’un incident diplomatique en contrôlant ses dommages collatéraux, ajoute encore notre source, car il s’agit de l’avenir de tous les peuples maghrébins». (1)

    Dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères il a été rappelé à l’ambassadeur du Royaume du Maroc la «demande pressante» formulée, vendredi dernier, auprès du chargé d’affaires de son ambassade pour obtenir le «plus rapidement possible» des explications circonstanciées sur «la violation inacceptable des locaux consulaires algériens à Casablanca et la profanation impardonnable de l’emblème national, le jour même de la célébration du déclenchement de la glorieuse Révolution du 1er Novembre». (…) Hamid Enaânaâ, l’homme par qui le scandale est arrivé, a agi seul et qu’il est aux arrêts en attendant d’être présenté, le 20 novembre, devant le procureur. Suffisant pour éteindre le feu de la colère en Algérie? Pas sûr. (…), le MAE a demandé officiellement à l’ambassadeur marocain que les autorités algériennes soient associées, «selon une forme appropriée et conformément à la pratique internationale», à l’enquête pour déterminer les faits et s’assurer que les suites appropriées ont été engagées après cet incident «particulièrement grave». Il a été rappelé à l’ambassadeur que l’Algérie n’accorde pas de crédit à la thèse de l’«incident isolé» et encore moins au «fait divers»». (2)

    Justement à Abudja, la Conférence africaine de solidarité avec la lutte du peuple sahraoui a ponctué la fin de ses travaux par une déclaration plutôt «hard» à l’égard du Maroc mais aussi de… l’Union africaine. Ayant pris acte de l’incapacité de l’UA à faire entendre raison au Maroc, qui continue d’occuper le Sahara occidental et de réprimer son peuple, syndicats, ONG et sociétés civiles ont décidé d’aller aux avant-postes. Ainsi, il a été décidé de mettre en place un mouvement de solidarité pour l’indépendance du Sahara (Asmows) qui se chargera de mener le combat multiforme pour la décolonisation de ce territoire. Ce mouvement africain de solidarité se propose aussi de collaborer avec ses homologues d’Europe, d’Amérique latine et d’Australie pour la promotion de la cause sahraouie. La Conférence a par ailleurs apporté son soutien aux positions des gouvernements d’Afrique du Sud, d’Algérie et du Nigeria par rapport à la cause sahraouie, et a exprimé sa volonté de faire en sorte que ces positions aillent dans le sens d’une «isolation» du Maroc, comme cela avait été fait auparavant pour le système de l’apartheid.» (3)

    Cependant, une prise de conscience se fait jour en Europe et même aux Etats-Unis. On sait que le lobby marocain aidé par le lobby sioniste est arrivé jusqu’à présent à bloquer les prérogatives de la Minurso quant à sa mission de surveillance des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. D’autre part, on apprend que le président de la Coordination des comités et des associations européennes de soutien au peuple du Sahara occidental (Eucoco), Pierre Galand, a affirmé que le rapport Charles Tannock adopté récemment par le Parlement européen (PE) est «très clair» sur la violation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et sur la spoliation des richesses naturelles du Sahara occidental soulignant que ce rapport «est aussi clair dans sa partie réservée à la spoliation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental». Tout en rappelant les décisions adoptées par le PE en relation avec la suspension des accords dans le secteur de la pêche avec le Maroc au regard des violations des droits des Sahraouis dans les territoires occupés, il s’est dit «choqué» de constater que «l’Espagne a signé un préaccord sur la pêche avec Rabat». «C’est choquant d’autant plus que ce préaccord est survenu au moment où l’opinion internationale vient d’apprendre la découverte d’un charnier de victimes sahraouies et que Madrid était au courant de ce drame, a souligné M.Galand.» (4)

    Le feuilleton du drame palestinien

    L’analogie entre Sahraouis et Palestiniens est troublante. On a tout dit du drame palestinien qui perdure depuis près d’un siècle. Voilà une cause pour la dignité d’un peuple qui accepte de vivre sur le cinquième de sa terre originelle et qui voit chaque jour les perspectives d’un Etat palestinien s’éloigner. Un nouveau round de négociations sans lendemain se déroule sous nos yeux. Israël construit sur les terres palestiniennes tout en déclarant négocier. (5)

    Selon une dépêche de l’AFP on apprend qu’Israël a proposé que le tracé de la barrière de séparation serve de base pour les discussions de paix, et non les lignes d’avant 1967, comme le réclament les Palestiniens, Les négociateurs israéliens ont proposé à leurs homologues palestiniens que cette barrière, dont le tracé se trouve à 85% en Cisjordanie, isolant 9,4% du territoire palestinien, Jérusalem-Est compris (chiffres ONU), serve de point de départ aux discussions, selon le quotidien Yediot Aharonot et la radio publique israélienne.

    En outre, Israël veut conserver certaines colonies juives isolées de Cisjordanie – Beit El, Psagot et Nokdim, selon les mêmes sources. Interrogé, un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’a pas confirmé ces informations, indiquant qu’il ne commentait pas les négociations en cours, sur lesquelles le secrétaire d’Etat américain John Kerry a imposé aux deux parties un black-out médiatique. La question du statut de Jérusalem a également été abordée, Interrogé sur ce point, un haut responsable israélien a indiqué sous couvert de l’anonymat qu’Israël avait ´´dit clairement aux Palestiniens que Jérusalem resterait unifiée sous souveraineté israélienne´´.(6)

    La construction de nouvelles unités d’habitation dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris dans la ville sainte d’El Qods, se poursuit sans relâche. L’Etat hébreu a lancé dimanche de nouveaux appels d’offres pour la construction d’environ 2000 nouveaux logements dans les Territoires palestiniens occupés en 1967, selon «La Paix maintenant», une organisation non gouvernementale israélienne, opposée à la construction de colonies en Palestine occupée, ces appels d’offres concernent 1859 unités d’habitation en Cisjordanie dont 828 à Jérusalem-Est, El Qods, occupée, mais aussi annexée par Israël en 1967. La Paix maintenant critique les pratiques du gouvernement israélien. «Chaque fois que Netanyahu fait un petit pas vers la paix, il en fait deux grands pour faire en sorte qu’il soit plus difficile de parvenir à la paix, a déploré l’ONG.» (7)

    Que fait Abou Mazen? Il va protester pour la millième fois. Lors d’une réunion du comité exécutif de l’OLP, jeudi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, une réaction ferme à la poursuite de la colonisation a été décidée. Pendant ce temps «La pizza» -objet de négociations- rétrécit mais les affaires des dirigeants politiques sont plus que jamais prospères…

    La réalité du pouvoir marocain et le Grand Maghreb

    C’est un fait que le pouvoir marocain est dans une mauvaise passe qui le conduit à la diversion; le peuple souffre le martyre, s’appauvrit de plus en plus pendant que le roi s’enrichit de plus en plus. Deux journalistes de talent, Catherine Graciet et Eric Laurent, ont analysé dans un ouvrage la prédation royale. Depuis son accession au trône en 1999, écrivent-ils, Mohammed VI a pris le contrôle de l’économie du Maroc dans l’arbitraire le plus absolu. Une stratégie d’accaparement marquée par la corruption effrénée de ses proches. Au Maroc, en 2012, la monarchie impose toujours le silence et le secret sur ses agissements, ce qui a rendu notre enquête souvent délicate à mener. La monarchie marocaine a instauré parmi les élites dirigeantes une véritable «culture de la docilité». Mais, surtout, elle fait peur: lorsqu’elle s’abat, la disgrâce royale condamne socialement mais aussi financièrement et professionnellement. Ils connaissent notre attachement sincère au Maroc et à son peuple. (…) Au Maroc, la monarchie demeure le seul pouvoir. Elle continue de prospérer puisqu’elle a eu la bonne idée de transformer, depuis des décennies, la vie publique et les institutions en un théâtre d’ombres. Les excès du roi sont protégés par une omerta que nous avons décidé de briser avec ce livre.» (8)

    «En juillet 2009, le magazine américain Forbes créa la surprise (…) le roi du Maroc, Mohammed VI, faisait une surprenante apparition à la septième place, avec une fortune évaluée à 2,5 milliards de dollars. Il devançait des rivaux en apparence pourtant plus richement dotés, comme l’émir du Qatar, (…) dont la fortune, selon Forbes, était six fois inférieure à celle du souverain marocain. En 2009, la crise financière mondiale survenue un an plus tôt avait frappé de plein fouet l’ensemble des revenus, y compris ceux des plus fortunés. Pourtant, Mohammed VI, dont la fortune avait doublé en cinq ans, semblait mystérieusement échapper à ces aléas…Dans le rapport mondial sur le développement humain élaboré par le Pnud, l’agence des Nations unies pour le développement, couvrant la période 2007-2008, le Maroc est en effet classé au 126e rang (sur 177 États) du point de vue du «développement humain», et le taux de pauvreté du pays atteint 18,1%. Pour ne rien arranger, en 2008, la dette publique du Maroc a bondi de 10% en un an, pour atteindre 11,9 milliards d’euros, soit 20% du PIB. Le classement de Forbes ne faisait que soulever pudiquement un coin du voile sur l’ampleur d’une fortune royale en vérité beaucoup plus importante. Surtout, il taisait ou ignorait les moyens mis en oeuvre pour parvenir à amasser une telle richesse.»(8)

    L’utopie de l’Union maghrébine basée sur des malentendus
    Dans ces conditions comment peut-on parler d’Unité maghrébine quand les conditions minimales ne sont pas réunies. Pour le roi, ««les ennemis de la nation» ne sont autres que les Algériens. D’ailleurs, depuis son accession au trône, il a développé un discours extrêmement agressif contre l’Algérie, un discours qui, au lieu d’inciter à l’apaisement, pousse au contraire à créer un climat de tension».

    «Depuis sa création [l’UMA] en février 1989 à Marrakech, les pays membres ont signé entre eux seulement 37 traités et accords. Or, l’Algérie en a ratifié 29, la Tunisie 28, la Libye 27, la Mauritanie 25 et le Maroc seulement 8. Ce sont là des chiffres qui soulignent clairement le désintérêt du royaume pour la construction maghrébine. Il est surtout en train de vivre avec un rêve moyenâgeux: le Grand Maroc et son corollaire, l’expansionnisme colonial. (..) Le régime de Rabat doit faire son choix et définitivement. Veut-il le «Grand Maroc» ou le «Grand Maghreb»?» (1)

    Il y va de l’avenir de la région. Les peuples doivent comprendre que leur salut est dans l’unité. Nous partageons beaucoup de valeurs. Dans le monde actuel si on reste divisés, nous allons devenir des poussières d’Etat. L’arrogance du Maroc qui se croit intouchable n’est pas fortuite elle provient du soutien inconditionnel de la France qui a fait du Maroc son pré carré.

    A bien des égards il fait office par sa politique inhumaine, par sa répression sans fin comme un second Israël dans la région, n’a -t-il pas avec l’aide d’experts israéliens fait un mur d’apartheid? Il est vrai que son impunité internationale le place au-dessus du droit international en ignorant les aspirations du peuple sahraoui et plus largement du peuple marocain à vivre libre dans la dignité.

    1. Provocations marocaines contre l’Algérie: Le Roi veut-il la guerre? El Watan le 05.11.13

    2. L’ambassadeur du Maroc convoqué au MAE…El Watan le 04.11.13

    3. Hassan Moali: La Conférence d’Abuja El Watan le 02.11.13

    4. http://www.elwatan.com/international/territoires-occupes-pierre-galand-brandit-le-rapport-tannock-05-11-2013-233895_112.php

    5. C.E. Chitour: Le calvaire du peuple palestinien. Editions Casbah 2013

    6. Israël propose la barrière de séparation comme base des discussions de paix le 05.11.13

    7. http://www.elwatan.com/international/2000-nouveaux-logements-en-cisjordanie-netanyahu-piege-la-visite-de-john-kerry-05-11-2013-233890_112.php

    8. Catherine Graciet, Eric Laurent. Le Roi prédateur Editions du Seuil p.5-7 mars 2012

    Professeur Chems Eddine Chitour

    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    Source : Blog Chitour, 9 nov 2013

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Palestine, Maghreb, ONU, UE,