Catégorie : Maroc

  • Le Makhzen et la catastrophe

    Source : Adadouch, 15 novembre 2005 par adadouch

    La gestion de l’après-séisme d’Al Hoceima a révélé un changement de culture du pouvoir, en réaction aux catastrophes naturelles. Hier, la priorité allait à la sécurité. Aujourd’hui, elle va à la mise en scène.

    Par Pierre-Alain Claisse*

    Autrefois, les choses paraissaient plus simples en matière de gestion des catastrophes naturelles. Il y avait ce que l’on peut appeler l’humanitaire-policier ou le système makhzénien de gestion des crises. Le principe de base était simple : quand il y avait un risque majeur de désordre public, qu’il soit d’origine humaine ou naturelle, les risques d’émeutes et les risques sanitaires étaient traités en un même temps, l’un pouvant occasionner l’autre. Le traitement des deux se faisait par la voie d’un protocole de décisions rapides.

    Ce protocole était élaboré par un responsable des opérations unique, qui s’engageait directement auprès du roi à gérer personnellement la crise. C’était le rôle du ministre de l’Intérieur qui, fort d’un mandat d’un quart de siècle, avait acquis une expérience non négligeable en la matière.
    Si ce système de gestion unilatérale des urgences majeures avait son efficacité, il n’est pas sûr qu’il ait été conçu dans le souci absolu du respect des droits fondamentaux des sinistrés.

    Expliquons-nous. En situation de paix civile, l’ordre de priorité dans l’assistance aux sinistrés serait en toute logique : les droits aux soins primaires, à l’alimentation, au logement, à la liberté d’expression, etc. Or, c’est quasiment dans un esprit de conflit armé que se déroulait le protocole d’urgence de l’ancien régime. Les opérations de secours commençaient par la sécurisation des opérateurs en premier lieu, puis de la zone et enfin des sinistrés.

    En effet, bien des témoignages laissent à penser que la menace de désordre public a parfois été contenue sous le prétexte de gestion d’une catastrophe naturelle : un risque invérifiable d’épidémie, par exemple. Ainsi en est-il allé des rumeurs d’épidémies de conjonctivite, quand le Nord était bouclé pour des raisons sanitaires en 1981 et 1984, au moment des premières émeutes liées au programme d’ajustement structurel du FMI.

    Logique de conflit, logique de paix, tout n’est finalement qu’une question de dosage. Toujours est-il qu’autrefois l’ordre public était rétabli en un temps record sur les points d’impact d’une catastrophe fulgurante, qu’elle soit naturelle, technologique ou politique. Mais dix ans plus tard, au moment du processus de réforme et de transparence institué par décision royale, la gestion des catastrophes naturelles à risques sanitaires majeurs s’avérait plus complexe. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ce processus de réforme ait été accéléré par l’inondation de la vallée de l’Ourika, dans le Haouz, en août 1995.

    Quelques touristes étrangers ayant disparu dans les oueds en crue de la vallée, il devenait difficile de contenir les journalistes étrangers et particulièrement « mal intentionnés ». Souvenons-nous du contexte : ce cataclysme avait été le premier du genre à être médiatisé par de véritables antennes paraboliques captant les TV européennes. L’opposition politique avait saisi cette occasion pour exprimer au grand public son souhait de voir les élus locaux exercer pleinement leurs responsabilités. Celles-ci se justifiaient par une meilleure connaissance du terrain que celle du ministre, alors personnellement en charge de l’urgence. Par un hasard des calendriers, c’est quelques trois jours après le drame de l’Ourika qu’un discours royal annonçait le référendum sur le bicaméralisme, faisant entrer les représentants régionaux au Parlement.

    Quant au siège de la province du Haouz, son objectif premier était la relance du tourisme, malgré les traces visibles des inondations, question de survie économique. Les touristes se firent donc touristes humanitaires et les habituels récits des guides avaient muté en de dramatiques témoignages de l’horreur vécue. En effet, de nombreux petits vendeurs des bords d’oueds restaient très choqués par leur réquisition dans le ramassage pêle-mêle de blessés et de cadavres : c’était le temps de la méthode dite, dans le jargon hospitalier, de « ramassage en sacs de sable ».

    On peut aujourd’hui visiter les trois fosses communes où les nombreuses victimes exhumées de la boue ont été enterrées au cimetière de Bab Doukkala. Les témoignages sur le flux incessant des camions entre les points d’impacts et le cimetière, ainsi que la grande longueur des dalles laissent à penser que le chiffre d’inhumés dépasse les 200 morts déclarés officiellement à l’époque. Les rescapés ont été contraints de reconnaître que l’État n’est pas la Providence, que c’est au citoyen de base de prendre ses responsabilités et pas uniquement au ministre et au gouverneur. Car, c’est bien là l’esprit de la réforme de la charte communale : insuffler au citoyen l’esprit de responsabilité dans le cadre de la démocratie participative.

    Or, c’est précisément dans cet esprit que le Bureau du Collectif d’Al Hoceima a transmis son premier bilan du séisme aux autorités locales, ainsi qu’à une des associations nationales membres, le 25 février 2004, 24 heures après le séisme. L’Association marocaine des droits humains, AMDH, en a fait la synthèse le jour même dans un communiqué de presse, invalidant ainsi le ton apaisant du ministère de tutelle de la Protection civile, seule habilitée à porter sur place les soins primaires d’urgence. Mais, en même temps, ce communiqué a justifié l’ingérence privée étrangère : les ONG internationales.

    Au grand bazar des ONG, on trouve de tout, y compris des associations internationales de solidarité religieuse : le Secours islamique ou d’autres susceptibles d’effectuer un redéploiement de leurs équipes en terre marocaine. Ceci explique partiellement l’empressement de la Fondation Mohammed V à faire de la visite royale un spectacle humanitaire au nom du principe de solidarité nationale et exclusivement nationale. C’est donc de la sorte que le Makhzen a su faire muter l’humanitaire-policier en humanitaire-spectacle. On peut donc dire de ce tragique événement qu’il a eu au moins le mérite de rappeler aux associations locales, mais aussi internationales, qu’il ne faut pas confondre la démocratie participative avec la démocratie participative élargie. Plus simplement : la présence des associations non-reconnues d’utilité publique reste tolérée et seulement tolérée dans la vie politique locale.

    En effet, les élus locaux et régionaux se trouvent très souvent, au Maroc comme ailleurs, confrontés à des associations de riverains. Celles-ci font pression sur les élus pour développer les bassins d’emplois au plus près des lieux de résidence. C’est ce qui explique, en partie, la signature d’accords de construction de terrains sur des zones à risques naturels. C’est ce qui peut également justifier la tentation de laisser construire au plus vite, sans se soucier des habitants et des normes. Ce laxisme a vraisemblablement connu des débordements qui seront sanctionnés, si l’on en croit les annonces officielles. Car la sanction commence par la lutte contre l’économie de prédation qui favorise l’habitat insalubre ; c’était là l’objet du discours royal en réponse aux attentats du 16 mai 2003. Or, le réseau associatif n’est pas exempt des pratiques mafieuses qui, par ailleurs, sont en parallèle avec l’islamisme de prédation, pratiques auxquelles le Nord n’échappe pas. C’est pourquoi on peut penser que certains partenaires associatifs des conseillers communaux sont tentés de favoriser le gain rapide : clandestinité, contrebande, corruption.

    Du risque naturel, nous en sommes revenus à la menace de trouble de l’ordre public et c’est en partie à propos de tels dangers que des rumeurs ont fait état d’un recentrage possible des différentes responsabilités ministérielles. Dans les couloirs des ministères ces derniers jours, on reconnaissait avoir adopté la culture du projet d’étude sans jamais avoir appliqué les recommandations des experts qui, il est vrai, peuvent se révéler totalement inapplicables. Les dernières directives royales ont donc contraint à remédier à la fuite des cabinets ministériels devant leurs responsabilités, celles-ci engageant l’État central, le Makhzen.
    La catastrophe d’Al Hoceima pourrait effectivement se révéler être l’illustration du processus inverse de celle de l’Ourika, à savoir que la résolution des urgences majeures passerait par la redistribution des pouvoirs administratifs entre quelques secrétariats ministériels seulement. Quelles directions précisément ? Des négociations seraient en cours entre le ministère de l’Intérieur et celui de la Santé, notamment. Ce dernier tente visiblement d’échapper au contrôle du premier depuis le lancement du projet de réactualisation de la loi sur la Protection civile. Ce projet, qui correspond à l’avènement du nouveau concept de l’autorité en 1999, peut se résumer comme tel : une meilleure répartition des rôles entre les Centres hospitaliers d’urgence et la Protection civile. Là encore, nous sommes dans la problématique du dosage des responsabilités.

    Quant au ministère de l’Environnement, son rôle de contrôle des expertises est renforcé par la nouvelle loi sur les études d’impact environnemental de l’activité industrielle. Ce rôle d’expertise du ministère pourrait s’étendre au contrôle d’une agence d’étude des catastrophes naturelles, à moins que cette responsabilité ne soit directement attribuée aux services du Premier ministre. De la guerre des ONG, nous sommes passés à la guerre des ministères.

    Il n’en incombe pas moins au citoyen marocain de veiller à l’application sur le terrain des mesures de prévention des catastrophes naturelles. Ce devoir de veille exercé par les associations locales se justifie par le droit fondamental à la transparence et, de fait, à la démocratie participative élargie ; entendons par là un processus de démocratisation qui ne se limite pas à la consultation de personnalités rémunérées pour leur expertise, mais qui prend véritablement en considération l’opinion des élus locaux. En retour, ce devoir associatif gagnerait à se conformer aux conventions internationales ratifiées par le Maroc, à commencer par le respect du principe du développement durable ; cette expression signifie en l’occurrence : dépasser les intérêts personnels pour penser à l’avenir, aux générations futures, à l’ouverture du Maroc sur le reste du monde, Orient comme Occident. Il reste à sensibiliser les conseillers communaux à ce projet de société qui caractérise l’esprit du nouveau régime. Investissez dans l’éducation – dit le vieux proverbe chinois – vous en tirerez profit pendant cent ans !

    *Chroniqueur français, Pierre-Alain Claisse est aussi ethnologue et juriste

    Source: Telquel

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Pierre-Alain Claisse,

  • Maroc : La tempête silencieuse du hacker Chris Coleman

    C’est bientôt Noël chez les zmagris, il fait froid, tout le monde tire la gueule et ça sent le sapin… Jusqu’au Maroc.

    Depuis plusieurs semaines, l’état marocain vit tribulations sur tribulations, suite aux multiples publications de Chris_Coleman24. Ce cyber-activiste distille sur le WEB via Twitter, des documents aspirés dans les limbes cybernétiques, classés top secrets du gouvernement marocain.

    Il ne cache ni sa sympathie pour la cause sahraouie ni son envie de déstabiliser le régime marocain. Les médias officiels du pays restent trop discrets sur ce qui est déjà qualifié par des observateurs comme étant : l’affaire du « Snowden marocain ».

    Et gare à ceux qui tenteront de vexer Chris_Coleman24 en prétextant que les documents présentés ne sont pas authentiques. Il se rebiffe aussitôt, l’amenant à partager, authentifications à l’appui, d’autres documents compromettant.

    Une sorte de boîte de pandore qu’il aurait fallu pour le Makhzen (nom attribué à l’état marocain) qu’elle ne s’ouvre jamais.

    L’un des récents faits d’arme de Chris_Coleman24 rapporté par un journaliste, est le partage de documents révélant, les noms de journalistes français, soudoyés par les services de renseignements marocains.

    Oui Monsieur, de la corruption en d’autres termes !

    Pour nous relayer ces histoires de divulgations, quelques médias occidentaux et des médias électroniques indépendants marocains, à l’instar du célèbre journal électronique du journaliste dissident Ali Lmrabet : « Demainonline ».

    Chris_coleman24 inquiète jusque dans les plus hautes sphères de l’état marocain, il y a peu de doutes là-dessus.

    Faut-il s’en réjouir ou s’indigner ?

    Pour ma part je pense qu’on ne procède pas de manières nobles avec ceux qui usent des pires méthodes. Chris_Coleman24 agit tel un miroir, il mime ceux-là même qu’il tente de déstabiliser.

    Il est fort à parier que Chris_coleman24 deviendra dans les semaines, dans les mois à venir, la voix de la conscience d’une certaine opposition marocaine. Que ce pseudo emprunté au sélectionneur de l’équipe de football galloise acquiert au fil des jours une couleur outre-méditerranée .

    Il est déjà celui que tout le monde attend … Sympathisants comme contradicteurs.

    Est-il protéger par des cieux moins soupçonnables que « l’éternel coupable » algérien constamment avancé par les officiels marocains ?

    Protégé peut-être par ceux qui connaissent le Makhzen, qui mangent à même la table avec lui. Qui tirent les ficelles de ce qui pourrait ressembler à un règlement de compte. Comme celui d’un client déçu par une passe dans une maison close …?

    Sont -ils plusieurs …?

    Seul le temps et un travail journalistique digne de ce nom pourront nous éclairer.

    Pourquoi le dossier du Sahara … ?

    Pour ceux qui l’ignorent encore, l’épineux dossier du Sahara est ce lègue empoisonné du roi Hassan2 à son fils Mohamed 6. Cet immense territoire au sud, revendiqué à la fois par le Maroc et à la fois par le Front Polisario ( indépendantistes sahraouis).

    Ce dossier « Chlingue » à tous les niveaux, tant les montants alloués à la corruption des élites marocaines et internationales, pour plaider la cause de la souveraineté chérifienne ont été (et sont toujours) faramineuses. Tant la crédibilité des uns est souillée par une pastilla jambe en l’air ou une invitation « mamounesque » de trop.

    Ce dossier semble capital pour le sommet du pays et fait l’objet d’un quasi unanimisme non-négociable, qu’il serait inconscient aujourd’hui de vouloir bousculer.

    « Ceux qui feignent croire se coucher du bon côté, finissent toujours par avoir des crampes » disait l’ancien.

    Chris_coleman24 est cette donne imprévisible, sortie de nulle part et qui vous pète à la figure.

    Le journalisme marocain a été tué plusieurs fois, brûlé vif sur l’autel de la corruption ! De ses cendres renaissent ici et là des phœnixs qui tentent d’informer au péril de leur vie parfois, ceux qui se donnent la peine de cliquer sur les bons onglets.

    Chris_Coleman24 a au moins ce mérite là pour l’heure, donner à cette dissidence journalistique la portée qu’elle mérite.

    J’ignore où tout cela va mener… Et ce qui mène vers l’inconnu excite autant qu’il inquiète.

    Mais à cette allure, 2015 s’annonce pourrit pour ceux qui ont œuvrés à tout pourrir autour d’eux.

    Zmagri

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, hacker Chris Coleman, diplomatie,

  • Les Moqaddems du Maroc, une fonction du Makhzen détestée des marocains

    Les chioukhs et les moqaddems sont une vieille institution régalienne du Makhzen qui date d’avant l’époque du régime du Protectorat au Maroc, qui assumaient une fonction de «représentation sociale» au bénéfice du Makhzen, mais c’est le Protectorat qui les a enrôlés dans l’administration territoriale pour mieux surveiller les gens et rapporter des informations sur les citoyens. Ce sont des gens supposés connaître leur environnement jouissant d’une sorte de notoriété symbolique ou sociale qui leur permettait d’encadrer et de disposer de l’information en temps réel afin que le pouvoir puisse agir en conséquence. C’est donc dans un esprit de commandement et dans un souci de maintien de l’ordre et de sécurité que ces auxiliaires de l’administration sont recrutés et engagés. Ils deviennent, au fil du temps, des auxiliaires incontournables dans la collecte des informations surtout à une époque où la sécurité constituait la priorité absolue de l’Etat. Leur recrutement ne se faisait sur aucune base juridique ou procédurière, mais sur la base de cooptation et des garanties que ces agents donnent pour assumer les tâches auxquelles ils seront chargés. Aucun niveau académique n’était exigé d’eux, il suffisait juste qu’ils présentent des gages de confiance et qu’ils soient de bons informateurs ayant l’œil sur tout ce qui se passe dans leur territoire.

    Et leur statut après l’indépendance ?

    Ni «laârifa» ni les moqaddems ni les chioukhs n’étaient incorporés à la fonction publique, ils n’avaient pas un salaire ni un numéro de SOM, mais uniquement des indemnités par rapport à leur fonction stratégique d’information. Mais ce statut a quelque peu évolué avec le temps.

    Mais leur fonction n’a pas changé, ils sont toujours derrière l’information sur les citoyens…

    Ils ont continué en effet à être le relais entre l’administration et le citoyen, et tous les jours ils informent directement ou indirectement par le truchement d’autres relais leurs supérieurs. Mais, actuellement, ils posent un problème d’utilité et d’efficacité par rapport à un environnement qui a beaucoup évolué et à une administration qui se modernise. L’Etat est appelé à faire des choix, plus particulièrement dans ce contexte de réformes marqué par la mise en place d’une régionalisation avancée et d’une Constitution nouvelle qui exige la mise en place des fondements de bonne gouvernance territoriale. Le territoire n’est plus aujourd’hui un enjeu de commandement et de pouvoir, mais un lieu où se fabriquent et se produisent des politiques publiques qui exigent la maîtrise du savoir, de la connaissance, de l’expertise et des qualifications professionnelles reconnues pour gérer et développer le territoire. L’ère des chioukhs et des moqaddems, comme celle des adouls, est révolue parce qu’ils pérennisent l’image d’une administration néopatrimoniale anachronique et empêchent le territoire d’évoluer. L’urgence aujourd’hui est d’inverser les rôles, l’information comme la confiance doivent venir d’en haut, l’autorité et la souveraineté d’en bas. Tous ces relais traditionnels secrètent pour l’instant plus un climat de méfiance et de suspicion qu’un climat d’apaisement entre les citoyens et l’Etat. Ils véhiculent une image négative du pays et des institutions marocaines.

    Abdessamad Mouhieddine

    LE MAKHZEN : C’EST QUOI AU JUSTE ?

    Le Makhzen n’est pas n’importe quel vocable. Il constitue (et constituera longtemps), selon moi, un sujet emblématique de la schizophrénie endémique qui caractérise le système politique marocain. Un sujet très sérieux donc. En ce qui me concerne, il ne s’agit nullement de quelque volatile « sensation » ou encore une vue de l’esprit, mais bel et bien d’une réalité tangible. Il poursuit son « sujet » de la naissance à la mort. Des senteurs fumigènes (bkhour) de la naissance, à la lecture de la sourate « Yassine » à la mort, en passant par les « Sla ou slam ‘la rassoul allah » et autres « Allah y nsor sidna Mohammed !» criés à la faveur d’un mariage. Ainsi donc, le Makhzen traverse transversalement nos attitudes, nos postures sociétales, nos réflexes, notre solitude comme notre pluralité, notre sens du…sens, nos peurs de type chtonien, vous savez, ces espèces d’angoisses qui paralysent jusqu’au « désir d’appartenance », qui plus est au moyen de…l’allégeance !

    Comment une citoyenneté assumée et, par conséquent, pleinement consciente des devoirs avant les droits, peut-elle émerger lorsqu’elle se trouve ainsi ceinturée – que dis-je ? neutralisée – par les signes et les signaux, les signifiants comme les signifiés, les symboles et les actes, tous relevant moins d’une volonté politique modernitaire que de l’assujettissement ?

    Les outils de l’assujettissement – transformer ou garder les citoyens sous le statut de sujets – traversent très concrètement, souvent autoritairement, la totalité du sociogramme du Royaume. La boîte d’outils de cette domestication ne comprend pas seulement ces personnages sortis du fond des âges, tragiquement pittoresques et éminemment moyenâgeux, que sont le moqaddem et le cheikh, mais aussi une foultitude d’ingrédients de la société seigneuriale infantilisante – le seul journal télévisé du monde où l’on implore Dieu, à chaque fois qu’on prononce le nom du chef de l’Etat, de glorifier celui-ci, le protocole avilissant, les sermons du vendredi si visqueux, les fameuses causeries ramadanesques dites « hassaniennes », cette culture de la mendicité assise sur une véritable économie de rente (« affame ton chien pour qu’il te suive ! »), « lahdiya », « lahlaoua », l’entretien des zaouyas au moyens de dons, les tentes caïdales des meetings partisans, l’habit ample sultanal…etc.). Oui, « le monstre » est bel et bien « tapi dans les entrailles de l’Etat ». Increvable, il a un instinct de préservation des plus imaginatifs. « Le Makhzen est mort », avait proclamé le pauvre Mohamed El Yazghi sans jamais indiquer à quel niveau politique, éthique ou économique se situerait sa tombe.

    En vérité, grâce à la dextérité juridico-démagogique de Hassan II et à la boulimie financière du « cabinet noir » de Mohammed VI, le Makhzen s’est remis d’aplomb. Il a aujourd’hui ses généraux, au sens propre comme au sens figuré, ses troufions, ses idéologues, ses porte-voix, ses obligés, ses affidés, sa nomenclatura, sa nomenclature servile, les théoriciens de son monoïdéisme, ses « phénomènes » comme ses « noumènes », ses esclaves bien noirs, sa haute administration centrale prête à extrapoler décrets, arrêtés, circulaires et autres us et modus operandi managériaux. Le Makhzen a aussi ses codes, ses burnous si agréables à enfiler et si désagréables à désenfiler, ses parfums, son Dieu, ses saints, ses caprices ou encore ses bouderies. Le pire est que le Makhzen, contrairement au confusionnisme délirant de la presse à manchettes aguichantes, n’est pas l’exact synonyme de la personne ou de la fonction royale. Un alambic terrifiant ! Car, en vérité, en sus des attributs et privilèges cités précédemment, le Makhzen a aussi une adresse. Oui, oui, une adresse : c’est bel et bien au coeur de notre subconscient collectif qu’il réside. Il en constitue même le rhizome. Le plus miséreux de nos compatriotes commande à tout bout de champ à sa femme, à ses enfants ou à ses subordonnés -encore plus dépouillés que lui – de lui tendre tel ustensile ou se dépêcher de le nourrir…etc. Le servir, en fait.

    « Un épouvantail » ? Plutôt « un ogre » : Entiché de business, le néo-Makhzen peut pousser ses concurrents à la faillite en provoquant les redressements fiscaux nécessaires à cela, en lançant des OPA foudroyantes ou en fermant tout simplement les robinets de son bras financier. Pire : il n’hésite point à maquiller ses assauts sur tel ou tel pan de l’économie en motifs de fierté nationale.

    La désillusion m’a conquis à cet égard. Cette désillusion ne se nourrit en moi d’aucune rancune, d’aucune haine, ni même de quelque dépit que ce soit. Simplement une colère qui n’est pas prête à s’estomper. A mon âge, l’avenir se trouve derrière moi. Le comput étant impitoyable, je sauvegarde le plus longtemps possible les seuls outils qui, pour moi, vaillent la peine ici-bas : ma plume et mon libre-arbitre. Ma capacité d’indignation constitue de facto ma seule motivation. Je suis en colère parce qu’on a insulté copieusement l’intelligence de nos compatriotes : le projet dit « démocratique » et « modernitaire » qu’ »on » nous a vendu, et qu’on a chaudement applaudi, propulsant certains d’entre nous -j’en ai fait malheureusement et malencontreusement partie- dans une bien imprudente euphorie apologétique, ce « projet »-là s’est peu à peu volatilisé, cédant la place à une farce dont les dindons ne comptent et ne se comptent plus. Oui, le Makhzen est, en ce début du troisième millénaire, bel et bien une honte. Une réalité amplement honteuse.

    Ahmed Benani @Abdessamad Mouhieddine. Sans doute une des meilleures analyses lue ces derniers mois. J’aime votre croisement des champs psychanalytique et anthropologique pour rendre compte de ce qu’est et pourrait encore être, cette néo-boîte de Pandore: Le Makhzen! Bravo et bien à vous, Ahmed Benani

    Source : Last Night in Orient

    Tags : Maroc, Makhzen, Moqaddem,

  • Migration, Rif, Afrique, service militaire: le Maroc illibéral reprend la main

    Joseph Paoli

    25 octobre 2018

    Le Maroc est un pays de grands changements déclarés et de lents changements effectifs. Ce mélange dissonant d’attitudes contraires a cependant, depuis presque trente ans, créé et maintenu un équilibre aussi improbable qu’indéniable. L’ampleur du changement proclamé servait de guide au changement réel, qui poursuivait son chemin à petit pas, parfois claudiquant, et pourvoyait en espoir ceux qui s’y étaient engagés, la plupart de bonne foi. D’une certaine manière, le Maroc politique a vécu au superlatif depuis la dernière décennie du règne d’Hassan II. Pour qu’un tel fonctionnement procure la paix publique, dans un pays de fortes inégalités, de contrôle social plus ou moins pesant et de transition démocratique inaccomplie, et parvienne, vaille que vaille, à intégrer la plupart des acteurs politique comme ceux de la société civile et une large partie des citoyens, il faut qu’il y ait un discours du changement cohérent et audible et que les faits à même de le démentir ne s’accumulent pas de manière flagrante. Depuis quelques mois, ce discours est en panne et les faits contredisant les perspectives ouvertes se sont accumulés à tel point qu’ils les ont largement obscurcies.

    Il y a eu au moins six discours marquants et porteurs d’espoir (du moins pour les libéraux), six grandes narrations, depuis les années 1990 : le discours sur les droits de l’homme, le discours sur l’alternance (et partant sur « la transition démocratique »), le discours sur le développement humain, le discours sur la nouvelle Constitution, le discours sur l’avenir africain du pays et, intégré à celui-ci, le discours sur la nouvelle politique migratoire. C’est, bien sûr, peu de dire que les dispositions libérales et pluralistes de la nouvelle Constitution (2011) n’ont pas été mises en œuvre. Cependant, on s’attendait à cette lenteur et à une accumulation d’impasses. Personne n’avait jamais envisagé, par exemple, que l’égalité entre les hommes et les femmes, proclamée par ladite Constitution, aboutirait à une discussion orientée vers l’adoption d’une loi abrogeant leur inégalité devant l’héritage. Il était clair que ce n’était qu’un « reminder » dépourvu d’agenda. Ce qui se passe depuis quelques mois, en revanche, est plus préoccupant, parce qu’il y avait quelques bonnes raisons de penser que ça ne devait pas arriver.

    Il y a eu, tout d’abord, la répression du Hirak, le mouvement de protestation dans le Rif découlant directement de l’inefficacité et, pire encore, de l’ineffectivité avérée et persistante des politiques publiques destinées à développer la région. Il n’est pas question, ici, de revenir sur l’étiologie de ce mouvement social ni de se prononcer sur la pertinence et la perspicacité de toutes les actions entreprises. On se bornera à constater que le Hirak comme ses personnalités et, plus largement, ses acteurs ont été traités comme les membres d’une conspiration portant atteinte à la sécurité de l’Etat. Le leader du mouvement a été condamné à vingt ans de prison. Il risquait la peine de mort (précisons qu’elle n’est plus en usage au Maroc bien que non abolie). Le constat est simple : lorsqu’une protestation légitime des citoyens est traitée comme une sédition, même si elle s’accompagne d’une certaine « casse », on se situe hors des cadres de la démocratie, laquelle ne réside pas, et de loin, dans la seule application du droit (ce qui peut être l’attribut de toutes sortes de régimes) mais dans l’impérieuse nécessité du dialogue. Le contraste avec le traitement du Mouvement du 20 février, au moment de ce que l’on s’est plu à nommer « le Printemps arabe », est frappant. La stratégie des gouvernants avait alors été d’éviter la répression désordonnée et obtus et de promouvoir le changement, même s’il s’agissait d’une variation sur la célèbre formule de Lampedusa selon laquelle « il faut que tout change pour que tout reste comme c’est » (dans le cas du Maroc, ce fut plutôt : « il faut que tout change pour que tout ne change pas trop vite »). L’attitude face au Hirak illustrait, au contraire, un raidissement des gouvernants ou une montée de l’influence des gouvernants adepte du raidissement. Ce n’était pas bon signe.

    Durant l’été, est arrivée la nouvelle du rétablissement du Service militaire. Celui-ci a été annoncé dans un contexte de focalisation des politiques publiques sur la jeunesse et son éducation, qui ont, elles aussi, assez largement échoué. L’Armée apporterait une formation et des valeurs à des jeunes qui n’en auraient pas. En général, la plupart des militaires professionnels sont d’accord pour considérer que ce n’est pas leur métier ; leur métier, réside dans la défense active du pays, généralement par la projection ponctuelle, sur des théâtres d’opération extérieurs, de combattants (de préférence) expérimentés. Il en découle que tout ce qu’une Armée peut offrir à la jeunesse de son pays, c’est de la discipline et les valeurs rugueuses qui lui sont liées. S’agissant du Maroc et après la répression du Hirak, on ne pouvait trouver de message plus négatif à donner à cette jeunesse : la contrainte par corps pour compenser l’échec des politiques la concernant. L’annonce elle-même a témoigné d’un rare amateurisme du point de vue de la communication politique ou d’un profond dédain vis-à-vis de l’opinion publique. Un projet d’une telle portée sociétale peut-il être annoncé et adopté par un gouvernement sans la moindre concertation avec la société civile, sans le moindre débat public préalable, sans la moindre discussion ? Au-delà de la déception démocratique qu’une telle attitude provoque, se pose la question de la faisabilité de la chose et donc de la précipitation de l’annonce. Le Maroc, on le sait, compte une importante communauté résidant à l’étranger, en grande partie composée de binationaux. Tous les jeunes gens appartenant à cette communauté devront-ils interrompre leur vie dans leurs pays de résidence pour aller faire leur service militaire au Maroc, y compris ceux qui n’en parlent que pas ou mal la langue ? Devront-ils, sinon, renoncer à s’y rendre tant qu’ils n’auront pas dépassé quarante ans, âge à partir duquel ils ne seront plus soumis à cette obligation ? On imagine ce que représenterait pour le Maroc une telle coupure avec une partie de sa diaspora. Des listes d’exemptions complètes ou temporaires ont, cependant, fini par circuler : il y aurait les Marocains résidant à l’étranger, les binationaux, les enfants uniques, les mariés, les étudiants, les titulaires d’un emploi… Sans doute, faudra-t-il attendre la rédaction et le vote de la loi pour savoir ce qui sera retenu. Toutefois, le Gouvernement semble être pris entre deux positions également dommageables : soit il met en œuvre l’essentiel des exemptions évoquées et le service militaire apparaît bel et bien comme une servitude inégalitaire imposée aux catégories déscolarisées et sans emplois, considérées comme potentiellement dangereuses ; soit il adopte une conception égalitaire et celle-ci devra alors inclure les Marocains résidants à l’étranger, les étudiants, les titulaires d’un emploi, ce qui créera vraisemblablement un large mécontentement parmi les groupes sociaux qui estiment devoir en être exemptés. Dans les deux cas, il n’en sortira pas indemne et personne n’en tirera aucun gain.

    Le mois d’août a également été marqué par le retour de la traque aux migrants subsahariens. Alors que le Maroc s’était, non sans panache, engagé en 2013 dans une politique volontariste de régularisation de ces derniers, avec une deuxième vague de régularisation lancée en 2016, cette reprise soutenue de la traque et des déplacements forcés vers le sud du pays, voire des expulsions sommaires, semble indiquer, sinon un pur et simple revirement dans la politique suivie depuis cinq ans, du moins un coup d’arrêt à celle-ci. Ainsi qu’en ont témoigné de nombreuses victimes et des acteurs associatifs bien informés, ces opérations ont été menées avec brutalité et n’ont pas toujours pris la peine de distinguer entre les migrants régularisés et ceux qui ne l’étaient pas, entre les migrants et les réfugiés, c’est-à-dire des personnes immatriculées par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations-Unies et donc protégées par le droit international. La rétention des personnes à déplacer, notamment à Tanger, a eu lieu et continue sans doute à avoir lieu dans des conditions dégradantes d’entassement et de maltraitance. Le prétexte de lutter « contre les réseaux de trafic humain » ne change rien au fait que c’est une population particulièrement vulnérable qui s’est trouvée à nouveau et maltraitée et stigmatisée ; du reste, c’est bien cette population que l’on entend contrôler et non les dits réseaux, puisque le but poursuivi – en premier lieu par l’Europe qui fait pression sur le Maroc – est tout simplement d’empêcher les Africains de traverser la Méditerranée, que ce soit par eux-mêmes ou avec l’aide d’autrui. Cette attitude des autorités marocaines apparaît en flagrante contradiction, non seulement avec les principes humanistes avancés pour faire valoir la nouvelle politique migratoire du pays, mais aussi avec sa politique africaine, qui s’était notamment prévalu de l’accueil fraternel fait aux habitants du continent. En témoigne le discours du roi tenu à Addis-Abeba, le 31 janvier 2017, alors que le Maroc réintégrait l’Union africaine. De fait, l’attitude actuelle des autorités marocaines, brutale, indécente et indiscriminée, ne peut manquer d’avoir des répercussions sur la perception du pays par ses voisins du Sud. Comme il est impensable, par son ampleur et sa durée, que cette traque soit un simple et accidentel emballement de l’appareil sécuritaire, une question de fond se pose : pourquoi le Maroc est-il prêt à risquer de mettre à mal son image, sa diplomatie et ses intérêts en Afrique ? Peut-être est-ce une réaction au piétinement du processus d’adhésion à la CEDEAO, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; peut-être aussi une partie des acteurs influents de la gouvernance du pays est-elle en train de parvenir à faire prévaloir l’idée que le partenariat avec l’Europe passe avant la poursuite d’un destin africain. Dans ce cas, participer au gardiennage des frontières européennes d’outre Méditerranée est incontestablement plus important que se préoccuper du sort et des souffrances des migrants subsahariens.

    Ce gardiennage renforcé des frontières européennes a provoqué, le 25 septembre dernier, la mort d’une jeune marocaine qui tentait de rejoindre l’Espagne, avec un groupe de compatriotes, sur une petite embarcation. Les garde-côtes de la Marine royale ont ouvert le feu sur celle-ci. Trois autres personnes ont été blessées. Les autorités ont déclaré qu’il s’agissait de stopper l’embarcation et que les garde-côtes ignoraient la présence de passagers à son bord. Sans épiloguer sur ce qu’il y a de douteux dans cette explication – comment les garde-côtes pouvaient-ils ne pas envisager qu’il y ait des passagers dans un lieu où ils sont habitués à patrouiller, précisément pour intercepter les migrants ? – on évoquera seulement l’aspect le plus déconcertant et le plus révélateur de ce drame : le silence officiel qui l’a suivi. Le Chef du Gouvernement et les ministres, les hauts gouvernants du pays n’ont pas éprouvé le besoin d’exprimer ne serait-ce que leur compassion. Pour bien comprendre ce que cette attitude a, tout à la fois, d’étonnant et de révélateur, il suffit d’imaginer ce qui se serait passé en France si un corps militarisé, dans une opération de police, avait blessé mortellement une étudiante de vingt ans tentant de franchir une limite interdite sans constituer une menace pour personne. Même les pires des partisans de l’ordre auraient éprouvé le besoin de dire quelque chose de vaguement humain. Le ministre de l’Intérieur aurait parlé, le ministre des Armées aurait parlé, le Premier ministre aurait parlé et probablement aussi le Chef de l’Etat. Ils auraient parlé par réelle compassion, sans doute, par calcul politique, certainement, ou tout simplement par obligation, par devoir en un mot. Pourquoi ? Parce qu’ils se seraient sentis, parce qu’ils se sentent tenu par l’opinion, y compris par l’opinion minoritaire, de leurs concitoyens. Il est clair qu’au Maroc, sur certains sujets, les gouvernants ne se sentent pas tenu par l’opinion ou ne croient tout simplement pas qu’il existe un devoir politique de parler. Sans doute les excès de parole, de propos et de commentaires rendent-ils le débat démocratique parfois inaudible et insupportable, mais, à tout prendre, cela vaut mieux, bien mieux que le silence.

    Dans un récent article, un éditorialiste marocain, Zouhair Yata, posait la question : « Le Maroc va mal, mais que faire ? ». Diffusé sur Facebook, son éditorial a recueilli de nombreux commentaires, positifs aussi bien que négatifs. Les commentaires négatifs prenaient l’éditorialiste à partie, affirmant que le Maroc était bel et bien en marche vers un avenir digne de lui. Sans doute le Maroc a-t-il accompli plusieurs étapes considérables depuis une trentaine d’années et sans doute a-t-il le potentiel et la volonté d’aller plus loin. Il n’en demeure pas moins que, pour le moment, il est à l’arrêt. Les grands discours qui soutenaient les petits pas sont pris à revers par un subit raidissement des autorités. Dans cette immobilité crispée, tout ce qui ne va pas dans la machinerie qui faisait avancer le pays devient cruellement visible, et notamment la persistance d’une culture politique et d’une pratique gouvernementale foncièrement illibérales et non démocratiques.

    Source: telos-eu.com

    Tags : Maroc, social, monarchie, constitution, répression, Hirak, Rif, Jerada, Zagora,

  • Rapport de l’ONU accuse le Maroc d’espionner ses sujets

    Un nouveau rapport de l’ONU a accusé le Maroc d’espionner ses sujets dans le cadre d’un programme complet de surveillance qui viole la vie privée des citoyens

    Deux rapports spéciaux des Nations-Unies, qui seront examinés le mois prochain, considèrent le Maroc comme un pays où les violations des droits humains sont généralisées.

    Le rapport du rapporteur sur le droit de rassemblement et d’association et celui sur la liberté d’opinion et d’expression accusent le Maroc de violer les libertés de ses citoyens et activistes, notamment par l’utilisation de logiciels d’espionnage israéliens et britanniques.

    Le rapport qui sera présenté à la 41ème session du Conseil des Droits de l’homme de Genève, accuse le Maroc et d’autres pays d’utiliser abusivement des logiciels d’espionnage, comme Vinvicer et Pegasus, pour espionner les activistes de la société civile, suivre leurs activités et mouvements.

    Le rapport du rapporteur onusien sur les rassemblements pacifiques apportes des détails sur la société britannique BAE Systems qui est non seulement une des grands producteurs d’armement mais aussi des pays exportateurs de vigilance massive. Ce rapport calssifie le Maroc parmi les pays où les violations des droits de l’homme sont courantes et qui utilisent les techniques de l’entreprise anglaise pour contrôler ses sujets.

    Tags : Maroc, ONU, espionnage, BAE Systems, logiciels d’espionnage, hacking, surveillance,

  • Maroc : El Othmani perturbé par la mort du président égyptien Morsi

    Au PJD, l’émotion causée par le décès de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi est tellement forte qu’elle a laissé des fautes visibles même dans les twits du premier ministre islamiste Saadeddine El Othmani.

    Pour annoncer qu’il vient de recevoir le président de la région d’Andalousie il a mis la photo de Morsi et il a fait une erreur lors de l’écriture du nom.

    Quelques heures plus tard, le chef de l’exécutif marocain a changé la photo, mais le mal est déjà fait. Des prises d’écran de son twit ont fait le tour des réseaux sociaux et ont dévoilé la sympathie idéologique des islamistes du Maroc avec les Frères Musulmans de l’Egypte.

    Par contre, le Mouvement pout l’Unicité et le Réforme, la tête pensante du PJD, a exprimé lundi son opinion sur le décès de Morsi rappellant qu’il a « défendu la justice et la légitimité contre la tyrannie et l’injuctice ». « Nous considerons son décès comme la perte d’une des grandes figures de la prédication islamique ».

    Pour rappel, Morsi est le premier président égyptien élu par la voie démocratique. Il est mort à cause de l’indulgeance des autorités égyptiens par rapport à la santé fragile de Morsi. Il était dans une cellule isolée et n’avait pas droit de visite familiale ni médicale.

    Depuis le coup d’Etat du Général Al-Sissi, les relations entre Rabat et Le Caire ont connu quelques perturbations en raison des connexions idéologiques entre le PJD et les Frères Musulmans.

    Tags : Maroc, Egypte, Mohamed Morsi, Frères Musulmans, islamistes, PJD, El Othmani,

  • Le prince Hicham du Maroc condamne le traitement infligé au défunt président Morsi

    Le prince Hicham, cousin germain du roi du Maroc a exprimé lundi ses condoléances à la famille de Mohamed Morsi, suite au décès de l’ancien président égyptien emprisonné par le Général Al-Sissi.

    « J’ai reçu avec une grande consternation et une grande tristesse la nouvelle de la mort du président Mohamed Morsi et, à cette occasion douloureuse, j’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille, au peuple égyptien et à tous les peuples libres du monde », a écrit Hicham El Alaoui dans un twit.

    Pour lui, « le président Morsi est décédé des suites d’une négligence systématique en prison. Il a été accusé de trahison, mais ce sont les traîtres qui ont usurpé la volonté et la souveraineté du peuple égyptien et en ont tué des centaines ».

    « Oui, le président Morsi a commis des erreurs politiques, mais il reste l’incarnation de la légitimité démocratique: tôt ou tard, cette même légitimité sera de nouveau imposée en Égypte. Le cas de Morsi est la tragédie de tous les Égyptiens qui revendiquent la démocratie et qui sont victimes de la torture, les disparitions, la détention et l’exil », a-t-il ajouté.

    « Que Dieu ait pitié de son âme », conclue-t-il.

    Tags : Maroc, Mohamed Morsi, Hicham Alaoui, Moulay Hicham, Mohammed VI,

  • Le Maroc, un pays dangereux pour les touristes

    La pauvreté et l’analphabétisme engendrent une société dont la violence est une des principales caractéristiques. Une fois enraciné dans la société, elle devient une réalité très difficile à changer ou à surmonter. Une société entrée dans l’engrenage de la violence, elle en sort difficilement. Il n’est pas possible de créer une communauté équilibrée si vous vivez dans un environnement caractérisé par l’agressivité. La violence représente tout acte qui implique une agression physique ou verbale de la part d’autrui, causant des dommages volontaires ou accidentels. La principale caractéristique de l’attitude violente est l’utilisation de la force, qu’elle soit psychologique ou physique, pour obtenir certaines réactions chez les personnes agressées, telles que la soumission ou l’attitude passive.

    Au Maroc, la violence est doublement enracinée : dans la vie individuelle et dans la collectivité. Elle commence au sein de la première cellule de la société, la famille. Les parents et les membres de la famille utilisent l’agression physique contre les conjoints, les enfants, les personnes âgées. La famille n’hésite pas à brûler le visage de la fille qui ose s’aventurer dans une histoire d’amour.

    Au niveau sociétal, les membres de la collectivité n’ont pas les valeurs suffisantes pour assurer une conduite adéquate, même l’État est devenu impuissant face au phénomène de la violence de la rue communément appelé « tcharmil » dont les principales données sont les actes de vandalisme, les harcèlements, les abus, agressions et intolérance entre les individus. Les gangs de la rue agissent sous le double effet de la mentalité et la consommation d’une puissante drogue : le karkoubi, un mélange de dépresseurs, de cannabis et de colle qui font agir dans la violence et la démence. Pour eux, égorger un individu comme un mouton devient la tache la plus simple du monde.

    Parmi les types de violence qui peuvent altérer l’harmonie d’une société se trouve aussi la violence de l’État. Au Maroc, la répression est l’unique réponse du pouvoir aux nombreuses manifestations pacifiques des citoyens sortis pour revendiquer des droits fondamentaux.

    Le tourisme compte parmi les principales sources de vie pour une grande partie de la population. Le Makhzen compte sur le tourisme pour régler ses factures, un secteur vital mais constamment menacé par la violence devenue un élément inséparable de la vie des marocains au point de rendre la sécurité citoyenne un espoir imaginaire.

    Les conditions de vie imposées par la politique du régime poussent les marocains à la débrouille qui est souvent synonyme de violence, vol, crime. Ainsi, le touriste, les femmes âgées en particulier, sont une source d’argent pour des millions de jeunes qui n’ont jamais fréquenté une école et qui ignorent tout des régles de connivence les plus élémentaires. Après le goût, ces femmes sont condamnées au dégoût. Apràs la jouissance, la répentance si l’on sort indemne d’une relation basée sur des instincts animaux et des sentiments de profit et misogynie.

    L’Etat, acculé par les dettes et la crise financière, tente, contre vents et marées, de déguiser le crime en acte terroriste afin de sauver cette importante manne pour le Maroc et dissimuler la réalité de la société marocaine, une réalité forgée par les besoin, la précarité et la distance qui sépare les institutions étatiques du citoyen lamabda.

    Tags : Maroc, Makhzen, violence, analphabétisme, karkoubi, misogynie, tourisme sexuel,

  • Maroc : Mohammed VI s’offre un nouveau yacht à 1 milliard de dirhams

    A l’occasion des festivités du 20ème anniversaire de son intronisation, le roi du Maroc s’est offert un joyeux de bateau pour la coquette somme de 1 millirad de dirhams.

    Il s’appelle « Sybaris », il est sixième plus grand yacht du monde et il est ancré dans le port de Casablanca depuis le 14 juin dernier.

    Selon sa brochure, « l’expression du voilier de rêve d’un homme – une coutume conçue par l’équipe Perini Navi pour marquer une nouvelle révolution dans les lignes stylistiques du chantier naval, avec Philippe Briand optimisant l’architecture navale et PH Design sculptant les espaces intérieurs et extérieurs – le tout englobé dans 70 m mâts de longueur et de carbone s’élevant à plus de 72 m au-dessus de la ligne de flottaison. Sybaris, plusieurs fois primé, a franchi une nouvelle étape ».

    Et dire que le souverain a soulevé, il y a quelques années la question « où est la richesse nationale du Maroc » ?

    Mohammed VI et le luxe, deux amis inséparables et il n’hésite pas à apprendre à son fils à qui il a offert dernièrement un Gulfstream G650, un cadeau qui a coûté ni plus ni moins que 67,4 millions de dollars (57,5 millions d’euros).

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Badis, Sybaris, yacht, luxe,

  • Ceuta : Bataille à coups de cailloux entre la police espagnole et des migrants originaire du Maroc

    Une bataille a été livrée ce matin à coup de cailloux entre des migrants marocains et les forces de l’ordre espagnoles dans le port de Ceuta a laissé au moins 40 prisonniers dont des mineurs marocains.

    Les bagarreurs font partie d’un groupe de plus de 60 personnes qui se cachent dans les embarcadères pour embarquer illégalement dans les bateaux amarrés qui partent en direction de l’Espagne.

    La confrontation a duré près de trois selon EFE qui cite des sources de la Garde Civile espagnole.

    Quatre des personnes détenues vont être présentés à la justice pour répondre à des « crimes d’attaque, de désobéissance et d’incendie. 36 autres personnes seront transférées à la frontière marocaine, dans le cas d’adultes, ou au centre d’accueil dans le cas de mineurs ayant participé à cet acte criminel.

    Pendant les actes de violence, les migrants, tous originaires du Maroc, ont brûlé des conteneurs et jeté des pierres de grandes dimensions, ce qui était nécessaire à la présence des pompiers pour pouvoir contenir les flammes et les empêcher de se répandre dans les commerces voisins.

    Les affrontements ont commencé après 2 heures du matin lundi, lorsque plus de 60 immigrants sont entrés dans la course jusqu’au secteur restreint du port de Ceuta et ont surpris le seul agent de l’autorité portuaire, qui a immédiatement porté les faits à l’attention de la garde civile.

    Dans l’intervention, qui a duré jusqu’à 5 heures du matin environ, avec la participation d’agents du GRS de la Garde civile, avec l’aide d’un hélicoptère et des groupes spéciaux d’activités sous-marines (GEAS) du service maritime quarante immigrants ont été arrêtés, tous marocains et parmi eux plusieurs mineurs qui se cachent également dans cet endroit.

    Il s’agit du troisième combat depuis une semaine, tous menés par des groupes d’immigrés marocains pour le contrôle des digues de la région, dans le but de s’y installer et d’entrer illégalement dans les bateaux qui accostent dans la ville ainsi que pour se cacher des force de sécurité.

    Avec El Español

    Tags : Maroc, Ceuta, Melilla, Espagne, migration, port de Ceuta,