Catégorie : Maroc

  • Sahara Occidental : Le dangeureux engagement américain

    Les Etats-Unis s’engagent ouvertement dans le conflit du Sahara Occidental : tel est le sens donné par un grand nombre d’observateurs.

    Si dans les années de guerre, Washington n’a pas hésité à fournir au Maroc du matériel militaire très spphistiqué destiné à être utilisé contre le peuple sahraoui, aujourd’hui tous les indices semblent indiquer que les américains font tout leur possible en vue d’imposer une solution favorable au Maroc. En un mot, ils ont emboîté le pas de Paris dans son soutien inconditionnel aux ambitions expansionnistes de la monarchie médiévale alaouite.

    En effet, dès les années 1970, le Maroc avait fait appel aux Etats-Unis pour leur demander de faire pression sur l’Espagne afin que celle-ci remette le Sahara Occidental au royaume de Hassan II. En 1975, Henry Kissinger envoyait le Général Vernon Walters, alors directeur adjoint de la CIA. En mission secrète dans cette région. Son rôle consista surtout à demander au régime franquiste d’accepter les Accords de Madrid. Dès leur signature, les Etats-Unis intensifièrent considérablement leurs livraisons d’armes, la plupart étant utilisées contre le Front Polisario.

    La résistance et le détermination des combattants sahraouis et la fin de la guerre froide obligea Washington à réviser sa copie en vue d’améliorer ses relations avec l’Algérie tout en subissant les pressions de la France qui défend les intérêts du Maroc au Conseil de Sécurité. Les responsables américains ont fini par succumber aux pressions françaises. Depuis la fin du cycle des négociations de Manhasset en 2007, américains et français n’ont qu’un seul but : mettre fin au conflit du Sahara Occidental en octroyant un pouvoir autonomique aux sahraouis dans le cadre d’une entité dépendant du royaume du Maroc.

    Depuis plus de 40 ans, les rois du Maroc donnent à leurs revendications territoriales le masque d’une croisade de défense de l’Occidental. Une tactique qui a donné ses fruits grâce à l’interventionnisme français à cet égard. Voilà Washington qui s’ajoute à Paris dans la caution de l’expansionnisme et l’intransigence marocaines.

    Dans leurs faux calculs, les deux alliés du Maroc voient dans la conjoncture particulière traversée par l’Algérie une occasion de contenter les jours du royaume moribond de Mohammed VI. Ainsi, ils ont poussé l’émissaire onusien Horst Köhler à la démission dans une dangereuse escalade.

    Ainsi, les deux superpuissances s’engagent dans une logique dangereuse qui prend la responsabilité, en s’opposant à la légalité internationale et aux droits du peuple à l’autodétermination, de transformer une question de décolonisation en une conflgration régionale dont personne ne peut prévoir toutes les répercussions.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, France, ONU, MINURSO, Horst Köhler,

  • Le Maroc, victime de l’impériealisme pour l’éternité?

    La France et les Etats-Unis ont su faire du Maroc au cours du 20ème siècle une véritable tête de pont occidentale dans une région à grands enjeux géopolitiques, stratégiques et commerciaux.

    Entre accords de libre-échange et plans d’ajustement structurel, quel est le coût économique et politique de l’orientation stratégique pro-occidentale séculaire pour le Maroc ?

    Celle-ci est-elle responsable de l’échec patent du projet de société marocain?

    Et à l’heure de l’émergence de la Chine et la Russie, n’est-il pas temps de jouer la carte du monde multipolaire et de retrouver une forme d’indépendance ?

    Pour en discuter, la section française du Parti Socialiste Unifié aura le plaisir de recevoir M. Aboubakr Jamaï, professeur d’université au l’université IAU à Aix-en-Provence, rédacteur en chef et journaliste d’investigation et co-fondateur de Le Journal Hebdomadaire Inscription obligatoire sur le lien : xxxxx Lieu : Librairie Résistances, 4 villa compoint, 75017 Paris. PSU – section France

    Source : PSU France

    Tags : Maroc, impérialisme, colonialisme, monarchie, dictature, Aboubakr Jamaï,

  • Maroc : Lalla Salma, privée de liberté de mouvement (presse)

    Le cas de la princesse Lalla Salma est appellant. Le 12 décembre 2017, l’épouse du roi du Maroc a été vue pour la dernière fois en public inaugurant une exposition au musée d’art contemporain de Rabat. Trois mois plus tard, le 21 mars 2018, le magazine espagnol «Hola! annonça, en exclusivité, le divorce du couple royal marocain. Depuis lors, elle n’a dooné aucun signal de vie avant avril dernier.

    Lalla Salma est disparue pendant un an et demi, complètement retirée de la vie publique. Les dernières apparitions de la princesse, si elle garde encore le titre qui lui a été octroyé en 2012, à Marrakech ou à Beni Mellal, ne sont pas synonymes de liberté de mouvement. Tout ce qu’elle fait est soumis à l’autorisation du monarque alaouite.

    Vanitatis, 15 juin 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, princesse,

  • Maroc : tentative d’assassinat d’une touriste allemande

    Une touriste allemande a été égorgée au Maroc. L’incident a eu lieu vendredi dans la ville de Tanger au moment où se déroulait pour l’énième fois le jugement des assassins des deux jeunes filles touristes scandinaves aux pieds du Mont Toubkal, dans la région de Marrakech.

    Le Maroc est devenu un danger pour les touristes, mais, pour des raisons financières, les agences touristiques cachent la vérité sur la situation sécuritaires dans ce pays où les étrangers sont de plus en plus exposés aux meurtres.

    Les autorités ont tendance à avancer des arguments qui ne coïncident pas avec la réalité des faits. Dans le but de ne pas porter un coup mortel aux recettes touristiques, l’Etat marocain évoque des raisons qui n’ont rien à voir avec la réalité qui se cache derrière ces meurtres.

    Selon de sources de presse, la victime a miraculeusement échappé à une mort certaine.

     

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  • Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau*

    En Algérie, en l’espace de 17 semaines de mobilisation le peuple souverain est entrain de nettoyer tout doucement mais sûrement les plus hautes sphères de l’État algérien corrompu, ils ont dégagé à peu prés tous les tout-puissants d’hier, le président qui voulait être roi, ses ministres, ses hommes de confiance, les hommes d’affaire crapuleux qui gravitent dans son entourage et les oligarques qui se sont enrichis sous son règne. d’autres ont été poursuivis, traqués mis en prison,

    Des centaines d’enquêtes visant de hauts responsables et leurs acolytes dans le milieu des affaires ont été déclenchées pour « dilapidation de deniers publics, d’abus de fonction et conflit d’intérêts », le processus est toujours en cours,

    Le bilan de 2 ans de mobilisations, au Maroc et dans le RIF :
    pas de nouvelle donne

    L’état , la société sont livrés à des prédateurs encore plus féroces

    Le passé ne fait que se prolonger dans le futur

    Les clans honnis au pouvoir honni sont toujours là

    Le roi se maintient au pouvoir , toute la dynastie alaouite aussi
    saad eddine el othmani est toujours là ,

    La majorité gouvernementale est toujours là

    Les prédateurs connus et non connus , ne bougent pas et n’ont jamais été inquiétés

    Le responsable de l’assassinat crapuleux de Mohcine FIKRI., et businessman notoire, Aziz Akhennouch, est toujours là, il est même prédit pour devenir le futur premier ministre,… rien n’a changé

    Entre temps, le pouvoir tout puissant est entrain de dépecer le rif, destructurer sa société , exilé ses enfants

    Le peuple dans sa majorité est nargué méprisé, tout le monde a peur pour sa sécurité, tout le monde acquiesce au statu quo, la gauche, les islamistes et les amazighistes, aprés avoir trahit leurs idéaux, espèrent toujours l’avènement d’une démocratie et la réforme du makhzen pour devenir une institution démocratique, entre temps ils sont devenus des clients du pouvoir

    Est-il vrai que le peuple est en colère contre le pouvoir? Elle est où cette colère ? Où est cette indignation ? Elle est où cette crise sociale chaotique ?

    Le renversement du pouvoir en place est une perspective lointaine, le régime est parti pour durer, ke grand changement est une illusion !

    *Louis Antoine Léon de Saint-Just

    Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, système, régime,

  • Maroc : Photo de Bihman, l’amour de jeunesse de Mohammed VI

    En 2005, Al Jarida Al Oukhra a essayé d’aborder un sujet liée à la famille royale avec un article sur la vie privée de la princesse Lalla Salma. Les menaces du palais royal n’ont pas tardé è se faire sentir. « Je vous préviens que les conséquences de votre comportement peuvent être néfastes », avait précisé le ministre de la maison royale dans une lettre adressée au directeur de ce média, Ali Anouzla.

    Ainsi, les marocains ont découvert que les activités du marketing de la monarchie n’ont pas de place à l’intérieur des frontières du Maroc. Un marketing en flagrante contradiction avec l’image interne de « commandeur des croyants » et le caractère sacré du roi.

    Dans ce système, le roi est l’acteur unique et prédominant dans la vie politique du pays. Aucun autre élément du puzzle marocain n’a de poids à côté de lui.

    L’absence de communication du palais sur ces sujets ouvre la porte aux rumeurs les plus folles et contraint la presse locale à se lancer dans un jeu d’interprétation sans fin des gestes du monarque. C’est ce qui est arrivé après la publication de la MAP d’un communiqué sur une infection de rotavirus supposée rattrapée par le souverain marocain lors d’un de ses voyages en Asie. Des médias marocains ont été ensuite punies à cause de leurs publications sur la santé de Mohammed VI. Depuis, lors la presse a découvert qu’il s’agit d’un tabou.

    Un autre tabou que les médias marocains n’osent pas traiter est l’orientation sexuelle de leur roi. Cependant, l’ancien correspondant au Maroc du journal espagnol El Pais, Ferran Sales Aige n’a pas oublié de mentionner cette question dans son livre sur le souverain alaouite « Mohammed VI, le prince qui ne voulait pas être roi ». Il aborde le sujet sur la pointe des pieds, malgré que son homosexualité était un « secret de polichinelle » notamment lors de son stage à Bruxelles sous les conseils de l’ancien président de la Commission Européenne, Jacques Delors.

    A cette époque, de nombreuses soiyrces le situent dans des bars à ambiance gay dans la capitaale belge. Cependant, Sales a expliqué que son père Hassan II a engagé un espion pour suivre les pas de son fils et qu’il recevait beaucoup de rapports à cet égard. Hassan II était très inquiet à cause de nombreuses visites masculines que son fils recevait dans son manoir du palais des « Sablons », à Salé, près de Rabat.

    Il ne racompte pas non plus que dans le différend de la succession, le secteur le plus conservateur lui préférait son frère cadet Moulay Rashid parce qu’il se méfiait d’un Mohamed très libéral et moderne, entre autres pour ces soupçons d’homosexualité qui sont très graves aux yeux de ces secteurs. Ce n’est peut-être pas un hasard, que de nombreux conseillers et ministres actuels soient des compagnons d’étude et des amis habituels de cette époque de jeunesse de fêtes à l’étranger et de nuits à la discothèque Amnesia de Rabat, où il avait un espace réservé. Il n’est peut-être pas un détail indicatif de quoi que ce soit, mais il faut le dire. Il a personnellement détruit le harem officiel de son père Hassan, de plus de 50 femmes qui pullulent dans le palais en dehors des deux épouses “officielles”la première qui ne lui a pas donné d’enfants et la deuxième, sa mère. Pour de nombreux commentateurs, les yeux de Mohammed VI ne supportaient pas de voir autant de femmes dans son entourage. A ce la s’ajoute, sa manie de poser pour les magazines people « comme une gonzesse », quelque qu’aucun monarque du monde ne fait.

    En 2014, un ancien officier de l’armée marocaine réfugié en Espagne publie « Mémoires d’un soldat marocain » dans lequel y apporte un détail inconnu sur la vie privée du souverain marocain. Au-delà des affaires de corruption qui gangrène dans l’armée, le doigt accusateur d’Issou s’élève plus haut et pointe vers le monarque Mohamed VI et ses préférences sexuelles. En effet, il prétend être l’auteur d’un rapport sur les tendances du monarque alaouite. «Pour ma part, j’ai présenté à J.M. un rapport sur l’orientation sexuelle du prince héritier, l’actuel roi Mohamed VI, et son amitié avec Abderrahmane Alaoui, Bihmane pour ses proches, qui fut mon compagnon de promotion à l’Académie royale militaire».

    Selon son récit, Alaoui, meilleur ami du monarque, était le «petit-fils d’un esclave noir qui avait servi au palais (les descendants de ces esclaves vivent encore, dans un état de semi-esclavage, dans la ville royale de Touarga, une commune au statut spécial qui fait partie de la préfecture de Rabat, située au Méchoaur). Abderrahmane était un ami et compagnon de jeu du jeune prince, plus tard un de ses confidents et compagnon de soirée, mais nous n’avons trouvé aucune trace de lui dans les annales officielles vu la relation embarrassante pour le palais».

    Selon lui, Bihman a été tué par Driss Basri à cause de ses relations sentimentales avec le prince héritier Mohammed.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, gay, Abderrahman Alaoui, Bihmane, homosexualité,

     

  • Enquête. La toile des grandes familles au Maroc

    Par Youssef Ziraoui, Wafaa Lrhezziouiet Fédoua Tounassi

    Liés par le sang, les réseaux familiaux fournissent l’essentiel des élites qui dominent l’économie et la politique du royaume. TelQuel vous explique comment et pourquoi.

    Dimanche 28 septembre, cimetière Achouhada de Rabat, à quelques encablures du quartier des Oudayas. Alors que le muezzin vient d’annoncer la prière d’Al Asr, une marée humaine se déverse sur le vaste terrain saturé de milliers de tombes. La présence des femmes n’est pas souhaitée, tradition oblige. Les hommes donc, nombreux à avoir fait le déplacement, passent par la porte arquée, sous le regard vigilant de policiers en faction dépêchés pour l’occasion. Une foule dense emprunte le chemin goudronneux, qui divise le cimetière en deux parcelles distinctes. La plus grande est réservée au chaâb, au peuple. La plus petite accueille les notables dans leur dernier voyage. Là même où Driss Basri a été enterré, près d’un an plus tôt.Les mines sont défaites en cette après-midi de ramadan. Aujourd’hui, on pleure Abdelkrim Khatib, fidèle serviteur de la monarchie, de Mohammed V à Mohammed VI, en passant par Hassan II. L’état-major du PJD a répondu présent, pour un ultime hommage au patriarche, tout comme le reste de la classe politique marocaine. Le gouvernement de Abbas El Fassi est là, l’opposition aussi. Egalement de la partie, le prince Moulay Rachid, émissaire de son frère, est escorté de conseillers royaux. L’ami du roi, Fouad Ali El Himma, a lui aussi été “convoqué”. Bref, “ils sont venus, ils sont tous là”, comme dans la chanson.Après la mise en terre du Dr Khatib, ses proches forment une “haie d’honneur” pour recevoir les condoléances. Celles de Mohammed VI d’abord. Le conseiller Mohamed Moôtasim remet à la famille du défunt une lettre frappée du sceau royal. Au premier rang, le tout-puissant général Housni Benslimane paraît atteint. Saâd Hassar, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, ne parvient pas à étouffer ses sanglots, pas plus qu’un Ismaïl Alaoui, secrétaire général du PPS (Parti du progrès et du socialisme). “Souab” de circonstance ? Certainement pas. Les trois hommes sont en fait les neveux du défunt Dr Khatib.Il est 18 heures. La cérémonie protocolaire prend fin, plus de deux heures après son coup d’envoi. Les Khatib et apparentés rebroussent chemin vers leur villa du quartier résidentiel Souissi. En famille, bien sûr…“A chaque mariage ou enterrement, la palette politique est variée, nous explique Ismaïl Alaoui. Mais ces moments ne ressemblent ni à un congrès, ni à une réunion de parti. Nous n’abordons pas de question politique et, en général, chacun garde ses idées pour lui”.Comme dans toutes les familles, le sujet qui fâche, en l’occurrence la politique, est soigneusement évité. Aucune entorse à la règle ? “Bon, il arrive qu’on échange des points de vue, avoue le numéro 1 du PPS, sans se souvenir d’une prise de bec à raconter. En revanche, quand nous revêtons la casquette d’hommes politique, nous nous disons nos quatre vérités”. Ismaïl Alaoui se remémore, sourire aux lèvres, une anecdote. Alors âgé de 17 ans, son oncle le Dr Khatib l’avait présenté comme “le révolté de la famille” à un leader tunisien, rencontré au domicile des Alaoui. “Je n’avais pourtant pas le crâne rasé à la Yul Brynner, ni les cheveux longs. Le seul écart que je me permettais était de retrousser aux chevilles mes socquettes, portées en principe jusqu’aux genoux”, plaide le fils spirituel de Ali Yata, père du communisme à la marocaine.

    Politique, religion et argent

    Dans Les élites du royaume, Enquête sur l’organisation du pouvoir au Maroc (Editions L’Harmattan 1997), Ali Benhaddou distingue trois ensembles caractérisant, hier comme aujourd’hui, l’élite marocaine : les chorfas, les oulémas et les commerçants. Chacune de ces entités détient une sorte d’avantage comparatif, qui lui permet de se distinguer de la plèbe. Point commun : elles se réclament d’une autorité supérieure aux hommes et extérieure à la société. Les chorfas, descendants du prophète Mohammed, sont assimilés par l’auteur à la noblesse musulmane. “Ils possèdent, entre autres, la baraka, domaine de la foi pure, et font de cette vertu l’objet d’une crainte révérencielle”, analyse le chercheur en sciences humaines. Pour leur part, les oulémas, respectés du fait du double caractère de leur institution, morale et intellectuelle, “incarnent les pouvoirs de la science religieuse et de la science profane”. Les commerçants, eux, sont parvenus à tirer leur épingle du jeu et détiennent désormais “le pouvoir exclusif de l’argent”. L’aristocratie marchande existe au Maroc bien avant l’arrivée du protectorat. En 1873, le sultan Moulay Hassan, engagé dans “la voie de la civilisation et des réformes”, fait appel à leurs services.Objectif : améliorer la gestion du pays, au niveau des affaires économiques et de l’administration. C’est à cette époque, rappelle Benhaddou, que Moulay Hassan “réhabilite la figure charismatique du grand vizir”. Dès lors, de grandes dynasties bourgeoises se forment. Un siècle plus tard, elles ont la quasi-mainmise sur “les grands appareils économiques, bureaucratiques et politiques”. Aujourd’hui encore, leur nom demeure familier pour tous les Marocains : les Benjelloun sont au service de l’Etat depuis le règne de Moulay Hassan 1er et les Bennouna ont failli, au lendemain de l’intervention française en Algérie, en 1830, se tailler une principauté à Tlemcen. Les Bennis voient leur nom rentrer définitivement dans l’Histoire, en 1873, quand El Madani, alors ministre des Finances, fomente l’insurrection des tanneurs en réaction à la taxe imposée au marché des peaux. A cette même époque, d’autres familles émergent : les Benslimane, les Tazi, les Benchekroun, les Bennani sont vizirs ou chargés de l’exploitation des domaines fonciers et, accessoirement, de la gestion du Trésor public. Les Chraïbi, les Benkirane, les Guessous, les Berrada, occupent, quant à eux, des postes importants dans le négoce, la finance, la diplomatie et l’administration fiscale. Dans un échange de bons procédés, les commerçants sont courtisans et courtisés à la fois. “Le sultan avait aussi besoin d’eux, soit pour le prestige, soit pour garantir leur fortune acquise contre des spoliations toujours possibles”, analyse Benhaddou.

    Des noms vieux de plusieurs siècles

    Les oulémas ont, très souvent, reçu le pouvoir en héritage de leurs aïeuls. La famille El Fassi en est l’archétype. Avant de devenir théoricien de la réforme islamique Allal El Fassi, figure du nationalisme marocain, a usé les bancs de l’Université islamique d’Al Qaraouiyine, où son père enseignait quelques décennies plus tôt. Abdellah El Fassi, grand-père de Abbas, actuel Premier ministre, fut grand vizir de Mohammed V. Abdeslam, oncle de Abbas, dirigeait l’Université Al Qaraouiyine , avant de devenir ministre de l’Education nationale. C’est lui qui a lavé le corps du souverain Mohammed V après sa mort. Dans un dictionnaire dédié aux noms de famille du Maroc, l’écrivaine Mouna Hachim fait même remonter l’ascendance des El Fassi “au conquérant du Maghreb Oqba Ibn Nafi El Fihri, né une année avant l’Hégire”. Comme quoi, l’histoire remonte loin, très loin…Aujourd’hui encore, la famille El Fassi continue de pourvoir la classe politique marocaine. Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères, n’est autre que le neveu d’Abbas El Fassi, ancien ambassadeur et chef du gouvernement depuis 2007. Adil Douiri, ancien (et jeune) ministre du Tourisme de Mohammed VI, est le fils de Mhammed Douiri, un des dirigeants historiques de l’Istiqlal. D’autres familles se sont fait un nom sur le tas, comme les Bensouda ou les Guennoun, dont l’ancêtre Mohamed El Madani Guennoun, très influent, fit rénover l’enseignement islamique en 1883. “Aujourd’hui, les descendants de ces familles siègent, les uns, au conseil de régence, symbole de leur pérennité, les autres, diplômés de grandes écoles, aux administrations centrales. Et grâce à la reproduction sociale, ils naviguent dans toutes les sphères dirigeantes du pays”, croit savoir Benhaddou.De leur côté, les chorfas jouissent d’une grande liberté et de nombreux avantages. Exonérés d’impôts, ils bénéficiaient de concessions foncières auxquelles le reste de la population ne pouvait prétendre. “On compte deux principaux groupes de chorfas. Les Alaouites qui, depuis 1668, se rattachent à la dynastie régnante, et les Idrissides, qui descendent de la première dynastie marocaine. On trouve également des chorfas, dits étrangers, venus, les uns, de Sicile et de Mésopotamie, comme les Skalli et les Iraki, les autres, plus nombreux de Tlemcen, de Mascara ou de Figuig”, rapporte l’universitaire. Parmi les signes distinctifs de cette population bien née : ses membres s’appellent Lalla, Sidi, ou encore Moulay.Le dénominateur commun à ces trois classes (marchands, oulémas, et chorfas) est la possession terrienne. “Près de 40 000 hectares détenus par les familles chérifiennes, lettrées et commerçantes en 1968, leur étaient acquis au début du XXème siècle”. Après l’indépendance, ces familles confirment leur prédominance. “En 1973, 50 0000 hectares de terres de colonisation privée ou officielle sont passés entre les mains de représentants de l’élite politique, bien placés au gouvernement”, indique le chercheur. Plus loin dans le temps, au 19ème siècle, certaines familles ont fait leur beurre grâce à la spéculation sur le blé, surtout en période de famine. Durant ces années, des terres furent cédées contre un seul sac de grains.

    Trois classes et une caste

    Dans une thèse de doctorat, précédant l’ouvrage sur les élites marocaines, Benhaddou s’intéresse déjà à la formation de la classe dirigeante. D’après cet état des lieux édifiant, plus de la moitié des 285 personnalités aux commandes du pays (administration, politique, économie…) sont de souche marchande. Les autres descendent des lignées chérifiennes et lettrées. “L’étude de la généalogie montre que leurs pères, grands-pères et arrière-grands-pères fournissent à l’Etat chérifien ses vizirs, ses secrétaires, ses diplomates, ses magistrats et ses idéologues religieux et politiques, sans interruption depuis la deuxième moitié du XIXème siècle”, analyse t-il. L’identité généalogique fonctionne comme un véritable pedigree, un moyen d’identification des “lignages prestigieux”. Ainsi, l’endogamie prévaut dans ces trois milieux.Dans les maisons aisées, on se marie entre gens fortunés pour le rester. Les chorfas se reproduisent entre nobles pour “préserver la pureté du sang”. Et les familles makhzéniennes convolent entre membres du même monde pour s’assurer l’hérédité des tâches publiques. Le Maroc s’apparente alors à une société de classes plus ou moins fermées, qui évoluent au gré des alliances. Mais il n’est pas rare qu’un individu appartienne à plusieurs groupes. “Pour redorer leur blason, plusieurs chorfas n’ont pas hésité à monnayer leur nom et à s’allier à des familles non chérifiennes”, explique John Waterbury dans son livre Le Commandeur des croyants, la monarchie marocaine et ses élites (Editions PUF, 1970). Benhaddou étaye : “Les commerçants, eux, cherchaient avec empressement à donner de la respectabilité à leurs affaires. A côté de ces mariages de prestige, les liens avec des familles du Makhzen assuraient aux milieux d’affaires la bienveillance de l’administration”. Aujourd’hui encore, les ténors de l’économie marocaine cherchent des alliances avec le pouvoir politique. La même logique a-t-elle poussé Sâad Kettani, héritier de l’empire Wafabank, à épouser la fille de Abdelhadi Boutaleb, puissant conseiller royal sous Hassan II ? Mariage d’amour ou de raison ? La question reste posée…

    Jamais sans mon Fassi

    Les premiers à avoir tissé de telles alliances sont les Fassis, qui quittèrent leur ville dès qu’ils s’y sentirent trop à l’étroit. “Leur fortune est due initialement au sultan Moulay Slimane, qui, au début du 19ème siècle, en a fait son groupe favori. Il leur avançait argent et marchandises”, rapporte l’historien Abdelahad Sebti dans L’Anthropologie et l’histoire, cas du Maghreb (éditions Toubkal, 1988). A l’époque, les Fassis se partagent en deux groupes. Les premiers (Jamaï, El Mokri, Benslimane, Bensouda, El Fassi…), grands commis de l’Etat de génération en génération, puisent leur puissance et leur fortune de la proximité du sérail. Les seconds (Benjelloun, Tazi, Lazrak, Lahlou, Berrada, Sqalli…) sont rompus aux affaires (import-export et finance) qui les mèneront jusqu’à Manchester ou aux Indes. Mais ces “héritiers de la fonction publique et du commerce”, comme les appelle Ali Benhaddou, n’ont jamais constitué deux ensembles distincts. Les Fassis sont connus pour se marier entre eux. “Alach nhdiw khirna lghirna ?”, (pourquoi donner nos richesses à ceux qui ne sont pas comme nous ?) est une maxime qu’ils appliquent à la lettre. La preuve en chiffres : “Sur les 300 hommes de pouvoir, âgés de 30 à 70 ans et représentant les 50 familles les plus riches du Maroc, 17% sont mariés avec leurs cousines parallèles, 69% d’entre eux ont contracté un mariage communautaire, une forme déguisée de l’endogamie parentale”, relève Ali Benhaddou. Objectif ultime : la préservation du patrimoine familial, foncier surtout, et culturel au besoin. Mais toute règle a son exception. Le magnat de la finance, Othman Benjelloun, est l’un des rares à avoir bafoué les traditions, épousant une amazigh. Mais pas n’importe laquelle : Leïla Meziane, la fille du maréchal Mohamed Meziane, lui-même marié à la Fassie Fadela Amor. “Les familles soussies ont lancé une offensive sur les Fassis dans les années 1960. Depuis, il est moins tabou de s’unir en dehors du cercle”, note Ahmed Aâssid de l’IRCAM (Institut royal de la culture Amazigh). Le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, se décrit fièrement comme un produit de cette évolution, abandonnant jeu d’alliances tribales et communautarisme. Et d’évoquer ses origines maternelles, fassies, et paternelles, soussies, pour démontrer l’ouverture d’esprit de sa famille. Dans le même sens, son neveu, Mohamed Akhannouch, a épousé la fille de Moulay Taïeb Cherkaoui, récemment nommé premier président de la Cour suprême.La journaliste de l’hebdomadaire arabophone Al Ayam, Maria Moukrim, a planché durant un an et demi sur l’imbrication des filiations nationales, dressant une cartographie très détaillée des familles marocaines, publiée il y a quelques mois sur Al Ayam Magazine. “La tâche est sans fin. Plus j’avançais dans mon travail, plus j’identifiais de nouveaux liens de parenté, et plus il était difficile d’arrêter”, plaisante-t-elle. Et de conclure : “Les familles aujourd’hui courtisanes l’étaient, déjà, depuis plusieurs décennies”.

    Petite brouille en haut-lieu

    Comme l’illustre l’expression populaire marocaine relative aux liens éloignés de parenté, “il y a une odeur de chair sur la hache” (Rihat chahma f’chakour). Immanquablement, les babines familiales bavent et les combats de coq explosent. Les alliances ne sont pas éternelles. En 1937, une guerre froide fait imploser le mouvement nationaliste, qui se divise alors entre affidés de Allal El Fassi et partisans de Hassan El Ouazzani. Plusieurs décennies plus tard, la rancœur est toujours présente, comme un atavisme, et culmine lors des élections législatives de 1963 qui voit les deux familles se disputer le siège de la ville de Ouezzane.Chaque famille a aussi sa brebis galeuse, repérée par ses absences aux mariages ou enterrements. Abdelmoughit Slimani, l’ex-président de la commune des Roches Noires, embastillé à Salé, garde peu de liens avec sa nièce, mariée au fils de Lalla Malika, tante paternelle de Mohammed VI. Croupissant depuis quelques années à la prison de Kénitra, Hassan Kettani, figure du salafisme marocain, est pratiquement renié par la famille El Fassi. Car, beaucoup l’ignorent, mais il possède un aïeul commun avec le Premier ministre : Abdellah El Fassi, grand vizir du sultan Mohammed V. “Tous les Marocains des classes dirigeantes nationales se connaissent personnellement. Que ces relations soient amicales ou hostiles importe moins que le fait qu’elles existent”, résume Waterbury.

    Un long fleuve pas si tranquille

    Mais, même chez les élites, rien n’est acquis. Au début des années 90, le FMI (Fonds monétaire international) tire la sonnette d’alarme sur l’état financier du pays : les deniers du royaume vont dans les poches de ces petits et grands noms qui tiennent les rênes de l’administration et de l’économie. Hassan II “commande” alors une campagne, dite “d’assainissement” des structures dirigeantes. Exécutée par Driss Basri, la chasse aux sorcières laissera sur le carreau plus d’une famille.“Certains industriels, qui ont senti le vent tourner, ont choisi de se reconvertir dans la finance et la spéculation. Au final, seuls les moyens calibres, pas assez entourés, y laissèrent des plumes”. Ceux qui avaient pour habitude de faire cavalier seul retiennent la leçon : “Jouer au loup solitaire ne peut être qu’un rôle temporaire et il faut, tôt ou tard, s’intégrer à un réseau d’alliance, prophétisait John Waterbury des décennies plus tôt. Les alliances sont des investissements multiples et à long terme. Pour parer à toutes les éventualités, il faut miser sur tous les tableaux. Les individus isolés n’ont jamais joué un rôle important dans la société”. La preuve : les dynasties bourgeoises du Maroc qui se sont constituées au 19ème siècle ont réussi à s’inscrire dans la durée.L’exemple le plus frappant, encore une fois, reste la lignée El Fassi. “Quand on fréquente des enfants de ministres et de notables, on ne va pas tomber amoureux d’un ouvrier, c’est aussi simple que cela, nous lance ce jeune apparenté à la famille. Ma mère m’a déconseillé de faire des mésalliances, d’épouser une femme beaucoup plus pauvre… ou beaucoup plus riche”.En fait, pour reprendre le bon mot d’un entrepreneur soussi, “les jours de l’Aïd, les réunions de la famille El Fassi doivent ressembler à un Conseil de gouvernement”. Et pour cause, en pareilles circonstances, il y a du beau monde à l’affiche : un Premier ministre par-ci, une ministre de la Santé par-là, un ministre des Affaires étrangères, un ministre des Affaires générales et économiques. Dans le civil, ils sont oncles, cousins, gendres… Et l’arbre généalogique étend son feuillage jusque dans la chaîne télévisée Canal+. Ali Baddou, agrégé de philosophie, professeur à Sciences Po et chroniqueur sur la chaîne française n’est autre que le cousin de Yasmina Baddou, ministre de la Santé, et accessoirement petit-fils du directeur du protocole de Mohammed V.Au jeu des liens incongrus, la parenté “sûre et certaine” de Driss Benhima, actuel patron de Royal Air Maroc (et fils d’un ministre de l’Intérieur sous Hassan II), avec Jacques Chirac a fait le tour des tables de café. Sauf que dans le “bain de réseau”, aucun tuyau ne relie vraiment le patron de la RAM et l’ancien président français. Passées les frontières, le monde marocain n’est plus si petit.

    Relève. Tu seras un homme (politique), mon fils

    Mai 2008, le Premier ministre Abbas El Fassi accorde sa première interview. Pour son baptême du feu médiatique, le patron de l’Istiqlal n’a pas opté pour un titre de presse national, mais pour un site Internet inconnu et mineur : amadeusonline.org. Le patron de l’Istiqlal y répondait aux questions de son petit-neveu Brahim Fassi Fihri, le fils de Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères… La boucle est bouclée. L’Institut Amadeus, regroupant de jeunes étudiants chapeautés par Brahim Fassi Fihri ambitionne de se faire une place au soleil à coups de “colloques, publications et actions de lobbying”. Et, “réseautage” aidant, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, cette jeune génération a réussi à attirer dans son “tour de table” des célébrités comme André Azoulay (conseiller royal), Mustapha Terrab (PDG de l’OCP), Hervé de Charrette (ancien ministre français des Affaires étrangères)… Depuis, le projet a, semble-t-il, fait des émules. Tarik El Malki, membre fondateur du Cercle des jeunes économistes, a décidé de franchir le pas du think tank, “pour réconcilier les jeunes avec la politique et les faire entrer dans le débat public”. Petit détail : Tarik El Malki est le fils de l’ancien ministre de l’Enseignement. En famille, on vous dit…

    Roturier. L’ascension est possible

    La meilleure chance pour un fils du peuple de gravir très haut les échelons de la société marocaine est de naître la même année que le prince héritier. Et pour cause : “Depuis Hassan II, le Collège royal est le premier lieu de formation et de renouvellement des futures élites”, explique cet observateur. L’institution a permis à Fouad Ali El Himma & co d’être propulsés des campagnes marocaines à la place de passager de la luxueuse voiture royale. Les camarades de classe du roi se retrouvent dans les cercles proches du Pouvoir. D’un père instituteur à Ouarzazate, Rochdi Chraïbi est devenu directeur officieux du cabinet royal.Fils de alem, originaire de la lointaine région de Bejaâd, Yassine Mansouri a exercé diverses fonctions officielles avant d’être nommé à la tête de la DGED, le service de renseignement extérieur du royaume (DGED). Pour ceux qui voient le jour entre deux promotions royales, les grandes écoles restent un deuxième circuit de cooptation, qui a notamment souri à Meziane Belfqih, devenu conseiller de Mohammed VI.

    Tel Quel, 15 nov 2008

    Tags : Maroc, économie, élite, Fassis,

  • Fadel, scuplteur sahraoui exhibe ses œuvres 5e édition du Circuit de découverte des ateliers d’artistes (Vienne)

    Il s’appelle Fadel, sculpteur originaire du Sahara Occidental. Il a vécu aux camps de réfugiés sahraouie en Algérie avant de regagner le Portugal, puis l’Espagne, ensuite la France où il réside actuellement.

    Il fait partie d’un groupe de près de 70 artistes qui ont exposé leurs œuvres dans plusieurs villes suisses, samedi, dimanche et lundi derniers, dans le cadre de la 5e édition du Circuit de découverte des ateliers d’artistes.

    Il est l’auteur d’étonnants personnages, humains ou animaux, réalistes ou fantastiques, réalisés avec des métaux de récupération. « Je n’avais jamais fait de sculpture avant, souligne-t-il. Si j’avais fait ça dans mon pays on m’aurait traité de fou et enfermé ! Ici, je peux m’exprimer ».

    Les œuvres de Fadel sont figuratives mais jouent avec l’imaginaire : « chacun peut y voir ce qu’il veut… ». Le jeune artiste a été très remarqué et encouragé durant ces trois jours.

    Pour rappel, le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole qui a été envahie par le Maroc en 1975. Depuis, l’ONU tente d’organiser un référendum d’autodétermination auquel s’oppose le Maroc soutenu par la France.

    Avec La Nouvelle République

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, art, sculpture, Fadel, exposition,

  • Quand la télévision française célébrait la dictature marocaine

    J’ai découvert avec surprise cette émission datant de 1989 où le roi Hassan II était interrogé par les grands journalistes de l’hexagone (Alain Duhamel, Jean Daniel…). Incroyable leur docilité à l’égard de ce dictateur! Durant la première moitié de l’émission la discussion tourne autour de…la religion, la place du voile, l’immigration, l’intégration des Marocains en France… Passionnant! Certes il était « commandeur des croyants », mais tout de même Hassan II était surtout chef d’Etat!

    Il faut attendre la 45ème minute (plus exactement à 44:50) pour qu’enfin une question sur le respect des droits de l’homme soit posée (ici sur le rapport d’Amnesty International de 1989 traitant des tortures dans les prisons marocaines). D’ailleurs Hassan II répond habilement! On a également droit à une question sur la liberté de la presse où le souverain ment bien sûr, mais reconnait tout de même une certaine censure en affirmant qu’un journal comme le Canard Enchaîné ne serait pas possible au Maroc.

    L’entretien est tout de même intéressant car il nous renseigne sur la politique internationale de cette période (accord de Taëf pour régler la crise libanaise) et nous montre le talent du monarque pour la propagande.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=vUIybWsYx-I&w=560&h=315]

    Tags : Maroc, Makhzen, Hassan II, dictature, France,

    Source : Blog-notes

  • L’argent de la DGED pour payer ses informateurs en Europe a été détourné par ses propres agents

    Une enquête judiciaire en Espagne révèle que l’argent de la DGED pour payer ses informateurs en Europe a été détourné par ses propres agents.

    Un dossier d’instruction ouvert au parquet d’Igualada, une ville du centre de la Catalogne, a mis à découvert un vaste réseau de détournement de fonds publics marocains opéré par plusieurs responsables et agents de la DGED (service de renseignements et de contre-espionnage marocain).

    Sous couvert de subventions de l’Etat marocain pour ses communautés installées à l’étranger, la DGED envoyait de l’argent pour payer ses informateurs (chekamas) en Espagne. Or, une partie de cette manne financière a été détournée et a fini dans les poches de ceux qui avaient la charge de la distribuer.

    Selon le quotidien « El Mundo » qui a publié cet info, cet argent a été déposé sur les comptes bancaires des épouses de ces agents, qui l’ont blanchi en l’investissant dans des agences de voyage et des sociétés fantômes en Catalogne.

    L’enquête ouverte après la plainte de Mimon Jalich, responsable d’une association qui s’est depuis retirée de l’accusation après sa convocation par la DGED à Rabat (ce qui n’a pas empêché le parquet de continuer ses investigations), a identifié plusieurs noms de bénéficiaires :

    1. La dentiste Naïma Lamalmi, épouse d’un chef de la DGED à Rabat : Mohamed Belahrech, le responsable chargé des mosquées et des imams en Europe dans ce service de renseignement.

    2. Naziha El Montasser, épouse d’Abdellah Boussouf, « historien » et secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Selon « El Mundo », c’est lui qui se chargeait de la distribution d’une partie de l’argent en Espagne.

    3. Atiqa Bouhouria, épouse de Noureddine Ziani, espion marocain de la DGED, débusqué et expulsé d’Espagne en urgence absolue en 2013 parce qu’il constituait « une menace pour la sécurité du pays ».

    Naïma Lamalni et Naziha El Montasser apparaissent dans des documents administratifs espagnols comme résidant au domicile de Atiqa Bouhouria ep. Ziani, rue Generalitat de Catalunya à Barcelone, alors qu’elles n’habitent pas en Espagne.

    Curieusement, selon « El Mundo », les noms de Belahrech, de Boussouf et de l’espion Ziani apparaissent comme « enregistrés » comme propriétaires d’une agence de voyage de Rabat, « Elysées Travels ».

    Au delà de ce détournement de fonds publics, cette affaire a permis de dévoiler plusieurs autres noms du monde obscur des services secrets. Celui de Mustapha El Mouahidi, colonel de la DGED, en poste au consulat général du Maroc à Barcelone (antenne très importante de la DGED en Espagne) jusqu’en 2009. Cette escroquerie n’a pu être menée à bien sans qu’il ne soit tenu au courant. El Mouahidi est l’officier marocain qui a monté un réseau d’espions et d’informateurs en Catalogne, une toile d’araignée qui s’est élargie par la suite dans le reste de l’Espagne.

    L’autre nom qui apparait dans le dossier est celui de l’Espagnol musulman de Melilla, Mohamed Khalifa. « El Gordo Jalifa », comme l’appellent certains, est un homme d’Ilias El Omari dans l’enclave espagnole. Les Espagnols le considèrent comme un agent intermédiaire entre la DGED et les Marocains d’Espagne. C’est Khalifa qui a exigé de Mimon Jalich de se rendre immédiatement à Rabat.

    Enfin, un effet collatéral de cette affaire : l’implication du secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, dans ce détournement de fonds pose quelques interrogations sur la nature exacte de cet organisme étatique dirigé par l’ancien opposant Driss El Yazami, et dont on ne sait plus s’il est contrôlé ou simplement noyauté par la DGED.

    Ali Lmrabet

    Tags : Maroc, DGED, RME, services secrets, Espagne, détournement,