Catégorie : Maroc

  • Rapport RSF : Sahara Occidental trou noir de l’information

    Dans son rapport sur la liberté de la presse au Sahara occidental, Reporters sans frontières (RSF) révèle un territoire coupé du monde, véritable trou noir de l’information, devenu une zone de non-droit pour les journalistes.

    La section espagnole de Reporters sans frontières (RSF) présente ce 11 Juin à Madrid son nouveau rapport intitulé “Sahara Occidental, un désert pour le journalisme”, qui constitue le premier travail de recherche jamais réalisé sur la liberté de la presse dans ce territoire non-autonome.

    Une histoire oubliée

    Le silence entourant la zone est principalement lié à la persécution et à la répression constantes des journalistes sahraouis qui s’efforcent de faire leur métier en dehors des circuits officiels marocains, mais aussi à l’impossibilité pour les journalistes étrangers de travailler dans la région.

    Le Maroc applique une politique de refoulement quasi systématique de la presse étrangère qui tente de se rendre au Sahara occidental et punit très sévèrement les journalistes citoyens qui essaient de donner une version autre du discours officiel sur les réseaux sociaux. Ces différents blocages ont transformé le Sahara occidental au fil des ans en un véritable trou noir de l’information.

    “Plus personne ne parle du Sahara occidental”, explique Alfonso Armada, président de RSF Espagne. “Le territoire qui n’est ni en guerre ni en paix, est désormais abordé uniquement sous l’angle humanitaire par les médias étrangers alors que le conflit se perpétue sans issue depuis quatre décennies.”

    Témoignages

    Le rapport qui examine les histoires de journalistes sahraouis emprisonnés et souvent condamnés à de très lourdes peines donne pour la première fois la parole à ces acteurs essentiels pour la paix dans la région ainsi qu’à des spécialistes du conflit.

    Le document analyse aussi le rôle essentiel des médias internationaux, notamment espagnols et français, dans l’oubli collectif entourant la question du Sahara occidental, mais aussi relativement à la responsabilité du Front Polisario, représentant reconnu par l’ONU du peuple sahraoui, dont la communication se limite parfois à une simple propagande répétitive, que les jeunes journalistes sahraouis commencent à remettre en question.

    Enfin, le rapport présente une nouvelle génération de journalistes sahraouis qui surmonte tant bien que mal ces obstacles et constitue une nouvelle source d’information précieuse pour la presse étrangère et les organisations internationales.

    Le Maroc, occupe la 135ème position du Classement Mondial de la Liberté de Presse de RSF.

    Source : RSF

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, médias, information, presse, répression,

  • Maroc : Préférences sexuelles du roi Mohammed VI

    L’ancien lieutenant de l’armée marocaine Abdelilah Issou, réfugié politique vivant en Espagne, a publié il y a un peu plus d’un mois un livre intitulé « Mémoires d’un soldat marocain – La face cachée du royaume enchanté », dans lequel il enregistre non seulement son expérience au service des forces armées royales, mais aussi d’autres aspects de la vie au Maroc et où se déroulent certaines révélations considérées comme des secrets d’État, mais qui, dans une large mesure, sont et ont toujours été connues de la population et même de l’opinion publique étrangère plus familières avec ce pays du Maghreb. Il va sans dire que la vente du livre est naturellement interdite au Maroc et qu’il n’est pas facile de le trouver quelque part, même en France, où il a été édité.

    Dans ce livre, Abdelilah Issou raconte son histoire depuis son adhésion à l’Académie Royale Militaire en 1984, jusqu’à sa désertion de l’armée en 2000, mécontent de la pratique politique poursuivie dans le pays et désireux de constituer et d’intégrer un réseau de conspirateurs pour renverser le pouvoir du régime alaouite. Peut-être une prétention naïve, avouons-le, puisque Hassan II a survécu à deux tentatives de coup d’Etat bien organisées, l’une en 1971 au palais de Skhirat (Rabat) le jour de son 42e anniversaire, dirigée par le général Mohamed Medbouh avec la participation de 600 élèves-officiers de l’École militaire de Ahermoumou, qui a fait plus de 100 morts et 200 blessés parmi les invités du roi, l’autre en 1972, organisée par le général Oufkir, en collaboration avec des aviateurs des Forces Royales Air qui ont tenté d’abattre l’avion lorsque Hassan II revint d’une visite à Paris et se préparait à atterrir à Rabat. Les deux dirigeants, en plus des principaux collaborateurs, ont évidemment été exécutés.

    L’auteur, dans un livre presque bref (moins de 200 pages), décrit les missions qui lui ont été confiées au cours des années où il a exercé les fonctions d’officier, avec parfois des détails techniques qui rendent la lecture un peu fastidieuse.

    Parmi les aspects mis en exergue figurent la corruption systémique du régime, du palais aux serviteurs les plus modestes, le trafic de drogue, toléré et même encouragé par le patronage des hautes sphères, la question du Sahara occidental, les relations extérieures, notamment l’Espagne, le terrorisme islamiste et le « printemps arabe ».

    Par conséquent, peu d’informations pour les étrangers (c’est sans doute à eux que le livre est destiné) qui soient des connaisseurs raisonnables de la réalité marocaine. Cependant, c’est dans la vie privée que le livre a fait du bruit dans la presse internationale, bien que le passage le plus pertinent ne constitue pas non plus une révélation sensationnelle, car il aborde l’homosexualité présumée du roi Mohamed VI. La majorité des Marocains sont conscients de ce fait, bien qu’il s’agisse d’un sujet tabou dans le pays et dont il ne parle qu’avec la plus grande discrétion.

    Depuis que le monarque actuel était encore prince héritier et traité comme Smit Sidi (nom donné au premier-né du roi), des rumeurs couraient sur ses penchées sexuelles. Dans ce livre, Abdelilah Issou raconte des détails moins connus: la connexion du prince héritier d’alors avec un « ami spécial », Abderrahmane Alaoui, surnommé Bihmane, le petit-fils d’un esclave noir qui avait servi dans le palais et qui avait été son copian d’enfance.

    Selon l’auteur, l’homosexualité de Mohamed VI a toujours été au Maroc un « secret de polychinelle ». Et ses voyages successifs après l’accession au trône, au Brésil et à la République Dominicaine sont bien connus, car, selon Issou, le monarque a une préférence particulière pour les Noirs. On peut dire en passant qu’il aurait pu opter pour le Cap-Vert ou le Sénégal, ce qui se trouvent plus près, car il aurait été aussi bien servi.

    L’auteur souligne également que la « haute société » marocaine s’intéressait principalement au fait que, étant officiellement le monarque commandeur (ou prince) des croyants (Amir al-Muminine), il était le chef spirituel de ses sujets, pas seulement les musulmans, mais aussi les chrétiens et les juifs (les croyants des religions du livre) et les descendants du prophète Muhammad pourraient avoir une orientation gay. Je ne pense pas que les Marocains en général soient particulièrement préoccupés par les penchants sexuels de leur souverain. Il est donc normal pour eux, en particulier parmi les jeunes, de pratiquer de telles relations, comme dans la plupart des pays arabes : demandez aux touristes. Et comme dans les autres pays du monde (pages 94 et 95).

    Nous savons tous que les trois religions monothéistes ont toujours eu une relation difficile et étrange avec la sexualité en général et avec l’homosexualité en particulier. C’est une disposition obscure de la Torah, que la Bible et le Coran ont décrite, à des fins qui ne sont pas encore parfaitement claires aujourd’hui. Mais les temps ont changé et ce ne sera pas pour ce détail, mais pour sa gouvernance, que Mohammed VI sera jugé par ses sujets.

    L’auteur ajoute toutefois un détail digne de mention: l’intimité entre le prince héritier et Bihmane est devenue si évidente que Hassan II, sur le point de s’achever, a ordonné au tout-puissant ministre de l’Intérieur, le Dr Basri, l’élimination du jeune homme, décédé peu de temps après dans un étrange accident de voiture entre Rabat et Kénitra. Il est rappelé, et l’auteur ne le mentionne pas, que l’un des premiers actes du gouvernement de Mohamed VI a été la démission du ministre de l’Intérieur, personnalité que les Marocains détestent mais à laquelle il a également contribué – à confirmer la véracité des faits, sur ledit meurtre (p. 97).

    Toujours deux notes moins connues d’Issou: l’une, que Lalla Latifa Hammou Amahzoune, une des femmes de Hassan II, dite « la mère des princes », serait la maîtresse de Hadj Mohammed Médiouri, garde du corps et responsable de la sécurité personnelle du roi et renvoyé par le fils après la mort du monarque. Latifa a ensuite épousé Médiouri avec qui elle vit aujourd’hui à Paris (pages 97 et 98).

    L’autre, dont la princesse Lalla Fatima-Zohra, la fille du sultan Abdel Aziz IV et le bras droit du roi Mohammed V (le grand-père de Mohamed VI) était une lesbienne et une toxicomane.

    Le livre récemment publié ne présente donc aucun intérêt particulier, ce qui semble plutôt être une tentative de l’auteur pour justifier ses activités antérieures ou, éventuellement, celles qu’il pourrait développer dans le présent et dans l’avenir.

    Sur la monarchie chérifienne, ou plus exactement sur les rois Hassan II et Mohamed VI, il existe deux ouvrages d’une grande importance: l’un de Gilles Perrault, publié en 1990 et provoquant une tempête dans les relations franco-marocaines: Notre Ami le roi. L’autre, plus récent, de Catherine Graciet et Eric Laurent, parue en 2012: Le Roi prédateur.

    À propos du livre de Perrault, un livre d’accusation sévère et diffamatoire du règne de Hassan II sur lequel des milliers de pages ont été écrites. Il s’agit de l’un des témoignages les plus éclairés sur le règne de la figure controversée mais sans aucun doute charismatique qui était le défunt monarque. Quant à Le Roi prédateur, le livre se concentre particulièrement sur la quasi monopolisation de l’économie marocaine par Mohamed VI, qui a quintuplé sa fortune personnelle depuis son accession au trône, mais l’analyse de ces livres n’est pas possible dans les limites de ce texte.

    Plus récemment, publié le mois dernier, Mohammed VI, derrière les masques, d’Omar Brouksy, est un élan qui détruit le règne de quinze ans de Mohamed VI. Dans la préface, l’inévitable Gilles Perrault écrit: « Le royaume de Hassan II, c’était le château de Barbe-Bleue. En comparaison, celui de « M6 » serait plutôt celui de la Belle au Bois dormant avec au sous-sol la caverne d’Ali Baba ».

    Au-delà de tout cela, le Maroc est un pays charmant.

    Source : Moyen Orient et connexes, 28 nov 2014

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, gay, homosexualité, Bihmane, Mémoires d’un soldat marocain, Abdelilah Issou,

  • Maroc : Mohammed VI, un roi faible et incompétent, selon Foreign Policy

    Mohammed VI jugé sévèrement dans la prestigieuse revue (Foreign Affairs)

    La prestigieuse revue de relations Internationales « Foreign Affairs » a publié dans son édition de Mai 2011, une série d’articles consacrés au printemps arabe. Parmi ces articles, celui intitulé « Quatrième vague ou faux départ ? » écrit par l’un des plus grands spécialistes des transitions démocratiques, Larry Diamond. il y analyse la situation politique de différents pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord.

    Son évaluation de la situation au Maroc est pour le moins critique à l’égard de Mohammed VI. Il qualifie le roi de faible et incompétent. Il stigmatise sa mansuétude à l’égard des affairistes qui l’entourent. Selon Larry Diamond, Les réformes sont avortées à cause d’une coalition formée de sécuritaires et d’affairistes proches du Roi.

    Larry Diamond est professeur à l’Université de Stanford. Il est aussi le directeur du Centre de la Démocratie, du Développement et de la Règle de Droit, centre auquel est affilié le cousin du Roi, Hicham Benabdallah Alaoui. Voici la traduction du paragraphe extrait de l’article de Larry Diamond concernant le Maroc :

    « Le Roi Du Maroc, Mohammed VI est toujours vénéré dans son pays et considéré comme un réformateur à l’étranger, mais il est encore plus faible et plus incompétent que Abdullah (Roi de Jordanie). Il n’a montré aucune volonté pour maitriser les intérêts vénaux qui entourent la monarchie, ou réduire l’extraordinaire concentration des richesses dans son pays. Au lieu de cela, son appareil sécuritaire, son cercle restreint d’amis, et les milieux oligopolistiques des affaires qui lui sont proches, bloquent les demandes de réformes, isolant encore plus le roi, et aggravant la tempête politique qui se prépare sous une surface de calme apparent. »

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    Pour lire l’article dans intégrale en anglais, cliquez ici

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    Source: Lakome, 03.06.2011

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Foreign Policy, Printemps Arabe,

  • Plusieurs négociants suisses d’engrais impliqués dans des violations des droits humains au Maroc

    Berne/Lausanne, le 5 juin 2019. Le Groupe marocain OCP pollue l’air avec ses usines d’engrais, nuisant ainsi à la santé de ses salariés et des populations. Selon un nouveau rapport de SWISSAID, Pain pour le prochain et Action de Carême, au moins onze négociants suisses de matières premières ont des relations d’affaires avec l’OCP et sont donc impliqués dans des violations des droits humains et des pollutions environnementales au Maroc. Cela montre bien l’urgence de l’initiative pour des multinationales responsables, sur laquelle le Conseil national se prononcera de nouveau la semaine prochaine.

    Sur la côte atlantique marocaine, les usines d’engrais de l’OCP (Office Chérifien des Phosphates) à Safi et Jorf Lasfar émettent de grandes quantités de poussières fines et de polluants atmosphériques, tel que le fluorure d’hydrogène. Cette pollution a des conséquences sanitaires dramatiques pour les employés et la population à proximité des usines où le phosphate du Maroc est transformé en engrais.

    Selon un nouveau rapport de Pain pour le prochain, SWISSAID et Action de Carême, de nombreux employés des deux usines souffrent de maladies respiratoires et de cancer. Des rapports de syndicats font état de nombreux cas de décès. Des mesures de la qualité de l’air effectuées à proximité de l’usine OCP de Safi ont montré des valeurs alarmantes : l’exposition aux particules fines (PM2,5) sont 6 à 16 fois supérieure à la valeur quotidienne recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    La population aux alentours des deux usines de phosphate est également durement touchée par la pollution de l’environnement. De nombreuses personnes interrogées souffrent d’irritation des yeux, de maladies respiratoires ou de fluorose dentaire. Les enfants des villages proches de l’usine de Jorf Lasfar ont rapporté qu’ils doivent se couvrir le nez avec un chiffon sur le chemin de l’école à cause de l’odeur suffocante.

    Les négociants suisses de matières premières impliqués

    L’OCP est le premier producteur mondial de roche phosphatée et le deuxième producteur mondial d’engrais phosphatés. Il dispose d’une filiale à Genève, Saftco SA, qui a commercialisé plus de 300’000 tonnes d’engrais en 2017. Le rapport montre qu’en plus de Saftco, au moins dix autres négociants suisses de matières premières entretiennent des relations commerciales avec l’OCP. Aucune de ces sociétés ne semble avoir procédé à une diligence raisonnable de leur fournisseur marocain en matière de respect des normes environnementales et des droits humains.

    Or, c’est précisément ce que suggère le guide publié l’année dernière par le SECO et le DFAE pour la mise en œuvre des Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme pour le secteur du négoce. Avec quelque 570 entreprises, la Suisse est l’une des principales plateformes du négoce de matières premières au monde. Cela montre une fois de plus que les mesures volontaires des entreprises ne suffisent pas à prévenir les violations des droits humains et les atteintes à l’environnement.

    SWISSAID, Pain pour le prochain et Action de Carême, demandent à l’OCP et aux négociants suisses d’engrais de procéder à une diligence raisonnable complète et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les violations des droits humains. C’est justement ce que prévoit l’initiative pour des multinationales responsables, qui oblige les entreprises suisses à respecter également à l’étranger les droits humains et les normes environnementales. L’initiative et un contre-projet seront discutés au Conseil national la semaine prochaine. Si le contre-projet n’est pas adopté, l’initiative sera soumise au vote en 2020.

    Rapport, résumé du rapport, communiqué de presse et photos à télécharger:

    voir-et-agir.ch/medias

    Complément d’information :

    Marc Ummel, SWISSAID, ummel@swissaid.ch, +41 79 694 4921
    Yvan Maillard Ardenti, Pain pour le prochain, maillard@bfa-ppp.ch, +41 79 489 3824

    Source : Pain Pour Le Prochain

    Tags : Maroc, engrais, suisse, phosphate, pollution,

  • Maroc – Constitution : on n’est pas sortis de l’auberge alaouite

    Lors de son allocution de vendredi soir, le roi du Maroc a planté le décor de la nouvelle charte qui devrait parachever « la construction de l’Etat de droit et des institutions démocratiques ». Un discours historique ? Peut-être. Même si depuis l’avènement sur le trône de Mohamed VI, les « discours historiques » et les proclamations capitales ont eu tendance à se multiplier.

    Une déclaration à un quotidien étranger informant que le conflit du Sahara était réglé, une allocution télévisée annonçant la prétendue découverte de pétrole dans le sud du pays, et maintenant l’annonce d’une nouvelle constitution et de lendemains qui chantent. Premier constat involontaire, après pratiquement 12 ans de règne (trois mandats présidentiels américains), on remarque qu’il est toujours question de « parachèvement » et de « construction » de la démocratie.

    Des avancées, il y en a bien évidemment dans le nouveau texte constitutionnel. L’égalité homme-femme qui sera inscrite dans la loi, le renforcement des attributs de la cour des comptes (dont le dernier rapport nous a révélé qu’il y avait beaucoup de voleurs à la tête des administrations publiques) et la protection, voilée, de la liberté de conscience. Un joli pied de nez au Parti de la justice et du développement (PJD) d’Abdelillah Benkirane, l’ex-militant radical de la Chabiba islamiya devenu ces derniers mois, comme tant d’autres ex mordus des extrêmes, plus royaliste que le roi.

    Le tamazight, la langue ancestrale des Marocains, devient langue officielle. Le souverain a mis fin au folklore de la langue « nationale », qui n’avait aucune validité juridique et n’était pas contraignante. Mais il y a tout de même un léger doute quant à sa mise en place. Le roi a prévenu que « son officialisation effective devra s’inscrire dans un processus graduel ». Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il faudrait attendre qu’une nouvelle génération émerge des écoles bilingues où le tamazight, qui n’est toujours pas unifié linguistiquement, serait enseigné.

    Autre avancée concrète, l’interdiction de la transhumance parlementaire. Cette pratique, qui était pourtant interdite, a bénéficié avant tout ces dernières années à un certain Fouad Ali El Himma, l’« ami du roi » et fondateur du « parti du roi », le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), qui a débauché pratiquement tous les parlementaires de sa formation politique.

    En ce qui concerne la diaspora marocaine à l’étranger, le nouveau texte évoque généreusement une « représentation parlementaire » pour les Marocains de l’étranger, mais Mohamed VI a immédiatement souligné que celle-ci serait effective « dès que la formule démocratique y afférente aura muri ». C’est-à-dire qu’elle est renvoyée aux calendes grecques.

    Par contre, la consécration dans le projet de constitution de « tous les droits de l’homme, notamment la présomption d’innocence, la garantie des conditions d’un procès équitable, la criminalisation de la torture, des disparitions forcées, de la détention arbitraire et de toutes les formes de discrimination et des pratiques humiliantes pour la dignité humaine », sonne évidemment faux.

    Car comme Hassan II, mais dans une moindre mesure, Mohamed VI possède aussi son petit jardin secret (le centre de détention clandestin de Témara) et ses petites années de plomb faites de disparitions forcées, de séquestrations et de tortures, le tout dans une mer de « pratiques humiliantes ». Est-ce que c’est sûr qu’avec un nouveau texte on puisse changer de mentalité ? Pas si sûr.

    La violente répression du mouvement du 20 février, qui a été la cause première de la mort de Kamal Ammari à Safi, a mis en évidence que les réflexes d’antan n’ont pas disparu. Pour preuve, quand Mohamed VI explique que la nouvelle constitution garantit « la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, et le droit d’accès à l’information », il semble oublier qu’il vient d’envoyer en prison l’un de ses plus fidèles journalistes qui a eu le malheur de critiquer les méthodes de ses services secrets et a révélé une affaire de corruption impliquant son « ami » El Himma.

    Quant aux nouveaux pouvoirs du premier ministre, s’ils sont réels, il faut dire sans ambages qu’on en attendait plus. Certes, le premier ministre, qui sera issu des urnes devient « chef du gouvernement » et aura des pouvoirs renforcés comme de proposer ses ministres et de mettre fin à leurs fonctions, ainsi que nommer par décret ses hauts fonctionnaires. Mais, le roi continue de présider le conseil des ministres dont les pouvoirs de décision sont autrement plus amples et plus importants que ceux du conseil de gouvernement.

    Le roi garde aussi, mais ce n’est pas une surprise, la haute main sur les nominations dites sensibles. Ainsi, si le chef du gouvernement, qui n’aura aucune autorité sur l’élément militaire, paramilitaire ou policier pourra « choisir » les noms des walis, gouverneurs et ambassadeurs (c’est-à-dire les cadres issus des ministères de l’intérieur et des affaires étrangères) ces derniers devraient être « nommés » par le roi. Un nom qui déplait au souverain, dont on connait la rancune tenace, et c’est la trappe.

    Même chose pour les responsables des« administrations de la sécurité intérieure et des institutions nationales stratégiques », en clair la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST ou DST, la principale police politique), et la Direction générale des études et de la documentation (DGED) dont l’actuel patron, Mohamed Yassine Mansouri, est un autre « ami du roi ». Il est plus que probable que les noms des titulaires de ces postes seront soufflés au premier ministre par le cabinet royal. Car la sécurité et les forces armées vont rester entre les mains du roi. « Etant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du roi, chef suprême, chef d’Etat-major général des Forces armées royales » prévient-il.

    Pour boucler la boucle, il y aura bien, comme l’avait annoncé Demain, un « Conseil supérieur de la sécurité », dont le but sera de coordonner les différents corps sécuritaires. En somme de contrôler la force armée. Au cas où…

    L’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des pouvoirs exécutif et législatif sera consacrée, dit-on. Mais n’est-ce pas le cas avec l’actuelle constitution ? Même chose pour la « pénalisation constitutionnelle » de toute ingérence de l’autorité, de l’argent ou de tout autre forme de pression, dans les affaires de justice, dont les principaux bénéficiaires ces dernières années ont été des proches du pouvoir. Et ceux qui s’y sont opposés ont été éloignés de leurs postes ou expulsés de la magistrature.

    Demandez au juge Jaâfar Hassoun pourquoi il a été expulsé de la magistrature. Pour avoir informé un journaliste des prochaines nominations décidées par le conseil supérieur de la magistrature dont il était membre, pourrait nous répondre vigoureusement le ministre de la justice, Mohamed Naciri. Pour avoir été le premier juge marocain à avoir eu le courage de s’opposer au PAM dans une affaire d’élections truquées à Marrakech, devrait-on lui rétorquer.

    Mais enfin, nous dira-t-on, le roi n’est plus sacré, c’est une extraordinaire avancée. Quelle divine surprise ! Il a fallu attendre 2011 pour que l’être marocain se rende compte enfin qu’un homme, tout roi qu’il est, ne peut être sacré. Ne peut être comparé à dieu. Disons alors que jusqu’en 2011 nous étions des arriérés consentants et qu’en 2011 nous nous sommes rendus compte que nous avons été des arriérés consentants.

    Et pour ceux qui croient que nous sommes sortis de la monarchie exécutive dont l’un des fondements réside dans la religion, il faut signaler que Mohamed VI reste le « commandeur des croyants ». Ce n’est certes pas du Ali Khamenei, l’actuel guide suprême de la révolution islamique en Iran, pays avec lequel le Maroc a rompu ses relations pour marquer sa différence, mais cela lui ressemble fort.

    Enfin, pour ne pas faire trop dans la critique, on ne peut que saluer la « constitutionnalisation du Conseil de la concurrence et de l’Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption », en espérant que ces deux organismes vont avoir maintenant suffisamment de courage pour s’opposer à la concurrence déloyale et hégémonique de la SNI (Société nationale d’investissement), dont le capital est détenu à plus de 60% par la famille royale et dont le principal dirigeant, Hassan Bouhamou, a été accusé de corruption devant un tribunal américain.

    Dernière remarque. La preuve que les choses ne vont pas tellement changer avec la nouvelle charte a été faite vendredi dernier, tout de suite après le discours royal. Immédiatement après que le roi ait demandé solennellement à ses sujets de voter « oui » au référendum, des milliers de marocains, officiellement de manière spontanée, mais en réalité fortement encadrés par des fonctionnaires de l’administration caïdale et quelques partis politiques, se sont jetés dans la rue pour proclamer leur adhésion à un texte dont ils n’ont pourtant que sommairement pris connaissance.

    Dans leur hâte à crier « vive le roi ! » et à proclamer éternelle fidélité à la monarchie, ces fidèles téléguidés ne s’étaient pas rendus compte que lors de son allocution télévisée le roi avait commis un léger lapsus en parlant de « constitution imposée ».

    En résumé, et en trois quatre mots, c’est pas la nouvelle constitution qui va nous sortir de l’auberge alaouite.

    Demain Online

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, monarchie alaouite, palais royal,

  • Maroc : Les engrais marocains dans le collimateur des ONG suisses

    Des organisations accusent onze négociants suisses en matières premières d’avoir eu affaire à une entreprise marocaine ne respectant pas les normes environnementales.

    Les organisations non gouvernementales dénoncent onze matières premières suisses commercialisées avec un groupe marocain qui ne s’en tient pas aux normes environnementales.

    Un nouveau rapport de l’ONG Pain Pour Tous, Swissaid et Fastenopfer jette une mauvaise lumière sur l’OCPmarocain staatskonzern. Les organisations non gouvernementales accusent l’entreprise de polluer l’air. Cela a des « conséquences massives pour la santé » des employés et la population, c’est ce qui a été relevé par un rapport publié aujourd’hui.

    Par conséquent, la charge de poussière respirable est de six à 16 fois plus élevée que la référence quotidienne recommandée par l’organisation mondiale de la santé. Selon les syndicats, de nombreux employés des usines au Maroc souffrent de problèmes respiratoires et de cancer en raison de l’air pollué. Les enfants devraient couvrir le nez avec des wraps sur le chemin de l’école à cause de l’odeur olfactive, souligne le rapport.

    Les organisations non gouvernementales sont également responsables des entreprises suisses. Avec Saftco SA, l’OCP a aussi une filliale en Suisse. Ce marché a commercialisé plus de 300.000 tonnes d’engrais par an. En plus de la compagnie de Genève, selon le rapport, au moins dix autres produits suisses avec la société publique marocaine.

    « Aucune de ces entreprises ne semble avoir répondu à une procédure d’audit en matière de respect des normes environnementales », signalent les organisations non gouvernementales. Ils appellent le cpvp et les concessionnaires d’engrais à réaliser un sorgfaltsprüfung  » complet

    Afin de faire pousser de telles pratiques, les ONG ont lancé l’initiative de responsabilité du groupe. Cela veut obliger les entreprises suisses à se conformer aux droits de l’homme et à l’environnement des arts. Le Conseil National exprime une fois de plus son avis sur l’initiative et la contre-proposition la semaine prochaine.

    Le groupe OCP rejette les accusations

    Questionné, le groupe OCP rejette les accusations. Dans un communiqué, il juge la « déclaration diffamatoire », qui n’est pas étayée par des « preuves scientifiques, techniques ou statistiques ». Nous avons livré des preuves concrètes aux auteurs que le groupe OCP respecte les normes internationales les plus élevées, disent-ils.

    Les auteurs ont également été invités à plusieurs reprises et en vain pour visiter les installations du groupe. Des informations supplémentaires qui ont été soumises auraient été « intentionnellement retenues » par les auteurs du rapport « , déclare le groupe OCP .

    Source: NAU.CH

    Tags : Maroc, OCP, engrais, phosphates, pollution,

  • Maroc-Algérie : infantilisme du Makhzen

    Le Maroc veut-il nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Ne parlons pas des couacs de la propagande marocaine qui coûte les yeux de la tête au Makhzen et qui se retourne souvent contre lui .

    Comme ces «scoops» qui fleurissent çà et là sur les sites électroniques marocains, pour annoncer le «retour» du Maroc à L’UA , alors qu’il n’y a jamais adhéré, ou cette «pétition» qu’aurait fait circuler l’un des piliers de la France-Afrique, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, qui n’a rien à refuser au Palais royal, dont il est un habitué, et qui a la prétention de réunir suffisamment de «signatures» pour demander pas moins «le gel» de la Rasd –Membre fondateur de L’UA– pour dérouler le tapis rouge, ou plutôt de gros tapis marocains, à M6 qui allait faire une visite surprise à Kigali, alors qu’il n’y était pas invité. Point de souverain marocain et point de pétition pas plus de notification officielle d’une demande d’adhésion longue et complexe.

    Si ce n’est un message au ton arrogant et de mépris à peine voilé d’un souverain par trop gâté qui pense qu’il suffit d’ordonner, de faire tinter les dinars de roitelets du golfe pour se faire obéir et mettre à ses pieds des chefs D’états africains qui ne cessent pourtant de stigmatiser son régime féodal et colonial. Il est vrai que tout comme son chef de la diplomatie Mézouar, doublé par le conseiller omnipotent de l’ombre Taieb Fassi Filiri et l’ami intime et néanmoins tout puissant patron des services des renseignement , qui s’exerçât d’abord à la MAP, le roi du Maroc n’est pas à une mystification près.

    Mais revenons sur une autre mystification et sur une grossière entourloupe que les spin doctors du Palais ont voulu nous faire gober en distillant a travers leurs relais médiatiques un refus de visa qui aurait été opposé à celui qu’ils ont formaté et financé abondamment pour déstabiliser l’Algérie et qu’ils ont publiquement soutenu par des déclarations tapageuses aux Nations unies. Alors pour rafraichir la mémoire des médiocres politiques du Makhzen , il faut rappeler les mails qui révèlent le rôle joué par les services marocains et leurs relais français anti-algériens dans l’exacerbation de l’aventurisme de Ferhat Mehenni et de son mouvement qui n’existe que par la grâce des financements marocains et israéliens et la complaisance de certains secteurs en France qui rêvent de l’éclatement de l’Algérie.

    Ces mails- que l’on peut consulter à loisir sur le site Marokleaks- montrent que l’argent a une place centrale dans la «mobilisation» des agents propagandistes et chargés d’entretenir la subversion anti- algérienne autour de ce mouvement.

    Dans un des mails, daté d’avril 2010, on apprend qu’il a fallu payer «le prix fort» pour dénicher des images de «petites manifestations» qui permettent, selon son auteur à un journaliste de TFI, payé au prix fort et qui disserte tous les soirs sur le devenir du monde , de «fabriquer un sujet» à faire passer dans les chaînes de télévision françaises. Les «activistes» qui font ce travail de collecte d’images de propagande mensongère ne sont pas des bénévoles qui travaillent pour «la cause» mais à la façon des mercenaires qui se font chèrement payer comme le prouve, dans un autre mail (22 avril 2010), cette demande d’avance sur salaire de 38 000 euros qui semble être d’ailleurs le véritable objet du mail. Il les recevra, c’est l’assurance que lui a donnée, en guise de réponse, son correspondant : «Je crois qu’on pourra faire le geste.»

    En contrepartie, le «mercenaire» a instamment sollicité une opération de «large médiatisation par le biais de (ses) relais sûrs» de la documentation de propagande concernant «l’annonce par le MAK de la composition du gouvernement provisoire kabyle (GPK), lors d’un rassemblement au Palais des Congrès à Paris le 1er juin 2010». La médiatisation est essentielle dans l’activisme du MAK, tout est bon pour faire croire que ce mouvement a une assise en Kabylie.

    Ainsi, un mail daté de décembre 2010 monte en épingle une prétendue «répression brutale» en Kabylie contre les pseudo-militants du MAK, et est destiné à alimenter le travail de propagande des «mercenaires» qui sont payés pour cela. Le Maroc a de tout temps actionné ses relais en Algérie pour encourager l’agitation provoquée par Ferhat Mehenni et ses fidèles en Kabylie.

    Incidemment, le site du MAK, en s’en prenant au Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane – à cause d’un refus de visa d’entrée opposé à son chef, Ferhat Mehenni – met au grand jour le soutien du Maroc au Mak. Le chef du MAK a pris l’habitude de circuler entre la France, où il a un statut de réfugié politique, et le Maroc où il rencontre et se concerte avec les mouvements berbéristes très actifs dans ce pays mais aussi en Israel.

    Alors qui le Maroc veut-il berner , si ce n’est ses relais en Algérie qui ne cessent de s’agiter tantôt pour vanter les « réussites économiques » d’une monarchie qui a fait main basse sur les richesses essentielles du pays mais qui dans le même temps tend la main aux monarchies du golfe pour boucler son budget .Tantôt pour faire pression à travers des déclarations intempestives à des sites dont la seule vocation semble-t-il est d’être au service d’une monarchie contre les intérêts de leurs propres pays dont ils ne dédaignent pas la manne publicitaire.

    Personne n’est dupe du jeu du Maroc , pas plus en Afrique ou il fut et reste l’ami des dictateurs, des prédateurs et des sanguinaires qu’il a soutenu par l’envoi de contingents militaires tout comme il le fait aujourd’hui au Yémen. Pas plus que l’on ne donnera de crédits à ses « propositions » de rapprochement et de règlement du contentieux bilatéral qu’il a crée a dessein.

    D’ailleurs que signifie cette volonté soudaine de rendre les biens spoliés des Algériens au Maroc si ce n’est de renforcer davantage les chefs de file de son Lobby en Algérie qui relèvent la tête, agissant au grand jour comme dans une symphonie bien réglée.

    Mokhtar Bendib

    Le Currier d’Algérie, 19 jui 2016

    Tags : Maroc, Algérie, MAK,

  • Maroc : corruption de journalistes et personalités contre l’Algérie

    270.000 Dirhams gaspillé en fumée ….

    De nouveaux éléments d’information nous sont parvenus sur les mercenaires occidentaux de la plume qui travaillent pour le Makhzen dans le seul but de dénigrer l’Algérie.

    Après notre article publié le 12 octobre sous le titre : «Campagnes marocaines contre l’Algérie : ces mercenaires occidentaux qui travaillent pour Rabat», nous venons d’avoir des courriels compromettants échangés entre un représentant du Makhzen et le Marocain Ahmed Charaï, directeur du site l’observateur.ma, chargé par le Makhzen du recrutement et du paiement de ces «journalistes» occidentaux qui calomnient l’Algérie.

    Des emails compromettants qui ont été interceptés par des médias sahraouis. Ces échanges ont porté notamment sur les honoraires de ces «mercenaires» qui ont visiblement donné satisfaction à leurs maîtres de Rabat. Ce «journaliste», qui voue une haine sidérale à l’Algérie, a, en effet, dans un email, dont nous détenons une copie, détaillé les honoraires de sa bande de mercenaires pour des tâches effectuées avec brio ces derniers mois.

    En s’adressant à son «agent traiteur marocain», Ahmed Charaï demande ainsi de l’argent en euros pour «régler» les piges de juillet et de septembre de trois mercenaires de la plume français. Ainsi, il réclame 6.000 euros pour Vincent Hervouët, rédacteur dans la chaîne de télévision française LCI, pour ses articles propagandistes dans l’Observateur et dans Foreign Policy. Pour Dominique Lagarde, journaliste au service monde de l’Express, il réclame 12 000 euros.

    Autrement dit, 6 000 euros par mois de lobbying médiatique anti-algérien. Ahmed Charaï a fixé à 6 000 euros la pige de Mireille Duteil, rédactrice adjointe au service monde du Point. Des sommes qui restent dérisoires pour le «sale boulot» qu’ils sont chargés d’accomplir ! Mais le Makhzen ne leur offre pas que de l’argent. Il leur permet également des séjours gratuits dans les grands complexes touristiques de Marrakech comme il offre à travers Ahmed Charaï des cadeaux.

    Dans un email posté le 2 octobre à 12:42, Ahmed Charaï a parlé d’une réunion prévue pour le 7 octobre avec, dit-il, «nos amis journalistes français». Une réunion qui s’est en effet déroulée ce jour-là à 20h à l’hôtel Scribe, à Paris. Ce recruteur de mercenaires de la plume au profit du Makhzen a également annoncé sa volonté d’offrir au président du Financial Times un «beau cadeau». Dans un autre email adressé le 10 mars 2011 à son «employeur», Ahmed Charaï énumère quelques articles qui faisaient la promotion de la monarchie marocaine, publiés par ses amis journalistes à l’Express, Washington Post, Hudson Institute, Fox News, LCI et Foreign Policy.

    Les médias sahraouis ont également intercepté des emails échangés entre Ahmed Charaï et Vincent Hervouët sur la médiatisation du mouvement de l’autonomie de la Kabylie (MAK) en lui consacrant une bonne place dans le journal de TF1. Dans un autre courriel, Vincent Hervouët demandait une avance sur salaire de 38 000 euros à Ahmed Charaï. Exerçant dans de grands médias français, britanniques et américains, ces «journalistes» au service de Rabat se font payer pour des articles contre la cause sahraouie et contre l’Algérie, accusée à tort par Rabat de bloquer le processus des négociations menées sous l’égide de l’ONU pour une solution mutuellement acceptable. Pour assurer la survie de la monarchie, le Makhzen use et abuse de moyens détournés en faisant de l’Algérie sa principale cible.

    Algérie Network, 13 déc 2014

    Tags : Maroc, Algérie, Chris Coleman, corruption, journalistes français,

  • Maroc : Merci Monsieur « Coleman » !

    Pendant des années, que dis-je ?, quasiment vingt ans pour l’auteur de ces lignes, nous avons été accusés, les deux pelés et trois tondus qui avons essayé de faire du journalisme indépendant dans ce pays, d’être des agents de l’étranger, d’être soudoyés par tel Etat, tels services secrets ou tel mouvement ou organisation.

    Nous sommes passés d’être des agents de la DST, la police politique marocaine, à travailler pour le CNI espagnol, en passant par la DRS, les services secrets algériens et le Mossad israélien. Accusation suprême : nous étions également des agents du Polisario.

    Sans la moindre preuve bien évidemment, sinon on n’en serait pas là.

    Franchement, et si je devais un jour travailler pour un « sévice secret » je travaillerais avec celui de mon pays. Il paye bien. Les journalistes étrangers touchent 6000 euros par mois, avec en prime quelques séjours tous frais payés à Marrakech. Quant aux Marocains ils ont droit à des pages de publicité à gogo, des prébendes faites de facilités pour l’obtention d’un appartement ou d’une imprimerie, d’un prêt bancaire (que certains oublient de payer) et de généreux cadeaux en sous-main.

    Je connais le directeur d’un hebdomadaire francophone casablancais qui a acheté à l’Etat une villa où il a installé son torchon pour quelques dirhams. Son confrère d’un autre hebdomadaire, tout aussi francophone et pourri, a obtenu le même cadeau, sauf qu’il utilise la villa pour y habiter.

    Le premier, une barbouze journalistique qui a travaillé pour Dlimi quand il sillonnait les pays arabes et africains pour le compte d’un autre hebdomadaire francophone, celui-là français, a depuis quelques années les pires difficultés du monde pour boucler les finances de son brinquebalant et boiteux canard. Sans ses « amis », cela fait longtemps qu’il aurait fermé boutique. Mais à titre personnel, il est très riche. Il y a peu il négociait la vente d’un terrain dans l’un des quartiers les plus huppés de Casablanca pour un prix millionnaire. Il avait obtenu ce terrain pour des bricoles de la main d’un organisme étatique.

    Enfin, tout cela pour dire que sans aucune preuve, certaines officines de l’Etat marocain, appuyées par la presse aux ordres, déversent sur nous un tombereau d’accusations et d’affirmations mensongères dans le seul dessein de salir notre réputation et de nous signaler à un quelconque fou pour qu’il nous trucide avec un couteau dans la rue, alors que les vrais corrompus sont ceux qui hurlent avec les loups.

    Mais voilà, un hacker, ou plusieurs, publie depuis des mois une impressionnante pile de documents, scannés pour la plupart, et de mails compromettants qui prouvent par A+B que nos diplomates, en plus de leur labeur ordinaire de lobbying et de défense des intérêts de l’Etat, soudoient des fonctionnaires internationaux, de prétendus experts et une kyrielle de profiteurs comme ce pauvre fonctionnaire international sénégalais qui a vendu sa conscience pour quelques dirhams et un séjour au Maroc où il a visité un marabout local.

    On me rétorquera que cette corruption se fait au nom de la défense de la cause du Sahara. Je réponds qu’il faudrait alors préparer un bon chéquier et se hâter de gagner cette bataille parce que celui qui a vendu son âme une première fois la vendra une deuxième fois, et pas forcément au même camp, sinon au plus offrant.

    On découvre aussi dans les papiers du hacker que sous couvert d’un empire médiatique, un ex-commercial de publicité est en fait un responsable de la DGED, les services de contre-espionnage marocains, qui se fait passer pour un journaliste et entretient de coupables relations avec les pires organisations d’extrême droite pro-israélienne. Il est aussi le grand corrupteur d’une demi douzaine de journalistes français dont certains travaillent sur le Maroc depuis très longtemps.

    Merci donc à ce « Chris Coleman », pas pour la guerre qu’il mène contre le Makhzen au nom de ses propres intérêts (soukou hadak !), mais pour nous avoir permis de voir plus clair dans cette grande grotte où se tapit l’ogre qui nous opprime.

    Ali Lmrabet

    Demain Online, 15/12/2014

    Tags : Maroc, Makhzen, presse, DGED, Ahmed Charaï, Chris Coleman, corruption, Sahara Occidental,

  • Maroc : 40 militants du mouvement rifain, y compris les principaux dirigeants, sont toujours incarcérés

    Quarante militants du mouvement rifain Hirak, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après « la troisième grâce accordée aux Rifains », selon l’agence espagnole EFE qui dit avoir l’information de sources des familles des détenus.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par des parents des prisonniers rifains, ont confirmé à EFE qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les graciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politique.

    Ainsi, les Rifains graciés hier (5 juin) soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de célébration qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Al Hoceima, où des cris de « Vive le Rif » ou de « Plutôt la mort que l’humiliation » ont été entendus, observe EFE.

    Le vice-président de Tafra, Bubker Yauhari, a expliqué à EFE qu’il n’y avait pas eu une demande de grâce de la part des libérés ou une mesure de grâce de la part du roi, une demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Et quant aux leaders de la contestation du Rif, il n’y a pas eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Nasser Zefzafi, ainsi que Nabil Ahamjik ou Mohamed Jellul, note l’agence espagnole.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rangée, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Al Hoceima, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcement du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à briser les dirigeants du Hirak: Zefzafi s’est cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict rendu en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison, atteignant -certains d’entre eux- ( Mohamed Al Asrihi et Rabie Al Ablaq) un état critique, témoigne la même agence.

    Source : Courrier du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Makhzen, Mohammed VI, répression,