Catégorie : Maroc

  • Quarante prisonniers du mouvement rifain Hirak continuent dans les prisons marocaines

    Javier Otazu

    Rabat, 5 juin (EFE) .- Quarante militants du mouvement Hirak Rif, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après la troisième grâce accordée par le roi Mohamed VI au Maroc, rapporte EFE citant des sources de leurs familles.

    Hier, à l’occasion de la fin du Ramadan, le monarque a gracié soixante d’entre eux « en tenant compte de la situation familiale et humaine des personnes condamnées », selon un communiqué du ministère de la Justice.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par les parents des prisonniers du Rif, ont confirmé à Efe qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les grâciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politiques.

    Ainsi, les rifains graciés hier soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de fête qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Alhoceima, où des cris ont été entendus de « Vive le Rif » ou de « plutôt la mort, que l’humiliation ».

    Le vice-président de Tafra, Boubker Jaouhari, a expliqué à Efe qu’il n’y avait pas eu de demande de grâce de la part des libérés, demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Le pardon d’hier est le troisième octroyé par le roi Mohammed VI aux prisonniers du Rif, qui, au moment de la répression maximale, atteignait plus de 700 personnes, dont plusieurs mineurs.

    Le premier pardon a été accordé en juillet 2017, deux mois après que la police ait réprimé d’une main forte lors des interventions dans le Rif; plus tard, il y a eu un autre grand pardon le 21 août 2018, lorsque 188 prisonniers ont été libérés.

    Mais ni à l’époque ni à présent, il n’y a eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Naser Zafzafi, ainsi que Nabil Ahamyik ou Mohamed Yelul.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rang, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Alhucemas, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcé du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à faire plier les dirigeants du Hirak: Zafzafi a cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison.

    Pour Bubker Yauhari, la « solution » au « climat politique dégradé et instable » passe maintenant par un nouveau sursis pour le noyau dirigeant du Hirak, une initiative décriée par la situation intérieure du pays et le contexte international.

    Les demandes de grâce pour les rifains ont été nombreuses dans le pays et ont été sollicitées par des hommes politiques (y compris certains ministres), journalistes et intellectuels, qui ont toujours insisté sur le caractère pacifique du mouvement Hirak, à l’exception de quelques événements exceptionnels.

    Tous les regards se tournent vers les deux prochaines dates (la fête du sacrifice, au début du mois d’août, ou la fête du trône, le 21 du même mois), durant lesquelles le monarque accorde généralement les plus grand nombre de pardons.

    Les protestations dans le Rif contre la marginalisation politique historique, le manque d’opportunités économiques et l’isolement ont commencé fin 2016 après la mort dans un camion poubelle du jeune Mohcin Fikri, à qui la police avait réquisitionné une cargaison illégale de poisson.

    Ces manifestations ont duré plusieurs mois et ont conduit des dizaines de milliers de personnes à manifester dans toute la région du Rif. Elles ont également suscité une vague de sympathie dans le reste du Maroc et sont ainsi devenues l’un des moments les plus critiques du règne de Mohamed VI qui fête cette année son 20 anniversaire sur le trône. EFE

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Rif, Hirak, répression, grâce,

  • Maroc : Il se passe quelque chose au palais avec l’ex-princesse Lalla Salma – deuxième apparition après une année cachée

    Par Sonia Moreno

    L’ex-épouse du roi Mohamed VI a visité par surprise le centre régional d’oncologie de Beni Melal, entourée de mystère.

    L’ancienne princesse Lalla Salma (40 ans) est apparue en public pour la deuxième fois en quinze jours après plus d’un an de disparition, date qui a coïncidé avec le divorce du roi Mohamed VI (55 ans), comme annoncé par le magazine espagnol ¡¡HOLA! en mars 2018, et qui n’a pas encore été rendue publique au Maroc.

    Ce mercredi, elle a visité le centre d’oncologie de Beni Melal, construit en 2015 par la Fondation qui porte son nom pour la prévention et le traitement du cancer, qui accueille des patients atteints de tumeurs de différentes villes de Beni Melal et de Khenifra, comme a été signalé exclusivement le même jour par le portail numérique marocain Goud.ma.

    Bien que n’étant pas une visite officielle, elle a passé deux heures à discuter avec des patients âgés et on y voit également des images de l’ex-épouse du roi tenant un bébé tubulaire dans ses bras. En outre, « elle a interrogé de manière exhaustive les responsables sur les détails de l’institution et sur les services médicaux, psychologiques et matériels offerts aux patients », expliquent-ils dans le site digital Jadid24.

    Ce centre est spécialisé dans le diagnostic du cancer afin de promouvoir la prévention et la sensibilisation à cette maladie. Il est également axé sur la santé de la reproduction, ainsi que pour atténuer les souffrances et améliorer les soins en cas de tumeurs malignes. De même, des tests d’arrêt des tumeurs du sein et du col utérin sont effectués, et il existe une unité mobile pour effectuer des mammographies.

    La directrice de la Fondation Lalla Salma pour la prévention et le traitement du cancer a surpris les responsables et le personnel lors de « leur visite non officielle », selon plusieurs médias marocains réunis en arabe jeudi. Bien que la Direction de la santé de la région de Khenifra ait prévenu de leur arrivée. L’ancienne princesse était accompagnée de membres de sa famille dans une Mercedes blanche, sans protocole, mais sous surveillance stricte de la gendarmerie royale. Cela a été considéré comme une inauguration du centre car c’est la première visite qu’ils ont reçue depuis l’achèvement des travaux.

    Vêtu d’un costume beige et d’une veste croisée

    À cette occasion, Lalla Salma a de nouveau montré ses longs cheveux roux un peu lissés, rassemblés en une queue de cheval avec de longues boucles d’oreilles; elle portait un costume simple avec un pantalon, une veste beige croisée et un pull noir.

    La ville de Beni Melal est à un peu moins de 200 kilomètres de Marrakech, d’où est partie l’ex-princesse. C’est précisément dans les restaurants de la place Jamaa El Fna qu’elle a été photographiée le 1er avril avec sa fille Lalla Khadija en train de manger des escargots, plat typique du Maroc.

    Même le média digital Rue20, qui a publié ces trois premières images floues et lointaines de la princesse il y a dix jours à peine, a maintenant reçu à la rédaction sa photo avec l’équipe médicale.

    Nous devrions nous demander s’il s’agit du retour officiel de Lalla Salma car les informations ont été diffusées dans les médias marocains en arabe et dans au moins deux chaînes de télévision nationales, alors qu’au Maroc il n’est pas habituel de publier des sujets liés à la Maison royale sans le consentement de son cabinet. En outre, elle s’est laissée photographier ouvertement avec le personnel du centre oncologique à la fin de sa visite.

    En juillet, après huit mois sans traces de la princesse, des sources proches du palais royal de Rabat ont confié à JALEOS qu’elle était « sous surveillance dans un quartier résidentiel de la capitale marocaine après l’annonce de leur séparation ».

    Salma Benanni, nom de jeune fille de Lalla Salma, ne pourra pas se remarier car ils ne « consentiraient pas à ce que l’héritier Moulay Hassan ait un demi-frère », ont expliqué des sources diplomatiques. Il ne semble pas non plus possible pour elle de reprendre sa profession d’informaticienne. Cependant, après ces deux apparitions en public, il est probable qu’elle réalise une fonction sociale, quelque chose qui était interdit aux femmes des précédents monarques alaouites qui n’ont jamais paru publiquement sous le règne de leurs maris.

    Source : El Español, 13 avril 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, divorce, Salma Bennani,

  • Ils ont oublié le roi du Maroc – Dossier royal: jamais de roi ou de reine gay ?

    Cette semaine dans son dossier royal, Patrick Weber s’est interrogé sur la sexualité des têtes couronnées, après les soupçons d’homosexualité qui ont touché le candidat à l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron.
    Une chose est sûre, Emmanuel Macron est doué pour la communication ! A l’occasion d’une réunion de son mouvement En Marche!, l’homme politique a tenu à mettre les points sur les ‘i’. Non, il ne mène pas de double vie. Non, il n’est pas l’amant de Mathieu Galet, le patron de Radio France. Non, il n’a pas d’hologramme. Et non, il n’a jamais rétribué son épouse pour quoi que ce soit.

    Macron s’est défendu des rumeurs avec humour, comme toujours. Il a réaffirmé son amour pour son épouse Brigitte et n’a pas fait référence aux soutiens d’un supposé très généreux lobby gay. En fait, Emmanuel Macron ne fait que subir des attaques souvent adressées aux hommes de pouvoir. Plutôt que de les attaquer sur le plan politique, il est toujours facile d’utiliser les ressources inépuisables de la vie privée. Et voilà maintenant qu’on lui reproche maintenant d’avoir fait appel à un chanteur d’opéra pour apprendre à poser sa voix lors des meetings. La bataille des boules puantes est bien ouverte.

    Emmanuel Macron n’est que l’un des ‘suspects’ d’amours gay dans la longue liste des hommes du pouvoir. Avant lui, il y eu pas mal de rumeurs et même quelques confirmations. Les lecteurs de Robin des Bois connaissent tous le roi Richard Cœur de Lion mais rares sont ceux qui savent que Richard était plutôt attiré par les preux chevaliers que par les gentes dames.

    Dans l’histoire de France, on pointe aussi le règne de Henri III, le dernier des souverains de la famille de Valois. L’histoire a retenu ses compagnons qui étaient baptisés mignons. On a un peu oublié que ces hommes constituaient la garde rapprochée du souverain qui était aussi très amoureux de sa femme Louise. Soupçons identiques pour le roi Louis XIII dont l’épouse a mis une vingtaine d’années avant de donner un héritier au trône. Et n’oublions pas Philippe d’Orléans, le frère de Louis XIV dont les amitiés masculines n’étaient un secret pour personne à la cour. Cela ne l’empêchait pas d’être un valeureux guerrier, au point de faire de l’ombre à son soleil de grand frère.

    L’étrange histoire du roi gay et marié

    En 1936, le règne éclair d’ Edouard VIII constitue une des pires épreuves vécues par la monarchie britannique. Le jeune homme a pourtant tout pour plaire. Il possède un physique avenant et sait se montrer charmeur. Élégant, sportif, il prend garde à sa ligne mais il possède aussi, d’après ce que l’on raconte, une belle descente. Quand il monte sur le trône, le nouveau roi présente le handicap de ne pas être marié. Pire… on le soupçonne d’entretenir des amitiés masculines et charnelles.

    La couronne s’accommode mal du célibat surtout s’il cache une romance aux allures très peu victoriennes. Le roi aime une Américaine, une certaine Wallis Simpson en passe de divorcer une deuxième fois. Un temps tenue secrète, la romance finit par faire la une des journaux. Il faut ajouter à cela des prises de position qui indisposent la classe politique, notamment en faveur des plus démunis. Il commence à se murmurer qu’Edouard VIII pourrait avoir des visées absolutistes d’autant plus qu’il ne cache pas une certaine fascination pour les réformes engagées par l’Allemagne nazie. La partie de bras de fer qui s’engage à propos de son mariage dépasse donc le cadre d’une affaire sentimentale.

    Événement rarissime dans la couronne anglaise, le monarque finit par abdiquer en 1936, l’année même de son sacre. Quelques mois plus tard, celui qui est devenu le duc de Windsor convole avec la sulfureuse Wallis Simpson. Dans la foulée, le couple entreprend un voyage en Allemagne au cours duquel il rencontre les dignitaires du régime hitlérien. La rupture avec la famille royale est consommée. Après la guerre, les Windsor vont mener une longue vie faite d’élégance, de mondanité et d’oisiveté. Jamais la couronne ne pardonnera à son souverain d’avoir renoncé à sa charge… et jamais plus on ne fera de référence (à haute voix) sur ses préférences masculines.

    Non, le prince Edouard n’est pas gay !

    Pas facile pour les cadets de la couronne de trouver leur place dans la vie active. Si le prince se contente de profiter de sa dotation, on lui reproche d’être oisif et s’il se lance dans les affaires, on l’accuse d’utiliser son nom et sa position pour se faire de la publicité. Ce fut notamment le cas pour le prince Edouard d’Angleterre lorsqu’il tenta de développer son business de producteur télé. Ce fut même d’autant plus difficile qu’il restait célibataire et qu’on lui reprochait d’être secrètement gay. Il faut dire que les naufrages matrimoniaux de ses aînés (Charles, Anne et Andrew) ne le poussaient pas à passer la bague au doigt.

    Hélas, l’annonce de son mariage n’a pas effacé tous ses problèmes. Certes, on a oublié les ‘accusations’ d’homosexualité mais les soupçons de conflit d’intérêt subsistent. Son épouse Sophie Rhys-Jones fut soupçonnée de se servir de son nouveau statut de princesse pour séduire une clientèle haut de gamme dans l’intérêt de sa société de relations publiques. Inutile de dire qu’elle a été obligée de renoncer rapidement à son business mais au moins son époux est-il rentré dans le rang !

    Des soupçons de princes gays jamais prouvés

    Tous les chroniqueurs royaux vous le diront, il y a mille et une rumeurs concernant l’homosexualité des princes. On vous parle d’un prince de Monaco vu en virile compagnie ou d’un prince de Belgique aperçu dans une boîte de nuit gay. Mêmes rumeurs concernant une princesse du rocher et ses penchants pour les femmes. On évoque la double vie d’un prince du Danemark et les préférences gay d’un prince néerlandais pourtant marié avec une femme. Et que dire d’un souverain du Cambodge qui serait porté sur les hommes ?

    A chaque fois, on vous explique qu’il y a des preuves… Que quelqu’un aurait vu le prince dans une situation ‘compromettante’. Qu’il existe des photos qui prouvent les assertions. Et pourtant… jamais rien ne vient ! Les sources ‘bien informées’ sont rapidement taries face à un élémentaire travail journalistique. Dès lors, il vaut mieux laisser courir les rumeurs, elles finissent toujours par se fatiguer les premières. Pour autant, on se dit qu’un coming-out royal aurait du style. Il ne resterait plus alors à Sa Majesté qu’à chanter ‘un jour mon prince viendra’… Pour le moment, quelques altesses se sont engagées en faveur de la cause gay comme jadis la princesse Diana ou aujourd’hui le prince William d’Angleterre, la reine Maximà des Pays-Bas ou encore la princesse Victoria de Suède. C’est déjà un début.

    Patrick Weber, chroniqueur royal RTL. Retrouvez-moi tous les soirs dans On Refait le Monde sur Bel RTL entre 18 et 20 heures.

    Siurce : RTL INFO, 9 fév 2017

    Tags : Maroc, Mohammed VI, homosexualité, royauté, gayeté, gay, homosexuel,

  • Default Quand Mandela s’indignait en privé de certaines « pratiques » de Dar Makhzen

    Il n’a pas été le seul à s’en indigner, mais il était celui dont l’indignation était la plus sincère. Selon une source proche d’un défunt et connu politicien, lors de sa visite au Maroc en avril 1995, Nelson Mandela aurait appris que les noirs qui servaient directement Hassan II, ses « abids » (esclaves), comme disent encore certains au Maroc, lui baisaient la main. Mais pas de la même manière que le font pratiquement tous les Marocains, mais d’une manière assez spéciale.

    Hassan II obligeait ses « abids » à baiser sa main enveloppée d’une sorte de mouchoir en tissu ou un fichu.

    « Sidna » senior estimait que les lèvres aimantes charnues de ses noirs, dont la plupart vivaient et résident encore à Touarga, le quartier situé à l’intérieur du palais royal de Rabat, étaient indignes d’effleurer sa divine main.

    Mandela, chantre de la lutte contre le racisme anti-noir, en aurait gardé un souvenir amer jusqu’au point de le dire en privé à ce politicien marocain qu’il considérait comme un ami.

    Mais pourquoi cette indignation sélective cher Madiba ? Il y avait pire au Palais. Certains, et pas un petit nombre, ne baisaient pas seulement les mains de « Sidna » senior, ils lui baisaient également les pieds.

    Demain Online, juin 2013

    Tags : Sahara Occidental Afrique du Sud, Mandela, Madiba, Maroc,

  • Renseignement : Le commando économique de la DGED

    Avec le lancement d’une cellule dédiée à la “contre-ingérence économique”, la DGED entre de plain-pied dans la guerre des affaires. Avec une nouvelle stratégie et une nouvelle race d’espions.

    L’affaire de l’hôtel Byblos, à Casablanca, n’a pas encore livré tous ses secrets, puisque le procès a été reporté au 22 octobre 2007. Le principal accusé, Ahmed Fayed, ressortissant libanais, et 72 autres personnes, ont été inculpés “d’aménagement d’un lieu à des fins de débauche, prostitution et détournement de mineures”. Si la réalité des faits semble avérée, les motifs qui sous-tendent cette affaire le sont beaucoup moins. Selon des sources fiables, le Byblos Lahoya Hôtel était en fait un nid d’espions, un carrefour de barbouzes du Proche et Moyen-Orient, qui était depuis longtemps dans le collimateur des services de renseignement marocains. Il accueillait essentiellement des agents spécialisés dans l’espionnage économique, qui s’intéressaient autant aux déplacements (au Maroc) des riches investisseurs du Golfe, qu’aux gros projets du royaume : Marina de Casablanca, aménagement de la Vallée du Bouregreg ou du port Tanger Méditerranée, etc.

    Et c’est pour couper l’herbe sous les pieds de ces barbouzes de la finance que Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), a lancé son commando d’élite, spécialisé dans le contre-espionnage économique. L’équipe, opérationnelle depuis mai 2007, a été installée dans la capitale économique du royaume pour plus d’efficacité. Composée d’un staff d’une vingtaine de cadres au profil pointu, la nouvelle cellule traque le renseignement économique sous toutes ses facettes. Une mission qui dépasse les prérogatives de l’ancienne cellule chargée du contre-espionnage économique, dont les activités ont été complètement gelées à l’époque par Ahmed Harchi, avant la mise à la retraite de son responsable, un dénommé “Haj Cherkaoui”.

    Les espions économiques disposent d’un champ d’intervention très vaste où le légal côtoie aisément le moins légal : informations sur le commerce et la détermination des prix, données sur les stratégies d’investissement, détails sur les gros contrats, listes de fournisseurs, documents de planification et bases de données informatiques, etc. Le travail de ce commando vise autant la surveillance des délégations d’hommes d’affaires étrangers qui débarquent au Maroc, que la protection des informations sensibles concernant les grands groupes nationaux.

    Business et espionnage

    Le travail des agents de renseignement consiste également à suivre de près les grandes entreprises pour déceler d’éventuelles “débauches de cadres détenant un savoir-faire pointu”, de “piratages ou de vols d’ordinateurs”, de “rumeurs d’appartenance sectaire pour exclure un concurrent d’un appel d’offres”, “d’infiltrations par le biais de cadres étrangers” ou encore “d’actions de lobbying offensif”. L’exemple le plus édifiant reste sans doute celui du port Tanger-Med. Selon un journaliste espagnol, le CNI (l’équivalent espagnol de la DGED) a mobilisé une armada d’agents pour concocter un rapport détaillé sur le projet marocain, et qui a été communiqué aux autorités portuaires d’Algésiras en mai dernier. Cela explique probablement la précipitation avec laquelle le port espagnol a lancé, début juin, une série d’appels d’offres pour l’exploitation de futurs quais pour conteneurs.

    Autre souci majeur pour les services : l’offensive chinoise. La pénétration de l’Empire du milieu dans les entreprises nationales peut prendre plusieurs formes. Parfois, il s’agit d’un simple espionnage économique effectué par de faux migrants, qui travaillent sous diverses couvertures. En 2002, les propriétaires chinois d’un cybercafé à Mohammedia ont été obligés de plier bagages, après avoir été pris en flagrant délit d’espionnage économique. Le couple chinois faisait le déplacement à Fès et Marrakech pour consigner avec précision les méthodes de travail des unités de fabrication des produits d’artisanat, qu’ils réexpédiaient en Chine. Résultat, en l’espace de quelques années, le marché marocain a été inondé par de pâles copies de jellabas, babouches et autres caftans à bas prix… destinés principalement aux touristes.

    Les Tunisiens, quant à eux, se sont spécialisés dans le détournement d’investisseurs. Une flopée d’intermédiaires tunisiens font ainsi le tour des expositions, squattent les halls des grands hôtels, ou vont carrément “cueillir” leur cible à l’aéroport. L’investisseur potentiel est assailli de propositions alléchantes, qui vont du terrain fourni gracieusement en Tunisie à des incitations fiscales défiant toute concurrence. “Cette agressivité, à la limite de la légalité, dénoncée à plusieurs reprises par des hommes d’affaires marocains, semble avoir trouvé une oreille attentive en haut lieu”, croit savoir cette source à la CGEM, l’organisation patronale, régulièrement confrontée à cette nouvelle réalité du monde des affaires.

    Un commando de choc

    D’où vient cet appétit soudain des services de renseignement pour la chose économique ? Pour les initiés, la DGED ne fait là que rattraper un énorme retard. En décembre 2005, lors d’une visite privée au Maroc, le responsable français en charge de l’intelligence économique à la Défense nationale, Alain Juillet, tenait un briefing instructif avec les responsables des services de renseignement du royaume. L’ex-directeur du renseignement à la DGSE française n’eut aucune peine à prêcher des convaincus, en la personne des agents de renseignement marocains. A l’époque, Yassine Mansouri venait juste d’être nommé à la tête de la DGED.

    Les agents de la DGED, souvent détachés auprès des ambassades du Maroc, ont reçu pour consigne de collecter toute information concernant les intérêts économiques marocains. Dans cette optique, cette cellule “chargée d’une mission de contre-ingérence économique”, selon les mots même d’un ex-agent du renseignement, a désormais pour mission la protection des intérêts économiques. “Il existe encore une défiance, peut-être à cause de cette image liée au contre-espionnage et à l’antiterrorisme, mais les services marocains se mettent tout simplement à la page”, précise un agent de la centrale.

    Quel est le profil de ces espions économiques ? Loin de l’image classique de l’agent surentraîné aux méthodes plus ou moins violentes, il s’agirait plutôt de jeunes quadras, pour la plupart issus de grandes écoles et qui profitent régulièrement de stages de perfectionnement où l’intelligence économique occupe un place de choix. Basés pour la plupart à Casablanca, ils ont toute latitude pour sillonner le monde entier, à la recherche d’un “complément d’information”, toujours dans le cadre de leur mission “économique”. C’est sûr : une nouvelle race d’espions vient de naître.

    Espionnage économique. Au service des grands groupes ?

    Aujourd’hui, l’utilisation des services secrets au nom du nationalisme économique est une réalité dans de nombreux pays. La Grande-Bretagne, la Suède et surtout les Etats-Unis ont, depuis longtemps, engagé leurs services secrets aux côtés des grandes entreprises du pays. Sur le terrain, les consulats américains envoient des émissaires, baptisés American Present Posts (APP), visiter des sociétés innovantes qu’ils savent en mal de financement, pour leur proposer un coup de pouce financier. “Au Maroc, les agents US avaient bien tenté d’approcher le secteur des télécoms, sans pour autant réussir à supplanter les Français de Vivendi. Même topo avec Boeing, l’éternel concurrent d’Airbus, qui a dû user de mille astuces pour ne pas perdre totalement le marché de la RAM au profit des Européens”, rappelle une source diplomatique française. Alors que les entreprises marocaines étaient très en retard en matière d’espionnage économique, le commando économique monté par Yassine Mansouri, en filtrant le flux d’argent et les investissements étrangers, promet d’accompagner, de près ou de loin, la vie des grands groupes marocains, ONA en tête. Sera-t-il, demain, en mesure de prévoir (et d’éviter au Maroc) un scandale du genre Annajat ?

    TelQuel Magazine.

    Source

    Tags : Maroc, Makhzen, DGED, Yassine Mansouri, espionnage économique,

  • Fausse mélodie de transition au Maroc

    C’était par frustration que le Maroc se levait, pour sa dignité. Le moment était venu de structurer le vide sinon de le remplir. Et le « mouvement du 20 Février », dominé par gauchistes et islamistes, résulta.

    Il est beaucoup trop tôt pour juger la portée de cet événement, mais quoi qu’il advienne, un élément du jeu n’a pas changé ; il s’agit des relations entre le pouvoir et la société. Entre le Makhzen et le Maroc. A en croire cette affirmation, l’autorité de cet Etat résiderait dans sa capacité à répondre aux attentes des Marocains. Si l’Etat n’en n’est pas capable, quid de sa légitimité ?

    Que va donc dire le roi du Maroc, Mohammed VI, dans son très attendu discours à la Nation ? Que de nombreuses « mesures politiques, économiques, sociales » ont été prises pour calmer la soif démocratique, soigner la névrose des rues, faire taire la colère des citoyens ? Que le Maroc entame une phase importante de son histoire ? Que son « peuple adoré » doit soutenir l’évolution et le développement de son pays ?

    Mohammed VI s’apprête surement à chambouler l’ordre constitutionnel marocain pour gagner la sympathie de ces sujets et se prémunir contre le vent de révolte. Le Maroc est « l’exception », sans doute n’est-il pas (ou plus) nécessaire de le rappeler. La démagogie, à défaut d’être dénoncée, est plébiscitée. Rappelons là le projet d’une marche en faveur du Roi, pour défendre la monarchie contre ceux qui veulent un coup d’Etat au Maroc.

    Pourquoi tant d’illusions ? Parce qu’elle [la monarchie] prend les Marocains par les sentiments, parce que le père promet d’offrir à son enfant ce qu’il n’aura jamais. Et puis, soyons réalistes, parce que le Roi [ou le Maroc, sans mauvais jeu de mots] n’est pas en mesure de répondre à toutes les demandes, et qu’il ne peut pas faire de choix, en favorisant l’une, et rejetant l’autre. Il ne représenterait plus l’unité de la nation. Il risquerait d’être dénoncé. Attention, blasphème.

    « Ils nous prennent simplement pour des cons », ai-je récemment entendu suite à une conversation au sujet de la constitution. Sous cette phrase, une idée autrement plus complexe, celle de la perversion du système, qui renforce l’hypocrisie d’un Etat qui laisse son peuple se nourrir d’espoir pour, au final, le noyer dans la confusion, dans l’interrogation, dans la crise identitaire, nationale, et politique, sans doute la plus grave. Celle de ne plus croire en ses représentants. De fermer bouches et oreilles. Et d’être en colère. En colère contre le vice. L’alliance clientéliste vécue au Maroc est la vraie religion d’Etat, elle est l’opium du Makhzen. Changer ce seul – en réalité, gigantesque- facteur reviendrait à faire du Maroc l’Etat où la révolution a eu lieu.

    Source : E-Plume

    Tags : Maroc, Makhzen, Printemps Arabe, Mouvement 20F,

  • Le réveil algérien vu du Maroc : le pouvoir aux aguets, les militants en soutien

    Ce serait peu de dire que le Maroc s’intéresse à ce qui se passe actuellement en Algérie. Pouvoir, journalistes, militants et simples citoyens ont depuis quelques semaines les yeux rivés sur l’autre côté de la frontière, fermée depuis bientôt un quart de siècle. Avec cependant des regards différenciés.

    L’ironie de la situation mérite d’être soulignée : alors qu’habituellement, entre Rabat et les organisations internationales qui scrutent l’évolution du royaume à coup de baromètres, il est question d’éternelles prises de bec où la partie marocaine ne manque pas de dénoncer « l’impartialité » de leurs rapports, souvent bien critiques, depuis début février, il en est autrement, comme par enchantement, s’agissant bien entendu de ce qui est dit de l’Algérie.

    La MAP, l’agence de presse officielle, s’évertue à citer la moindre communication émanant des ONG internationales à l’adresse du voisin de l’Est. Exemple parmi d’autres, lorsque Reporters sans frontières (RSF) est venue déplorer « la pression exercée sur les médias algériens », son avis a donné lieu à une dépêche, alors que ses alertes sur les vicissitudes vécues par les journalistes locaux et étrangers ayant couvert le Hirak rifain de 2007 ont été passées sous silence…

    Une ligne éditoriale qui ne surprend guère, un rapport de la Cour des comptes reprochait déjà en 2013 à l’agence, nationalisée en 1974 par l’ancien roi Hassan II, de privilégier les informations institutionnelles et officielles, au détriment de la règle de la polyphonie, mais qui est particulièrement cultivée en ces temps de soulèvement populaire en Algérie contre l’hérésie d’un cinquième mandat du président Bouteflika, 82 ans, malade et mutique depuis sept ans.

    Dans la même veine, la frange de plus en plus large de la presse connue pour ses accointances avec le versant sécuritaire du Makhzen force le trait sur la « bombe algérienne ». On retiendra particulièrement les coups portés à la carotide du régime gérontocratique par Le360 annonçant que « le plus marocophobe des apparatchiks algériens est de retour » pour rapporter la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, en tant que conseiller diplomatique auprès du « dictateur »Bouteflika

    La télévision, exclusivement d’Etat, ne manque pas de consacrer à chaque JT des « reportages » toujours alarmistes sur les manifestations en Algérie, moulinant des images d’agences sur fond de récit pronostiquant l’imminence d’un désordre révolutionnaire. Les grands moyens sont également déployés, notamment chez la Tangéroise Medi 1TV, à l’ambition maghrébine, qui a dépêché sous les fenêtres de Bouteflika, hospitalisé à Genève, un envoyé spécial pour réaliser des duplex quotidiens dans un scénario de mise sous tension permanente.

    C’est qu’entre Rabat et Alger, ce n’est pas tant le réveil des masses populaires, réminiscences des printemps arabes souvent vite étouffés qui est l’objet d’analyses, mais cette raideur continue entre les deux frères rivaux du Maghreb que la question du Sahara Occidental a maintenu dans une rivalité datant de la Guerre froide.

    LE SAHARA OCCIDENTAL, ÉTERNEL NŒUD GORDIEN

    Nombre d’observateurs, professionnels ou simples commentateurs sur les réseaux sociaux, considèrent que toute solution au conflit, nécessaire à une détente et à une normalisation tant attendue de la part des peuples, ne pourrait venir qu’avec un changement de régime en Algérie. Et comme pour pousser à la roue, Bouteflika est ainsi éreinté sur Twitter et Facebook où son image d’homme finissant, agrippé autant à son fauteuil roulant qu’au pouvoir est sans cesse ressassée.

    La même attente est perceptible de la part du pouvoir royal qui a récemment tendue la main à La Mouradia pour ouvrir « un dialogue sans conditions ». Celui-ci, quoique silencieux, est aux aguets, scrutant les tendances qui se dégagent de l’extraordinaire mobilisation de cette jeunesse algérienne qui aspire au renouveau, mais qui se révèle aussi comme le miroir des ambitions de la même génération de Marocains dont elle est coupée depuis 25 ans… Il faut dire que du Rabat officiel, la fin imminente du règne statique de Bouteflika est vécue autant comme une délivrance qu’avec une inquiétude légitime : « Tout chaos aux frontières de l’Est n’apporterait que des effluves de déstabilisation pour toute la région, tant le régime algérien, déjà opaque n’est que trou noir », reconnaît-on dans les milieux sécuritaires.

    Mais si ces considérations pragmatiques influent la position marocaine officielle, d’autres voix se lèvent pour appeler au soutien inconditionnel et fraternel au peuple algérien dans sa « cause juste ». L’Algérie, n’ayant pas véritablement connu de mouvement social durant les révolutions arabes, selon nombre d’observateurs, elle serait donc actuellement en train de vivre son propre printemps avec une fraîcheur jusqu’ici insoupçonnée. Suivant les récents rebonds de l’actualité algérienne, essentiellement à travers les réseaux sociaux, plusieurs anciens militants du mouvement du 20 février (M20F) y voient, avec une pointe de nostalgie, un écho à leurs propres contestations.

    Hormis les revendications propres à la situation politique de chaque pays, l’ambiance bon enfant et exemplaire des marcheurs, la récurrence des mobilisations le week-end, ou encore leur ampleur, rappellent en tous points les différentes marches du M20F de 2011. Certains s’en amusent en allant même jusqu’à comparer certaines personnes prises en photo lors des marches d’Alger avec des figures connues du militantisme au Maroc… (voir photos)

    Si les points de vues s’accordent en majorité pour railler les épisodes les plus surréalistes du « House of Cards » ou du « Game of Thrones » qui se jouent à Alger, quelques piques bien senties sont également adressées à certains médias marocains, mutiques lors des défilés du M20F, mais particulièrement productifs pour décrypter aujourd’hui la situation algérienne. Ceux sont aussi les pontes de la télévision publique, toujours droits dans leurs bottes pour déclamer le discours officiel, qui sont malmenés sur les réseaux sociaux, comparés à leurs « courageux » homologues algériens ayant défié leur hiérarchie ou démissionné pour protester contre la ligne éditoriale biaisée imposée à leurs médias.

    Dans une « lettre aux Algériens » publiée sur Facebook, Nasser Zafzafi, figure de proue du Hirak rifain, condamné à 20 ans de prison, a salué quant à lui « le Hirak populaire algérien », se félicitant de « son caractère pacifique » et de son « grand sens du patriotisme » à même de « déjouer les méthodes du makhzen algérien qui a transformé ce pays d’un million et demi de martyrs, en un Etat corrompu et totalitaire ». Pour lui, malgré la fermeture des frontières entre les deux piliers du Maghreb, il demeure « un seul peuple (…) qui partage les mêmes difficultés et aspirations ».

    Un message « d’encouragement et de conseil contre toute récupération politique à des fins autres que celle de la juste cause » repris en boucle par des militants rifains sur la Toile, considérant ainsi que le réveil algérien est consubstantiel aux aspirations communes des peuples marocain et algérien en quête des mêmes liberté et dignité…

    Algérie Espoir, 11 mars 2019

    Tags : Maroc, Algérie, Hirak,

  • Migrants-L’Espagne demande à l’UE d’accroître son aide au Maroc

    RABAT, 3 juin (Reuters) – L’Espagne a demandé lundi à l’Union européenne d’accroître son aide financière au Maroc afin d’aider le pays nord-africain à contenir les départs de migrants vers l’Europe.

    « Le Maroc nous aide », a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrell, lors d’une visite à Rabat.

    L’UE a promis l’an dernier de verser 140 millions d’euros au Maroc, dont 30 millions ont été déboursés cette année.

    Depuis le début de l’année, le Maroc a empêché quelque 30.000 personnes de franchir illégalement la frontière avec l’Espagne et démantelé une soixantaine de réseaux de passeurs, a dit le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita.

    Durant les cinq premiers mois de l’année, 7.876 migrants clandestins sont arrivés en Espagne par la mer, soit 3% de moins que l’an dernier pour la même période, selon les statistiques établies par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les chiffres de l’OIM pour le mois de mai font état d’une chute de 67% des arrivées par la mer, par rapport à mai 2018, avec 1.160 arrivées.

    Environ 57.000 personnes sont arrivées illégalement en Espagne l’an dernier, alors que le Maroc dit avoir bloqué quelque 89.000 départs vers l’Europe. (Ahmed Eljechtimi Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

    © Thomson Reuters 2019

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    Tags: Maroc, Espagne, Josep Borrell, migration, UE

  • Maroc : Les cinq responsables marocains qui ne peuvent plus se rendre dans l’espace Schengen

    En 2014, quelques jours avant que des policiers français ne se rendent chez l’ambassadeur du Maroc en France pour remettre au patron de la DST, la police politique marocaine, Abdellatif Hammouchi, une convocation d’un juge français au sujet d’accusations pour des faits de «torture», une décision de justice française concernant l’affaire Ben Barka a eu lieu dans la plus grande discrétion.

    Cinq mandats d’arrêt internationaux à l’encontre du général Hosni Benslimane, commandant en chef de la gendarmerie royale Abdelhak Kadiri, ancien patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, renseignements militaires), Miloud Tounsi Larbi Chtouki, l’un des membres présumés du commando marocain qui a enlevé Mehdi Ben Barka et Abdelhak Achaâchi, agent du Cab 1, une des unités des services marocains ultra secrète de sinistre mémoire, et l’infirmier Boubker Hassouni, également agent du Cab 1, devenaient valables dans tout l’espace Schengen.

    Ces mandats d’arrêt internationaux, lancés en 2007, avaient été bloqués la même année au niveau d’Interpol par l’exécutif du président françaisNicolas Sarkozy.

    Dorénavant, c’est-à-dire depuis un an maintenant, si ces mandats sont toujours bloqués au niveau international, ils ne le sont plus dans l’espace Schengen.

    Certains croient savoir que cette décision a contribué, avec l’affaire Hammouchi, à refroidir considérablement les relations franco-marocaines.

    Source: demainonline

    Tags : Maroc, France, Ben Barka, El Hammouchi, mandats d’arrêt internationaux, Interpol,

  • Maroc : Les secrets du cabinet royal

    Par Souleïman Bencheikh

    Conseillers, analystes, stratèges : ils forment un gouvernement de l’ombre au service exclusif de Mohammed VI. Qui sont-ils ? à quoi servent-ils ? TelQuel perce le secret.

    Le cabinet royal alimente les rumeurs. On sait depuis toujours que la proximité du roi, entourée de mystère, fait des bavards. Elle alimente aussi les passions. A mesure que l’équipe de choc de Mohammed VI grossit, à mesure qu’elle vole la vedette au gouvernement, les mécontentements affleurent. Le sens commun met dans le même sac un Fouad Ali El Himma, dépêché au chevet de la scène politique, et des conseillers royaux mis à contribution pour la formation du gouvernement. Le résultat est le même : c’est l’oreille du roi qui fait droit. Les proches de Mohammed VI sont ainsi crédités d’un pouvoir immense, celui de faire et défaire les carrières, de lancer ou bloquer des réformes, au gré de leur influence. Mais derrière les quelques conseillers du roi, c’est toute une équipe qui travaille dans l’ombre, recrutée avec soin.

    Chasseur de têtes

    Avril 2007, dans les couloirs des grandes écoles parisiennes, la rumeur bruisse. Le petit monde des étudiants marocains est en ébullition, mais seuls quelques rares initiés se passent le mot : “Tu sais que le cabinet royal recrute ? ça t’intéresse ?” Profil recherché : un jeune bardé de diplômes, à la discrétion éprouvée et, bien entendu, monarchiste convaincu. Finalement, l’heureuse élue est une jeune femme de 25 ans, diplômée d’une prestigieuse école de commerce parisienne, riche d’une expérience de quelques mois en banque d’affaires. Pour son premier job au Maroc, Zineb a ainsi rejoint au cabinet royal une équipe permanente de 25 chargés de mission. Autour d’elle, des profils un peu plus traditionnels : beaucoup d’hommes, 45-50 ans en moyenne, qui ont souvent bourlingué avant d’atterrir dans le saint des saints.Yassine, la cinquantaine bien trempée, était chargé du recrutement de la perle rare. Il ne cache pas sa satisfaction : “J’avais un cahier des charges très clair. Au cabinet, nous avons besoin de profils d’excellence, des jeunes gens capables de sacrifier pour un temps leur vie de famille”. A l’entendre, travailler au cabinet royal serait un sacerdoce : “Beaucoup d’entre nous pourraient gagner bien plus dans le privé. Ce qui est intéressant dans ce boulot, c’est le sentiment de travailler sur des dossiers essentiels pour le pays”. Il ne compte plus les heures passées au bureau, les coups de fil tardifs, les déplacements de dernière minute… Mais en quelques années passées au cabinet, ce travailleur de l’ombre, sans doute une des têtes les mieux faites du royaume, a gagné en assurance : poignées de main par-ci, sourires par-là, Yassine est exactement à sa place. Même s’il n’a pas toujours le temps pour savourer : dans l’entourage du roi, nous explique-t-on, il n’y aurait guère de place pour l’autosatisfaction mal placée, on ne cherche que des profils discrets, souvent rbatis ou fassis, rarement casablancais. Petite berline (noire de préférence), costume sombre et ton mesuré, les membres du cabinet évitent de trop s’afficher. L’un d’eux confirme : “Nous évitons les profils hauts en couleur. En fait, nous avons deux mots d’ordre : retenue et sobriété. D’ailleurs, le cabinet royal ne fait rêver que parce qu’il est mystérieux. A l’intérieur, il n’y a rien de vraiment épatant”.Il n’empêche que, pour le commun des mortels, le cabinet, toujours associé au palais et à la cour, reste fascinant. Nombreux sont les petits ambitieux qui font courir le bruit qu’ils ont leurs entrées dans le cercle des collaborateurs du roi. Yassine sourit et concède : “Cette fascination m’amuse, oui, j’avoue”.

    Dans l’antre du loup

    La liste des membres du cabinet royal est pourtant connue, puisqu’ils sont nommés par dahir. Outre les six conseillers directement rattachés à Mohammed VI, on compte une grosse vingtaine de chargés de mission dont la hiérarchie est fixée par le roi. Restent les collaborateurs à temps partiel, qui sont souvent détachés auprès du cabinet par d’autres ministères. Ils seraient ainsi 100 à 150 cabinards à être concernés. A leur tête, Mohamed Rochdi Chraïbi, ami d’enfance du roi, joue le rôle officieux de directeur. Mais dans les faits, chaque conseiller a son équipe, plus ou moins étoffée.Abdelaziz Meziane Belfkih et Zoulikha Nasri sont les mieux lotis, peut-être parce qu’ils sont aussi les plus actifs ou, du moins, les plus visibles. Le premier a en charge des dossiers essentiels, avec plus ou moins de réussite. Il est par exemple fier d’avoir planché sur la réalisation du port de Tanger Med. Mais, concernant la question amazighe ou la réforme de l’enseignement, Meziane Belfkih n’a pas encore tiré son épingle du jeu. Zoulikha Nasri, venue du monde de l’assurance, s’occupe quant à elle des questions sociales. Elle chapeaute pour le compte du roi la fondation Mohammed V pour la solidarité. Dans une moindre mesure, Mohamed Moâtassim a aussi son domaine d’influence, lié à la politique. Réputé proche de Fouad Ali El Himma, il a participé à la formation du dernier gouvernement avant d’être épaulé par Meziane Belfkih. André Azoulay occupe une place à part. Conseiller depuis 1991, il a longtemps été très proche de Hassan II et du prince héritier, avant de perdre du terrain sous Mohammed VI. Il garde la haute main sur le festival gnawa d’Essaouira, ville dont il est natif, et reste indispensable pour son réseau international et ses amitiés américaines. Il est aujourd’hui le VRP du régime, constamment en déplacement, mais peu souvent aux côtés du roi. Les deux autres conseillers, Omar Kabbaj et Abbès Jirari, occupent pour le moment une place marginale dans l’entourage du roi.Car, dans l’antre du loup, les places sont chères. “Tout est question de positionnement. Il faut savoir ficeler un dossier car rien ne nous échoit par hasard. Avant qu’un conseiller prenne la charge d’un dossier, il doit se battre en amont”, explique ce proche du sérail. Tout serait ainsi question de forme plus que de fond, d’approche et de calcul plus que de courage et de sincérité. Déjà, Hassan II, en son temps, avait prévenu : “Les conseillers sont des collaborateurs dévoués qui me sont proches et me tiennent compagnie (…) ceux que je peux sans gêne recevoir même dans ma chambre à coucher, quand je suis encore au lit”. Le conseiller doit ainsi avoir toutes les qualités du bon courtisan (avoir de la conversation, savoir plaire au roi) sans forcément avoir un domaine de compétence spécifique. Sous Mohammed VI, le rôle et la place des conseillers au sein de la cour ont sans aucun doute évolué, ne serait-ce que parce que la plupart sont entrés au cabinet du temps de Hassan II et, à ce titre, ne font pas partie du cercle resserré des amis du roi, composé pour l’essentiel de ses camarades du Collège royal. Mohammed VI a ainsi changé quelques unes des habitudes du cabinet. Alors que Hassan II lisait ses discours dans leur première version, arabophone, les collaborateurs de son fils lui préparent un texte en français qui est ensuite traduit. L’intérêt est de dégager des idées fortes, des slogans qui se veulent fédérateurs, comme “monarchie exécutive” et “monarchie citoyenne”. “Les arabophones du cabinet royal ne peuvent pas penser à ce type de mots d’ordre”, s’amuse, un brin cynique, un chargé de mission.

    Gouvernement de l’ombre

    “C’est avec Hassan II que le cabinet royal a pris l’allure d’un shadow cabinet surveillant étroitement les activités du gouvernement, mais au début, il n’avait qu’un rôle réduit et officieux qui se limitait aux conseils et aux informations donnés par une poignée de collaborateurs discrets à un roi encore mal assuré dans ses nouvelles fonctions de chef de l’Etat”, écrit John Waterbury dans Le commandeur des croyants, la monarchie marocaine et son élite. (PUF, 1975). Historiquement, ce “shadow cabinet” est créé en 1950, sous la dénomination “cabinet impérial”. Le 7 décembre 1955, un dahir fixe sa composition : un directeur général, un directeur, un chef de cabinet, un conseiller et huit attachés. Soit 12 personnes, loin de la trentaine de membres permanents actuels. La chaîne des responsabilités est alors presque cartésienne, très hiérarchisée et le cabinet a alors toujours un animateur principal, un leader avéré. Dans les années 1960, le conseiller royal Ahmed Reda Guédira a ainsi cristallisé la rancœur des politiques, notamment parce qu’il était omniprésent sur la scène politique et médiatique. Même ses confrères au cabinet royal, à l’image de Abdelhadi Boutaleb, ne se sont pas privés de dénoncer (post mortem) sa propension à marcher sur les terres d’autrui.Mais sous Hassan II, le cabinet n’était pas encore ce qu’il est devenu. “Baptisé par les Rbatis le “garage”, ou la “pépinière”, le cabinet royal est une gare de transit entre deux ministères, pour les personnalités du régime”, écrivait Cubertafond en 1975. Mais depuis les années 1990, il n’est plus un point de chute, il est au contraire devenu l’aboutissement d’une carrière ministérielle, une sorte de cooptation makhzénienne des élites technocrates. Les gouvernements de Karim Lamrani et Abdellatif Filali ont ainsi permis à certains ministres de s’illustrer aux yeux du roi et d’être ensuite cooptés, à l’instar de Meziane Belfkih ou Omar Kabbaj. Cette évolution vers le recrutement de profils plutôt technocratiques au sein du cabinet royal a de quoi effrayer les milieux politiques. Etudiée à la lumière de la faible attractivité des partis, elle traduit aussi le peu d’estime dans lequel ils sont tenus.Les technocrates devenus conseillers ne constituent pas pour autant la première garde rapprochée du roi. Mohammed VI a un cercle d’amis dont ne font pas forcément partie les conseillers. Au premier rang desquels Mustapha Mansouri, patron de la DGED, Fouad Ali El Himma, et Mounir Majidi, secrétaire particulier. Rochdi Chraïbi peut, lui, être considéré comme la tête de pont du “groupe des amis” au sein du cabinet royal.

    L’Etat, c’est le roi

    La confusion entre ce qui relève des aspects privés de la monarchie (les amitiés et les affaires du roi) et ce qui a trait à l’intérêt commun (réformes, investissements) est une constante historique. Les va-et-vient sont ainsi incessants entre le secrétariat particulier (qui gère la fortune de Mohammed VI) et le cabinet (qui s’occupe des dossiers du roi), y compris des flux de numéraire. Le budget du cabinet royal est de ce point de vue intéressant : il n’est tout simplement pas du domaine public, noyé dans les 2,5 milliards de dirhams qu’engloutit chaque année la monarchie. Ceux qui évoquent le démembrement de l’Etat par le roi ont notamment à l’esprit la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), le Conseil supérieur de l’enseignement (CSE), et le Conseil consultatif des droits de l’homme (CCDH). Toutes ces administrations, auxquelles il faut ajouter trois fondations, sont rattachées au roi par le biais de ses conseillers et échappent au contrôle du gouvernement. Décision louable, en 2008, les budgets de la HACA et du CCDH sont, pour la première fois, passés sous le contrôle de la primature. Autres preuves de bonnes intentions, le consultant Hicham Chbihi a été chargé jusqu’en 2004 d’une mission de réorganisation du cabinet. Selon une source proche du dossier, les audits effectués à cette occasion n’auraient révélé aucun dysfonctionnement majeur. Les signes annonciateurs d’une plus grande transparence sont bel et bien là, même si l’oreille du roi ne se partagera jamais.

    3 questions à Mohamed Tozy (politologue)

    “Demain la transparence”On parle beaucoup du rôle et de la place des conseillers du roi dans le paysage politique marocain. Empiètent-ils sur les prérogatives du gouvernement ?Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il y a une administration directe des conseillers royaux sur le gouvernement. Il n’y a pas de substitution formalisée. Par contre, on peut certainement parler d’influence, notamment dans les nominations, car les conseillers maîtrisent les voies de passage vers le roi.Est-ce une nouveauté ?C’est un débat ancien. De 1965 à 1967 par exemple, cabinet royal et gouvernement se confondaient : Hassan II administrait directement le pays. Sous Mohammed VI, la nouveauté, c’est que le rôle des conseillers est plus visible. Ils prennent la parole en public plus souvent et sont donc aussi plus exposés.L’influence des conseillers reste très obscure et le flou règne quant au budget alloué au cabinet royal. Dans ce cadre, peut-on parler de transparence ?Il est vrai qu’à la cour, les cotes montent et descendent très vite, un peu comme à la Bourse. Malgré tout, il y a un début de rationalisation, une forme de permanence qui assure aux conseillers un véritable pouvoir et les protège aussi quelque peu d’une éventuelle disgrâce. Quant au budget du cabinet royal, on ne peut que souhaiter que les dépenses publiques soient soumises aux mêmes contrôles, notamment celui de la Cour des comptes. Ce qui n’est pas encore le cas.

    Plus loin. Sésame, ouvre-toi

    Vitrine de la monarchie ou tombeau de ses secrets, le cabinet royal vit une transition difficile. Il subit de plein fouet la schizophrénie dont souffre le régime. Les conseillers en communication de Mohammed VI vantent les mérites de la transparence et de la bonne gouvernance, semblant rompre avec les pratiques d’un autre règne. Autoritarisme et dirigisme seraient désormais remisés au placard. Mais, dans le même temps, jamais le cabinet royal n’a semblé aussi omniprésent. Ses succès, les dossiers qu’il a ficelés et le crédit qu’il a engrangé auprès du roi mettent en relief les défaillances de l’administration marocaine, abandonnée aux luttes partisanes. Face à des ministres dépassés ou à la recherche de parachutes dorés, les conseillers du roi, dûment financés, avancent leurs pions : nominations, grands investissements et même réformes politiques, peu de choses leur échappent. Mais, pendant qu’on prône la méritocratie, ce sont les mêmes mécanismes de cooptation qui s’affinent et se développent, reposant toujours sur l’allégeance au trône. Alors qu’on loue les mérites de la gouvernance, les circuits décisionnels sont toujours aussi informels, et contournent encore les mécanismes ministériels. La transparence est érigée en dogme, mais le culte du secret perdure : “Le mystère est un attribut du pouvoir”, susurrent les éminences grises du régime. Que valent alors ces mots martelés comme des slogans : gouvernance, transparence, méritocratie, citoyenneté ?Fier des réalisations de son cabinet, mais fidèle à sa longue tradition d’omerta, le régime semble en fait osciller entre désir de montrer et culture du secret. Flash-back. Il y a un an, quelques semaines après la formation du gouvernement El Fassi, les conseillers Mohamed Moâtassim et Abdelaziz Meziane Belfkih montaient au créneau dans la presse pour expliquer leur rôle dans les nominations. Quelques mois plus tard, au moment de la parution du rapport annuel du CSE (Conseil supérieur de l’enseignement), le même Meziane Belfkih endossait sa casquette de président délégué du Conseil pour évaluer l’état de notre système éducatif. Mais, lors de ces deux seuls rendez-vous en un an, la communication des Moustacharine a été désastreuse : interviews de commande dans le premier cas et, dans le deuxième, mauvaise synchronisation médiatique avec le ministère de l’Education. Pour autant, les conseillers ne sont pas inaccessibles : désireux souvent d’apparaître sous leur meilleur jour, les Moustacharine peinent à se départir d’un silence que seul le roi a le pouvoir de briser. Jusqu’à présent bras armé de la “monarchie exécutive”, le cabinet royal ne pourra opérer le virage de la “monarchie citoyenne” sans entrouvrir ses portes.

    Souleïman Bencheikh

    Tel Quel, novembre 2008

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, palais royal, conseillers, Fouad Al El Himma,