Catégorie : Maroc

  • Pourquoi le roi Maroc aime porter des vêtements « de mauvais goût »

    Le monde de la mode est, certes, imprévisible et surprennant. Cela n’est pas nouveau. Chaque année, une multitude de tendances de toutes sortes et pour tout le monde nous parvient de la part des designers les plus prestigieux de la planète.

    Cependant, dans ce cas-ci, ce n’est pas la mode qui nous a surpris, mais celui qui la porte. Ni plus ni moins que le Roi du Maroc en personne.

    La surprise du style royal n’a pas été remarquée lors d’un acte ou d’une cérémonie officielle, mais dans les apparitions du roi Mohammed VI lors de ses promenades dans les rues parisiennes, ce qui a déclenché les réactions les plus folles dans les réseaux sociaux à cause de la tendance du souverain marocain à s’afficher en fashion victim. Il n’hésite pas à poser pour une photo habillé de jeans déchirés et avec des vestes aux couleurs vives.

    La fréquence de ces poses royales est remarquée, ce qui dénote une méthode de communication, mais aussi une tendance stylistique très aimée par le roi du Maroc. Une tendance « de mauvais goût » selon la presse espagnole.

    Si selon le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, « le roi du Maroc aime le pouvoir mais pas le travail qu’il suppose », le style vestimentaire exécutif ne va pas avec son caractère au point qu’il rate souvent sa sortie en raison de son goût pour les tendances de la mode.

    Ces sorties renvoient plusieurs messages au public. Une des options serait qu’il voudrait ironiser son image de monarque d’un pays dont la démocratie est questionnée de plus en plus avec un look plus proche et moins rigide, selon les commentaires de Pedro Mansilla, sociologue, journaliste et critique de mode. C’est ainsi qu’il a expliqué des images qui, pour lui, sont « surprennantes et déconcertantes ».

    C’est aussi un fait étonnant de la part d’un monarque d’un pays fidèle à la culture de l’Islam. Ce n’est pas habituel, même dans les monarchies occidentales les plus ouvertes.

    Ces multiples parutions avec des vêtements bizarres à chaque fois, prouve que la garde-robe de Mohammed est remplie de ce style. On dirait qu’il cherche à provoquer et à attirer l’attention sur lui, pour faire parler de lui ou une façon de dire « j’ai le droit de m’habiller comme je veux ».

    Cependant, la photo du roi publiée sur Instagram avec une montre d’une valeur d’un million 200 mille dollars a été fortement critiquée en raison des conditions de vie précaires qu’il impose à son peuple. Ella a gâché le message de rébellion qu’il veut transmettre.

    Hier, le roi du Maroc a été de nouveau photographié à Paris dans un magasin de matériel électronique.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, mode, vêtements, style, selfies, communication,

  • L’UE finance au Maroc une justice utilisée pour réprimer la population

    Le Service Public Fédéral belge a annoncé un programme de soutien au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), une institution créée en 2017 dans le bur de « renforcer l’État de droit par un pouvoir judiciaire indépendant, accessible et efficace », a annoncé jeudi le site officiel de la justice belge.

    « Les différents acteurs de la Justice belge, le SPF Justice, le CSJ, le Collège des cours et tribunaux et le collège du ministère public se sont unis pour apporter au CSPJ leur collaboration et appuyer les capacités institutionnelles, managériales et organisationnelles de cette jeune institution en s’inspirant des bonnes pratiques et de l’acquis communautaires européens », a-t-il ajouté.

    La conférence de lancement a eu lieu ce jeudi 2 mai 2019 à Rabat en présence de nombreuses personnalités du monde judiciaire belge et marocain.

    Ce projet, dont les activités se déploieront sur une période de deux ans, est financé par l’Union européenne et s’inscrit dans la lignée d’une longue et fructueuse collaboration entre le Royaume du Maroc et la Belgique.

    Pour le mener à bien, les partenaires judiciaires belges bénéficient de la collaboration de l’Agence Belge de Développement, Enabel.

    Cette collaboration risque de s’avérer infructueuse vue le manque de volonté de la part du pouvoir marocain de rendre indépendante une justice qui, selon un câble diplomatique confidentiel américain révélé par Wikileaks, est utilisée comme moyen de répression. Le câble cite les confessions d’un procureur à l’ambassade américaine: « D’autres pays ont recours à l’armée ou à la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous utilisons le système judiciaire », avait-il déclaré.

    Tags : Maroc, Belgique, justice, Etat de droit, indépendance de la justice, Enabel, Union Européenne, UE, SPFJ,

  • Hicham Alaoui : « L’exception marocaine » est une idée française pour faire échec à l’aspiration démocratique au Maroc

    Source : Alifpost, 29/04/2019

    De l’exceptionnalisme à la singularité: L’expérience maghrébine dans une perspective contemporaine/ Hicham Alaui

    Aujourd’hui sera un jour de débat délibératif, je ne vous accablerai donc pas de discussions académiques excessives. Par-dessus tout, je voudrais vous souhaiter à tous la bienvenue à cet atelier, qui représente l’aboutissement d’un riche voyage intellectuel. Ce voyage a commencé en 2015, lorsque le professeur Stephen King, le professeur Abdeslam Maghraoui et d’autres interlocuteurs ont commencé à organiser une conférence pour explorer la politique contemporaine en Afrique du Nord.

    L’effort qui en a résulté en avril 2016 a rassemblé un cercle impressionnant d’universitaires dans un atelier chargé pour engager les courants sociaux, économiques et politiques du Maghreb. Les contributeurs à ce projet sont devenus les auteurs de divers chapitres de ce nouvel ouvrage, que nous sommes tous heureux de voir se concrétiser. En même temps, je suis intimidé par les connaissances dans cette salle. Beaucoup d’entre vous connaissent mieux que moi les nuances empiriques et les contours théoriques de la région. C’est pourquoi, dans cet esprit, permettez-moi de ne présenter qu’une seule idée en guise de réflexion dans le cadre de nos discussions. Je présente cette idée non pas comme un technicien académique mais comme un citoyen privé marocain qui, d’un point de vue unique en tant que chercheur et témoin, a vu cette région évoluer au fil des décennies.

    Il y a longtemps eu une idée qui se cache dans le discours politique au sein du monde arabe, et même dans les milieux universitaires, sur l’exceptionnalisme maghrébin. Par ” exceptionnalisme “, j’entends l’idée que les États d’Afrique du Nord ne suivent pas le modèle général du Moyen-Orient ou d’autres pays en voie de modernisation. Au contraire, les pays du Maghreb évoluent à leur propre rythme en raison de leur spécificité culturelle.

    Dans le passé, l’argument en faveur de l’exceptionnalisme maghrébin a été mis à profit par divers acteurs au service de projets antidémocratiques. La France a invoqué cette croyance pour justifier sa domination coloniale. Il l’exploiterait à nouveau au cours des décennies suivantes en insistant sur le fait que c’était la stabilité et l’ordre, et non la transformation politique, qui étaient recherchés par les sociétés de l’Afrique du Nord. N’oublions pas la quintessence de la déclaration de l’ancien président français Jacques Chirac, qui, dix ans avant le printemps arabe, proclamait que les Tunisiens voulaient du pain et de la nourriture, et non la liberté et les droits humains. Une telle déclaration est venue du président du lieu de naissance de l’illumination.

    Ironiquement, de nombreux analystes ont réagi à la démocratisation tunisienne en affirmant que c’est le caractère exceptionnellement tolérant et libéral du pays qui a présidé à la révolution jasminienne. Il semble que l’exceptionnalisme ne meurt jamais. De même, pendant et après le printemps arabe, alors même que la Tunisie subissait ses changements révolutionnaires, les régimes marocains et algériens ont insisté sur le fait qu’ils restaient uniques par leur résistance et leur durabilité face aux troubles régionaux. La version algérienne de l’exceptionnalisme implique qu’une économie planifiée centralisée, une position géopolitiquement neutre et un tiers-mondisme d’origine révolutionnaire font du pays un candidat improbable à l’agitation révolutionnaire.

    L’exceptionnalisme au Maroc a reposé sur la persistance du monarchisme. Le régime royal est présenté comme une panacée essentielle, mystérieuse et même orientaliste aux besoins de la société marocaine, ce qui rend le pays résistant au changement. Autre exemple, des observateurs ont parfois suggéré que l’islam et l’islamisme en Afrique du Nord sont exceptionnels par leur caractère modéré et leur pratique historique.

    Cette notion plus large d’exceptionnalisme maghrébin peut aussi provenir en partie du discours postcolonial, qui a profondément imprégné la façon dont des générations d’Occidentaux sympathisent avec les luttes du monde arabe. Elle a été à son tour instrumentalisée par certaines élites françaises et leurs homologues autocratiques du Maghreb. Pourtant, aujourd’hui, près d’une décennie après le printemps arabe et alors que nous assistons à la dernière vague de changements politiques en Algérie, il est devenu évident que l’exceptionnalisme maghrébin est une idée qui doit être recalibrée.
    Ce que je propose, c’est que l’Afrique du Nord ne soit pas considérée comme exceptionnelle, mais comme singulière. Il y a une singularité maghrébine que l’on peut observer aujourd’hui, une singularité qui ne se définit pas par son insularité par rapport à d’autres événements ou traits immuables arabes, mais plutôt par la manière dont les forces structurelles se combinent et se recombinent d’une manière dynamique. En effet, le Maghreb est un microcosme du monde arabe. C’est là que réside sa singularité.

    Dans les seuls États d’Afrique du Nord, nous pouvons saisir les variations transversales spectaculaires qui caractérisent les tendances régionales plus larges. Nous voyons à la fois le monarchisme contre le républicanisme, la démocratie contre l’autoritarisme, l’ordre politique centralisé contre l’effondrement des États, la laïcité contre l’islamisme, et le rentierisme pétrolier contre le développement pauvre en ressources. La liste est longue : au sein de cette sous-région, nous avons une diversité extraordinaire. Le seul point commun entre les pays du Maghreb est peut-être la langue : tout le monde dans le monde arabe s’accorde à dire que nos différents dialectes nationaux sont tout aussi inintelligibles !

    Il y a beaucoup à déballer ici, au carrefour de la singularité maghrébine. Je voudrais me concentrer sur un seul aspect, à savoir les possibilités de changement démocratique au niveau macroanalytique. Permettez-moi de considérer un sous-ensemble du Maghreb, à savoir le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, que je connais bien. En Tunisie, comme nous le savons, il y a une démocratie électorale qui est en train de se consolider et qui lutte pour institutionnaliser l’État de droit. Sa démocratisation en 2011 n’était pas censée avoir lieu, étant donné les revendications répétées de l’exceptionnalisme maghrébin ou tunisien utilisé par les élites françaises dans leur soutien aux Ben Ali.

    Tout comme la Troisième Vague de la Démocratie, la démocratie tunisienne a été conçue à travers des pactes entre acteurs politiques concurrents. En l’espèce, ces acteurs concurrents étaient des islamistes et des laïcs. Divisés par une discorde idéologique mais incapables de se conquérir mutuellement, les partis islamistes et non islamistes tunisiens ont coopéré à travers une gouvernance houillère pour jeter les bases de leur transition démocratique, y compris les élections et le constitutionnalisme. Ce chemin n’était ni facile ni parfait. Les négociations islamo-sécularistes ont été marquées par des tensions et ont failli s’effondrer à plusieurs reprises. De plus, les luttes économiques, les questions de justice transitionnelle et la corruption ont accablé l’Etat tunisien.

    Pourtant, la Tunisie pourrait bien révéler que le mode de transition politique le plus avantageux au Moyen-Orient est la démocratie paritaire. Par conséquent, il peut être intellectuellement bénéfique de réengager l’étude comparative du pacting et des transitions pactées. Les acquis de la Tunisie ont également produit un fait extraordinaire qui n’a pas été mentionné dans les médias arabes. Lorsque Tunis a accueilli le 30e sommet de la Ligue arabe le mois dernier, c’était la première fois que la Ligue arabe se réunissait dans une démocratie arabe fonctionnelle.

    L’Algérie, aujourd’hui, présente une dynamique différente. Comme le montrent les événements qui se déroulent encore, les Algériens se rebellent depuis des années contre deux contraintes politiques. Le premier est le fantôme de la guerre civile des années 1990 et le long effet paralysant que son héritage a eu sur la mobilisation populaire et le pluralisme politique. A bien des égards, le soulèvement d’aujourd’hui montre que le pays “rattrape” le Maroc et la Tunisie pour ce qui est d’avoir son printemps arabe. Plus profondément, elle “rattrape” son propre passé en reprenant là où elle s’était arrêtée en 1988. La deuxième contrainte est l’autoritarisme militarisé qui caractérise l’Algérie depuis son indépendance, un autoritarisme où les forces armées gouvernent derrière une façade de pouvoir civil. L’ère Bouteflika a été une modeste reconfiguration, car l’ancien président Bouteflika s’est taillé un petit royaume d’autonomie exécutive en faisant appel à de nouvelles élites commerciales et en réorganisant les services de sécurité.

    En rejetant Bouteflika et le système autocratique au sens large, les Algériens rejettent également les trois formes d’évasion qui ont longtemps façonné la politique. Il s’agit de l’émigration vers l’Europe, du virage vers l’islamisme, de la déconnexion totale et de la marginalisation. Les Algériens appellent ceux qui ont fait ce dernier comme des hittistes, c’est-à-dire ceux qui s’appuient sur le mur. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est le renversement de la tendance hittiste, dans laquelle de nombreux citoyens ont cherché à sortir du traumatisme politique par un désengagement existentiel.

    Ce moment politique marque la chute de Bouteflika aujourd’hui mais aussi le retour des militaires. Il s’agit d’une transition, mais pas nécessairement démocratique, car les manifestants continuent de faire pression contre l’État. En réponse, l’armée algérienne tente d’apprendre de son ennemi juré, le makhzen marocain. Il reflète le makhzen. Face à la contestation populaire, sa réaction sera de recycler le système afin de le pérenniser avec une nouvelle façade civile.

    Cela nous amène au Maroc, où le makhzen observe avec appréhension les événements en Algérie. Si le soulèvement algérien aboutit à une véritable transformation politique, il se trouvera dans une position délicate, car il sera seul à s’accrocher à l’ordre ancien. La politique marocaine dégage un stéréotype différent de l’exceptionnalisme maghrébin. Ici, la monarchie et ses institutions ont été justifiées en tant que piliers de l’ordre marocain, qui est par conséquent imperméable aux courants révolutionnaires et aux exigences démocratiques.

    Comme nous le savons, c’est trompeur. Le Maroc a connu des émeutes de grande ampleur dans les années 1960, deux coups d’État militaires qui ont failli renverser la monarchie, une mobilisation politique dans les années 1980 et 1990 et, au printemps arabe, une nouvelle vague de manifestations populaires. Plus récemment, avec l’atomisation de la société, les soulèvements se sont localisés. Le mouvement du Rif en est le dernier exemple, car les vives protestations qui y ont eu lieu depuis 2016 reflètent la colère politique, la marginalisation régionale et les exigences de dignité de la base.

    D’une part, l’Etat marocain conserve des outils familiers de maintien du pouvoir. Contre les partis politiques, elle s’est longtemps engagée dans la cooptation politique ou dans la marginalisation juridique. Entre-temps, contre la société civile marocaine, qui est devenue la véritable source de changement politique, l’État est devenu plus intolérant. Bien qu’il n’ait pas encore adopté une mentalité purement contre-révolutionnaire comme ses homologues monarchiques du Golfe, le régime est devenu plus rigide et rigide dans ses attitudes répressives envers la dissidence civique. Il a également déployé un nouvel outil au sein de son répertoire de contrôle, à savoir l’utilisation du pouvoir judiciaire lui-même pour faire taire ses détracteurs les plus ardents.

    Le sort de nombreuses ONG et organisations sociales qui sont victimes de la instrumentalization de la justice por la part de l Etat, telles que le mouvement de protestation Rif, Freedom Now o bien Racines, montre que le makhzen marocain reste implacable dans sa répression des opinions dissidentes.

    D’autre part, la société marocaine est aussi résiliente que l’Etat. Sa génération de jeunes ainsi que la société civile sont toujours en mesure de se recalibrer continuellement en réponse aux pressions exercées d’en haut. Ils savent qu’historiquement, le monarchisme n’est pas insensible au changement. Comment interpréter ces marées changeantes qui minent la notion d’exceptionnalisme marocain ? J’invoquerais les deux optiques académiques les plus célèbres selon lesquelles les spécialistes des sciences sociales ont considéré l’ordre politique dans le royaume.

    La première est la théorie de John Waterbury sur la segmentation de l’élite, qui met l’accent sur le fait que la création institutionnelle de réseaux de dépendance, de favoritisme et de clientélisme a été une stratégie délibérée par laquelle l’appareil royal maintient la classe politique enchaînée. La seconde est la théorie du maître et disciple d’Abdellah Hammoudi, qui suggère d’anciens fondements culturels et religieux sur lesquels les Marocains sont censés soumettre leur obéissance et leur autorité aux détenteurs du pouvoir absolu.

    -Aujourd’hui, les deux optiques ont besoin d’être retouchées. Le sous-développement économique a fait en sorte qu’il reste très peu de mécénat pour alimenter la segmentation des élites en réseaux de dépendance clientéliste. Pourtant, les institutions politiques créées pour consacrer l’obéissance culturelle et religieuse sont incapables de se reproduire sous la pression populaire.

    – En résumé, les règles de l’engagement politique au Maroc sont en train de changer.

    -Ces trois vignettes de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc présentent un fil conducteur. Avant le printemps arabe, ils avaient tous des États de type “jacobin”, définis par un degré élevé d’autoritarisme centralisateur. Dans le même temps, ils ont également permis un pluralisme très limité, qui a été exploité en cas de besoin.

    -Aujourd hui, ces vieilles stratégies de survie ne fonctionnent plus. En effet, la question intelligente n’est peut-être pas tant de savoir si les changemant prevue à grande échelle se produit, mais quand, comment et à quel prix, sur la base des tendances tunisiennes et algériennes.

    Mon sentiment, enraciné dans la singularité maghrébine et sa représentation de la politique arabe au sens large, est que la démocratisation peut venir si elle se fait par un pacte. La démocratie sera poussée d’en bas, mais en fin de compte, elle devra être façonnée et institutionnalisée par le biais de compromis entre des acteurs concurrents. Il existe de nombreux groupes et forces en compétition qui revendiquent le pouvoir au Maghreb. Certains ont été historiquement réprimés, tandis que d’autres sont restés au pouvoir pendant des décennies. S’il y a une rupture populaire, il appartiendra à ces concurrents de forger une compréhension mutuelle afin de créer un ordre politique commun.

    Si nous voyons de tels changements positifs catalysés de cette manière, nous parlerons peut-être dans quelques années non pas d’exceptionnalisme maghrébin, ou de singularité maghrébine, mais plutôt de leadership maghrébin pour le monde arabe en termes de son caractère démocratique. Et c’est une réalité qui mérite d’être étudiée.

    Tags : Printemps Arabe, Printemps marocain, Maroc, Algérie, démocratie, exception maghrébine, exception marocaine, répression, dictature, despotisme,

  • Maroc : Un système où le peuple enrichit le roi

    Par Orilio Leaks

    Au Maroc: Le chef d’Etat Mohammed VI (roi des pauvres), achète à son fils ado un avion totalement personnalisé équipé des dernières techniques d’Israël à un prix de 67 milliards seulement ! Comme je l’ai mentionné sur le journal Moby New français. Un cadeau pour son prince âgé de 15 ans, fils aîné qui a droit à un jet privé équipé, la générosité du contribuable marocain, mise ainsi à contribution, sert à financer celle du roi. En revanche, j’ai mentionné ironiquement que 67 milliards (l’équivalent de 22 hôpitaux) équipé des derniers appareils pour voir le monde.

    Pour comprendre à quel point l’État marocain est devenu la vache à lait de la monarchie dont les citoyens sans toits dorment dans les rues, d’autres vivent dans les toilettes publics, dans les bidonvilles et dans les grottes comme à la préhistoire et lorsque l’on en arrive à mourir pour tenter de récupérer une aide alimentaire financée par l’Occident ou nourrir des poubelles, dans un pays pointe la 123e le dernier place des pays arabes dans le classement du rapport mondial 2018 sur le développement humain du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), après l’Egypte 111, la Lybie 102, Tunisie 97 et la l’Algérie 83 place. Et que le taux de pauvreté au Maroc est passé à 85 %.

    La dette extérieure publique a enregistré une grande augmentation imaginaire. Cette situation critique rend la Namibie devance le Maroc en termes de développement humain.

    Ce n’est pas une blague, mais c’est ce qui ressort du Rapport mondial sur le développement humain, élaboré par le PNUD et notre chef d’Etat Mohamed VI achète à son fils de 15 ans un avion de plus de 67 milliards des poches de contribuable marocain.

    En revanche l’enfant du peuple n’est pas logé à la même enseigne selon qu’il soit, comme dirait la chanson fils de roi d’apôtre, de fakir (pauvre), de bon fils ou de rien, qu’il soit né montagnard ou sous voûtes d’or en ville ou toits de chaume en campagne.

    Non! Nos enfants sous le règne de Mohamed VI n’ont pas les mêmes sourires de fils de « Amir al Mouminine ! », soupirs et larmes et n’en déplaise pas moi, ce n’est pas demain la veille que dans leur royaume, en songe ou en réalité, ils pourront s’épanouir.

    En effet, notre pays est loin de remplir les conditions pour atténuer les disparités économiques et sociales. La cause fautive d’avoir ignoré cette tranche d’âge en privilégiant d’autres de leur régime. La petite enfance marocaine est plus fragilisée en milieu urbain que rural où les inégalités criantes quant aux services de la santé, l’éducation, la nutrition, la scolarisation et autres.

    En outre, cette tranche de petite enfance défavorisée a plus de chances d’avoir eu à subir ‘’des situations de discipline’’ violentes. Il y a aussi de fortes chances pour qu’elle passe par le travail domestique et de mineur dans son chemin de l’apprentissage de la vie aux issues souvent incertaines.

    Au Maroc, environ 3 millions d’enfants des rues. Un chiffre effrayant lorsque l’on sait les dommages qu’une telle situation a sur le développement et l’avenir des enfants.

    Sortis du système scolaire, en situation de pauvreté, en proie aux violences urbaines et cible de tous les trafics, qu’ils soient de drogues ou sexuels, ces enfants ont un avenir aussi sombre que les rues dans lesquelles ils vivent.

    A Casablanca, la plus grande ville du Maroc, on compte environ 40.000 enfants dans cette situation. Les «chamkers» sont ces enfants abandonnés vivant dans la rue comme dans toutes les villes et campagnes du Maroc.

    Ces jeunes sont faciles et cibles à la radicalisation sont automatiquement disposés à faire le djihad (terrorisme). Il y a un changement de profil, de tactique et de stratégie du côté des promoteurs marocains commerçants de terrorisme.

    Deux cents raisons de conclure, enfin, que le régime politique marocain s’est structuré pour se mettre au service d’un seul homme, empruntant aux plus sinistres mafias leurs coups de main, leurs brutalités, leur collecte de fonds, leur loi du silence, au point qu’il n’a désormais plus rien à leur envier. Le chef d’Etat qui devient riche à force de mentir est une personne qui court à sa fin. Il obtient des choses sans valeur qui ne durent pas et quand il ferme ses oreilles au cri d’un malheureux de peuple ne recevront pas de réponse quand il appellera au secours.

    Le respect des lois est une joie pour ceux qui agissent bien. Mais il effraie ceux qui font le mal…QUELS AVENIRS A NOS ENFANTS DANS UN ROYAUME OU LE PEUPLE ENRICHIT LE ROI ? Un système devenu fou.

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, roi des pauvres,

  • Un petit exemple de ce qui est le système de Santé au Maroc

    Petit thread sur l’état du système de Santé au Maroc, suite à l’expérience de mon oncle dans une clinique mutualiste de Mohammedia la semaine dernière, d’une grande banalité mais représentative de ce que vivent les marocains au quotidien.

    Souffrant d’anémie aiguë, il se fait prendre en charge dans cette clinique où les chambres sont en piteux état, les prises d’oxygène de travers, les prises électriques à moitié arrachées, et les règles élémentaires d’hygiène pour un établissement hospitalier superbement ignorées.

    Mais la clinique brille avant tout par sa quasi-absence de personnel soignant. Ma tante se transforme alors en infirmière de circonstance, en restant à son chevet jour et nuit et en gérant elle-même les épisodes d’agitation extrême qui le secouent d’un moment à l’autre.

    La recherche du médecin titulaire est un exercice vain, son emplacement dans l’hôpital étant en évolution perpétuelle et sujette à des indications contradictoires de la part d’un personnel administratif serviable, mais visiblement mal informé et le regard rivé sur leur portables.

    L’attente du retour hypothétique de ce médecin se poursuit. Lorsqu’il est enfin localisé, c’est au volant de sa voiture, en train de quitter le parking pour se rendre tranquillement chez lui.

    Une transfusion s’impose pour traiter l’anémie. Sauf que pour transfuser… il faut du sang. La clinique en est totalement dénuée. Mon cousin se tape 2h de route pour aller se procurer une poche de sang à Casablanca, équipé de sa petite glacière de pique-nique.

    Les inégalités d’accès aux soins au Maroc n’ont pas échappé au rapport d’Oxfam MENA. Un système à deux vitesses où 50% des frais sont à la charge des patients. Les marocains méritent mieux que cela.

    Samy Ahmar

    Source : Twitter, 2 mai 2019

    Tags : Maroc, santé, soins, hòpitaux, médecins,

  • Algérie : Ali Benflis appuie l’appel de Gaid Salah à propos du dialogue Politique

    Ali Benflis a réagi jeudi à l’appel au dialogue défendu par le chef d’état-major de l’Armée Ahmed Gaid Salah, en vue de dépasser l’impasse politique actuelle.

    « Le dialogue constitue l’essence de toute action politique responsable et constructive. Il est, aussi et surtout, l’instrument devant être toujours privilégié dans le règlement des crises. », écrit Ali Benflis.

    « Face à la crise exceptionnellement grave que connait notre pays, cette conviction est partagée par tous et nul ne doute de sa nécessité impérieuse et urgente. », insiste le président de Talaie El Hourriet pour qui « tout l’enjeu du moment est de permettre au dialogue de s’enclencher en réunissant les conditions les plus favorables à son bon déroulement et à son succès.

    La situation actuelle du pays est marquée par une crise politique , constitutionnelle et institutionnelle, décrit encore Benflis dans sa déclaration. Mais il y a plus grave pour lui : « il se heurte actuellement à une impasse totale qui se dresse sur le chemin du règlement de cette crise. »

    Du coup, la priorité de l’heure à ses yeux « est donc surmonter cette impasse pour ouvrir la voie à une entente sur le contenu d’un tel règlement. »Cette impasse, explique Benflis est identifiée :« Elle est la résultante d’une divergence profonde entre le processus actuellement conduit dans le cadre strict, intégral et exclusif de l’article 102 de la Constitution et les demandes légitimes de la révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays. »

    Il s’agit donc pour lui « de travailler au dépassement de cette divergence. », estimant que « Tout dialogue véritablement orienté vers la recherche d’un règlement effectif et rapide de la crise actuelle doit impérativement en faire son objet et sa raison d’être. »

    « Ce dialogue suppose des interlocuteurs valables et crédibles, un cadre précis et connu ainsi que des objectifs bien identifiés. », conclut le patron de Talaie El Hourriet.

    Source : Algérie1

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaïd Salah, armée, Ali Benflis,

  • Maroc : Lalla Salma au cinéma à Rabat ?

    D’après la version arabe du site Hibapress, la princesse Lalla Salma a été aperçue hier au cinéma Atlas de Rabat accompagnée de son équipe de sécurité personnelle.

    Les marocains qui se trouvaient à ce moment-lá au Boulevard Mohammed V ont eu l’occasion de la voir et de la saluer au moment de son arrivé au complexe cinématographique Atlas qui se trouve en face du siège du Parlement marocain.

    Lalla Salma, Salma Bennani de son vrai nom, est arrivée son protocole et accédé à la salle en vue de regarder le film « Dumbo » parmi les citoyens lambda.

    Selon la presse marocaine, il ne s’agit pas de sa première sortie. Le 1er avril, le site Rue20 a publié une photo très peu claire de la princesse disparue en train de manger avec sa fille Lalla Khadija dans un restaurant de la célèbre Place Jamaa El Fna de Marrakech.

    Dix jours plus tard, le 11 avril plus précisément, la presse marocaine publiait une nouvelle photo difficile à vérifier de Lalla Salma en visite dans un centre oncologique situé à Beni Mellal.

    D’après le site Actu-Maroc, « Lalla Salma a été également accueillie la semaine dernière au Théâtre Mohamed V en compagnie de ses enfants, le prince Moulay El Hassan et la princesse lalla Khadija, venus voir un spectacle ». « Il semble pour l’instant qu’il s’agit d’une stratégie de communication élaborée précédant le retour progressif de Lalla Salma à la vie publique après son effacement de la scène officielle durant une longue période qui avait donné lieu à mantes spéculations et fausses rumeurs », a-t-il ajouté.

    La presse internationale s’étonne que lors de ces sorties, l’ancienne épouse du roi du Maroc ait échappé aux caméras des paparazzis et des téléphones portables des citoyens qui ont eu l’occasion de la voir.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, divorce, Salma Bennani,

  • Maroc: Deux ressortissants suisses abandonnés par leur pays

    Le Maroc communique beaucoup sur le sujet de la menace terroriste au point qu’une instrumentalisation du sujet est envisageable en raison du faible niveau de la menace.

    Pressentant la fin de Daech, Rabat a multiplié les annonces de démantèlement de cellules terroristes. Le nombre d’annonces était en contradiction avec les appels à des offres touristiques qui dessinent le royaume comme un paradis pour les vacances.

    L’exagération de la menace terroriste est justifiée par la volonté de Rabat de s’accaparer les richesses du territoire du Sahara Occidental et d’imposer le silence de l’Occident sur ses excès en matière de violations des droits de l’homme.

    C’est ainsi que le jugement des prétendus assassins des deux jeunes scandinaves, Maren Ueland et Louisa Jespersen, a été remué. Le but est de rappeler l’existence d’une menace terroriste souvent exagérée en vue d’entretenir un sentiment durable d’insécurité.

    Les autorités de Rabat ont agité cette affaire à un moment où elles sont acculées sur deux fronts : Le Rif, où des activistes sociaux ont été condamnés à 20 ans de prison, et le Sahara Occidental où le Conseil de Sécurité met la pression en vue de mettre fin à un conflit qui empoisonne la région depuis plus de 43 ans et où le Maroc s’accommodait d’un statu quo devenu insupportable pour la communauté internationale et les peuples de la région.

    Dans le cas des deux touristes randonneuses égorgées et décapitées dans la région de Marrakech, il s’agit d’un banale crime de droit commun que les autorités marocaines ont déguisé en attentat terroriste dans le but d’entretenir la menace terroriste, d’une part, et d’éviter ses répercussions sur les recette du tourisme, un secteur vital pour le pays.

    Cependant le scénario créé en vue de faire passer cette version manque de pièces convaincantes. D’abord, de nombreux observateurs se demandent pourquoi les inculpés ont tenu à documenter leur crime d’abord en filmant les faits, ensuite en publiant une vidéo où ils déclarent leur allégeance à Daech avec les visages à découvert. On dirait des criminels qui tiennent à laisser des preuves de leur crime.

    Pour instrumentaliser l’affaire davantage, les autorités de Rabat ont procédé à l’accusation de deux ressortissants suisses qui ont élu résidence au Maroc. Deux ressortissants d’un pays qui ne pourra pas être défendu par un magistrat de leur pays d’origine faute de convention judiciaire avec la Suisse. L’avocat marocain chargé de la défense de Kevin Zoller Cuervos n’a eu accès au dossier que 4 jours avant l’annonce du jugement qui a été reporté à nouveau ce matin.

    En visant des ressortissants suisses, le Maroc veut éviter le scénario déjà vécu dans l’affaire connue sous le nom de Belliraj en référence au citoyen belgo-marocain emprisonné au Maroc et accusé d’avoir importé des armes de la Belgique dans le but de les remettre à des terroristes en Algérie. Bruxelles a dépêché à l’époque une équipe de spećialistes pour étudier le dossier et a conclu qu’il n’y avait aucune preuve matériel si ce n’est des déclarations obtenues sous la torture.

    Les autorités marocaines ont forcé les détenus marocains dans cette affaire à déclarer qu’ils ont visionné des films de propagande avec Kevin et que ce dernier a amené certains membres à s’entraîner au tir dans un champ avec des cartouches à blanc et a même recruté des subsahariens avec lesquels il projetait de rejoindre les branches de Daech au nord du Mali, selon les déclaration du patron du BCIJ marocain, Abdelhak Khiame. Une histoire cousue de fil blanc.

    Kevin Zoller n’est pas la première victime de la mal appellée justice marocaine. Labbas Sbaï, un chirurgien marocco-suisse a été emprisonné en 2006 et en 2010 pour la simple raison d’avoir dénoncé les trafics illicites pratiqués et qui portaient atteinte au complexe touristique qu’il avait créé dans sa région de Zagora.

    Tags : Maroc, terrorisme, Kevin Zoller Cuervos, Maren Ueland, Louisa Jespersen,

  • Maroc : En moins d’un mois, déjà deux imams poignardés!

    Source: Alnas.fr, 01/05/2019

    Que se passe-t-il avec les imams Marocains ? C’est le deuxième imam qui est poignardé en l’espace d’un mois au Maroc.

    Fin mars, dans une mosquée d’Agadir, un imam était agressé à l’arme blanche. Le religieux est malheureusement mort des suites de ses blessures. Il semblerait que l’agresseur présentait des signes de troubles psychiques, selon les enquêteurs.

    Lundi dernier, c’était au tour d’un autre imam d’un lieu de culte situé à Tanger, dans le nord du Maroc, d’être poignardé par un homme.
    L’individu a pénétré dans la mosquée pour la prière de l’aube, mais ses intentions étaient tout autre, il venait tuer l’imam qui était en train de diriger la prière.

    D’après d’Alyaoum24, le criminel a fait semblant de prendre part à la prière au milieu des autres fidèles :

    L’imam d’une mosquée au quartier Benkiran de Tanger a été victime, à l’aube de ce lundi, d’une attaque à l’arme blanche de la part d’un des fidèles », rapporte Alyaoum24.

    Au moment de sauter sur l’imam, un fidèle s’est interposé et a neutralisé l’agresseur, l’empêchant de commettre l’irréparable.

    Celui-ci a tout de même réussi à blesser l’imam au visage, avant que les forces de l’ordre n’interviennent et ne l’arrêtent.

    Selon certaines sources proches du dossier, l’homme aurait été aperçu une première fois aux alentours de la mosquée vendredi lors de la prière d’al Ichaâ. Il aurait donc prémédité son geste.

    La police de Tanger n’a donné aucun détail sur les raisons qui ont poussé l’homme à s’attaquer à l’imam.

    Tags : Maroc, religion, imams, fidèles, agressions au couteau,

  • La télévision des années 1960 au Maroc

    Source : Souvenirs et et récit d’une enfance à Rabat

    A quoi ressemblait la télé des débuts ?

    Etait-elle aussi ringarde ? Plus débridée ?

    La TéléVisionMarocaine nous a ouvert la porte de ses archives.

    Morceaux choisis de la télé d’une autre heure, où la créativité ne manquait pas.

    C’était il y a plus de quarante ans. Le Maroc, fraîchement indépendant, découvrait la télévision. Quatre heures de diffusion par jour, de 18h à 22H. Un car régie pour unique moyen. Un studio emprunté à la radio, transféré ensuite au quatrième étage du théâtre Mohammed V. Une table télécinéma pour la diffusion, prêtée par le groupe italien La Rai.

    Des équipes totalement profanes qui devront apprendre sur le tas, un maigre budget annuel de 1 800 000 DH pour financer le tout et des invités en dilettante qui se permettaient même de fumer, à l’antenne. La télévision marocaine a démarré avec presque rien. Aujourd’hui, pourtant, on se souvient de cette époque comme de l’âge d’or de la télévision marocaine. Et pour cause, la créativité était à son apogée. Depuis, mis à part le phénomène “ça bouge à la télé”, au milieu des années 80, la TVM semble avoir sombré dans une profonde et tenace dépression.

    Depuis la nomination de Laraïchi, au 1 rue Brihi, la vieille dame se débat pour sortir de sa léthargie. Lifting esthétique, remodelage du contenu, changement de statut… tout y est. Mais l’effort peine encore à porter ses fruits. Pour comprendre, commençons par un petit voyage dans le passé, quand la TVM faisait encore rêver les Marocains. Petites histoires d’une grande époque.

    On parlait culture

    Abdelhalim Hafed, Faïza Ahmad, Omar Sharif, Mahmoud Darwich, Nizar Kabbani, durant sa première décennie de vie, la TVM en a vu défiler des noms. De grandes figures du cinéma, de la littérature et de la poésie arabes. Malgré la modicité des moyens, l’équipe inauguratrice de l’ère de l’audiovisuel arrivait à tout faire et à être partout. En pleine crise d’état d’exception, le politiquement correct n’avait pas encore atteint le culturel.

    C’est ainsi qu’au cours de l’une de ces interviews “artisanales”, Omar Sharif, alors réputé pour être accro au bridge, avoue s’être trouvé une nouvelle addiction : la course de chevaux. Aujourd’hui, un tel aveu serait inimaginable à la télé. Un an auparavant, Nizar Kabbani décrivait les Marocains dans ce poème “Mes sentiments sont simples, mon revenu est simple. Je crois en deux choses : le pain et les saints”… Il avait tout compris ?

    Le baptême

    Mars 62, Hassan II décide que la fête du trône sera l’occasion idéale pour lancer la TVM. Ce sera son premier grand fait d’armes de jeune roi pour “la nation”. Le discours devra être diffusé en direct. Autour de l’unique car-régie que possède la nouvelle chaîne, techniciens et journalistes se démènent dans l’angoisse. Leur formation n’est pas encore achevée. Mais ils devront faire avec, car c’est la volonté du roi. Les répétitions durent un bon moment.

    Le succès est d’autant plus difficile à garantir qu’à l’époque, l’image et le son sont enregistrés sur deux bandes différentes qu’il faut ajuster l’une sur l’autre pour la diffusion. Résultat, quelques heures plus tard, lorsque les fourmis de la petite lucarne visionnent la cassette de la toute première image audiovisuelle du pays, elles réalisent la bourde.

    Le public a tout vu et entendu, en direct, des premiers bégaiements du présentateur Mohamed Bennani aux essais-ima-ges en passant par les moments de panique et les mises en position des caméras. Aujourd’hui encore, la petite équipe en rit.

    On riait de tout

    Deux succès de l’époque. Khamiss Al Had (Le jeudi de la chance) et Qabla Al imtihan (Avant l’examen). Le premier animé par Mohamed Bouanani est une émission grand public. Le staff se déplace dans les villes, fait parler les gens et les fait jouer. Une manière drôle et fine de combattre le régionalisme. Les Marocains apprennent à se connaître les uns les autres dans le jeu et l’humour.

    La seconde présentée par Abderrafiï Jouahri s’adresse aux futurs bacheliers. L’enseignement n’a pas encore connu la campagne d’épuration dont il traîne encore les séquelles. Sur un autre registre, l’émission Soura (image) se penche sur les absurdités de la société, les comportements et les préjugés. Tous les programmes, quel que soit leur domaine de prédilection,ont le même mot d’ordre : rire.

    On produisait

    Pièces de théâtre et séries télévisées constituaient l’essentiel de la production. Et il y en avait pas mal. Pourtant, les moyens étaient minimalistes, une pièce au quatrième étage du théâtre Mohammed V en guise de studio, un plafond si bas que les projecteurs trônaient juste au-dessus de la tête des acteurs, des décors quasi-inexistants par manque d’espace, et des costumes bricolés par les soins de toute l’équipe, souvent empruntés à la garde robe personnelle des acteurs. à cette époque, le différé était un rêve.

    Les pièces de théâtre et les séries étaient jouées en direct, tous les jours. Quelques acteurs ont frôlé le drame. Ce fut le cas de Salah Eddine Ben Moussa qui, jouant une scène où il devait se pendre, a failli y passer parce que l’acteur qui lui donnait la réplique a oublié de soutenir ses jambes durant la pendaison. Ben Moussa, étouffant, criait au secours sous le regard des autres qui croyaient que ses cris étaient de l’excès de zèle dans le jeu. L’anecdote est entrée dans les annales de la télé.

    Tags : Maroc, télévision, années 1960, TVM, RTM,