Catégorie : Maroc

  • Oxfam : « Un Maroc égalitaire, une taxation juste »

    Malgré la réduction de la pauvreté, les inégalités s’aggravent au Maroc. Elles menacent la cohésion sociale tout en freinant les efforts menés pour lutter contre la pauvreté.

    Loin d’être une fatalité, elles peuvent être combattues par des politiques qui permettent un meilleur partage des richesses, l’accès à un travail décent, l’égalité femmes-hommes, une fiscalité socialement plus juste, le financement de services publics de qualité accessibles à toutes et tous.

    Dans ce rapport, Oxfam dresse un état des lieux sur les inégalités au Maroc, et formule des recommandations pour faire de la fiscalité un instrument de réduction des inégalités.

    Source : Oxfam

    Mots-clés : justice fiscale, inégalités économiques, inégalités extrêmes, services sociaux de base, maroc, pauvreté,

  • Tous africains

    Coup de boule n°84

    Par Nadir Dendoune, mars 2019 (siné mensuel)

    Je sais : c’est pas très objectif mais j’aimerais que tout le monde pense comme ma mère. Quatre-vingt-deux piges, et autant d’années à apprendre à aimer son prochain, peu importe d’où il vient, peu importe la couleur de sa ganache. Elle écoute dès qu’elle peut Radio Soleil, sa radio de cœur, un pont entre la France et son bled, l’Algérie.

    Un jour, I’animateur s’est mis à parler du racisme qui touche les Noirs au Maghreb. Ma mère a dit en kabyle : « Pourquoi cette haine ? » Depuis une quinzaine d’années, de graves incidents se multiplient contre les populations noires en Afrique du Nord. Du Maroc à la Libye, en passant par l’Algérie. On ne compte plus les ratonnades policières, les lynchages, les humiliations et autres faits divers affligeants.

    Les médias commencent à parler de ce sujet longtemps resté tabou et, sur place, des associations se bougent le fion. En 2016, une campagne de sensibilisation a été menée conjointement par des militants antiracistes algériens, marocains, tunisiens et mauritaniens dans leurs pays respectifs réunis dans le collectif Ni oussif ni azzi, baraka et yezzi (en français « Ni esclave, ni nègre, stop, ça suffit »).

    En octobre 2018, le Parlement tunisien a voté une loi punissant le racisme que peuvent subir les populations du Sud, souvent de peau sombre, et les migrants subsahariens. C’est un bon début. Des Africains qui s’en prennent à d’autres Africains. Comme chez nous, en Europe, sur fond de misère sociale, on s’en prend aux plus fragiles, aux derniers arrivés. Là-bas aussi, on oublie d’éduquer les gens. Pourtant, comme le dit ma mère : « On est tous les mêmes… sous le même soleil. »

    Tags : Maghreb, Afrique, subsahariens, racisme, migration,

  • Maroc : désignation d’une nouvelle ambassadrice de la France

    La France vient de nommer Hélène Le Gal a la tête de son ambassade au Maroc sise à Rabat.

    Hélène Le Gal, une diplomate de 52 ans devrait rejoindre son poste, le mois de septembre prochain. Actuellement, elle est en poste à Tel-Aviv.

    Cette diplomate française, a eu une longue carrière dans la diplomatie, passant par Tel-Aviv, l’Espagne, Bruxelles et le Québec. Avant de devenir en 2012, conseillère Afrique de l’ex-président François Hollande.

    Selon Wikipedia:

    En 1987, Hélène Le Gal sort diplômée de l’institut d’études politiques de Paris. En 1988, elle est deuxième secrétaire à l’ambassade de France au Burkina Faso.

    En 1994, elle devient première Secrétaire à l’ambassade de France en Israël. En 1998, elle prend le poste de première secrétaire à l’ambassade de France en Espagne.

    En 2000, elle est nommée conseillère technique de Charles Josselin, ministre des affaires étrangères, chargé de la coopération et de la francophonie.

    En 2002, elle est conseillère de Pierre Sellal à la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne à Bruxelles et fait partie du comité politique et sécurité.

    En 2005, elle est nommée sous-directrice Afrique centrale et orientale au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

    En 2009, elle devient consule générale de France à Québec. En 2012, elle est prend le poste de conseillère Afrique du président François Hollande2.

    En 2016, elle est nommée ambassadrice de France en Israël.

    Tags : Maroc, France, Helene Le Gal, diplomatie,

  • Le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara occidental avec les abstentions russe et sud-africaine

    Source : Presse ONU

    Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), malgré les abstentions de l’Afrique du Sud et de la Fédération de Russie.

    La résolution 2468 (2019), adoptée par 13 voix pour, prévoit notamment que le mandat de la MINURSO prendra fin le 31 octobre 2019. Le texte souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin.

    En outre, par ce texte, le Conseil demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts consentis depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

    Porte-plume de la résolution, les États-Unis se sont dit déçus que certains membres du Conseil continuent de faire le choix de l’abstention « malgré nos efforts sincères pour renforcer l’unité du Conseil dans le processus politique en cours ». L’objectif du Conseil de sécurité, ont-ils argué, devrait être de soutenir une solution politique opportune et mutuellement acceptable. Ils ont aussi rappelé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent soutenir les solutions politiques et c’est à cette aune qu’il faut « continuer d’évaluer les résultats de la MINURSO ».

    La France a douté de cette façon de voir les choses: l’existence et le mandat de la Mission ne doivent pas être conditionnés aux progrès dans les discussions politiques, à la bonne tenue desquelles la MINURSO contribue en créant les conditions propices sur le terrain. Face à une « question délicate », l’Indonésie a estimé que la résolution proposée par les États-Unis est équilibrée. La République dominicaine n’a pas dit autre chose, tout en jugeant qu’un renouvellement de 12 mois aurait permis une bonne planification des ressources de la MINURSO. « Les mandats de 12 mois doivent rester la norme et ceux de six mois l’exception », a renchéri la France pour laquelle une période d’un an permet la continuité et une plus grande prévisibilité dans la gestion de la Mission, tout en réduisant les incertitudes quant à son futur. La France a voulu qu’en octobre prochain, le renouvellement d’un an soit acquis. Un avis partagé par la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire, cette dernière pensant qu’un an est nécessaire pour « poser les bases d’une projection et d’une organisation sur la durée de la Mission ».

    L’activité politique récente concernant le Sahara occidental est la réunion tenue en décembre dernier à Genève, sous les auspices de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Horst Köhler. Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie se sont ainsi vus pour les premières discussions directes depuis 2012. Aujourd’hui au Conseil, tous les orateurs se sont félicités de ce développement, la France souhaitant que les quatre délégations poursuivent leurs discussions dans un état d’esprit constructif et de compromis en vue de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatiques, juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. La France a du reste estimé que « le plan d’autonomie marocain de 2007 est une base sérieuse et crédible de discussions ». Le Koweït a rappelé son soutien à la souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc.

    L’Allemagne, qui a salué le travail de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, a invité le Maroc et le Front Polisario à adopter des mesures de confiance. Par exemple, a-t-elle suggéré, « accueillir sur le terrain les observateurs des droits de l’homme pourrait être une bonne mesure à prendre ». Avec l’Allemagne, le Royaume-Uni a regretté que le Conseil n’ait pu « parler d’une même voix ». La Chine a souhaité qu’à l’avenir, le Conseil tienne des consultations plus approfondies avant le renouvellement du mandat de la MINURSO.

    L’Afrique du Sud et la Fédération de Russie ont en effet longuement critiqué le processus de négociations. La première a avoué avoir pensé sérieusement voter contre. Les projets de résolution sur la MINURSO, a reproché l’Afrique du Sud, continuent d’être traités dans l’opacité et en excluant les autres. Les membres du Conseil, a-t-elle tranché, n’ont pas eu assez de temps pour discuter de la résolution. L’Afrique du Sud a dénoncé des méthodes de travail dont est chargé un « Groupe des Amis », non représentatif puisqu’aucun pays africain n’y siège.

    Elle en a profité pour souligner que la MINURSO a été créée pour organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, et c’est sa seule raison d’être. L’Afrique du Sud a relevé quelques paragraphes auxquels elle n’adhère pas, dénonçant par exemple le fait que le libellé semble favorable à l’une des deux parties en conflit. Elle a aussi parlé du manque de clarté des termes « réaliste, réalisme ou encore compromis ». Nous devons nous garder de diluer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui dans un langage « vague et ambigu », a demandé l’Afrique du Sud qui a refusé l’idée qu’une résolution essaye d’influencer la direction politique du processus et encore moins de préjuger du statut final.

    Poursuivant sur ses réserves, l’Afrique du Sud a aussi accusé le Conseil de refuser d’intégrer un « volet droits de l’homme » dans le mandat de la MINURSO, en dépit du fait que plusieurs de ses États membres aient insisté sur cet aspect dans le mandat des autres missions. On a le sentiment, s’est étonnée l’Afrique du Sud, que les droits du peuple du Sahara occidental ne sont pas comparables à ceux des autres peuples. En outre, a-t-elle relevé, le texte ne fait pas de distinction entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, d’une part, et les pays voisins que sont l’Algérie et la Mauritanie, d’autre part. L’Afrique du Sud a rappelé que le Sahara occidental est la dernière colonie en terre africaine et a invité le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, par une approche équilibrée et neutre pour aider les parties à avancer vers un accord négocié et mutuellement acceptable.

    En la matière, l’Union africaine a un potentiel considérable, a argué la Fédération de Russie qui s’est inscrite en faux contre un texte qui essaye de « modifier certains paramètres déjà établis ». Elle a, à son tour, appelé le Conseil à la neutralité, une neutralité qu’il semble avoir oubliée dans les derniers renouvellements des mandats de la MINURSO. Nous sommes contre certains libellés et pour ce renouvellement comme pour les précédents, notre avis n’a pas été pris en compte, alors que nous voulions tout simplement le retour des libellés agréés par le Conseil, s’est expliquée la Fédération de Russie. Cette situation, a-t-elle tranché, met en lumière le rôle du porte-plume qui a introduit des concepts qui créent l’ambiguïté et sapent le travail même du Conseil. Les influences extérieures sur le processus politique au Sahara occidental pourraient faciliter le jeu des extrémistes, ce qui aurait un impact négatif sur toute la région, a prévenu la Fédération de Russie.

    LA SITUATION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL (S/2019/282)

    Texte du projet de résolution (S/2019/349)

    Le Conseil de sécurité,

    Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,

    Réaffirmant son ferme appui aux efforts que le Secrétaire général et son Envoyé personnel font pour mettre en application ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017), 2414 (2018) et 2440 (2018),

    Exprimant son plein appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, l’ancien Président de la République fédérale d’Allemagne, Horst Köhler, et se félicitant de la participation des parties et des États voisins aux efforts que celui-ci déploie en vue de faciliter des négociations directes,

    Se félicitant du nouvel élan impulsé par la première table ronde tenue les 5 et 6 décembre 2018 et la deuxième table ronde tenue les 21 et 22 mars 2019, et de la volonté du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie de participer, d’une manière sérieuse et respectueuse, au processus politique engagé par l’Organisation des Nations Unies sur le Sahara occidental afin de trouver des terrains d’entente,

    Se félicitant également des consultations qui se poursuivent entre l’Envoyé personnel et le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie à cet égard,

    Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités dévolus aux parties à cet égard,

    Demandant à nouveau au Maroc, au Front POLISARIO, à l’Algérie et à la Mauritanie de coopérer plus intensément les uns avec les autres, notamment en renforçant davantage la confiance, et avec l’Organisation des Nations Unies, ainsi que de participer davantage au processus politique et de progresser sur la voie d’une solution politique,

    Considérant que la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région,

    Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix et de gestion efficace des ressources,

    Rappelant sa résolution 2378 (2017), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, et rappelant également sa résolution 2436 (2018), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que soient prises sur la base de mesures objectives de la performance les décisions visant à reconnaître l’excellence des performances ou à inciter à l’excellence et les décisions ayant trait aux déploiements, à la remédiation, à la formation, au gel des remboursements et au rapatriement de personnel en tenue ou au renvoi de personnel civil,

    Rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

    Constatant que la MINURSO joue un rôle important sur le terrain, s’agissant notamment d’aider l’Envoyé personnel à trouver une solution politique mutuellement acceptable, et qu’elle doit pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat, et se félicitant de la visite effectuée par l’Envoyé personnel au quartier général de la MINURSO et au Sahara occidental,

    Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur, réaffirmant qu’il importe de respecter pleinement les dispositions de ces accords afin de maintenir la dynamique du processus politique au Sahara occidental, et prenant note des engagements pris par le Front POLISARIO auprès de l’Envoyé personnel, et se félicitant à cet égard de savoir que, selon l’évaluation faite par le Secrétaire général le 1er avril 2019, la situation au Sahara occidental est restée relativement calme, le cessez-le-feu tient toujours et les parties respectent le mandat de la MINURSO,

    Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement, et prenant note également de la proposition du Front POLISARIO présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,

    Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives et en s’engageant de nouveau envers l’action menée par les Nations Unies en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, et encourageant en outre les pays voisins à contribuer au processus politique,

    Encourageant les parties à poursuivre leur coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en vue de définir et d’appliquer des mesures de confiance pouvant servir à susciter la confiance nécessaire à la réussite du processus politique,

    Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, et encourageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour élaborer et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international,

    Encourageant les parties à persévérer dans les efforts qu’elles mènent chacune pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association,

    Se félicitant à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc, du rôle joué par les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et à Laayoune et de l’interaction entre le Maroc et les mécanismes relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,

    Encourageant vivement à renforcer la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, y compris en facilitant des visites dans la région,

    Prenant note avec une vive préoccupation des souffrances persistantes endurées par les réfugiés sahraouis et de leur dépendance à l’égard de l’aide humanitaire extérieure et notant également avec une vive préoccupation l’insuffisance des fonds alloués à ceux et celles qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf et des risques associés à la diminution de l’aide alimentaire,

    Demandant à nouveau que l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf soit envisagé, et soulignant qu’il convient de déployer des efforts à ce sujet,

    Rappelant ses résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015) et ses résolutions connexes, soulignant l’importance de l’engagement pris par les parties de poursuivre les négociations dans le cadre des pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies et encourageant une participation réelle et effective des femmes à ces pourparlers,

    Considérant que le statu quo n’est pas acceptable, et notant en outre qu’il est essentiel que les négociations progressent pour que la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliore dans tous les domaines,

    Affirmant son plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Colin Stewart,

    Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 1er avril 2019 (S/2019/282),

    1. Décide de proroger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2019;

    2. Souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin;

    3. Appuie pleinement les efforts que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour maintenir le processus de négociation afin de parvenir à un règlement de la question du Sahara occidental, note que l’Envoyé personnel a l’intention d’inviter le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie à se réunir de nouveau selon les mêmes modalités, et se félicite de la volonté du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie de rester engagés, en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, tout au long de la durée du processus, de sorte qu’il aboutisse;

    4. Demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts consentis depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités dévolus aux parties à cet égard;

    5. Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;

    6. Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés et exhorte les parties à y adhérer pleinement, à honorer les engagements qu’elles ont pris auprès de l’Envoyé personnel et à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre les négociations facilitées par l’ONU ou déstabiliser la situation au Sahara occidental;

    7. Demande à toutes les parties de coopérer pleinement avec la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;

    8. Souligne qu’il importe que les parties s’engagent à nouveau à faire avancer le processus politique dans la perspective de nouvelles négociations, rappelle qu’il fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251), selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations, et encourage les pays voisins à apporter une contribution importante, active à ce processus;

    9. Demande aux parties de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de faire avancer les négociations et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017), 2414 (2018) et 2440 (2018) et le succès des négociations;

    10. Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat, et d’inclure dans les trois mois avant le renouvellement du présent mandat et avant son expiration, des exposés sur l’état d’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;

    11. Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en tenue des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et demande au Secrétaire général d’appliquer ce dispositif à la MINURSO comme indiqué dans la résolution 2436 (2018), prie le Secrétaire général de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la Mission et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations;

    12. Exhorte les parties et les États voisins à collaborer de manière productive avec la MINURSO afin de considérer la manière dont les nouvelles technologies peuvent servir à réduire les risques, à améliorer la protection de la force et à l’aider à mieux s’acquitter de son mandat;

    13. Incite les parties à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin que des mesures de confiance soient prises et appliquées et notamment à encourager la participation des femmes et des jeunes, et incite les États voisins à contribuer à ces efforts;

    14. Exhorte les États Membres à verser des contributions volontaires ou à les augmenter pour financer les programmes alimentaires, afin de s’assurer que les besoins humanitaires des réfugiés sont dûment pris en compte et d’éviter des réductions dans les rations alimentaires;

    15. Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures qui s’imposent pour s’assurer que tout le personnel de la MINURSO respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé des progrès faits par la Mission à cet égard dans ses rapports, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de continuer de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment la vérification des antécédents de tous les membres du personnel et l’organisation d’une formation de sensibilisation avant et pendant le déploiement, et de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement en ouvrant rapidement des enquêtes conjointement avec la Mission, selon qu’il conviendra;

    16. Décide de rester saisi de la question.

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, MINURSO, résolution S/2019/349,

  • Pour les américains, le Maroc n’est pas un pays sûr

    Pour les Etats-Unis, il est très probable que les endroits touristiques au Maroc soient l’objet d’attentats terroristes. Par conséquent, Washington appelle ses ressortissants à faire preuve de « prudence » et « vigilance ».

    Selon des médias marocains, qui citent une note du Département d’Etat américain, les citoyens américains désirant visiter ces jours-ci le royaume chérifien ont été invités à observer une «prudence accrue» en raison vue la possibilité de voir ces endroit ciblés par des terroristes.

    Le Département d’État américain prévient que les terroristes n’avertissent pas lorsqu’ils vont commettre leurs méfaits, rappellant que les lieux touristiques, les centres commerciaux et les établissements administratifs sont autant des cibles privilégiés des actes terroristes.

    En publiant ces notes sécuritaires, les Etats Unis emboîtent ainsi le pas à la France et au Royaume-Uni qui avaient déjà appelé leurs citoyens en partance pour le Maroc à la «plus grande vigilance», notamment à la suite de l’assassinat de deux touristes scandinaves dans la région de l’Atlas par des terroristes se revendiquant du groupe autoproclamé Etat islamique (Daech/EI).

    Tags : Maroc, Etats-Unis, terrorisme, Daech, Etat Islamique, Département d’Etat,

  • Le Maroc, un refuge pour les criminels

    Depuis le règne de Hassan II, le Maroc avait gagné la réputation de refuge pour les dictateurs. Le Shah d’Iran et Mobutu Sese Seko font partie de la liste des despotes accueillis par le roi le plus sanguinaire de l’histoire du royaume chérifien.

    Depuis l’intrônisation de Mohammed VI, le Maroc est devenu aussi un refuge de l’argent détourné en vue d’échapper au fisc. Il fait partie de la liste grise des paradis fiscaux de l’Union Européenne.

    Beaucoup de criminels de droit commun ont aussi échappé à la justice des pays européens et d’ailleurs en se réfugiant au Maroc. C’est le cas de Mounir Kiouh, un marocain condamné par la Cour d’Appel de Liège à 15 ans de prison suite au meurtre de la petite Théa par le compagnon de mère.

    Pour échapper à la justice belge, l’assassin de cette fillette de 2 ans s’est enfui au Maroc où il vit depuis 7 ans dans les banlieux de la ville de Tétouan, où il a été récemment localisé par la famille de la victime et arrêté par la police marocaine 14 ans après les faits.

    Tags : Maroc, crime, paradis fiscaux, Mounir Kiouh, Théa, Belgique,

  • Le roi du Maroc: une erreur de chromosome, selon son père

    « Une erreur de chromosome »

    Le futur souverain est né en 1963, au moment où son père, le dos au mur, devait affronter une contestation croissante à l’intérieur du pays, mais également une opération de déstabilisation venue de l’étranger, notamment de l’Algérie. À l’époque, l’avenir de la monarchie est des plus incertains.

    Hassan II impose à son fils une éducation stricte, des châtiments corporels, le fait surveiller en permanence, et autant il manifestera un profond attachement à ses petits-enfants, autant il se conduira comme un père dur et distant. Le cousin germain de Mohammed VI, le prince Moulay Hicham, évoque en ces termes les châtiments corporels infligés par Hassan II: «Un jour, raconte-t-il, le roi s’est rendu compte que les serviteurs étaient gentils avec son fils aîné et moi-même. Il leur a dit: “Ce que vous avez enduré, ce ne sont pas des cris de douleur, c’est une mise en scène de cinéma.” Et il s’est mis à cogner: vingt coups de fouet(1).»

    Le prince héritier ne semble pas avoir été l’enfant préféré de son père. C’était un jeune homme plutôt ouvert et rieur, et d’une grande courtoisie. Des traits qui semblent s’être complètement évanouis, depuis qu’il est monté sur le trône.

    En 1998, Hassan II est malade, fuit même ses plus proches courtisans, les bouffons qui jusqu’alors le divertissaient. Il vit seul, replié dans son palais, et il sait que son successeur, grâce à lui, disposera de pouvoirs institutionnels sans précédent. La mort, qui l’obsède, rôde dans le palais. Nul doute qu’il éprouve en ces heures un profond désarroi envers cette toute-puissance qui va bientôt lui être enlevée, et de la jalousie pour celui qui va en hériter. À cet instant, il est piégé. Il avait balayé la tradition qui voulait que ce fussent les oulémas qui désignent le futur souverain, pour s’imposer, en tant qu’aîné, comme prince héritier. Et, sous peine de remettre en cause la stabilité monarchique, il a perpétué ce choix. Sans enthousiasme.

    En ces heures, comme si le temps lui était compté, il multiplia confidences et petites phrases. Lorsque je lui demandai: «Est-ce rassurant pour vous de savoir que votre succession se déroule de façon stable?», il répliqua d’une voix cinglante: « Jusqu’au bout je m’interroge, et malgré les apparences mon choix n’est toujours pas définitivement arrêté…» Il marqua alors une pause pour mieux accroître son effet, et ajouta : « Je ne voudrais pour rien au monde que ce pays soit victime d’une erreur de chromosome(2).»

    La formule était évidemment d’une violence inouïe, mais, impassible, il me regarda la noter, sans me demander de l’atténuer.

    La toute-puissance politique qu’Hassan II léguera à son successeur se double d’une puissance économique et financière déjà considérable. Dès le début des années 1980, il a ordonné la libéralisation de l’économie et engagé un programme de privatisations. Le bon vouloir du roi s’exerce dans ce domainelà aussi. Les entreprises publiques les plus juteuses tombent alors dans son escarcelle, mais chaque fois, comme le souligne la presse marocaine aux ordres du Palais, avec «le plein accord des pouvoirs publics». On s’en serait douté.

    Le roi rachète ces entreprises publiques à travers l’ONA, l’Omnium nord-africain, qu’il a acquis en 1980 et qui regroupait tous les biens, considérables, détenus par Paribas au Maroc. Déjà présent dans tous les secteurs de l’économie marocaine, l’ONA va, au fil des ans, beaucoup accroître son périmètre. Le holding royal contrôle ainsi des dizaines de filiales. Dans le secteur agroalimentaire, l’ONA rachète la Centrale laitière, Lesieur Cristal, Cosumar. Mais aussi des banques, de l’immobilier, de la chimie, des mines…

    Robert Assaraf, qui fut l’un des responsables du groupe, expliquera plus tard, sans mesurer sans doute l’énormité du propos: «L’idée était de marocaniser un maximum d’entreprises cruciales pour le développement du Maroc. L’ONA avait un rôle de locomotive(3).» Le seul objectif des dirigeants du groupe, qui sont tous des courtisans accomplis, est pourtant bien de donner satisfaction au souverain en maximisant ses profits. Ils savent que le maintien à leur poste en dépend. Entre 1981 et 1985, l’ONA multiplie son chiffre d’affaires par sept. 72% du volume d’activités sont réalisés dans l’agroalimentaire(4).

    Il est facile de comprendre pourquoi. Pour ce groupe qui détient quarante-trois sociétés au Maroc et en contrôle indirectement quatre-vingt-six autres, l’alimentaire est un formidable marché aux bénéfices importants. Pour une raison simple. Des sociétés comme Cosumar, qui détient le monopole du sucre, la Centrale laitière, celui du lait, ou Lesieur Cristal, celui de l’huile, opèrent sur des marchés où les produits sont subventionnés. Là encore, l’État marocain courbe l’échine sous l’ampleur des prélèvements: le secteur subventionné, tel qu’il est organisé au Maroc, vise à puiser dans le budget de l’État pour financer les entreprises royales et leur garantir des bénéfices records. Ce système de subventions, baptisé Caisse de compensation, censé acheter la paix sociale, contribue avant tout à enrichir le roi.

    La stratégie de l’ONA reflète la psychologie d’Hassan II: ne pas tolérer d’opposition à sa volonté. Bientôt il nommera son gendre, Fouad Filali, à la tête du groupe. Tous les concurrents potentiels de l’ONA sont impitoyablement écartés, quels que soient leurs secteurs d’activités.

    Au fil des ans, le Maroc devient de plus en plus un pays en trompe-l’œil, où vie politique et fonctionnement de l’économie de marché ne sont plus qu’illusions. Hassan II aura au moins eu l’habileté de tolérer, à côté de l’ONA, un secteur privé où des hommes d’affaires pouvaient encore agir. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, dans le cadre de la stratégie de contrôle mise en œuvre par son successeur.

    Hassan II, interventionniste en diable, décide du casting et des figurants sur la scène publique. Lui qui a dessiné les contours de la monarchie va faire de même avec la vie politique. « J’étais sur la route et je conduisais, racontait-il, quand je me suis dit: il serait bon que dans l’éventail politique il y ait un parti communiste. Je me suis tourné vers Ali Yata, qui était assis à mon côté, et je lui ai dit: “Tu vas créer un parti communiste dont tu prendras la direction(5).” » Il professe un profond mépris pour une classe politique qu’il veut aux ordres, et dont les représentants sont choisis pour leur souplesse d’échine. Un fonctionnement que Mehdi Ben Barka, son ancien professeur de mathématiques devenu son principal opposant, a résumé d’une formule cinglante: «Tu baisses la tête, tu baises la main et tu finiras par être récompensé.»

    Il adore tirer les fils, jouer les montreurs de marionnettes. Un soir, alors qu’il est un peu plus de 22 heures, nous discutons dans son palais de Skhirat, à trente kilomètres de Rabat. Soudain, il glisse dans la conversation:

    – À propos, je vous ai préparé une petite surprise. J’ai organisé pour vous un dîner avec le Premier ministre et les dirigeants des grands partis politiques.

    Je réponds, surpris: – Merci, Majesté. Quel jour?

    Il jubile littéralement.

    – Maintenant, ils vous attendent déjà !

    Comme je m’apprête à partir, d’un geste de la main il m’intime l’ordre de rester.

    – Il n’y a pas d’urgence, ne vous inquiétez pas.

    Il est 0 h 45 quand il me laisse enfin quitter le palais, et 1 heure 30 du matin quand j’arrive sur le lieu du dîner. Je pousse la porte, je découvre des hommes âgés assoupis dans des fauteuils. Je dis au Premier ministre, Karim Lamrani:

    – Je suis désolé pour ce retard.

    – Aucun problème, me répond-il en se frottant les yeux pour se réveiller. Nous vous attendions en discutant(6).

    Un absolutisme légal

    Pourtant la médiocrité, parfois flagrante, de certains de ces hommes a le don de l’exaspérer. Alors qu’il a décidé d’élections générales et que la campagne électorale bat son plein, il arrive sur un terrain de golf, suivi de son fils.

    – Vous avez regardé les débats télévisés, hier? me demande-t-il. Non? Eh bien, vous avez bien fait. Ils étaient tous nuls. Comment voulez-vous que j’arrive à convaincre les gens d’aller voter avec des incapables pareils?

    Quel merveilleux sursaut démocratique! Tandis que son père est sur le green, le futur Mohammed VI s’approche.

    – Comment se déroulent les choses avec mon père?

    – Plutôt bien, merci!

    Il se penche alors vers moi en souriant.

    – Soyez tout de même sur vos gardes, c’est un immense manipulateur(7).

    En réalité, malgré leurs divergences, les deux hommes sont faits de la même étoffe. Celle de dirigeants qui savent qu’ils sont au-dessus des lois et n’ont de comptes à rendre à personne. Hassan II a façonné un pouvoir absolu et sans entraves qui n’a cessé de fasciner celui qui, plus tard, allait en disposer à son tour. Un absolutisme légalisé à travers les textes constitutionnels consacrés au droit traditionnel et divin (l’allégeance, commandeur des croyants). Les droits du souverain sont ainsi réputés «inviolables et sacrés».

    Toutes les stratégies mises en place par Hassan II sont observées avec soin par le prince héritier. Or, derrière chacun de ses choix, il y a un calcul personnel. «La grande fierté de mon règne, affirmait Hassan II, ce sont ces barrages que j’ai fait construire à travers le pays.» Au total, cent vingt grands barrages auront été édifiés durant son règne, et à un rythme soutenu. Certaines années, 40% du budget de l’État auront été consacrés à ces travaux. Une politique des barrages qui aura masqué un véritable détournement d’actifs opéré par le roi. C’est lui qui choisit les régions où ils seront construits et évalue le nombre d’hectares qui seront irrigués. Le processus d’expropriation sera l’occasion de faire passer de nombreuses surfaces de qualité dans le giron royal…

    Dans un pays où les trois quarts des entreprises agricoles ont moins de cinq hectares, la terre permet non seulement au roi de s’enrichir mais de disposer d’un système de corruption efficace. S’il ne prétend en aucun cas connaître ou évaluer le nombre d’hectares appartenant aux Domaines royaux, l’économiste Najib Akesbi se livre néanmoins à un calcul intéressant: celui des terres qui ont disparu des registres fonciers après l’Indépendance du Maroc. «En 1956, on comptabilise un peu plus de un million d’hectares. On sait que, sur ce total, trois cent vingt-cinq mille hectares de terres de colonisation officielles ont été récupérés en 1963 et distribués lors de la réforme agricole qui s’est étendue de 1963 à 1975, sous forme de lots de cinq hectares, notamment lors des périodes de tensions sociales, qu’Hassan II cherchait ainsi à calmer. Il y a eu ensuite les deux cent mille à deux cent cinquante mille hectares récupérés au début des années 1970, lors de l’opération dite de marocanisation, et confiés à deux sociétés d’État, la Sodea, spécialisée dans les fermes plantées, et la Sogeta, dans les terres nues(8).»

    Au final, il resterait donc entre quatre cent mille et quatre cent cinquante mille hectares qui n’ont jamais été récupérés par l’État et qui ont fait l’objet de cessions illégales entre colons et Marocains. La famille royale en a-t-elle profité? Si oui, dans quelles proportions? Cinquante-six ans après l’Indépendance du royaume, le mystère demeure. Un sujet sensible dans un pays agricole où la moindre indication sur l’ampleur de la confiscation royale pourrait avoir des conséquences politiques et sociales graves.

    Dernier legs d’Hassan II, utilisé avec encore moins de scrupule par son successeur: l’appel à l’aide internationale pour financer des projets dans lesquels la famille royale est souvent impliquée. Outre la Banque mondiale, engagée dans le financement des barrages, la France figure naturellement au premier rang des bailleurs de fonds. En 1992, Hassan II est reçu à Paris par François Mitterrand et Jacques Chirac, cohabitation oblige.

    Depuis 1990, l’aide française atteint annuellement 1 milliard de francs, montant qui doublera à partir de 1995. La France est alors le premier créancier du Maroc, dont elle détient 13% de la dette, pourcentage qui grimpera à 19% en 1999. Elle est également le premier bailleur de fonds bilatéral du pays, au titre de l’aide publique au développement, avec 50% du total. Une filiale de l’Agence française de développement, la Proparco, dont les bureaux marocains sont installés à Casablanca, accorde également des fonds propres et des prêts à des entreprises ainsi qu’à des banques marocaines.

    En 2001, Proparco investit ainsi de l’argent des contribuables français, au total 160 millions d’euros, notamment dans le groupe minier Managem, appartenant au roi, pour l’exploitation d’une mine d’or au sud-est d’Agadir (9). Elle investit également, dès cette époque, dans l’énergie éolienne contrôlée par le souverain. À l’époque, Proparco est aussi partenaire dans Upline Technologies, un fonds d’investissement créé par la banque d’affaires et appartenant au groupe Upline, dont l’un des actionnaires « cachés» aurait été le propre frère du roi, le prince Moulay Rachid.

    La monarchie marocaine a paisiblement prospéré à l’ombre de l’omerta française. Les responsables politiques qui se sont succédé ont tous fait preuve, qu’ils soient de droite ou de gauche, d’une tolérance coupable. «Ne pas désapprouver l’inacceptable» semblait depuis longtemps la règle d’or adoptée par Paris. Ainsi, à l’abri des critiques ou des pressions, le roi et son entourage pouvaient sans risque se livrer à tous les excès.

    Staline, dit-on, avait confié un jour: «Donnez-moi un homme, j’en ferai un procès.» Hassan II aurait pu déclarer en le paraphrasant: «Donnez-moi un homme, j’en ferai un courtisan.» Le spectacle désolant des personnalités françaises se pressant à ses réceptions faisait peine à voir. Chaque année, le 31 décembre, le roi organisait une immense réception pour le nouvel an. Des centaines de voitures officielles déposaient des invités aux sourires béats devant les portes d’un palais illuminé. J’ai (É. L.) assisté à l’époque à l’une de ces soirées, et je puis témoigner que la vision offerte était particulièrement obscène. Des hommes et des femmes en robe du soir et smoking remplissaient à ras bord leurs assiettes de caviar, comme autant de Thénardier affamés se précipitant sur un bol de soupe.

    Au terme du repas, des serviteurs en livrée portant des hottes emplies de cadeaux étaient littéralement bousculés par les invités qui s’efforçaient, un instant après, d’en récupérer un maximum. Hassan II n’apparaissait pas une seule fois, mais nul doute que, bien à l’abri des regards, il devait observer ce spectacle avec satisfaction. Sans doute le confortait-il dans son scepticisme sur la nature humaine et le mépris qu’il éprouvait pour l’immense majorité des gens.

    1. Ignace Dalle, Hassan II, entre tradition et absolutisme, Paris, Fayard, 2011.

    2. Propos recueillis par Éric Laurent, Rabat, 1998.

    3. Fahd Iraqi, «Il était une fois l’ONA», TelQuel, nº 456.

    4. Ibid.

    5. Entretien avec Éric Laurent, Skhirat, 1993.

    6. Propos recueillis par Éric Laurent, Rabat, 1993.

    7. Propos recueillis par Éric Laurent, Bouznika, 1994.

    8. Entretien avec les auteurs, Rabat, septembre 2011.

    9. L’Économiste, 5 septembre 2001.

    Source : Le Roi prédateur

    Tags : Maroc, Mohammed VI, le roi prédateur, erreur de chromosome, Hassan II, ONA, dictature, répression,

  • Maroc : un migrant tué à l’arme blanche dans le port de Ceuta

    Un migrant a perdu la vie près du port de Ceuta au Maroc. Cet individu est un jeune maghrébien, la police n’a toutefois pas communiqué sur son pays d’origine. Il a été poignardé vers 6h du matin, il a été rapidement transféré à l’hôpital universitaire de Ceuta mais cela n’a pas suffit pour lui sauver la vie.

    « Le motif de l’attaque peut être une tentative de vol à laquelle la victime a résisté » a indiqué le journal local.

    Peu après le drame, la police a effectué des perquisitions et procédé à l’arrestation d’un suspect.

    Pour certains, il est possible que ce drame soit aussi le résultat d’une nouvelle dispute entre le clan des migrants algériens et le clan des migrants marocains.

    Depuis quelques semaines, de nombreuses tensions ont éclaté entre ces deux communautés.

    Pour rappel, le port de Ceuta a déjà été secoué par des affrontements entre les deux clans à la fin du mois de février, ce qui a provoqué l’arrestation de 18 marocains.

    Tags : Maroc, Ceuta, Melilla, subsahariens, africains, migration, clandestins,

  • Inacceptable ingérence du Maroc dans la programmation culturelle de l’IMA

    Inacceptable ingérence marocaine dans la programmation culturelle de l’IMA

    Une nouvelle fois l’ambassadeur du Maroc a exercé des pressions considérables pour obtenir, avec succès, la déprogrammation de la chanteuse sahraouie Aziza Brahim à l’Institut du monde arabe (IMA).

    De telles pratiques sont inacceptables et traduisent l’implacable détermination du roi Mohamed VI de bloquer tout processus de paix et tout référendum d’autodétermination du Sahara occidental occupé.

    Le gouvernement français s’est rendu complice du pouvoir marocain pour tenter d’étouffer l’une des plus belle voix d’Afrique du Nord qui chante la résistance à l’oppression, incarne la tragédie, les espoirs, les luttes et l’exil de son peuple.

    C’était sans compter sur la détermination de tous les amis de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en France, puisqu’Aziza Brahim s’est produite le 26 avril dans une salle parisienne comble, pour entendre ces merveilleux chants de paix.

    Le Parti communiste français (PCF) était présent et a fait part au représentant de la RASD de son indignation face à ces atteintes à la liberté d’expression et a rappelé sa solidarité avec le peuple sahraoui.

    Parti communiste français,

    Paris, le 29 avril 2019

    Source: PCF

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Aziza Brahim, Institut du Monde Arabe, IMA, Jack Lang,

  • « L’État marocain s’en fout de ses citoyens » (journal néerlandais)

    Grève de la faim

    Nombreux regards curieux au bureau municipal d’Utrecht vendredi dernier. Une poignée de Néerlandais marocains ont mené une grève de la faim ici pendant 48 heures depuis jeudi, en solidarité avec les prisonniers rifains au Maroc. Des militants du mouvement Hirak, dont le dirigeant Nasser Zafzafi, ont récemment été condamnés à de longues peines de prison en appel. Le mouvement veut améliorer les conditions de vie des Rifains.

    « Nous le faisons pour nos frères et nos fils », a déclaré Karim Amaya, soulignant les nombreux portraits collés de jeunes hommes actuellement détenus. « Ce sont des étudiants, des citoyens journalistes et des défenseurs des droits de l’homme. Ce ne sont pas des criminels. Si cela avait été vrai, je n’aurais pas été là. « 

    La grève de la faim a été organisée par le comité d’action de Moulay Mohand, en référence au surnom d’Abdelkrim El-Khattabi, l’illustre héros de la résistance rifaine qui a vaincu l’armée coloniale espagnole il y a plus d’un siècle. Un portrait d’El-Khattabi figure entre le drapeau coloré de l’Amazigh (les premiers habitants de la région du Maghreb) et le drapeau de la brève république Rifaine des années 1920.

    « Nous ne sommes pas pour la séparation du royaume », a déclaré Rashid D’Arifi, venu spécialement de Bruxelles. « Nous n’avons rien non plus contre les habitants arabes du Maroc, ce sont aussi nos frères. Nous n’avons pas d’agenda politique caché. Tout ce que nous réclamons, ce sont les droits de l’homme, la dignité ». Il espère que l’Union européenne fera pression sur le Maroc pour qu’il libère les militants d’Hirak.

    L’attitude européenne a été calculée jusqu’à présent. La crainte d’une migration «incontrôlée» en provenance du Maroc est si grande que l’UE préfère garder le régime marocain comme un ami afin d’empêcher les bateaux d’affluer dans le sud de l’Espagne. Mais c’est une « frayeur, du chantage du gouvernement marocain », dit Amaya. Au contraire, explique-t-il: tant que l’Europe n’exercera pas de pression sur le Maroc pour respecter les droits de l’homme, les Marocains encore plus jeunes et désespérés risqueront la traversée.

    Khalid El Haj Saïd, un jeune étudiant qui a participé aux manifestations du Hirak dans la ville côtière d’Al Hoceima, participe également à la grève de la faim. L’année dernière, il a pu entrer aux Pays-Bas avec un visa. À son arrivée, il a demandé l’asile. L’IND a rejeté la demande, mais El Haj Saïd a fait appel de cette décision. Les chances d’asile semblent faibles: le Maroc est considéré comme un pays sûr et les demandes d’asile marocaines sont donc rejetées presque sans exception.

    « Mais le Maroc n’est pas du tout un pays sûr, pas du moins pour nous », a déclaré El Haj Saïd. « Je suis un réfugié politique. À mon retour, je serai détenu, c’est certain. L’Etat marocain ne se soucie pas de ses citoyens. « 

    Source : nrc.nl, 29 avr 2019

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, droits de l’homme, Pays Bas,