Catégorie : Maroc

  • Sahara : L’abracadabrante histoire d’un agent de la DGED à Las Palmas

    Rabat.- La méthode est ancienne. Des fois ça marche et d’autres fois non. Cette fois-ci ça n’a pas marché. Un « fonctionnaire » du consulat général du Maroc à Las Palmas, dans les îles Canaries, vient d’apprendre à ses dépens que quand on monte une petite opération de discrédit il faut bien la ficeler, sinon elle vous explose à la figure.

    C’est l’histoire d’une barbouzerie. Afin de contrer l’activisme du Sahraoui Messaoud Ould Remdane, l’ex membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahraouies (CORCAS), devenu après les événements de Gdeim Izik et sa fuite en Espagne l’un des plus grands pourfendeurs de la politique officielle au Sahara, ce « fonctionnaire » a monté une petite opération de « sensibilisation » auprès de quelques journalistes espagnols travaillant à Las Palmas.

    Le but était de les convaincre que Remdane n’était pas seul et qu’il avait un « patron » et des « complices ».

    Selon ce qu’a pu savoir Demain, d’après une source journalistique espagnole, le « patron » de Messaoud Ould Remdane serait le prince Hicham El Alaoui, « Moulay Hicham ». Et les « complices », les suspects habituels, seraient la députée sahraouie du PPS Guejmoula Bent Abbi, le journaliste et écrivain Ali Amar, auteur du best seller « Le grand malentendu », le journaliste Ali Lmrabet, et enfin un invité spécial assez inattendu : Mohamed Réda Taoujni qui n’est rien moins que le président de l’Association Sahara marocain, dont l’idéologie saharienne, si on peut l’appeler ainsi, est pourtant à des années lumières de celle de Remdane.

    Informé par une de ses sources locales, Mohamed Reda Taoujni, a pris son téléphone et a appelé le « fonctionnaire » en question qui s’avère être un certain « Abdellah » et serait rien moins qu’un « vice-consul » en poste au consulat de Las Palmas. Comme le raconte Taoujni sur sa page Facebook, après avoir « juré » qu’il n’y était pour rien dans cette rocambolesque histoire, « Abdellah » a subitement mis fin à l’entretien en raccrochant et en refusant par la suite de reprendre la conversation.

    Contacté par Demain, l’entourage du prince Hicham nie que le cousin du roi maintienne une quelconque relation avec des Sahraouis, de « tous bords ». Messaoud Ould Remdane, enchanté qu’on parle de lui, affirme n’avoir jamais eu de contact avec ce prince ni avec aucun autre membre de la famille royale. Quant à la députée Guejmoula Bent Abbi, si elle déclare avoir été mise au courant de cette « affaire », elle ne veut pas en parler pour l’instant.

    Demain a contacté un journaliste espagnol qui a fait partie du briefing d’«Abdellah». Selon cette source, le « vice-consul » cité par Taoujni est en fait un certain Abdellah Toukhmi, et il serait le chef de l’antenne locale de la DGED, les services secrets extérieurs marocains, à Las Palmas.

    Demain Online, 14/06/2011

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, DGED, Ramdane Messaoud, Abdellah Toukhmi, consulat Las Palmas,

  • A la recherche de l’espion marocain, par Ignacio Cembrero

    Bagdad A. est un marocain de 59 ans, qui évoluait avec aisance au sein de la communauté maghrébine en Allemagne. Il collectait des « informations sur les événements organisés par les groupes d’opposition », selon le parquet allemand. En 2007, il s’était proposé pour travailler pour les services secrets de son pays, affirmant posséder « un vaste réseau de contacts » au sein de l’immigration marocaine. Ils l’avaient donc recruté. Cinq ans plus tard, le 7 décembre, les procureurs de Karlsruhe l’ont inculpé pour ses « activités en faveur de services de renseignement étrangers ».

    Bagdad A. est le quatrième Marocain arrêté pour espionnage en Allemagne depuis 2011. Ils s’étaient tous consacrés à surveiller et établir des rapports sur les activités de leurs 230.000 compatriotes marocains résidents en Allemagne, à l’exception de Mohamed B., 56 ans, arrêté en février dernier à Berlin, et qui s’était fait une spécialité de la surveillance des membres du Front Polisario. Selon les procureurs, il avait touché 22.800 euros pour cela.

    De tous les agents marocains démasqués ces dernières années en Europe, celui qui avait fait le plus parler de lui en 2008 était Redouane Lemhaouli, 42 ans, policier d’origine marocaine qui avait eu accès aux dossiers du ministère de l’Intérieur des Pays-Bas. C’est là où il avait obtenu des informations sur les « actions contre le roi du Maroc », le « terrorisme » et le « trafic d’armes », pour les communiquer aux espions qui, sous couverture diplomatique, l’avaient recruté.

    Le cas de « Re » – le surnom que ses camarades avaient communiqué à la police – avait eu autant d’impact en raison du fait que cet agent avait côtoyé la princesse Maxima, l’épouse du prince d’Orange, ainsi qu’un membre du gouvernement néerlandais. La princesse avait pris place à ses côtés, au premier rang, lors d’une cérémonie au cours de laquelle 57 immigrés, la plupart d’origine marocaine, avaient reçu des diplômes leur permettant de travailler comme personnels au sol à l’aéroport de Rotterdam. « Re » les avaient formés.

    Quelques mois plus tard, il avait été radié des rangs de la police, et condamné à 240 heures de travail d’intérêt général. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, avait adressé une lettre aux députés dénonçant « les secteurs et les services exerçant une influence sur les citoyens d’origine marocaine ».

    Au total, depuis 2008, on a recensé 10 arrestations et/ou poursuites d’agents, ou encore des expulsions de diplomates marocains en Europe – la Mauritanie ayant également expulsé un onzième agent l’année dernière… un chiffre que seule la Russie a dépassé, avec ses 31 agents expulsés du Vieux Continent.

    Les 11 agents marocains travaillaient pour la Direction générale des Etudes et de la Documentation (DGED), le service de renseignements extérieurs dirigé par Yassine Mansouri, 50 ans, le premier civil à occuper cette fonction. C’est le seul service d’espionnage qui dépend formellement du palais royal marocain et qui a même dépassé son rôle pour aller au-delà des activités classiques d’espionnage et de renseignement. La DGED est également un instrument de la diplomatie marocaine, et la personnalité de son patron le montre assez clairement et l’explique encore mieux.

    Mansouri fait partie du premier cercle des proches collaborateurs du roi Mohammed VI, en compagnie duquel il avait fait ses classes au Collège Royal. Il est également le seul parmi les intimes du monarque qui n’ait jamais été impliqué dans un scandale politique ou économique.

    Sa loyauté à l’égard du futur monarque avait même été la cause de son limogeage en 1997 du poste qu’il occupait au sein du ministère de l’Intérieur dirigé alors par l’ancien ministre aujourd’hui défunt, M. Driss Basri. Ce dernier le soupçonnait de le surveiller pour le compte du prince héritier, que lui-même surveillait au nom de son père Hassan II. Mansouri était néanmoins le seul des amis d’enfance du prince que Basri jugeait compétent. Il a loué à Hassan II sa force et sa capacité de travail et le roi l’avait envoyé aux États-Unis en 1992 pour y être formé par le FBI.

    Né à Bejaâd, dans le centre du pays, fils d’un alem (érudit musulman), Mansouri avait reçu une éducation religieuse, ce qui était plutôt problématique pour les amitiés gauchistes de son frère, jusqu’à ce qu’on lui offre une place au sein du Collège royal. Aujourd’hui encore, il reste un homme pieux qui fait ses prières, ne boit pas d’alcool, ne fume pas, et ne fait pas dans l’ostentation.

    Sa traversée du désert a pris fin après l’intronisation du Roi Mohammed VI qui, en 1999 l’avait nommé directeur général de la MAP, l’agence de presse officielle du pays, qu’il avait quittée en 2003, pour revenir au ministère de l’intérieur, y entrant cette fois-ci par la grande porte. Pendant deux ans, il avait dirigé la plus importante direction du ministère, d’ou Basri l’avait limogé, la Direction des Affaires générales. De là, il avait fait ses premiers pas dans le monde de l’espionnage et dans la diplomatie parallèle.

    Mansouri était ainsi membre, par exemple, de la délégation marocaine qui s’était rendue à New York en 2007 pour soumettre au Secrétaire général de l’ONU la proposition d’autonomie pour le Sahara ; il avait aussi rencontré à plusieurs reprises le Polisario pour négocier et avait secrètement noué des contacts, à Paris en 2007, avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. En 2008, il avait reçu à Rabat le Secrétaire d’Etat-adjoint américain, David Welsh, qui s’était déclaré préoccupé par la fragilité du régime tunisien et la « cupidité » du dictateur Ben Ali, ce qui avait été révélé par la suite dans les messages diplomatiques divulgués par Wikileaks. Trois ans plus tard, Ben Ali a été renversé, et Mansouri figurait donc parmi les rares personnes qui avaient établi un bon diagnostic pour la Tunisie.

    A sa création en 1973, la DGED s’était spécialisée dans la surveillance des ennemis en exil de la monarchie alaouite, puis des gauchistes historiques et, aujourd’hui, des islamistes et autres indépendantiste sahraouis. Mais, comme l’émigration marocaine a connu une forte croissance, la DGED s’efforce également de la surveiller pour éviter que l’extrémisme ne se développe au sein de cette communauté, et pour s’assurer qu’elle reste fidèle au trône.

    Selon un rapport du Centre national d’intelligence (CNI) envoyé en mai 2011 par son directeur, le général Felix Sanz, à trois ministres, le Maroc a mis au point en Espagne une « stratégie à grande échelle ». « L’objectif est d’étendre son influence et d’accroître le contrôle sur la communauté marocaine sous couvert de religion », précise le rapport. Ce contrôle est exercé par Rabat, selon le CNI, « à travers son ambassade et ses consulats (…), ainsi que le personnel associé », soit des agents de la DGED bénéficiant de l’immunité diplomatique et des informateurs recrutés sur le terrain. La Fondation Hassan II y collabore aussi ; présidée par la Princesse Lalla Meryem, la sœur aînée de Mohammed VI, le budget de cette Fondation n’est pas soumis au contrôle parlementaire.

    La preuve de l’intérêt de la DGED pour la religion a été apportée par l’intervention de Mansouri, en novembre 2008, devant un parterre d’imams venant d’Espagne et d’Italie et invités à Marrakech par le ministère des Affaires islamiques. Un an auparavant, Mansouri s’était rendu à Majorque pour rencontrer son homologue espagnol de l’époque, Alberto Saiz, et le mettre en garde contre ce que le Marocain estimait être « jouer avec le feu », à savoir le soutien espagnol offert aux « tablighistes » de Ceuta, un courant islamique d’origine indienne, au détriment de l’islam malékite qui domine au Maroc.

    C’est peut-être parce qu’ils souhaitent éviter les tensions avec Rabat ou au nom de la coopération dans la lutte contre le terrorisme – la DGED avait aidé le CNI à dénouer l’enlèvement de trois bénévoles catalans par Al-Qaïda au Mali – que les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, la France et l’Italie, les pays qui accueillent le plus d’émigrés marocains, n’expulsent ni n’arrêtent les agents marocains. « Cela s’est en effet produit, mais sans plus », nuance cependant un ancien collaborateur du CNI qui avait servi au Maghreb.

    En 2010, Rabat avait expulsé trois agents espagnols travaillant au Maroc sous couverture diplomatique ; mais durant le dernier quart de siècle, il n’y avait eu qu’une seule affaire d’espionnage marocaine en Espagne qui ait été divulguée: l’infiltration d’une taupe au sein du ministère des Affaires Etrangères, en 1990, qui avait obtenu un rapport sur la conversation du ministre de l’époque, Francisco Fernandez Ordonez, avec un responsable du Front Polisario.

    Lire l’article, en espagnol, sur elpais.com

    Source: Saharadoc, 8 jan 2013

  • Maroc-Rif : Naissance du Congrès des Républicains Rifains

    Suite à la sanglante riposte du régime alaouite contre les descendants d’Abdelkrim El Khattabi, précurseur de la lutte contre le colonialisme en Afrique du Nord, le peuple rifain a décidé de créer une nouvelle entité en vue de défendre ses intérêts : Le Congres des Républicains Rifains (CRR). Son objectif est d’atteindre l’indépendance du RIF.

    Extrait des statuts de l’organisation ( traduction du néerlandais)

    République démocratique du RIF:

    b. Promouvoir l’instauration de l’indépendance de la République du Rif;

    c. La Représentation des intérêts du RIF au niveau juridique et politique international:

    d. Se battre pour constituer un groupe de pression international afin de promouvoir les intérêts du RIF;

    e. Entreprendre toutes les autres actions en rapport avec ce qui précède, au sens le plus large du terme, ou susceptibles de l’y inciter.

    2. La fondation tente d’atteindre son objectif par le biais:

    a. Le développement ou l’organisation d’activités d’éducation, de formation, d’éducation et de formation, ainsi que le développement et l’organisation de débats privés et publics sur des questions pertinentes relevant du domaine d’activité de la fondation,

    b. Le développement et organisé le journalisme, Internet et la recherche scientifique ainsi les publications- articles, livres, brochures et documents – création de un ou plusieurs sites ou pages Internet;

    c. Promotion de productions audiovisuelles et médiatiques;

    d. Organisation des conférences, des réunions, des manifestations, des commémorations et de prière, des expositions, des conférences, des conférences de presse concernant tous les aspects des droits humains;

    e. Acquisition et gestion des fonds dans le but d’atteindre l’objectif de la fondation et tout autre moyen souhaitable, utile ou nécessaire pour atteindre cet objectif;

    f. Partenariat avec des organisations et des associations poursuivant les mêmes objectifs.

    Patrimoine

    Article 2A

    Les actifs de la fondation seront constitués par:

    1. Le capital de la fondation;

    2. Les dons, y compris les subventions proposées par des tiers;

    3. Héritiers, legs et dons.

    4. Toutes les autres acquisitions et avantages.

    Mode de nomination du conseil

    Article 3

    1. Le conseil de la fondation est composé d’au moins trois administrateurs à désigner par le conseil.

    2 Les administrateurs sont nommés et suspendus par le conseil. Les postes vacants doivent être pourvus dans les meilleurs délais.

    Source : Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Congrès des Républicains Rifains, CRR,

  • Maroc : Opération d’intox en vue de déstabiliser la France en Algérie

    Il semble que la France a lâché le Maroc au Conseil de Sécurité. Le dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU n’a pas été clément envers le Maroc.

    Pour la deuxième fois, le chef de l’ONU montre du doigt les autorités marocaines autant sur le plan des violations de l’Accord Nº1 que sur les mesures des restrictions imposées au territoire du Sahara Occidental que le Maroc a converti en prison à ciel ouvert.

    Le dernier rapport d’Antonio Guterres sur le Sahara Occidental dévoile que l’ONU continue d’être en conflit avec le Maroc à cause de la MINURSO, une mission qui non seulement n’a pas droit de porter des plaques onusiennes mais empêchée aussi de faire son travail concernant la situation de la population.

    La première fois que l’ONU a critiqué le Maroc pour ses actions contre la MINURSO était en 2012 lorsque Ban Ki-moon a dénoncé, entre autres, les activités d’espionnage auxquelles se livrent les autorités marocaines en vue de contrôler les mouvements des officiels onusiens. La réaction de Rabat a été le désavouement de l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, l’américain Christipher Ross.

    A l’époque, François Hollande venait d’être élu à l’Elysée après avoir gagné la bataille d’une campagne électorale où les marocains ont soutenu Nicolas Sarkozy. Hollande n’était pas des accoutumes de bienfaits de La Mamounia et il faisait peur aux marocains et le fait que son premier déplacement à l’étranger se fasse en Algérie a été la goutte qui a débordé la vase.

    En lisant le dernier rapport de Guterres, il y a lieu de se demander si la France n’a pas tourné, une nouvelle fois, le dos aux marocains au sein du Conseil de Sécurité.

    Le Makhzen, convaincu que ses alliés occidentaux, la France et les Etats-Unis, même si leur soutien au plan d’autonomie n’est plus à nier, n’ont pas l’intention de l’imposer aux sahraouis, s’agite dans tous les sens tellement la douleur est épouvantable. La douleur de se sentirimpuissant face au combat d’un peuple que les marocains, régime et citoyens, méprisent et villipendent.

    Ainsi les autorités marocaines, déçus par la France et par leurs mauvais calculs, ne savent plus à quel saint se vouer. Alors, ils annoncent l’implication de sahraouis dans des prétendues cellules supposément liées au terrorisme, multiplient les gestes envers les sionistes…. Et surtout se tournent vers leurs services secrets en vue de faire profit de la difficile situation en Algérie.

    C’est ainsi que la DGED monte des opérations des déstabilisation des relations franco-algériennes. Dans ce cadre, le site Maghreb Intelligence, une création des services de Yassine Mansouri, a publié le 23 avril 2019 une information censée être exclusive indiquant que l’Elysée avait demandé des explications après l’arrestation de Isaad Rebrab.

    Dans un communiqué transmis à la rédaction du site DIA, l’Ambassade de France en Algérie dément formellement les allégations du site Maghreb Intelligence selon lesquelles elle aurait « pris attache avec le ministère des Affaires étrangères algérien pour lui demander des renseignements sur les éléments du dossier judiciaire » de l’homme d’affaires Issad Rebrab.

    L’Ambassade de France en Algérie rappelle, une nouvelle fois, que la France respecte la souveraineté de l’Algérie et celle de son peuple ami, qu’elle ne s’ingère pas dans ses affaires intérieures et qu’elle n’a aucune volonté de le faire.

     Juste après le démenti de l’Ambassade de France, l’article a été supprimé.

    Le Maroc n’a plus rien à offrir à la France, son « amant » dont il n’est « pas particulièrement amoureux » mais qu’elle est « obligée à défendre », selon les mots de l’ancien ambassadeur français Gérard Araud. Rabat craint qu’à cause de l’épuisement des ressources marocaines, la France ne se tourne vers l’Algérie, un terrain encore fertile à exploiter et parasyté par les sociétés chinoises.

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, France, ONU. MINURSO, DGED, Maghreb Intelligence,

  • La mystérieuse maladie de Mohammed VI, roi du Maroc

    Liberté de la presse vs sacralité de la santé du Roi

    Blog de Mounir Bensalah, 7/09/2009

    Dans un geste progressiste, un communiqué du palais royal, premier du genre ( Cf communiqué sur la bonne santé du Roi ), informe les marocains que « SM LE ROI EN CONVALESCENCE DE 5 JOURS, MAIS SON ÉTAT DE SANTÉ NE JUSTIFIE AUCUNE INQUIÉTUDE ». Nous ne pourrons que se féliciter d’un acte de transparence de haute qualité et souhaiter prompt rétablissement au Roi.

    Le cœur du communiqué parle de « Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours ». Voilà ce qui donne envie au commun des mortels, de savoir ce que c’est ce rotavirus.

    La presse écrite marocaine s’est saisie de l’occasion de l’ouverture et la transparence affichée par l’institution centrale du pays et a cru, comme tout le monde, naïvement, que « l’information est sacrée, le commentaire est libre ». Chaque publication fera son affaire pour donner le scoop, commenter l’événement de transparence inédit et surtout expliquer ce que veux dire ce mot bizarroïde de rotavirus.

    Premier acte après la publication des dossiers, « Le parquet près le tribunal de première instance de Rabat a ordonné à la police judiciaire de diligenter une enquête minutieuse avec le directeur de publication du journal “Al Jarida Al Oula”, suite à la publication, le 27 août 2009, d’un article intitulé “la maladie du Roi reporte les causeries religieuses et Son déplacement à Casablanca”, ainsi qu’avec toute personne impliquée dans cette affaire ». Ali Anouzla et Bouchra Addou passent plus de 80 heures d’interrogatoires, notamment sur la source qui leur avait révélé que le Roi « était atteint d’asthme et qu’il est traité de médicaments à base de corticoïdes ». Mieux encore, le parquet ne lui suffit pas deux journalistes. Il interpelle les journaux Alayam et Almichal.

    Alayam a titré « la vérité de la maladie de Mohamed VI ». Dans son dossier, la publication se demande si le Roi « souffre d’une maladie de l’asthme » et martèle que « seul Dr Maouni, médecin du Roi, est capable de répondre ». Abdelkrim Elmanouzi, spécialiste de l’appareil digestif, figure de gauche de l’USFP, explique que le fait que « le Roi soit atteint du rotavirus est une chose normale, parce que c’est une maladie démocratique » ! Il ajoute « que c’est une maladie normale qui ne nécisste pas plus d’une semaine de convalescence ».

    Almichal, quant à lui, a consulté un autre spécialiste, Boubekri Mohamadine, membre du PSU et président du syndicat libre des médecins. Le pauvre Toubib de gauche a subi un interrogatoire pointu de plusieurs heures. Fait rapporté par Le soir Echos dans sa livraison du Mardi 08 Septembre.

    Dernier développement dans l’affaire, « Le directeur de publication du journal « Al Jarida Al Oula », Ali Anouzla et la journaliste Bouchra Edaou, auteur de l’article « La maladie du Roi reporte les Causeries religieuses et Son déplacement à Casablanca », publié par le journal, comparaîtront le 29 septembre devant le tribunal de première instance de Rabat », selon un communiqué de la MAP.

    Récapitulons : 10 journalistes ont subi des interrogatoires marathons, un médecin interpellé. Le communiqué officiel initial parlé de « fausses informations concernant la santé du Roi » qui n’ont pas de lien avec « la vérité » que contient le communiqué. Je ne suis pas peut-être spécialiste de la presse, mais je ne comprends pas qu’il puisse exister, avec mon background, « une vérité » que la presse serait obligée de relayer. Bien sur, comme d’habitude, quand tu fais taire ta presse, celle des autres, qui généralement n’a aucun souci national, profite pour te donner des leçons, ne serait-ce qu’ici, ici et là. Fekha yamen we7eltiha. Je pense à notre camarade khalidov, qui me traitera de tous les noms. Tout simplement, vous faites la gaffe, après vous venez criez, au nom du patriotisme, que l’on soit solidaire face à cette presse, qui si vous la contrôliez, elle sera aussi sous le verrou. Et remarquez que je n’ai aucune sympathie pour cette presse, je défends tout simplement un principe universel, qui s’appelle la liberté d’expression, qui, selon l’artcile 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme, veut dire « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. ». Je suis sur que le Roi, comme il l’avait montré dans de précédent cas, fera signe d’indulgence et abandonnera la poursuite collective des journalistes !

    Remarque qui n’a rien à voir avec ce qui précède. Le journal arabophone du parti du premier ministre titre à sa une samedi dernier : « La compagne agressive contre ce chef d’Etat [Cf Kaddafi] frère est la cause de la convocation du président du polisario à la Libye ». Cela ne mérite pas une poursuite, dans la même logique, pour information abrutissante touchant la sacralité de la cause nationale !

    La mystérieuse maladie de Mohammed VI, roi du Maroc

    Le Matin d’Algérie, 10 jui 2013

    Alors que Mohammed VI s’emmure de plus en plus dans l’absence et le silence, la rumeur gronde qu’il pourrait être gravement malade.

    Mais qu’est-il arrivé au roi du Maroc ? Voilà une question qui enflamme discrètement tout le pays. Car la santé du monarque est un tabou. On en parle à mi-voix, sans le crier. Pourtant tout le monde a remarqué les changements physiques. C’est en effet un secret de polichinelle dont personne ne parle, mais que tout le monde sait ou presque. Pourtant la toile frémille de nouvelles ou d’observations difficiles à confirmer. « L’image est déroutante pour un roi qui n’a pas 50 ans » note un facebooker évoquant son apparition à Nador. « Auparavant, nous avions peur du roi, aujourd’hui nous avons peur pour lui », glisse-t-il avec malice.

    Mohammed VI, le souverain marocain, est depuis plusieurs jours dans son château à Betz en France où il est entouré d’une grandes prévenances de la part des autorités mais aussi d’une certaine presse française qui lui est fort amène. Mais alors quels sont les indices qui font soupçonner que le roi est malade ? Précisément : aucun, hormis l’évocation d’une intervention chirurgicale qu’il a subi en 2008, selon Pedro Canales, journaliste espagnol.

    Plus clairement, il semble qu’un flou opaque soit maintenu coûte que coûte autour de l’état de santé du jeune monarque. Chacun sait qu’il se trouve dans son château en Picardie, mais aucune chance de l’apercevoir, car il est gardé par une armada de forces de l’ordre qui font barrage. Aucun message n’émane de lui depuis plusieurs jours, et ses apparitions télévisées quotidiennes, dont il a fait une habitude depuis son intronisation, brillent à présent par leur absence.

    Malgré les très nombreux démentis – peut-être trop nombreux justement, et trop véhéments – Mohammed VI figurerait-il parmi ces chefs d’Etat africains qui se réfugient en France pour raisons médicales ? Le président Abdelaziz Bouteflika se trouve lui-même à Paris depuis un mois et demi dans un état critique. Et les déclarations rassurantes des ministres ne changent en rien au mystère de la santé de Bouteflika.

    L’information, pour le moment, reste invérifiable. Et c’est précisément cette incompréhensible impossibilité à obtenir la moindre information qui donne à la rumeur tout son poids. Que cela soit pour Bouteflika ou Mohammed VI.

    Un député français parle de « la maladie » du roi Mohammed VI (vidéo)

    Bladi, 22 jan 2017

    Le 18 janvier dernier à l’assemblée nationale française, deux députés (Guy Teissier – Les Républicains et Jean Glavany – Parti socialiste), ont dévoilé leur rapport d’information sur la coopération européenne et les pays du Maghreb.

    Durant leur audition, Jean Glavany est revenu sur la fragilité du pouvoir dans les trois pays du Maghreb à savoir la Tunisie, l’Algérie mais aussi le Maroc.

    « Je suis frappé de voir à quel point tout tourne autour des hommes et de leur fragilité. En Tunisie, le pouvoir exercé par Nidaa Touness et Essebsi 89 bientôt 90 ans… fragilité extrême, déclare devant la commission le député, avant de rebondir sur le Maroc.

    « Et au Maroc, un roi courageux, un roi moderne, visionnaire à certains égards, mais cet homme est un roi malade. Je ne suis pas porteur de secret médical, mais tout le monde sait qu’il est atteint d’une maladie à évolution lente qui est soignée à coups de cortisone. Et lui aussi, il représente après Essebsi et Bouteflika les pouvoirs personnels qui sont d’une grande fragilité et sur lesquels pèsent beaucoup de points d’interrogation. »

    Tags : Maroc, Mohammed VI, maladie, rotavirus,

  • Le gendre du roi d’Espagne a tenté d’arnaquer Mohamed VI

    Le gendre du roi d’Espagne a tenté d’arnaquer Mohamed VI

    POUR SOUTIRER DE L’ARGENT AU GEANT DE L’INDUSTRIE TEXTILE INDITEX A TANGER

    Le duc Iñaki Urdangarin, mari de la princesse Christine de Bourbon et gendre du roi Juan Carlos d’Espagne, a monté une opération d’escroquerie en 2007 pour soutirer de l’argent au géant de l’industrie textile Inditex, propriétaire des firmes Zara, Massimo Dutti et Pull & Bear.

    Iñaki Urdangarin a demandé à un responsable d’Inditex, qui concentre une bonne partie de sa production d’Afrique du nord à Tanger, 100 000 euros pour construire des terrains de football dans des quartiers défavorisés de la cité du Détroit de Gibraltar,d’ installer, pour quelques dirhams, 4 ou 6 poteaux, et verser le reste de l’argent dans des comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux.

    Selon le site espagnol El Confidencial, qui rapporte l’ information, le gendre de Juan Carlos aurait affirmé lors d’une réunion avec un haut responsable d’Inditex, que cette « opération avait reçue l’aval du roi Mohamed VI et l’appui du gouverneur de Tanger », en fait le wali Mohamed Hassad.

    « Urdangarin a offert des garanties personnelles au directeur de la Responsabilité corporative (son interlocuteur) que l’entrée d’Inditex dans le projet lui ouvrirait à l’avenir les portes d’une relation privilégiée avec la monarchie marocaine », écrit El Confidencial.

    Finalement, Inditex a considéré que le projet du gendre de Juan Carlos, qui est soupçonné par la justice de son pays de s’être enrichi avec de l’argent récolté par des associations à but non lucratif, n’était pas « viable ». Ce projet n’avait « ni queue ni tête », a expliqué à El Confidencial le responsable qui avait été approché par Urdangarin.

    Espagne : le gendre du roi dans de beaux draps

    Publié dans Info Soir le 07 – 02 – 2013

    Le gendre du roi d’Espagne, poursuivi dans un scandale de corruption, devait déposer avant minuit mercredi une caution de 8,2 millions d’euros qu’il doit verser à la justice avec un ex-associé, et a intenté un recours pour éviter la saisie préventive de ses biens. Le duc de Palma, époux de la fille cadette du roi Juan Carlos, l’infante Cristina, et Diego Torres, son ex-associé, se sont vu imposer par la justice, le 30 janvier, une caution de 8,189 millions d’euros, à verser dans un délai de cinq jours maximum.

    Ce montant, correspond à la somme d’argent public que le juge chargé du dossier Palma Arena, une vaste affaire de corruption aux Baléares, estime pouvoir avoir été détournée, notamment via l’institut Noos, une société de mécénat dirigée de 2004 à 2006 par le mis en cause.

    La décision reprend l’argumentation du parquet qui estime que les personnes mises en cause avaient «pour seul objectif de détourner des fonds publics pour leur propre bénéfice ou celui d’autrui».

    Le montant de quelque 8 millions d’euros correspond à des sommes perçues par Noos, une organisation à but non lucratif, lors de contrats passés avec des organismes publics des Baléares ou de la région de Valence et dont les factures apportées pour les justifier ont été rejetées.

    Tags : Maroc, Espagne, Mohammed VI, Iñaki Urdangarin,

  • Maroc : Procès du journaliste qui a voulu débattre des absences du roi Mohammed VI

    Par: Ignacio Cembrero | 28 Juin, 2013

    Traduction de l’espagnol par Ahmed Benseddik

    Ali Anouzla, directeur du journal Lakome numérique, a été inculpé de diffusion de fausses informations sur une rixe tribale.

    « Le roi Mohammed VI, qui accumule de nombreux pouvoirs (Commandeur des croyants, Commandant en Chef des Forces Armées Royales, Président du Conseil des ministres, Président du Conseil supérieur de la magistrature et du Conseil supérieur des Oulémas, etc.), a-t-il le droit de s’absenter si souvent et si longtemps sans même annoncer la date et la durée de ses voyages à l’étranger ? Cette habitude royale pose un vrai problème constitutionnel, politique et moral. »

    Le seul journaliste marocain qui a osé poser cette question et apporter une réponse a été, le 4 Juin, Ali Anouzla, directeur du site numérique indépendant Lakome, dans un éditorial intitulé «De l’absentéisme royal». Il a publié le 4 Juin quand le souverain était en vacances en France. Au total, le monarque a consacré, depuis le début de l’année 2013, dix semaines à des voyages privés à l’extérieur du Maroc, en particulier au château qu’il possède à Betz, au nord de Paris.

    Ali Anouzla a été convoqué mardi 25 Juin par la police judiciaire de Fès et, le mercredi, par le procureur de la même ville. Il a été auditionné et accusé de «publication et diffusion, de mauvaise foi» de «fausses informations» et «faits inexacts» de nature à troubler l’ordre public. Il risque une condamnation en vertu de l’article 42 du code de la presse marocaine, à une peine allant d’un mois à un an de prison et une amende comprise entre € 110 et € 9.500.

    Quelle fausse information Anouzla a-t-il publié ? Le lundi 17 Juin vers 13h30, Lakome a repris une information publiée par RASSD, un journal numérique de Fès récemment crée, qui faisait état d’affrontements tribaux près de la ville ayant causé sept morts. A 14h, n’ayant pas pu vérifier la véracité de l’information, Lakome a retiré l’article en question, et peu après après 17h le site s’est excusé auprès de ses lecteurs suite à cette erreur.

    Le directeur du site local à Fès a également été convoqué par le procureur. Il a avoué avoir inventé l’histoire en vue d’induire en erreur les autres journaux numériques d’information. Mais le parquet n’a pas convoqué les responsables des autres sites numériques qui ont publié la même information fictive, parfois pendant des jours, et qui n’ont pas pris la peine de s’en excuser.

    « Je me demande si mon inculpation pour diffusion de fausses informations n’est qu’un prétexte, et si les motivations sont ailleurs », explique Anouzla au téléphone. Le procureur était pressé. Il a fixé l’audience pour le 16 Juillet. S’il est reconnu coupable, Anouzla ira en prison. En 2009, un tribunal l’avait déjà condamné à une peine d’un an de prison avec sursis, conformément à l’article 42 du code de la presse. Comme il s’agit de récidive, il devrait cumuler les deux peines.

    À la fin Août 2009, le palais royal marocain a publié un communiqué expliquant que le roi avait attrapé une infection dite rotavirus, une maladie qui affecte les intestins et qui l’a obligé à «une convalescence de cinq jours.» «L’état de santé de Sa Majesté le Roi n’est pas préoccupant», conclut le texte de ce communiqué.

    Anouzla, qui dirigeait à l’époque le quotidien Al Jarida Al Oula, avait publié un article intitulé: « La maladie royale retarde les causeries religieuses et son déplacement à Casablanca ». Un autre article signé par la journaliste Bouchra Eddou, signalait, en citant un médecin anonyme, que « l’origine du rotavirus contracté par le roi est due à la consommation de corticoïdes contre l’asthme qui causent l’enflure du corps et diminuent l’immunité». Ce commentaire médical lui a valu la condamnation.

    Étouffé par le manque de publicité Al Jarîda Al Oula a fermé en mai 2010, mais huit mois plus tard, Anouzla, infatigable, lance le site numérique arabophone Lakome. Plus tard, il lance avec Aboubakr Jamai une version francophone. Leur seule source de revenus pendant des mois fut la publicité de Google. Mais le site a connu un succès indéniable. Quand il a appris qu’il était poursuivi, Anouzla a déclaré : « La ligne éditoriale de Lakome ne changera pas d’un iota. ». Ceux qui connaissent la presse marocaine savent tous qu’ Anouzla est sans doute le journaliste le plus indépendant.

    Lorsqu’il n’est pas poursuivi par la justice, Anouzla est l’objet de harcèlement de la part des médias proches des autorités. Lorsqu’en Avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a renoncé à élargir le mandat des casques bleus au Sahara occidental (MINURSO), afin qu’ils puissent surveiller les droits de l’homme, plusieurs médias proches des officiels avaient annoncé que le journaliste avait tenté de se suicider et avait été hospitalisé dans un état grave.

    Source : Le Blog d’Ahmed Benseddik, 3 jui 2013

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Ali Anouzla, Presse, absentéïsme,

  • Le Roi du Rwanda est mort, vive le Roi du Maroc !

    Après la disparition du dernier monarque rwandais, Kigeli V Ndahindurwa et à l’occasion de la première visite au Rwanda du chef de l’État marocain le Roi Mohammed VI, nous avons imaginé un échange avec son homologue le Président Paul Kagame.

    Mohammed VI : J’ai appris que vous aviez encore récemment un roi ici au Rwanda, on en parle beaucoup depuis dimanche. Que devient-il ?

    Paul Kagame : En fait, il n’est plus roi depuis 55 ans et il est décédé dimanche. C’est pour cela que la presse en parle beaucoup ces derniers jours.

    Mohammed VI : Mes très sincères condoléances, Monsieur le Président, le pays doit être en deuil. Les funérailles ont-elles déjà eu lieu ? Est-ce que ma visite ne perturbe pas les préparatifs ?

    Paul Kagame : Non ! Non ! Pas du tout ! L’ancien roi est décédé aux USA.

    Mohammed VI : Je comprends… Il y était allé pour se faire soigner et y est décédé. Je n’ai pas vu de drapeaux en berne… ça ne se fait pas ici quand le Roi décède ?

    Paul Kagame : En fait, il n’était plus roi depuis fort longtemps et il vivait en exil aux USA.

    Mohammed VI : Vous l’aviez exilé !

    Paul Kagame : Ce n’est pas moi ! À l’époque en 1961, je n’avais que 4 ans.

    Mohammed VI : Et il n’est jamais rentré en 55 ans ?!

    Paul Kagame : Euh… non ! Les 33 ans premières années de son exil, les autorités ne voulaient pas de lui. Par la suite, c’est-à-dire depuis que je suis au pouvoir, nous lui avons proposé de rentrer mais il ne voulait pas.

    Mohammed VI : Étonnant, il a préféré rester loin de son pays et de son peuple toutes ces années. Terrible ! Un pays et un peuple sans son Roi !

    Paul Kagame : Il n’était plus Mwami – je veux dire – il n’était plus roi. C’est une république maintenant. Je suis le président et lui il voulait rentrer en tant que roi !

    Mohammed VI : Il est trop tard maintenant puisqu’il est mort mais vous auriez pu vous arranger. Faire semblant qu’il est Roi dans son palais avec un gouvernement folklorique, des gardes suisses ou marocains, etc…

    En tout cas, pour les funérailles, j’enverrai une délégation dont le chef sera le prince héritier. Tenez-moi au courant de la date des cérémonies.

    Paul Kagame : Aucun problème ! Nous nous occupons de tout…
    Si ça se passe ici…

    Mohammed VI : Ici ou ailleurs dans le pays, nous serons aux côtés des Rwandais endeuillés par la perte du premier d’entre eux. Son successeur a déjà été désigné ?

    Paul Kagame : Nous sommes en république, le chef c’est moi. Il n’y a plus de roi donc pas de successeur.

    Mohammed VI : République ! Pas de Roi ! OK. J’ai compris. Ce n’est pas la République du Roi Nda Hindurwa. Vous êtes souverains !

    NKB-D, 19/10/2016

    Tags : Maroc, Rwanda, Mohammed VI, Paul Kagamé, africa,

  • Maroc : les mauritaniens découvrent le vrai visage des marocains

    Le Maroc est une destination très fréquentée par les mauritaniens. Casablanca est devenue La Mecque plusieurs classes sociales mauritaniennes. En premier rang, les commerçants. Ils y trouvent tout genre de trafic et de marchandises de contrefaçon. Grâce à la corruption (appellée « graissage » en Mauritanie), ces commerçants peuvent introduire leurs produits sans les dédouaner.

    Beaucoup de femmes et d’homosexuels mauritaniens se rendent au Maroc en quête d’argent facile moyennant la pratique de la prostitution.

    En raison de cela, le Maroc est un pays très apprécié par les citoyens mauritaniens. Cependant, ils commencent à découvrir le vrai visage des marocains qui est celui du mépris envers tous les voisins, en particulier ceux appartenant aux pays qui, pour Allal El Fassi, faisaient partie du dénommé Grand Maroc.

    Le « tcharmil » qui a envahi la rue marocaine est aussi palpable dans la mentalité des fonctionnaires du royaume alaouite. Dans la rue, on trouve des bandes armées d’énormes épées qui sément la terreur des passants, dans les bureaux et autres institutions marocaines vous avez droit à un marocain grossier dont la bouche ne sort que les gros mots et qui n’a aucun respect pour l’autre.

    Cette réalité vient d’être découverte par les voyageurs mauritaniens. Les autorités de l’aéroport de Casablanca ont invité les clients mauritaniens de la RAM à passer la nuit dans un local qu’ils ont qualifé de « taudi » après l’annulation de leur vol.

    En effet, le vol AT511 à destination de Nouakchott, initialement prévu le lundi 22 avril 2019 à 22h40 a été annoncé avec un retard de 1h de temps puis de 2h de temps.

    “Les agents de RAM avaient d’abord déserté la salle d’embarquement F2 avant de revenir pour annoncer aux passagers remontés que le vol est annulé. Et la RAM choisit d’installer les Mauritaniens dans une salle qui ressemble plus à un taudis qu’un lieu d’hébergement. Une quinzaine de passagers mauritaniens a d’ailleurs refusé l’offre d’hébergement indigne et a préféré passer la nuit dans la salle d’embarquement”, a précisé un passager dans une déclaration relayée par l’agence Al-Akhbar.

    Tags : Mauritanie, Maroc, commerce, prostitution, RAM, retard, vol,

  • La guerre des sables vue par un histoien français

    J’ai numérisé un chapitre concernant le conflit frontalier entre l’Algérie et le Maroc.
     
    Source : Histoire des Alaouites 
     
    Auteur : BENOIT-Méchin 
     
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994 

    LES FRONTIÈRES ALGÉRO-MAROCAINES

    Bien que nous nous soyons efforcés dans ces pages de nous placer avant tout d’un point de vue psychologique et moral, dépeindre l’action de Hassan II sans parler de sa politique étrangère serait l’amputer de ce qu’elle offre de plus intéressant.

    Décidé à pratiquer une politique de « non-engagement », Hassan II a effectué de nombreux voyages à l’étranger, soit pour y régler des contentieux consécutifs à la décolonisation, soit pour y obtenir une aide économique susceptible d’accélérer le développement du pays, soit encore pour expliquer aux gouvernements étrangers les raisons pour lesquelles le Maroc ne tenait pas à s’associer à une « politique de blocs » : voyage à Washington, voyage à Bruxelles où il a été l’hôte du roi Baudouin et de la reine Fabiola; voyage à Moscou où il a établi des contacts fructueux avec MM. Podgorny, Brejnev et Kossyguine ; voyage à Madrid; enfin voyage à Paris.
     
    Mais c’est surtout dans le domaine de la politique africaine que son action s’est manifestée avec le plus de bonheur.
     
    Mohammed V, comme nous l’avons vu, était mort sans avoir pu régler le problème des frontières méridionales du royaume. Il avait refusé, à plusieurs reprises l, de discuter cette question avec les autorités françaises (Pour plus de détail voir l’annexe à la fin de cet article) en déclarant qu’à ses yeux elle relevait exclusivement de l’Algérie et qu’il attendrait que celle-ci ait accédé à l’indépendance pour fixer par des conversations directes les limites définitives entre les deux pays. La mort prématurée de Mohamrned V et le prolongement de la guerre d’Algérie n’avaient pas permis de pousser les choses plus loin. Le 6 juillet 1961, c’est-à-dire quatre mois après son accession au trône, Hassan II avait conclu un accord avec Ferhat Abbas, alors président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Par une lettre ; adressée au roi du Maroc, le représentant de l’Algérie reconnaissait « le caractère arbitraire de la délimitation imposée par la France aux deux pays » et spécifiait que « les accords qui pourraient intervenir à la suite de négociations franco-algériennes ne sauraient être opposables au Maroc, quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines ». L’accord stipulait en outre que la question serait résolue par voie de négociations et qu’une commission paritaire serait constituée à cet effet, dès que l’Algérie aurait accédé à l’indépendance.
     
    En juillet 1962, au lendemain de la signature des accords d’Évian qui faisaient de l’Algérie un État indépendant, Ferhat Abbas avait été évincé du pouvoir et tous les engagements pris antérieurement par lui considérés comme nuls et non avenus. Lorsque le gouvernement marocain s’était tourné vers Alger pour demander la constitution de la commission chargée de régler le problème des frontières, il s’était vu opposer une fin de non-recevoir catégorique. Ben Bella, qui avait succédé à Ferhat Abbas, et les chefs du nouveau gouvernement algérien affirmaient: 
     
    1) Qu’au vu des traités internationaux conclus avant l’instauration du protectorat et dont le plus ancien remontait à 1767, jamais aucun souverain chérifien n’avait prétendu exercer sa souveraineté au-delà de ; »!’Oued Noun, situé bien au nord de la ligne frontalière «actuelle».
     
    2) Que l’Algérie aurait pu mettre fin beaucoup plus tôt aux combats qui l’avaient ensanglantée pendant six ans si elle s’était contentée de la partie septentrionale du territoire et avait renoncé au Sahara.
     
    3) Que c’était seulement lorsque la France avait consenti à inclure le Sahara dans son territoire national que l’Algérie avait déposé les armes et qu’en conséquence de nombreux Algériens étaient morts pour atteindre cet objectif.
     
    4) Que la République algérienne étant « une et indivisible » il n’était pas question de céder un seul pouce de son territoire et que, au surplus, le chef de l’État algérien ayant juré sur le Coran – c’est-à-dire sur ce que les Arabes avaient de plus sacré – de maintenir envers et contre tout l’intégrité du patrimoine national, il était impossible de violer cet engagement sans commettre un parjure.
     
    Comme on le voit, les successeurs de Ferhat Abbas faisaient montre d’une intransigeance inentamable et fermaient résolument la porte à tout règlement négocié. « Quand a-t-on jamais vu un État faire don d’une partie de son territoire à un autre État? demandaient-ils. Le Maroc veut s’annexer une portion de l’Algérie ? Eh bien, qu’il vienne la prendre ! Il verra comment il y sera reçu… »
     
    Ulcéré par cette attitude si peu conforme aux scrupules qui avaient empêché son père de régler le problème avec le gouvernement français, Hassan II crut pouvoir trancher la question par lui-même. Dans la dernière quinzaine d’octobre 1963, il fit occuper par de petits détachements symboliques des Forces armées royales certains points de garde situés dans la zone désertique qui s’étendait entre la Hamada du Draa et Colomb-Béchar. Comme cette région avait été de tout temps dans la mouvance de l’Empire chérifien, il n’avait nullement l’impression de pénétrer dans un pays étranger. L’opération s’effectua sans difficulté, car les postes étaient vides et il n’y avait aucune unité algérienne dans les parages.
     
    Lorsque le gouvernement algérien apprit cette nouvelle, sa réaction fut immédiate. Il ameuta son opinion publique en annonçant à la radio que l’armée maro*caine avait franchi la frontière et occupait indûment une portion du territoire national. Quarante-huit heures plus tard, des formations de l’ALN3 débou*chaient dans la région. Au lieu de rester l’arme au pied en face des postes marocains, en attendant un arbi*trage, elles les attaquèrent nuitamment et massa*crèrent leurs chefs. Les soldats répliquèrent par un feu nourri. Le sang commença à couler de part et d’autre. De nouvelles formations de l’ALN accoururent à la res*cousse.
     
    Durant toute la journée suivante et le surlende*main, les Algériens renouvelèrent leurs attaques, mais sans pouvoir entamer la ligne de défense des Maro*cains, qui avaient reçu eux aussi des renforts. Finale*ment, ils s’essoufflèrent. L’ALN était constituée de groupes de volontaires habitués à la guérilla. Elle était insuffisamment rompue à la guerre classique pour pouvoir tenir tête à l’armée marocaine, bien encadrée et dotée d’un armement supérieur. Lorsque les Forces armées royales passèrent à la contre-attaque, elles culbutèrent les formations algériennes, qui se disper*sèrent dans toutes les directions. « II n’y avait plus rien devant nous, devait déclarer plus tard un officier maro*cain. La voie était libre. Si Sa Majesté nous avait donné l’ordre d’aller de l’avant, nous aurions pu marcher sur Alger sans rencontrer d’obstacle. »
     
    Mais cet ordre, le roi ne le donna pas. Il n’avait jamais été dans ses intentions de déclencher une guerre algéro-marocaine. Il avait simplement voulu occuper une position favorable pour amener les Algé*riens à accepter la négociation. Il savait que la partie était loin d’être gagnée. Les meilleures unités algé*riennes étaient retenues en Kabylie, où l’opposition à Ben Bella avait voulu profiter de la situation pour fomenter une révolte. Lorsque ce soulèvement aurait été maté – ce qui ne tarderait guère -, ces unités se retourneraient vers l’ouest pour affronter les Marcains. Comme leurs effectifs étaient très supérieurs à ceux des Forces armées royales, celles-ci risquaient d’être écrasées sous le nombre.
     
    De plus, cet affrontement armé entre deux pays frères avait soulevé une émotion intense dans toutes les capitales arabes. La situation était si tendue que la Mauritanie se sentit en danger et se tourna vers Alger pour lui demander son assistance. En quelques jours, Hassan II se trouva isolé. C’est pourquoi il trouva préférable de ne pas exploiter à fond l’avantage initial qu’il avait remporté sur le terrain. Toute nouvelle avance de ses troupes aurait débouché sur le chaos.
     
    Convoquée d’urgence par l’empereur d’Ethiopie, agissant en tant que président de l’Organisation de l’unité africaine, une conférence quadripartite se réunit à Bamako (29-30 octobre 1963). Elle comprenait, outre Haïlé Sélassié, le roi du Maroc, le président Ben Bella et M. Modibo Keita, président de la République du Mali. A l’issue des entretiens qui prirent par moments un caractère orageux, les quatre chefs d’État africains décidèrent :
     
    1) L’arrêt effectif des hostilités et l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, à compter du 2 novembre, à zéro heure.
     
    2) La constitution d’une commission composée d’officiers marocains, algériens, éthiopiens et maliens, qui déterminerait une zone au-delà de laquelle les troupes engagées seraient retirées.
     
    3) La constitution d’un corps d’observateurs maliens et éthiopiens chargés de veiller à la sécurité et à la neutralité de la zone démilitarisée.
     
    4) La réunion, dans les plus brefs délais, des ministres des Affaires étrangères des États-membres de l’Organisation de l’unité africaine, afin de constituer une commission spéciale qui aurait pour mission : 
    a) de situer les responsabilités dans le déclenchement des hostilités4;
    b) d’étudier le problème des frontières et de soumettre aux deux parties des propositions concrètes pour le règlement définitif de cette affaire.
     
    Les quatre chefs d’État décidèrent en outre :
     
    1) La cessation par l’Algérie et par le Maroc de toute attaque publique, par voie de presse ou de radio, à compter du 1er novembre 1963, à zéro heure.
     
    2) L’observation stricte du principe de non-ingérence dans les affaires des autres États;
     
    3) Le règlement par voie de négociation de tout différend susceptible de survenir entre États africains.
     
    Pour bien marquer qu’il n’y avait ni vainqueurs ni vaincus, le protocole final tint à souligner que les conversations s’étaient déroulées « dans une atmosphère amicale ».
     
    Mais lorsque la commission spéciale prévue à Bamako voulut se réunir pour apporter un règlement définitif au problème frontalier, elle n’aboutit à rien. Les avis se partagèrent et le litige demeura entier. L’opération militaire avait failli déboucher sur le chaos; l’action diplomatique débouchait sur le vide.
     
    Alors Hassan II se dit que, pour sortir de cette impasse, il fallait repenser le problème de fond en comble et le transposer sur un autre plan. On ne peut qu’admirer la largeur de vues avec laquelle il procéda à cette révision. Il paria que l’intelligence et la raison finiraient par l’emporter sur l’esprit de revendication territoriale et que les nécessités de la coopération économique remplaceraient « les vieux rêves de grandeur et de sable ». C’était un pari risqué et d’autant plus méritoire que le jugement que l’Histoire porterait sur son règne dépendrait, en fin de compte, de son échec ou de sa réussite. Pourtant, il n’hésita pas. Il avait pris conscience des dimensions du problème. De par sa nature et sa complexité, il n’était pas un de ceux que l’on pouvait résoudre à coups de canon. En revanche, lui apporter une solution durable assurerait à l’Algérie et au Maroc un avenir lumineux.
     
    Réduit à l’essentiel, il pouvait se formuler comme suit : nul ne pouvait contester que le territoire revendiqué à la fois par le Maroc et l’Algérie n’ait entretenu depuis le XIe siècle des liens beaucoup plus étroits avec l’Empire chérifien qu’avec l’Algérie, ne serait-ce que parce qu’à cette époque l’Algérie ne formait pas encore un État organisé. Mais il était non moins indéniable que le partage des territoires pratiqué par la puissance colonisatrice – et qui se trouvait concrétisé par les accords d’Évian – avait placé cette région à l’intérieur des frontières algériennes. Modifier cet état de choses par la force était impensable. Chaque fois qu’on le tenterait, les instances internationales interviendraient pour imposer un cessez-le-feu aux belligérants. Qu’en recueillerait-on pour finir? Rien que des ressentiments supplémentaires et des morts inutiles…
     
    À côté de ces ombres, les éléments positifs : le bassin de Tindouf contenait dans son sous-sol d’énormes richesses minières. On y trouvait du fer d’excellente qualité, notamment le gisement de Gara-Djebilet, un des plus riches du monde, puisque les experts évaluent ses réserves à deux milliards de tonnes et que la teneur en fer du minerai est de 65 pour cent (contre 35 pour cent pour le minerai de Lorraine). Ce gisement était suffisant, à lui seul, pour assurer la prospérité de l’Algérie et du Maroc, à condition d’être exploité d’une façon rationnelle. Les techniciens voyaient déjà surgir, aux lisières du Sahara, une « Ruhr nord-africaine » susceptible de fournir du travail à plusieurs générations.
     
    Ces projets ne relevaient pas de la fantasmagorie. On pouvait en chiffrer les résultats sur le papier. Comme le volume de ces minerais était beaucoup trop élevé pour pouvoir être consommé sur place, il fallait en prévoir l’exportation. Ceci posait le problème d’un débouché sur la mer. Or les ports algériens les plus proches, Arzew et Ghazaouet ‘, étaient à 1 300 kilomètres, Port-Étienne 2, en Mauritanie 3, à 1 400 kilomètres, alors que les ports marocains de La Gazelle et de Tarfaya4 se trouvaient respectivement à 400 et 515 kilomètres. (Une voie rejoignant directement la côte en traversant le territoire d’Ifni serait encore plus courte, mais elle posait le problème de l’enclave espagnole 5.) Or le coût du transport de la tonne de minerai de fer avait une incidence directe sur son prix de revient. En comparant ces diverses données, on obtenait le tableau suivant :
    _____________
    COÛT DE PRODUCTION PAR TONNE, SUR LA BASE DE 15 MILLIONS DE TONNES/AN

     

    Variante de tracé
    Distance en km
    Coût Coût d’extraction du transport en dollars en dollars
    Coût total en dollars

    Arzew
    1300
    1,10 4,40
    7,05

    (Algérie)

    Ghazaouet
    1300
    3,30
    5,60

     

    (Algérie)

    La Gazelle
    400
    2,00
    4,40

    (Maroc)

    Tarfaya (Maroc)
    515
    1,75
    4,05

    Port-Étienne (Mauritanie)
    1400
    NOP
    5,15

    D’où il résulterait que le coût du transport représente*rait :

     
    – 4 fois le coût de l’extraction, en passant par Arzew;
     
    – 3,3 fois le coût de l’extraction, en passant par Gha*zaouet;
     
    – 2 fois le coût de l’extraction, en passant par La Gazelle ;
     
    – 1, 75 fois le coût de l’extraction, en passant par Tar*faya.
    En le faisant transiter par les ports algériens, le minerai de Tindouf n’était plus compétitif, alors qu’il le demeurait largement en transitant par les ports marocains. Pour tenter d’échapper à cette obligation, la Sonarem, ou « Société nationale de recherches et d’exploitations minières », dépendant du ministère algérien de l’Industrie et de l’Énergie, avait étudié quatre-vingt-quatre variantes du tracé, portant sur toutes les possibilités d’évacuation. Or toutes avaient abouti à la même conclusion; l’exploitation des richesses de Tindouf n’était rentable qu’à condition d’emprunter le territoire marocain. L’avenir n’était-il pas clairement inscrit dans ces chiffres?
     
    Puisqu’il en est ainsi, s’était dit Hassan II, pourquoi continuer à nous disputer des richesses qu’aucun de nous n’est capable d’exploiter à lui seul ? Pourquoi ne pas nous mettre d’accord pour constituer un orga*nisme équivalant à ce qu’est pour l’Europe la Commu*nauté du charbon et de l’acier? Au lieu de nous épuiser dans des luttes stériles, pourquoi ne pas faire de ces territoires une sorte de condominium économique algéro-marocain, auquel on pourrait associer par la suite la Mauritanie6 et le Rio de Oro 7, le jour où il aurait été évacué par les Espagnols ? Ainsi se constitue*rait au nord-ouest de l’Afrique une vaste zone de coprospérité trois fois grande comme la France, au regard de laquelle les problèmes posés par le tracé des frontières perdrait, sinon toute signification, du moins beaucoup de leur acuité.
     
    Reléguer à l’arrière-plan les litiges territoriaux, les laisser se dissoudre au fil des années ; donner, pendant une période à déterminer, la primauté à la coopération économique ; imprimer à cette coopération une impul*sion assez forte pour qu’elle puisse porter des fruits avant l’achèvement de la période prévue, telles furent les grandes lignes du plan que se traça Hassan II ; et à la mise en œuvre duquel il décida de consacrer tous ses efforts. Mais pour pouvoir se concrétiser, ces prin*cipes directeurs avaient besoin de l’accord de tous. D’où une question préalable : les autres chefs d’État seraient-ils assez clairvoyants pour comprendre à quel point ces conceptions répondaient aux exigences de notre époque, à son besoin de faire peau neuve, à son refus de se laisser enfermer dans les cadres trop étroits légués par le passé? Rien n’était moins certain, car les relations entre Rabat et Alger étaient restées tendues.
     
    L’affrontement d’octobre 1963 avait laissé de part et d’autre des séquelles douloureuses. Il y avait une pente difficile à remonter. Mais, là encore, les événements favorisèrent le jeune roi et montrèrent à quel point la chance était de son côté. Avec Ben Bella, un rapprochement eut été impos*sible. Celui-ci n’avait pas digéré les circonstances dans lesquelles son avion avait été détourné, ni la facilité avec laquelle Mohammed V s’était accommodé de sa longue détention 8. Durant la durée de son incarcéra*tion à l’île d’Aix et à Aulnoye, Khider, qui était son compagnon de cellule, n’avait cessé d’attiser sa méfiance envers Mohammed V et la dynastie alaouite.
     
    Or, le 19 juin 1965, un coup d’État militaire avait évincé Ben Bella du pouvoir. Un homme nouveau l’avait remplacé à la tête du gouvernement algérien : le colonel Houari Boumédienne. Tempérament éner*gique et réalisateur, dont le laconisme tranchait sur le verbalisme démagogique de son prédécesseur, l’ancien commandant de la Wilaya V était bien trop perspicace pour ne pas voir tous les avantages qu’apporteraient à son pays un désamorçage du différend algéro-marocain et son remplacement par une formule de coopération économique. Ayant étudié le problème sous tous ses aspects, il était parvenu à des conclusions qui rejoignaient celles de
    Hassan II. Dès lors, il ne res*tait plus qu’à les mettre en pratique.
     
    Aussitôt, les ambassadeurs se mirent au travail pour créer une atmosphère favorable à la détente. Ces efforts convergents reçurent une première consécra*tion le 15 janvier 1969, quand fut signé à Ifrane, dans la résidence d’hiver du roi, un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération entre le royaume du Maroc et la République algérienne. Date capitale dans l’his*toire du Maghreb! Un esprit amical, annonciateur du renouveau, semblait avoir balayé jusqu’au souvenir de la discorde. Pour apprécier l’importance de ce rap*prochement, il faut se référer au texte même du traité :
     
    Art. I : Une paix permanente, une amitié solide et un voisinage fructueux, découlant naturellement de la fraternité séculaire liant les deux peuples frères, régne*ront entre la République algérienne démocratique et populaire et le royaume du Maroc, et viseront à l’édifi*cation d’un avenir commun et prospère.
     
    Art. II : Les Parties contractantes s’engagent à renfor*cer leurs relations communes dans tous les domaines et notamment dans les domaines économique et cultu*rel, afin de contribuer à l’élargissement du champ de la compréhension mutuelle entre les peuples frères d’Algérie et du Maroc et au renforcement de l’amitié et du bon voisinage entre eux.
     
    Art. III : Considérant que la coopération économique constitue une base solide pour leurs relations paci*fiques et amicales et vise à la promotion de leurs pays, les Parties contractantes apporteront leur participation réciproque au développement de cette coopération dans tous les domaines.
     
    Art. IV : En cas de litige ou de différend, sous quel*que forme que ce soit, les Parties contractantes s’inter*disent de recourir à l’emploi de la violence entre elles et s’emploieront à régler leur différend par des moyens pacifiques […], en application des principes et des résolutions de l’Organisation des Nations Unies, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de l’Unité africaine.
     
    Art. VIII : Le présent traité restera en vigueur pen*dant une durée de vingt ans à compter de la date de sa mise en exécution9. Il est renouvelable, par tacite reconduction, pour une période de vingt ans, tant qu’il n’est pas dénoncé par l’une des Parties contractantes, par écrit, un an avant son expiration.
     
    Pour le Royaume du Maroc
     
    Le Ministre des Affaires étrangères
     
    Ahmed laraki
     
    Pour la République algérienne
     
    Le Ministre des Affaires étrangères
     
    Abdelaziz bouteflika
     
    Je voudrais souligner deux points qui donnent à ce traité une signification particulière, devait dire Hassan II peu de temps après sa signature. D’abord, il a été contracté pour vingt ans – ce qui est un délai inhabi*tuel pour une convention de ce genre ; ensuite, il asso*cie étroitement la coopération culturelle à la coopéra*tion économique. Pourquoi? Parce qu’il est vain de vouloir faire avancer les choses si l’on ne s’occupe pas, en même temps, de faire progresser les esprits. J’ai souhaité que les écoles marocaines, algériennes – et pourquoi pas tunisiennes ? – dispensent à nos enfants un enseignement qui les rende plus conscients de leurs liens de parenté et leur apprenne à voir les choses sous un angle plus large que cela n’a été le cas jusqu’ici. Dans vingt ans, une nouvelle génération aura grandi, pour laquelle les problèmes de frontières n’existeront plus, ou, du moins, s’ils se posent, ce sera dans des termes très différents d’aujourd’hui. Entre-temps, le traité d’Ifrane aura fait ses preuves et sa reconduction ne soulèvera aucun problème, car chacun aura compris que le Maghreb tout entier est le plus petit espace géographique dans lequel nous puissions vivre. Songez qu’en l’an 2000 le Maroc, l’Algérie et la Tunisie auront, à eux trois, quatre-vingts millions d’habitants. Ces conceptions sont caractéristiques de la manière de penser de Hassan II. Ce n’est pas à lui qu’il faut apprendre que ce qui paralyse la vie, ce ne sont pas les contraintes, c’est le manque de hardiesse.
     
    Fin
     
    Annexe:
     
    Durant les négociations de Paris, les autorités françaises ont proposé au roi Mohamed V de fixer le tracé des frontières dans les confins sahariens, afin d’éviter toute contestation ultérieur. Elles se sont même déclarées prêtes à inclure la région de Tindouf et la Hamada du Draa dans le territoire marocain. Mais Mohamed V leur a opposé un refus catégorique. A ses yeux, la question des frontières méridionales du royaume relève exclusivement du Maroc et de l’Algérie : elle doit être réglée d’un commun accord entre les deux pays. Or l’Algérie, dans l’état actuel, n’a pas voix au chapitre. Elle est engagée dans des combats dont dépend son avenir. Le roi répugne à profiter de cette situation pour lui porter un coup bas.« Aucun avantage moral ou matériel, déclare-t-il, ne saurait justifier un acte de félonie. Nous réglerons cette affaire plus tard, entre voisins. Je n’ai pas voulu accabler la France lorsqu’elle était à terre ce n’est pas pour frapper un pays frère lorsqu’il se trouve en difficulté.» 
     
    Chacun rend hommage à son élévation morale. Mais comme ses interlocuteurs français lui font observer que la France n’a nullement l’intention de quitter l’Algérie et que cette situation risque de se prolonger longtemps, il répond, imperturbable :« Eh bien!nous attendrons!» 
     
    Source : Histoire des Alaouites 
     
    Auteur : BENOIT-Méchin 
     
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994 
     
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    Tags : Maroc, Algérie, guerre des sables,