Catégorie : Maroc

  • La guerre au Mali: Un remake de la conquête de l’Algérie

    Belhaouari BENKHEDDA

    Comme dit l’adage, il faut connaître le passé pour comprendre le présent et deviner l’avenir. Lors de l’intervention militaire française au Mali, le président français a déclaré : «La France ne restera pas plus longtemps que nécessaire au Mali.»
    Cette déclaration ressemble à celle qui a été faite par Charles X à la veille de la conquête de l’Algérie. En fait, il y a beaucoup de points communs entre la guerre menée au Mali en 2013 et la guerre menée contre l’Algérie en 1830.

    La conquête de l’Algérie

    Ce n’est pas pour un coup d’éventail qu’on mobilise 104 navires de guerre et 535 navires de commerce.

    Balzac disait :

    «Il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, puis l’histoire secrète, où sont les véritables causes des événements? »

    L’une des principales causes de la prise d’Alger est l’existence du trésor du dey, un trésor évalué entre 200 et 500 millions de francs. Suite au coup d’éventail en 1827, Alger a été soumise à un blocus maritime imposé par la France. Ce blocus a duré trois ans.

    Avant le lancement de l’assaut, les envahisseurs ont adressé cette proclamation aux Algériens :

    «Nous, les Français, vos amis, partons pour Alger. Nous allons en chasser les Turcs, vos tyrans… Nous ne conquérons pas la ville pour en devenir les maîtres. Nous le jurons par notre sang… Soyez unis à nous, soyez dignes de notre protection et vous régnerez comme autrefois dans votre pays, maîtres indépendants de votre patrie… Les Français agiront avec vous comme ils agissaient, il y a trente ans, avec vos frères bien aimés les Egyptiens. Nous nous engageons à respecter vos trésors, vos propriétés et votre sainte religion… Venez à nous, vous nous ferez plaisir et votre amitié sera avantageuse… Nous vivrons en paix pour votre bonheur et pour le nôtre.» (voir le livre de Michel Habar Histoire d’un parjure-paru aux Editions Anep en 2007).

    Pour faire main basse sur le trésor de la Régence d’Alger, l’armée française a utilisé le rapport d’espionnage établi en 1808 par le colonel Boutin à la demande de Napoléon. Préoccupé par les Russes, Napoléon a alors remis son projet de guerre en Algérie.

    En examinant de plus près les circonstances de la conquête française de l’Algérie, il s’avère que les principaux acteurs responsables du plus grand hold-up du XIXe siècle sont :

    1) Les Bacri, riches commerçants, chefs de la communauté juive d’Algérie et banquiers des deys qui ont gouverné Alger. Les Bacri ont appauvri la population pendant le blocus maritime, entre 1827 et 1830, afin de susciter le mécontentement et des émeutes, ils ont également collaboré avec les Français après le débarquement.

    2) Les Rothschild, chefs de la communauté juive de France et banquiers des rois de France. Ils ont financé l’expédition militaire et mobilisé les lobbies européens sous leur influence pour réussir le crime parfait.

    3) Talleyrand, un politicien hors norme. Il a été ministre français des Affaires étrangères entre 1814 et 1815. Appuyé par les Rothschild, il a organisé l’entente entre la France et l’Angleterre.

    4) Duval, consul de France. Il a été nommé par Talleyrand auquel il n’osait jamais dire non.

    5) Bourmont, général de l’armée française. Il a mené l’opération militaire à la demande de Charles X. (voir le livre de Mahrez Afroun Les Rothschild, Bacri et Talleyrand paru aux Editions Houma en 2011). Après la prise d’Alger, les commissions ont été prélevées, la majeure partie du trésor s’est volatilisée. Officiellement, une enquête a été ouverte. Mais elle n’a débouché sur rien. Dans cette affaire criminelle, les lobbies ont joué un rôle très important. Le roi voulait renflouer les caisses de l’Etat, assouvir l’avidité de la bourgeoisie, avoir les moyens de corrompre ses opposants et manipuler l’opinion publique en faisant de la gestion de la guerre menée contre l’Algérie la principale préoccupation de l’Etat. Rien ne pouvait être fait sans l’entente avec l’Angleterre qui contrôlait le détroit de Gibraltar. Les Anglais ont exigé une alliance contre la barbarie au nom de la suprématie des valeurs occidentales et l’instauration d’un commerce libre. La propagande a joué un rôle déterminant dans la conquête de l’Algérie. Talleyrand a financé le journal de d’opposition Le National fondé en 1830.

    Cette affaire criminelle laisse perplexes les historiens les plus perspicaces. Beaucoup d’éléments ont disparu. Le consul Duval, protagoniste de l’incident de l’éventail, est mort dans des circonstances troubles peu après son retour en France en 1827.

    Le bilan de la conquête de l’Algérie a été très lourd. Les Algériens ont subi l’un des génocides les plus horribles de l’histoire. La population algérienne est passée de 10 millions d’habitants en 1830, selon Hamdane Khodja cité par Michel Habar dans son livre, à moins de 2 millions 500 000 habitants en 1871.

    La guerre au Mali

    La France débourse-t-elle au Mali 400 000 euros par jour pour empêcher l’islamisation de la région ? L’intervention française, baptisée «Opération Serval», du nom d’un félin africain, a-t-elle été lancée pour défendre la démocratie au Mali, ou s’agit-il de relancer une politique coloniale française dans la région ? Les enjeux économiques au Mali sont très importants. Le potentiel de ce pays africain en hydrocarbures est énorme. En 2012, un gigantesque gisement de gaz a été découvert à Bourakèbougou, une localité située à 60 km de Bamako.

    Le Mali possède aussi des bassins de schiste riches en matières organiques et des gisements d’uranium. Les richesses du sous-sol malien sont encore inexplorées. Ce n’est pas étonnant que les groupes énergétiques convoitent les richesses de ce pays, l’avenir de l’économie malienne appartient à ceux qui ont un calcul économique et politique précis. Il est désormais difficile de faire croire aux gens que les compagnies françaises d’hydrocarbures et les groupes industriels français spécialisés dans les métiers du nucléaire ne convoitent pas le marché malien, d’autant que le Qatar, qui finance les intégristes au Mali, est l’associé du groupe nucléaire français AREVA.

    Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE française, «le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes, c’est le cas du groupe Ansar Dine». Concernant AREVA, ce groupe industriel est déjà implanté au Niger, son chiffre d’affaires est plus important que le PIB de l’économie nigérienne. Selon le site d’information mecanopolis.org, «il y a quelques mois, l’ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer, a déclaré qu’AREVA sera le futur exploitant de la mine d’uranium à Faléa».

    Il faut reconnaître que le peuple français ne tirera aucun profit de la guerre au Mali, cette guerre va bénéficier exclusivement aux multinationales. Nous avons vu ce qui s’était passé dans d’autres pays. Suite à l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak, les multinationales ont fait fortune, alors que la dette publique américaine a explosé. Un confrère a fait remarquer que François Hollande s’est imposé comme un leader parce qu’il a déclenché une guerre. Effectivement, François Hollande avait besoin de cette guerre pour faire respecter ses décisions. Il avait surtout besoin de cette guerre pour appliquer sa réforme économique.

    Rappelons le principe de la stratégie du choc : il faut créer une situation choquante et chaotique afin de dévoiler les réformes économiques qu’on veut imposer. Actuellement, le gouvernement français est dans l’incapacité de régler les problèmes économiques de la France. Le terrorisme au Mali ne représente pas de danger réel pour la société française, le vrai problème des Français est le chômage. Récemment, le journal Le Parisien a mené une enquête sur les chômeurs invisibles dans les statistiques officielles. Le journal parle de 9 millions de chômeurs, ce qui correspond à 30% de la population active. François Hollande avait besoin de cette guerre pour annoncer aux Français la fin du CDI (contrat de travail à durée indéterminée). En effet, le gouvernement français doit flexibiliser le marché du travail. La pression des multinationales et des lobbies à Bruxelles est grandissante, ils exigent la libéralisation du travail, une libéralisation qui ne peut se faire sans la fin du CDI.

    Le gouvernement français s’apprête à annoncer cette nouvelle aux citoyens français avant le printemps. Pendant ce temps, les Etats-Unis veulent absolument empêcher que l’Afrique devienne un partenaire de la Chine, raison pour laquelle ils soutiennent la France dans sa démarche au Mali. Les Etats-Unis ont toujours laissé l’Afrique à leurs alliés européens, leurs investissements au continent noir ne sont pas vraiment importants. Mais face au recul de l’influence de leurs alliés et la progression de nouveaux acteurs, les Américains ont créé Africom, un système miliaire prêt à intervenir n’importe où en Afrique pour contrer les ressources stratégiques et stopper la progression de la Chine. L’Algérie partage 1 376 km de frontières avec le Mali. L’évolution de la situation au Mali est inquiétante. Les parties en conflit, obsédées par leurs objectifs, risquent de commettre des erreurs. De plus, les multinationales rêvent de relier les mines et les bassins pétroliers maliens au marché européen en passant par l’Algérie. Craindre le pire n’est donc pas une exagération. Face au danger qui nous menace aujourd’hui, nous devons absolument être unis. Soyons unis pour que vive l’Algérie.

    Belhaouari BENKHEDDA, universitaire

    Source : Le souffle c’est ma vie

    Tags : Algérie, Mali, France, Barkhane, françafrique, colonisation, colonialisme, Franc CFA, FCFA,

  • Maroc : photos de Lalla Hasna au Brésil

    Au Maroc, une femme ne peut se baigner en public, ni porter un maillot de bain à la plage. Si elle le fait, risque de se faire traiter de « qahba » (pute).

    Lalla Hasna, la soeur du roi Mohammed VI en est consciente. C’est la raison pour laquelle elle a choisi d’aller loin en vue de jouir de la liberté de porter un bikini et se baigner en toute liberté. Pour cela, elle a dû se rendre au Brésil. Mais, même à l’autre bout du monde, la princesse marocaine n’a pass échappé aux paparazzis. Voici ses photos à la Mer de Rio de Janeiro où elle a séjourné pour suivre les festivités du célèbre Carnaval brésilien.

    Les photos n’ont pas été bien accueillies au Maroc, où la société est plutôt conservatrice et le roi est considéré comme le « Commandeur des Croyants » et premier défenseur de la religion islamique qui interdit d’exhiber son corps.

    Tags : Maroc, Lalla Hasna, Mohammed VI, Islam, Commandneur des Croyants, Carnaval, Rio de Janeiro, bikini, maillot de bain,

  • Ceuta : Il rentre au Maroc à la nage avec son fils de 7 ans

    Selon le site Ceuta TV, un citoyen marocain, piégé à Ceuta depuis mars par la fermeture de la frontière, a nagé de Benzú à Belliones, portant son fils de 7 ans dans sa traversée. Un effort énorme et dangereux pour cet homme, qui a réussi avec succès son entreprisevisant à regagner son pays natal.

    En raison de la fermeture de la frontière suite à l’épidémie de coronavirus au Maroc, l’homme s’est retrouvé coincé à Ceuta. Les raisons pour lesquelles il n’a pas pu être rapatrié par le couloir humanitaire qui a été ouvert à travers la frontière de Tarajal la semaine dernière sont inconnues.

    Dans le but de rentrer chez lui, il s’est aventuré samedi dans la mer depuis la plage de Benzú, portant son fils, un garçon de 7 ans. Ce dernier portait un gilet de sauvetage.

    La traversé à nage a fini avec succès et les deux ont réussi à atteindre la zone marocaine en toute sécurité, où ils ont été mis en quarantaine.

    Ce n’est pas le premier cas qui se produit pendant cette pandémie, avec plusieurs Marocains essayant de rentrer dans leur pays par la plage de Benzú, ou Tarajal, vers la ville de Castillejos.

    Tags : Espagne, Ceuta, Melilla, coronavirus, covid 19,

  • Le roi Salmane, boude-t-il le Maroc?

    Selon le site Mondafrique, le roi Salmane d’Arabie Saoudite ne s’est pas rendu à Tanger cet été « en raison des très mauvaises relations entre son pays et le Maroc ». Pour la deuxième année, le souverain saoudien, boude ses vacances à Tanger, une ville qui s’était habitué à ses visites et ses dépenses faramineuses.

    Dans un article signé Nicolas Beau, le site Mondafrique que les relations entre le Maroc et le royaume des Al Saoud ne sont plus aussi chaleureuses qu’auparavant, ce qui a poussé le prince héritier Mohamed Ben Salmane a empêcher son père de se rendre dans son luxueux palais de Tanger.

    Lorsque le roi Salmane se rendait à cette ville du nord du Maroc, il était accompgné d’une impressionnante cour composée de près de 1000 personnes dont la présence fait beaucoup de bien à l’économie et la population de la ville. Elle occupait au moins 800 chambres d’hôtels et permettait aux entrerpises de louer près de 200 voitures de luxe et de mobiliser des centaines d’emplois en plus des sociétés de restauration, livraisons, services, gardes du corps, jardiniers,etc.

    Le journal israélien Haaretz affirme que le roi Salmane bin Abdelaziz Al Saoud a déboursé en un mois pas moins de 100 millions de dollars lors de son séjour très médiatisé dans la ville du détroit. D’après la même source, ce voyage à lui seul pourrait représenter 1,5% des revenus annuels du royaume provenant du tourisme étranger.

    Avant 2015, le roi Salmane passait ses vacances d’été dans sa résidence de Vallauris, su sud de la France, où il avait fait privatiser la plage publique de la Mirandole et qu’il a dû quitter après avoir reçu un accueil mouvementé suite à la polémique suscitée par la décision d’interdire au public l’accès au littoral voisin de la villa royale de Golfe-Juan.

    Tags : Maroc, Tanger, Roi Salmane, Al Saoud, MBS,



  • Maroc : L’OCP engage FleishmanHillard dans le combat commercial

    FleishmanHillard a accepté de représenter le groupe OCP, le géant des engrais phosphatés détenu à 94% par le gouvernement marocain, alors qu’il cherche à repousser les droits compensateurs imposés par le département américain du commerce.

    Tampa’s Mosaic Co. a déposé une pétition auprès du département du commerce en juin, affirmant que les exportations de l’OCP vers les États-Unis sont injustement subventionnées par le Maroc, mettant en péril l’avenir de ses mines et de ses installations de production et de l’emploi de 3500 travailleurs en Floride et en Louisiane.

    Dans sa «lettre d’entente» avec l’OCP, FH décrit un programme de communication en deux phases à compter du 6 octobre concernant les litiges et les enquêtes en matière de droits compensateurs.

    La phase de planification et de préparation de la phase 1 d’un mois, qui a un plafond budgétaire de 100 000 $, couvre la collecte d’informations, l’analyse des médias sociaux traditionnels / américains, l’identification / recommandations des parties prenantes, l’analyse des informations (par exemple, les messages qui communiquent le mieux les positions / objectifs d’OCP) , personnalisation des matériaux et planification numérique.

    L’activation et la campagne d’engagement de la phase 2 devraient durer cinq mois et ne pas dépasser 250.000 de dollars américains.

    Cela comprend la sensibilisation externe, les médias gagnés, l’engagement des parties prenantes / de la base / de grasstops, le développement de microsites, la base en ligne, des points de contact sur le terrain (par exemple, recruter et mobiliser des professionnels locaux et nationaux compétents qui peuvent communiquer avec, informer et mettre à jour les médias , décideurs politiques bipartis, législateurs, dirigeants et représentants des agences gouvernementales) et amplification numérique payée.

    Les vice-présidents principaux de la FH, Anthony Zagora et Bailey Witt, travaillent sur le compte OCP avec le vice-président Tayler Tchoukaleff et Spencer Girouard.

    Omnicom est propriétaire de FH.

    Cornerstone Government Affairs travaille également pour l’OCP dans le cadre d’un contrat d’un an de 300.000 $ qui est entré en vigueur le 1er octobre.

    Source : ODwyers, 14 oct 2020

    Tags : Maroc, OCP, phosphates, Etats-Unis, USA, engrais, dumping, concurrence déloyale,

  • Vivre au Maroc, par Paul Bowles

    « Le détroit de Gibraltar m’a toujours fasciné : il semble être le centre de l’univers. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de vivre là. D’un côté il y a le Maroc, de l’autre l’Espagne. De tout temps, j’ai aimé les deux pays. Mais je précise que c’est entre l’Espagne et le Maroc que j’aime vivre, et non entre l’Europe et l’Afrique. L’Europe ne m’attire pas tellement : pour moi, elle s’arrête aux Pyrénées. L’Espagne est autre chose, presque un autre continent. L’atmosphère y est différente du reste de l’Europe, et j’ai toujours aimé le fait qu’on retrouve en espagnol beaucoup d’expressions d’origine arabe.

    On me dit que l’Espagne a beaucoup changé, qu’elle est devenue beaucoup plus américaine, comme Paris et Londres. Je ne sais pas pourquoi tous ces européens veulent imiter les américains.

    Ce que j’aime surtout, ce sont les grandes villes des années 30. Mais aujourd’hui, ce sont les arrières-pays et les campagnes qui m’attirent, beaucoup plus que toute ville moderne.

    Tanger est toutefois différente pour moi : c’est une ville que j’ai de tout temps aimée et où j’ai vécu pendant 61 ans. C’était le point de départ de mon voyage à travers le Maroc, à la recherche de la musique traditionnelle. J’avais également l’habitude d’aller en Espagne, mais j’ai arrêté parce que les conditions de voyage sont devenues très désagréables. Un pont va toutefois être construit; j’espère que je le verrai – et l’utilisera- avant de mourir. »

    Source : Tan querida Tanger

    Tags : Maroc, Espagne, Tanger, Détroit de Gibraltar,

  • Maroc : « Bousbir » : Colonie des prostituées d’antan…

    « Radi l’bousbir ? », dixit « Tu vas à Bousbir ? ».

    Cette phrase, ma grand-mère la répétait pour plaisanter avec mon grand-père quand elle le voyait sortir chic et bien habillé. C’était il y a 13 ans, j’étais encore enfant, Bousbir avait déjà disparu depuis 1955, mais la phrase est restée.

    Bousbir a marqué la mémoire casablancaise qu’on le veuille ou non.

    Bousbir est la prononciation marocaine du prénom de Prosper FERRIEU. Chargé depuis 1865 de l’agence consulaire française de Casablanca, il était propriétaire du terrain qui deviendrait le quartier réservé. Le premier Bousbir fut bâti dans l’ancienne médina, mais très tôt il se déplaça vers la nouvelle ville sur la colline de Derb Sultan en 1922. Entouré par la Régie des Tabacs et le quartier des Habous, avec une superficie d’environ 24.000 m2. Un quartier complet, clos de murs, composé de ruelles labyrinthiques. Il possédait le grand cinéma du quartier appelé « Cinéma Mauritania », le Café de la Porte, le Café du Cinéma, le Café du Hammam, le Café des Chômeurs, le Café des Roseaux, le Café de l’Amina des Cheikhat, le Café du Raïs, Le Café Edmond. Bousbir comportait également des Hammams, des marchands de charbon et de fruits, des coiffeurs pour dames et hommes, six restaurants, des boutiques de vêtements ainsi qu’un bureau de tabac. Chacune des ruelles portait un nom indiquant les origines des prostituées : rue Elfassiya, rue Doukkaliya, rue Lahriziya, etc.

    Les prostituées étaient originaires de plusieurs régions du Maroc principalement, ainsi que d’Algérie et du Maroc espagnol, selon l’enquête ethnographique réalisée par Jean Mathieu et P. – H. Maury, présentée dans le Livre intitulé « Bousbir, la prostitution dans le Maroc colonial », livre édité et présenté par M. Abdelmajid Arrif.

    Ces prostituées venaient travailler à Bousbir pour des raisons qui différaient d’une prostituée à l’autre : fuite d’une maison close, arrestation pour cause de prostitution clandestine, misère, fuite d’un mariage forcé et précoce.

    Le quartier de Bousbir, vivait une vie normale, celle d’un quartier en mouvement. Mais l’administration coloniale avait voulu l’« orientalisme» à tout prix. Les prostituées traditionnelles étaient habillées en caftans de trois pièces au moins, brodés, elles portaient des bijoux, des coiffures et des foulards à l’ancienne, leurs yeux étaient maquillés de khôl, leurs mains décorées de henné.

    Il y avait aussi les modernes, celles qui portaient les vêtements tendance de l’époque : chemise, jupe, robe.

    Les prostituées se pointaient chaque matin après leurs cafés et leurs premières cigarettes devant les portes des chambres closes, dans l’attente de passagers ou de touristes cherchant du plaisir. Il y en a qui dansaient, chantaient, ou même qui hélaient les passants avec des expressions érotiques et sexuelles : « Aji Tchrub Atay …», dixit « Vient boire un thé …» ou « T’ala t’alleq m’aya ? ». Ou bien elles faisaient appel à des jeux et des plaisanteries grossières avec les clients.

    Les clients de Bousbir étaient hétérogènes : les clients européens étaient en général des marins de passage, des touristes venus découvrir le quartier. Français, Marocains juifs ou musulmans, légionnaires et soldats français, chacun de ces clients s’offrait une des prostituées qu’il souhaitait ou que la patronne avait choisi pour lui. Les pratiques sexuelles variaient d’une prostituée à l’autre, selon le désir du client ainsi que la somme qu’il donnait.

    La direction de la Sécurité Publique surveillait régulièrement la santé des prostituées avec des fiches sanitaires dans le dispensaire municipal de surveillance sanitaire et de prophylaxie anti- vénérienne, pour contrôler la santé des prostituées, afin d’éviter la transmission des infections vénériennes. Selon le témoignage de ma grand-mère, qui a vécu dans le quartier de Derb Sultan, non loin du quartier réservé, et qui entendait ces échos, « la patronne des filles (moqaddama) lavait le vagin des prostituées avec de l’eau chaude du sel et de la pierre d’alun (chebbe en algérien et chebba en marocain) pour éviter les chancres ». Selon le même témoignage, les grandes familles de Derb Sultan, issues généralement de la région de la Chaouïa, Settat, Fès et Marrakech apostrophaient les prostituées avec des expressions méprisantes telles que : al-bâghiya, al-qahba. Mais d’autres les appelaient plus joliment bnât l-hwa.

    Les prostituées se tatouaient entre elles à l’aide d’une aiguille et d’indigo (nila). Le tatouage représentait alors, dans la culture marocaine, une véritable arme contre le mauvais œil. Les prostituées traditionnelles portaient des tatouages à l’ancienne : as-siyala (tatouage sur le menton), l-hmimiqa (motif sur le talon d’Achille), l-buja entre les yeux, l-khatem sur les doigts. Les modernes tatouaient des motifs plus contemporains et plus « jeunes », parfois du texte en caractères latins ou des dessins. Par exemple : « Pas de Confiance Pour les Hommes de Tlemcen », « Vive l’amour », « Pas chance au Maroc » (sic), « Vive abbés » (sic), des prénoms masculins : Mustapha, Ahmed. Ou encore des dessins et des motifs quelconques. Ou bien encore des dessins obscènes tels que des dessins de pénis.

    «Ti regardes ……..mais ti touche pas ! »

    Source : Rachid Dechmi Meliani

    Tags : Maroc, prostitution, Bousbir, Casablanca,

  • Maroc : 40 ans avant de retrouver le corps de son fils, victime des années de plomb


    Fatima, 74 ans, a attendu plus de 40 ans avant de récupérer le corps de son petit garçon de 11 ans abattu en pleine rue par des militaires pendant une grève réprimée avec violence.

    Il faut grimper un escalier bien raide dans un petit immeuble de la casbah pour atteindre l’appartement de Fatima Mazioudi. Elle vit seule avec ses souvenirs et une de ses filles. Depuis la minuscule lucarne réservée aux femmes, elle jette un oeil dans la rue… “Ce jour-là, c’était un peu comme aujourd’hui, calme. J’étais à la maison et j’attendais que mon mari rentre du travail. Ahmed a lui aussi regardé par la fenêtre, il a vu que le magasin d’en bas était ouvert alors il est sorti. Je le revois encore, il voulait en profiter pour voir si l’école serait ouverte le lendemain”, se souvient Fatima Mazioudi. Malgré les quarante années qui se sont écoulées, elle n’a rien oublié de ce 23 mars 1965. Le jour, où son petit garçon Ahmed, âgé de 11 ans, n’a pas résisté à la tentation d’aller faire un tour chez le marchand, comme tous les gamins.

    En bas, quelques grévistes continuaient à manifester leur mécontentement contre le gouvernement, contre ces années de plomb où le roi du Maroc, Hassan II, menait le pays d’une main de fer. “Il y avait eu des grèves 2 jours plus tôt et là, c’était plus calme”, poursuit Fatima. “Ils avaient envoyé les tanks dans le quartier… Ce sont les voisins qui m’ont avertie. On m’a dit que mon enfant avait été blessé et que les militaires l’avaient emmené. Il avait reçu des balles et certains m’ont expliqué que l’enfant reviendrait une fois soigné. Des témoins ont dit qu’il avait été touché au ventre. Mais ceux qui l’ont tué ne voulaient laisser aucune trace. Mon mari l’a cherché partout jusqu’à sa mort. Il a contacté le ministère de la Justice, de la Défense. Quarante ans que j’attends qu’il me ramène mon fils”.

    Le 16 juin 2006, après des années de recherches, Fatima Mazioudi reçoit une étrange nouvelle. “C’est le CCDH (Conseil Consultatif des Droits de l’Homme) à qui j’avais fait une demande pour récupérer le corps de mon fils qui m’a téléphoné. Il avait été retrouvé. Mon fils n’a jamais été déclaré mort mais seulement disparu. Et pourtant, il avait été enterré. Je suis même allée sur sa tombe. Depuis je ne dors plus. J’espérais tellement le retouver vivant”.

    Source : Six pieds sur terre

    Tags : Maroc, années de plomb, répressionm Hassan II, Makhzen,


  • Le Maroc, derrière une tentative d’attentat terroriste aux Pays Bas

    Encore une fois, le royaume de Mohammed VI se trouve derrière un crime lié au terrorisme. Cette fois-ci, aux Pays Bas, où, selon la presse locale, deux marocains ont été condamnés à 9 et 7 ans de prison pour avoir tenté de faire exploser un commissariat de police à Rotterdam.

    Ahmed B. en Mouad M., tous les deux originaires du Maroc, se trouvent en prison depuis 2018 depuis qu’ils ont échangé des messages suggérant la commission d’un attentat contre le commissariat de De Veranda ainsi qu’une photo dudit poste.

    D’après des sources de la justice, citées par des médias néerlandais, l’arrestation de ces deux individus a permis d’éviter une catastrophe.

    Ahmed B. avait des contacts avec « une soeur » qui voulait utiliser une ceinture explosive. Ils ont consulté des sites appartenant à l’Etat Islamique où se trouvens des explications sur l’utilisation d’un camion pour commettre un attentat terroriste.

    Mouad M. a séjourné en prison à plusieurs reprises après avoir fui d’une institution pour mineurs en France avant de regagner les Pays Bas. En raison de sa violence, il a dû être transféré de la prison de Vught où il était influencé par l’assassin de Theo Van Gogh.

    Tags : Maroc, Pays Bas, Rotterdam, terrorisme, attentat, commissariat, De Veranda, Etat Islamique, ISIS, Daech,

  • Pays Bas : Deux marocains écroués pour tentative d’attaque contre un commissariat de police

    La justice néerlandaise a condamné deux marocains à 9 et 7 ans de prison pour tentative d’attaque terroriste contre un commissariat de police de la ville de Roterdam.

    Selon le site nu.nl qui rapporte la nouvelle, Ahmed B. et Mouad M., tous les deux nés au Maroc, en ont parlé dans un chat et partagé une photo du commissariat.

    « Leur arrestation a évité beaucoup de mal, a déclaré mercredi le procureur de la République devant le tribunal de Rotterdam », indique la même source.

    Les deux inculpés ont été arrêtés en juin 2018 après que des informations aient été interceptées selon lesquelles ils préparaient une attaque avec des armes et des explosifs.

    Ahmed B. aurait eu des contacts avec «une sœur» qui voulait porter une ceinture anti-bombe. Les pages Internet de l’Etat Islamique ont également été visitées où ils ont consulté les instructions pour une attaque avec un camion.

    D’après l’agence ANP, ils sont arrivés aux Pays Bas dans le but de commettre un attentat terroriste et l’un d’eux été influencé en prison par le meurtrier de Theo Van Gogh

    Tags : Maroc, Pays Bas, terrorisme, Rotterdam, commissariat, Etat Islamique, ISIS, Daech,