Catégorie : Maroc

  • Maroc : Texte et commentaires sur la constitution octroyée

    ARTICLE 19: Le Roi, Amir Al Mouminine. Représentant Suprême de la Nation, Symbole de son unité, Garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat, veille au respect de l’Islam et de la Constitution. Il est le protecteur des droits et libertés des citoyens, groupes sociaux et collectivités.

    Commentaire : Et nous, qui va nous protéger de celui qui viole les « libertés des citoyens, groupes sociaux et collectivités » ?

    Il garantit l’indépendance de la Nation et l’intégrité territoriale du Royaume dans ses frontières authentiques.

    Commentaire : Il garantit avant tout que ses affaires marchent bien et que le pillage du Maroc par son entourage direct continue.

    ARTICLE 20: La Couronne du Maroc et ses droits constitutionnels sont héréditaires et se transmettent de père en fils aux descendants mâles en ligne directe et par ordre de primogéniture de SA MAJESTÉ LE ROI HASSAN II, à moins que le Roi ne désigne, de son vivant, un successeur parmi ses fils, autre que son fils aîné. Lorsqu’il n’y a pas de descendants mâles en ligne directe, la succession au Trône est dévolue à la ligne collatérale mâle la plus proche et dans les mêmes conditions.

    Commentaire : On comprend mieux maintenant pourquoi « Moulay Hicham », petit-fils de roi, neveu de roi et cousin de roi, premier de la « ligne collatérale mâle » pense qu’il des chances de piquer le trône à son cousin. Mais bon, il faudrait quand même que le futur « Hassan III » ou le possible « Rachid je ne sais combien » ne soient plus là pour le raconter.

    ARTICLE 21: Le Roi est mineur jusqu’à seize ans accomplis. Durant la minorité du Roi, un Conseil de régence exerce les pouvoirs et les droits constitutionnels de la Couronne, sauf ceux relatifs à la révision de la Constitution. Le Conseil de régence fonctionnera comme organe consultatif auprès du Roi jusqu’au jour où il aura atteint l’âge de vingt ans (20) accomplis.

    Le Conseil de régence est présidé par le premier président de la Cour Suprême. Il se compose, en outre, du président de la Chambre des Représentants, du président de la Chambre des Conseillers, du Président du Conseil régional des oulémas des villes de Rabat et Salé et de dix personnalités désignées par le Roi intuitu personae.

    Les règles de fonctionnement du Conseil de régence sont fixées par une loi organique.

    Commentaire : J’ai une proposition pour assurer la pérennité de la monarchie en cas de vacance du pouvoir. Changer la composition du Conseil de la régence et nommer comme membres dirigeants les personnes suivantes : Cheikh Abdeslam Yassine de Al Adl Wal Ihsane (Justice et spiritualité), Abdallah El Harrif de La Voie démocratique, Abdelhamid Amine le vice-président de l’AMDH et le putschiste militaire copain du général Mohamed Oufkir Ahmed Rami.

    ARTICLE 22: Le Roi dispose d’une liste civile.

    Commentaire : Bien sûr. Selon le quotidien espagnol El Pais, le budget de la famille royale marocaine est 28 fois supérieur à celui de la famille royale espagnole. C’est-à-dire que le Maroc est 28 fois plus riche que l’Espagne. Et après ils disent ne pas comprendre pourquoi certains ne sont pas contents de vivre sous cette « démocratie mohammedienne ».

    ARTICLE 23: La personne du Roi est inviolable et sacrée.

    Commentaire : Doucement les gars, personne n’a envie de violer quiconque ici ! Et puis, Pardon Majesté ! il n’y a de sacré que dieu.

    ARTICLE 24: Le Roi nomme le Premier ministre.

    Sur proposition du Premier ministre, Il nomme les autres membres du Gouvernement,

    Il peut mettre fin à leurs fonctions.

    Il met fin aux fonctions du Gouvernement, soit à Son initiative, soit du fait de la démission du Gouvernement.

    Commentaire : Et qui peut mettre fin aux fonctions du roi ? C’est une simple et innocente question.

    ARTICLE 25: Le Roi préside le Conseil des ministres.

    Commentaire : Combien de fois il l’a fait présidé depuis son accension au trône ?

    ARTICLE 26: Le Roi promulgue la loi dans les trente jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée.

    Commentaire : Pourquoi trente jours et pas trente ans ? Il peut faire ce qu’il veut. Le Maroc lui appartient. Ceux qui attendent continueront d’attendre.

    ARTICLE 27: Le Roi peut dissoudre les deux Chambres du Parlement ou l’une d’elles seulement, par dahir, dans les conditions prévues aux articles 71 et 73 du titre V.

    Commentaire : D’accord, d’accord… mais sur proposition du premier ministre SVP.

    ARTICLE 28: Le Roi peut adresser des messages à la Nation et au Parlement. Les messages sont lus devant l’une et l’autre Chambre et ne peuvent y faire l’objet d’aucun débat.

    Commentaire : Non mais, c’est quoi cette histoire ? C’est Big Brother ou quoi ? Et bien non. Du moment que ces « messages » ne sont pas relus avant par un premier ministre élu par les urnes, et qui le cas échéant peut apporter les corrections qu’il estime nécessaires, ces messages doivent être débattus et pourquoi pas refusés par un parlement dont les membres seraient élus démocratiquement.

    ARTICLE 29: Le Roi exerce, par dahir, les pouvoirs qui Lui sont expressément réservés par la Constitution.

    Les dahirs sont contresignés par le Premier ministre, sauf ceux prévus aux articles 21 (2° alinéa), 24 (1er, 3° et 4° alinéas) 35, 69, 71, 79, 849 91 et 105.

    Commentaire : Après la réforme de la constitution par une assemblée constituante, les élus du peuple vont devoir diminuer considérablement les pouvoirs astronomiques du souverain. Certes, le roi, s’il est toujours là, peut continuer à exercer par dahir, ou par lettre de cachet si ça lui chante, mais uniquement sur proposition d’un premier ministre élu démocratiquement.

    ARTICLE 30: Le Roi est le Chef Suprême des Forces Armées Royales.

    Il nomme aux emplois civils et militaires et peut déléguer ce droit.

    Commentaire : Pourquoi toutes ces majuscules ? « Roi », « Chef », « Suprême », « Forces »… On a compris que pour le moment c’est lui le boss. Il se prend pour dieu. Mais dans le futur son rôle consistera à porter un joli uniforme, à suivre les parades militaires conjointement avec le premier ministre et à inaugurer les chrysanthèmes.

    ARTICLE 31: Le Roi accrédite les ambassadeurs auprès des puissances étrangères et des organismes internationaux. Les ambassadeurs ou les représentants des organismes internationaux sont accrédités auprès de Lui.

    Il signe et ratifie les traités. Toutefois, les traités engageant les finances de l’Etat ne peuvent être ratifiés sans avoir été préalablement approuvés par la loi.

    Les traités susceptibles de remettre en cause les dispositions de la Constitution sont approuvés selon les procédures prévues pour la réforme de la Constitution.

    Commentaire : Pourquoi pas ? Mais, même réponse que pour l’article 29.

    ARTICLE 32: Le Roi préside le Conseil Supérieur de la Magistrature, le Conseil Supérieur de l’Enseignement et le Conseil Supérieur de la Promotion Nationale et du Plan.

    Commentaire : Pas de problème. Dans un Maroc démocratique on l’occupera aussi avec d’autres « Conseils Supérieurs ». Le Conseil Supérieur de la défense du tagine marocain, le Conseil supérieur de la Derbouka, etc…

    ARTICLE 33: le Roi nomme les magistrats dans les conditions prévues à l’article 84.

    Commentaire : Si vous voulez…. Mais rappelez-vous, cela doit être fait sur proposition du ministre de la justice et avec l’accord préalable du premier ministre.

    ARTICLE 34: Le Roi exerce le droit de grâce.

    Commentaire : Même réponse que pour l’article 33.

    ARTICLE 35: Lorsque l’intégrité du territoire national est menacée ou que se produisent des événements susceptibles de mettre en cause le fonctionnement des institutions constitutionnelles, le Roi peut, après avoir consulté le président de la Chambre des Représentants. Le président de la Chambre des Conseillers ainsi que le président du Conseil Constitutionnel, et adressé un message à la Nation, proclamer, par dahir, l’état d’exception. De ce fait, Il est habilité, nonobstant toutes dispositions contraires, à prendre les mesures qu’imposent la défense de l’intégrité territoriale, le retour au fonctionnement des institutions constitutionnelles et la conduite des affaires de l’Etat.

    L’état d’exception n’entraîne pas la dissolution du Parlement.

    Il est mis fin à l’état d’exception dans les mêmes normes que sa proclamation.

    Commentaire : Rien de tout cela. Dans les moments difficiles pour la Nation, c’est le Parlement sous la conduite du premier ministre et des chefs des groupes parlementaires qui mène la danse. Le roi, cantonné dans son beau palais, n’a qu’à signer les dahirs que lui présentera le premier ministre.

    La défense du pays dans ses frontières internationalement reconnues est affaire de tous les Marocains.

    Source

    Tags : Maroc, constitution, printemps arabe, démocratie, Makhzen, mohammed VI

  • Maroc : Moulay Abdallah, le prince inconnu (Tel Quel)

    Par Karim Boukhari et Mehdi Sekkouri Alaoui

    Extravagant et noceur, mais aussi généreux et révolté, parfois jusqu’à la rupture avec Hassan II…

    Révélations sur la vie d’un prince de l’ombre, et sur sa relation passionnelle et ambiguë avec son frère.

    Il fallait le voir pour le croire : Hassan II, pratiquement à genoux, plié en deux, pleurant à chaudes larmes… Nous sommes le 20 décembre 1983, une journée pas vraiment ordinaire. Le monarque conduit, ce jour-là, le convoi qui accompagne son frère Moulay Abdallah à sa dernière demeure : le mausolée Mohammed V, là où repose le père des deux hommes. Hassan II craque. Il tente, dans un geste de désespoir, de s’agripper au cercueil. Le temps d’un dernier contact, quelques minutes de plus avec ce frère tant aimé. Et pourtant. En perdant contrôle d’une manière aussi spectaculaire qu’inattendue, lui qui n’a jamais tremblé, lui qui n’a jamais montré aucun signe de faiblesse devant sesMoulay Abdallah. Le prince inconnu “sujets” (tous les Marocains suivaient la cérémonie, ahuris, devant leurs postes de télévision), Hassan II venait d’un coup de baguette magique, non calculé, d’effacer une longue série de malentendus étalés sur près de cinq décennies. Une vie, donc, où les rapports entre les deux frères étaient faits d’amour et d’une gamme entière de sentiments étranges, complexes, et finalement très humains.

    La petite famille royale

    Mai 1935. Quand Moulay Abdallah voit le jour, il est accueilli avec les fastes dus à un prince de sang. Le Palais n’est pas à son meilleur, ballotté entre un protectorat de plus en plus humiliant et un nationalisme hésitant. Le pays entier est “déprimé” : aux épidémies (typhus, choléra, etc.) succèdent les crises… de la faim (dont celle de 1937, la plus terrible dans l’histoire du royaume). La naissance du petit Abdallah apporte un peu de gaieté dans ce climat morose : elle rassure le sultan Mohammed V, qui dispose désormais d’un deuxième héritier, et apporte au peuple une deuxième icône, après celle de Moulay Hassan. Le dernier-né de la petite famille royale devient, de facto, son chouchou. Et il gagne tout de suite un titre, celui de “Sidi Laâziz” (mon seigneur adoré), là où son aîné de six ans est déjà affublé du “Smiyet Sidi” (le nom de mon seigneur) qui sied à tout futur roi.

    De santé fragile, le petit Abdallah est victime, à l’âge de sept ans, d’une tuberculose qui lui vaut une mise en quarantaine de trois longues années à Fès, loin de ses frères et sœurs. De quoi cultiver, très tôt, sa différence. Rétabli, l’enfant, dont la vie a été un moment en danger, gagne mieux que jamais le cœur de son père. “Il faut dire que, en plus d’être fragile, le prince était rieur, blagueur, et Mohammed V n’aimait rien tant que rire. Il était généreux et aimant envers ceux qui arrivaient à lui arracher un sourire” note ce connaisseur des mœurs royales. Le sultan est un père dur et rigoureux avec son aîné, Moulay Hassan, souple et indulgent avec son cadet. Et ce dernier s’en donne à cœur joie, croquant la vie à pleines dents. “Même si Abdallah était le plus jeune, c’est lui, le premier, qui s’adonna réellement à la pratique des sports, aux sorties, etc.”, explique notre source au palais royal. Footballeur, nageur, skieur (et golfeur précoce), le prince Abdallah n’est pas vraiment doué pour les études. “Intelligent mais paresseux”, notent la plupart de ses professeurs au collège royal. “Mais très suivi par ses camarades de classe”, relève l’un d’eux. “Il avait toujours une blague à raconter, un jeu à partager ou une sortie à programmer”, poursuit cet homme qui a usé les mêmes bancs de classe que Moulay Abdallah, Abdelhak Kadiri (futur patron des renseignements extérieurs et militaire de haut rang) ou Abderrahmane El Kouhen (futur chef de parti).

    Dans ces années 1930-1940 où la Résidence générale a coulé une chape de plomb sur le royaume, contrôlant de près les affaires du pays, le Palais a une activité essentiellement protocolaire. Mohammed V a tout son temps. Il accompagne l’éducation de ses enfants comme n’importe quel autre père de famille, à peine plus riche que la moyenne nationale. Protecteur, il tolère les excès de son préféré, Abdallah, éduqué selon le modèle d’un gosse de bonne famille, loin des rigueurs de la politique. Un privilège dont ne jouit pas Moulay Hassan, le successeur désigné, en permanence entouré d’éducateurs et de précepteurs religieux et politiques, et autres barbons.

    Proche de tout le monde, confident de ses sœurs, Abdallah est, de l’avis de ses plus proches, “à la fois admiratif et quelque part jaloux de son frère aîné qu’il n’hésite pas à appeler Baba Sidi”. Il a du terrain à combler par rapport à Moulay Hassan, alors il se rattrape, mais à sa manière. L’aîné est plus doué, plus solide, plus autonome (Hassan habite seul très jeune, dans une villa au Souissi, tandis que Abdallah continue de vivre au collège royal), le cadet est plus beau, plus grand. Au premier les études et le pouvoir, même minime, au second le sport et les accessits de la vie de riche. Un témoin, qui a partagé bien des moments avec les deux hommes, se souvient : “Quand on jouait au football, les deux frères n’étaient jamais alignés dans la même équipe, c’était leur choix. Et c’est toujours l’équipe de Abdallah qui l’emportait !”. Au grand dam de Moulay Hassan, à son tour jaloux de son jeune frère.

    “Ils étaient en permanence en compétition, rivaux et jaloux l’un de l’autre comme dans n’importe quelle famille, mais chacun connaissait son rang et savait rester à sa place”, nuance cette source. Pendant que Moulay Hassan accumule les diplômes et les leçons de vie, se forgeant au passage un caractère bien trempé, son cadet cultive les plaisirs de la vie dans l’insouciance la plus totale. “Je veux devenir pilote”, lance, un jour, Abdallah à son père. Oui, mais avant de devenir pilote, encore faut-il passer son bac. Et Abdallah, qui n’est pas un surdoué, marque des temps de passage (bac à 21 ans, licence à 25 ans, doctorat à 41 ans) décevants pour un élève royal. Autant dire que le projet de devenir pilote a des allures de caprice de gosse de riche dont le rêve est de piloter un jouet aussi gros qu’un avion. Mohammed V, conscient des limites de son cadet, tranche rapidement la question : ça sera non, définitivement !

    La différence de caractère entre les deux frères n’échappe ni à l’entourage royal, ni, surtout, à la Résidence générale. La France, devant l’exacerbation du nationalisme marocain (et le passage, bientôt, à la résistance armée) au début des années 1950, aurait même envisagé, selon certaines sources, de “pousser Mohammed V à opter pour Moulay Abdallah plutôt que Moulay Hassan comme prince héritier, histoire de mieux contrôler le pays”. Théorie infondée ? Pure fantaisie ? Pas tant que cela quand on sait que la France, quelques décennies auparavant, avait bien opté pour le plus docile des fils de Ben Youssef (Mohammed V) pour monter sur le trône en 1927…

    Coup de foudre (et bac) à Paris

    C’est durant l’exil forcé de la famille royale entre la Corse et Madagascar (1953-1955) que le jeune prince s’affranchit et s’émancipe définitivement. L’heure est grave puisque la monarchie n’a aucune garantie de retourner, un jour, au Maroc. Mais Abdallah, plutôt insouciant, n’en a cure. Il festoie. Le jeune homme vit, tout simplement, son âge et son époque, celle de l’après-guerre, qui fait lever un vent d’optimisme sur la jeunesse du monde entier.

    Abdallah est alors très proche de son frère aîné, dont le comportement pourtant ressemble de plus en plus à celui d’un chef de famille. Les deux princes, fait nouveau, “sortent ensemble et dansent ensemble”, comme nous le rappelle, avec le sourire, ce proche des deux hommes.

    Quand la famille royale regagne, triomphale, le Maroc fin 1955, Abdallah effectue un retour sur terre. Il est redevenu, de facto, le deuxième héritier du trône et doit, à ce titre, montrer plus d’entrain, plus de rigueur, dans son éducation. Retour aux études. Mohammed V, désormais élevé au rang de demi-dieu, apprend à manier le bâton, sermonnant plus volontiers son fils préféré.

    Devant la nonchalance de son cadet, le sultan (financièrement plus à l’aise, désormais) n’hésite pas à l’expédier en France, dans une école pour fils de milliardaires…pour réussir son bac. A Paris, Moulay Abdallah, futur bachelier, retrouve ses anciens camarades de classe, tous inscrits à la fac. “On était séparés dans la journée, mais on se retrouvait la nuit ou alors le week-end, généralement à l’hôtel Georges V”, lâche l’un d’eux. La monarchie paie les factures salées à partir de Rabat, et Mohammed V commence à perdre patience. Heureusement que le jeune prince assure, tant bien que mal, à l’école des Roches où il prépare son bac. Et il est de toutes les fêtes. Sa vie nocturne lui permet de côtoyer la jet-set parisienne, faite d’artistes, d’hommes d’affaires et de politiciens. Deux rencontres vont alors marquer une inflexion dans le cours de sa vie. Celle de Abderrahim Bouabid, ami de son père (le prince l’avait déjà approché plusieurs fois au Maroc) et ambassadeur du royaume à Paris entre mai et octobre 1956, lui permet de se frotter – enfin – aux réalités de la future opposition marocaine, lui dont les rencontres avec les hommes politiques ne dépassaient guère le stade de l’anecdotique. Sur le plan personnel, le prince fait la connaissance, lors d’une soirée mondaine, d’une jeune Libanaise, très courtisée à l’époque : sa future femme Lamia, fille de Riyad Solh, le fondateur du Liban moderne.

    Entre Abdallah et Lamia, c’est le coup de foudre. Ce qui fait dire à l’un de ses compagnons de l’époque : “Au moins, le jeune prince n’est pas revenu bredouille de Paris, il avait un diplôme (le bac) et une fiancée pratiquement en poche !”. Les fiançailles mettent toutefois du temps avant de se concrétiser. “D’abord parce que Lamia n’était pas Marocaine, ensuite parce que Moulay Abdallah ne pouvait pas se marier avant le premier héritier du trône, Moulay Hassan”, note ce connaisseur des mœurs royales.

    Prudent, Mohammed V comprend très vite le parti qu’il peut tirer en se rapprochant, via la liaison de son fils, de la puissante famille Solh, dont le rayon d’influence traverse pratiquement tout le gratin politico-financier du monde arabe, du Liban à l’Arabie Saoudite en passant par la Syrie. Le roi tâte plusieurs fois le terrain, envoie des émissaires dont son ambassadeur au Caire, Abdelkhalek Torres, avant de demander officiellement la main de Lamia pour son fils. La fille Solh est, entre-temps, demandée en mariage… par un prince soaudien (lisez le titre de couv’ de Paris Match, page ci-contre). Mohammed V active alors les démarches et les fiançailles ont finalement lieu en 1959. Mais pas le mariage, pas encore. Moulay Hassan, en effet, est toujours célibataire…

    Les rencontres, la mort du père

    De l’indépendance en 1956 jusqu’à la mort de Mohammed V, en 1961, les relations entre Moulay Abdallah et Moulay Hassan sont empreintes d’ambiguïté. Les deux frères n’y sont pour rien, comme nous l’explique cet observateur de l’époque : “Mohammed V jouait tantôt la carte de l’un, tantôt celle de l’autre. Pendant que Moulay Hassan, pourtant promis au trône, multipliait les fonctions officielles et s’élevait, à l’ombre de son père, au statut de numéro deux du pays, Mohammed V invitait régulièrement Moulay Abdallah à l’accompagner dans ses multiples voyages à la rencontre de chefs d’Etat étrangers (Nasser, Einsenhower, etc.)”. Un proche du Palais nous explique comment cette ambiguïté, voulue et entretenue, pouvait aller jusqu’au clash : “Mohammed V a réprimé, un jour, les élans de Moulay Hassan en lui disant, sèchement : attention, tu n’es pas encore roi, il y a aussi ton frère et je peux encore tout changer !”. Ambiance.

    Moulay Abdallah, qui n’a pas perdu son penchant pour la fête et le sport, gagne en notoriété. Les leaders du monde lui sont familiers, même si son rôle est strictement protocolaire. Le jeune homme engrange. Obligé par son père, il “pousse” ses études jusqu’à décrocher une licence en droit en Suisse. Le profil qu’il présente alors est celui du parfait diplomate : cultivé, élégant, communicateur. Et grand voyageur. Le monde arabe, dont la puissance pétrolière et les conflits internes promettent de bouleverser le monde, n’a pas de secret pour lui. C’est simple : Moulay Abdallah connaît tout le monde. Et, nuance importante, “il passe bien”. La condition sine qua non pour pénétrer les arcanes des grands de ce monde.

    Au fil des rencontres, des voyages ou, simplement, des “fêtes”, le prince fait surtout la connaissance de personnalités marocaines de premier plan comme Abdelkrim Khattabi, l’émir du Rif alors en exil au Caire, ou Allal El Fassi, figure historique du nationalisme marocain et fondateur de l’Istiqlal. Mais c’est avec Abderrahim Bouabid, le père du socialisme marocain, que le courant passe le mieux. Les deux hommes s’apprécient et partagent, au moins, un point en commun : celui d’être de bons vivants. Ce n’est pas négligeable.

    Jusqu’en 1961, tous ces équilibres fragiles ne tiennent qu’à un fil, et ce fil s’appelle Mohammed V. A sa mort, les cartes sont logiquement redistribuées et la vie de Moulay Abdallah profondément bouleversée. “Désespéré, chagriné, le prince a signé l’acte de beïya (allégeance) mais n’a pas assisté à toute la cérémonie d’intronisation de Moulay Hassan. Il était très en colère et a préféré convoquer les plus proches parmi ses amis pour aller s’isoler avec eux à Ifrane”, nous explique l’un des compagnons de cette curieuse escapade princière. Le roi s’appelle désormais Hassan II, marié précipitamment dans les suites de la mort-surprise de Mohammed V. Moulay Abdallah ne perd pas son temps non plus, puisqu’il se marie, à son tour, avec Lamia Solh au mois de novembre de la même année 1961. Pour les deux frères, une nouvelle vie commence.

    Le représentant de Sa Majesté

    Le Maroc des années 1960 est un pays en profonde mutation. Le régime hassanien est dur. Bouabid, El Fassi et les autres, hier encore compagnons de route de la monarchie, ont basculé pour la plupart dans l’opposition. Entre Hassan II et la classe politique, c’est la rupture, définitivement scellée en 1965 avec l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. Le nouveau roi coupe à peu près tous les ponts avec les amis (politiques) d’hier, mais pas Moulay Abdallah, dont la maison reste ouverte à tous. “Il ne faisait pas de politique, pas vraiment, mais il recevait des hommes politiques, du Maroc comme d’ailleurs. Il était au courant de ce qui se passait même s’il ne se mêlait de rien”, explique un de ses vieux amis.

    Officiellement président du Conseil de régence, un titre qui lui permet théoriquement d’accéder au trône “au cas où” (si le roi décède alors que son fils n’a pas atteint la majorité), Moulay Abdallah ne travaille pas à proprement parler. Il gère ses biens, des terres dont certaines, dans le Gharb ou le Souss, ont été récupérées, après le départ des derniers colons, dans le cadre de la marocanisation. Et il se lance dans les affaires, avec une prédilection pour l’immobilier et l’agriculture. “Des hommes d’affaires connus faisaient appel à lui. Ils lui demandaient d’entrer en association sans contrepartie financière puisque son nom était une caution qui leur ouvrait toutes les portes” raconte, par exemple, cet homme qui a bien connu cet aspect de la vie du prince.

    Pour son business, plutôt florissant, Moulay Abdallah fait appel à un ami d’enfance, connu à l’époque du collège royal. C’est lui qui s’occupe à peu près de tout, le prince réservant le plus clair de son temps aux mondanités. Homme public mais sans fonction officielle, Moulay Abdallah vit essentiellement entre Rabat, où réside sa petite famille dans une dépendance du palais royal, et Mohammedia, dans une luxueuse demeure, pas loin du célèbre casino de la cité balnéaire.

    Le prince s’ouvre à tout et à tous. Au milieu des artistes (le chanteur Abdelouahab Doukkali a ses entrées chez lui), mais aussi à celui du football. Moulay Abdallah, qui aime plus que tout le ballon rond, se lie d’amitié avec Pelé, alors numéro un du football mondial, qu’il invite parfois… à des séances de footing au Maroc. Il couvre de ses largesses une star montante du football local, Ahmed Faras, emblème de la ville de Mohammedia et futur ballon d’or africain. Il assiste à des matches pour encourager ses favoris du Chabab de Mohammedia, mais n’oublie pas pour autant l’équipe du FUS de Rabat dont il a assuré la présidence d’honneur. “C’était intrigant. Le roi Hassan II avait son équipe, les FAR, et son frère avait la sienne, le FUS. Pourquoi la première accumulait-elle les titres, et pas la deuxième ?”, s’interroge faussement ce vieux connaisseur du football marocain.

    C’est que la rivalité entre les deux frères, même déplacée dans des sphères très peu politiques, vidée de tout enjeu de pouvoir, continuait d’alimenter la chronique. Mais sans jamais la dépasser. Quand Hassan II s’affiche aux côtés des FAR ou du WAC, équipe de football dont il était proche avant même l’indépendance, Moulay Abdallah mise sur le FUS, voire le Chabab, invité surprise parmi les ténors du championnat national. Sur un plan plus personnel, quand Hassan II donne naissance à son premier enfant, Smiyet Sidi (le futur Mohammed VI) en 1963, Moulay Abdallah lui “réplique” l’année suivante avec Moulay Hicham. Une histoire de cousins, promise à succéder à une histoire de frères…

    Même si Hassan II et Moulay Abdallah ne travaillent pas vraiment ensemble, le roi, habile tacticien, n’hésite pas à solliciter son frère pour des missions spéciales à l’étranger, notamment auprès des familles royales du Golfe, avec lesquelles Moulay Abdallah a des liens de (belle) famille. Tant et si bien que le roi finit, au début des années 1970, par nommer son frère “représentant spécial de Sa Majesté”. Sans, toutefois, plus de précisions…

    Les face-à-face avec Hassan II

    “Hassan II savait se servir de Moulay Abdallah, et vice versa”, résume cette source qui a bien “pratiqué” les deux hommes. Le roi couvre largement les affaires de son frère, qui n’ont jamais atterri sur la place publique. Et le frère, en retour, lui offre de menus services. Explication par ce confident de Moulay Abdallah : “Le prince pouvait recevoir, pour une petite fête en privé, jusqu’à 200 personnes alors qu’il n’en avait invité que la moitié. Il pouvait y avoir, parmi les hôtes, des hommes de pouvoir comme Mohamed Oufkir, dont il était très proche, ou Ahmed Dlimi. Mais aussi des opposants, des chefs de parti, des diplomates, des artistes, etc. Les échanges pouvaient être très libres, critiquant ouvertement la monarchie, mais à la condition de ne pas s’en prendre directement à la personne du roi. Et, le lendemain, le prince pouvait parfaitement faire un saut au palais royal pour raconter au roi, toujours à l’affût de la moindre confidence, le détail des conversations”.

    Le procédé a aussi ses limites. Un jour, l’un des invités va trop loin et s’en prend, en des termes peu amènes, à Hassan II. “Moulay Abdallah disparaît alors et revient, quelques instants plus tard, avec une arme à la main (ndlr : il arrivait au prince de dormir avec une arme sous l’oreiller) qu’il a pointée en direction de l’indélicat”. Ce n’est pas tout. Quand une fête déborde, a fortiori lorsqu’elle est organisée à Rabat, pas très loin du domaine privé de Hassan II, le roi n’apprécie que très modérément : “Hassan II rappelait parfois son frère à l’ordre. Il lui expliquait, mais sans beaucoup de conviction, qu’une vie de prince se devait d’être plus discrète. Et il est vrai que la dépendance du palais royal où habitait officiellement Moulay Abdallah dégageait cette impression incroyable d’être un village gaulois loin de Rome !”, explique notre source.

    Ce qui est sûr, c’est que le prince, par ses fréquentations et le train de vie qu’il mène, connaît mieux que personne la “température” du pays. Il apporte, à sa manière, une aide précieuse à son frère. Mais il garde, en permanence, une distance vis-à-vis de la gestion politique du pays. “Quand une notabilité avait un problème avec les autorités, voire avec le Palais, c’est vers le prince qu’elle se tournait, n’hésitant pas à frapper à sa porte dans l’espoir d’une médiation auprès de Hassan II ou de ses nombreux lieutenants”, résume encore notre source. Seigneur à chaque fois, le prince “tente le coup” auprès de son frère. Sans aucune garantie de résultat, bien entendu…

    Cela nous amène à une question cruciale : quelles étaient, en privé, la nature et la forme des échanges que pouvaient avoir le roi et son cadet ? En règle générale, et en temps de “paix” entre les deux hommes, l’entrevue a lieu sur la demande de l’un ou de l’autre. Hassan II a une préférence pour les discussions en voiture, “en conduisant”. “Les échanges sont souvent en arabe. Quand ils sont deux, ils se tutoient. En présence d’une tierce personne, Hassan II tutoie alors que Moulay Abdallah vouvoie, en plus d’embrasser l’épaule de son frère et de ponctuer régulièrement ses interventions et commentaires par le Naâm sidi d’usage”, explique ce proche. Quand les rapports entre les deux hommes sont plus tendus, la forme ne change pratiquement pas, à la nuance près que le prince doit alors passer, le plus souvent, par un “médiateur” (un professeur qui a connu les deux frères du temps du Collège royal), avant de se retrouver en face du roi.

    Il est intéressant, d’ailleurs, de noter comment le même Moulay Abdallah s’accommode des formes dans les rapports, très nuancés, qu’il entretient avec ses amis et ses proches. L’un d’eux raconte : “Le prince était quelqu’un d’extrêmement simple d’accès. Ce n’était pas un monstre de protocole. Ses amis pouvaient le solliciter directement, certains lui embrassaient la main, d’autres se contentaient de la lui serrer. Mais il imposait à ses enfants de lui embrasser scrupuleusement la main, exactement comme il le faisait avec son père !”.

    Les assignations à résidence

    Le 10 juillet 1971 est une date-clé dans la vie de Moulay Abdallah. Le prince figure parmi les nombreux invités de Hassan II qui fête, ce jour-là, son 42ème anniversaire. Soudain, des tirs fusent de partout. “Au début, on a pensé que c’était une blague, un petit tour de mauvais goût sorti de l’imagination de Moulay Abdallah. Mais il a fallu que le sang coule et que les premières victimes tombent pour que l’on comprenne que c’était du sérieux”, explique un témoin de la tentative de putsch militaire qui tourne au bain de sang. Moulay Aballah en réchappe, avec quelques balles dans la peau et une hospitalisation à la clé. Mais il n’oubliera jamais l’irruption de violence qui a failli mettre un terme à la dynastie alaouite.

    Un militant de l’UNFP, qui a bien connu cette période agitée, raconte : “Plus que jamais, le prince décide de prendre ses distances avec la politique et les choix de Hassan II. Il boude certaines activités protocolaires ou ne s’y rend qu’à contrecœur, malgré le titre de ‘représentant personnel de Sa Majesté’, qu’il conserve. Ce n’était plus le même homme”. La distance devient un gouffre quand, en 1972, Hassan II est victime d’une deuxième tentative d’assassinat, aussi spectaculaire que la première. Le prince, grâce à ses contacts, fait alors partie de ces élites marocaines, civiles ou militaires, qui se doutaient bien que “quelque chose allait arriver”. Cette fois, c’est l’un des proches du roi, et ami personnel de Moulay Abdallah, qui est en cause : le général Oufkir, froidement liquidé dans les suites du putsch avorté.

    Commence alors l’épisode le plus surprenant de la vie et du parcours du prince : celui des assignations à résidence ! La première, à en croire certaines sources (dont Raouf Oufkir, qui l’évoque dans son livre “Les Invités”, éditions Flammarion), semble remonter à début 1974. “Le prince a forcé le blocus qui nous frappe (ndlr : la famille Oufkir est alors assignée à résidence à Tamataght, à 35 km de Ouarzazate). Il nous envoie une estafette qui sera refoulée sans ménagement. Hassan II est fou de rage. Il convoque son frère et lui signifie qu’il n’a pas à s’ingérer dans son domaine réservé. L’entrevue est houleuse. Pendant trois jours, Moulay Abdallah est en résidence discrètement surveillée”, écrit notamment le fils du général, sur la foi de ce que lui rapportent, après sa libération, ses anciens familiers (qui étaient aussi ceux du prince).

    Dans la même année, le prince fait l’objet de deux assignations à résidence, qui nous ont été confirmées par plusieurs de ses proches. “La première quand, en froid avec son frère, il a décidé de démissionner de sa fonction honorifique de représentant de Sa Majesté, déclenchant ainsi les foudres de Hassan II, ce qui lui a valu trois semaines de résidence surveillée à Sidi Harazem. La deuxième à Ifrane, quand le roi a appris la possibilité d’un rapprochement entre Moulay Abdallah, via sa belle-famille, et certains dirigeants influents de la Libye de Kaddafi, alors ennemi personnel du roi”.

    Les assignations à résidence successives du prince, pour surprenantes qu’elles puissent paraître, ressemblent d’abord à des mises à pied, une forme d’expression claire et publique de la colère royale. à Ifrane, comme à Sidi Harazem, Moulay Abdallah est expédié dans des résidences royales, accompagné de ses serviteurs et, comme il nous a été expliqué, “avec une liste arrêtée des personnes, généralement des amis d’enfance, qui pouvaient lui rendre visite”. Le prince reçoit ses amis les plus intimes, sa petite famille, circule librement dans les villes où il est assigné. Mais sans s’en éloigner au-delà d’un rayon de 15 kilomètres !

    Le plus surprenant, c’est la manière dont, à chaque fois, les “sanctions” ont été levées. “C’est très simple, raconte la même source, Hassan II prenait son téléphone pour demander à Moulay Abdallah : alors, toi, ça fait longtemps que tu n’es pas venu déjeuner avec moi !”. Du pur Hassan II…

    La crise, le doute, la maladie

    C’est en pleine crise personnelle, au lendemain de la période des assignations à résidence et autres sanctions royales, que le prince renoue le fil avec les opposants de Sa Majesté, à leur tête Abderrahim Bouabid, sur le point de fonder l’USFP. Un proche de Si Abderrahim, comme l’appellent encore ses admirateurs, se souvient : “Une fois, les deux hommes se sont retrouvés autour de la même table. Après les amabilités d’usage, le prince a vidé son sac et Bouabid, rigolant à moitié, lui a lâché : cette fois, tu es bon pour nous rejoindre dans l’opposition !”. La boutade renseigne sur l’état d’esprit dans lequel se trouve alors Moulay Abdallah. Toujours aussi facétieux et joueur, mais avec un ressort brisé à l’intérieur. Un homme blessé, aigri. Pratiquement tous ses contacts, et il en a alors beaucoup, sont unanimes à admettre que l’homme “éprouve une farouche répulsion envers la répression policière qui s’abat sur le royaume, et dont le chef d’orchestre n’est autre que son frère”. Shakespeare n’est pas loin… Mais contrairement à Richard III, c’est Moulay Abdallah “le gentil”, et il ne laisse rien transparaître de sa colère en public. En revanche, les échanges avec Hassan II se font plus rares et, surprise, même les rangs des habituels invités du prince se dégarnissent. “Quand il en invitait soixante, il se retrouvait avec 20, voire 10. Une fois, on a décidé, pour le fun, de transformer notre réception en une partie de mini-foot entre invités, en cinq contre cinq”, plaisante, aujourd’hui, un ancien habitué des rendez-vous organisés chez le prince.

    En 1979, la nouvelle tombe comme un couperet : Moulay Abdallah est atteint d’un cancer. Il est condamné à court terme, lui qui n’a pourtant que 44 ans. Stupeur générale. Le coup de massue, curieusement, fait un bien fou aux derniers épisodes de la vie du prince. Hassan II passe un coup d’éponge sur les différends du passé et entoure, plus que jamais, le malade de sa “sollicitude”. Les amis les plus fidèles reviennent dans le giron du prince, qui en profite pour resserrer ses liens avec sa petite famille. Et Moulay Abdallah, qui se découvre une passion tardive pour les études (il tient coûte que coûte à préparer son doctorat en droit maritime alors qu’il se sait condamné), n’a rien perdu de son humour ! Exemple, cette anecdote rapportée par l’un de ses fidèles hommes de main : “Son Altesse avait l’habitude, quand il démarrait une fête, de ne la boucler qu’à la lueur du jour. Cette fois, avec sa maladie, il nous quittait très tôt en nous disant, avant de partir en rires : les amis, excusez-moi, je vous invite à continuer sans moi, je monte réviser mes cours tout seul !”.

    En 1980, dernier soubresaut des rapports si complexes entre le roi et son frère : Hassan II, à la surprise générale, démet par référendum Moulay Abdallah de la présidence, toute symbolique, du Conseil de régence. “Normal, le prince héritier du royaume n’était plus qu’à un an de l’âge de la majorité”, diront les uns. “Anormal, cela a achevé Moulay Abdallah, qui n’a jamais eu aucune aspiration au pouvoir”, rétorqueront les autres. Le geste fait mal au prince, qui s’en ouvre auprès de ses amis et proches. S’ensuit une période de froid entre les deux fils de Mohammed V. Que Hassan II va interrompre à sa manière, toujours aussi imprévisible : en décidant, dans un extraordinaire geste d’amour, de “regrouper” sa date d’anniversaire et celle de son frère, pourtant séparées de deux mois d’intervalle, pour les fêter le même jour !

    C’était en 1983. La même année, et au cours de l’une de ses dernières sorties, le prince, extrêmement fatigué, rend visite a son ami Abderrahim Bouabid. Un témoin de la rencontre raconte : “On voyait bien que la fin du prince était proche. Moulay Abdallah a dit, en s’adressant à Bouabid : ‘tu sais, je viens de dire à mon frère qu’il fallait absolument libérer Mustapha Kerchaoui (ndlr : dirigeant de l’USFP, emprisonné suite aux événements de 1981, aujourd’hui décédé), je lui ai dit qu’un homme comme lui n’avait pas sa place en prison mais aux côtés du roi pour servir le trône’…”. Le dernier vœu princier sera exaucé, et Kerchaoui libéré en 1983. Mais Moulay Abdallah n’ira pas au bout de cette année-là. Le 20 décembre, celui que son fils Moulay Hicham a un jour qualifié de “soldat inconnu, compagnon de lutte de Hassan II”, rend l’âme. Personne ne l’a plus pleuré que Hassan II, ce jour-là, en direct devant des millions de sujets.

    Tel Quel, mai 2007

    Source

  • Maroc : quatre journalistes condamnés à six mois de prison avec sursis

    Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation absurde de quatre journalistes marocains à six mois de prison avec sursis et dix mille dirhams d’amende suite à la publication des débats d’une commission d’enquête parlementaire consacrés au déficit de la Caisse marocaine des retraites (CMR).

    Les journalistes Mohammed Ahdad du quotidien Almassae, Abdehak Belchkar chef du bureau de Rabat d’Akhbar Alyawm, Kawtar Zaki et Abdelilah Sakhir d’Eljarida 24 ont été condamnés aujourd’hui 27 mars 2019 par le tribunal de première instance de Rabat suite à une plainte du président de la deuxième chambre du Parlement.

    “Condamner des journalistes qui n’ont fait qu’informer à des peines de prison est totalement injustifié, déclare RSF. Ce verdict est infondé, puisqu’il se base sur une loi spécifique au fonctionnement de la chambre des conseillers, qui criminalise la publication d’informations sur le travail de ses commissions. Nous rappelons que le Maroc s’est doté en 2016 d’un nouveau Code de la presse qui ne prévoit plus de peines de prison pour les journalistes.”

    Le Maroc se situe à la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2018.

    Reporters Sans Frontières, 27 mars 2019

    Tags : Maroc, Press RSF, journalistes, liberté de presse,

  • Au Sahel, la drogue et le terrorisme vont de pair

    Plusieurs opérations de police prouvent un rebond du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest et ses liens avec des groupes islamistes

    Plus de 10,4 tonnes de cocaïne ont été interceptées au Cap-Vert et en Guinée Bissau au cours des derniers mois. Ce sont des chiffres records dans la région qui font craindre un lien entre le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest et les groupes islamistes qui ont vu dans ce business un moyen de financement. Début février, les autorités cap-verdiennes ont appréhendé un navire portant pavillon panaméen à bord duquel 9,5 tonnes de cocaïne ont été trouvées. Les onze marins, tous de nationalité russe, qui composaient l’équipage ont été arrêtés, selon Record TV Cabo Verde.

    Le 13 mars, la même chose s’est produite en Guinée Bissau. La police a trouvé un camion de pêche dans lequel 800 kilos de la même drogue ont été trouvés. Parmi les détenus, il y a un conseiller du président du Parlement du Niger, a rapporté Reuters. Ensemble, les deux opérations ont permis de localiser plus de toute la quantité de drogues saisie dans la région entre 2013 et 2016, selon les données de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), rassemblées dans le Rapport mondial sur les drogues, 2018. Le document indique que les trafiquants de stupéfiants à destination de l’Europe paient des membres de groupes islamistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique pour protéger les cargaisons qui traversent le Sahel et, plus tard, le Sahara. Bien que, les auteurs de celui-ci ne finissent pas de préciser la véritable portée de cette alliance.

    En 2009, le trafic de drogue dans la région a atteint son niveau maximal. C’est alors qu’en novembre, au milieu du désert du Mali, près de la municipalité de Tarkint, où il n’y avait ni route ni contrôle des radars, est apparu le fuselage en cendres d’un Boing 272. Il avait transporté environ 10 tonnes de cocaïne de La Colombie. Avec l’aide de camions, les marchandises sont parties au nord et de là en Europe. Miguel Ángel Davesa, un ex-policier galicien installé au Mali après avoir été expulsé du corps, était à la tête de l’opération. Dans le pays sahélien, il est devenu l’un des leaders de la route du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, selon El Pais. À cette époque, on estimait que 60% de la cocaïne vendue en Europe passait par le Sahel. Des pays comme le Mali, le Niger et la Mauritanie ont joué un rôle clé dans cette contrebande. Nations, précisément, où Al-Qaïda du Maghreb islamique (AQMI) est profondément enraciné.

    Pour arrêter ce trafic, l’ONU et la police de plusieurs États (dont l’Espagne) sont intervenus pour renforcer le pouvoir judiciaire et les forces de sécurité des pays traversés par les routes à destination de l’Europe. Depuis lors, tout porte à croire que le commerce de la drogue a considérablement diminué. En fait, on se demandait si l’un des principaux itinéraires empruntés par les stupéfiants pour se rendre en Europe passait toujours par l’Afrique de l’Ouest, mais ces dernières opérations de police prouveraient qu’une grande quantité de stupéfiants transite encore par la région.

    Des indices évidents portent à croire que la cargaison interceptée en Guinée-Bissau était liée au financement d’AQMI. C’est assez inquiétant, surtout quand on pensait que les actions de l’ONU et l’intervention militaire européenne au Sahel, dirigée par la France, avaient mis fin à cette collaboration.

    Une forte augmentation de la production mondiale de cocaïne, principalement en Colombie, au cours des dernières années pourrait aider à expliquer la réapparition de la route ouest-africaine. Les trafiquants chercheraient à diversifier leurs destinations et à prendre plus de risques pour libérer toutes leurs marchandises, selon le rapport de 2018 de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis. Cet excès de produit sur le marché a probablement été utilisé par les groupes terroristes qui se sont installés au Sahel pour modifier leurs sources de financement. Ils ont mis de côté les enlèvements pour réclamer une rançon et ont rejoint les avantages apportés par le trafic de drogue.

    Pas seulement en transit

    Depuis des années, la Commission sur l’impact des drogues sur la gouvernance, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest (WACD) a averti que ce sont les gangs criminels, en particulier les Nigérians, qui transportent la drogue qui arrive d’Amérique latine en Afrique de l’Ouest. Ces intermédiaires sont payés, normalement, avec une partie de la marchandise. Celle-ci est vendue pour la consommation. Voilà comment une partie de cette cocaïne reste dans la région.

    La drogue reçue par les intermédiaires est très pure et d’un prix très élevé. Pour pouvoir tirer profit de sa vente, elle doit être convertie en un produit bon marché pouvant être acheté par les consommateurs de l’une des régions les plus pauvres du monde. C’est pourquoi il est généralement mélangé avec du bicarbonate de soude, qui est principalement utilisé pour la cuisson, le rendant aussi plus accessible. Une dose de ce médicament peut être trouvée même pour moins de l’équivalent de 50 cents. C’est pour cela que de plus en plus de jeunes des pays où la cocaïne transite y deviennent accros.

    El Pais, 27 mars 2019

    Tags : Sahel, drogue, terrorisme, cocaïne, trafic, transit, Sahara,

  • La SADC et la communauté internationale expriment leur solidarité indéfectible avec le Sahara occidental

    « La liberté n’est pas un cadeau; elle est un droit pour le peuple du Sahara occidental. Les Sahraouis ont acquis ce droit dès la naissance »

    Déclaration de la Communauté de développement d’Afrique Australe (SADC) dans le cadre de sa conférence en solidarité avec la République Arabe Sahraouie Démocratique les 25 et 26 mars. 

    26 Mars 2019, Pretoria, Afrique du Sud

    Les 25-26 Mars 2019, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a organisé une conférence en solidarité avec la République Arabe Sahraouie Démocratique au cours de laquelle les participants ont exprimé leur solidarité indéfectible avec le peuple du Sahara occidental dans son combat pour le droit à la liberté et à l’autodétermination.

    Le Président de la SADC, Son Excellence le Dr Hage G. Geingob, Président de la Namibie a exprimé sa gratitude aux participants, unis autour d’un objectif, et pour lequel ils ont accepté de participer à la conférence. Il a appelé les Etats Membres de la SADC et la communauté internationale à s’unir avec détermination en faveur de l’émancipation du peuple du Sahara occidental.

    « La liberté n’est pas un cadeau; elle est un droit pour le peuple du Sahara occidental. Les Sahraouis ont acquis ce droit dès la naissance », a déclaré le président Dr Geingob. Il a ajouté que les aspirations de l’Afrique, telle que définies dans l’Agenda 2023 de l’Union africaine (UA), ne seront pas atteintes tant que tous les peuples de l’Afrique ne jouiront pas d’une liberté totale.

    Dans son allocution de bienvenue, Son Excellence Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud a souligné l’importance de cette Conférence qui reflète l’engagement de la SADC, d’autres pays africains et de la communauté internationale afin d’appeler à un règlement juste, acceptable et à une solution durable pour le Sahara occidental.

    Son Excellence, Brahim Ghali, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique a remercié la SADC pour avoir organisé cette Conférence de solidarité et a appelé à la création d’un mécanisme afin d’assurer le suivi des décisions prises dans le cadre de cette Conférence. Selon lui, les espoirs et les aspirations du peuple du Sahara occidental ne pourront être satisfaits que par l’exercice de la liberté et de l’autodétermination.

    Au cours de la conférence, SEM Olusegun Obasanjo, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria, a mené une discussion sur le rôle de la communauté internationale afin d’assurer la mise en œuvre de toutes les résolutions des Nations Unies et des décisions de l’UA relatives au Sahara occidental en ce compris, les mesures pour lutter contre l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. L’ancien ministre des Affaires étrangères de la République du Zimbabwe, Hon. Simbalashe Mumbengegwi a mené une discussion sur le renforcement de la solidarité internationale avec le peuple du Sahara occidental afin de garantir son droit à l’autodétermination.

    A la fin de la Conférence, les délégués ont exprimé leurs condoléances et leur solidarité avec les peuples des Républiques du Malawi, du Mozambique et du Zimbabwe qui souffrent des conséquences du cyclone Idai, et ont appelé à un soutien continu afin de permettre à toutes les familles et les communautés touchées de faire face aux dégâts causés par le cyclone.

    La Conférence a réuni des chefs d’Etat et de gouvernement du Lesotho, de Namibie, d’Ouganda, de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), d’Afrique du Sud et du Zimbabwe, ainsi que des délégations de haut niveau d’Angola, du Botswana, de République Démocratique du Congo, d’Eswatini, du Malawi, de Maurice, du Mozambique, des Seychelles, de République-Unie de Tanzanie et de Zambie. Le Secrétariat de la SADC a été dirigé par le Deputy Executive Secretary adjoint aux affaires commerciales, l’Ambassadeur Joseph Nourrice.

    Étaient également présents des représentants d’Algérie, de Cuba, de la République démocratique du Timor Oriental, de la République Fédérale du Nigeria, de la République du Nicaragua, de la République bolivarienne du Venezuela, de la République démocratique de Sao Tomé-et-Principe, d’Ouganda, du Royaume-Uni, de la République Fédérale d’Allemagne, du corps diplomatique d’Afrique du Sud, du Ghana, d’Equateur, du Burundi, d’Uruguay, de la République Dominicaine, d’Iran, de Trinité-et-Tobago, de Syrie, du Sri Lanka, du Panama, du Burkina Faso, de Colombie, du Mexique, de Géorgie, de la République Centrafricaine, d’Érythrée, d’Indonésie. Des représentants des anciens mouvements de libération, des partis politiques au pouvoir dans la région de la SADC et  des organisations de la société civile ont, eux aussi, participé à la conférence.

    Visionnez la conférence des 25 et 26 mars

    Traduction française du Comité belge de soutien au peuple sahraoui. La Déclaration originale était publiée en anglais et peut être consultée ici

    Comité Belge de Soutien au Peuple Sahraoui, 27 mars 2019

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, SADC, solidarité,

  • La double vie présumée mine le trône du roi jet-setter marocain: « Il était un client fidèle des bars gays à Bruxelles »

    Lorsque le prince britannique Harry (34 ans) et sa femme enceinte Meghan (37 ans) se rendent dans cet État, cela favorise généralement votre popularité. Ce n’est pas le cas au Maroc, où le roi Mohammed VI (55 ans) a reçu beaucoup de questions au lieu d’être acclamé. Car où était son épouse, la princesse Lalla Salma (40 ans)? Son absence fait éclater les rumeurs sur sa nature.

    Depuis octobre 2017, la princesse Lalla Salma a de nouveau fait une apparition en public. Ses fonctions de maîtresse de la maison ont été reprises lors de la récente visite de Harry et Meghan au Maroc par le prince Moulay Hassan, successeur de Mohammed. Lalla Salma aurait quitté le palais royal il y a un certain temps, et les nombreux commentaires sur les causes de tensions dans le pays où l’homosexualité est très difficile.

    Début prometteur

    Il y avait déjà un grand mécontentement dans la politique marocaine lorsque le roi décida d’inclure Pierre Bergé, figure de proue du mouvement gay français et ami de la défunte icône de la mode Yves Saint Laurent, au rang des chevaliers de l’Ordre du Ouissam alaouite, Maintenant que Mohammed n’a même plus d’épouse pour entretenir l’apparence d’une vie hétérosexuelle, il est supposé qu’il devra démissionner dès que le prince héritier aura atteint l’âge de la majorité. Bien que de nombreux gays marocains opprimés espèrent que Mohammed restera sur le trône après son coming out.

    La carrière politique du roi Mohammed VI a toutefois commencé de manière prometteuse. Il y a vingt ans, après la mort de son père dictatorial Hassan II, il a pris une bouffée d’air frais. Les attentes étaient grandes, certainement lorsque Mohammed a également épousé la belle informaticienne Salma Bennani. La propre mère de Mohammed, Latifa, une princesse berbère, menait la vie cachée d’une femme de harem. Lalla Salma, de son côté, a tout mis en œuvre pour améliorer l’image du Maroc en tant que pays islamique progressiste. Elle a symbolisé comme nul autre la modernisation préconisée par Mohammed. Même à son mariage, Salma ne portait pas de foulard. Elle a reçu le titre de « princesse », une première pour le Maroc, et a accompli des missions officielles au Maroc et à l’étranger, faisant d’elle la première vraie femme au monde dans un pays islamique. Mais leur conte de fées ne dura pas. Selon certaines sources, le couple a divorcé en silence, il y a deux ans de cela

    Grand propriétaire

    La popularité de Mohammed s’est également détériorée pour une autre raison. Le monarque semble moins se préoccuper des problèmes de son peuple que de ses plaisirs. On l’appelait autrefois le « roi des pauvres », mais en réalité, il jette les dirhams à la vitesse de la lumière. Le monarque possède une grande partie de l’économie marocaine: c’est un grand propriétaire foncier et un important producteur de produits agricoles. De plus, il utilise son influence politique pour devenir encore plus riche. Avec une fortune estimée à 5 milliards d’euros, il figure dans la liste Forbes des super-riches royaux, parmi les milliardaires du pétrole tels que le sultan de Brunei et le roi d’Arabie saoudite. Mohammed VI peut vraiment vivre comme un prince des contes de fées des mille et une nuits.

    Bain de sang

    Avant de succéder à son père Hassan, décédé à l’âge de 70 ans, le prince héritier marocain Sidi Mohammed était l’un des célibataires les plus recherchés au monde. Le prince semblait être ami avec presque tout Hollywood. Il a été repéré partout alors qu’il portait une paire de lunettes de soleil à la mode sur le nez et un costume à la mode flashy autour de son torse robuste dans une autre supercar pour un prochain rendez-vous mondain. Les Marocains attendaient donc beaucoup de leur prince, qui semblait résolument opter pour une vie moderne inspirée du modèle occidental: le roi Hassan II ne prêtait pas une attention particulière à la succession de son fils aîné et, ce qui était surprenant, donnait plus de confiance à de nombreux Marocains. Hassan II a qualifié son fils aîné de faible, qui ne pourrait jamais devenir un roi décisif. En 38 ans de règne sur le trône, le patriarche dictatorial avait répondu à toutes les critiques formulées à l’encontre de son régime par un bain de sang. Hassan ne pouvait pas comprendre qu’un monarque puisse aussi paraître sympathique. Ce sont surtout les rumeurs sur la nature de Mohammed qui ont inquiété le vieux monarque.

    Par exemple, il a été murmuré que Mohammed avait reçu une quantité impressionnante de compagnies masculines bien bâties dans son palais Les Sablons à Salé. Hassan, inquiet, a laissé son fils suivre quand il a effectué un stage à Bruxelles avec le président Jacques Delors de la Commission européenne. Les rapports de ses espions ne le rassurent pas: Mohammed est plus souvent vu dans les bars gays de Bruxelles que dans les locaux de l’administration européenne. L’entourage royal était silencieux à ce sujet, mais l’élite de la capitale de Rabat était bien consciente de la vie princière.

    Assassiné?

    La mort de Hassan à l’été 1999 a provoqué une grande agitation parmi les chefs religieux, militaires et politiques du Maroc. Peut-être ont-ils lancé la rumeur selon laquelle le prince héritier serait responsable de la mort de son père, afin de mettre hors-jeu Sidi Mohammed. Les ragots surgissent encore aujourd’hui, aussi improbable soit-il. Après tout, l’ancien gel a été admis à l’hôpital avec une infection pulmonaire lorsqu’il est décédé d’une crise cardiaque. Les jeunes marocains attendaient beaucoup du roi branché de 36 ans qu’ils appelaient super cool à l’ouest.

    Les premières mesures du roi Mohammed VI ont également répondu à ces attentes. Il a mis les conseillers de son père à la porte. Il mit fin au harem dans lequel le roi Hassan II maintenait plus ou moins ses cinquante concubines emprisonnées. Et il entreprit une tournée du pays et fut reçu partout avec enthousiasme. Ses fiançailles avec la princesse progressiste Lalla Salma ont été la cerise sur le gâteau.

    Chômage

    Après la naissance de leurs deux enfants, Moulay Hassan et Lalla Khadija (12 ans), Mohammed et Salma se sont fait photographier le bonheur de sa famille. Le roi avait prévu dans la loi que les femmes marocaines pouvaient choisir leur propre épouse et qu’elles pouvaient demander elles-mêmes le divorce. Malheureusement, d’autres innovations n’ont pas été proposées et les réformes économiques indispensables attendent toujours inutilement. Même aujourd’hui, il y a encore beaucoup de pauvreté, de chômage et d’analphabétisme au Maroc, de sorte que Mohammed est de plus en plus critiqué dans son propre pays. Surtout qu’il réside rarement dans ce pays.

    Le roi a un palais dans presque toutes les villes du Maroc, mais sa résidence préférée est dans le village français, Betz. Il y possède un château de conte de fées dans un parc de 70 hectares. Ses pur-sang arabes sont dans l’écurie, tout comme une partie de sa très chère collection de voitures de sport. Mohammed a complètement modernisé l’immense château depuis vingt ans. Vingt Bessins ( habitants de Betz) travaillent à plein temps sur le domaine royal. Mais si Mohammed s’y installe, quarante autres personnes doivent signer la clause de confidentialité stricte qu’il demande à son personnel. Et par conséquent, il semble peu probable que quelqu’un de la cour de Mohammed puisse dévoiler où se trouve la princesse Lalla Salma de nos jours.

    Het Laatste niews, 24 mars 2019

  • traverse la pire crise depuis l’intronisation de Mohammed VI (journal espagnol)

    Selon le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, “le règne de Mohammed VI traverse la pire crise depuis son intronisation il y a 19 ans”.

    Cembrero qui s’exprimait dans un entretien accordé au site Cuarto Poder, a indiqué que la monarchie marocaine a connu “une autre crise, celles des dénommés printemps arabes, mais les autorités l’ont résolu avec habilité”. “La crise actuelle, poursuit Cembrero, n’est pas finie, il y a de nombreuses régions du Maroc avec beaucoup de pression couverte par les forces de sécurité. On ne sait pas combien cela va durer”.

    “En plus de cela, signale l’ancien correspondant d’El Pais au Maroc, il y a un phénomène très intéressant qui est le boycott aux trois grandes marques qui a débuté le 20 avril. Après trois mois, il y a eu beaucoup de dégâts, notamment chez l’entreprise de stations d’essence qui appartient à un ministre ami du roi”.

    Au sujet des relations entre Madrid et Rabat, Cembrero a déclaré que le Maroc estime que le PSOE est son meilleur allié en Espagne. Mais, “Sanchez est arrivé au pouvoir avec les votes de Unidos Podemos et ERC, deux partis qui font des soucis au Maroc”.

    Concernant le flux massif de migrants dans les côtes espagnoles, Cembrero estime que les marocains y trouvent une opportunité d’arracher de l’argent à l’UE et l’Espagne et rappeler au gouvernement socialiste qui vient d’arriver au pouvoir « combien l’Espagne dépend du Maroc en matière d’immigration, terrorisme et Ceuta et Melilla ».

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Espagne, Ceuta et Melilla, PSOE, PP, Podemos, ERC

  • Et si le roi du Maroc était gay ?, se demande un site LGBT

    Selon le site LGBT, « les projecteurs semblent ne pas lâcher le roi du Maroc, Mohammed VI. Durant ces derniers mois, le souverain a alimenté les débats les plus fous du fait de l’actualité brûlante autour de sa personne. Entre les rumeurs sur son divorce, les accusations de meurtre et le retour de l’actualité sur son homosexualité, le débat est loin d’être clos ».

    Dans un article intitulé « Et si le roi du Maroc était gay », le site se demande « qu’est-ce qui a pu se passer pour que le couple royal explose ? »

    « La réponse, précise-t-il, á cette question a donné toutefois lieu à de nouvelles réflexions, disons de nouvelles supputations », ajoutant que « si certains penchent pour un conflit familial en rapport avec le style libéral de la princesse Lalla Salma, d’autresx iront creuser plus loin, ramenant sur la table des débats la question de l’homosexualité du roi Mohammed VI »

    « Cela a été rendu possible par le rappel de l’édition faite par un journaliste qui a été longtemps correspondant au Maroc, notamment Ferran Sales Aide, auteur de l’ouvrage « Le prince gay devenu roi du Maroc ». Suffisant pour enflammer la toile au sujet du roi du Maroc », souligne la même source.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, divorce, homosexuel, gay,

  • La disparition calculée de Lalla Salma du Maroc après le divorce

    Source : Vanitatis 11.05.2018

    Cette semaine, l’héritier accomplissait 15 ans et, elle, 40, mais cela ne l’a pas sortir de l’ostracisme. Il ne sera peut-être jamais revu, comme cela s’est passé avec la mère de Mohamed VI.

    La Princesse Lalla Salma du Maroc est officiellement disparue, si l’on se réfère à la définition formelle du dictionnaire (sur une personne dont le sort est inconnue). Elle n’a pas été vue en public depuis octobre 2017, à Marrakech. Il n’y a même pas eu un clin d’œil cette semaine, particulièrement importante pour la famille parce que le prince Moulay Hassan a eu 15 ans (le 8 mai) et elle, la femme du roi, 40 (le 10). L’ostracisme est la confirmation officielle que Salma Bennani deviendra un fantôme, le modus operandi habituel avec les femmes de la cour alaouite qui tombent en disgrâce.

    En été de l’année dernière, les médias grecs ont rapporté que la princesse avait acquis une maison en Grèce, sur l’île de Kea. La vente n’a pas laissé de traces: elle s’est déroulée sans agences immobilières et de manière strictement confidentielle. La résidence, qui a coûté 3,8 millions d’euros, dispose de sept chambres, neuf salles de bains, une piscine, un sauna et un garage souterrain pour entrer sans être vu. Son emplacement, sur une colline surplombant la baie de Kúnduros, en fait un endroit idéal pour passer inaperçu avec en face le spectacle de la mer Égée.

    Peut-être que le fait que la princesse ait acheté la maison en «solitaire» devait faire présager que les choses n’allaient pas bien dans son mariage avec le roi du Maroc. Ni l’ambassade en Espagne ni la maison royale marocaine n’ont confirmé le divorce du couple, dont le magazine ‘¡Hola!’ s’est fait écho dans sa version numérique il y a quelques semaines. Selon les experts de la cour Alaouite, il n’y a pas de communication et il n’y en aura pas. Pour eux, la véritable confirmation a eu lieu le 27 février, lorsque la maison royale du pays voisin a diffusé une image du roi Mohamed se remettant d’une arythmie dans un hôpital de Paris entouré de toute sa famille. Toute la famille, sauf la princesse Salma.

    Salma Bennani va maintenant devoir explorer un terrain inconnu, comme elle l’a déjà fait dans ses premiers moments en tant que princesse. Elle était la première épouse de cette maison royale à avoir un visage et un rôle de représentation. La mère de Mohamed VI, Lalla Latifa, n’a jamais joui d’un rôle institutionnel, ni même révélé son visage, qui, jusqu’à présent, reste anonyme. Quand son fils a accédé au trône après la mort de Hassan II, Lalla Latifa a opté pour l’exil volontaire et a disparu du Maroc. La mère du roi s’installe dans un luxueux manoir en marbre blanc situé dans l’exclusive Neuilly-sur-Seine, dans le quartier parisien des Hauts-de-Seine, où elle reçoit fréquemment la visite de son fils. Les rumeurs disent que Latifa, 75 ans, est partie avec le chef de la garde personnel de Hassan II, Mohamed Madyurí, auquel elle a confié la gestion de ses activités et avec lequel, selon certaines sources, se serait mariée.

    En connaissance de cette histoire et d’autres de la cour, Lalla Salma a toujours maintenu les ponts avec sa vie antérieure. Jusqu’à sa séparation, il était habituel de la voir avec ses enfants, le prince héritier et Lalla Khadija, née en 2007, dans la maison que sa grand-mère a gardée dans le quartier de Hay Laqbibat, à la capitale. Ambassadrice de bonne volonté de l’OMS (un titre qui est également suspendu), la princesse a mis l’accent sur la représentation du Maroc à l’étranger, en aidant à briser les stéréotypes sur le pays africain. Son rôle d’ambassadrice et de lutte contre le cancer ont été les deux axes sur lesquels elle a pivoté son travail institutionnel.

    Maintenant, ce travail sera à nouveau confié aux puissantes sœurs de Mohamed VI, les autres Lallas: Lalla Meryem, Lalla Asma et Lalla Hasna. Les rumeurs de la cour disent que les belles-sœurs n’ont jamais trop toléré la femme du roi, si différente d’elles. Salma Bennani est en fait un ingénieur en informatique transformée en une princesse qui n’a jamais trouvé sa place dans les vieux engrenages de la monarchie marocaine. Maintenant, elle devra se réinventer à nouveau, en Grèce ou n’importe où ailleurs.

    Source : Maroc Leaks

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, Lalla Khadija, Lalla Hasna, Lalla Meryem, divorce,

  • Bettina De Graeve, secrétaire générale du parti BeOne, au Maroc pour visiter Ali Aarrass

    Candice Vanhecke : nous sommes en route pour Rabat (avec Betty De Graeve et Houria, la femme d’Ali Aarrass)

    » Nous sommes en route pour Rabat avec Houria, l’épouse d’Ali Aarrass, et Bettina De Graeve, secrétaire générale du parti BeOne.

    Nous accompagnons Houria qui se rendra demain à la prison de Tiflet, où est emprisonné son mari suite à des aveux obtenus sous la torture.

    Par notre présence, Bettina et moi souhaitons témoigner notre solidarité à Ali Aarrass et à sa famille. De nationalité belge et marocaine, Ali a été totalement abandonné par la Belgique qui lui refuse tout soutien.

    Ce refus a été condamné par les tribunaux belges. Mais la Belgique a ensuite pris différentes lois qui retirent des droits aux #binationaux, faisant d’eux des citoyens de seconde zone.

    #BeOne se bat pour supprimer ces lois et rétablir l’égalité entre tous les citoyens.

    Pour soutenir Ali Aarrass et lui permettre de recevoir la visite de ses proches une fois par mois, n’hésitez pas à faire un don sur le site www.freeali.eu. «

    Candice Vanhecke

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    Tags : Maroc, Ali Aarrass, Bettina De Graeve, BeOne,