Catégorie : Maroc

  • Un allié du Maroc annonce son départ du Parlement Européen

    L’euro-député LREM Gilles Pargneaux a annoncé mardi sa décision de ne pas se présenter pour un nouveau mandat de député européen.

    « Après une longue réflexion, après avoir pris de nombreux contacts, tant en Europe qu’en France, en plein accord avec le Délégué Général de La République En Marche, Stanislas Guerini, et en lien avec le Président de la République, j’ai décidé de ne pas briguer un nouveau mandat de député européen », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

    Il a « décidé de poursuivre mes engagements européens et internationaux hors les murs du Parlement européen », a-t-il indiqué.

    Son ambition, selon lui, c’est « d’être utile pour renforcer nos liens avec le monde arabe et l’Afrique, et ainsi renforcer l’Europe »

    Avec son départ, le Maroc perd un fidèle allié en tant que président du Groupe d’Amitié EU-Maroc et Président-Fondateur de la Fondation EuroMedA, un bureau de lobbying siégé à Burxelles.

    Tags : Maroc, Lobby, Gilles Pargneaux, Parlement Européen, Fondation EuroMedA, LREM,

  • Maroc – Rif : Biographie de l’Emir Abdelkrim El Khattabi

    INTRODUCTION

    Abdelkrim El Khattabi (né vers 1882 à Ajdir au Maroc et décédé le 6 février 1963 au Caire en Égypte), de son nom complet Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, était un chef militaire rifain, du Rif, zone berbère au nord-est du Maroc. Il est devenu le chef d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc, puis l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme. Il prendra le flambeau de la résistance après la défaite de Mouha ou Hammou Zayani, son compagnon le fqih Belarbi Alaoui dit Cheikh Elislam se rallia à la cause d’Abdelkrim pour continuer la lutte contre les espagnols et les français.

    BIOGRAPHIE

    Né à Ajdir au Maroc, fils d’un cadi (juge en arabe) du clan Ait Yusuf de la tribu Aït Ouriaghel (ou Waryaghal), Abd el-Krim a été instruit dans des zaouïas traditionnelles et des écoles espagnoles, finalement son éducation à l’ancienne université de Quaraouiyine à Fès, suivit de trois ans en Espagne où il étudia la mine et la technologie militaire. Entre 1908 et 1915 il fut journaliste au quotidien de Melilla, où il préconisait la laïcité et la coopération avec les occidentaux afin de libérer la Oumma de l’ignorance et du sous développement.

    Il entra dans l’administration espagnole, et fut nommé Cadi chef de Melilla en 1915. À cette époque-là, il commença à s’opposer à la domination espagnole, et en 1917 il fut emprisonné pour avoir dit que l’Espagne ne devrait pas s’étendre au-delà des territoires déjà occupés (qui en pratique excluait la plupart des zones incontrôlées du Rif) et exprimant sa sympathie pour la cause allemande pendant la Première Guerre Mondiale. Peu après s’être échappé, il revint à Ajdir en 1919 et, avec son frère, il commença à unir les tribus du Rif dans une République du Rif indépendante. Pour cette cause, il essaya d’apaiser les inimitiés entre les tribus existantes.

    En 1921, comme une retombée inattendue de leurs efforts pour détruire la puissance de Raisuni, un brigand local, les troupes espagnoles approchent des secteurs inoccupés du Rif. Abdelkrim envoie à leur général Manuel Fernández Silvestre un avertissement : s’ils franchissent le fleuve Amekran, il le considérerait comme un acte de guerre. Fernández Silvestre aurait ri en prenant connaissance du message. Le général installe un poste militaire sur le fleuve à Abarrán. Le même jour au milieu de l’après-midi mille rifains l’avait encerclé ; 179 militaires espagnols furent tués, forçant le reste à la retraite. Les jours qui suivirent après plusieurs escarmouches sanglantes pour les troupes de Fernández Silvestre un événement inattendu se produisit. En effet méprisant Abdelkrim, Fernández Silvestre décide de le défier, et avec 3 000 hommes Abdelkrim parvient en deux jours, grâce à la ruse, à vaincre l’Espagne. Pour l’Espagne, la bataille d’Anoual a été un véritable désastre. Elle y a perdu près de 16.000 soldats, récupéra 24.000 blessés 150 canons et 25.000 fusils. En outre, 700 soldats espagnols ont été faits prisonniers. Il s’agit aussi de la première défaite d’une puissance coloniale européenne, disposant d’une armée moderne et bien équipée devant des résistants sans ressources, sans organisation, sans logistique ni intendance.

    La victoire d’Anoual a eu un immense retentissement non seulement au Maroc mais aussi dans le monde entier. Elle a eu d’immenses conséquences psychologiques et politiques, puisqu’elle allait prouver qu’avec des effectifs réduits, un armement léger, mais aussi une importante mobilité, il était possible de vaincre des armées classiques.

    Fort de son succès, Abdelkrim proclame en 1922 la République confédérée des Tribus du Rif, un embryon d’État berbère. Cette république eut un impact crucial sur l’opinion internationale, car ce fut la première république issue d’une guerre de décolonisation au XXe siècle. Il créa un parlement constitué des chefs de tribus qui lui vota un gouvernement.

    En 1924, l’Espagne retire ses troupes dans ses possessions le long de la côte marocaine. La France, qui de toute façon avait des prétentions sur le Rif méridional, se rendit compte que laisser une autre puissance coloniale se faire vaincre en Afrique du Nord par des indigènes créerait un dangereux précédent pour ses propres territoires, et rentra dans le conflit. Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines pour constituer le noyau d’un mouvement de libération marocain préalable à un vaste mouvement de décolonisation, Abdelkrim demanda au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, en raison de la pression de la résidence générale française à Rabat, refusa de lutter contre les puissances coloniales.

    L’entrée de la France en guerre ne se fait pas attendre mais la pression de l’opinion publique aussi bien européenne qu’internationale, subjuguée par cette résistance rifaine, rend la tâche plus ardue et conduit au renvoi du résident général le maréchal Hubert Lyautey.

    À partir de 1925, Abdelkrim combat les forces françaises dirigées par Philippe Pétain à la tête de 200 000 hommes et une armée espagnole commandée personnellement par Miguel Primo de Rivera, soit au total de 450 000 soldats, commença des opérations contre la République du Rif. Le combat intense dura une année, mais par la suite les armées françaises et espagnoles combinées – utilisant, entre autres armes, l’ypérite – furent victorieuses des forces d’Abdelkrim.

    Après la menace de génocide, Abdelkrim se rend comme prisonnier de guerre, demandant à ce que les civils soient épargnés. Il n’en sera rien, les puissances coloniales ne peuvent tolérer qu’un tel soulèvement reste impuni. Ainsi dès 1926 des avions munis de gaz moutarde bombarderont des villages entiers faisant des marocains du Rifs les premiers civils gazés massivement dans l’Histoire, à côté des kurdes iraqiens gazés par les britanniques. On estime à plus de 150 000 le nombre de morts civil durant les années 1925-1926, mais aucun chiffre crédible ne peut être avancé.

    En 1926, Abd el-Krim est exilé à la Réunion, où on l’installe d’abord jusqu’en 1929 au Château Morange, dans les hauteurs de Saint-Denis. Quelques années passent. Il devient habitant de la commune rurale de Trois-Bassins, dans l’ouest de l’île, où il achète des terres et construit une belle propriété. Il y vit douze à quinze ans. En mai 1947, ayant finalement eu l’autorisation de s’installer dans le sud de la France, il embarque à bord d’un navire des Messageries Maritimes en provenance d’Afrique du Sud et à destination de Marseille avec 52 personnes de son entourage et le cercueil de sa grand-mère, le Katoomba.

    Arrivé à Suez où le bateau fait escale, il réussit à s’échapper et passa la fin de sa vie en Égypte, où il présidera le « Comité de libération pour le Maghreb arabe ». Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi meurt en 1963 au Caire où sa dépouille repose encore. Au sortir de l’indépendance, la répression d’une révolte du Rif fait plus de 8 000 morts entre 1958 et 1961. Il refusa de rentrer au Maroc après l’indépendance, mais sa dépouille y fut ramenée à la demande du roi Hassan II.

    Source : Blog L’Emir Abdelkrim El Khattabi, 12 fév 2017

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Abdelkrim El Khattabi, Republique du Rif, colonialisme, guerre de libération, guerre de guérrilla,

  • Journal africain : Mohammed VI, roi de la jet-set marocaine et client régulier des bars gays de Bruxelles

    La prétendue double vie sape le trône du roi de la jet-set marocaine : « Client régulier dans les bars gay de Bruxelles »

    Lorsque le prince britannique Harry (34 ans) et sa femme enceinte Meghan (37 ans) visitent l’État, c’est généralement bénéfique pour votre popularité. Ce n’est pas le cas au Maroc, où le roi Mohammed VI (55 ans) a reçu beaucoup de questions au lieu d’être acclamé. Parce que où était son (ex ?) épouse, la princesse Lalla Salma (40 ans) ? Son absence fait exploser les rumeurs sur sa nature.

    C’est depuis octobre 2017 que la princesse Lalla Salma n’est apparue en public. Ses fonctions d’hôtesse ont été reprises lors de la récente visite de Harry et Meghan au Maroc par l’adolescent prince Moulay Hassan, successeur de Mohammed. Lalla Salma aurait quitté le palais royal il y a quelque temps, et les nombreux commentaires sur comment et pourquoi conduisent à des tensions dans ce pays où l’amour entre personnes de même sexe est très difficile.

    Un début prometteur

    Il y avait déjà un grand mécontentement dans la politique marocaine lorsque le roi décida d’inclure Pierre Bergé, figure de proue du mouvement gay français et ami de l’icône de la mode défunte Yves Saint Laurent, dans la noblesse des Alaouites. Maintenant que Mohammed n’a même plus d’épouse pour maintenir l’apparence de la vie hétérosexuelle, on suppose qu’il devra démissionner dès que le prince héritier aura atteint l’âge de la majorité. Bien que beaucoup de gays marocains opprimés espèrent que Mohammed restera sur le trône après sa sortie de la cachette.

    La carrière politique du roi Mohammed VI, cependant, a commencé de façon prometteuse. Il y a vingt ans, après la mort de son père dictateur Hassan II, il a pris un bol d’air frais. Les attentes étaient exprimées, surtout lorsque Mohammed a épousé la belle informaticienne Salma Bennani. La mère de Mohammed, Latifa, une princesse berbère, menait la vie cachée d’une femme de harem. Lalla Salma, d’autre part, a tout fait pour améliorer l’image du Maroc en tant que pays islamique progressiste. Elle symbolisait mieux que quiconque la modernisation préconisée par Mohammed. Même à son mariage, Salma ne portait pas de foulard. Elle a reçu le titre de « princesse », une première pour le Maroc, et a accompli des missions officielles au Maroc et à l’étranger, faisant d’elle la première véritable première dame au monde dans une nation islamique. Mais leur conte de fées n’a pas duré. Selon certaines sources, le couple a, discrétement, divorcé, il y a deux ans.

    Grand propriétaire foncier

    La popularité de Mohammed a aussi eu un impact pour une autre raison. Le monarque semble moins préoccupé par les problèmes de son peuple que par ses plaisirs. On l’appelait autrefois le  » roi des pauvres « , mais en réalité, il jette les dirhams à la vitesse de l’éclair. Le monarque est propriétaire d’une grande partie de l’économie marocaine : il est un grand propriétaire foncier et un grand producteur de produits agricoles. De plus, il utilise son influence politique pour s’enrichir encore davantage. Avec une fortune estimée à 5 milliards d’euros, il figure sur la liste Forbes des rois super riches, juste parmi les milliardaires du pétrole comme le sultan de Brunei et le roi d’Arabie Saoudite. Mohammed VI peut vraiment vivre comme un prince à partir des contes de fées des mille et une nuits.

    Effusion de sang

    Avant de succéder à son père Hassan, décédé à l’âge de 70 ans, le prince héritier marocain Sidi Mohammed était l’un des célibataires les plus recherchés au monde. Le prince semblait être ami avec presque tout Hollywood. Il a été repéré partout alors qu’il portait une paire de lunettes de soleil à la mode sur son nez et un costume tape-à-l’œil autour de son torse robuste dans une autre supercar pour un prochain rendez-vous mondain. Les Marocains attendaient donc beaucoup de leur prince, qui semblait résolument opter pour une vie moderne basée sur un modèle occidental.

    Le roi Hassan II n’avait pas un bon œil pour la succession de son fils aîné et, ce qui est surprenant, a donné plus de confiance à de nombreux Marocains dans l’avenir. Hassan II a traité son fils aîné de faible qui ne pourrait jamais devenir un roi décisif. En 38 ans sur le trône, le patriarche dictatorial avait répondu à toutes les critiques de son régime par le sang. Hassan ne pouvait pas comprendre qu’un monarque puisse aussi paraître sympathique. Bien que ce soit surtout les rumeurs sur la nature de Mohammed qui inquiétaient le vieux monarque.

    Par exemple, on a chuchoté que Mohammed avait reçu une quantité préoccupante de compagnie masculine bien construite à son palais des Sablons à Sale. Inquiet, Hassan a fait filer son fils lorsqu’il a fait un stage à Bruxelles avec le Président Jacques Delors de la Commission européenne. Les rapports de ses espions ne l’ont pas rassuré : Mohammed était plus souvent vu dans les bars gays de Bruxelles que dans les bâtiments de l’administration européenne. L’entourage royal était silencieux à ce sujet, mais l’élite de la capitale Rabat était bien consciente de la vie princière.

    Assassiné ?

    La mort de Hassan au cours de l’été 1999 a provoqué une grande agitation parmi les chefs religieux, militaires et politiques du Maroc. Peut-être, ont-ils lancé la rumeur que le prince héritier était responsable de la mort de son père, afin de mettre Sidi Mohammed hors jeu. Les ragots continuent d’apparaître aujourd’hui, même si c’est peu probable. Après tout, le vieux bonhomme a été admis à l’hôpital avec une infection pulmonaire quand il est mort d’une crise cardiaque. Les jeunes marocains attendaient beaucoup du roi de 36 ans qu’ils qualifiaient de super cool en Occident.

    Les premières mesures du roi Mohammed VI ont également répondu à ces attentes. Il a mis les conseillers de son père à la porte. Il brisa le harem dans lequel le roi Hassan II gardait plus ou moins ses cinquante concubines en prison. Et il s’est lancé dans une tournée à travers le pays et a été accueilli avec enthousiasme partout. Son engagement avec la princesse progressiste Lalla Salma était la cerise sur le gâteau.

    Chômage

    Après la naissance de leurs deux enfants Moulay Hassan et Lalla Khadija (12 ans), Mohammed et Salma ont fait photographier son bonheur familial. Le roi a fait stipuler par la loi que les femmes marocaines peuvent choisir elles-mêmes leurs maris et qu’elles peuvent demander elles-mêmes le divorce. Malheureusement, d’autres innovations n’ont pas vu le jour et les réformes économiques tant attendues attendent toujours sans succès. Même aujourd’hui, il y a encore beaucoup de pauvreté, de chômage et d’analphabétisme au Maroc, ce qui fait que Mohammed est de plus en plus critiqué dans son propre pays. D’autant plus qu’il reste rarement dans le pays.

    Le roi a un palais dans presque toutes les villes du Maroc, mais sa résidence préférée se trouve dans le village français de Betz. Il y possède un château de conte de fées dans un parc de 70 hectares. Ses pur-sang arabes sont dans l’écurie, tout comme une partie de sa très chère collection de voitures de sport. Depuis une vingtaine d’années, Mohammed fait complètement moderniser l’immense château. Vingt bétois travaillent à plein temps dans le domaine royal. Mais si Mohammed s’y installe, quarante autres doivent signer la clause de stricte confidentialité qu’il exige de son personnel. Il semble donc peu probable que quelqu’un de la cour de Mohammed se prononce sur Lalla Salma. Si jamais ils savent quelque sur où se trouve actuellement.

    Afrinik, 24 mars 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, gay, homosexualité, rumeurs, Hassan II,

  • Maroc : L’hypocrisie marocaine ?

    Sur une discussion dans un groupe d’expat sur Facebook, j’ai encore lu les reproches faits régulièrement par les européens non musulmans vivant au Maroc, « pays d’hypocrites », « pas de liberté », « ils font Ramadan mais le reste du temps ils boivent de l’alcool », bref « hypocrisie », « absence de liberté », « contrainte ».

    J’ai eu envie d’y répondre beaucoup de choses, mais le format Facebook ne se prête pas à cela… et puis ces choses, je les avais dites quelques jours plutôt, à un ami belge qui s’est converti pour épouser une marocaine, et qui souffrait mille morts parce qu’il avait l’impression d’être pris dans une dictature intellectuelle et morale insupportable pour ses principes.

    Et c’est vrai que, dans mes formations multiculturelles, cette incompréhension de la « schizophrénie marocaine » est ce qui revient le plus souvent, et une des choses qui pose le plus de problèmes dans la relation quotidienne. Elle a plusieurs raisons :

    une véritable schizophrénie marocaine

    une incompréhension totale des valeurs de l’Islam qui expliquent cette schizophrénie

    une méconnaissance profonde de l’Islam, qui en limite la perception à ces contraintes

    une méconnaissance du poids de la tradition et des valeurs marocaines, surtout pour ceux qui vivent dans des lieux touristiques et qui croient, à tort, que le Maroc est occidental parce qu’il a adopté des habitudes de consommation

    un aveuglement face aux hypocrisies et aux contradictions occidentales, qui ne sont pas moindres, mais autres

    et enfin, pour certains, un état de « manque » qui leur fait dire un peu n’importe quoi

    La schizophrénie marocaine

    Oui elle existe. J’en ai parlé dans les articles sur la vente d’alcool, sur NationalAds.

    Elle est inévitable dans un pays aussi divers que le Maroc. Parce que c’est le seul moyen d’arriver à faire bien vivre ensemble des gens tellement différents.

    Des marocains très différents, cultivés, quasi-illettrés, un seul pays
    Contrairement à ce que certains disent, le Maroc évolue extrêmement vite.

    De nombreux cadres moyens, commerçants, fonctionnaires habillés et vivant à l’européenne sont les enfants de parents illettrés, des fellahs, d’aroubis, de blédards, de gens qu’on trouve merveilleusement typiques quand on les voit en photo ou sur des cartes postales, mais qu’on ne côtoie que le temps de « prendre un thé chez l’habitant » pour les touristes, ou de leur demander de monter un mur ou réparer une canalisation, quand on a un riad. (et en râlant ensuite sur la mauvaise qualité des travaux).

    De gens comme mes beaux-parents, donc.

    Mon mari est particulièrement libéral. Ce n’est pas un musulman extrêmement pratiquant, mais il est pratiquant. Il nous arrive d’avoir des bouteilles de vin à la maison, pour moi, pour nos amis, pour la cuisine. Néanmoins, dès que ses parents arrivent, l’alcool est caché, pour ne pas les choquer.

    Thé ou alcool, une schizophrénie marocaine

    Lors de notre mariage, que nous avons fêté traditionnellement, au bled, dans le sud marocain, avec toute la famille invitée, il y avait des tables pour nos invités européens. La seule particularité de ces tables, c’est que les bouteilles de Coca contenaient du vin. Aucun musulman ne s’est trompé. Les quelques marocains qui ont trinqué du Coca avec les invités européens savaient parfaitement ce qu’ils faisaient, et personne ne s’est trompé de bouteille.

    C’est sans doute, en résumé, tout ce qui fait le « bien vivre ensemble » au Maroc.

    Un pays ouvert, tolérant, avec des limites

    Le Maroc est un pays exceptionnellement tolérant. Par rapport à ses voisins maghrébins, à d’autres pays dans la sphère arabo-musulmane (car ce serait une erreur de limiter l’Islam au monde arabe), la liberté, pour les étrangers, y est exceptionnelle. Pour les marocains, la législation est de plus en plus libérale. Le Maroc est, par exemple, le seul pays arabo-musulman qui permette à un enfant né sans père d’avoir un état civil complet, la nationalité marocaine sans restriction. Même s’il est imparfaitement appliqué, le code de la famille est extrêmement protecteur de la femme.

    Néanmoins, le Maroc reste un pays musulman, c’est-à-dire un pays où la loi est gouvernée par la religion. Si on ne l’accepte pas, on n’a rien à y faire.

    De plus, oh surprise pour les français, de nombreux marocains sont sincèrement musulmans, viscéralement, je dirais. Être religieux n’empêche pas de faire des entorses à sa morale et à sa foi (sinon, pourquoi les confessionnaux catholiques existeraient-ils, hein ?), mais on les fait en considérant que c’est mal, et donc que ça doit se cacher…

    Ce sont les bases de cette schizophrénie.

    Comprendre l’Islam est indispensable pour comprendre les marocains
    De la même façon que nous baignons, sans nous en rendre réellement compte, dans une culture qui reste profondément marquée par les valeurs chrétiennes, les marocains, eux, baignent dans une culture profondément musulmane.

    A moins d’avoir vécu toute son enfance à l’étranger, coupé de toute communauté d’émigré et de tout contact avec sa famille marocaine, un marocain a été baigné dans la religion depuis sa plus tendre enfance. Il a appris à lire avec le Coran, il a eu des cours de religion à l’école (c’est même une matière au baccalauréat), et il a vu ses parents, ses grand-parents pratiquer. Il a l’Islam dans le sang, même si il ne pratique pas.

    S’intéresser à l’Islam, cela ne veut pas dire qu’on va se convertir. Mais cela permet de nettement mieux comprendre ses voisins, son conjoint… et accessoirement, de pouvoir discuter en prenant appui sur « sa » religion, « ses préceptes », au lieu d’avancer des arguments qui se résument de façon caricaturale à « espèce de con obscurantiste et attardé qui ne comprend pas notre merveilleuse laïcité et notre liberté universelle« . (Dois-je vraiment préciser que cette phrase est à prendre au second degré et ne reflète pas mes opinions, bien au contraire ?)

    Se cacher pour ne pas choquer les autres

    Et cela permet de comprendre une des bases de cette schizophrénie : pour un musulman, quand on commet un péché en public, on associe les spectateurs à sa faute, on les fait pécher aussi. C’est un peu similaire à la version chrétienne, « Malheur à celui par qui le scandale arrive », mais c’est beaucoup plus fort. Plus fort, parce qu’il y a aussi la « Umma », la notion de communauté.

    Se cacher, manger pendant Ramadan mais à la maison, ce n’est donc pas seulement la crainte de la sanction ; c’est avant-tout le respect de l’autre, et c’est ce manque de respect qui est sanctionné, plus que la faute.

    Si les musulmans s’appellent entre eux, souvent, « mon frère » ou « ma soeur » ça correspond bien à un sentiment de communauté. Et cette communauté a aussi ses avantages. C’est un mode de vie aux antipodes de notre individualisme. Il a, comme tout mode de vie, ses avantages et ses inconvénients.

    L’occidentalisation est surtout « de surface »

    Porter un costume, aller au cinéma, envoyer ses enfants dans les écoles françaises au Maroc, parce que l’éducation y est meilleure, ça ne veut pas dire qu’on renonce à ses valeurs traditionnelles, bien au contraire.

    Le Maroc pratique le week-end occidental, mais on travaille peu le vendredi, soit parce qu’on consacre du temps à la prière, soit parce qu’on digère le couscous (ou les deux).

    60% des marocains, y compris les jeunes et les jeunes femmes, pensent que c’est mieux qu’une femme porte le voile. Ce qui ne veut pas dire un « niqab », et qui n’empêche pas femmes voilées et non-voilées de se tenir la main dans la rue ou d’aller ensemble à la plage.

    Les Marocains sont très majoritairement attachés à l’Islam, au respect de ses pratiques, la contestation de celles-ci est un des rares tabous infranchissables.

    C’est comme ça. Point-barre. Et je pense que ce n’est pas à des étrangers installés – théoriquement – en toute connaissance de cause dans ce pays de le critiquer.

    La culture occidentale a tout autant d’hypocrisies

    Avez-vous déjà essayé de boire une bouteille de bière dans un parc à New-York sans la dissimuler dans un sac en papier ? (et que ce soit Ramadan ou pas, hein…)

    Savez-vous ce que risque une personne qui urine sur le bord d’une autoroute aux États-Unis ? A quel point vous pouvez choquer si vous portez un maillot de bain qui n’écrase pas vos tétons ?

    Vous êtes vous déjà demandé en quoi l‘inégalité salariale entre hommes et femmes en France, une des plus élevées en Europe, répondait à nos valeurs d’Égalité ? S’il était réellement normal que, dans une république laïque qui interdit le port du voile aux fonctionnaires, on finance des écoles privées religieuses et on refuse la construction de mosquées, qu’on accepte de faire des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales pour les associations juives mais pas pour les femmes musulmanes ?

    Allons plus loin encore : le concept de liberté d’expression aux États-Unis est largement plus large qu’en France. Une loi contre le négationnisme, qui ne choque personne chez nous, serait impensable là-bas. Il n’y a pas de « meilleur système ».

    Pour résumer, avant d’accuser le Maroc d’hypocrisie et de vouloir le révolutionner, on pourrait appliquer un proverbe bien occidental qui trouve ses racines dans l’évangile et qui nous recommande de faire attention à la poutre qu’on a dans l’œil avant de regarder le fétu de paille chez l’autre…

    Ramadan : le tabou suprême ?

    Par rapport à beaucoup d’autres prescriptions, le non respect de Ramadan est un des tabous suprêmes.

    Pourquoi ? Parce que c’est un effort collectif, on souffre de concert, certes, mais on « profite » de concert : Ramadan ce n’est pas seulement les privations, c’est aussi la rupture du F’tour ensemble, où on invite ses voisins, ses amis.

    C’est d’ailleurs une bénédiction de partager le F’tour avec quelqu’un…

    C’est une ambiance très spéciale. Pour ceux qui sont pratiquants, c’est réellement un mois de spiritualité, pour ceux qui le sont moins, c’est l’occasion dans l’année de l’être (comme Pâques pour les chrétiens) et de se « rattraper », et pour ceux qui ne le sont pas du tout, c’est aussi le moment de partager avec tous les autres marocains.

    Ramadan, c’est notre Noël. Ce sont les souvenirs d’enfance, les bons petits plats préparés amoureusement par la maman et la grand-mère…

    Oui, un grand nombre de marocains quittent le pays pendant Ramadan pour ne pas en subir les contraintes. On parle de trois millions.. mais le même nombre de MRE reviennent au Maroc pour le vivre mieux qu’en Europe.

    Ramadan est un des cinq piliers de l’Islam. Il est donc nettement plus important que le port du voile, que la circoncision, ou même que l’interdiction de l’alcool ou du porc.

    A mes yeux de non-musulmane, qui exprime une opinion personnelle, il est moins grave de ne pas respecter Ramadan que de ne pas faire la Zakat (l’aumône), un autre des cinq piliers. A partir du moment où on fait ça discrètement (cf. ne pas choquer). En effet, en ne faisant pas la Zakat, on prive quelqu’un (le pauvre) de quelque chose, alors que ne pas jeuner reste un péché purement personnel. Cette exégèse théologique reste une opinion personnelle… néanmoins si un marocain vous gonfle un peu trop avec Ramadan, vous pouvez toujours dévier la discussion là-dessus 🙂

    Pour un marocain, ne pas respecter Ramadan, c’est comme si un joueur de l’équipe française chantait l’hymne national de l’équipe adverse pendant une une rencontre du mondial. Juste pour vous montrer comme c’est important, et collectif.

    Et si on se focalisait sur les bons côtés ?

    Une culture, c’est un tout.

    Avec les mauvais côtés de cette pression sociale viennent aussi des choses très positives, qui font tout le charme du Maroc.

    L’Islam marocain, c’est aussi celui qui organise le Festival des Musiques Sacrées de Fès, un espace de rencontre international qui accueille les danses des Apsaras, des choeurs chrétiens comme des derviches tourneurs.

    Une communauté, cela veut dire aussi de l’entraide, et la charité musulmane est réelle. La Zakat est tout aussi importante que le Ramadan, la communauté soutient les pauvres, on s’entraide entre voisins, la générosité marocaine est réelle (elle diminue alors quand les marocains sont très occidentalisés).

    Les valeurs musulmanes sont aussi des valeurs d’intégrité et d’honnêteté. Mes clients musulmans pratiquants sont des perles qui me payent rubis sur l’ongle, qui me font confiance, des clients comme on en souhaite à tout le monde.

    Vivre dans un pays, ce n’est pas se mettre dans une petite bulle où on trouve son Ricard et son saucisson, en se tapant la panse entre expatriés, en disant du mal des marocains. C’est – théoriquement – aimer sa culture, sa vie quotidienne. Si on vit au Maroc sans aimer « tout le pays », autant ne pas y être.

    Source : O-Maroc

    18 Juil 2014 by Marie-Aude

  • Maroc : sauver l’enseignement de la dégradation, c’est sauver l’avenir de la nation marocaine (Prince Hicham)

    Le Prince Hicham, cousin du roi Mohamed VI, a publié un tweet soulignant que le Maroc pourrait perdre la boussole du progrès s’il ne sauve pas dès que possible l’enseignement de la détérioration qu’il souffre.

    Dans son tweet le dimanche 24 mars, il dit: «nous pouvons être en désaccord sur le rôle des institutions étatiques en raison des différences politiques, mais ce désaccord ne devrait pas toucher l’enseignement, non seulement exige un consensus et l’unanimité, au contraire, il exige une vision scientifique précise et rigoureuse.

    Il Souligne l’importance de l’enseignement pour le pays et la nation “l’enseignement est la boussole de la nation marocaine qui permettrait de garder la faille loin, ce qui menace la coexistence ethnique, culturelle et sociale.”

    Il demande également dans son tweet « la tenue d’une conférence nationale pour élaborer un plan national visant à sauver ce secteur stratégique. Une conférence nationale réunissant divers acteurs pour aborder les problèmes de l’éducation est nécessaire pour assurer l’avenir des générations présentes et futures ».

    Il indique que le Maroc a raté certaines opportunités, soulignant sans doute l’échec de la transition démocratique, mais il considère que la perte du rôle de l’éducation sera catastrophique pour l’avenir du Maroc. Avec une tonalité d’avertissement « Oui, le Maroc a perdu de nombreuses opportunités dans son histoire, mais l’éducation est la seule opportunité qu’il ne doit pas perdre s’il veut Atteindre le train du progrès et de la dignité pour le peuple ».

    Le prince publie ce Tweet à un moment où le secteur de l’éducation au Marocpasse par une crise profonde sans précédent au cours des trois dernières décennies. Une crise résultant d’un manque de vision stratégique, d’un détournement de fonds publics et de la mise en œuvre des recommandations du FMI.

    A cet égard, les enseignants contractuels sont engagés dans une série de grèves pour revendiquer leurs droits matériels et moraux. Environ 50 000 d’entre eux ont protesté samedi soir à Rabat. Au lieu de leur de chercher une solution, l’Etat marocain est intervenu violemment pour mettre fin à lhttps://alifpost.org/prince-hicham-sauver-lenseignement-de-la-degradation-cest-sauver-lavenir-de-la-nation-marocaine/a manifestation. Les syndicats ont annoncé une grève de trois jours pour protester contre la violence.

    Alif-Post, 25 mars 2019

    Tags : Maroc, enseignement, Prince Hicham, enseignants contractuels,

  • Le Maroc ne parvient pas à faire échouer la conférence de solidarité de la SADC

    Il semble que le Maroc ait tout essayé pour détourner l’attention de la Conférence de solidarité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) avec le peuple du Sahara occidental, qui doit se tenir à Pretoria lundi et mardi.

    La mesure dans laquelle le Maroc a tenté de neutraliser les efforts africains pour trouver une solution au conflit et assurer la libération de la dernière colonie africaine est un indicateur de son intransigeance et de son désespoir.

    Des chefs d’État et des ministres des affaires étrangères africains de tout le continent, ainsi que des dignitaires étrangers, sont attendus. Cela constitue une menace pour l’ordre du jour du Maroc, à savoir mettre un terme à toute tentative de faire avancer le processus de paix. Elle s’oppose à la participation de l’UA.

    La dernière astuce du Maroc a été dévoilée la semaine dernière lorsqu’il a invité à la dernière minute les ministres africains des Affaires étrangères à assister à sa propre conférence sur le Sahara occidental au Maroc, exactement aux mêmes dates.

    La lettre d’invitation au ministre malien des Affaires étrangères, par exemple, portait la mention « urgent » et a été envoyée il y a 10 jours. La lettre proposait de payer tous les frais de déplacement.

    Certains responsables régionaux allèguent que le Maroc a utilisé des incitations financières pour inciter certains ministres à y aller. Des pays comme le Malawi, qui se trouve dans une situation financière désastreuse après la dévastation causée par le cyclone Idai, a fchangé sa décision de participer à la conférence de solidarité à la suite des pressions exercées par le Maroc.

    Le fait que le Maroc travaille dur pour neutraliser la conférence de la SADC suggère que les initiatives visant à exprimer sa solidarité avec le peuple du Sahara occidental constituent une menace pour son modus operandi.

    Bien qu’il ait été accepté comme membre de l’UA en 2017, le Maroc n’a pas fait preuve d’un véritable engagement à céder son emprise sur le territoire illégalement occupé du Sahara occidental.

    Des fonctionnaires de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont rencontré leurs homologues marocains en décembre. La RASD a suggéré des mesures de confiance telles que la libération des prisonniers sahraouis, le déploiement d’observateurs des droits de l’homme des Nations Unies dans les territoires occupés, la fin des violations du cessez-le-feu et la fin du pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc. Le Maroc a refusé d’en discuter.

    Mais la troïka de l’UA mise en place pour traiter cette question est déterminée à proposer un nouveau mécanisme et une nouvelle feuille de route pour permettre à l’UA de contribuer davantage au processus de l’ONU pour garantir l’autodétermination.

    La troïka comprend le président égyptien Fattah al-Sisi, le président Cyril Ramaphosa et le président rwandais Paul Kagame. Sisi a déclaré sa solidarité avec le Sahara Occidental, et Ramaphosa a appelé le Maroc à décoloniser le Sahara Occidental et a déclaré que l’Afrique du Sud utiliserait son mandat au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire avancer la cause sahraouie.

    Si le Maroc était dans l’illusion que l’UA resterait à regardert le processus de l’ONU sans rien faire, il devrait y réfléchir à deux fois. Ce mois-ci, le président de la Commission de l’UA et le président de l’UA ont convenu de la nécessité de rendre opérationnel le mécanisme de l’UA sur le Sahara occidental et feront appel à la coopération des membres de l’UA.

    En fin de compte, la plupart des États africains ont le souvenir de leur propre lutte pour la libération et l’autodétermination de l’occupation coloniale et ne sont pas susceptibles de refuser leur solidarité au peuple du Sahara occidental pour la même cause.

    * Ebrahim est le rédacteur étranger du groupe Independent Media.

    IOL NEWS

    Tags : Sahara Occidenal, Maroc, Front Polisario, SADC, RASD, Union Africaine, Troïka,

  • Italie : Les résultats de l’autopsie d’Imane Fadil dans un mois

    Comment Imane Fadil est-il vraiment mort ?

    Le mystère de la mort du modèle marocain Imane Fadil continue. Mais on ne peut exclure qu’elle soit morte de causes naturelles. En arrière-plan, une incroyable histoire d’espionnage….

    Aucune substance radioactive dans le corps d’Imane Fadil, le témoin décédé à l’âge de 34 ans, à Humanitas à Rozzano le 1er mars dernier. C’est ce que révèlent les tests effectués par des experts, qui ont analysé le foie et les reins, qui n’ont pas encore été confirmés par l’Enea. Mais comment le modèle marocain est-il mort alors ?

    Imane Fadil, avec Chiara Danese et Ambra Battilana, avait été un témoin clé de l’accusation au procès Ruby, en particulier elle avait été partie civile au Ruby bis, un procès contre Emilio Fede, Nicole Minetti et Lele Mora. Là, elle avait raconté une version complètement différente des dîners élégants d’Arcore, dans la résidence de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi. Il a également fait des déclarations plutôt surréalistes aux journaux, tels que ceux selon lesquels Arcore cacherait une secte démoniaque ou le fait qu’il se sentait protégé parce qu’il descendait d’un saint.

    LA MORT

    Elle aurait dû également témoigner au procès Ruby ter, mais le 29 janvier, elle a été admise à Humanitas à Rozzano, où elle est morte après un mois d’agonie. Elle a dit à son frère et à son avocat qu’elle avait été empoisonnée.

    HYPOTHÈSE DE RADIOACTIVITÉ

    La forte concentration de cinq métaux dans son sang avait conduit à l’hypothèse qu’elle avait même été empoisonnée par des substances radioactives. Un détail troublant, qui rappelle ce qui est arrivé à Alexandr Litvinenko, l’ancien agent secret russe assassiné au polonium 210, mais l’analyse des experts de la Harpe et de l’Institut de physique de l’Etat de Milan l’avait alors exclu. Pour écarter définitivement l’hypothèse suggestive, il ne manque plus que la confirmation de l’Énée de Rome.

    AUTOPSIE

    L’autopsie permettra de déterminer si le modèle a été empoisonnée d’une autre manière ou si elle est morte de causes naturelles, à cause d’une maladie rare, une circonstance que les enquêteurs n’ont jamais écartée. La famille d’Imane a deux nouveaux avocats, Mirko Mazzali et Nicola Quatrano, qui sont arrivés après la démission de l’avocat Paolo Sevesi. Mazzali lui-même a dit que la famille « n’a pas de thèses pré-constituées, veut connaître la vérité et s’appuie sur le travail de la magistrature, le pm qui font un excellent travail. Et il a nommé comme consultant pour les examens d’autopsie le coroner Michelangelo Casali.

    LA SPY STORY

    Pendant ce temps, le ministère public a décidé d’écouter Souad Sbai, 58 ans, journaliste d’origine marocaine et ancien député du PDL, actuellement président de l’Association des femmes marocaines en Italie, qui, parlant avec Repubblica, avait raconté une histoire incroyable : « Imane Fedil en savait tellement. Elle a probablement décidé de prendre du recul. Et ils l’ont tuée. Je sais que, comme beaucoup d’autres belles filles, elle fréquentait beaucoup notre ambassade. C’est là, dans le cercle de la haute diplomatie, qu’il faut aller chercher. La raison ? « Il y a des responsabilités qui doivent être recherchées dans l’environnement de la haute diplomatie marocaine avec laquelle Imane a travaillé. Je suis ces histoires depuis 2010. Beaucoup de belles Marocaines, comme Ruby, comme elle, sont arrivées en Italie ces dernières années et il est facile d’imaginer quoi faire. Réunions, films, chantage. Ce n’est pas seulement arrivé à Berlusconi ».

    LES CRISTAUX ET LES ACIDES

    Et il ajoute qu’au Maroc « ce n’est pas nouveau, ça arrive souvent. Ces gens n’ont pas de scrupules. Ils vous tuent avec très peu, ils vous font boire quelque chose qui contient une substance particulière, une sorte de mercure, un cristal d’acide, inodore, qui vous empoisonne. On dirait une maladie qui détruit vos organes et vous tue. Je demande à la justice italienne ainsi qu’au roi du Maroc de le dire clairement.

    LA SYRIENNE ET LE CHEIKH

    Si les autorités marocaines ont annoncé un procès, les enquêteurs, selon Repubblica, observent également la position de Saeed Ghanaymi, le Syrien qui avait fourni à Imane, lors des élégants dîners, trois cartes téléphoniques au nom d’une personne inexistante et qui est actuellement directeur d’une entreprise sidérurgique à Bergame. Enfin, l’équipe mobile suivrait les traces d’un cheikh générique des Emirats avec lequel Imane avait une relation et que la femme avait visité au moins une fois au cours des deux dernières années. Tous les morceaux qui seront couverts au moins jusqu’à ce que nous sachions avec certitude comment Imane est mort. Le résultat de l’autopsie devra attendre au moins un mois.

    Source: Fronte Del Blog

    Tags : Italie, Imande Fadil, prostitution, espionnage, empoisonnement, Berlusconi, ambassade du Maroc à Rome,

  • Algérie: Après le départ de Bouteflika, le peuple algérien ne va pas rentrer à la maison.

    Les Algériens s’amusent de ces numéros de cirque. Certains changent de rôles et tournent la veste. D’autres révèlent des secrets d’outre-tombe, zombies bondissant au devant du spectacle. Les mea-culpa s’amoncellent. Des serviteurs essuient allégrement le couteau sur le dos du président absent…

    Depuis plus d’un mois, le mouvement populaire lancé par la jeunesse s’est considérablement élargi. Les sujets de réflexion aussi.

    Bien entendu, l’exigence du départ du président actuel à la fin de son mandat est devenu une évidence nationale. Le peuple ne fait pas appel à l’Armée pour faire partir Bouteflika, car rien de durablement bon n’est sorti de l’intervention directe des militaires dans la fonction présidentielle.

    « Ils » n’ont qu’à s’entendre entre-eux. Faire partir Bouteflika, c’est la tâche du Conseil constitutionnel . Le président du Sénat est chargé d’assurer l’intérim pendant les trois mois qui séparent de la prochaine élection présidentielle.

    Le peuple algérien ne va pas rentrer à la maison. Pour ne pas se faire de nouveau avoir, il reste mobilisé et prendra sous sa responsabilité le contrôle de ces élections. Il trouvera les moyens d’assurer ce contrôle à toutes les phase du scrutin. Il est suffisamment inventif pour cela.

    Sur la gestion du pays, dans les assemblées informelles, les constats sont de plus en plus partagés et des diagnostics discutés. La constitution algérienne doit contenir des mécanismes précis incontournables pour contrer l’abus de pouvoir (hagra) la corruption, l’accaparement des pouvoirs politiques par les privilégiés en vue de mettre la main sur richesses naturelles de connivence avec les multinationales?

    Le prochain président qui serait élu cet été devra convoquer le peuple pour des élections législatives dont la tâche sera notamment d’élaborer les nouvelles règles puisée dans le vaste débat national en cours.

    Certains l’appellent assemblée nationale constituante pour indiquer le caractère qualitativement nouveau des dispositions constitutionnelles à adopter.

    Sans attendre, les Algériens, salariés et étudiants notamment, se préoccupent de balayer devant leur porte en se dotant de représentants authentiques.

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition,

  • Maroc, Midelt : le deuxième jugement du détenu politique Said Oba Mimoun le 28/03/2019

    Qui est le détenu politique Said Oba Mimoun ? D’où vient-il ?

    Son grand-père ancestral, Sidi Ayad, fondateur de la ville antique, douar Sidi Ayad, est découvreur de la mine d’or à Ahouli au 17ième siècle. Il a fondé la ville, la Zawiya, l’ancienne école et a exploité la mine.

    Tout l’or qu’avait accumulé pendant un an de travail, grâce à ses ouvriers/esclaves, a été volé de l’un des Sultans du Maroc. Selon l’histoire circulant au sein des paysans, un des sultans aurait demandé à Sidi Ayad de collecter le produit en or pendant une année entière, et il avait collecté cette énorme quantité d’or. Le Sultant avait besoin de cette quantité d’or dans la construction de la route entre Meknès et Fès. L’armée du Sultant avait venu pour récupérer l’or, mais Sidi Ayad est mort et l’or est disparu. Sa famille avait quitté le lieu après avoir installa un sanctuaire pour lui rendre visite, pour chercher l’or perdu/volé.

    Son grand-père Sidi Ayad, avait fondé la ville antique dans une zone stratégique de la vallée. Après la découverte de la mine d’or, il est devenu riche. Tout l’or recueilli pendant un an fut volé par un le Sultant et sa ville est détruite. Les membres de sa famille sont transformés en nomades et tombés en conflit avec les tribus voisines. Des guerres ont été éclaté à cause des frontières et resté une source de conflit des tribus.

    Le conflit de la question des frontières déclenché par la décision administrative imposées par l’État en 2012 l’approuvait, et la lutte des paysan-nes de Sidi Ayad pour récupérer les 10 000 hectares qui avaient perdu est déclenchée.

    Son grand-père, le dernier de ses ancêtres, à la fin du 19ième, est le leadeur défenseur du territoire de la tribu Sidi Ayad. Il a été soumis à la torture au cours de sa vie et a été maintes fois arrêté et traîné à cheval : sur le dos, les mains ficelées et tiré à cheval. Il est toujours sur le point de se battre contre les ennemis, autres tribus, pour le droit à la terre, a déclaré le militant Said Oba Mimoun qui lutte dans l’esprit de Sidi Ayad, grand-père ancestral.

    Sa vie :

    Said Oba Mimoun est né en 1986 et n’a pas terminé ses études, comme tout le reste des enfants de Sidi Ayad, privés d’école. Il a arrêté ses études en première année du secondaire, branche scientifique, bien qu’il fût intelligent et supérieur en mathématiques. Il s’est marié et a trois enfants.

    A travaillé très tôt dans le secteur de la construction de bâtiments et a appris la technique de l’électricité de bâtiment.

    A fondé une petite entreprise et a travaillé avec des grandes entreprises en maintenance dans plusieurs villes du Maroc.

    En 2012, il avait organisé les manifestations des paysan-nes de Sidi Ayad contre la décision administrative menée par l’État pour occuper leurs terres collectives et a été opprimé à cause de ses manifestations, où un paysan a été arrêté. Il a conduit la lutte des paysan-nes contre l’occupation de 4500 hectares de leurs terres par le projet Noor 4.

    Depuis cet événement il est attaché à la question de la terre et a fondé l’association de développement agricole des paysan-nes de Sidi Ayad, pour plus s’organiser.

    En décembre 2016, il s’est intégré au sein du Syndicat Paysan et chargé du dossier foncier. Depuis lors il est contrôlé par l’État et s’efforçant de prouver l’identité des paysans de Sidi Ayad en tant qu’habitants autochtones appartenant à la tribu Ait Marghad.

    Il est devenu l’esprit conscient des paysan-nes de Sidi Ayad et parmi ses paysans, y compris ses frères, est le seul à avoir une culture qui a peut-être dépassé son niveau d’étude. J’ai toujours pensé qu’il était passé par l’université.

    Trésorier adjoint du bureau régional du Syndicat Paysan de Midelt. Le dossier de Sidi Ayyad, qui portait avec lui est l’axe de la lutte syndicale paysanne à Midetl où il a pu former un consensus des paysan-nes autour de lui. Ils avaient participé au sitin-in nationale du Syndicat Paysan le 28/12/2017 devant le parlement, symbole de la lutte syndicale et Sidi Ayad à la lumière du retard des autorités régionales.

    Et, avait déjà organisé plusieurs manifestations, des sit-in, marches populaires et des rassemblements au nom du Syndicat Paysan en 2017 pour défendre ce dossier, et a contribué à plusieurs réunions syndicales nationales à Midelt sur la question de la terre.

    La participation des paysan-nes de Sidi Ayad au sit-in nationale devant le parlement et le Conseil national au siège régional de l’UMT, à Rabat le 28/12/2017, est forte, où le nombre des paysans participant a atteint 32 paysans. Après cet énorme événement dans la vie du Syndicat Paysan, les manifestants de Tamtatouchte ont été attaqués et 12 paysan-nes ont été arrêtés, poursuivis et condamnés, dont le détenu politique Zaid Tkriout, secrétaire général provincial du Syndicat Paysan à Tinghir.

    A participé à plusieurs manifestations de protestation, de mutilation et d’ingérence en faveur des détenus politiques de Tamtatouchte.

    A assisté à l’audience en appel ses détenus au tribunal d’Ouarzazate, représentant le Syndicat Paysan comme membre du comité administratif. Après la décision du jugement approuvant le même procès de condamnation, il a contacté le juge, le responsable du corps, se demandant pourquoi cette fausse décision, le juge a répondu : Je ne suis qu’un exécuteur des ordres. Il a mentes fois déclaré cette position du juge au cours des activités syndicales.

    Afin de limiter son mouvement, qui a perturbé les autorités de Midelt et l’opportunisme au sein du Syndicat Paysan, un complot a été lancé contre lui par la mafia de la carrière. Il possédait une carrière à travers un contrat avec la commune de Mebladane et un employé de l’agence des bassins hydrographiques, l’accusant d’avoir l’insulté le 18/04/2018 avec de faux témoins de la mafia des carrières et condamné à 4 mois de prison ferme. Son premier procès à cause de sa lutte pour le droit des paysan-nes de Sidi Ayad à la terre.

    Au cours de son arrestation, il était audacieux avec le procureur dans une question à son adjoint pour la vraie raison de son arrestation, qui a répondu : Vous êtes opposé au projet du Roi.
    Après sa sortie de prison, il a été menacé à plusieurs reprises par les autorités, la gendarmerie et le parquet pour avoir exercé des représailles à son encontre.

    A déclaré ses incidents lors de plusieurs réunions et activités syndicales.
    Son affaire a été entachée par les luttes du Syndicat Paysan pour la libération des détenus de Tamtatouchte, jusqu’à ce qu’il pense que nous avons négligé son dossier. À plusieurs reprises il m’avait signalé cette suggestion.

    Et, peut-être que sa récente arrestation, donnera au Syndicat Paysan la bonne foi de ses militants à son égard ! Bien que certains opportunistes se laissent déranger.

    A trouvé dans le Syndicat Paysan un vaste stade pour développer ses capacités de combat et, bien qu’il n’ait pas participé au premier congrès du Syndicat Paysan ainsi que ses camarades paysan-nes où il est détenu et les paysan-nes de Sidi Ayad ont été absentés.

    A participé à plusieurs activités et en premier la cérémonie de l’accueil du Détenu politique Zaid Takrayout le 11/01/2019 à Tinghir et a été honorés comme détenu politique.

    A participé à plusieurs activités organisées en coordination avec l’Association Atak Maroc à Agadir, à Beni Mellal, et à Sidi Ayad.
    A organisé le sit-in ouvert des paysan-nes de Sidi Ayad du 22 février 2019 au 10 mars 2019 pour leur droit à la terre. Il a pleuré lors de l’arrêt de cette événement, qui a été levé par une décision des paysan-nes. Il connaît la manœuvre des autorités et leurs fausses promesses, mais il a obéi à la décision de la majorité, malgré son incapacité à croire les fausses promesses de l’État.
    A participé à la tente des femmes paysannes à Tamtatouchte, à l’occasion de 8 mars, organisée par le Syndicat Paysan les 15, 16 et 17 mars 2019 et portant le dossier de Sidi Ayad.

    Le matin du 18 mars 2019 à 10H :20, en se préparant à l’organisation de l’assemblée générale des paysan-nes, au siège de leur association, qu’il avait fondée conformément à la loi fondamentale, pour la fondation du bureau local syndical de Sidi Ayad, sur la base de ses convictions démocratiques en faveur de la participation des paysan-nes au prétendu dialogue avec les autorités provinciales de Midelt et avec le Comité préparatoire des paysan-nes, a surpris par l’offensif des autorités.

    Le chef Caid, représentant des autorités aux communautés d’Ait Oufla, avec deux gendarmes et des agents de force de répression s’attaquaient le siège et de tenter de l’arrêter. Ainsi, le dirigeant, le chef Caid, a déclenché sa chute par terre, est devenu obscurcissant et a prétendu être battu par le détenu politique Said Oba Mimoun.

    La résurrection des autorités et de la gendarmerie de Midelt, qui a mobilisé toutes ses forces pour l’arrêter à 16H, dans l’attente de l’arrivée de membres du bureau national qui souhaitent également les arrêter.

    Les manifestations : sit-ins et marches des paysan-nes ont été relancés dans les rues de Midelt lors de son arrestation par les gendarmes et après la décision du procureur à le rendre à la prison de Midelt le 19/03/2019 par des accusations lourdes : dossier 1131/2101/2019 insultant un fonctionnaire et violences à son encontre pendant et en raison de ses devoirs, crime de désobéissance, affaire de la désobéissance, première jugement le 21/03/2019 et la seconde le 28/03/2019.

    La lutte continue pour leur droit à la terre

    Agadir le 22/03/2019

    Secrétaire général du Syndicat Paysan

    Lahoucine Amal

    Source : Syndicat Paysan, 22 mars 2019

  • La guerre du Rif : L’offensive Franco – Espagnole

    Dans son Istiqçaâ, l’historien Ennaçiri, écrivait :« Face à l’Europe, nous sommes comme un oiseau sans ailes sur lequel fond l’épervier. »Ils furent deux éperviers à fondre sur le Maroc en 1926, lors de l’offensive franco – espagnole dans le Rif.

    Après le désastre d’Anoual, Lyautey écrit à d’Ormesson que ses craintes sur le Rif, forts anciennes, n’étaient que fort fondées :« D’un mot, écrit-il, sache que la chose est grave, c’est la caractère national qu’a pris le mouvement. Son chef Abd el krim est un Monsieur très européanisé, qui sait ce qu’il fait, tient son monde, dispose d’une vraie armée et déclare l’indépendance du Rif. »

    Lyautey avait espéré jusqu’au bout qu’il pourrait ramener Abd el krim dans le giron du protectorat. Pétain lui, voulait liquider militairement le soulèvement en liaison étroite avec l’Espagne.

    Lyautey a compris le ressort dont joue Abd el krim, il ne s’agit pas d’un classique chef de tribu en rébellion contre les français. Il s’agit d’un nationaliste, formé à l’école de l’occident qui s’apprête à utiliser le levier des traditions locales non plus comme un facteur d’ordre – mais comme un facteur de désordre. Il est comme le négatif de Lyautey : un prestige foudroyant se dresse contre le sien.

    Un des atouts de Lyautey est l’aviation : arme encore naissante qui trouve dans l’insurrection du Rif, un terrain d’expérimentation sans égal.

    « Un nombre considérable d’avions nous survolaient, et bombardaient les positions des Moujahidines par des bombes à gaz asphyxiantes qui décimaient nos rangs par leur poison. » raconte Mohamed Azerkan, l’un des principaux lieutenants d’Abd el krim.

    Les bombes contenaient des produits chimiques rayonnant à effet néfaste sur leur santé et leur corps. Rive droite de l’oued Amkran. On l’appelle « Amkran », c’est-à-dire, la grande rivière qui se jette en Méditerranée. Un vieux rifain que nous y avons rencontre se souvient encore: » Il y a par ici des grottes où se réfugiaient les combattants lors des bombardements aériens espagnols.: « Lors des bombardements aériens, nous étions ici. On s’était réfugié là bas dans les grottes. Les avions nous bombardaient. Les bombes étaient petites. On ne pouvait rien faire. Et dans l’eau de l’oued, à la source de l’oued, où nous nous désaltérons, quand tu y laves tes mains ; l’eau est empoisonnée que Dieu nous préserve ! »

    Le gaz de type moutarde fourni par la France, est utilisé pour la première fois par l’aviation espagnole contre les populations civiles du Rif.

    Peu après le désastre d’Anoual et l’écroulement de tout le commandement militaire de Mililla, en juillet – août 1921, les voix commencèrent à s’élever dans toute l’Espagne – dans la presse, au Congrès – qui réclamaient l’utilisation de tous les moyens offensifs nécessaires, incluant les gaz toxiques, pour en finir avec le mouvement d’Abd el krim, dominer entièrement la zone par les armes et infliger aux rifains un dur châtiment. Dans un article de la correspondania militar (5 septembre 1921), le député parlementaire Crespo de Lara se lamente au sujet de la lenteur ave laquelle s’organisait l’aviation militaire et pourquoi elle n’avait pas encore commencé à employer les gaz asphyxiants. Dans la correspondance télégraphique entre, le ministre de la guerre, le Vicomte de Eza et le Haut commissaire le général Berenguer, en date du 12 août 1921, le premier manifestait qu’il était en train de s’acheter « des composants de gazes asphyxiants pour leur préparation à Melilla », et le second à les emploierait contre les rifains avec « véritable plaisir », pour ce qu’ils avaient fait. La décision de les utiliser paraît remonter à août 1921, peu après le massacre le 9 de ce mois des soldat espagnols à Jebel Aroui comme le rapporte le caïd Haddou dans une lettre à Abd el krim datée du 24 juillet 1922 :« Je t’informe qu’un bateau français a transporté 99 quintaux de gaz asphyxiant pour le compte des espagnols. »

    A l’heure où le marché du mercredi d’Ajdir grouillait de monde, les obus commencèrent à tomber depuis le rocher de Nokour. Le débarquement franco – espagnol dans la baie d’Al Huceima eut lieu du 6 au 8 septembre 1926. La division française de l’amiral Hallier, avec le cuirassier Paris, a été mise à la disposition du commandement espagnol. Elle bombarde les organisations de la côte orientale de la baie, pendant que l’escadre espagnole assure la protection immédiate du débarquement.

    Un vieux rifain que j’ai rencontré à Ain Zorah chez les Metalsa se souvient encore : « L’homme qui me racontait la guerre du Rif, était âgé de 80 à 90 ans. Je travaillais chez lui comme maçon. Il me racontait l’offensive franco-espagnole chez les Metalsa et dans le Rif. Ils s’étaient préparé et mis d’accord pour exécuter le plan suivant : les français viendraient de Taourirt, et les espagnols de Melilla et de Nador, pour se retrouver ici à Aïn Zorah. Une fois arrivés sur place, les espagnols s’étaient établi à Talaïnt, et les français à Aïn Âmar.

    Il me disait : une fois qu’ils nous ont occupé, nous n’avons pu plus rien faire. Etaient arrivés chez nous trois gradés ; l’un était capitaine et les deux autres des commandants.

    – Que désirez-vous ? Nous ont-ils demande en arabe.

    – On est pour le « pardon », leur avons-nous repondu. On ne vous fera plus la guerre, ni à la France, ni à l’Espagne.

    – O.K, aquiessa-t-il; tôt demain ou après demain, chaque foyer doit déposer ici ses armes. Et chaque arme doit être muni de 40 réaux.

    – S’il vous plait, pour ce qui est des armes, on peut vous les remettre dés ce soir. Quant à l’argent, ce laps de temps n’y suffira pas. Il faut nous accorder un délais.

    – De combien de temps avez-vous besoin ? Nous demanda–t–il.

    – Accordez-nous deux mois.

    – Non, nous rétorqua-t-il. Je vais vous accorder cinquante jours.

    – Ils ne nous suffiront pas.

    – Ecoutez, nous dit-il, il ne faut plus revenir là-dessus ! ça sera 40 jours ! Un réau pour chaque jour.

    Nous avons commencé à rendre les armes, chaque arme munis de 40 réaux. Ceux qui refusaient de s’exécuter étaient torturés de cette manière : on enfonçait leur tête dans un récipient rempli d’eau salé, et on se mettait à les bastonner. »

    Depuis l’occupation Francaise, le Rif est encerclé de camps militaires comme celui au sud de Taza qui etait desservi par train comme s’en souvient cet habitant du cru:

    – Ce train reliait Guercif à Midelt. Les voyageurs n’étaient pas transportés dans des wagons comme aujourd’hui. Ils voyageaient sur le toit du train : les marchandises d’un côté, les gens de l’autre. Mon père, que Dieu ait son âme, travaillait au chemin de fer, ici-même. Je l’avais accompagné à Guercif. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui. C’est vers les années quarante qu’ils avaient enlevé les rails. Plus précisément en 1938 – 1939. Je les vois enlever les rails comme si cela se passait aujourd’hui–même. Ils avaient leur quartier ici ; avec la légion française, les tirailleurs Sénégalais, les goumiers. Il y avait là de quatre à cinq compagnies. Ils étaient restés longtemps ici. Et un beau jour des années quarante, ils ont décampé d’ici, et je ne sais plus où ils sont partis.

    Tout le long de la frontière qui sépare la zone française de la zone espagnole, Pétain mobilise les casernes militaires établies par la France lors de son occupation du Maroc au début du 20ème siècle.

    Des renforts militaires arrivent de France et d’Algérie et prennent position aux portes du Rif ; à la kasbah de M’soun, à celle de Mérada au bord de la Moulouya d’où s’envolent les escadrilles, à Camp Berteaux, et camp Aïcha chez les Béni Zeroual. A Paris, le haut état major fait prévaloir une autre conception des choses ; la guerre totale, l’éradication d’Abd el krim. On n’est plus dans la logique du protectorat, mais celle des colons, de l’expansion impérialiste à l’ « Algérienne ».

    Dans ses lettres à propos de l’offensive dans le rif en 1925, le lieutenant Joubert écrit :

    « Nous sommes très près des côtes comme pour mieux les voir. Je les connais déjà ces côtes rouges arides, sauvages, des rochers à pic sur la mer très bleue, nulle habitation que la maison du gardien du phare, c’est un paysage grandiose sous le soleil, un décore pour des contes fantastiques. L’air est doux, c’est le calme et la solitude.

    L’offensive a commencé le 12 avril 1925, par une souga chez les Béni Zeroual, à la zaouïa d’Amjout ; ils nous lâchèrent en partie.

    Abd el krim voulait le chemin de Fès. Vous pensez quelle victoire pour lui de prendre la ville sainte, la capitale intellectuelle. C’était la reconnaissance certaine de sa puissance, puis de son autorité ; c’était notre défaite. »

    Les rifains ne relâchent pas leurs efforts. Dans la nuit du 30 juin 1925, des éléments avancés coupent la voie ferrée pendant quelques heures aux environs de Sidi Abdellah. C’est seulement l’arrivée des renforts de France et d’Algérie qui permettent de rétablir la situation.

    La menace sur l’Innaouen se précise dans les derniers jours d’avril, les guérilléros d’Abd el krim pénètrent chez les Branès et multiplient leurs attaques contres les postes et les auxiliaires.

    Quand Abd el Krim est arrêté par Lyautey devant Ouazzane et l’Ouergha ; il essaie de rompre les lignes françaises à l’Est, de manière à atteindre Taza.

    Dés le 23 juin 1925, Abd el krim entame une violente offensive à laquelle sont consacrés ses meilleures troupes. Les contingents des tribus sous domination française ne tardent pas à rallier les combattants rifains. Des Tsoul et des Branès, dont le territoire est occupé, passent du côté des combattants rifains, au début de juillet 1925.

    Au début de l’attaque rifaine, en 1925, le colonel Combay ne dispose que de forces très réduites pour protéger Taza :

    « A ce moment, souligne -t-il, la situation est angoissante; la communication avec l’Algérie semble sur le point d’être coupée. Kahf El Ghar a été pris par les rifains, le 19 juin 1925. Les postes de Bou Haroun et de M’sila sont encerclés et subissent de rudes assauts, le premier écrasé par le canon, tombe le 2 juillet, sans qu’on puisse lui porter secours. La dissidence gagne chez les Tsoul. On envisage un instant l’abandon de Taza, mais après un conseil de guerre tenu le 4, le général Lyautey ordonne de garder la ville à tout prix, quitte à évacuer la population civile.

    Abd el krim menace Fès, dont il annonce la prise pour 1925. Le maréchal Pétain inquiet de cette poussée puissante du nationalisme, obtient le départ du maréchal Lyautey, hostile à une coopération avec l’Espagne.

    Le maréchal Pétain reçoit très vite le commandement des opérations ainsi que des moyens et matériels sans précédents – l’ensemble des troupes françaises au Maroc atteindra 150 000 hommes.

    Les conversations franco – espagnoles commencent le 17 juin 1925. Lors de la rencontre le 28 juillet entre Pétain et Primo de Rivera, le principe d’une riposte commune sévère est arrêté. La guerre franco – espagnole du Rif commence.

    De son vivant, Abd el krim avait une prison. Ici même ! Pour celui qui refusait d’aller combattre, et d’acheter armes et munitions de ses propres deniers. S’il ne s’exécute pas ; la prison ! La bastonnade ! Cela se passait là bas dans cette maison. La maison que vous avez vu et visité. C’est là ! Lui aussi, il avait aussi un téléphone. Le téléphone le reliait d’ici à Sidi Driss. L’endroit dénommé Sidi Driss. Il parlait à ses adjoints. Mais son vrai téléphone, c’était l’homme : d’ici à Bou Dinar, de Bou Dinar à Anoual, d’Anoual à un autre endroit plus loin. Le message était porté uniquement par la voix humaine. Celui-ci rapporte sur celui- là. C’était un leader. Il avait combattu sur la voie de Dieu. Que Dieu ait son âme.

    Abd el krim tentait la jonction entre le Rif et le Moyen Atlas via le couloir de Taza. Dans ses « Lettres du Maroc », le lieutenant Joubert écrit : « Vers le 23 mai 1925, nos premiers renforts arrivaient. Abd el krim avait perdu la partie. Alors, il changea d’objectif et concentra ses efforts en direction de Taza. Il essayait par là, de joindre les Béni Waraïne et les dissidents de l’Atlas. C’était un beau plan, nous étions pris entre deux mâchoires d’une tenaille et nos communications avec l’Algérie étaient coupées. Mais Taza, ne valait pas Fès. »

    L’année 1926, d’après la relation de Mohamed Azrkane[1]

    « Durant près de quatre ans,la résistance Rifaine aux Espagnols s’est poursuivi d’une manière acharnée de jour comme de nuit. Et c’est finalement l’intervention française en faveur des Espagnols qui a permis à ces derniers de débarquer près d’Ajdir au cap Äbed à la frontière entre les Boukkouya et les Bni Ouariyaghel. Il y avait soixante navires espagnols et Français au large d’ Ajdir, Un nombre considérable d’avions nous survolaient, et bombardaient les positions des Moujahids par des bombes à gaze asphyxiantes qui décimaient nos rangs par leur poison[2]. Tous les armes de destruction massives imaginables ont été utilisées[3]. Et malgré toute cette force de frappe, l’ennemi n’a pu débarquer dans la rade à l’Ouest du cap Âbed, que lorsque les 300 Moujahids l’ont dégarni sur ordre d’Abd-el-krim : vers 2 heures du matin, il a convoqué, le caïd Allal Lamrabti – mort quand les Espagnols ont commencé d’avancer vers Ajdir- pour lui ordonner de se diriger avec ses troupes vers les positions Gzennaya, menacées par l’avancée des Français sur le front Sud. Lorsque son ministre des affaires étrangères lui fait part de cette erreur d’appréciation concernant le système défensif Rifain, l’émir a regretté amèrement sa décision qui a facilité le débarquement des Espagnols , occupant ainsi un front de mer de huit kilomètre en face d’Ajdir. Les Rifains ont pourtant empêché les Espagnols de continuer d’avancer, et ces derniers se sont contentés de consolider les positions acquises. Au vu de ce débarquement espagnol sur la plage, et du rapprochement de l’ennemi des habitations, les Bni Ouariyaghel ont décidé de quitter les lieux avec leurs familles en direction de l’intérieur de leur tribu, laissant derrière eux leurs terres et leurs vergers, qu’ils n’avaient jamais quitté auparavant : il s’agit de mettre à l’abri du viol leur religion et leur famille, car les espagnols avaient la réputation de ne respecter ni l’une ni l’autre, une fois devenus maîtres des lieux. Ils ont surtout occupé les hauteurs qui surplombent la côte, là où vivent la plupart des Beni ouariyaghel. Du haut du mont dénommé « Salloum », de « Dhar Amghran » et du lieu dit dénommé Naqcha, ils ont commencé à tirer sur tout ce qui bouge. Les Moujahids leur ont malgré tout tenu tête durant une année entière.

    C’est durant cette période qu’ont eu les pourparlers d’Oujda qui ont précédé par leur échec l’offensive finale et la capitulation d’Abd-el-krim.

    Les pourparlers d’Oujda :

    C’est le 18 avril 1926, à Camp Berteaux, aux confluences de l’oued Zâ et de la Moulouya, qu’eût lieu le premier contact entre les délégués rifains et les délégués français et espagnols, qui s’étaient rendus dans ce petit poste, tandis qu’une nuée de journalistes s’abattait sur Oujda.

    Du côté rifain la délégation était représentée par Azerkan, Chedid et le caïd Haddou.

    Le général Henri Simon, chef des pourparlers, côté français, raconte :

    « Dans deux entrevues préliminaires à Camp Berteaux et à El Aïoun Sidi Mellouk, dans la première quinzaine de mars 1926, l’Espagne et la France ont posé en principe qu’en aucun cas, elles n’entreraient en relations officielles avec les rifains si ceux -ci n’admettaient pas tout d’abord : la soumission au protectorat, l’éloignement d’Abd el krim, le désarmement des tribus, et la reddition des prisonniers.

    L’ultimatum expire le 1er mai. L’assentiment des rifains n’ayant pas été donné ; le 7, les troupes espagnoles et françaises reprennent leur offensive. Sur le refus d’Abd el krim, la parole est restée au canon. C’est tout. »

    La discussion a été extrêmement serrée et a nécessité à plusieurs reprises, des interruptions de séance. Les délégués français et espagnols exigent , la prise en possession de gages territoriaux, l’échange des prisonniers, l’éloignement d’Abd el-krim, et le désarmement des tribus. A l’issue de ces premiers pourparlers les délégués Rifains, faisaient venir le correspondant de l’agence Havas et lui remettaient le communiqué suivant :

    « à la date du 18 avril, nous nous sommes réunis avec les délégations françaises et espagnoles au Camp – Berteaux. Les conversations ont porté sur six points principaux, parmi lesquels se trouvent :

    1. la remise immédiate et avant tous pourparlers officiels des prisonniers.

    2. l’avance des troupes espagnols et françaises vers des positions déterminées occupées actuellement par nos troupes

    Ces deux conditions ont fait l’objet de discussions laborieuses. Car si nous remettions les prisonniers et si nous acceptons l’entrée des troupes espagnoles et françaises dans une zone déterminée sans coup férir, et qu’ensuite n’intervienne pas un accord, nous serions trompés. De toute façon, nous avons sollicité un délais pour consulter l’émir Abd el-krim. »

    Après les résultats négatifs du contact officiel entre les délégués Rifains et les délégués franco-espagnols, Haddou a quitté lundi 19 au matin le poste de Guercif dans l’avion mis à sa disposition par les autorités militaires françaises ; deux heures plus tard il était rendu à Tamassint, à 60 kilomètres au Sud d’Ajdir dans la plaine où sont les campements d’Abd el-krim.

    Faute d’accord les négociations d’Oujda ont été interrompues le 6 mai 1926.

    L’échec d’une dernière tentative de concertation avec Abd el – krim à Oujda détermine l’assaut final.

    L’offensive Franco – Espagnole :

    L’échec des pourparlers d’Oujda a entraîné immédiatement, l’offensive franco-espagnole : dés le 7 mai 1926 l’aviation entreprit sur tout le front des reconnaissances et des bombardements massifs sur les rassemblements et les centres importants, notamment sur le poste de commandement du Khamlichi à la Zaouia de Bou Ghileb . Dés le lendemain le 8 mai les troupes françaises et les troupes espagnoles commençaient une offensive conjuguée : les secteurs espagnols d’Alhuceima et de Melilla marchèrent en même temps que l’ensemble de la ligne française. Celles-ci avançait sur plusieurs axes simultanément : à l’ouest depuis Ouazzan et Chefchaouen afin de couper les Jbala du Rif, et plus à l’Est depuis les Mernissa et Taza en direction du Kert.

    En réalité l’offensive Franco – Espagnole a commencé dés 1925 et a accompagné comme moyen de pression, les pourparlers d’Oujda, comme l’atteste la proclamation adressée d’Ajdir, le 15 août 1925,par Abdelkrim, aux peuples algériens et tunisien. On peut y lire entre autres :

    « Il ne peut venir à l’esprit d’aucun être sensé que nous fassions volontiers la guerre et prenions plaisir à faire couler le sang. Au contraire, et ce qui en témoigne, ce sont les conditions de paix excessivement modérés que nous avons soumises aux puissances : conditions dont le principe essentiel était la reconnaissance de notre indépendance. Si la France et l’Espagne acceptent tant mieux pour elles ; si elles refusent, tant pis ; le sort est toujours contraire à celui qui est injuste.

    Quant à la publication faite par ces deux Puissances, de leur ardent désir de conclure la paix, ce n’est qu’une tromperie et une ruse politique pour cacher leur véritable but : nous rendre responsable du prolongement des hostilités, égarer l’opinion universelle du monde musulman et berner leurs Nations qui ont été terrifiés par cette lutte où nous avons déployé nos qualités guerrières. La gratitude et la reconnaissance émue des peuples musulmans récompensent notre glorieuse conduite.

    Si ces deux nations étaient sincères, pourquoi verrions nous, aujourd’hui des concentrations de troupes – en nombre toujours croissant – aux limites même de notre pays ? Quiconque veut la paix n’ajoute pas aux atrocités de la guerre l’emploi des bombes asphyxiantes jetées jour et nuit par des aéroplanes sur les routes et les villes paisibles, tuant ainsi les femmes et les enfants dans leurs demeures. Quiconque veut la paix ne manifeste pas sa haine en incendiant les récoltes et en tuant le bétail ; c’est simplement supposer que de tels procédés nous réduiront à mourir de faim et nous amèneront à faire notre soumission.

    Ô musulmans, tunisiens et algériens ; ce qui nous est pénible de supporter, c’est de voir vos enfants contraints de nous combattre. Il nous est de même pénible d’être obligé, pour défendre notre indépendance, de nous trouver face à face, sur le champ de bataille, avec nos frères de race et de religion. Ce sont là des faits qui nous troublent profondément et nous remplissent de tristesse. Quatre cinquième des troupes massées sur nos frontières et portant les armes contre nous sont composés de vos fils, ô nos frères,n’est-il pas de leur devoir de se retourner contre nos ennemis associés qui nous persécutent vous et nous, et de se servir contre eux de leurs armes ? Soyons unis pour libérer ensemble notre peuple de l’humiliation et nous obtiendrons notre indépendance.

    Musulmans, algériens et tunisiens, dans notre capital sont venus des députations nombreuses de Fès, Meknès, Marrakech, Tétouan et autres villes du Maroc, ainsi que de Tripolitaine, d’Egypte, de Palestine, de Syrie, de l’Irak, de Turquie et de l’Inde.. Chacun de ces pays nous a seouru matériellement et moralement ; nous les aimerons du fond du cœur…Musulmans algériens et tunisiens, le moment est venu pour tous les peuples musulmans, de briser les liens de l’esclavage, de chasser les oppresseurs et de libérer leurs territoires…Ô mes frères algériens et tunisiens, l’heure de notre délivrance du joug de la France est arrivée… »

    La maison qui servait de tribunal à Abd el krim chez les Temsamane appartenait à mon père et mon oncle. Ils avaient déménagé, vers une autre maison, à l’arrivée d’ Abd el krim . Une fois tous les vingt jours ou une fois par mois, il venait des Béni Wariyaghel,pour juger les litiges en cours chez les Tamsaman .Un bombardement aérien l’ a surpris un jour en pleine séance . Abd el krim et ses compagnons durent quitter précipitamment les lieux pour se réfugier dans les grottes environnantes. Mais l’avion a pu les atteindre avant qu’ils ne s’abritent. Il y eut des morts et des blessés, Abd el krim n’a pu s’échapper que de justesse.

    L’échec des pourparlers d’Oujda a entraîné immédiatement, l’offensive franco – espagnol : dés le lendemain, le 7, le général Bouchit, commandant des forces françaises marcha sur Targuiste.

    La liaison étroite s’affirme sur terre comme sur mer. Mais après les premières opérations la jonction des deux fronts ne se fait pas comme prévu : du 17 septembre au 18 octobre , le maréchal Pétain demande en vain, à trois reprises, à Primo de Rivera, de réaliser la soudure sur le Kert. Dés le 7 mai 1926, l’aviation entreprit sur tout le front des reconnaissances et des bombardements massifs sur les rassemblements et les centres importants.

    Selon le récit de Mohamed Azerkane : « Les espagnols débarquent près d’Ajdir au cap Âbed à la frontière entre les Béni Bouqiya et les Béni Wariyaghel. Il y avait soixante navires espagnols et français au large d’Ajdir. Et malgré toute cette force de frappe, l’ennemi n’a pu débarquer dans la rade du cap Âbed, que lorsque les 300 Moujahidînes l’ont dégarni sur ordre d’Abd el krim : vers 2 heures du matin, il a convoqué le caïd Allal Lamrabti – mort quand les espagnols ont commencé d’avancer vers Ajdir – pour lui ordonner de se diriger avec ses troupes vers les positions Gzennaya, menacées par l’avancée des français sur le front sud. »

    Lors qu’Azekane lui fait part de cette erreur d’appréciation relative au système défensif rifain, l’émir a regretté amèrement cette décision qui a facilité le débarquement espagnol.

    Vaincu, Abd el krim se réfugie à la zaouïa de Snada, et consent à traiter si la France s’engage à protéger sa famille et sa fortune.

    Le chérif chez qui il a trouvé protection avise en grande hâte le colonel Corap de cette importante résolution, qui expédie à Snada ses deux adjoints, le lieutenant de vaisseau Robert Montagne et le capitaine Suffren.

    Abd el krim est un homme d’une intelligence et d’un caractère supérieurs. Même vaincu, acculé à la catastrophe, il demeure digne et grand. Il songe aux conséquences de sa capitulation, aux tribus qu’il a abandonnée. Il appréhende la colère de l’Espagne, avec laquelle il a de si terribles comptes à régler. Il cède enfin et écrit au colonel Corap cette lettre que l’histoire enregistrera :

    « J’ai reçu la lettre par laquelle, vous m’accordez l’aman. Dés maintenant, je puis vous dire que je me dirigerais vers vous.. Je sollicite la protection de le France pour moi et pour ma famille. Quant aux prisonniers, je prie qu’on les mette en liberté demain matin. Je fixerai l’heure de mon arrivée demain, avant midi ou à midi. » Mohamed Ben Abd el krim El Khattabi.

    La guerre du Rif a commencé à « Dhar Ouberran » en 1921. A partir de là, le baroud des Moujahidines n’avait pas cessé. Abd el krim est resté jusqu’en 1026. Puis il est parti pour ne plus revenir.

    Le 26 mai 1926, Abd el krim anxieux, saute à cheval. Il court à Kemmoun pour préparer l’exode des siens. Une automobile les portera à Taza. C’est la dernière étape. On devine à quelles lamentations, il est en butte, et quel déchirement, il doit éprouver. La partie est grave.

    Le 27 mai à 2 heures du matin, sous un magnifique claire de lune, dans la nuit toute embaumée de la senteur de cistes, Abd el krim monte à cheval. Les spahis l’entourent. Le silence est absolu. Il s’en va les yeux dans le vide…

    Abd el krim dira plus tard, dans une interview accordée au Caire, en 1954 :

    « Notre combat a donné aux rifains une fierté, un espoir, une confiance en soi qu’aucune défaite ne pourra effacer. Aujourd’hui, en 1954, la guerre du Rif a 33 ans. J’en ai 73 ans. Mais ni elle, ni moi, j’en suis certain, n’avons épuisé notre vigueur. L’aspiration à la liberté et la détermination de notre peuple dureront au – delà de la puissance de nos oppresseurs. »

    Abdelkader MANA

    [1] Qadi Ahmed Skirj : Addil al warîf fi mûharabat Rif » selon les declarations de Mohamed Azerkan lors de son exile à el Jadida en 1926

    [2] Les escadrilles qui participèrent à l’appui aérien au débarquement employèrent des bombes d’ypérite, gaz toxique destiné à produire des pertes chez l’arrière garde rifane sans que les troupes espagnoles en première ligne du front souffrent ses effets toxiques.

    [3] Le poids de la guerre chimique sur objectifs éloigné, retoma sur l’aviation , surtout à partir de 1924. La guerre du Rf sera la première du XXè siècle dans laquelle l’aviation utilisa des gaz toxiques.

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