Catégorie : Monde

  • Mauritanie: Un leader de l’UPR s’abstient de parler d’Aziz dans une émission

    L’ex-député à l’assemblée nationale et l’un des leaders de l’UPR, Khalil Ould Tiyeb a annoncé lors de l’émission Parole politiques sur la Chaine privée El Wataniya, ce mardi 7 Janvier, à 22 heures, qu’il condamne les pratiques relatives aux facteurs suivants: le clientélisme, le tribalisme, la ségrégation dans le recrutement et dans les secteurs de l’administration. « J’invite les ministres et les responsables à la transparence dans la gestion des affaires publiques », a-t-il martelé.

    Ould Tiyeb a jugé de normale l’augmentation des indemnités des députés du fait qu’elle est relative au budget de l’assemblée nationale. Et s’agissant de l’augmentation des fonctionnaires, il a précisé qu’elle se fait suivant le budget et les recettes de l’Etat.

    Il a aussi souligné qu’il attire l’attention des membres du gouvernement de ne pas tomber dans les fautes déjà vécues. Selon Ould Tiyeb, il exhorte l’actuel président d’aller dans le sens des grandes lignes de son programme.

    A noter que durant l’émission, Ould Tiyeb s’est abstenu catégoriquement de parler du président sortant, M. Mohamed Ould Abdel Aziz après être apostrophé sur plusieurs questions posées par l’animateur sur divers points.

    Sur tous les thèmes de l’émission, l’invité s’est suffit de dire qu’il ne parle que du pouvoir actuel du fait qu’il l’accompagne dans sa politique et celle de son gouvernement.

    Source: Tawary

    tags : Mauritanie, UPR, Mohamed Ould Abdelaziz, Mohamed Ould Cheik El Ghazouani, Khalil Ould Tiyeb,

  • Etats-Unis-Iran : Apocalypse à Aïn al-Asad!

    Un premier bilan recueilli sur place fait état de la mort de 80 militaires US…

    CNN le confirmait il y a peu : « l’Histoire nous le dira, le président Trump a perdu le Moyen-Orient ». L’attaque a eu lieu à 10.10 heures, heure de Téhéran, et les forces terroristes américaines continuaient à évacuer leurs morts et blessés, huit heures plus tard vers 10 heure, après que la première riposte militaire de l’Iran eut visé les troupes d’occupation US basés à Aïn al-Asad à l’ouest irakien. Un porte-parole de l’armée irakienne, joint par PressTV, affirme que l’évacuation des morts et des blessés américains continue toujours depuis la base américaine où les forces US ont lancé un appel de détresse aux hôpitaux irakiens. Les militaires américains, selon un porte-parole de l’US Army, « sont évacués à Bagdad » surtout que l’attaque a été « très intense ». Le porte-parole a également fait part de la présence des forces britanniques et canadiens sur la base alors que certaines informations depuis démenties par le ministère britannique des A.E. faisant état des morts et des blessés occidentaux et non américains.

    Selon le Renseignement du Corps des gardiens de la Révolution islamique, deux vagues de missiles tirés contre la plus importante base aérienne américaine à l’ouest d’al-Anbar se sont soldées par la mort d’au moins 80 soldats américains. Il s’agit de 15 missiles de haute précision dont aucun n’a raté sa ou ses cibles. Le bilan exact est à déterminer, au regard de la forte censure exercée par le Pentagone sur les médias.

    Al-Mayadeen qui confirme toujours le vol incessant des hélicoptères US sur la base à l’heure qu’il est midi passé en Irak, affirme que le commandement américain de la base a interdit aux forces irakiennes tout accès par crainte des fuites sur le vrai bilan des morts et des blessés. Cette tendance à occulter et à amoindrir le bilan des pertes a d’ailleurs un long précédent, les Américains ayant adopté la même approche au cours de la première Guerre du golfe Persique.

    Dans un communiqué publié ce matin, l’ambassade US aux Émirats arabes unis affirme que « tout est sous contrôle » et qu’il n’existe aucun changement dans la configuration sécuritaire des troupes US aux Émirats et dans la région ». Difficile d’y croire! Le rapport du renseignement du CGRI affirme : « Au moins 80 militaires américains ont été tués, 200 autres, blessés, les autorités de la base évacuant dans la hâte et la précipitation des blessés ».

    Et le rapport d’ajouter : » 20 points sensibles de la base ont été pris pour cible alors que toutes les composantes du complexe revêtent une importance stratégique pour les troupes d’occupation US. De nombreux hélicoptères et drones ont également été détruits. En dépit de l’alerte maximale pour les unités de la défense antiaérienne US, aucun missile antimissile n’a été tiré et donc aucune interception de la part des forces US n’a eu ». Le texte affirme que le Renseignement du CGRI a identifié « 104 cibles stratégiques américaines dans la région et que ces cibles se trouvent toutes dans la viseur ». « Au moindre agissement hostile des États-Unis, elles vont être frappées », dit le texte.

    Interrogé par les médias, le commandant en chef-adjoint du secteur « opérations militaires du CGRI, le général Nilforoushan apporte d’autres explications :  » les 15 missiles tirés ont frappé avec succès des objectifs très importants sur la base Aïn al-Asad, une base placée depuis 4 jours en état d’alerte maximal. Or aucun des systèmes radars ou DCA américains n’a été capable d’intercepter les missiles balistqiue du CGRI, ni même les faire dévier de quelques mètres que ce soit. Nos missiles se sont abattus avec précision sur les cibles d’où le nombre particulièrement élevé des morts américains. A vrai dire, nos missiles ont survolé deux bases où l’armée américaine n’a cessé de déployer ces deux derniers jours une impressionnante quantité d’armes, de munitions et de renforts. En effet, la DCA US était en état d’alerte maximum ce qui rend l’échec encore plus cuisant ».

    Quelques 4 000 militaires américains se trouvent toujours sur la base et leur présence est illégale depuis que le Parlement irakien a voté samedi le retrait des troupes US et ce, en représailles à l’attentat terroriste commis par les États-Unis vendredi 3 janvier et qui a coûté la vie au commandant en chef adjoint des Hachd al-Chaabi entre autres. C’est une base de 10 kilomètres de long soit autant que la Zone verte de Bagdad. En mars 2019, Donald Trump avait promis de « moderniser la base » moyennant « une somme de 3 milliards de dollars » et ce,  » dans l’objectif de mieux lutter contre le terrorisme ». Il semblerait que comme toujours ces dépenses sont inutiles.

    PressTV, 8 jan 2020

    Tags : Etats-Unis, Iran, Irak, Qassem Soleimani,

  • Déclaration du Parti communiste irakien sur l’assassinat par les Etats-Unis et les répercussions dangereuses

    Déclaration du Parti communiste irakien sur l’assassinat par les États-Unis et les répercussions dangereuses

    Le Bureau politique du Parti communiste irakien a publié la déclaration suivante aujourd’hui, 3 janvier 2019 :

    Plus tôt ce matin, les forces américaines ont mené une opération d’assassinat au cours de laquelle un certain nombre de personnalités officielles et de dirigeants irakiens des Unités de mobilisation populaire, qui avaient un rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme ISIS et la victoire sur celui-ci, ont été tués.

    Nous condamnons cet assassinat car il constitue une violation flagrante de la souveraineté irakienne et une grave escalade qui pousse la situation en Irak et dans la région vers de nouvelles tensions et augmente les chances d’intensifier les conflits armés et d’allumer la guerre.

    Nous pensons que la série de faits graves survenus ces derniers jours indique de plus en plus la transformation de l’Iraq en une arène de conflits régionaux et internationaux, pour lesquels notre peuple paie un lourd tribut en sang et en destruction. Des efforts concertés de toutes les forces patriotiques sont nécessaires pour épargner à notre pays les risques d’être partie aux conflits régionaux qui font rage.

    Il faut dire que la politique des forces au pouvoir au cours des seize dernières années, qui a conduit à miner l’autorité de l’État et à éroder la souveraineté nationale de l’Irak, est une raison majeure de cette violation flagrante et de la transformation du pays en un théâtre de règlements de comptes, parmi les puissances étrangères concurrentes, sur notre patrie.

    Dans ces circonstances instables, nous soulignons l’importance d’unifier la position nationale face à l’ingérence extérieure de toute partie et d’œuvrer au renforcement des capacités de l’État iraquien et de nos forces armées avec toutes leurs composantes, afin de défendre la souveraineté de l’Iraq, de protéger sa sécurité à l’intérieur et à l’extérieur et de maintenir son indépendance dans la prise de décisions nationales.

    Tout en appelant à la retenue, à la prudence et à la sagesse, et en faisant passer les intérêts de notre peuple et de notre pays en premier, nous attendons de la communauté internationale et de l’ONU qu’elles s’efforcent d’empêcher que notre pays ne se transforme en un champ de bataille pour la guerre, dont le peuple iraquien subit les conséquences, et de sauvegarder la sécurité et la paix dans la région.

    Les dangers imminents qui menacent l’Irak nous poussent à souligner à nouveau l’importance et la nécessité de nous engager sur la voie d’un changement global, en sauvant notre pays de ses crises et en le débarrassant du système de gouvernement défaillant qui est fondé sur le partage sectaire du pouvoir et la corruption.

    Source

    Tags : Iran, Etats-Unis, Irak, pétrole,

  • Irak : L’Iran lance plusieurs missiles contre la base américaine « Aïn al-Assad »

    Selon les Gardiens de la Révolution iranienne.

    Ahmed Ghanem Selouma | 08.01.2020

    Les Gardiens de la Révolution iranienne ont annoncé, mercredi à l’aube, avoir lancé des dizaines de missiles contre la base aérienne militaire américaine « Aïn al-Assad » dans la province d’Anbar, dans l’ouest de l’Irak.

    L’armée iranienne a fait savoir que plusieurs missiles balistiques ont été tirés vers la base abritant la majorité des forces américaines stationnées en Irak. En effet, une vidéo de l’attaque a été publiée par l’agence de presse iranienne Fars.

    Il est à rappeler que le président américain Donald Trump s’était rendu en Irak le 28 décembre pour rencontrer les soldats américains dans la base d’Aïn al-Assad.

    Cette attaque de missiles intervient, après seulement environ 24 heures de confusion américaine avec l’annonce du retrait des soldats américains d’Irak avant que le Pentagone ne réfute cette décision.

    Les services de renseignement américains ont révélé que des mouvements militaires iraniens auront lieu, au milieu d’une escalade de tensions avec les États-Unis suite au meurtre du Commandant de la Force al-Quds iranienne, Qassem Soleimani.

    Cette évolution représente une escalade majeure entre les États-Unis et l’Iran, deux alliés de Bagdad, au milieu des craintes généralisées en Irak que le pays ne devienne un champ de bataille entre Washington et Téhéran.

    De son côté, le président Trump a menacé, lundi, d’imposer des sanctions à l’Irak si Bagdad exigeait le départ des forces américaines.

    Il est à noter qu’environ cinq mille soldats américains sont déployés dans des bases militaires à travers l’Irak, dans le cadre de la coalition internationale pour lutter contre l’organisation terroriste « Daech ». (Anadolou)

    Tags : Iran, Etats-Unis, Irak, Donald Trump, Al Anbar, Qassem Soleimani,

  • L’USAmérique intensifie sa guerre pétrolière « démocratique » au Proche-Orient

    Les grands médias évitent soigneusement d’aborder la méthode qui se cache derrière la folie apparente de l’Amérique dans l’assassinat du général des Gardiens de la révolution islamique Qassem Soleimani, , qui a marqué le début de la nouvelle année. La logique derrière cet assassinat était une application de la politique mondiale des USA en vigueur depuis longtemps, et pas seulement une bizarrerie personnelle de l’impulsif Donald Trump. Son assassinat du chef militaire iranien Soleimani était en effet un acte de guerre unilatéral en violation du droit international, mais c’était une étape logique dans une stratégie usaméricaine de longue date. Il y a été explicitement autorisé par le Sénat dans le projet de loi sur le financement du Pentagone adopté l’année dernière.

    L’assassinat avait pour but d’intensifier la présence usaméricaine en Irak pour garder le contrôle des réserves de pétrole de la région, et de soutenir les troupes wahhabites de l’Arabie saoudite (Isis, Al-Qaïda en Irak, Al Nusra et d’autres divisions de ce qui est en fait la légion étrangère de l’USAmérique) pour appuyer le contrôle usaméricain du pétrole du Proche-Orient comme béquille du dollar US. Cela reste la clé pour comprendre cette politique, et pourquoi elle est en train d’escalader, et non de s’estomper.

    J’ai participé à des discussions sur cette politique telle qu’elle a été formulée il y a près de cinquante ans lorsque je travaillais à l’Institut Hudson et que j’assistais à des réunions à la Maison-Blanche, que je rencontrais des généraux de divers groupes de réflexion des forces armées et que je m’entretenais avec des diplomates aux Nations unies. Mon rôle était celui d’un économiste de la balance des paiements, ayant été spécialisé pendant une décennie chez Chase Manhattan, Arthur Andersen et les compagnies pétrolières dans l’industrie pétrolière et les dépenses militaires. Ce sont là deux des trois principales dynamiques de la politique étrangère et de la diplomatie usaméricaines. (La troisième préoccupation était de savoir comment faire la guerre dans une démocratie où les électeurs ont rejeté la conscription au lendemain de la guerre du Vietnam).

    Les médias et le débat public ont détourné l’attention de cette stratégie en brassant des spéculations selon lesquelles le président Trump ne l’aurait fait que pour contrer la (non-)menace de destitution par une attaque du type  » noyer le poisson « , ou pour soutenir les campagnes de Lebensraum (espace vital) israéliennes, ou simplement pour livrer la Maison-Blanche au syndrome néocon iranophobe. Le contexte réel de l’action des néocons était la balance des paiements, et le rôle du pétrole et de l’énergie comme levier à long terme de la diplomatie usaméricaine.

    La dimension balance des paiements

    Le principal déficit de la balance des paiements usaméricaine est depuis longtemps celui des dépenses militaires à l’étranger. L’ensemble du déficit des paiements, qui a commencé avec la guerre de Corée en 1950-51 et s’est prolongé durant la guerre du Vietnam dans les années 1960, a été responsable du découplage du dollar et de l’or en 1971. Le problème auquel étaient confrontés les stratèges militaires usaméricains était de savoir comment continuer à soutenir les 800 bases militaires US dans le monde et le soutien des troupes alliées sans faire perdre leur influence financière aux USA .

    La solution s’est avérée être de remplacer l’or par des titres du Trésor usaméricain (IOU) comme base des réserves des banques centrales étrangères. Après 1971, les banques centrales étrangères n’avaient guère d’autre choix que de recycler leurs entrées continues de dollars dans l’économie usaméricaine en achetant des titres du Trésor. L’effet des dépenses militaires usaméricaines à l’étranger n’a donc pas entraîné une baisse du taux de change du dollar, et n’a même pas forcé le Trésor et la Réserve fédérale à relever les taux d’intérêt pour attirer des devises afin de compenser les sorties de dollars au titre ddes dépenses militaires. En fait, les dépenses militaires usaméricaines à l’étranger ont aidé à financer le déficit budgétaire fédéral interne des USA.

    L’Arabie saoudite et d’autres pays de l’OPEP au Proche-Orient sont rapidement devenus un contrefort du dollar. Après que ces pays eurent quadruplé le prix du pétrole (en représailles aux USA qui avaient quadruplé le prix de leurs exportations de céréales, un pilier de la balance commerciale US), les banques USaméricaines ont été submergées par un afflux de nombreux dépôts étrangers – qui ont été prêtés à des pays du Tiers Monde dans une explosion de créances douteuses qui a éclaté en 1972 avec l’insolvabilité du Mexique, et a détruit le crédit gouvernemental du Tiers Monde pendant une décennie, le forçant à dépendre des USA par l’intermédiaire du FMI et de la Banque mondiale).

    Pour couronner le tout, bien sûr, ce que l’Arabie saoudite n’épargne pas en actifs dollarisés avec ses revenus d’exportation de pétrole est dépensé pour acheter des centaines de milliards de dollars d’armes usaméricaines. Cela la rend dépendante de la fourniture par les USA en pièces de rechange et de réparations, et permet aux USA de fermer le robinet du matériel militaire à tout moment, au cas où les Saoudiens essaieraient d’agir indépendamment de la politique étrangère usaméricaine.

    Ainsi, le maintien du dollar comme monnaie de réserve mondiale est devenu un pilier des dépenses militaires usaméricaines. Les pays étrangers n’ont pas à payer directement le Pentagone pour ces dépenses. Ils financent simplement le Trésor et le système bancaire usaméricains.

    La crainte de cette évolution a été l’une des principales raisons pour lesquelles les USA ont pris des mesures contre la Libye, dont les réserves de change étaient détenues en or et non en dollars, et qui avait exhorté d’autres pays africains à suivre cet exemple afin de se libérer de la  » diplomatie du dollar « . Hillary et Obama ont envahi, se sont emparés de leurs réserves d’or (nous ne savons toujours pas qui s’est retrouvé avec ces milliards de dollars d’or) et ont détruit le gouvernement de la Libye, son système d’éducation publique, ses infrastructures publiques et d’autres structures non-néolibérales.

    La grande menace à cet égard est la dédollarisation, car la Chine, la Russie et d’autres pays cherchent à éviter de recycler les dollars. Sans la fonction du dollar comme véhicule de l’épargne mondiale – en fait, sans le rôle du Pentagone dans la création de la dette du Trésor qui est le véhicule des réserves mondiales des banques centrales – les USA se trouveraient contraints militairement et donc diplomatiquement, comme ils l’étaient sous l’étalon-or.

    C’est la même stratégie que les USA ont suivie en Syrie et en Irak. L’Iran menaçait cette stratégie de la dollarisation et son rôle de béquille de la diplomatie pétrolière usaméricaine.

    L’industrie pétrolière, étai de la balance des paiements et de la diplomatie étrangère des USA

    La balance commerciale est renforcée par les excédents pétroliers et agricoles. Le pétrole est la clé, car il est importé par les sociétés usaméricaines à un coût presque nul pour la balance des paiements (les paiements aboutissent ici aux sièges sociaux de l’industrie pétrolière sous forme de bénéfices et de paiements aux dirigeants), tandis que les bénéfices sur les revenus des ventes des sociétés pétrolières usaméricaines à d’autres pays sont versés aux USA (par l’intermédiaire de centres d’évasion fiscale off-shore, principalement le Libéria et le Panama depuis de nombreuses années). Et comme on l’a vu plus haut, les pays de l’OPEP ont été invités à conserver leurs réserves officielles sous forme de titres US (les actions et les obligations ainsi que les reconnaissances de dette du Trésor, mais pas l’achat direct de sociétés usaméricaines étant considérées comme économiquement importantes). Financièrement, les pays de l’OPEP sont sur la liste de clients de la zone dollar.

    La tentative des USA de maintenir cette béquille explique leur opposition à toute mesure d’un gouvernement étranger visant à inverser le réchauffement climatique et les conditions météorologiques extrêmes causées par la dépendance pétrolière du monde parrainée par les USA. Toute mesure de ce type prise par l’Europe et d’autres pays réduirait la dépendance aux ventes de pétrole US, et par conséquent, la capacité des USA à contrôler le robinet pétrolier mondial comme un moyen de contrôle et de coercition, et est donc considérée comme un acte hostile.

    Le pétrole explique également l’opposition des USA aux exportations de pétrole russe via Nordstream. Les stratèges usaméricains veulent traiter l’énergie comme un monopole national US. D’autres pays peuvent en bénéficier comme l’Arabie saoudite l’a fait – en envoyant leurs excédents à l’économie usaméricaine – mais pas pour soutenir leur propre croissance économique et leur diplomatie. Le contrôle du pétrole implique donc un soutien à la poursuite du réchauffement climatique comme partie intégrante de la stratégie usaméricaine.

    Comment un pays « démocratique « peut mener une guerre internationale et pratiquer le terrorisme

    La guerre du Vietnam a montré que les démocraties modernes ne peuvent pas déployer d’armées pour un conflit militaire majeur, car cela nécessiterait un recrutement de leurs citoyens. Cela conduirait tout gouvernement qui tenterait d’obtenir une telle conscription à être évincé du pouvoir. Et sans troupes, il n’est pas possible d’envahir un pays pour en prendre le contrôle.

    Le corollaire de cette perception est que les démocraties n’ont que deux options en matière de stratégie militaire : elles peuvent se contenter de déployer une puissance aérienne, en bombardant les adversaires, ou elles peuvent créer une légion étrangère, c’est-à-dire engager des mercenaires ou soutenir les gouvernements étrangers qui fournissent ce service militaire.

    Là encore, l’Arabie saoudite joue un rôle crucial, par son contrôle des sunnites wahhabites transformés en jihadistes terroristes prêts à saboter, à bombarder, à assassiner, à faire exploser et à combattre de toute autre manière toute cible désignée comme un ennemi de l’ » Islam « , euphémisme pour l’Arabie saoudite agissant en tant qu’État client des USA. (La religion n’est vraiment pas la clé : je n’ai connaissance d’aucune aucune attaque de l’ ISIS ou de ses semblables wahhabites contre des cibles israéliennes). Les USA ont besoin des Saoudiens pour fournir ou financer les zinzins wahhabites. Donc, en plus de jouer un rôle clé dans la balance des paiements usaméricaine en recyclant ses revenus d’exportation de pétrole dans des actions, des obligations et d’autres investissements US, l’Arabie saoudite fournit de la main-d’œuvre en soutenant les membres wahhabites de la légion étrangère US, l’ISIS et Al-Nusra/Al-Qaida. Le terrorisme est devenu le mode « démocratique « de la politique militaire usaméricaine actuelle.

    Ce qui rend « démocratique » la guerre pétrolière usaméricaine au Proche-Orient, c’est que c’est le seul type de guerre qu’une démocratie peut mener – une guerre aérienne, suivie d’une armée terroriste vicieuse qui compense le fait qu’aucune démocratie ne peut déployer sa propre armée dans le monde d’aujourd’hui. Le corollaire est que le terrorisme est devenu le mode de guerre « démocratique ».

    Du point de vue des USA, qu’est-ce qu’une « démocratie » ? Dans le vocabulaire orwellien actuel, cela signifie tout pays qui soutient la politique étrangère des USA. La Bolivie et le Honduras sont devenus des « démocraties » depuis leurs coups d’État, tout comme le Brésil. Le Chili sous Pinochet était une démocratie de libre marché à la mode de Chicago. Il en était de même de l’Iran sous le Shah et de la Russie sous Eltsine – mais pas depuis qu’elle a élu Vladimir Poutine président, pas plus que la Chine sous le Président Xi.

    L’antonyme de « démocratie » est « terroriste ». Cela signifie simplement une nation prête à se battre pour devenir indépendante de la démocratie néolibérale usaméricaine. Cela n’inclut pas les armées mandatées par les USA.

    Le rôle de l’Iran comme némésis usaméricaine

    Qu’est-ce qui fait obstacle à la dollarisation, au pétrole et à la stratégie militaire des USA ? De toute évidence, la Russie et la Chine ont été ciblées comme des ennemis stratégiques à long terme pour avoir cherché à mettre en place leurs propres politiques économiques et diplomatiques indépendantes. Mais à côté d’elles, l’Iran est dans la ligne de mire des USA depuis près de soixante-dix ans.

    La haine de l’USAmérique envers l’Iran commence par sa tentative de contrôler sa propre production de pétrole, ses exportations et ses revenus. Elle remonte à 1953, lorsque Mossadegh a été renversé parce qu’il voulait la souveraineté intérieure sur le pétrole anglo-persan. Le coup d’État de la CIA et du MI6 l’a remplacé par le Chah docile, qui a imposé un État policier pour empêcher l’indépendance de l’Iran vis-à-vis de la politique usaméricaine. Les seuls lieux physiques libres de la police étaient les mosquées. Cela a fait de la République islamique la voie de la moindre résistance pour renverser le Shah et réaffirmer la souveraineté iranienne.

    Les USA ont accepté l’indépendance pétrolière de l’OPEP en 1974, mais l’antagonisme envers l’Iran s’étend à des considérations démographiques et religieuses. Le soutien iranien à sa population chiite et à celle de l’Irak et d’autres pays – qui met l’accent sur le soutien aux pauvres et des politiques quasi-socialistes plutôt que sur le néolibéralisme – en a fait le principal rival religieux du sectarisme sunnite de l’Arabie saoudite et de son rôle de légion étrangère wahhabite des USA.

    Les USA se sont opposés au général Soleimani avant tout parce qu’il luttait contre l’ISIS et d’autres terroristes soutenus par les USA dans leur tentative de démanteler la Syrie et de remplacer le régime Assad par un ensemble de dirigeants locaux conformes aux exigences usaméricaines – le vieux stratagème britannique du  » diviser pour mieux régner « . À l’occasion, Soleimani avait coopéré avec les troupes US pour combattre les groupes de l’ISIS qui s’étaient « écartés de la ligne », c’est-à-dire de la ligne du parti usaméricain. Mais tout indique qu’il était en Irak pour travailler avec ce gouvernement qui cherchait à reprendre le contrôle des champs de pétrole dont le président Trump s’est vanté si fort de s’être emparé.

    Déjà au début de 2018, le président Trump a demandé à l’Irak de rembourser USA le coût de la « sauvegarde de sa démocratie » à coups de bombes sur ce qui restait de l’économie de Saddam. Le remboursement devait prendre la forme de pétrole irakien. Plus récemment, en 2019, le Président Trump a demandé : pourquoi ne pas simplement s’emparer du pétrole irakien ? Le champ pétrolier géant est devenu le prix de la guerre du pétrole de Bush-Cheney après le 11 septembre. « C’était une réunion très banale, discrète, en général », a dit une source qui était dans la salle à Axios. « Et juste à la fin, Trump dit quelque chose dans le genre, il a un petit sourire et il dit : ‘Alors, qu’est-ce qu’on va faire pour le pétrole ?’ »[1]

    L’idée de Trump selon laquelle l’Amérique devrait  » tirer quelque chose  » de ses dépenses militaires pour détruire les économies irakienne et syrienne reflète simplement la politique usaméricaine.

    Fin octobre 2019, le New York Times a rapporté que « Ces derniers jours, M. Trump a choisi les réserves de pétrole de la Syrie comme nouvelle justification pour sembler faire marche arrière et déployer des centaines de soldats supplémentaires dans ce pays ravagé par la guerre. Il a déclaré que les USA ont « sécurisé  » les champs pétroliers dans le nord-est chaotique du pays et a suggéré que la saisie de la principale ressource naturelle du pays justifie que l’Amérique y étende davantage sa présence militaire. « Nous l’avons pris et nous l’avons sécurisé », a déclaré M. Trump à propos du pétrole syrien lors de son discours à la Maison Blanche dimanche, après avoir annoncé l’assassinat du chef de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi »[2]. Un responsable de la CIA a rappelé au journaliste que la prise du pétrole irakien était un engagement de la campagne Trump.

    Cela explique l’invasion de l’Irak pour le pétrole en 2003, et encore cette année, comme l’a dit le président Trump : « Pourquoi ne pas simplement prendre leur pétrole ? » Il explique également l’attaque d’Obama-Hillary contre la Libye – non seulement pour son pétrole, mais aussi pour avoir investi ses réserves étrangères dans l’or au lieu de recycler son excédent de recettes pétrolières au profit du Trésor usaméricain – et, bien sûr, pour avoir promu un État socialiste laïque.

    Cela explique pourquoi les néoconservateurs usaméricains craignaient le plan de Soleimani pour aider l’Irak à affirmer le contrôle de son pétrole et à résister aux attaques terroristes contre l’Irak, soutenues par les USA et les Saoudiens. C’est là la cause immédiate de son assassinat.

    Les politiciens usaméricains se sont discrédités en commençant leur condamnation de Trump en disant, comme l’a fait Elizabeth Warren, à quel point Soleimani était « mauvais », comment il avait tué des soldats US en organisant la défense irakienne contre les attentats par explosifs en bord de route et d’autres mesures pour repousser l’invasion usaméricaine visant à s’emparer de son pétrole. Elle ne faisait que parodier la représentation que les médias US faisaient de SOleimani comme un monstre, détournant l’attention de la question politique qui explique pourquoi il a été assassiné maintenant.

    La contre-stratégie au pétrole, au dollar et à la diplomatie du réchauffement climatique des USA

    Cette stratégie se poursuivra, jusqu’à ce que les pays étrangers la rejettent. Si l’Europe et d’autres régions ne le font pas, elles subiront les conséquences de cette stratégie usaméricaine sous la forme d’une guerre croissante parrainée par les USA via le terrorisme, le flux de réfugiés et l’accélération du réchauffement climatique et des conditions météorologiques extrêmes.

    La Russie, la Chine et leurs alliés ont déjà ouvert la voie à la dédollarisation comme moyen de contenir l’échafaudage de soutien de la balance des paiements à la politique militaire mondiale USA. Mais tout le monde se demande maintenant quelle devrait être la réaction de l’Iran.

    La prétention – ou plus exactement, la diversion – des médias usaméricains au cours du week-end a été de dépeindre les USA comme étant sous le coup d’une attaque imminente. Le maire de New-York Bill de Blasio a placé des policiers à des carrefours clés bien en vue pour nous faire savoir à quel point le terrorisme iranien est imminent – comme si c’était l’Iran, et non l’Arabie saoudite, qui avait monté le 11 septembre, et comme si l’Iran avait en fait pris des mesures énergiques contre les USA. Les médias et les grosses têtes de la télévision ont saturé les ondes d’avertissements sur le terrorisme islamique. Les présentateurs de télévision suggèrent les endroits où les attaques sont les plus susceptibles de se produire.

    Le message est que l’assassinat du général Soleimani était destiné à nous protéger. Comme Donald Trump et divers porte-parole militaires l’ont dit, il avait tué des Américains – et maintenant ils doivent planifier une énorme attaque qui blessera et tuera beaucoup plus d’Américains innocents. Cette position est devenue la posture de l’USAmérique dans le monde : faible et menacée, nécessitant une défense forte – sous la forme d’une forte offensive.

    Mais quel est l’intérêt réel de l’Iran ? S’il est effectivement d’affaiblir le dollar et la stratégie pétrolière US, la première mesure politique doit être de faire sortir les forces militaires usaméricaines du Proche-Orient, y compris l’occupation US de ses champs pétroliers. Il s’avère que l’acte téméraire du président Trump a agi comme un catalyseur, provoquant exactement le contraire de ce qu’il voulait. Le 5 janvier, le Parlement irakien s’est réuni pour exiger le départ des USA. Le général Soleimani était un invité, pas un envahisseur iranien. Ce sont les troupes usaméricaines qui se trouvent en Irak en violation du droit international. Si elles partent, Trump et les néocons perdent le contrôle du pétrole – et aussi de leur capacité à interférer avec la défense mutuelle irano-irako-syro-libanaise.

    Au-delà de l’Irak se profile l’Arabie saoudite. Elle est devenue le Grand Satan, le soutien de l’extrémisme wahhabite, la légion terroriste des armées mercenaires usaméricaines qui se battent pour maintenir le contrôle des réserves de pétrole et de devises du Proche-Orient, la cause du grand exode des réfugiés vers la Turquie, l’Europe et partout ailleurs où elle peut fuir les armes et l’argent fournis par les partisans usaméricains d’Isis, Al-Qaïda en Irak et leurs légions wahhabites saoudiennes alliées.

    L’idéal logique, en principe, serait de détruire la puissance saoudienne. Cette puissance réside dans ses champs de pétrole. Ils ont déjà été attaqués par de modestes bombes yéménites. Si les néoconservateurs usaméricains menacent sérieusement l’Iran, leur réponse serait le bombardement et la destruction en bloc des champs pétroliers saoudiens, ainsi que ceux du Koweït et des cheikhs pétroliers alliés du Proche-Orient. Cela mettrait fin au soutien saoudien aux terroristes wahhabites, ainsi qu’au dollar US.

    Un tel acte serait sans doute coordonné avec un appel aux travailleurs palestiniens et autres travailleurs étrangers en Arabie saoudite pour qu’ils se soulèvent et chassent la monarchie et ses cinq mille princes et consorts.

    Au-delà de l’Arabie Saoudite, l’Iran et les autres partisans d’une rupture diplomatique multilatérale avec l’unilatéralisme néolibéral et néoconservateur USaméricain devraient faire pression sur l’Europe pour qu’elle se retire de l’OTAN, dans la mesure où cette organisation fonctionne principalement comme un outil militaire centré sur les USA de la diplomatie du dollar et du pétrole et donc s’opposer aux politiques de changement climatique et de confrontation militaire qui menacent de faire de l’Europe une partie du maelstrom USaméricain.

    Enfin, que peuvent faire les opposants usaméricains à la guerre pour résister à la tentative néoconservatrice de détruire toute partie du monde qui résiste à l’autocratie néolibérale US ? Cette réponse a été la plus décevante du week-end. Ils s’agit d’un échec. Il n’a pas été utile pour Warren, Buttigieg et d’autres d’accuser Trump d’avoir agi hâtivement sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Cette approche évite de reconnaître que son action avait effectivement une justification – de tracer une ligne dans le sable, de dire que oui, l’Amérique VA entrer en guerre, va combattre l’Iran, fera tout pour défendre son contrôle du pétrole du Proche-Orient et pour dicter aux pays de l’OPEP leurs politiques de banques centrales, pour défendre ses légions de l’ISIS comme si toute opposition à cette politique était une attaque contre les USA eux-mêmes.

    Je peux comprendre la réaction émotionnelle ou encore les nouveaux appels à la destitution de Donald Trump. Mais c’est un échec évident, en partie parce qu’il s’agit manifestement d’un geste partisan du Parti démocrate. Plus importante encore est l’accusation fausse et intéressée selon laquelle le président Trump a dépassé les limites qui lui sont imposées par la constitution en commettant un acte de guerre contre l’Iran en assassinant Soleimani.

    Le Congrès a approuvé l’assassinat par Trump et est tout aussi coupable que lui d’avoir approuvé le budget du Pentagone avec la suppression par le Sénat de l’amendement à la loi d’autorisation de la défense nationale de 2019, que Bernie Sanders, Tom Udall et Ro Khanna ont inséré dans la version de la Chambre des représentants, n’autorisant explicitement pas le Pentagone à faire la guerre à l’Iran ou à assassiner ses responsables. Lorsque ce budget a été envoyé au Sénat, la Maison Blanche et le Pentagone (alias le complexe militaro-industriel et les néoconservateurs) ont levé cette contrainte. C’était un fanion rouge annonçant que le Pentagone et la Maison Blanche avaient bien l’intention de faire la guerre à l’Iran et/ou d’assassiner ses responsables. Le Congrès n’a pas eu le courage d’argumenter sur ce point en le mettant au premier plan du débat public.

    Derrière tout cela, il y a la loi du 11 septembre d’inspiration saoudienne qui retire au Congrès le seul pouvoir de faire la guerre – son autorisation de 2002 pour l’utilisation de la force militaire, sortie du tiroir ostensiblement contre Al-Qaïda mais en fait la première étape du long soutien de l’USAmérique au groupe même qui était responsable du 11 septembre, les pirates de l’air saoudiens.

    La question est de savoir comment amener les politiciens du monde – usaméricains, européens et asiatiques – à voir comment la politique du tout ou rien de l’USAmérique menace de nouvelles vagues de guerre, de réfugiés, de perturbation du commerce du pétrole dans le détroit d’Ormuz, et finalement de réchauffement climatique et de dollarisation néolibérale imposée à tous les pays. C’est un signe du peu de pouvoir des Nations Unies qu’aucun pays ne réclame un nouveau procès à la Nuremberg pour crimes de guerre, qu’aucun ne menace de se retirer de l’OTAN ou même d’éviter de détenir des réserves sous forme d’argent prêté au Trésor US pour financer le budget militaire yankee.

    Notes

    [1]https://www.axios.com/trump-to-iraqi-pm-how-about-that-oil-1a31cbfa-f20c-4767-8d18-d518ed9a6543.html . L’article ajoute : « Lors de la réunion de mars, le premier ministre irakien a répondu « Que voulez-vous dire ? » selon la source dans la salle. Et Trump dit : « On a fait beaucoup, on a fait beaucoup là-bas, on a dépensé des trillions là-bas, et beaucoup de gens ont parlé du pétrole. »

    [2] Michael Crowly, « ‘Keep the Oil’ : Trump Revives Charged Slogan for new Syria Troop Mission », The New York Times, 26 octobre 2019. . L’article ajoute :  » ‘J’ai dit de garder le pétrole’, a raconté M. Trump. S’ils vont en Irak, gardez le pétrole. Ils ne l’ont jamais fait. Ils ne l’ont jamais fait. » ↑

    Tlaxcala, 7 jan 2020

    Tags : Etats-Unis, USA, Iran, terrorisme, pétrole,

  • L’Algérie : puissance régionale incontournable dans la crise libyenne

    El-Serraj reçu par Tebboune: La crise libyenne s’invite à Alger

    La détérioration de la situation générale en Libye était hier au centre d’entretiens à Alger qui plaide pour une solution pacifique au conflit, exclusivement inter-libyenne.

    Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Fayez El-Serraj, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Taher Siala, et du ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, a effectué hier une visite d’une journée à Alger. Il a été reçu par le président Tebboune au siège de la présidence de la République. Le responsable libyen a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Houari-Boumediene par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum et le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, Kamel Beldjoud. Selon un communiqué de la présidence de la République, la rencontre entre Tebboune et El-Serraj «s’inscrit dans le cadre des concertations permanentes entretenues avec les frères libyens et permettra d’échanger les vues sur l’aggravation de la situation en Libye et d’explorer les voies susceptibles de surpasser cette conjoncture difficile».

    Dans le même contexte, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dont le pays a décidé d’envoyer des troupes en Libye pour soutenir le GNA, était attendu hier à Alger pour une visite officielle de deux jours, selon un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.

    Initiatives algériennes

    Jeudi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait indiqué que l’Algérie prendra «dans les prochains jours» plusieurs initiatives en faveur d’une solution pacifique à la crise Libyenne, réitérant le rejet de l’Algérie de la présence de toute force étrangère, quelle qu’elle soit, dans ce pays voisin. «L’Algérie prendra dans les prochaines jours plusieurs initiatives en faveur d’une solution pacifique à la crise libyenne, une solution exclusivement inter-libyenne», avait-il déclaré en marge de l’envoi d’aides humanitaires en Libye, ajoutant que l’Algérie «n’accepte la présence d’aucune force étrangère, quelle qu’elle soit, dans ce pays». Après avoir rappelé la position de l’Algérie concernant la non-ingérence dans les affaires internes des Etats, le chef de la diplomatie algérienne a réaffirmé que «la voie des armes ne peut guère être la solution, laquelle réside dans la concertation entre tous les Libyens, avec l’aide de l’ensemble des pays voisins et en particulier l’Algérie».

    Début du déploiement de soldats turcs en Libye

    Dimanche soir, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé le début du déploiement de soldats turcs en Libye. «La mission de nos soldats là-bas est la coordination (…) Nos soldats sont en train d’être déployés progressivement», a-t-il déclaré sur la chaîne CNN Turk. Ce déploiement intervient après le vote par les députés turcs d’une motion permettant à Erdogan d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le GNA, basé à Tripoli, contre les forces de Khalifa Haftar soutenu par les Emirats arabes unis et l’Egypte, alliés des Saoudiens. Le président turc a affirmé que l’objectif de son pays n’est «pas de combattre» mais de «soutenir le gouvernement légitime et d’éviter une tragédie humanitaire». Et d’expliquer que «la Turquie n’engagera pas ses propres soldats dans des combats mais des officiers supérieurs turcs seront chargés de la coordination au sein de la force combattante, la faisant bénéficier de leur expérience et de leurs informations, en soutien au GNA». Cette «force combattante» sera composée de «différentes unités», a-t-il indiqué sans préciser qui seront les combattants ni d’où ils viendront.

    Hier, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé à une solution politique en Libye. «Les derniers événements en Libye indiquent qu’une escalade de la violence autour de Tripoli pourrait être imminente», a déclaré le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères dans un communiqué. «Aujourd’hui il est plus urgent que jamais de travailler véritablement à une solution politique à la crise en Libye. L’Union européenne appelle toutes les parties à s’engager dans un processus politique sous l’égide des Nations unies», a ajouté M. Borrell, alors qu’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU devait se tenir hier sur la Libye à la demande de la Russie.

    Dans un appel téléphonique à Tebboune: Merkel invite l’Algérie à la conférence de Berlin sur la Libye

    Le Président de la République M. Abdelmadjid Tebboune a reçu hier un appel téléphonique de la chancelière allemande Angela Merkel, a indiqué un communiqué de la présidence de la République. «Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a reçu, lundi 6 janvier, un appel téléphonique de la chancelière allemande, Angela Merkel qui a duré près d’une demi heure», lit-on dans le communiqué. «A l’entame de leur entretien téléphonique, Mme Merkel a adressé ses chaleureuses félicitations au Président de la République suite à son élection à la magistrature suprême», indique-t-on de même source, ajoutant que «la chancelière allemande a également présenté, suite au décès du Général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, ses condoléances au Président de la République, au peuple algérien ainsi qu’à la famille du défunt». Les deux parties ont, ensuite, «passé en revue le développement des relations bilatérales convenant de leur donner un nouveau souffle dans divers domaines, particulièrement le domaine économique», selon le communiqué, soulignant qu’au «plan extérieur, le Président et la Chancelière allemande ont procédé à un échange d’analyses sur la situation en Libye et les perspectives d’instauration de la paix dans ce pays frère». Le Président Tebboune et la chancelière allemande Angela Merkel ont noté, à ce titre, «une convergence des vues concernant l’impératif de trouver une solution politique à la crise libyenne, cesser le conflit armé et mettre un terme aux ingérences militaires étrangères».

    A ce propos, «Mme Merkel a adressé officiellement une invitation à l’Algérie en vue d’assister à la Conférence internationale sur la Libye prévue à Berlin», ajoute le communiqué de la présidence de la République. La Chancelière allemande a également adressé une invitation au Président de la République, M. Tebboune, pour effectuer une visite officielle en Allemagne, a noté la même source, relevant que cette invitation a été acceptée par le Président de la République, la date de cette visite devant être arrêtée ultérieurement d’un commun accord.

    Le Quotidien d’Oran, 7 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Turquie, Haftar, Emirats Arabes Unis, EAU, Qatar, Egypte, Tripoli,

  • Un Wikileaks version marocaine sème le trouble… et le doute

    Un compte Twitter publie depuis début octobre des centaines de documents de la diplomatie marocaine et de responsables du royaume, présentés comme secrets. Mais l’authenticité de certains d’entre eux pose question.

    Depuis plusieurs mois, un Wikileaks version marocaine sème le trouble en ligne : anonymement et quasi-quotidiennement des documents classés secret sont diffusés sur Internet. Il s’agit entre autres d’ordres de virement et de correspondances confidentielles, internes au gouvernement, qui se veulent compromettants pour le royaume chérifien et sa diplomatie.

    C’est début octobre que le compte @chris_coleman24 a en effet fait fuiter sur Twitter et sur plusieurs plateformes de stockage des centaines de documents, dont certains datant de plusieurs années, qui mettent en cause des membres de la famille royale, des ministres, dont celui des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar (accusé de trafic d’influence), des diplomates, des sociétés privées, les services de renseignements marocains de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), tout en accusant de corruption des journalistes locaux et étrangers.

    Ainsi le ou les hackers qui se cachent derrière le pseudonyme @chris_coleman24 tirent sur tout et tout le monde, avec la volonté affichée de nuire à la diplomatie marocaine.

    Le Sahara occidental au cœur de l’affaire

    Militantisme politique ou vengeance personnelle ? On l’ignore pour le moment. Toujours est-il qu’un dossier intéresse fortement @chris_coleman24, celui du contentieux sur le Sahara occidental. Un territoire pour lequel le Maroc est en conflit avec le Front Polisario, le mouvement qui revendique, avec le soutien d’Alger, l’indépendance de l’ancienne colonie espagnole depuis 1975.

    En effet, la majorité des câbles publiés par ce compte anonyme, abonné à de nombreux comptes Twitter se référant au Sahara occidental, traite de ce dossier hautement stratégique pour le Royaume. Et font notamment état de crispations entre Rabat et l’ONU (et l’envoyé personnel de Ban Ki Moon, le médiateur de ce conflit, Christopher Ross), voire même de certaines tensions avec l’administration Obama.

    Certaines correspondances laissent entendre que des responsables marocains auraient soudoyé des diplomates et des journalistes étrangers, dont des Français, pour qu’ils défendent avec vigueur la position de Rabat concernant la question du Sahara.

    Silence radio

    Ce déballage ciblé a poussé la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, la seule jusqu’ici à avoir officiellement réagi, à accuser des « éléments pro Polisario » d’être derrière ce compte, avec la complicité de l’Algérie.

    L’authenticité de certains documents pose toutefois question, tout comme le silence assourdissant des responsables marocains sur cette affaire, qui porte d’une certaine façon atteinte à la crédibilité de la diplomatie marocaine, ne serait-ce que d’un point de vue de la sécurisation de ses données confidentielles.

    Si Rabat veut éviter de faire des vagues en médiatisant ce « Marocleaks », nul doute que les services secrets marocains cherchent activement à mettre la main sur @chris_coleman24. En attendant, c’est lui qui mène la danse.

    Instiller le doute

    Fin octobre, le journaliste Jean-Marc Manach, spécialisé dans les questions de libertés et de vie privée, co-fondateur des Big Brother Awards, a mené une enquête fouillée sur cette affaire. Dans un article publié sur le site arretsurimages.net, il conclut que « l’analyse des centaines de documents mis en ligne par ce mystérieux corbeau, (…), révèle que cette opération, selon les meilleures règles du genre, mêle savamment documents authentiques et documents manipulés ».

    Par conséquent, Jean-Marc Manach juge la comparaison avec les lanceurs d’alerte tels que Wikileaks inappropriée. Interrogé par le journaliste sur les raisons de son opération, le hacker a en effet répondu sur le réseau social : « déstabiliser le Maroc ». « C’est aussi à cela que l’on distingue un lanceur d’alertes d’un barbouze. Le premier veut faire éclater la vérité. Le second est, sinon en service commandé, tout du moins disposé à manipuler la vérité, voire à créer de fausses preuves, et instiller le doute », avait conclut Jean-Marc Manach.

    Pour ce qui est d’instiller le doute, y compris sur ses propres desseins, la mission semble accomplie pour @chris_coleman24, même si aucune révélation fracassante n’est encore venue ébranler le Palais.

    France24, 8 déc 2014

    Tags : Maroc, Marocleaks, hacker, chris coleman, documents confidentiels,

  • La RDC et l’Angola veulent exploiter conjointement le pétrole de l’Atlantique

    – Situé au large de leurs côtes.

    AA / Kinshasa/ Pascal Mulegwa

    Le président angolais João Lourenço et son homologue de la République démocratique du Congo (RDC) Felix Tshisekedi ont exprimé leur intention d’exploiter conjointement les ressources pétrolières situées dans la zone d’intérêt commun (ZIC), au large des côtes des deux pays dans l’océan atlantique.

    Les deux présidents se sont rencontrés dimanche à Benguela, une des plus importantes villes angolaises.

    Ils ont convenus « que les équipes techniques des deux pays se réuniraient, dès que possible, pour établir le calendrier d’action nécessaire à la mise en œuvre du projet conjoint », indique un communiqué de la Maison civile du président Lourenço, rendu public après la rencontre.

    L’Angola exploite seul les gisements partagés par les deux pays.

    Début 2015, la société angolaise du pétrole (Sonangol) et la société congolaise des hydrocarbures avaient conclu une série d’accords sur l’exploitation de cette zone d’intérêt commun.

    La partie congolaise n’a jamais révélé quoi que ce soit sur cet accord qui devrait notamment définir la part de la production qui revient à la RDC.

    Le président congolais affirmait, en septembre dernier, avoir « besoin des millions de dollars de ce pétrole » pour le financement de l’enseignement primaire, devenu gratuit en RDC.

    « Il esquive un peu », avait déclaré Tshisekedi à deux médias français en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier, à propos de son homologue angolais.

    La RDC revendique – depuis juin 2003 – un pan de la production des blocs angolais en eaux profondes.

    Le 11 mai 2009, le Congo – Kinshasa avait déposé une requête auprès de l’ONU pour obtenir la délimitation de ses frontières maritimes.

    Quelques semaines plus tard, la ZIC avait été créée, en application du traité de Montevideo sur le droit de la mer.

    La ZIC avait décidé d’étendre de 200 miles marins l’étendue du plateau continental de sa côte atlantique, entre l’Angola et sa province de Cabinda.

    Anadolou

    Tags : RDC, Congo, Angola, pétrole, Cabinda,

  • Mahinur Ozdemir devient officiellement ambassadrice de Turquie en Algérie

    Karim Fadoul

    L’ancienne députée bruxelloise Mahinur Ozdemir est devenue, le 1er janvier dernier, ambassadrice de Turquie en Algérie. Elle succède à Mehmet Poroy, ambassadeur depuis 2015. Comme cela a été confirmé à la RTBF, la désormais ex-Schaerbeekoise a pris possession de la représentation diplomatique située chemin des Aqueducs à El Biar, le quartier des ambassades. Sollicitée par les autorités turques dès le mois de septembre, Mahinur Ozdemir, qui possède la double nationalité, a accepté la mission. A ce stade, pas de commentaire de l’intéressée qui prend ses marques dans ce nouveau rôle, éloigné de la vie politique belge.

    Conseillère communale en 2006, députée en 2009

    Mahinur Ozdemir entame sa carrière politique en 2006. Elle se présente sur la liste cdH à Schaerbeek en vue des communales. Elle est élue avec 839 voix, troisième score de la liste. Mahinur Ozdemir, licenciée en sciences politiques, porte le voile islamique comme une autre élue PS, Derya Alic. Mais celui-ci ne fait pas polémique. Mahinur Ozdemir sera davantage sous le feu des projecteurs en juin 2009, lorsqu’elle fait son entrée au Parlement bruxellois. Elue députée avec 2851 voix, l’intéressée est assaillie par la presse nationale et internationale au moment de sa prestation de serment. Elle sera réélue en 2014 (3098 voix) avant de décider de ne pas se présenter en 2019.

    Pour cause. Quatre ans plus tôt, Mahinur Ozdemir est exclue de son parti le cdH suite à une polémique liée au génocide arménien. Lors d’une sollicitation par nos confrères de RTL-TVi, elle refuse de s’exprimer sur la question, expliquant plus tard avoir simplement obéi aux injonctions de son propre parti : ne pas formuler de déclarations à ce sujet dans les médias. Par ailleurs, à l’époque, la Belgique n’a pas encore officiellement reconnu le génocide arménien. Mais pour certains humanistes et principalement leur président de l’époque Benoît Lutgen, pas question de fermer les yeux sur un dossier aussi sensible. Une procédure d’exclusion est lancée. Le recours interne de Mahinur Ozdemir, soutenue par Joëlle Milquet, sera rejeté.

    En 2016, elle parvient à faire condamner un internaute qui l’a menacée de mort sur Internet.

    Sans parti, Mahinur Ozdemir siégera comme indépendante jusqu’à la fin de ses mandats régional et communal. Des rumeurs l’envoient au PS en vue des communales de 2018. Elle réfute catégoriquement. Elle décide finalement de ne pas se présenter aux élections locales. Décision identique pour les régionales quelques mois plus tard

    Si Mahinur Ozdemir n’a jamais caché son attachement à la Turquie, le pays de ses parents, personne ne la voyait occuper un poste d’ambassadrice pour le pays dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan. Alors premier ministre, celui-ci avait assisté en personne au mariage de Mahinur Ozdemir. Son parti islamo-conservateur l’AKP, avait d’ailleurs exprimé son soutien à Mahinur Ozdemir lors de son exclusion du cdH.

    Ce dimanche, sur Instagram, Mahinur Ozdemir a publié une photo de sa remise de lettres de créance au ministre algérien des Affaires étrangères.

    RTBF.be, 6 jan 2020

    Tags : Algérie, Mahinur Ozdemir, Turquie, Belgique,

  • La chute de l’aigle est proche

    Bruno Guigue

    Aurions-nous atteint ce moment crucial où l’hyperpuissance en déclin se met à douter d’elle-même ? La presse américaine vient de relater ce que l’ancien président Jimmy Carter a dit à Donald Trump lors de leur récente entrevue. Le locataire de la Maison-Blanche avait invité son prédécesseur à lui parler de la Chine, et Jimmy Carter a rapporté publiquement la teneur de cet entretien lors d’une assemblée baptiste en Géorgie. C’est une véritable pépite.

    “Vous craignez que la Chine nous passe devant, et je suis d’accord avec vous. Mais savez-vous pourquoi la Chine est en train de nous dépasser ? J’ai normalisé les relations diplomatiques avec Pékin en 1979. Depuis cette date, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec qui que ce soit ? Pas une seule fois. Et nous, nous sommes constamment restés en guerre. Les États-Unis sont la nation la plus belliqueuse de l’histoire du monde, parce qu’ils désirent imposer des valeurs américaines aux autres pays. La Chine, elle, investit ses ressources dans des projets tels que les chemins de fer à grande vitesse au lieu de les consacrer aux dépenses militaires.

    Combien de kilomètres de chemin de fer à grande vitesse avons-nous dans ce pays ? Nous avons gaspillé 3 000 milliards de dollars en dépenses militaires. La Chine n’a pas gaspillé un centime pour la guerre, et c’est pourquoi elle est en avance sur nous dans presque tous les domaines. Et si nous avions pris 3000 milliards pour les mettre dans les infrastructures américaines, nous aurions un chemin de fer à grande vitesse. Nous aurions des ponts qui ne s’effondrent pas. Nous aurions des routes qui sont maintenues correctement. Notre système éducatif serait aussi bon que celui de la Corée du Sud ou de Hong Kong.”

    Qu’un tel bon sens n’ait jamais effleuré l’esprit d’un dirigeant américain en dit long sur la nature du pouvoir dans ce pays. Il est sans doute difficile, pour un Etat qui représente 45% des dépenses militaires mondiales et dispose de 725 bases militaires à l’étranger, où les industriels de l’armement contrôlent l’Etat profond et déterminent une politique étrangère responsable de 20 millions de morts depuis 1945, d’interroger son rapport pathologique avec la violence armée. “La guerre au Vietnam, disait déjà Martin Luther King, est le symptôme d’une maladie de l’esprit américain dont les piliers sont le racisme, le matérialisme et le militarisme”.

    Mais cette question concerne surtout l’avenir. Par la faute de leurs dirigeants, les USA sont-ils condamnés à connaître le sort de ces empires qui ont sombré à cause de leurs ambitions démesurées, littéralement asphyxiés par le poids exorbitant des dépenses militaires ? A la fin de son mandat, en 1961, le président Eisenhower dénonçait avec des accents prophétiques un complexe militaro-industriel qui faisait peser une chape de plomb sur la société américaine. Pas plus que Donald Trump ou Barack Obama, il ne se souciait du sort des populations affamées, envahies ou bombardées par l’Oncle Sam au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Mais comme Jimmy Carter aujourd’hui, il pressentait sans doute que la course aux armements serait la principale cause du déclin de l’empire.

    Car les néoconservateurs et autres « Docteur Folamour » du Pentagone, depuis plusieurs décennies, n’ont pas seulement fait rimer démocratie libérale et massacre de masse au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, sans oublier les tueries orchestrées dans l’ombre par la CIA et ses succursales, de l’extermination de la gauche indonésienne (500 000 morts) aux exploits des escadrons de la mort guatémaltèques (200 000 morts) en passant par les bains de sang exécutés pour le compte de l’empire par les lobotomisés du djihad planétaire. Les stratèges de l’endiguement du communisme à coups de napalm, puis les apprentis-sorciers du chaos constructif par importation de la terreur, en effet, n’ont pas seulement mis la planète à feu et à sang.

    Marionnettes de l’État profond américain, ces bellicistes qui ont pignon sur rue au Congrès, à la Maison-Blanche et dans les think tanks néocons ont également plongé la société américaine dans un marasme intérieur que masque à peine l’usage frénétique de la planche à billets. Car si le bellicisme des Etats-Unis est l’expression de leur déclin, il en est aussi la cause. Il en est l’expression, lorsque pour enrayer ce déclin, la brutalité des interventions militaires, des sabotages économiques et des opérations sous fausse bannière est la marque de fabrique de la politique étrangère américaine. Il en est la cause, lorsque l’inflation démentielle des dépenses militaires sacrifie le développement d’un pays où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus nombreux.

    Alors que la Chine investit dans les infrastructures civiles, les Etats-Unis laissent les leurs à l’abandon au profit des industries de l’armement. Washington fait des rodomontades à l’extérieur, mais laisse le pays se déliter à l’intérieur. Le PIB par habitant est colossal, mais 20% de la population croupit dans la pauvreté. Les prisons sont pleines : les détenus américains représentent 25% des prisonniers de la planète. 40% de la population est frappée par l’obésité. L’espérance de vie des Américains (79,6 ans) est passée derrière celle des Cubains (80 ans). Comment un petit pays socialiste, soumis à l’embargo, peut-il faire mieux qu’une gigantesque puissance capitaliste auréolée de son hégémonie planétaire ? Il faut croire qu’aux USA la santé de la plèbe n’est pas la préoccupation majeure des élites.

    Habile compétiteur, Donald Trump a gagné les élections en 2016 en promettant de restaurer la grandeur des Etats-Unis et en s’engageant à rétablir les emplois perdus à cause d’une mondialisation débridée. Mais les résultats obtenus, faute de réformes structurelles, infligent une douche froide à ses ardeurs incantatoires. Le déficit commercial avec le reste du monde a explosé en 2018, battant un record historique (891 milliards de dollars) qui pulvérise celui de 2017 (795 milliards). Donald Trump a complètement échoué à inverser la tendance, et les deux premières années de son administration sont les pires, en matière commerciale, de l’histoire des États-Unis.

    Dans ce déficit global, le déséquilibre des échanges avec la Chine pèse lourd. Il a atteint en 2018 un record historique (419 milliards) qui dépasse le bilan désastreux de l’année 2017 (375 milliards). La guerre commerciale engagée par Donald Trump a surtout aggravé le déficit commercial américain. Alors que les importations de produits chinois vers les USA continuaient de croître (+7%), la Chine a réduit ses importations en provenance des Etats-Unis. Donald Trump a voulu utiliser l’arme tarifaire pour rééquilibrer le bilan commercial des Etats-Unis. Ce n’était pas illégitime, mais irréaliste pour un pays qui a lié son destin à celui d’une mondialisation dictée par des firmes transnationales made in USA.
    Si l’on ajoute que le déficit commercial avec l’Europe, le Mexique, le Canada et la Russie s’est également aggravé, on mesure les difficultés qui assaillent l’hyperpuissance en déclin. Mais ce n’est pas tout. Outre le déficit commercial, le déficit budgétaire fédéral s’est creusé (779 milliards de dollars, contre 666 milliards en 2017). Il est vrai que l’envol des dépenses militaires est impressionnant. Le budget du Pentagone pour 2019 est le plus élevé de l’histoire des Etats-Unis : 686 milliards de dollars. La même année, la Chine a dépensé 175 milliards, avec une population quatre fois supérieure. Rien d’étonnant à ce que la dette fédérale ait battu un nouveau record, atteignant 22 175 milliards de dollars. Quant à la dette privée, celle des entreprises et des particuliers, elle donne le vertige (73 000 milliards).
    Certes, les USA bénéficient d’une rente de situation exceptionnelle. Le dollar est encore la monnaie de référence pour les échanges internationaux et pour les réserves des banques centrales. Mais ce privilège n’est pas éternel. La Chine et la Russie remplacent leurs réserves en dollars par des lingots d’or et une part croissante des échanges est désormais libellée en yuans. Les Etats-Unis vivent à crédit aux dépens du reste du monde, mais pour combien de temps ? Selon la dernière étude du cabinet d’audit PwC (“Le monde en 2050 : comment l’économie mondiale va changer ces 30 prochaines année”), les “pays émergents” (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie) pourraient peser 50% du PIB mondial en 2050, tandis que la part des pays du G7 (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon) descendrait à 20%. La chute de l’aigle est proche.

    Source

    Tags : Etats-Unis, Chine, économie, guerres, armée, dépenses militaires,