Catégorie : Monde

  • République centrafricaine : Le Prix Nobel de la Paix Mohammed Yunus appelle à adopter une nouvelle stratégie pour lutter contre la faim et les conflits

    L’alimentation et l’agriculture sont les voies à privilégier afin d’instaurer la paix en République centrafricaine

    ROME, Italie, 21 mai 2019/ — Mohammed Yunus a appelé aujourd’hui à changer complètement notre manière de lutter contre les problèmes liés à la faim et aux conflits. Le Prix Nobel de la Paix s’exprimait lors d’un événement organisé au siège de la FAO, à Rome, soulignant les progrès réalisés par l’Alliance FAO-Lauréats du Prix Nobel de la Paix pour la sécurité alimentaire et la paix.

    «Si vous continuez en empruntant toujours la même voie, vous obtiendrez toujours le même résultat, en particulier lorsqu’il s’agit de problèmes liés à la sécurité alimentaire, à l’agriculture et à l’environnement. A moins de réfléchir et de travailler de manière différente, nous ne pourrons résoudre ces problèmes», a déclaré M. Yunus.

    Créée en mai 2016, l’Alliance FAO-Lauréats du Prix Nobel est un groupe composé de plusieurs lauréats du Prix Nobel de la Paix et dont la mission est de travailler à briser le cercle vicieux des conflits et de la faim.

    La faim et les conflits sont liés de manière intrinsèque. Selon la FAO, plus de 60 pour cent des personnes souffrant de la faim vivent dans des zones de conflit. Au même moment, on constate de plus en plus de conflits ayant pour origine la compétition autour des ressources naturelles, nécessaires pour produire de la nourriture.

    «Il n’y a pas de sécurité alimentaire sans paix et pas de paix durable sans sécurité alimentaire», a affirmé aujourd’hui M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, aux participants de l’événement. «A chaque fois que le conflit prend de l’ampleur ou que la faim menace la paix, nous devons soutenir les communautés rurales vulnérables. Pour sauver des vies, nous devons également sauver les moyens d’existence», a-t-il ajouté.

    Redonner espoir en République centrafricaine

    L’événement d’aujourd’hui a fourni un bon exemple de nouvelle approche en vue de lutter contre les conflits et la faim. Un projet pilote visant à renforcer la paix en République centrafricaine travaille aux côtés des communautés chrétiennes et musulmanes en leur fournissant des formations à la production agricole, en développement des entreprises sociales et en encourageant le dialogue entre communautés dans le but de faciliter la cohésion sociale.

    Le projet s’appuiera sur l’expertise de M. Yunus en matière d’entreprises sociales et notamment lorsqu’il s’agira d’encourager l’entrepreneuriat agricole, en particulier chez les jeunes. L’expertise de Mme Tawakkol Karman, militante yéménite pour les droits de l’homme et Prix Nobel de la Paix 2011, sera également précieuse lorsqu’il sera question d’encourager le dialogue inter-religieux en vue d’instaurer la paix.

    Le projet pilote aura lieu sur des terres appartenant à l’Eglise catholique, situées hors de la capitale Bangui, où vivent près de 3000 personnes déplacées par le conflit.

    «Les agriculteurs sont de très bons entrepreneurs», a précisé M. Yunus. Il a également déclaré que le projet en RCA démontrait que l’entreprenariat agricole pouvait aider à transformer les communautés et encourageait ses membres à rester plutôt que d’aller chercher de meilleures opportunités ailleurs.

    Financé par le gouvernement italien, le projet est conçu par la FAO et mis en œuvre par la Coopération internationale italienne (COOPI).

    L’action de la FAO pour maintenir la sécurité alimentaire grâce à la paix

    Douze Prix Nobel de la Paix font actuellement partie de l’Alliance, notamment Mlle Nadia Mura, militante irakienne pour les droits de l’homme et lauréate du Prix Nobel de la Paix 2018 pour sa campagne contre le recours au viol comme arme de guerre et M. Juan Manuel Santos, ancien Président colombien, récompensé en 2016 pour ses efforts visant à mettre un terme aux 50 années de guerre civile dans son pays.

    Le savoir-faire de l’Alliance a aidé la FAO à développer une politique d’entreprise afin de faciliter le processus de paix, en conformité avec le Programme de développement durable, lancé l’année dernière.

    La FAO est aussi l’un des membres fondateurs du Réseau mondial contre les crises alimentaires qui rédige le rapport sur les crises alimentaires mondiales et dont la mission est également de coordonner les actions visant à lutter contre et à prévenir les crises humanitaires telles que les conflits. La FAO et le Programme alimentaire mondial informent également régulièrement le Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation de la sécurité alimentaire dans les pays affectés par un conflit.

    Ce travail contribue à la réalisation des Objectifs de développement durable, notamment l’Objectif 2 Faim Zéro d’ici à 2030.

    Distribué par APO Group pour Food and Agriculture Organization (FAO).

    Tags : République centrafricaine, FAO, Mohammed Yunus, faim, conflits,

  • Le Groupe Deutsche Post DHL, PNUD et l’OCHA renforcent la préparation aux catastrophes naturelles de l’Aéroport International Toamasina de Madagascar

    Le programme élaboré par le Groupe Deutsche Post DHL, le PNUD et l’OCHA, soutenu en partie par le PAM, vise à mieux préparer les aéroports à faire face à l’afflux soudain de secours

    TOAMASINA, Madagascar, 21 mai 2019/ — Groupe Deutsche Post DHL Group (www.DPDHL.com), société leader de la messagerie express et de logistique, le bureau-pays du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) font équipe avec le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC) et l’Aéroport international de Toamasina (Aéroport de Madagascar – ADEMA) pour organiser du 20 au 24 mai 2019 un atelier de quatre jours intitulé Get Airports Ready for Disaster (GARD). Tenu à l’Aéroport International de Toamasina à Madagascar, le programme élaboré par le Groupe Deutsche Post DHL (Groupe DPDHL), le PNUD et l’OCHA, soutenu en partie par le PAM, vise à mieux préparer les aéroports à faire face à l’afflux soudain de secours en cas de catastrophe naturelle majeure.

    « Les mesures de préparation aux catastrophes doivent améliorer la capacité des aéroports à gérer l’aide humanitaire d’urgence, même dans les scénarios de pire chaos. Ce n’est que de cette façon que les travailleurs humanitaires pourront faire correctement leur travail et que le pays pourra sauver autant de vies que possible et permettre à l’aviation d’atteindre les objectifs d’humanité et de développement durable » a noté Mme Marie Dimond, représentante résidente du PNUD à Madagascar.

    Chris Weeks, Directeur des Affaires Humanitaires du Groupe Deutsche Post DHL : « Grâce à notre expertise dans la logistique et au partenariat avec le PNUD, nous avons organisé en collaboration des ateliers GARD dans près de 50 aéroports dans 25 pays, et formé plus de 1 200 personnes dans des aéroports à travers le monde. L’atelier GARD nous permet de travailler avec les autorités pour renforcer la capacité des aéroports à répondre à l’afflux des secours après des catastrophes naturelles. Cet atelier contribue également à améliorer la coordination générale entre les diverses organisations participant aux opérations de secours en cas de catastrophe.».

    Yves Andrianaharison, Country Manager, DHL Madagascar, a déclaré : «Durant les catastrophes naturelles, L’aéroport devient le centre du soutien international après une catastrophe naturelle. Le programme GARD est coordonné conjointement avec les parties prenantes nationales – des autorités aéroportuaires aux services d’urgence tels que la force mobile spéciale, l’escadron d’hélicoptères de la police, ainsi que le responsable de la sécurité. Il est donc essentiel de préparer toutes les parties prenantes concernées à pouvoir travailler main dans la main dans cette situation et à élaborer un plan de secours qui répondra mieux à une urgence et à son impact humanitaire. »

    Madagascar est un pays sujet aux catastrophes naturelles et en particulier aux cyclones. Il est donc impératif que des plans soient élaborés pour appuyer l’aéroport afin qu’il soit en mesure d’aider à la gestion des interventions en cas de catastrophe naturelle. L’atelier réunira des représentants de tous les domaines des opérations aéroportuaires, du Bureau National pour la Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC), des organismes des Nations unies ainsi que des représentants de l’aviation civile de Madagascar.

    La formation GARD est fortement soutenue par le BNGRC et l’ADEMA, grandement facilitée par OCHA et le bureau-pays du PNUD, dont trois étaient les principales parties prenantes impliquées dans la demande de Madagascar de faire partie de la liste des pays où les ateliers GARD ont été organisés.

    « Les leçons apprises de l’expérience de Madagascar dans la gestion de la situation d’urgence au lendemain de la catastrophe causée par le cyclone tropical intense ENAWO (2017), ont mis en évidence la nécessité d’améliorer la capacité des aéroports internationaux du pays. Le principal résultat attendu de cet atelier GARD doit être détaillé dans un plan de préparation et de réponse en cas de catastrophe, avec des protocoles et procédures appropriés pour ces aéroports internationaux de Madagascar afin qu’ils deviennent les plaques tournantes essentielles pour l’entrée et la sortie de tous les efforts de secours. En même temps, le personnel du BNGRC et les autorités de l’Aéroport International sont formés aux protocoles et au savoir-faire nécessaires pour réagir promptement et efficacement en cas de situation dramatique et d’urgence potentielle », explique le Colonel ELACK Olivier Andriankaja, Secrétaire Exécutif du BNGRC.

    Distribué par APO Group pour Deutsche Post DHL.

  • Orange choisit ENGIE pour l’exploitation et la maintenance de l’un des plus important data center d’Afrique de l’Ouest

    Ce datacenter présente une puissance électrique de 1,3 MW, et une conception orientée vers la fiabilisation, et l’optimisation énergétique du stockage de données

    ABIDJAN, Côte d’Ivoire, 20 mai 2019/ — ENGIE (www.Engie-Africa.com) a été retenu pour l’exploitation et la maintenance du datacenter du Groupement Orange Services à Abidjan, pour un contrat d’une durée de cinq (5) ans qui démarrera début Juin 2019.

    Ce datacenter de dernière génération, construit par le Groupement Orange Services (GOS), est l’un des rares datacenters d’Afrique de l’Ouest répondant aux normes de la classification tier IV. Conformément à cette classification, il dispose des redondances visant à assurer la continuité du service en toute circonstance. Il a ainsi reçu le prix du meMiddle East Africa ​_illeur datacenter d’Afrique au « Datacloud congress » de 2017 à Monaco.

    Le périmètre du contrat couvre l’exploitation, la maintenance préventive et la maintenance curative de l’ensemble des lots multi-techniques des bâtiments du datacenter, incluant les postes de livraison, le courant fort, les groupes froid, la gestion technique centralisée, la détection incendie, la vidéo surveillance et le contrôle d’accès.

    Ce contrat témoigne de la volonté de ENGIE d’accélérer son développement dans les services énergétiques en Afrique de l’Ouest et Centrale et devenir l’un des leaders des services d’efficacité énergétique, d’installation et de maintenance en Afrique.

    Construit sur la Zone Franche de Grand-Bassam située à 40 km d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le bâtiment présente une surface utile de 1.450 m2 dont 420 m2 de salle informatique. Ce datacenter présente une puissance électrique de 1,3 MW, et une conception orientée vers la fiabilisation, et l’optimisation énergétique du stockage de données.

    Infrastructure stratégique du groupe Orange en Afrique de l’Ouest, ce datacenter héberge en priorité les plateformes de services de ses filiales de la zone Middle East Africa (MEA), mais également un espace de colocation à destination des clients Entreprises de la sous-région.

    Distribué par APO Group pour ENGIE.

    Tags : Groupement Orange Services, Engie, Cote d’Ivoire, Middle East Africa, Orange, Afrique de l’Ouest,

  • L’indépendance dans l’inter-dépendance ou la Françafrique pour éterniser un esclavage sous d’autres formes

    Pour les anciennes colonies françaises, les conditions imposées pour les indépendances s’ajoutent à cette dépendance structurelle vis-à-vis du marché mondial.

    Ces conditions orientent les économies héritées de la colonisation vers une dépendance, non pas à l’égard du marché mondial seul, mais aussi et d’abord vis-à-vis de l’économie française.

    Tous les leviers de mise en dépendance ont été prévus et mis en œuvre (économiques, monétaires, culturels, militaires, etc.) pour faire système.

    La première étape de mise en œuvre du système fut l’organisation systématique de la balkanisation au moment des indépendances.

    Dès la loi-cadre de 1956, l’« autonomie » proposée concerne chacun des États et non les ensembles régionaux que constituaient depuis longtemps l’Afrique occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF).

    De 1956 au milieu des années 1960, l’État français s’évertue à détruire toutes les initiatives et leaders s’opposant à la balkanisation de l’ancien empire colonial : rétorsion contre l’État guinéen en 1958 pour son refus de la communauté française, assassinat du Centrafricain Barthélémy Boganda en mars 1959, arrestation du Sénégalais Mamadou Dia en décembre 1962, assassinat du Togolais Sylvanus Olympio en janvier 1963, coup d’État destituant le Malien Modibo Keita en novembre 1968, etc.

    La balkanisation laisse dès lors chacun des anciens territoires dans un face-à-face inégal avec l’ancienne puissance coloniale.

    La seconde étape est constituée par les accords de coopération que le Premier ministre Michel Debré résume comme suit au futur Président de l’État gabonais Léon Mba : On donne l’indépendance à condition que l’État s’engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés an-té-rieu-rement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre.

    Saïd Bouamama : « PLANTER du BLANC »

    Chroniques du (néo)colonialisme françaises

    https://www.syllepse.net/-planter-du-blanc–_r_69_i_760.html

    Editions Syllepse, Paris 2019, 224 pages, 15 euros

    Tags : Afrique, France, françafrique, néocolonialisme, colonialisme, esclavage, pillage, domination, Saïd Bouamama,

  • En Guinée, Nicolas Sarkozy n’est pas le bienvenu

    Depuis le mois de février, Nicolas Sarkozy a visité trois fois la Guinée, alors qu’il ne l’avait jamais visité pendant son mandat en tant que chef de l’Elysée.

    Cette vérité ne passe pas inaperçue dans le pays d’Ahmed Sékou Touré, où l’opinion public se pose des question sur cet oiseau de mauvaise augure.

    Dans un ton très franc et direct, Dansa Courouma, président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne, s’est exprimé le 22 février sur la visite de l’ancien président français Nicolas Sarkozy en Guinée.

    Rappelant les mauvais tours que cet ancien président français a fait subir à des pays africains, entre autres la Lybie et la Côte d’Ivoire, il a dit n’attacher aucune importance à la venue de ce dernier en Guinée.

    Acteur principal de la crise ivoirienne où il y a eu près de 3000 morts, la crise libyenne aussi et tant d’autres.

    L’Afrique est en train de s’embraser à cause d’une décision politique complaisante et indélicate de Sarkozy.

    «  La Guinée, le temple du panafricanisme, nous ne devons pas recevoir une personnalité controversée de ce genre. Je crois que cette visite est une visite controversée et provocatrice » a déclaré Dansa Courouma qui demande au président Alpha Condé des explications à l’endroit du peuple de Guinée.

    «  Je crois que le président Alpha Condé devrait le rencontrer dans un autre pays, mais pas en Guinée. Il a des explicaitons données au peuple de Guinée sur pourquoi la venue de Sarkozy en Guinée », a-t-il dit dans des propos relayés par Youtube.

    « Ce qui me sidère un peu, Sarkozy a toujours contesté la légitimité d’Alpha Condé. Alors, pourquoi ce mariage homosexuel aujourd’hui entre eux ? », a-t-il ajouté.

    Pour lui, « François Hollande, oui. Abdoulaye, oui. D’autres aussi, oui. Mais pas Sarkozy ». Les réactions de Nicolas Sarkozy n’ont rien à voir avec la France. La France et la Guinée sont dans une relation inviolable, a-t-il laissé entendre.

    Tags : Guinée, Alpha Condé, Nicolas Sarkozy, françafrique, Libye, Côte d’Ivoire,

  • Discours de Hicham Alaoui au Lycée de Belmont

    Entre éthique et éducation : Une vie de dissidence

    Je tiens à remercier le corps professoral, les élèves de l’école Belmont Hill, et en particulier le Directeur pédagogique de l’éducation globale, Adam Harder, pour cette merveilleuse occasion. Je dois avouer que lorsque j’ai reçu cette invitation, j’étais très honoré mais aussi un peu anxieux.

    J’étais heureux de cette invitation, parce que notre discussion d’aujourd’hui me permet de me sentir partie intégrante du tissu social de cette communauté scolaire en partage. Cependant, j’étais aussi inquiet, parce qu’aujourd’hui, je ne parle pas comme à mon habitude dans le cadre de mon expertise scientifique. Les organisateurs m’ont demandé de vous provoquer, de vous inspirer…Et c’est très clairement le défi intellectuel le plus difficile qu’il soit !

    Pour essayer de répondre à cet appel du mieux que je peux, il me faut retourner en arrière dans le temps, et convoquer les images et les bruits d’un pays lointain. Ce que j’entends dans ce souvenir c’est le sourd bruit des bottes de combat qui marchaient sur le tarmac, et le grincement des barrières métalliques des check-points.

    Nous étions en 1971, et j’étais ce garçon de sept ans, au Maroc, qui regardait de loin un coup d’État militaire se dérouler contre mon oncle, le roi Hassan II. Le coup d’État visait à renverser une monarchie vieille de 400 ans et à faire disparaître une institution vieille de 1200 ans. Le coup a échoué, mais pas avant que les troupes rebelles ne fassent un bain de sang au palais royal. J’ai vu un officier de l’armée dire à ses deux soldats de tuer ma mère. Après son départ, ils ont refusé, car elle était enceinte de ma future sœur.

    Mon père a été blessé par balle et de nombreux membres du palais ont été tués. Ce jour-là, la monarchie marocaine, dirigée par la famille royale dans laquelle je suis né, a failli se terminer. Après cela, ni la monarchie ni la politique de mon pays n’ont été les mêmes. En y repensant, cette journée épouvantable a représenté bien des choses. Mais avant toute chose, elle a marqué une transition. Depuis ce jour, s’est ouverte une ère de répression violente et brutale alimentée par le nationalisme, dont les cicatrices sont toujours présentes aujourd’hui. Au plan personnel, elle a aussi marqué ma propre transition de l’innocence de l’enfance à la vie adulte. Quand vous devez arrêter d’agir mais commencer à réfléchir; mais aussi quand vous devez arrêter de réfléchir et commencer à agir.

    Soyons honnêtes. Aucun d’entre nous n’est le Pape François ou le Dalai Lama. Nous sommes des êtres humains profondément imparfaits. Et personne d’entre nous ne prétend être un exemple de rectitude, ou de perfection. Nous avons des défauts, des faiblesses, et des regrets. Avoir un fondement éthique ne signifie pas être parfait. En revanche, cela signifie que, quoique vous fassiez, vos actions résonnent en correspondance de vos valeurs les plus profondes. Ainsi, fiez-vous à votre conscience quand vous poursuivez vos rêves, ils sont interdépendants, et le seront toujours. Ils se nourrissent les uns des autres. On ne peut pas poursuivre un rêve sans conscience, ou, à l’inverse, avoir une conscience sans rêve.

    Je réalise que ce que j’énonce ici peut sembler énigmatique ou abstrait. Cependant, permettez-moi d’illustrer mon propos à travers l’expérience personnelle et ce que signifie concrètement avoir une boussole morale comme guide de ses actions et cela, en particulier dans les moments de transitions tumultueux et de changements imprévisibles. Les trois points sur lesquels je voudrais insister aujourd’hui sont : l’universalité de l’éthique, le pouvoir de la dissidence et l’importance de l’éducation.

    Éthique universelle

    Premièrement, l’éthique est une question universelle. Par éthique, j’entends les règles, les croyances et les loyautés sous-jacentes qui nous soufflent intérieurement quand nous agissons avec vertu ou que nous nous trompons. Les codes éthiques, par ailleurs, sont aussi différents pour chaque individu que peuvent l’être leurs empreintes digitales. Mais tout comme les empreintes digitales, tout le monde doit avoir un système éthique. C’est pourquoi l’éthique est universelle. Je voudrais vous parler de ma propre perspective éthique, en partant de mon expérience personnelle, en tant que musulman ancré dans la foi islamique et socialisé dans la tradition du Prophète. Les rudiments de l’islam peuvent sembler familier a beaucoup d’entre vous qui êtes non-musulmans.

    Par exemple, la foi islamique m’a aidée, moi comme beaucoup d’autres, à adopter une gamme extraordinaire de bons comportements. Je citerais d’abord le besoin de lutter contre l’oppression partout où nous pouvons la voir, lorsque certaines personnes sont injustement lésées, marginalisées ou ciblées par le triomphalisme d’autres. Une autre leçon importante est de faire preuve de compassion et de bienveillance envers les pauvres et les personnes vulnérables. Leur vie est égale à la nôtre, et pourtant ils sont souvent oubliés au sein de la société. Une autre idée encore est l’importance de l’évolution et de la croissance individuelle, du moins d’après ma propre expérience de musulman.

    J’ai commencé ma vie en pensant au bien en le rapportant à mes propres actions ou aux faits qui pouvaient me rendre dignes. Cependant, tout au long de mes études, au fur et à mesure que j’explorais les traditions philosophiques occidentales et que je voyageais à travers le monde, mon horizon s’est élargi. J’ai commencé à croire non seulement à ce qui était bon, mais aussi à ce qui était juste. J’ai été éduqué comme un membre d’une communauté de croyants. Notre cohésion et notre foi avaient la valeur de droits collectifs pour nous. Cependant, mes différentes expériences m’ont obligées à considérer l’individu comme méritant également tous les droits et libertés inhérents aux personnes. Ce n’était pas une transition facile, car elle exigeait une longue réconciliation entre le fondement de ma foi et ce flot de nouvelles idées. Et cela reste d’ailleurs pour moi, encore aujourd’hui, une quête sans fin.

    C’est ce fondement éthique qui m’a poussé, il y a vingt ans, à rejoindre le corps des casques bleus des Nations Unies au Kosovo, pays qui sortait alors d’une guerre terrible. Ce fondement éthique m’a également convaincu du bien-fondé de la protection des droits les plus fondamentaux des êtres humains, y compris le droit de vote en démocratie. Vos propres ambitions et objectifs vous mèneront certainement dans des directions très différentes. Mais ce que j’ai appris durant ces années, c’est que peu importe comment vous construisez et calibrez votre boussole morale, elle reflétera probablement une partie de cette universalité qui s’étend à toutes les traditions culturelles.

    De plus, il vous faudra réussir à relier vos actions à votre éthique. Ils sont imbriqués : l’un est le produit de l’autre. Je peux vous assurer qu’à chaque étape de votre vie où vous sentirez que vous avez réalisé quelque chose d’important, vous serez encore plus satisfaits et tranquilles. Vous devez pouvoir vous retrouver dans la phrase de Frederick Douglass : « L’âme qui est en moi, personne ne peut la dégrader. »

    Considérant l’époque dans laquelle nous vivons il s’agit d’une intuition particulièrement vitale. Notre époque est marquée par la montée de la peur, de l’incertitude et de l’imprévisibilité. Nous ne pouvons pas prévoir l’avenir. Mais individuellement, nous pouvons toujours connaître nos valeurs. C’est l’ultime certitude.

    Le pouvoir de la dissidence

    J’aimerais maintenant parler un instant de ce que signifie être dissident, surtout en ces périodes de transition. Parfois, vos convictions éthiques sont si fortes, et votre engagement envers elles si inébranlable, que vous pouvez devenir un dissident sans jamais avoir eu l’intention de l’être. Dans mon cas, le voyage vers la dissidence a eu le temps lent de la géologie. Mes convictions dans le bien fondé des droits de l’homme et de l’importance de la démocratie se sont sédimentés au fil des années. A chaque fois que je me suis engagé personnellement parce que j’étais témoin d’injustice ou à chaque étape de mon éducation, une nouvelle couche de ma conviction démocratique s’est sédimentée.

    Finalement, ces engagements ont été si forts et inévitables qu’ils m’ont forcés à prendre position dans mon pays natal, le Maroc. Et cela a créé des tensions. D’une part, la monarchie régnante s’accroche au pouvoir absolutiste. Aux yeux de beaucoup, l’autorité royale est ointe de Dieu. La Monarchie a survécu aux coups d’État et a écrasé les soulèvements grâce au soutien de la providence. Pour les défenseurs de cet ancien système de gouvernement pourtant humainement construit, des notions démocratiques comme les élections ne servent qu’à perpétuer cette réalité.

    D’autre part, il y a beaucoup de voix comme la mienne qui croient en la monarchie constitutionnelle, où le souverain est le symbole de la continuité de l’État et de l’unité du peuple – mais pas le chef de l’exécutif, comme c’est le cas de pays comme le Royaume-Uni et le Japon. Inversement, les défenseurs de l’absolutisme invoquent toujours l’argument que leurs systèmes de gouvernement sont les produits d’histoires uniques, et sont donc à la fois exceptionnels et culturellement authentiques.

    L’absolutisme peut prendre différentes formes. En fin de compte, l’arbitre ultime est la loterie biologique. Le pouvoir absolu peut être exercé par les forts et les dominateurs, ou il peut être manié par les inconstants et les capricieux. De même, il peut être exercé par l’indifférent et le lointain. Aucun n’est supérieur à l’autre, car le pouvoir absolu ne se perpétue pas seulement grâce aux caprices d’un dirigeant, mais plutôt grâce aux institutions politiques qui soutiennent l’ensemble du système. Ces institutions existent souvent bien au-delà du cadre d’un gouvernement officiel. Par-dessus tout, nous croyons que lorsqu’une société veut une réforme, la réponse du pouvoir devrait être accommodante et empreinte de tolérance plutôt que de résistance et d’obstruction.

    Si ces tensions m’ont forcé à me séparer de la monarchie et de l’environnement dans lequel je suis né, elles m’ont également permis de découvrir une grande vérité. Aujourd’hui, le Maroc, comme beaucoup d’autres pays, est en pleine transition vers l’inconnu. Et l’extrême incertitude -c’est un instinct humain – déclenche la peur. Cette peur pousse les personnes à se raccrocher à ce qui leur est familier. Il s’agit, tout comme l’éthique, d’une caractéristique universelle. Je dois avouer que moi aussi j’ai ressenti cette peur et, avec elle, le désir de me rabattre sur les éléments plus familiers de ma vie.

    Si vous vous tenez debout dans cette tempête de peur, vous apprendrez à résister à cet instinct fondamental – et c’est précisément celaqui fera de vous un dissident. Cela veut dire aussi, ignorer la pensée dominante de l’époque et toujours défendre ses propres positions. « La croyance aveugle en l’autorité est le plus grand ennemi de la vérité » a dit Albert Einstein.

    La dissidence est encore plus subversive lorsqu’elle est, en plus, raisonnable. Si vous avez des objectifs extrêmes, il est facile pour les autorités de vous disqualifier mais lorsque vous proposez des changements réalistes et réalisables, vous devenez une menace toujours plus grande. Je sais que cela peut sembler ambitieux. Mais cela touche réellement chacun de vous ici, en tant que jeune. Nous vivons, ici, dans une société libre, ce qui veut dire beaucoup plus qu’organiser des élections tous les deux ou trois ans, ou encore bénéficier de droits civils. Vivre en démocratie, signifie aussi pouvoir devenir un citoyen engagé qui, quel que soit son âge, se bat pour faire de son école, de sa communauté et de son pays des endroits meilleurs et plus justes.

    Alors que mon combat a consisté à introduire la démocratie dans un système de gouvernement absolutiste, votre combat portera sur la défense de la démocratie en période de stress et d’incertitude. Les démocraties occidentales, sont en ce moment mêmes soumises à de fortes pressions. En Occident, l’aggravation des inégalités économiques a mis en évidence l’étendue de la pauvreté et du dénuement. Culturellement, les normes de comportement de base comme la tolérance et le respect disparaissent de nos relations. Tout cela est encore plus fort en politique, les élus mettent de plus en plus à l’épreuve les limites de leur pouvoir et de leurs privilèges. Ils accusent souvent ceux qui ne sont pas d’accord avec eux d’être déloyaux, ou pire encore, les désignent comme l’ennemi.

    En Amérique, nous avons beaucoup de qualificatifs pour exprimer cette décadence politique : populisme, nativisme et polarisation. Peu importe comment nous les appelons, ces forces centrifuges menacent de déchirer le tissu social de la démocratie américaine. Votre combat ici sera de rétablir la civilité et la tolérance en politique et de préserver les droits et la dignité de tous – y compris ceux qui sont en désaccord avec vous.

    Dans ce contexte, je vous encourage à remettre en question l’autorité. Avec discernement, et en mettant à part l’autorité de ceux qui vous souhaitent le meilleur, comme vos professeurs et vos parents. Mais soyez critiques et souvenez-vous toujours du pouvoir de votre voix. Et avant tout, rappelez-vous que le premier devoir d’un dissident est sa propre conservation. Ne confondez pas sacrifice et autodestruction. En suivant cette voie, vous pourrez être impopulaire à certains moments. Pendant les périodes particulièrement difficiles, vous subirez de multiples pressions pour vous conformer à la majorité dans ce climat de peur.

    En effet, les dissidents peuvent vivre un ostracisme total. Votre meilleure réponse est de rester humain et de ne pas laisser votre cœur devenir impitoyable. Vous perdrez peut-être beaucoup d’amis, mais vous découvrirez que la plupart n’ont jamais été des amis, seulement des connaissances. Vous découvrirez aussi que les personnes fiables qui restent seront vos meilleurs amis pour la vie.

    Je me souviens précisément quand ma dissidence a dépassé les limites de la tolérance de mon oncle, le roi Hassan II, qui m’a élevé après la mort de mon père. Pour me punir, on m’a presque interdit d’entrer au Palais. Un soir, j’ai décidé d’aller à une soirée royale sans invitation et sans m’annoncer. Pour moi, le roi n’était pas seulement mon oncle, mais un homme plus grand que nature. Plus généralement, quels que soient ses excès ou les taches indélébiles de son règne, le roi était mythique pour les Marocains en raison de son esprit et de son habileté. A la fin de sa vie, il a aussi posé les jalons pour une potentielle percée démocratique du pays. Souhaitant me châtier devant des centaines d’invités, le roi m’a appelé et m’a demandé : « Et vous, qui êtes-vous ? »

    A ce moment-là, portant mon smoking, j’ai répondu de la seule façon qui me semblait appropriée : « Je m’appelle Bond. James Bond. Aux services secrets de Sa Majesté. » Inutile de dire que le roi m’a permis de rester, mais pas avant de dire : « Je suis le seul à avoir un permis de tuer ! » Cette histoire est restée un bon souvenir, mais toutes les expériences de dissidences n’ont pas été aussi amusantes et le voyage (vers l’indépendance) n’as pas été sans encombre. Au début, je me sentais coupable, car je violais l’esprit de cohésion et d’unité. Rapidement, cependant, j’ai réalisé que la force se trouvait plutôt dans la diversité et le questionnement. Et avec le temps, j’ai embrassé mon ostracisme.

    Être dissident peut sauver votre esprit. Un esprit brisé est plus difficile à guérir que des os brisés. Cependant, ne laissez pas les autres briser votre esprit. Au début des années 1990, une prison bien connue dans le désert du Maroc a fermé ses portes et ses prisonniers politiques ont été libérés après des décennies d’incarcération brutale. Certains de ceux qui ont été relâchés étaient dans un état épouvantable. Ils avaient des griffes à la place des ongles et leurs visages ressemblaient à ceux de fauves. Certains avaient rapetissés, ayant été forcés de s’asseoir accroupis pendant des années. Pourtant, de cette prison sont également sorties des histoires extraordinaires de survie et d’héroïsme. Beaucoup de prisonniers politiques n’ont jamais renoncé à leurs convictions et croyances les plus profondes malgré les conditions barbares auxquelles ils ont été soumis. Leurs os étaient brisés, mais leur esprit est resté intact.

    Inversement, il y avait beaucoup d’opposants politiques au Maroc qui ont eu la chance de ne jamais connaître la prison. Leurs os étaient entiers. Pourtant, leur esprit s’est lentement évanoui en raison de leur étouffement progressif et de leur isolement par les autorités politiques. Ils n’ont pas tant été attaqués, mais marginalisés. Ils n’étaient pas tant punis, mais châtiés, pas tant réprimés que réprimandés par ceux qui étaient au pouvoir. Parce qu’ils n’ont jamais été forcés de confronter leurs convictions morales dans un moment de vérité déterminant, pour lequel ils auraient eu besoin de rassembler toutes leurs forces, ils sont lentement tombés dans l’abîme de l’insignifiance.

    Sur un autre plan, ma dissidence m’a fait affronter d’innombrables défis. L’État a orchestré de nombreuses campagnes, publiques et secrètes, pour me faire pression, m’intimider et me contraindre à plusieurs niveaux. Outre les attaques politiques, j’ai été la cible d’étranglement économique, je suis devenu un bouc émissaire public et subi l’ostracisme social. J’ai été expulsé de pays en raison de mes opinions politiques et je reconnais que mes actions sont sous surveillance constante. Mes courriels et mes appels téléphoniques ont fait l’objet de piratage informatique et de fuites publiques bien avant que le rapport Mueller ne montre aux États-Unis que la communication de personne n’était vraiment pas sûre. Et il vaut mieux ne pas parler en public d’autres actions encore qui ont été prises contre moi. Cependant, ces difficultés ne sont rien en comparaison à ce que certains ont enduré.

    Mais le plus dur a été de quitter mon pays. Comment élèverais-je mes deux enfants si loin de chez moi ? C’était une peur profonde, comme James Bond l’aurait dit, ‘it scared the living daylights out of me’ Comment pourrais-je me rattacher à mon pays de naissance ? Pour paraphraser Bond à nouveau, je n’ai eu qu’un ‘Quantum of Solace’, qu’un certain réconfort. Mais aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que l’exil que je me suis imposé était une bénédiction déguisée. J’ai adopté ce pays comme le mien. Grâce à ce pays, j’ai pu m’épanouir d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer possible auparavant.

    Ces expériences m’ont appris que, même lorsque les circonstances sont difficiles nous devons toujours séparer nos liens affectifs de nos principes moraux et des buts que nous nous efforçons d’atteindre. Mais ne vous laissez jamais intimider. Vous ne devriez pas non plus succomber au ressentiment. Rappelez-vous que votre dissidence vient du pouvoir de résister à la peur de l’inconnu. En effet, le vrai courage vient de la capacité de surmonter cette peur.

    L’éducation, une clé de voute

    Cela m’amène à mon dernier point qui porte sur le fait que l’éducation et la connaissance doivent constituer une clé de voûte dans votre vie alors que vous construisez une boussole morale et apprenez le pouvoir de la dissidence. Vous allez tous quitter cette école, à un moment donné, pour poursuivre vos études supérieures. Pour beaucoup, cela signifie aller à l’université. Pour certains cette échéance est proche, pour d’autres elle est à l’autre bout du monde. Cela signifie un chemin hors du collège encore rempli de leçons et de visions.

    Lorsque je parle d’éducation, je parle de deux dimensions différentes. Tout d’abord, dans la salle de classe, rappelez-vous l’avertissement du poète classique Rumi : « Laissez-vous entraîner par la plus forte attraction de ce que vous aimez vraiment. Elle ne vous perdra pas. » En d’autres termes, donnez-vous la liberté d’expérimenter, d’explorer et d’expliquer sans abnégation. Il n’y a aucune pénalité pour l’apprentissage d’une matière ou d’un sujet qui n’est peut-être pas nécessaire plus tard dans la vie. Ce faisant, vous découvrirez peut-être votre véritable passion.

    La deuxième dimension de l’éducation va au-delà de la salle de classe. Il ne s’agit pas seulement de salles de cours ou de bibliothèques ou encore de la supervision d’un professeur. Cette deuxième dimension requiert plus encore que l’effort intellectuel et retenir des notions pour les examens. L’éducation, c’est saisir l’impact de vos actions sur le monde. Cela signifie comprendre comment vos actions peuvent non seulement miner et blesser les autres, mais aussi les inspirer et les enrichir. Apprendre la différence critique est votre impératif éducatif.

    En même temps, cette introspection exige que vous alliez au-delà dans la recherche de vos fondements éthiques et de votre voix personnelle. Vous méritez en même temps, le droit de tout critiquer et celui de défendre ce en quoi vous croyez.

    Mais il y a un piège. Une fois que vous aurez quitté cette école, personne ne pourra vous contrôler ou dicter vos actions. Il vous faudra choisir. C’est la partie la plus terrifiante de votre éducation future, l’idée austère mais libératrice qu’à partir de ce moment, vous serez seul responsable de ce que vous apprenez, de comment vous l’apprenez, et de pourquoi vous luttez.

    Ces choix, à leur tour, auront un impact durable, « car l’âme prend la couleur et la teinte des pensées qu’elle entretient » a dit Marc Aurèle. Ainsi, vous deviendrez votre propre artiste. Tout au long de ce processus, vous devez rester humble. L’humilité est une source de force. Avoir beaucoup d’amis n’est pas nécessairement mieux que d’en avoir quelques-uns fiables, et les plus grands plaisirs de la vie proviennent souvent des plus petites choses.

    Surtout, rappelez-vous qu’il y aura des périodes où vous douterez. Peut-être êtes-vous en train de vivre une période de doute en ce moment même, alors que vous vous préparez à obtenir votre diplôme et à plonger tête la première dans ce moment de transition. Ce faisant, suivez votre boussole morale, rappelez-vous le pouvoir de la dissidence et restez déterminés à faire de l’éducation la clé de voûte de votre vie. C’est votre choix, mais ce sera aussi votre destin – le vôtre et le vôtre seul.

    Hicham Alaoui

    Source: Fondation Hicham Alaoui

    Tags : Hicham Alaoui, Maroc, Hassan II, Collège Belmont,

  • Signature d’un Accord de Coopération entre le G5 Sahel et l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL)

    Il définit les modalités de la coopération, technique, la formation et le renforcement des capacités

    NOUAKCHOTT, Mauritanie, 17 mai 2019/ — Le Secrétaire Permanent du G5 Sahel, Monsieur Maman Sambo Sidikou et le Secrétaire Général de l’Organisation internationale de police criminelle – INTERPOL, Monsieur Jürgen Stock ont signé,le 16 Mai 2019 à Lyon en France, un accord de coopération entre les deux institutions.

    Cet accord a pour objectif d’instaurer un cadre pour la coopération entre les deux institutions dans les limites de leurs domaines de la prévention et la répression des actes terroristes et d’autres formes de criminalité transfrontalière.

    Ce partenariat permettra d’avoir un cadre juridique régissant les échanges de données et d’informations entre INTERPOL et le G5 Sahel.Il définit par ailleurs les modalités de la coopération, technique, la formation et le renforcement des capacités. Autre volet important de l’accord , il s’agit d’échanges d’expertises dans les domaines relatifs à la police.

    Le Directeur Géneral de la police nationale du Burkina Faso le controleur Géneral de police Jean Bosco KIENOU en qualité de président en exercice du comité de Défense et Sécurité était présent à la cérémonie de signature . On notait également la présence du Controleur Général KAKA Abdoulaye coordinateur régional de la Plateforme de Coopération en Matiere de Sécurité

    Source : APO

    Tags : Sahel, G5, Mali, MINUSMA, terrorisme, lutte antiterroriste,

  • L’administration Trump garde des informations secrètes alors qu’elles pourraient réduire à néant les allégations d’ingérence russe

    Mardi, le président russe Poutine a de nouveau rejeté les allégations américaines disant que son pays s’était ingéré dans les élections de 2016 aux États-Unis. D’autres déclarations du ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov, indiquent qu’il y a plus d’informations disponibles sur ce sujet. Il a parlé d’échanges entre les gouvernements russe et américain que la Russie voudrait rendre public, mais que les États-Unis ne veulent pas.

    Le mardi 14 mai, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est rendu à Sotchi pour rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères Sergej Lavrov et le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine. C’était la première visite officielle de Pompeo en Russie. La rencontre entre Pompeo et Lavrov a été suivie d’une conférence de presse conjointe. Les déclarations des deux parties ont abordé la question des soit disant interférences dans les élections.

    Le département d’État a publié une transcription intégrale et une vidéo de la conférence de presse en langue anglaise. Le ministère russe des Affaires étrangères a fourni une traduction officielle en anglais uniquement de la déclaration de Lavrov. Les deux traductions ne diffèrent que légèrement.

    Voici les extraits pertinents des allocutions d’ouverture concernant les questions liées au sujet.

    Lavrov :

    Nous nous sommes mis d’accord sur l’importance de rétablir les canaux de communication qui avait été récemment suspendus, dû en grande partie aux accusations infondées portées contre la Russie disant qu’elle avait tenté de s’ingérer dans les élections américaines. Ces allégations sont allées jusqu’à suggérer que nous avions collaboré d’une manière ou d’une autre avec de hauts responsables de l’administration américaine actuelle. Il est clair que de telles allégations sont totalement fausses. (…) Je pense qu’il existe maintenant une compréhension totale sur cette sujet, comme en ont discuté nos présidents lors de leur réunion de l’année dernière à Helsinki, ainsi qu’au cours d’un certain nombre de conversations téléphoniques. Jusqu’à présent, cette compréhension ne s’était pas complètement révélée.

    Pompeo :

    Nous avons aussi parlé de la question de l’ingérence dans nos affaires intérieures. J’ai fait savoir que la Russie pourrait faire certaines choses pour montrer que ce type d’activités appartient au passé et j’espère qu’elle tirera parti de cette opportunité.

    Au moment des questions réponses, Shaun Tanron de l’AFP a interrogé Pompeo sur le sujet des élections :

    Si je reprends votre déclaration au sujet des élections, vous avez dit que la Russie pourrait faire certaines choses pour montrer que l’ingérence électorale est une chose du passé. Quel genre de choses ? Que voulez-vous que la Russie fasse ? Je vous remercie beaucoup.
    Lavrov a répondu en premier à la question. Il a d’abord dit qu’il n’y avait aucune preuve de l’ingérence de la Russie dans les élections américaines.

    Puis il a continué :

    S’agissant en particulier de la dernière campagne présidentielle américaine, nous avions mis en place un canal d’échange d’informations sur les risques involontaires potentiels dans le cyberespace depuis 2013. D’octobre 2016 (lorsque l’administration démocratique américaine a soulevé cette question pour la première fois) à janvier 2017 (avant l’inauguration de Donald Trump), ce canal a été utilisé pour traiter les demandes et les réponses. Il n’y a pas si longtemps, lorsque les attaques contre la Russie liées à la prétendue ingérence dans les élections ont atteint leur point culminant, nous avons proposé de publier cet échange de messages entre ces deux entités, qui s’engagent à prévenir les incidents du cyberespace. Je l’ai rappelé à M. Pompeo aujourd’hui. L’administration, maintenant dirigée par le président Trump, a refusé de le faire. Je ne sais pas qui est derrière cette décision, mais l’idée de publier ces données a été bloquée par les États-Unis. Cependant, nous pensons que sa publication dévoilerait de nombreuses mensonges actuellement en circulation. Bien sûr, nous ne rendrons pas unilatéralement ces échanges publics, mais je voulais quand même faire savoir qu’ils existent.

    Un canal de communication sur les questions cybernétiques existait effectivement. En juin 2013, les Présidents des États-Unis et de la Russie ont publié une déclaration commune sur les « Technologies de l’information et de la communication (TIC) ». Les parties ont convenu d’établir des voies de communication entre les équipes d’intervention en cas d’urgence informatique, d’utiliser le lien de communication direct des centres de réduction des risques nucléaires pour les échanges sur les questions cybernétiques et d’établir des liens de communication directs entre les hauts fonctionnaires de la Maison Blanche et du Kremlin à ce sujet. Une fiche d’information publiée par la Maison-Blanche d’Obama a détaillé la mise en œuvre de ces trois canaux.

    L’une des conclusions de la déclaration de Lavrov est que « l’entente fondamentale sur ce sujet » entre les deux présidents, qui n’a pas été « pleinement mise en œuvre », est la publication des communications sur les incidents du cyberespace. Les Russes pensent clairement qu’une divulgation des communications avec l’administration Obama les disculperait. Cela disculpait également Trump de toute autre allégation de collusion. Pourquoi alors l’administration de Trump rejette-t-elle cette divulgation ? Qui la bloque ?

    Pompeo n’a pas répondu aux déclarations de Lavrov. Le lendemain, il a rencontré le président Poutine.

    Poutine l’a laissé attendre trois heures. Les deux parties ont fait de brèves déclarations liminaires. Les traductions anglaises de ce que Poutine a dit diffèrent. Dans la version fournie par la Russie, Poutine nie explicitement la prétendue ingérence électorale :

    De notre côté, nous avons dit à maintes reprises que nous aimerions également rétablir les relations à grande échelle. J’espère que les conditions nécessaires sont en train d’être réunies, car, malgré le caractère exotique du travail de M. Mueller, il faut lui reconnaître le mérite d’avoir mené ce qui est généralement une enquête objective. Il a réaffirmé l’absence de toute trace de collusion entre la Russie et l’administration actuelle, ce que nous avions qualifié de pure absurdité dès le début. Il n’y a pas eu, et il ne pouvait y avoir, d’ingérence de notre part dans les élections américaines au niveau du gouvernement. Néanmoins, malheureusement, ces allégations ont servi de prétexte à la détérioration de nos liens inter-étatiques.

    La version du département d’État n’inclut pas la dénégation russe sur l’interférence électorale, mais insiste sur le fait qu’aucune collusion n’a été prouvée :

    De notre côté, nous avons dit à maintes reprises que nous aimerions également reconstruire des relations à part entière, et j’espère qu’un environnement favorable est en train d’être créé à cet effet, car, malgré le travail du Conseiller spécial Mueller, aussi exotique soit-il, je dois dire que, dans l’ensemble, il a mené une enquête très objective et a confirmé qu’il n’y avait aucune trace de collusion entre la Russie et le gouvernement en place, comme nous le disions. Comme nous l’avons déjà dit, il n’y a eu aucune collusion de la part de nos représentants gouvernementaux et il ne pouvait pas y en avoir. Pourtant, c’était l’une des raisons pour lesquelles nous avons effectivement rompu nos liens (inaudibles).

    Une traduction en direct en anglais de ce paragraphe (vidéo) par le Ruptly russe n’inclut pas le mot « élection » dans la phrase surlignée, de même que la traduction en direct (vidéo) par PBS.

    Il semble que le Kremlin ait plus tard inséré dans la déclaration de Poutine la négation explicite de l’ingérence électorale. Il est tout à fait possible que Poutine, qui ne lisait pas un document préparé à l’avance, ait loupé le point de discussion que Lavrov avait déjà exprimé.

    Après la réunion avec Poutine, Pompeo a tenu un bref point de presse avec les journalistes américains l’accompagnant. Il n’est pas fait mention du point de vue de Lavrov.

    Il y a eu des communications secrètes entre l’administration Obama et le gouvernement russe au sujet de l’ingérence électorale et du piratage présumés du DNC et du directeur de campagne de Mme Clinton, M. Podesta. Elles ne sont mentionnées ni dans le rapport Mueller ni dans aucune autre source ouverte. Comme la Russie souhaite que ces communications soient rendues publiques, il pourrait être possible de déposer une demande de publication en vertu de la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act, FOIA). La réponse de l’administration Trump à une telle demande de FOIA pourrait au moins révéler les raisons pour lesquelles elle les cache.

    Les allégations d’ingérence russe dans les élections de 2016 reposent en partie sur le fait qu’une entreprise commerciale russe a utilisé de fausses identités sur Facebook pour vendre de la publicité. Un examen des thèmes et des positions idéologiques de ces fausses identités montre qu’elles n’ont pas été faites pour influencer les élections américaines.

    Contrairement à ces faux Russes, d’autres fausses identités sur Facebook, fournis par une société israélienne et révélés aujourd’hui, ont été clairement créées pour influencer des élections :

    Facebook a déclaré jeudi qu’il avait banni une entreprise israélienne ayant mené une campagne d’influence visant à perturber les élections dans divers pays et a annulé des dizaines de comptes engagés dans la diffusion de désinformation. …

    Nombre d’entre eux étaient liés au groupe Archimedes, une société de conseil et de lobbying politique basée à Tel Aviv, qui se vante de ses compétences en matière de médias sociaux et de sa capacité à « changer la réalité ». …

    Sur son site Internet, Archimedes se présente comme un cabinet de conseil impliqué dans les campagnes pour les élections présidentielles.

    Peu d’informations sont disponibles au-delà de son slogan, qui est « des campagnes gagnantes dans le monde entier », et d’un vague descriptif sur un logiciel de « gestion des médias sociaux de masse » du groupe, qui, selon lui, permet de gérer un nombre « illimité » de comptes en ligne.
    Ne vous attendez pas à ce que Washington DC proteste contre une ingérence électorale aussi évidente venant d’autres pays.

    Moon of alabama – Le 16 mai 2019

    Source : Le Saker Francophone

    Tags : Etats-Unis, Russie, Donald Trump, Vladimir Poutine, élections présidentielles,

  • Quai d’Orsay – Point de presse de la porte-parole : G5 Sahel

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    Ministère des Affaires Etrangères de la République Française

    COMMUNIQUE DE PRESSE

    Quai d’Orsay – Point de presse de la porte-parole : G5 Sahel

    Un soutien international efficace est indispensable

    PARIS, France, 17 mai 2019/ — Au point de presse de ce jour, la porte-parole a fait les déclarations et répondu aux questions suivantes :

    Q – Le ministre des affaires étrangères burkinabè a déclaré hier que le G5 Sahel ne serait pas suffisant pour éradiquer la menace terroriste dans la région et a appelé à la création d’une coalition internationale comme pour le Levant. Pensez-vous qu’une telle coalition pourrait faire partie d’une nouvelle stratégie pour la région, vu que la politique actuelle ne porte pas ses fruits ?

    R – Face à la situation sécuritaire et humanitaire au Sahel, la pleine mobilisation des États du G5 Sahel est indispensable. C’est pourquoi la France se mobilise en faveur du soutien international à la force G5 Sahel, ainsi qu’à l’Alliance Sahel. Elle appelle ses partenaires internationaux à poursuivre leur engagement dans la région et à soutenir le déploiement par les États du G5 Sahel de leurs forces de sécurité et des services publics sur l’ensemble de leur territoire.

    Un soutien international efficace est indispensable. La France veillera à ce que lors du renouvellement à venir du mandat de la MINUSMA, les modalités techniques du soutien international soient davantage adaptées aux besoins de la force conjointe G5 Sahel.

    Distribué par APO Group pour Ministère des Affaires Etrangères de la République Française.

    SOURCE : Ministère des Affaires Etrangères de la République Française

    Tags : France, G5 Sahel, terrorisme, Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad,

  • La folie de mener une guerre contre l’Iran…

    …alors que c’est la Chine et la Russie qui la gagneront

    Par Moon of Alabama – Le 15 mai 2019

    La tactique d’induire la peur en menaçant d’une attaque contre l’Iran continue de plus belle. Bolton se tape sur les cuisses de constater la facilité avec laquelle il peut jouer de cette menace qui ne repose sur rien. Il s’oppose simplement à toute négation d’une prétendue « menace de la part de l’Iran » en en rajoutant. Hier, un général britannique a nié l’existence d’une telle menace dans la zone relevant de sa responsabilité :

    « Non – il n’y a pas de menace accrue de la part des forces soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie », a déclaré le Cdt Christopher Ghika, commandant adjoint de l’opération Inherent Resolve (OIR), la coalition responsable des opérations antiterroristes contre État Islamique en Irak et en Syrie, dans un briefing vidéo, selon le Guardian.
    Aujourd’hui, Bolton a fait croire le contraire en ré-augmentant le niveau verbal autour de cette menace imaginaire :

    L’ambassade des États-Unis en Irak affirme que le département d’État a ordonné à tous les agents non essentiels du gouvernement de quitter le pays immédiatement en raison des tensions croissantes avec l’Iran.

    L’alerte, publiée sur le site Web de l’ambassade mercredi, intervient après que Washington a déclaré la semaine dernière qu’il avait détecté de nouvelles menaces importantes ciblant les Américains et les intérêts américains de la part de l’Iran et de ses mandataires dans la région .
    Bolton est pour l’instant en train d’atteindre le résultat qu’il veut. Il remplit systématiquement l’espace public en parlant d’une « menace iranienne » qui est pourtant inexistante. Si cette menace est établie dans l’esprit du public par sa répétition constante, elle sera utilisée pour l’habituel incident sous faux drapeau qui servira à justifier le déclenchement d’une guerre contre l’Iran.

    Le pouvoir de Bolton pourrait cependant en prendre un coup. Les couteaux sont tirés contre lui et il y a des rumeurs disant qu’il risque d’être viré :

    Deux sources familières avec la question m’ont dit que le chef du Conseil de sécurité nationale du président Donald Trump se dirige vers la sortie, après s’être approché trop près du soleil pendant ses tentatives de changement de régime en Iran, au Venezuela et en Corée du Nord. « On entend dire que Trump veut qu’il parte », m’a confié un ancien haut fonctionnaire de l’administration.
    Bolton – et peut-être aussi Trump – veulent une guerre contre l’Iran parce que Bibi Netanyahou l’a demandé, parce que l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) [anti-iranienne] et les sionistes l’ont payé pour la faire, et parce qu’il pense pouvoir la faire sans que cela nuise aux États-Unis.

    C’est sur ce dernier point qu’il se trompe complètement. La guerre contre l’Irak a détruit la position des États-Unis en tant que » seule superpuissance « . La Russie a profité de l’après-guerre pour revenir au Moyen-Orient tandis que la Chine a gagné du temps pour renforcer sa position en Asie. La superpuissance autrefois unique n’est plus qu’un primus inter pares avec la Chine et la Russie. Une guerre américaine contre l’Iran diminuerait encore sa position. La Chine et la Russie se retrouveraient toutes deux avec une position accrue dans le monde tandis que les États-Unis en seraient les grands perdants.

    Voici pourquoi :

    Hier, le New York Times a publié les options que le Pentagone avait présentées à la Maison-Blanche pour une guerre contre l’Iran. L’une d’elle est l’option des 120 000 soldats, option qui n’a aucun sens :

    Ce nombre est trop élevé pour une attaque aérienne et maritime et trop faible pour une attaque terrestre, c’est-à-dire une invasion de l’Iran.
    Newsweek dit maintenant que l’option des 120 000 soldats n’est qu’un prélude à une invasion de l’Iran :

    Les responsables du Pentagone ont déclaré à Newsweek que, si ils étaient déployées, les 120 000 soldats américains joueraient un rôle de soutien logistique et de mise en place de l’infrastructure nécessaire pour pré-positionner les forces américaines en vue d’une éventuelle invasion terrestre. Les 120 000 hommes initialement prévus s’intégreraient dans un afflux supplémentaire de forces américaines envoyées dans la région.
    Ces « fonctionnaires du Pentagone » ne sont pas des « fonctionnaires militaires », c’est-à-dire des soldats. Ils ne semblent pas savoir de quoi ils parlent. Une invasion et une occupation d’un pays montagneux comme l’Iran nécessiteraient plus d’un demi-million de soldats, juste pour commencer. Même une invasion des seules zones riches en pétrole de la côte ouest de l’Iran et de sa frontière avec l’Irak nécessiterait une force d’environ 300 000 hommes. Sans préparation, l’armée américaine ne sera pas en mesure de soutenir une opération d’une telle envergure pendant plus de deux ou trois mois.

    Et envahir par où, s’il vous plaît ? L’Irak ne permettrait certainement pas aux forces américaines d’attaquer son voisin depuis son territoire. Une invasion par mer est impossible à cause des eaux confinées du golfe Persique, de l’absence de dragueurs de mines et d’autres équipements maritimes.

    Les gens qui parlent d’une telle guerre connaîtront une grave désillusion :

    Une source du Pentagone a déclaré à Newsweek que si quelque chose devait se produire concernant les premières étapes d’une guerre contre l’Iran, cela impliquerait une lourde campagne de missiles guidés pour tenter de conduire Téhéran à la table des négociations dès le début.

    « Cela dépend de l’escalade de la force. Mais quelle que soit la bravade du côté iranien, quand on se fait frapper avec 500 missiles par jour, cela vous décourage, ce qui est l’objectif. Quand votre adversaire est découragé, vous tirez le meilleur parti de n’importe quelle négociation », a déclaré un responsable au courant des plans contre l’Iran.
    Il était une fois un Saddam Hussein, manipulé par les États-Unis et les pays arabes du Golfe, qui avait des idées similaires. Lorsqu’il a attaqué l’Iran en 1980, il pensait qu’il allait s’emparer de la province du Khuzestan, riche en pétrole, en un mois ou deux. Après la révolution islamique de 1979, l’armée iranienne était en désarroi. Beaucoup d’officiers avaient été congédiés ou étaient partis. L’Iran était soumis à un embargo mondial sur les armes alors que l’Irak bénéficiait du soutien de toutes les grandes puissances. La guerre n’a pas pris quelques mois. Il a fallu huit ans, l’utilisation d’armes chimiques contre des villes iraniennes, une vaste opération américaine contre la marine iranienne et plus d’un million de morts au total, des deux côtés, pour que l’Iran soit prêt à accepter un cessez-le-feu. En fin de compte, la frontière a été rétablie dans son état d’avant-guerre. L’Irak a presque fait faillite à cause de la guerre et c’est la raison pour laquelle il s’est emparé plus tard du Koweït et a dû en subir les conséquences.

    A la lumière de cette histoire, il est risible de croire que l’on « tirerait plus de profit de négociations » avec l’Iran en lançant chaque jour 500 missiles sur ce pays.

    Et qu’en est-il des capacités de représailles de l’Iran ? L’Iran possède sa propre flotte de missiles et de drones. Elle dispose d’une force mandataire bien équipée au Liban et ailleurs. Chaque missile de croisière touchant Téhéran peut être contré par un missile lancé sur Tel Aviv. L’Iran bénéficierait également du soutien de la Chine et de la Russie, qui peuvent lui fournir toutes les armes dont il a besoin à travers la mer Caspienne, tandis que les États-Unis manqueraient d’alliés compétents.

    Les missiles iraniens peuvent frapper n’importe quel pays du Moyen-Orient qui accueille des forces américaines. Ils peuvent cibler les usines de dessalement saoudiennes, les raffineries des Émirats arabes unis et divers ports d’expédition de pétrole. Les prix de l’énergie grimperaient en flèche. Les récents incidents près du port de Fujairah aux Émirats arabes unis et l’attaque des oléoducs est-ouest saoudiens n’ont probablement pas été causés par l’Iran. Mais ils donnent un avant-goût de ce que les capacités asymétriques de l’Iran pourraient accomplir.

    Les « responsables du Pentagone » devraient relire leurs exposés sur l’exercice nommé Millenium Challenge qui simulait une attaque américaine (bleue) contre l’Iran (rouge) :

    Au début du MC’02, pour justifier l’exigence d’attaque par effraction, les bleus ont lancé au rouges un ultimatum en huit points, dont le point final était la reddition. Le chef de l’équipe rouge, Van Riper, savait que les dirigeants politiques de son pays ne pouvaient l’accepter, ce qui, selon lui, conduirait les forces bleues à intervenir directement. Comme l’administration de George W. Bush avait récemment annoncé sa « doctrine de première frappe », Van Riper décida que dès qu’un groupe aéronaval de la marine américaine s’aventurerait dans le Golfe, il « frapperait en premier ceux qui veulent frapper en premier » et donc frapperait le premier. Une fois les forces américaines à portée de tir, les forces de Van Riper ont déclenché un barrage de missiles à partir de lanceurs au sol, de navires commerciaux et d’avions volant à basse altitude et sans communications radio pour réduire leur signature radar. Simultanément, des essaims de vedettes rapides chargées d’explosifs lancèrent des attaques kamikazes. Le système radar Aegis du groupement tactique de transport – qui suit et tente d’intercepter les missiles entrants – a été rapidement saturé, et dix-neuf navires américains ont été coulés, dont le porte avions, plusieurs croiseurs et cinq navires amphibies. « Tout était fini en cinq, peut-être dix minutes », a expliqué Van Riper.
    L’incapacité des faucons de guerre à apprendre de l’histoire est tout à fait remarquable :

    Firing line avec Margaret Hoover – @FiringLineShow- 20:14 utc – 14 mai 2019

    Le sénateur @TomCottonAR explique à Firing Line qu’en cas de guerre contre l’Iran, il est convaincu que les États-Unis gagneraient, et gagneraient rapidement. « Deux frappes, la première et la dernière », dit le sénateur. (vidéo)
    Nous avons déjà entendu de tels propos :

    « Je crois que démolir le pouvoir militaire de Hussein et libérer l’Irak sera un jeu d’enfant. » Ken Adelmann, 13 février 2002, Washington Post

    « L’idée qu’il s’agira d’une longue, longue, longue bataille est démentie par le fait de ce qui s’est passé en 1990. Cinq jours, cinq semaines ou cinq mois, mais ça ne durera pas plus longtemps que ça. » Donald Rumsfeld, 15 novembre 2002, CBSNews

    « Ce sera une guerre de deux mois, pas une guerre de huit ans. » Bill Kristol, 29 mars 2003, CSPAN

    La guerre contre l’Irak serait une affaire courte et simple, disaient les imbéciles à la Tom Cotton. On disait aussi que cela ne coûterait presque rien. Seize ans plus tard, après un million de morts, deux – ou trois – mille milliards de dollars dépensés et une énorme crise économique, les États-Unis se battent toujours en Irak.

    Il n’y a pas de guerres courtes ou bon marché. De par sa nature même, la guerre est imprévisible, coûteuse et ne se termine presque jamais comme on le souhaite.

    John Bolton plaide depuis longtemps en faveur d’une guerre contre l’Iran. S’il obtient ce qu’il veut et pousse les États-Unis à lancer une guerre, les deux parties y perdront. Il y aura aussi beaucoup de dommages collatéraux dans plusieurs autres pays du Moyen-Orient, et d’autres conséquences graves que nous ne pouvons pas encore prévoir.

    Ce qui est sûr, c’est que les plus grands gagnants d’une telle guerre, et peut-être les seuls, seront la Russie et la Chine.

    L’opposition Démocrate aux États-Unis semble avoir peu de temps pour s’opposer à une autre guerre au Moyen-Orient. Ils sont toujours occupés avec les restes du Russiagate. Mais n’est-il pas évident que Poutine utilise en ce moment la fameuse vidéo « golden shower » [en faisant chanter Trump] pour le pousser dans une guerre contre l’Iran dont profitera la position de la Russie dans le monde ? Que font-ils pour empêcher cela ?

    Moon of Alabama

    Le Saker Francophone

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