Catégorie : Non classé

  • Comment aider Haidar

    Le gouvernement espagnol doit demander un changement d’attitude avec l’activiste sahraouie
    La situation dans laquelle se trouve l’activiste sahraouie Aminatou Haidar à l’aéroport de Lanzarote, auquel elle est arrivée après avoir été privée de son passeport marocain et empêchée d’entrer à El Aaiún, sa ville natale et dans laquelle résident sa mère et deux de ses enfants, est de l’entière responsabilité du Gouvernement du Maroc. Il correspond à ce Gouvernement de la résoudre et il est difficile de concevoir une autre forme de le faire si ce n’est en lui rendant son passeport et en n’empêchant pas l’entrée libre à son territoire à quelqu’un qui, bien qu’elle défende des idées qui ne plaisent pas aux autorités, elle le fait pacifiquement et sous la protection des codes des droits de l’homme.
    Le Gouvernement espagnol ne doit pas devenir complice d’un acte autoritaire et arbitraire comme celui qui a commis le gouvernement marocain avec Aminatou Haidar. Et il n’est pas clair qu’il ne le fait pas si son rôle se limite à lui empêcher de retourner de nouveau à El Aaiún, sous prétexte qu’elle manque d’un passeport quand ce manque n’a pas empêché son entrée dans le territoire espagnol, et à lui offrir la possibilité de recourir au statut du réfugiée, à la marge des bonnes intentions, ce qui ferait le jeu au gouvernement marocain. La question est que Haidar ne désire pas rester dans le territoire espagnol contre sa volonté et ne veut pas non plus accepter le statut du réfugiée. Et que cette situation l’a menée à une grève de la faim qui, en plus de mettre en risque sa santé, aggrave un problème que le Maroc a su déplacer en Espagne avec une facilité étonnante.
    La position du Gouvernement espagnol est délicate et de plus en plus inconfortable. Les bonnes intentions ne suffisent pas ni que le ministre Moratinos reconnaisse une « légitime position » du peuple sahraoui et il se défend d’être « pro-marocain ». Ce sont les faits qui comptent, et dans ce cas ce qu’il faut c’est une initiative de la diplomatie espagnole – avec toute la prudence requise, mais ferme-, pour amener le Maroc à reconsidérer son attitude et à ne pas assujettir les droits fondamentaux des personnes aux raisons administratives comme celles avancées – écrire Sahara Occidental au lieu de Maroc dans la fiche d’entrée – pour empêcher Haidar de retourner à sa ville. Si, à l’instar de l’ONU, l’Espagne ne reconnaît pas que le Sahara Occidental est marocain, on ne comprend pas la facilité avec laquelle a accepté les raisons administratives alléguées par le Maroc alors qu’il repousse celles de l’activiste sahraouie pour essayer de voyager de nouveau à EL Aaiun.
  • Rien ne peut contre le courage de Haidar

    IGNACIO CEMBRERO

    L’avion de Binter Canaries a arrêté les moteurs à l’aéroport d’El Aaiún, capital du Sahara Occidental, et l’équipage a d’abord invité les passagers marocains à descendre. C’était une condition de la policie marocaine pour ne pas se voir débordée par le vacarme qui pouvait provoquer le retour à sa ville, le 15 novembre 2006, d’Aminatou Haidar, après une tournée de sept mois dans plusieurs pays.
    Haidar n’est pas descendue de l’appareil avec le premier groupe. « J’ai dit à l’hôtesse de l’air que je n’étais pas marocaine même si, pour des raisons pratiques, je voyageais avec un passeport de ce pays », appellait-elle il y a deux semaines à Madrid. La plus célèbre activiste sahraouie a passé le contrôle policier à El Aaiún, mais après avoir rempli la fiche d’entrée a écrit que son pays de résidence était le Sáhara Occidental et non le Maroc. D’autres indépendentistes ont l’habitude de faire de même. Le policier marocain a fait une grimace de contrariété, a remarqué que « ce pays n’existe pas », a rayé les deux mots et a écrit par dessus : Maroc. Après il lui a affranchi l’entrée.
    Trois ans après, le 13 novembre passé, Haidar a recommencé à faire de même à son arrivée à El Aaiún de retour d’un voyage en New York, Madrid et Las Palmas. Mais cette fois-ci cela n’a pas passé. Elle est restée détenue 24 heures dans le même aéroport avant d’être dépourvue de son passeport marocain – qu’elle a obtenu en 2006 grâce aux démarches d’Amnesty International et du Département d’État – et expulsée à Lanzarote dans un vol des Canarias Aéronautica. Le discours du roi Mohamed VI du 6 novembre exigeant contundence avec les « adversaires de l’intégrité territoriale » du Maroc explique le changement d’attitude.
    Malgré le manque de la documentation adéquate, la police espagnole l’a obligée à Lanzarote à entrer en Espagne sous le prétexte qu’elle disposait d’une carte de résidante qu’elle n’a même pas eu à montrer. Elle lui a été accordée en 2006 pour qu’elle puisse être traitée de ses maladies à l’hôpital madrilène de La Paz. Juste après avoir débarqué elle essaya de prendre un vol de retour à El Aaiún, mais la police lui a prévenue que sa carte ne suffisait pas cette fois pour un voyage international. Le lundi, à l’aube, elle a décidé d’entamer une grève de la faim dans la même terminale aéroportuaire pour pouvoir retourner à sa ville.
    Haidar, de 42 ans, a une expérience en grèves de la faim. La dernière, de 50 jours de durée, l’a faite en 2005 quand elle subissait une condamnation de sept mois dans la Prison Noire d’El Aaiún. Elle n’a servi à rien. Malgré tout, elle remémore cette époque avec une certaine satisfaction : « Nous avons pu introduire une camèra cachée dans la prison et montrer au monde les conditions d’emprisonnement des militants saharauis ». Les photos ont été diffusées sur Internet.
    De son étape antérieure derrière les barreaux elle garde des souvenirs pires encore. À peine fini le baccalauréat, Haidar a été arrêté en 1987 après avoir essayé de s’approcher, avec 700 autres personnes, d’une délégation de l’ONU qui se trouvait dans la ville. « Les policiers sont venus après pour m’enlever de chez moi et m’ont torturée pendant trois semaines », affirme-t-elle. « Ils m’attachaient sur une table et plaçaient dans ma bouche, mes yeux et mon nez un tissu imprégné d’un liquide qui sentait l’eau de javel ». « Ils me donnaient aussi des coups de pied, me flagellaient avec un câble électrique et j’ai été agressée de plus par des chiens ».
    Après, elle a été déplacée à Qalaat Megouna, l’une des prisons secrètes du règne de Hassan II. « Je suis restée plusieurs mois dans un couloir, assise sur un banc avec les yeux fermés et surveillée par un guardien ». « Finalement, ils m’ont conduite dans une cellule minuscule avec d’autres sahraouis ».
    Haidar a passé presque quatre ans enfermée sans voir un avocat et sans être jugée. Elle était disparue et certains membres de sa famille craignaient qu’elle soit morte. Quand elle a été libérée, en 1991, cette femme d’apparence fragile et des manières douces était malade. Elle souffre actuellement de lésions dans la colonne et une ulcère saignante qu’elle soigne à La Paz.
    Ces indispositions n’ont pas diminué sa détermination à lutter pour l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole. Pour se dédier entièrement à sa cause, elle a choisi d’arrêter les études. Sa formation incomplète est perçue toujours dans l’élaboration peu abondante de son discours. Elle n’a pas renoncé, cependant, à développer une vie privée. Elle s’est mariée et a eu deux fils, un enfant et une petite fille, et divorcé. Les enfants, qui ont maintenant 13 et 15 ans, vivent aujourd’hui avec sa grand-mère à El Aaiún.
    « Il est vrai qu’Aminatou a eu des expériences terribles », reconnaît Eddah Larhdaf, un sahraoui qui dirige la télévision locale d’El Aaiun. « Elle n’a pas réussi à les surpasser », ajoute-t-il. « Avec son attitude, elle se venge du passé en mettant en danger un avenir du Sáhara qui se colore déjà bien », conclut-il. « Mais nous retournons aux temps de Hassan II », réplique Haidar.
    Ses gestes paisibles, sa voix ténue, son sourire discret cachent un langage sévère avec lequel elle fustige « l’occupant » marocain. Le long des années sa revendication a évoluée. Elle a arrêté de mettre l’accent sur l’indépendance du territoire pour mettre maintenant l’emphase à la défense des droits de l’homme des saharauis, « piétinés » par le Maroc.
    C’est dans ce but qu’elle a fondé CODESA, une association illégale. Son vice-président, Alí Salem Tamek, est dans la prison et il sera bientôt jugé par un tribunal militaire accusé de « collaboration avec l’ennemi » après avoir visité les campements de Tindouf contrôlés par le Polisario. « En comptant Tamek, il y a plus de 40 prisonniers politiques sahraouis », ajoute Haidar indignée.
    Sa défense des droits de l’homme est accompagnée d’un rejet accablant de la violence. Il en résulte que son premier surnom, celui de Pasionaria Sahraouie, a été substitué par celui de Ghandi Sahraouie. De là aussi qu’elle a gagné un prestige à l’étranger, surtout aux États-Unis. Au Maroc en revanche des partis politiques et lapresse officieuse l’accusent de « traîtresse ». Même le ministre des affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, finit de laisser entendre qu’elle a été « recrutée » par l’Algérie.
    C’était Edward Kennedy, en personne, qui a imposé Haidar, l’année passée, pour le Prix des Droits de l’homme qui accorde la Fondation Robert Kennedy. Le mois passé c’était la Fondation Train qui lui a octroyé à New York la récompense au Courage Civil. Après, elle a voyagé à Washington pour se réunir avec les assistants de congressistes dédiés à la politique extérieure. Elle leur a instamment prié qu’ils promouvent l’élargissement du Mandat de la MINURSO, le contingent de casques bleus déployé au Sáhara, pour qu’il puisse surveiller le respect des droits. Paris et Madrid ne sont pas partisans de l’idée de donner de nouvelles compétences à la MINURSO.
    Dans son discours à New York, elle a exprimé la crainte de « être arrêtée » à son retour a El Aaiún ou qu’on lui retire son passeport pour lui empêcher de voyager. « La troisième option, celle de l’expulsion décidée par le Maroc, ne l’avait pas prévue », reconnu-t-elle par téléphone, le week-end passé peu après son arrivée à Lanzarote. « Mais ce qui ne m’est jamais passé par la tête c’est que l’Espagne aiderait le Maroc en me retenant dans son territoire contre ma volonté ». A cause de cela, elle a déposé une plainte dans le commissariat de l’aéroport.
    EL PAIS, 21 novembre 2009
    Traduction : Diaspora Saharaui
  • L’Espagne perd du poids au Maghreb

    Moratinos distribue des incongruités entre Alger et Rabat

    La diplomatie espagnole au Maghreb accumule dangereusement des erreurs et les déclarations pressées que, après avoir irrité quelques pays au détriment des autres, fait perdre crédibilité, sérieux et capacité de négociation au Gouvernement de Rodríguez Zapatero à l’heure de défendre les intérêts espagnols dans la région.
    Pedro Canales, 24-11-2009
    Peu de semaines avant que l’Espagne assume la présidence de tour de l’Union Européenne, le comportement politique du Gouvernement au Nord de l’Afrique, une région d’intérêts stratégiques pour les pays du flanc sud de l’UE, suscite des inquiétudes.
    Le comportement erratique du ministre Moratinos dans l’affaire de l’activiste sahraouie Aminatu Haidar, ses déclarations sur le fait « inconcevable de la fermeture de frontières entre l’Algérie et le Maroc », et sur le présumé « important rôle » qui peut jouer le Maroc dans les relations entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique latine, suscitent des inquiétudes en ce qui concerne les orientations de la diplomatie espagnole.
    La déclaration de l’intention du Gouvernement espagnol, d’octroyer à la sahraouie Aminatou Haidar le statut de « réfugiée politique » , alors que celle-ci ne l’a pas demandé, la seule chose qu’il obtient est de retirer au régime du Maroc la « pomme de terre chaude » de justifier devant l’Union Européenne et les États-Unis « l’expulsion » de Haidar de Layyoune dépourvue de passeport, et déplacer le problème vers l’Espagne. L’Exécutif espagnol assume les conséquences d’un problème fabriqué par Rabat et qui suppose une grave infraction à la légalité internationale.
    En ce qui concerne le rôle du Maroc dans la relation tripartite entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique latine, loué pour Moratinos dans une rencontre célébrée à Tanger ce week-end, le ministre espagnol a oublié que le Maroc est le seul pays du continent qui ne fait pas partie de l’Union Africaine pour avoir refusé de s’asseoir sur la même table que les saharauis de la République Sahraouie Democratique (RASD) qui intègre l’UA. « L’aire d’influence » du royaume alaouite dans le continent africain se limite presque exclusivement à une partie de l’Afrique Occidentale, du Sénégal et du Gabon principalement. Aussitôt que ses relations avec l’Amérique latine sont embuées par la rupture de relations avec le Venezuela, l’inexistence cette relation avec Cuba et les difficultés de la diplomatie marocaine de faire admettre aux pays de l’Amérique espagnole son projet d’annexion – autonomie dans le Sahara Occidental. Dans des telles conditions le « rôle » du Maroc évoqué par Moratinos se trouve sérieusement limité.
    La dernière perle de la diplomatie espagnole a été celle de donner des leçons de géopolitique aux deux voisins maghrébins, l’Algérie et le Maroc qui portent un demi-siècle de litiges ininterrompus. Après avoir considéré la fermeture des frontières entre les deux pays incompréhensible, Moratinos alimente les plaintes de la diplomatie alaouite motivées par les énormes pertes matérielles que suppose la paralysation du commerce, du transport et des flux humains entre l’Algérie et le Royaume de Mohamed VI. La diplomatie algérienne a répondu à Moratinos en déclarant que « le problème de la frontière terrestre il faut l’inscrire dans un cadre général des relations entre Alger et Rabat », et dans l’idée de « ce que l’on veut du Maghreb ». Dit autrement, Alger a conditionné l’ouverture de sa frontière entre Oujda et Maghnia, à la question du Sahara Occidental, qui pour la diplomatie de Bouteflika est la pièce maîtresse dans l’architecture maghrébine.
    Moratinos a voulu contenter le régime de Rabat, mais il a oublié que l’Espagne importe la grande majorité du gaz de l’Algérie, pays dans lequel les plus grandes entreprises espagnoles sont implantées. Curieusement et en coïncidant avec elles les déclarations de Miguel Ángel Moratinos à Tanger, l’Algérie a annoncé que la mise en place du nouveau gazoduc Algérie – Espagne que Beni Saf unira directement avec Alméria se reporte jusqu’au printemps 2010, alors que son inauguration était prévue pour ce dernier trimestre de 2009.
    Le retard dans le gazoduc Medgaz provoquera des pertes importantes. L’Espagne possède 52 % d’actions de l’association (Cepsa 20 %, Iberdrola 20 % et Endesa 12 %), en face de l’algérienne Sonatrach (36 %) et Gaz de France (12 %). Les relations entre les partenaires espagnol et algérien sont plustôt tendues. Selon le ministre Chakib Khelil il y a un désaccord sérieux dans deux niveaux : « les prix du gaz, et la distribution par Sonatrach de ses produits en Espagne ». Des problèmes que la diplomatie espagnole ne semble pas tenir en compte.
    EL IMPARCIAL, 24 novembre 2009
    Traduction : Diaspora Saharaui

  • L’invincible Aminatou Haidair

    La militante sahraouie Aminatou Haidar rejette l’offre du gouvernement espagnol de lui concéder le statut de réfugiée politique et poursuit sa grève de la faim de protestation contre son expulsion du Sahara Occidental, a annoncé samedi à l’AFP l’un de ses porte-paroles.
    Aminatou Haidar, qui a reçu un prix en octobre à New York de la Train Foundation pour son engagement non violent en faveur des droits de l’homme, « rejette » l’offre espagnole de lui faciliter le statut de réfugiée politique, a déclaré José Morales Brum, leader syndical canarien et porte-parole de l’activiste.
    Elle demande à pouvoir réembarquer vers Laâyoune, capitale du Sahara occidental, et observe depuis lundi une grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote, aux Canaries.
    Ne disposant plus de passeport marocain, confisqué à Laâyoune, Mme Haidar est invitée par Madrid à s’en procurer un nouveau dans un consulat marocain. Mais la militante refuse également cette solution et réclame la restitution de son document.
    Elle devait recevoir dimanche la visite de Cayo Lara, leader de la coalition écolo-communiste espagnole Izquierda Unida à l’aéroport de Lanzarote, qu’elle ne quitte plus depuis son expulsion de Laâyoune, le 14 novembre, selon M. Morales Brum.
    Une manifestation de soutien a été organisée samedi à la mi-journée à Arrecife, ville principale de l’île de Lanzarote.
    Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a déclaré que face aux refus de la militante, « on ne peut pas faire plus ». Le ministre dit avoir déjà exprimé sa « préoccupation » sur l’affaire Haidar lors d’une rencontre jeudi avec son homologue marocain Taieb Fassi Fihri.
    Aminatou Haidar est une militante de premier plan de l’indépendance du Sahara Occidental. Née en 1967, elle a été “disparue” par les autorités marocaines à cause de son activisme à l’âge de 20 ans, juste pour refaire surface trois ans plus tard. En 2005, Mme Haidar fut arrêtée pour sa participation à une manifestation et condamnée à sept mois de prison pour “incitation à des activités de contestation violente”. Amnesty International l’avait classée prisonnière de conscience, mettant en doute l’équité de son jugement ainsi que celui de 6 autres militants. Depuis sa libération, elle a été honorée du Robert F. Kennedy Human Rights Award (Prix Robert F. Kennedy pour les droits de l’homme), proposée pour le prix Nobel pour la paix, et plus récemment lauréate du Civil Courage Prize (prix du Courage civil) à New York, le tout pour son activité de défense des droits humains au Sahara occidental.
    MmeHaidar n’est pas le seul dissident persécuté pour sa cause, déclarant :
    Depuis le 6 octobre, quinze défenseurs bien connus des droits humains du Sahara occidental ont été arrêtés, emprisonnés et interrogés. Sept d’entre eux, connus comme les 7 de Casablanca ont été jugés par un tribunal militaire pour trahison après avoir visité des parents dans les camps de réfugiés saharaouis dans le Sud-ouest de l’Algérie. Ces Saharaouis ont été visés pour avoir dénoncé la répression due à l’occupation marocaine de leur pays et défendu le droit à l’autodétermination reconnu par l’ONU dans plus de 100 résolutions. En août, les autorités marocaines ont empêché six jeunes Saharaouis de voyager au Royaume-uni pour participer à un programme d’OxfordTalk Together, qui promeut le dialogue entre les jeunes des différentes parties du conflit.
    L’expulsion d’Aminatou montre que la police marocaine peut s’en prendre à tout Saharaoui qui soutient le référendum, même à ceux qui jouissent d’un soutien et de relations au plan international. Les prix obtenus par Haidar (le plus récent the Civil Courage Prize) auraient dù la mettre à l’abri de ces risques en montrant au gouvernement marocain que le monde le surveille.
  • L’Intifada sahraouie fait peur au Maroc

    Les contradictions dans le discours officiel du gouvernement marocain sont flagrantes. Depuis plus de 34 ans et jusqu’il y a peu, on dit que l’ensemble des Marocains et leurs formations politiques, syndicales et associatives étaient persuadés que l’unanimité au sujet du Sahara Occidental était acquise, affirmée et réaffirmée, que le véritable ennemi est l’Algérie. Les moyens de propagande marocains n’ont cessé de répéter que les sahraouis sont « fiers de leur marocanité et leur attachement à la mère patrie ».
    Plus de 34 ans après, l’histoire se répète. Dans le discours de lancement de la Marche Verte, Hassan II avait dit : « Si tu rencontres un Espagnol, civil ou militaire, échange avec lui le salut et invite-le sous la tente à partager ton repas. S’il advient, cher peuple, que des agresseurs, autres qu’Espagnols, attentent à ta Marche, sache que ta valeureuse armée est prête à te protéger ».
    En effet, les forces armées royales étaient derrière la foule pour mater les sahraouis. On savait déjà ce qu’ils pensaient de l’arrivée des marocains. La solution à ce problème était prévue d’avance : Les Mirages et les Phantom F-5 étaient équipées d’armes de destruction massives : des bombes de napalm et de phosphore.
    Aujourd’hui, le roi Mohamed VI répète les mêmes menaces que son père. En mobilisant l’ensemble de ce que compte le Maroc comme partis politiques, syndicats, organisations et autres associations pour « mieux encadrer » les Marocains et leur « insuffler l’esprit de l’amour de la patrie » et l’attachement à l’integrité territoriale, les décideurs politiques marocains ont envoyé à l’étranger un message des plus équivoques et des plus incompréhensibles.
    Ne disait-il pas hier que rien au monde ne pouvait ébranler l’attachement des Marocains à l’intégrité territoriale de leur pays? Encore moins mettre en doute leur amour pour la patrie qui engage leur corps et leur âme pour sa défense. N’a-t-on pas répété et répété que le Sahara Occidental était à la tête des fondamentaux et des causes « sacrées? »
    Et puis, voilà: un appel royal solennel vient d’être lancé aux décideurs politiques, syndicaux et associatives pour les inciter, sur un ton grave, à la mobilisation. Non pas à se mobiliser pour faire pièce à une poignée d’activistes Sahraouis résidant au Maroc et roulant pour le Polisario, mais à battre le rappel de toutes les énergies afin d’encadrer les Marocains et leur inculquer le nécessaire amour de leur pays.
    Ce ne sont tout de même pas les activités de ces quelques éléments Sahraouis sympathisants du Polisario au Maroc qui ont nécessité un tel déploiement d’énergie et de mobilisation.
    Ce message est perçu à l’extérieur du Maroc comme un aveu: Celui exprimant la crainte de voir le front intérieur marocain jusqu’ici unanime à défendre l’intégrité du territoire national, ébranlé par un doute subit quant à cette affirmation ressassée depuis près de 35 ans.
    Les Marocains remettraient-ils en question cet attachement sans cesse réitéré à leur « cause sacrée » qu’il eut fallu mobiliser les partis et les syndicats pour dresser un cordon sanitaire contre les vélléités indépendantistes?
    Brandir des menaces de sanctions sévères allant jusqu’à accoller l’accusation de haute trahison et prévoir des lois incriminant toute vélléité de soutien au Polisario  peut être interprété comme une reconnaissance d’un fait largement propagé au sein du royaume et comme une dynamique gagnant du terrain.
    On ne peut que s’interroger au sujet de l’énorme disproportion entre les discours et les menaces de criminalisation des velléités indépendantistes et la réalité sur le terrain.
    Cette campagne est tout simplement maladroite car elle donne des arguments au Polisario qui a toujours clamé haut et fort que sa cause bénéficie de larges soutiens au sein de la population marocaine ajoutant que si la répression qui empêche les manifestations de soutien à la RASD devait cesser, de larges pans de la société marocaine auraient démontré au grand jour leur adhésion à la cause sahraouie.
    Les officiels marocains le savent. Ils savent que, grâce à la répression, aucun danger de fissurer le front intérieur n’a de raison d’être craint. Comme ils savent que tous les Marocains se rejoignent, nonobstant leurs querelles et divergences, sur la question qu’ils jugent sacrée du Sahara.
    Alors pourquoi cette solennité dans la mise en garde des Marocains et la mobilisation des forces politiques, syndicales et associatives du pays face à un danger décrit comme pertinent et allant crescendo? A moins que cette camapgne ne cache d’autres visées moins avouées.
    Les officiels marocains se trompent lourdement en croyant que faire les doux yeux à des réseaux sionistes est à même de leur ouvrir des soutiens à la cause du Sahara au sein des cénacles décisionnels occidentaux et américains en particulier.
    La visite au Maroc de la criminelle de guerre Tzipi Livni s’inscrit dans cette logique. Cette visite contribuera  à creuser le fossé entre les décideurs et les Marocains ordinaires au détriment d’une indispensable unité.
    L’énergie marocaine doit être dirigée vers une démocratisation réelle de la société marocaine, seule condition pour souder le peuple marocain contre toute menace extérieure et le mobiliser.
    Or, ce qui se passe aujourd’hui au Maroc avec un retour accéléré à des méthodes de l’ancien régime basriste n’est pas de nature à contribuer à l’unité du pays face aux dangers qui le menacent. La présente camapagne est de nature à semer le doute et le questionnement dans l’esprit des Marocains qui pourraient imaginer le danger contre l’intégrité territoriale plus important que la propagande officielle n’a voulu le présenter des décennies durant.
    Il est naturel de se demander pourquoi le régime marocain a mené cette campagne de mobilisation? La réponse pourrait se trouver dans les réalités suivantes :
    – Le Maroc a perdu la bataille diplomatique du Sahara Occidental. La communauté internationale refuse de laisser tomber le principe d’autodétermination du peuple sahraoui.
    – L’intifada sahraouie porte le flambeau d’une lutte éteinte par le cessez-le-feu et le processus de paix onusien entamé en 1991. Le combat s’est instauré sur le champ des droits de l’homme et les libertés publiques.
    –  Les associations sahraouies étaient gangrenées par les conflits internes. La rencontre de leurs responsables à Tindouf était dans le but de dépasser ces contradictions et mettre un programme d’action conjoint. Cette nouvelle a créé la panique à Rabat qui craint une hausse des manifestations contre l’occupation marocaine. De là, la décision de les mettre sous les verrous.
    – La décision récente du Front Polisario de multiplier ses représentations dans le monde et augmenter le nombre du personnel diplomatique.


    Ce sont les mêmes raisons qui ont poussé Rabat à expulser Aminatou Haidar, lauréate du prix RFK et candidate au Prix Nobel de la paix.
  • Le Makhzen riposte

    Les décisions récentes du gouvernement marocain, imposant des amendes, procédant aux perquisitions et autres saisies de biens, et enfin les peines d’emprisonnement affectant des journalistes, démontre que nous assistons à une escalade de mesures punitives prenant des proportions alarmantes et très sérieuses surtout à l’encontre d’une certaine catégorie de journalistes. Il serait d’abord pertinent de souligner que cette politique en réalité s’inscrit dans un registre qui est tout à fait contraire au climat  »d’ouverture », et des avancées que l’état et le gouvernement ne cessent de  »promouvoir » sur les canaux officiels. Cette situation nous oblige à nous poser des questions sérieuses sur cette tournure  »policière » et dramatique vis-à-vis de cette catégorie en particulier, et dans le contexte général de  »réformes » que l’état entend mener et à sa tête la monarchie ne serait-ce que dans ses discours en règle générale.
    La monarchie qui cherche à imposer le principe de la sacralité coûte que coûte dans une course contre la montre, et dans ce contexte de croissance fulgurante que connait la demande de liberté d’expression au Maroc. Les prérogatives du roi faisant la une de la presse, le palais se sent dépassé par les évènements et riposte avec violence.
    L’opposition politique a été réduite à néant . Quel parti ose encore demander et agir pour une vraie réforme constitutionnelle? Les gouvernements dits d’alternance dont l’ossature principale est le PI et l’USFP, après avoir retardé le Maroc de plus de 50 ans lorsqu’ils étaient dans la soi-disant opposition ont perdu la confiance du peuple.
    La réforme constitutionnelle, c’est en substance d’obliger le roi a renoncer à quelques-unes de ses innombrables prérogatives. Et qui peut mener ce combat ? Les politiques, tout le monde sait bien que non. Les militants associatifs ? Ceux qui dérangent sont déjà muselés. Reste la presse « indépendante », qui a ses défauts, mais qui a quand même l’immense mérite de s’opposer frontalement à la monarchie. C’est un combat violent entre le Palais et les vrais journalistes, un combat qui ne se terminera que par KO. Le Pouvoir absolu ne supporte pas une quelconque opposition. Après la gauche et les islamistes, c’est au tour de la presse indépendante de mesurer la puissance d’écrasement du Palais.
    La lune de miel est terminée, la mascarade de la modernité, du roi des pauvres a échoué. Les autorités marocaines cherchent à mettre à genoux à tout prix le pays.
    Au Sahara Occidental, le pouvoir marocain n’a pas eu meilleure chance. L’Intifada est devenue une véritable arme politique dans les mains d’un Front Polisario qui se sent paralysé par un processus de paix onusien qui ne finit jamais. Les responsables marocains pensent que l’arrestation des militants sahraouis des droits de l’homme et l’application de la politique de « tolérance zéro » finiront avec l’Intifada qui vient de souffler sa quatrième bougie.
    Le roi Mohamed VI dans son dernier discours commémoratif de la Marche Verte a déclaré qu’au Maroc « ou on est patriote, ou on est traître ». Cela veut dire que vouloir l’indépendance est une trahison, ce qui fait de la trahison la forme la plus noble de patriotisme au Maroc.
    Mais, apparemment, le pouvoir marocain n’a pas osé faire la même chose avec Aminatou Haidar, lauréate du prix RFK et candidate au Prix Noble de la Paix. Faute de pouvoir l’emprisonner, le Maroc recoure à l’aide de l’Espagne pour déporter la Ghandi sahraouie. L’absence de passeport a empêché sa sortie de l’Espagne, mais pas son entrée malgré que la loi interdit l’accès au territoire espagnol à toute personne sans passeport.
    Les mesures de riposte du régime marocain arrivent au moment où le Maroc vient de perdre une bataille importante dans le dossier du Sahara occidental. Depuis quelques semaines, le front européen favorable à Rabat n’est plus aussi uni que par le passé. Sans surprise, les premiers signes de fissures sont venus du Nord de l’Europe. Fin octobre, la Suède avait réagi à l’arrestation de sept militants sahraouis à l’aéroport de Casablanca. Stockholm avait fait état de ses préoccupations et demandé au gouvernement marocain de la tenir informée sur l’évolution du dossier.
    La Suède qui préside l’UE a irrité les autorités marocaines avec sa défense des droits de l’homme des sahraouis jusqu’au point de demander le départ d’une diplomate suédoise sous des accusations fantaisistes. La guerre menée actuellement par le pouvoir marocain se situe à tous les niveau. A l’intérieur, contre les constantes revendications pour les libertés publiques. Au Sahara Occidental, contre l’indépendantisme sahraoui. A l’étranger, contre l’offensive diplomatique programmée par le Front Polisario lors du récent renforcement du corps diplomatique sahraoui et l’ouverture de nouvelles représentations dans le monde.
  • Sahara Bike Race

    du 26 MARS au 4 AVRIL 2010 
    Une extraordinaire route à velo, parcourant une zone sauvage et captivante du véritable Sahara Occidental..du sable, des dunes, des rochers, des grandes plaines couvertes de fossiles…savourant l’hospitalité du peuple sahraoui et la richesse de sa culture bédouine. Un voyage solidaire pour connaître la complexe vie des sahraouis dans les campements de réfugiés, vivre dans ses haïmas et partager leur culture. 
    Le parcours ira en parallèle au Mur de sable qui mesure plus de deux mille kilomètres et qui sépare les territoires occupés par le Maroc et la zone libérée par le Front POLISARIO.


    Près du mur se trouve le point d’arrivée de ce Raid, Tifariti, lieu de grandes batailles entre les deux armées, et qui finalement est resté sous le contrôle du POLISARIO.
    Le gouvernement Sahraoui est en train de développer certains projets pour faire de Tifariti la capitale du Sahara Libéré. Il a édifié un hôpital et une école, il construit le Parlement et le Quartier de la Solidarité.
    C’est un beau paysage de désert, petites collines, rochers aux formes et aux tailles impressionnantes et un sol couvert de fleurs et de truffes pendant la saison de pluies. Dans le passé, ce fut une savane africaine comme le témoignent les peintures rupestres qu’on trouve dans le Parc Archéologique d’Erqueyez.

    Par deuxième année consécutive, l’Association d’Amis du Peuple Sahraoui de Séville et le Secrétariat d’Etat pour la Jeunesse et le Sport de la RASD organisent cet évènement socio-sportif et solidaire avec l’intention de visibiliser et dénoncer le Mur, construit par le Maroc dans les années 80, qui divise le Sahara Occidental occupé et les Territoires Libérés par le POLISARIO.


    Du 26 mars au 4 avril, les participants du IInd Sahara Bike Race parcouriront une distance de 350 km, en plein désert du Sahara Occidental, qui ira en parallèle au Mur de la Honte. Pendant cette semaine, ils pourront connaître et partager la complexe vie des sahraouis des campements de refugiés, vivre dans leurs haïmas et comprendre la situation de ce peuple qui, malgré les adversités, n’a jamais perdu son espoir et optimisme.
    La caravane de cyclistes partira de Séville dans un vol charter de la compagnie Air Algérie et arrivera aux campements de réfugiés de Tindouf, concrètement à la wilaya de Layounne. Le départ aura lieu dans la nuit du 26 mars 2010, de l’aéroport de Séville, et le retour le 4 avril.
    Le raid, qui partira de la wilaya de Layounne (campements de réfugiés de Tinfouf) pour arriver à Tifariti (Territoires Libérés), se fera par étapes de 30 à 50 km par jour. Au cours de cette semaine, il y aura des visites culturelles, une réception de la part des autorités sahraouies, du temps pour faire des achats au souk de Smara et, à la fin du trajet, en plein coeur du désert, dans la zone libérée, des rencontres avec les bédouins et une visite au Parc Archéologique d’Erqueyez. 

  • RSF & Cartographic Genocide in the Western Sahara

    By Chasli

    For a number of years now, Reporters sans Frontieres (Reporters without Borders) (RSF) has chosen to completely contradict its high ideals by writing the Western Sahara off its on-line maps and including the territory within Morocco. If you visit RSF.com, click on any of the countries on the drop-down menu under Middle East & North Africa (MENA), and scroll down to their MENA map you will find a Morocco that stretches from Gibraltar to Mauritania. The only hint of Western Sahara’s existence can be found if you click on Morocco itself to reveal a red-highlighted greater Morocco with a barely visible line depicting the border with the Western Sahara.

    Weirdly, if you click on any of the other MENA countries, you will find the same MENA map but without the thin line in Morocco.

    This is not a new problem. Alle at Western Sahara Info brought RSF’s inexplicable treatment of the Western Sahara to our attention in 2007, and way back in 2003 this tidbit about RSF’s mapping shenanigans appeared on the ARSO website:

    Following a protest campaign, the « North Africa to Iran » office of Reporters without Borders (RSF – Reporters sans frontières) decided to withdraw a map of Morocco which included Western Sahara. This map which did not conform to international law figured in RSF publications relating to the campaign for Ali Lmrabet. The President of the Spanish office, said that she realised the map used expressed the expansionist claims of Morocco, but wanted to make clear that RSF did not campaign politically about it, as they were trying to save the life of the Moroccan journalist !!!

    Before looking closer at RSF’s mapping problem, a quick review of the Western Sahara’s status is in order. Legally, the territory is categorized by the United Nations as a non-self-governing territory. Claims to sovereignty over the territory by Morocco and Mauritania were rejected by the International Court of Justice in 1975. Diplomatically, no country officially recognizes Moroccan sovereignty over the Western Sahara, even though a couple dozen mostly Arab League countries give lip service to Moroccan sovereignty. Close to 80 countries have at some point recognized the sovereignty of the Sahrawi Arab Democratic Republic (SADR), but current recognitions number around 40 if you believe that de-recognitions are acceptable. Another element in the diplomatic equation is the full membership of the SADR in the African Union.Militarily, Morocco has de facto control of around 75-80% of the land with the SADR controlling the rest.

    On all three counts RSF’s map is totally inaccurate. International law and diplomatic recognition clearly reject any inclusion of the Western Sahara in Morocco; and any depiction of de factooccupation must show the division of the territory between Morocco and the SADR.

    RSF’s complete offing of the Western Sahara raises serious issues.

    RSF is no Moroccan-American Center for Policy, which clearly is paid by Morocco to lie about the Western Sahara. It is a well-respected human rights NGO that cares about international law and does consistently superb work in support of beleaguered journalists around the world. Furthermore, it has been very forceful in its condemnation of Moroccan press freedom abuses. Why then would they choose to ignore international law and use a map that is rejected by just about everybody except Morocco and its agents?

    Then there is the question of consistency and double-standards. RSF on its MENA map unambiguously gives Rabat its greater Morocco, but denies Tel Aviv its greater Israel (The West Bank is clearly not included in Israel). Why has RSF applied different mapping standards to two similar cases of occupation? Alle, once again, has commented on this.

    Whenever I run into something as strange as this RSF thing, I can’t help but wonder about motives. Why in the world would a group as basically outstanding as RSF resort to cartographic genocide by mapping the Western Sahara out of existence. Does it have to do with the fact that they are headquartered in France, which supports without reservation Morocco’s illegal occupation? Is there any French political pressure at play, or maybe corporate financial pressure? Is there anyone on their Board that particularly loves Morocco or hates the Western Sahara? Not being privy to RSF internal politics, I am at a loss to understand their persistent refusal to do the right thing on this issue. All I know is that RSF has been made aware of their mapping problem for years now (and I have recently contacted both their offices in Paris and Washington DC about it), and they stubbornly resist changing their maps.

    If anyone can shed any light on RSF’s behavior, we here at Western Sahara Endgame would love to hear from you. But until they decide to do the right thing and remove the Western Sahara from Morocco on their maps, I urge you to email your objections to:

    Soazig Dollet, North Africa & Middle-East Desk, Reporters without Borders: moyen-orient@rsf.org

    Clothilde Le Coz, Director Reporters without Borders USA: clc@rsf.org

    Jean-François Julliard, Secretary General RSF: rsf@rsf.org

    I went through, it seems, hundred of maps of Morocco and the Western Sahara in putting together this post – many of them quite original if not altogether accurate. In line with their iconoclastic image,Lonely Planet gets the award for Most Bizarre Map. Apparently having missed the part of the ICJ ruling about terra nullius, they clearly separate the two entities, refraining from naming the southern entity, and writing “Western Sahara Desert” overlapping the borderline. For those of you who wonder why so many Moroccans are perpetually constipated over the Western Sahara issue, there’s the Greater Moroccan Map. They just can’t get over being smaller than Algeria and not being able to steal fish from the Senegal River like they do from the Western Saharan waters (actually I was surprised not to find Washington DC on the Greater Moroccan Map given the US’s perpetual genuflecting before the King on the Western Sahara issue; but then I guess I could say the same thing about Israel). The award for Most Conflicted Mapmaker goes to the National Geographic Society. Between their On-Line Atlas , On-Line World Map , and Africa Political Map, they map the area in at least three different ways using a mind-boggling array of borderline, color, and nomenclature gimmicks. Finally, the Most Accurate Map prize goes to MINURSO, the UN Mission in the Western Sahara. I detect a crazy amount of time being spent by a lot of organizations trying to figure out how to map the area. Why not show it as it is and use the MINURSO map that clearly separates Morocco and the Western Sahara and marks the zones of occupation?

  • Carne Ross: A brave woman pays the price for a misinterpreted interview

    By Carne Ross
    Being US Secretary of State requires difficult choices and careful words. There is a balance to be struck between maintaining relations but also principle. Great harm can be done with a few words. One recent episode illustrates the risks.
    In my work on the Western Sahara (my non-profit group advises the Polisario Front who represent the Saharawi people), I have met a very brave and determined woman, Aminatou Haidar, the 42-year old Saharawi human rights campaigner. What she told me about her abuse by the Moroccan forces who occupy the Western Sahara, her country, chilled my blood.
    I was shocked to learn that last week Aminatou was again arrested and later expelled by Morocco. She has endured years of imprisonment and abuse but has continued to speak up for the right of her people to self-determination. Last month she was in the US to receive the Civil Courage Award from the Train Foundation, and she was earlier awarded the Robert F. Kennedy Human Rights Award. She was arrested on her return from the US and is now separated from her children and exiled from her country. 
    The week before Haidar’s arrest, Hillary Clinton visited Morocco. While there, she gave an interview, unreported here in the US, praising Morocco’s human rights record and appearing to endorse the Bush administration’s policy to support Morocco’s plan for the Western Sahara. Morocco has been in illegal occupation of the Western Sahara since invading it in 1975. If implemented, Morocco’s plan would effectively bring Western Sahara under Moroccan sovereignty, a notion rejected outright by the International Court of Justice and never accepted by the US. 
    Ask Aminatou Haidar about Morocco’s occupation and she will tell you that it means continued repression and abuse of the Saharawi people, most of whom were forcibly expelled from the territory in 1975 and have remained in desert refugee camps ever since. This is not just Aminatou’s view. Amnesty International, Human Rights Watch, and even the State Department itself have detailed Morocco’s systematic abuse and denial of rights to the Saharawi people.
    After Secretary Clinton’s interview, Morocco has gone on the offensive against the Saharawis. Morocco’s arrest and expulsion of Haidar, who is the Saharawis’ most prominent and celebrated activist, is clearly meant to intimidate and silence all Saharawis. In addition to her arrest, Morocco has decided to try for treason seven other Saharawi human rights activists. Facing a military court, these six men and one woman now face the death penalty for their « crime » of visiting their compatriots in the refugee camps and demanding their legal right of self-determination.
    I have no doubt that Hillary Clinton would not endorse this flagrant abuse of human rights, on the contrary. The trouble is that it is equally clear that Morocco has taken her words as an implicit permission to enact this repression, even if she in no ways intended it so. Morocco maneuvers with great skill, and it has clearly sensed a political opportunity to close down Saharawi demands for self-determination once and for all. After the Secretary of State’s visit, the King of Morocco gave a speech unprecedented in its hostility against the Saharawis, accusing them of treachery.
    So the US must now respond. It must demand the release of these brave campaigners for their rights. Moreover, the US must address the root cause of Morocco’s abuses – its occupation of someone else’s country, the Western Sahara. The UN envoy is a thoughtful and experienced US diplomat, Christopher Ross. He can only resolve the long-standing dispute over the Western Sahara with robust support from his own government in Washington. This means pressure, at last, on Morocco, to allow a meaningful process of self-determination. 
    If this is done, it may be that a misinterpreted interview may trigger – at last – the long overdue liberation of an oppressed people. Aminatou Haidar would consider her arrest and long years of suffering a price well worth paying for this result.
    Carne Ross is a former diplomat. The non-profit advisory group he heads, Independent Diplomat, amongst others advises the Polisario Front, the representatives of the Saharawi people. 


  • L’IRCAM représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle




    Entretien avec Moha Boudhan

    L’association « Identité amazighe » a rendu public le 4 octobre 2008 un document qui apporte du nouveau dans le paysage politique amazigh. Intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc », le document déplace, pour la première fois dans l’histoire du mouvement amazigh contemporain, la question de l’identité au niveau de la notion de l’Etat et du pouvoir politique en prônant une « réamazighation » de l’Etat.

    Nous avons entretenu, à ce sujet, à Selouan au Nord de Tamazgha occidentale, Moha Boudhan, l’un des membres de cette association et directeur du mensuel amazigh Tawiza. 

    Entretien.

    Tamazgha.fr : Où en est le combat amazigh à Tamazgha occidentale ?M. Boudhan : 

    On peut dire, sans crainte d’erreur, qu’avec la création de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe), le 17 octobre 2001, le combat amazigh, si l’on veut continuer à l’appeler ainsi, a été « intégré » avec succès à la nouvelle « politique berbère » inaugurée par le dit institut, ce qui lui a fait, bien sûr, perdre beaucoup de sa combativité.

    En effet, le pouvoir a magnifiquement réussi à apprivoiser le Mouvement amazigh et à le vider de son contenu politique qui dérangeait énormément le pouvoir arabiste du Maroc, en lui donnant, grâce à l’IRCAM, une orientation « culturaliste » où les revendications amazighes portent sur la culture, la langue, la poésie, les contes, la chanson, le folklore… et non sur le pouvoir politique, qui continue à être arabe sur une terre amazighe sans être contesté par le Mouvement amazigh, avec pour corollaire l’exclusion politique permanente de l’amazighité sur sa propre terre. Ce qui constitue l’essence de la nouvelle « politique berbère » de la « nouvelle ère » au Maroc : vous, Imazighen, « faites » la culture mais ne faites pas la politique réservée aux seuls Arabes.
    L’IRCAM, représentant la nouvelle « politique berbère » du pouvoir, a réussi donc l’apprivoisement et la « culturalisation » la de la cause amazighe, c’est-à-dire sa dépolitisation, en agissant selon les éléments suivant :
    – « Décapiter » les « têtes » du Mouvement amazigh en les nommant comme « élite royale » à l’
    Institut royal de la culture amazighe, avec tous les privilèges matériels et symboliques que procure l’appartenance à une telle « élite royale ».
    – Le renouvellement de cette « élite royale » tous les quatre ans, incite une grande partie de militants amazighs à être « sages » en renonçant à toute revendication politique et on se contentant des revendications « culturalistes » autorisées par la nouvelle « politique berbère », et ce dans le but de ne pas « salir » le dossier du « militant » qui aspire à être recruté un jour comme membre de l’ »élite royale » amazighe.
    – Une grande partie des associations amazighes agissent de la même façon et avec la même « prudence » : paraître « sage » et « modérée » dans le but d’établir des « partenariats » juteux avec l’IRCAM qui n’accepte comme « partenaires », parmi les associations amazighes, que celles qui ont fait preuve de leur conformité à la nouvelle « politique berbère » que supervise l’IRCAM.
    – En outre, cet IRCAM joue le rôle de « courtier » qui marchande les militants et associations amazighs pour les rallier à la nouvelle « politique berbère » en les soudoyant sous couvert d’argent alloué aux « activités » culturelles amazighes et à la « recherche » et en leur miroitant des postes de travail à l’IRCAM et des « partenariats » très lucratifs.
    Tout le danger de l’IRCAM réside dans cette politique « incitative » qui encourage, usant de l’argent, les associations et militants amazighs à adhérer à la nouvelle « politique berbère ». C’est-à-dire « militer » pour tamazight comme le veut le pouvoir arabe et conformément à ses intérêts et non à ceux de tamazight. C’est pourquoi cet institut (IRCAM) représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle visant tamazight, après l’autre grande supercherie du vingtième siècle qui est le mythe dit « Dahir berbère ». Malheureusement cette supercherie (Celle du 21
    ème siècle) n’aurait jamais réussi sans la bénédiction et la collaboration de certains « grands » militants amazighs.
    Un re-décollage du combat amazigh exige donc, comme condition sine qua non, la rupture totale et définitive avec la nouvelle « politique berbère » qui a neutralisé le combat amazigh en le dépolitisant. Il faut revenir à l’essence politique du problème amazigh en posant la question de l’identité, non pas des individus ou des groupes ethniques, mais de l’identité de l’Etat. C’est ce qu’a fait l’association « Identité Amazighe » en publiant le document « Pour un État qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc ».
    Comment expliquez-vous cette facilité de la monarchie à corrompre ceux qui sont censés être l’élite amazighe ?
    Avec la même facilité par laquelle la Monarchie avait réussi à « corrompre » ses irréductibles adversaires des années 70 – 80, appartenant aux partis d’opposition de cette époque, dont certains ont été même condamnés à mort, comme l’ex-premier ministre Abderrahman Youssoufi devenu, depuis sa nomination premier ministre par Hassan II, plus défenseur du Makhzen que le Makhzen lui-même. En effet, ce dernier a pu domestiquer et « makhzéniser » ses anciens ennemis qui remplissaient jadis les prisons, comme Benzekri, Herzni, Salah Elouadi, Serfati… etc. Les moyens de cette domestication facile, c’est, bien sûr, l’argent que ces nouveaux serviteurs de la monarchie, qu’ils combattaient hier, reçoivent à flots en les nommant dans des postes à des millions par mois. C’est là la capacité extraordinaire du makhzen à s’adapter aux situations hostiles et en tirer profit.
    En ce qui concerne l’ »élite amazighe », en plus de l’argent qui coule avec abondance à l’IRCAM, et qui est employé pour corrompre cette élite, il faut reconnaître que la nature « culturaliste » des revendications amazighes depuis « la charte d’Agadir », explique, en partie, cet apprivoisement facile de cette « élite » amazighe. Celle-ci revendiquait l’enseignement de tamazight, son introduction dans les média… C’est ce qu’a fait la monarchie. Donc, pour cette « élite » amazighe, le pouvoir ne les a pas domestiqués, il a, au contraire, répondu à leurs revendications. Voilà le contenu pratique de la politique berbère. Cette politique est un autre moyen qui a fait preuve de son efficacité pour apprivoiser les « militants » amazighs.
    Le document intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc » semble très critique et propose une nouvelle stratégie de « survie ». Est ce que vous pouvez nous éclairer sur ce point ?
    Avant de vous répondre, j’aimerais faire une petite rectification concernant le mot « survie ». Le but du document n’est pas la « survie » de tamazight. Pourquoi ? Parce que la « survie », selon le dictionnaire, c’est le « fait de se maintenir en vie dans un environnement naturel mortifère ». Dans ce cas le « survivant » ne cherche qu’à rester en vie, même marginalisé, humilié, privé de ses droits et sans aucune dignité… La « survie » est donc une « vie moindre », une « vie » qui manque de vie. C’est cette situation de « survie », ou de « vie moindre », que vit l’amazighité actuellement. Elle « survit » mais ne vit pas. Pour continuer à rester en vie, elle est humiliée, marginalisée, privée de ses droits et sa dignité. C’est une survie donc et non pas une vie. Cette situation de « survie » est créée et maintenue par la nouvelle politique berbère que mène l’IRCAM dont le but est justement de faire en sorte que tamazight « survive » tout en l’empêchant de « vivre » pleinement.
    Le nouveau projet que propose notre document, c’est donc redonner la vraie vie à tamazight en la sortant le l’état de « survie » dans laquelle la maintient la nouvelle « politique berbère » du pouvoir arabiste au Maroc.
    Comment faire passer tamazight de la « survie » à une vie vraie et pleine ? Tout simplement, en la faisant passer de la « politique berbère » à une vraie « politique amazighe ». Comment réussir ce passage de la « politique berbère » à la « politique amazighe » ? En revenant au contenu politique, et non culturel, de la question amazighe. En quoi consiste ce contenu politique de la question amazighe ? Il consiste en des revendications, non pas culturelles, mais politiques aspirant à l’exercice du pouvoir par tamazight en tant qu’identité de l’Etat au Maroc.
    La nouveauté du document est qu’il déplace, pour la première fois dans l’histoire du Mouvement amazigh, la question de l’identité du niveau des individus et des groupes ethniques, au niveau de l’Etat et du pouvoir politique. Ce qui fait de cette revendication de « réamazigher » l’Etat une revendication de référence, première et originelle qu’il suffit de satisfaire pour que toutes les autres revendications (comme l’enseignement et la constitutionnalisation de tamazight par exemple) soient toutes réalisées automatiquement parce qu’elles sont incluses dans la grande revendication de référence, la première et l’originelle qui concerne l’identité de l’Etat. Nous sommes partis du constat selon lequel l’identité, partout dans le monde, se définit essentiellement par le territoire et non pas par la race et l’appartenance ethnique. Ainsi, lorsque je dis que je suis d’identité amazighe, cela ne veut nullement dire que je porte des « gènes » amazighs, que personne d’ailleurs ne peut prouver. Cela veut dire simplement que j’appartiens à la terre amazighe du Maroc. Mon identité est donc amazighe, suivant l’identité de la terre, où je vis comme y ont vécu mes aïeuls, même si mes origines raciales ne sont pas vraiment amazighes. Cette identité territoriale est représentée dans chaque pays par l’identité de l’Etat de ce pays de qui tire cet Etat son identité. Ceci est valable pour tous les pays et les Etats du monde, sauf en cas de colonisation d’un pays par une puissance étrangère, où ce pays est gouverné par un Etat dont l’identité est différente de l’identité du pays qu’il colonise.
    Ici au Maroc, le pays est amazigh. Il n’a jamais été un territoire arabe. Mais le problème c’est qu’il est gouverné par un Etat qui se réclame de l’identité arabe. Ce qui est une anomalie qu’il faut corriger en réinstaurant l’identité amazighe de l’Etat conformément à l’identité du pays qui est amazighe. Cette identité amazighe de l’Etat n’a jamais fait partie des revendications amazighes. On revendique toujours l’enseignement de tamazight, sa constitutionnalisation, une télévision amazighe, son emploi dans l’administration et les tribunaux, etc.… A supposer que toutes ces revendications sont exaucées, pourtant cela ne change rien à l’identité arabe de l’Etat au Maroc, ce qui signifie que l’exclusion politique – et non culturelle et linguistique – de tamazight se poursuit.
    En plus, ces revendications, parce qu’elles sont culturelles, linguistique et ethniques, font paraître Imazighen comme une minorité ethnique qui revendique la reconnaissance des ses droits culturels et linguistiques en tant que groupe ethnique ayant des droits spécifiques. Voilà ce qui met à l’aise le pouvoir arabiste au Maroc : si Imazighen sont une minorité, c’est par rapport à une majorité « arabe » que cette minorité amazighe sollicite de reconnaître ses droits en tant que minorité ethnique. Donc, ce sont ces revendications culturelles, linguistiques et ethniques du Mouvement amazigh qui consolident l’identité arabe au Maroc en tant qu’identité de la « majorité » et affaiblit du même coup, Imazighen en en faisant une petite minorité.
    Voilà pourquoi le pouvoir arabiste ne trouve pas d’inconvénient à répondre à ces revendications culturelles amazighes puisqu’elles ne constituent aucun danger sur le pouvoir politique qui reste exercée au nom de l’identité arabe. Ainsi est le contenu même de la nouvelle « politiques berbère » : Le pouvoir politique continue d’être accaparé par les arabistes et exercé au nom de l’appartenance arabe que représente l’Etat arabe du Maroc tout en feignant de reconnaître à la « minorité » amazighe ses droits ethniques et culturels. Voilà où mène ce type de revendications que le Mouvement amazigh arbore depuis les années soixante-dix du siècle dernier.
    Il faut donc revenir à la question de l’identité de l’Etat qui doit être une identité amazighe. Voilà, en gros, le contenu du document. Le pouvoir politique doit redevenir amazigh, c’est-à-dire être exercé au nom de l’identité amazighe qui est l’identité de la terre amazighe où s’exerce ce pouvoir. Cela ne veut pas dire que les responsables politiques qui exercent le pouvoir doivent être racialement amazighs, non, cela veut dire simplement qu’ils doivent exercer leur pouvoir au nom de l’indenté amazighe représentée par l’Etat amazigh.
    Lorsque l’Etat redevient amazigh, suivant la terre amazighe, l’amazighité recouvre sa « vie » et abandonne la « survie » dans laquelle l’ont mises les revendications qui font d’elle l’identité d’une « minorité » alors que la terre amazighe est toujours amazighe dans sa totalité.
    Qu’est-ce qui distingue votre initiative de toutes les autres qu’a connu le mouvement amazigh (partis, CNC, Tada …)
    La différence est de taille. Tous les autres projets et initiatives (Charte d’Agadir, Le manifeste amazigh, Partis, CNC, Tada, Autonomies régionales…) n’ont jamais revendiqué la « réamazighation » de l’Etat, de sorte qu’il redevienne un Etat amazigh, où le pouvoir est amazigh, c’est-à-dire exercé au nom de l’identité amazighe en conformité avec l’identité de la terre amazighe du Maroc. Cette revendication identitaire portant sur l’identité de l’Etat et du pouvoir politique, et non sur l’identité des individus et des groupes ethniques, est quelque chose de totalement nouveau dans l’histoire du MA qui n’a jamais demandé, dans ses communications et ses documents, à ce que l’Etat marocain soit un Etat amazigh. Voilà ce qui distingue notre initiative de toutes les autres.
    Que pensez-vous de l’initiative du groupe de militants qui avaient rendu publique une déclaration dans laquelle ils font savoir qu’ils vont donner naissance à une structure politique ?
    Je ne pense que du bien. Ce n’est pour le moment qu’un projet de rencontre pour débattre de la nature de cette structure. Nous, nous sommes déjà invités à participer à cette rencontre. Nous comptons défendre notre point de vue lié à la problématique de l’identité de l’Etat qui doit être un Etat amazigh parce qu’il gouverne un pays amazigh. Nous espérons que cette structure politique, quelque en soit la forme, aura des objectifs orientés vers le combat pour la reconstruction d’un Etat amazigh comme nous l’affirmons dans notre document.
    Revenons au Mouvement amazigh, nous constatons qu’aucune de ses revendications n’avait été satisfaite après plusieurs décennies de combat. Devrons-nous, désormais, faire du combat pour la souveraineté l’un de nos buts stratégiques ?
    Je ne partage pas l’idée selon laquelle « aucune des revendications du MCA n’avait été satisfaite après plusieurs décennies du combat ». Le pouvoir arabiste a su, comme je l’ai expliqué auparavant, répondre à certaines revendications culturelles et linguistiques amazighes. Par exemple on ne peut pas nier la décision de l’Etat d’introduire tamazight à la télévision, d’enseigner tamazight avec son alphabet tifinagh, même si cet enseignement connaît beaucoup de problèmes. Ces accomplissements au profit de tamazight les revendiquaient le MA depuis la charte d’Agadir (1992) et ne se sont réalisées qu’à partir de la création de l’IRCAM.
    Donc la question est de savoir si des revendications amazighes ont été satisfaites ou non. La question c’est dans quel sens le pouvoir a répondu à ces revendications. Dans le sens de la nouvelle « politique berbère » qui traite Imazighen comme une « minorité » revendiquant la reconnaissance de leurs doits spécifiques. Le paradoxe, c’est que cette situation de minorité est entérinée par les revendications amazighes qui corroborent cette situation qui ne menace en aucun cas le pouvoir arabiste puisque ces revendications ne contestent pas ce pouvoir et n’aspirent pas à le remplacer par un pouvoir amazigh, c’est-à-dire exercé au non de l’identité amazighe de la terre amazighe du Maroc. Quand le pouvoir sera exercé au nom de l’amazighité, cela signifie effectivement que celle-ci a recouvré sa pleine souveraineté, ce qui veut dire la fin de la « politique berbère » d’origine étrangère comme le mot « berbère », et le début de la « politique amazighe » qui est une politique nationale exercée par imazighen eux-mêmes, comme le mot « amazigh » qui est d’origine proprement amazighe et interne, contrairement au vocable « berbère » venu de l’extérieur.
    Le recouvrement de la souveraineté amazighe est inséparable du recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat. Voilà sur quoi doivent porter les revendications amazighes pour sortir de la « politique berbère » d’origine étrangère.
    Quel accueil le Mouvement amazigh a réservé à votre document ?
    Un accueil mitigé sans grand enthousiasme chez les associations amazighes. Cette attitude s’explique par plusieurs raisons :
    – Premièrement, le document est encore nouveau. Or les idées nouvelles requièrent plus de temps pour qu’elles se répandent et soient comprises et assimilées.
    – Certains militants et associations amazighs se cramponnent de façon tellement forte à leurs positions vis-à-vis de l’amazighité qu’ils ne peuvent y renoncer, les dépasser, les faire évoluer ou les remplacer par d’autres positions plus novatrices et plus utiles à l’amazighité. Parce qu’ils considèrent ces positions comme leur « capital » personnel qu’ils doivent protéger, préserver et « fructifier » en organisant des colloques et des activités autour de ce « capital », dont certains exemples sont : « la charte d’Agadir », « le manifeste amazigh », « les peuples autochtones », « l’autonomie des régions amazighes », « la laïcité », « le parti amazigh »… Ces questions qui portent sur des sujets partiels, sectoriels et secondaires constituent une vraie entrave à la position de la question générale, globale et fondamentale de l’exclusion politique de l’amazighité, qui est la question de l’identité de l’Etat au Maroc. En effet, le recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat au Maroc entraîne et implique une solution immédiate à toutes ces petites questions « sectorielles » et partielles.
    – Beaucoup de militants et associations amazighs surtout, ne veulent pas « salir leur dossier » vis-à-vis du temple IRCAM en adoptant une nouvelle conception de l’identité qui est l’opposé direct de la nouvelle « politique berbère » que dirige l’IRCAM.
    Ce qui explique que les militants indépendants ont accueilli favorablement le document duquel ils s’inspirent et auquel ils se réfèrent dans leurs écrits publiés dans des journaux ou sur Internet. Dans ces écrits, un nouveau débat sur l’identité commence à s’installer où l’élément « terre » est central dans ce débat et où le politique, lié à l’Etat et l’exercice du pouvoir ; prend la place du culturel et du linguistique.
    Nous sommes optimistes et confiants dans l’avenir. Parce que nous croyons que le mensonge ne peut pas continuer à tromper toujours les gens, sinon il n’y aurait jamais de science et de vérités. À un moment ou un autre, la vérité finit toujours par éclater au grand jour. Il viendra donc un jour où le Mouvement amazigh fera de la « réamazighation » de l’Etat sa principale revendication parce qu’il aura pris conscience que c’est par la satisfaction de celle-ci que toutes les autres revendications seront automatiquement satisfaites.
    Propos recueillis par :
    Lhoussain Azergui. Sur Tamazgha