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  • Sahara Occidental : Le Maroc veut imposer des limites à la mission de la MINURSO

    En date du 3 septembre 2014, l’Ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilal, a organisé une rencontre avec Mme Susana Malcorra, Chef de Cabinet du Secrétaire Général et Kim Bolduc.
    La réunion tient à un mois de la désignation de Mme Bolduc le 31 juillet 2014 Représentant Spécial du Secrétaire Général pour le Sahara Occidental et cheffe de la MINURSO. Celle-ci est restée bloquée à New York, le Maroc lui refusant l’entrée au Sahara Occidental pour entamer sa mission.
    L’objectif de cette rencontre était de dicter les conditions du Maroc sur le mandat de la MINURSO suite à la décision, un an auparavant, des Etats-Unis de proposer l’élargissement de son mandat au monitoring des droits de l’homme, à l’instar des autres missions de paix onusiennes.
    Le blocage marocain vise à imposer des conditions concernant le travail, le mandat et les prérogatives de la MINURSO surtout en ce qui concerne l’implication dans la question du respect des droits de l’homme au Sahara Occidental. Les propos de l’ambassadeur Hilale à ce sujet sont claires : » Mme Bolduc ne doit pas compliquer sa mission en essayant de s’ingérer dans les questions des droits de l’Homme qui ne relèvent pas de son mandat. Sinon, elle risque de se heurter à des problèmes et des difficultés qui vont compromettre sa mission. Elle n’aura aucune excuse de surprise en cas de ferme réaction des autorités marocaines », a-t-il dit.
    « »Le Maroc est prêt à travailler, la main dans la main, avec Mme Bolduc et développer un partenariat fructueux avec elle pour la mise en oeuvre du mandat de la MINURSO, qui se limite strictement à la surveillance du cessez-le-feu, au déminage et à l’assistance logistique aux mesures de confiance », a-t-il ajouté dans le but de limiter le mandat de la MINURSO.
    Il insiste pour que la question des droits de l’homme reste dans les mains du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme (HCDH) où Anders Kompass, Directeur des opérations et de la coopération technique veille à ce que les rapports de cette instance soient favorables au Maroc et où le soutien de Mme Navi Pillat a été acheté moyennant le versement annuel d’un million de dollars comme contribution au budget du HCDH. » La MINURSO n’a ni vocation, ni mandat pour s’occuper des questions des droits de l’Homme, que le Maroc traite avec le HCDH à Genève, dans le cadre d’un partenariat confiant et engagé », afirme-t-il.
    » Mme Bolduc doit s’engager à respecter le mandat de la MINURSO. C’est à cette condition qu’elle bénéficiera de l’appui et de la coopération des autorités marocaines », dit-il délattant la peur marocaine de voir la MINURSO surveiller les droits de l’homme ou menant des contacts avec la population civile sahraouie.
  • Sahara Occidental : Soulèvement contre la politique d’appauvrissement marocaine

    Les confrontations continuent dans les rues de la ville d’El Aaiun suite à l’intervention brutale des forces de répression du Maroc contre un groupe de chômeurs qui avait organisé le 24 mars un sit-in à l’intérieur d’un bus de la société Phosboucraa pour protester contre la marginalisation de la population dans la politique d’embauche des autorités d’occupation.
    Devenue une pratique habituelle du Maroc pour mettre à genou les contestataires de sa politique de répression et dilapidation des biens publics, Rabat prône la même politique d’appauvrissement contre la population sahraouie en vue de la soumettre à sa volonté.
    Ainsi, de nombreuses familles ont été privées de la subvention de l’Etat appelée Inaach, seule ressource de vie pour de nombreuses menages sahraouis.
  • Le travail de coulisse de la délégation marocaine à New York

    La diplomatie marocaine a toujours recours au trafic d’influence pour plaider ses thèses concernant le sahara Occidental.
    Elle a notamment recours à ces pratiques en anticipation de la présentation du rapport du secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité.
    Dans cet exemple, l’Ambassadeur de la Mission permanente du Maroc auprés des Nations Unies, Mohammed Loulichki, a approché sucessivement Miguel De Serpa Soares, conseiller juridique des Nations Unies et Mme Susana Malcorra, Cheffe de cabinet du Secrétaire Général.
    Le choix de ces deux fonctionnaires de l’ONU n’est pas fortuit du fait qu’ils contribuaient directement dans la rédaction du rapport de l’ancien secrétaire Général, Monsieur Ban Ki Moon. Cette approche est précédée d’un déjeuner de travail afin d’établir un canal de communication.
    La démarche du diplomate marocain est clair à savoir, influer ces derniers pour les amener à insérer des passages favorables au maroc dans le rapport du secrétaire général de l’ONU.
  • Le Raz- le-bol britannique de la position contreproductif du Maroc.

    Voci un extrait d’un compte-rendu d’une rencontre du Ministre délégué, Youcef Amrani avec l’Ambasadeur du Royaume Uni, reflétant le raz le bol des britanniques de la position contre productive du Maroc:
    • – « il y avait des divergences entre le Maroc et le Royaume Uni, mais également des positions qui se rejoignent, notamment en ce qui concerne le caractère intenable du statu quo ».
    • – « dans le court terme il y aura une situation difficile à gérer. Nous comprenons la décision du Maroc de dire « enough is enough » », cependant, a-t-il ajouté, « à l’exception de la France, la décision inattendue et soudaine du Maroc a engendré beaucoup d’incompréhension, y compris au niveau du Groupe des Amis (GOF) et du Secrétaire Général ».
    • « l’approche conflictuelle décidée par le Maroc est dans l’ensemble considérée comme étant dure et contreproductive. Il a également noté « qu’il est difficile de distinguer le SG et le Conseil de Sécurité de cette défiance concernant C. Ross ».
    • L’Ambassadeur Tim Morris a qualifié « d’horrible (« awful ») l’aide-mémoire justifiant la décision du Royaume de retirer sa confiance à C. Ross ».
    • « le Royaume Uni ne pouvait pas soutenir un tel document dans la mesure où il ne partage pas certains des arguments avancés, et que ledit document révèle par ailleurs une démarche scientifique défaillante ».
    • « la situation sera difficile pour le Maroc sur le court terme et ce pour plusieurs raisons », en prenant soin de préciser : « « mais vous vous êtes mis dans cette situation tout seul, vous devrez donc traverser cette période difficile » ».
    • Il a ensuite affirmé « Que les choses soient claires, nous allons soutenir le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyé Personnel quoi qu’il fasse. Nous ne voulons surtout pas donner l’illusion que nous sommes d’accord ».
    • Au sujet de la Minurso, …. « le Royaume Uni considérait qu’il devait y avoir une certaine flexibilité dans la mise en œuvre du mandat de la Minurso, notamment en ce qui concerne l’accès de la mission onusienne aux personnes résidant sur ce territoire.
    • Il a ensuite déclaré « soutenir tous les rounds informels de l’Envoyé Personnel du SG, tout en « comprenant que cela devait mener quelque part ». Il a en outre précisé que « le Royaume Uni compte favoriser une approche équilibrée, « si vous êtes dans le jury, vous ne pouvez pas prendre partie ».
  • Sahara Occidental : La France au Conseil de Sécurité (II)

    Le 10 octobre 2014, Tudor Alexis, Conseiller Politique à l’Ambassade de France à Rabat demande un entretien avec Azzedine Farhane, responsable de la Direction des Nations Unies et des Organisations Internationales au ministère marocain des affaires étrangères dans un contexte caractérisé par :
    – le conflit entre le Maroc et le Secrétaire Général
    – Nouvelle décision de retirer la confiance à l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occident, M. Christopher Ross.
    – Refus d’autoriser Mme Kim Bolduc, cheffe de la MINURSO de se rendre au Sahara Occidental pour accomplir sa mission après le départ de l’allemand Wolfgang-Weber.
    Le diplomate français souhaite s’enquérir de la position du Maroc à la veille de la réunion du Conseil de Sécurité du 27 octobre 2014.
    1. Selon la note marocaine du 10 octobre 2014, « 1) Paris souhaite avoir des informations sur les consultations entre le Maroc et les Nations Unies au sujet du processus de négociations, ainsi que la prise de fonctions de Mme Kim Bolduc, Représentante spéciale du Secrétaire Général pour le Sahara; 2)Paris s’interroge sur la position du Maroc, en l’absence d’informations sur l’état actuel des relations entre le Maroc et les Nations Unies, et en perspective du briefing de M. Chris Ross, Envoyé Personnel du Secrétaire Général, devant le Conseil de sécurité, prévu le 27 octobre 2014; 3) Paris souhaite qu’une solution soit trouvée à cette situation ».
    Selon la même note, apès avoir exposé ses explications au diplomate français, le responsable marocain a saisi l’occasion « pour souhaiter que la France puisse défendre, comme elle l’a toujours fait, la position du Maroc sur la base de ce qui précède, en prévision du briefing du 27 octobre prochain au Conseil de sécurité ».
  • Nouveau dérapage français

    par Abdelkrim Zerzouri
    Paris fait grincer des dents au Sahara occidental et à Alger, où l’on considère la position de la France exprimée dans une note aux parlementaires européens sur l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) au sujet de l’accord commercial UE-Maroc comme un mépris pour la légalité internationale. On devait forcément s’y attendre, les soutiens du ‘Makhzen’ commencent à faire leur lecture élastique et aléatoire de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) au sujet de l’accord commercial UE-Maroc. 
    La décision de la justice européenne qui a, malgré son style fleuve d’anthropologie historico-judiciaire, clairement établi le caractère distinct et séparé garanti au territoire du Sahara occidental conformément au droit international, vient d’être dénaturée par la France qui estime dans une note, envoyée lundi aux parlementaires européens, que la décision de la CJUE ouvre une «période d’insécurité juridique qui pourrait être très préjudiciable aux opérateurs économiques». Il n’en fallait pas plus pour faire réagir Alger qui, par le biais de son ambassadeur à Bruxelles, dénonce des calculs politiciens auxquels s’adonnent, en particulier, un pays membre permanent du Conseil de sécurité (France) et certains cercles au sein de la Commission européenne pour contourner le droit international et sceller le sort du Sahara occidental dans le sens illicite voulu par le Maroc. 
    L’Algérie affiche également sa désapprobation à l’égard de l’UE, jugeant que sa compromission dans cette cabale contre le peuple sahraoui menace le droit international et la promotion de la paix. Le représentant du Front Polisario en France a qualifié pour sa part la position de la France vis-à-vis de la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’accord commercial UE-Maroc de «nouveau dérapage» qui s’aligne sur les thèses expansionnistes du Maroc. Non sans relever la gravité de la situation qui peut déboucher sur une reprise des sentiers de la guerre par les Sahraouis. Estimant que le soutien apporté par la France au Maroc dans son mépris pour l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’UE est un choix qui peut encourager à commettre l’irréparable, avec toutes les conséquences qui en découleraient sur le plan de la stabilité de toute la région. 
    Mais, cela ne semble guère freiner l’activisme du roi et de ses alliés européens et africains, puisqu’il s’en est fait des amis en Afrique, où il mène également une grande offensive diplomatique qui joue sur la fibre sensible de l’économique, avant et après sa réintégration au sein l’UA, pour contrer les efforts onusiens de règlement du dossier du Sahara occidental dans le cadre de la légalité internationale. Le roi Mohamed VI veut isoler le Sahara occidental et ses alliés sur la scène internationale, faisant une priorité de ce dossier dans sa politique extérieure. Et il n’a pas fini d’accélérer le remodelage de l’opinion internationale autour de cette question de décolonisation, l’une des toutes dernières au monde (avec la Palestine), qu’il veut assimiler à un «état de fait». Quitte à mettre le feu aux poudres ? 
    Une folie que de s’aventurer sur ce sentier. Enfin, l’avenir proche le dira. En tout cas, déjà le bruit de bottes crisse sur les sables de cette vaste contrée désertique et prépare, au côté du flanc sahélien, infesté, un autre espace d’appui aux activités des groupes terroristes.
  • Comment un lanceur d’alertes a signé l’arrêt de mort de la diplomatie marocaine

    Le décès, en 1999, du roi Hassan II a marqué une nouvelle ère au Maroc et avec elle le départ de la génération d’un roi qui a mené le Maroc avec une main de fer, mais qui connaissait les limites de la diplomatie et ses règles.
    Le nouveau roi est plutôt connu par son tempérament imprévisible et son mépris pòur l’art de la diplomatie. Entouré par ses amis d’enfance auxquels il a confié le pouvoir, ces derniers n’hésitent pas à suivre la ligne de conduite dicté par leur roi.
    La génération de sages mise à l’écart, ils furent remplacés par des jeunes agressifs qui n’ont aucun lien avec le métier diplomatique. Leur choix étant basé sur le clientélisme, l’allégeance et le mépris du mérite, leurs bourdes ne se comptent plus, en particulier dans le dossier du Sahara Occidental où l’obsession de Mohammed VI à s’approprier les richesses de ce territoire a fait basculer la diplomatie marocaine vers une descente aux enfers sans précédents au point d’atteindre un niveau de dégringolade similaire à celui d’une république bananière de troisième ordre.
    Les conséquences de l’aveuglement de la nouvelle clic de Rabat sont devenus visibles : Rupture impulsive des relations diplomatiques avec de nombreux pays, l’enfermement sur soi comptant sur le soutien de ses alliés traditionnels, le Maroc est devenu un vassal qui dépend de ses maîtres du Golfe, la politique de l’autruche par rapport au contentieux du Sahara Occidental, des rapports quasi inexistants avec les voisins mauritaniens et algériens, tension avec l’Union européenne et enfin un grossier conflit avec les responsables des Nations Unies et son Secrétaire Général, Ban Ki-Moon.
  • Communique du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur la situation au Sahara occidental

    Source : CPS
    Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 668ème réunion tenue le 20 mars 2017, a adopté la décision qui suit sur la situation au Sahara occidental:
    Le Conseil,
    1.    Prend note du rapport du Président de la Commission sur la situation au Sahara occidental [PSC/PR/2 (CDXCVI)], ainsi que de la mise à jour faite par le Représentant spécial de l’UA pour le Sahara occidental, l’Ambassadeur Tadesse Yilma. Le Conseil prend également note de la déclaration faite par la délégation de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) conduite par Son Excellence Mohamed Salem Ould Salek, Ministre des Affaires étrangères, ainsi que de celle faite par les Nations unies;
    2.    Rappelle la décision EX.CL/DEC.758 (XXII) adoptée par la vingt-deuxième Session ordinaire du Conseil exécutif tenue à Addis Abéba, les 24 et 25 janvier 2013, demandant à la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour organiser un referendum pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux décisions pertinentes de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et des Nations unies, ainsi que la décision EX.CL/DEC.773(XXIII) adoptée par la 23ème Session ordinaire du Conseil exécutif tenue à Addis Abéba du 19 au 23 mai 2013, réitérant les décisions et prises de position antérieures de l’OUA/UA sur la situation au Sahara occidental et demandant au Président de la Commission de poursuivre ses efforts, y compris davantage de consultations avec les Nations unies et les autres parties prenantes internationales concernées;
    3.    Rappelle en outre la décision Assembly/AU/Dec.559(XXIV) adoptée par la 24ème  Session ordinaire de la Conférence de l’Union, tenue à Addis Abéba, les 30 et 31 janvier 2015, réitérant les appels du Conseil de sécurité des Nations unies aux Parties à continuer des négociations sans conditions préalables et en bonne foi, exprimant le plein appui de l’UA aux efforts de l’Envoyé personnel des Nations unies, saluant les mesures prises par  la Présidente de la Commission pour assurer le suivi de la décision pertinente du Conseil exécutif et lui demandant de poursuivre ses efforts, afin de mobiliser l’appui nécessaire au processus sous conduite des Nations unies;
    4.    Rappelle également la décision Assembly/AU/629 (XXVIII) adoptée par la 28ème Session ordinaire des chefs d’État et de Gouvernement tenue à Addis Abéba, les 30 et 31 janvier 2017, dans laquelle la Conférence a noté avec une profonde préoccupation l’impasse actuelle dans le processus de paix au Sahara occidental, a souligné la nécessité urgente de redoubler d’efforts pour faciliter le règlement rapide du conflit, et a réitéré son appel à l’Assemblée générale des Nations unies pour qu’elle détermine une date pour la tenue du referendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental et assure la préservation de l’intégrité du Sahara occidental, en tant que territoire non autonome de tout acte susceptible de la compromettre. Le Conseil souligne d’autres dispositions pertinentes de la décision de la Conférence relatives à l’exhortation du Conseil de sécurité des Nations unies à assumer pleinement ses responsabilités pour que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) puisse de nouveau exercer ses fonctions, ce qui est indispensable pour la supervision du cessez-le-feu et à l’organisation du référendum au Sahara occidental , ainsi qu’ à trouver des réponses aux questions du respect des droits de l’homme et de l’exploration et de l’exploitation illégales des ressources naturelles du territoire, en particulier dans le cadre de l’important arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, le 21 décembre 2016, sur l’Accord entre l’UE et le Maroc signé en 2012 sur la libéralisation mutuelle des échanges de produits agricoles et de la pêche.
    5.    Rappelle ses décisions antérieures sur la situation au Sahara occidental, à savoir le Communiqué PSC/PR/COMM/.1 (CDXCVI) du 27 mars 2015 (496ème réunion), Communiqué de presse PSC/PR/COMM.2 (DII) du 30 avril 2015 (503ème réunion) et le Communiqué PSC/PR/COMM (DLXXXVIII) du 6 avril 2016 (588ème), ainsi que son Communiqué PSC/PR/COMM (DCXVII) du 12 août 2016 (617ème). Rappelle également le Communiqué PSC/AHG/COMM.4 (DXLVII) adopté lors de la 547ème réunion du Conseil tenue le 26 septembre 2015, à New York, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, dans lequel il a exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à assumer pleinement ses responsabilités et à prendre toutes les mesures nécessaires pour régler rapidement le conflit du Sahara occidental et trouver une réponse efficace aux questions liées au respect des droits de l’homme et à l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire;
  • Le Maroc sans gouvernement ? Le FMI assure le job jusqu’en 2021

    par Salaheddine Lemaizi
    Dans la lutte des places, en cours, pour la formation du prochain gouvernement marocain, la politique économique du pays pour les cinq prochaines années semble décidée d’avance par le FMI. A ATTAC Maroc, nous refusons cette servitude économique volontaire.
    Le Maroc est sans gouvernement depuis plus de cinq mois. Les tractations pour la formation du prochain exécutif sont au point mort. Le Parti justice et développement (PJD) [Islamiste, pro-monarchie], est sorti vainqueur des élections législatives du 7 octobre 2016. Depuis ce jour-là, ce parti fait face à un chantage de la part de partis affiliés au Makhzen |1|. Pendant que les négociations s’enlisent, un acteur habitué aux situations de crise politique s’immisce dans la gestion économique du pays. Le Fonds monétaire international (FMI) s’offre un boulevard pour « accélérer le rythme des réformes structurelles ».
    Aidé par un ministre des Finances par intérim |2| aligné sur les positions du FMI et de la Banque mondiale et un directeur de la Banque centrale, artisan de l’ajustement structurel permanent au Maroc depuis trois décennies |3|, ainsi que par la haute technocratie du département des Finances, le FMI obtient gain de cause sur quasiment toutes ses demandes. Ainsi tout le processus de démocratie électorale se trouve vidé de son sens. Avant d’analyser le contenu de ce programme, deux remarques s’imposent sur le manque de transparence du Maroc et la nature anti-démocratique du FMI.
    Sur l’absence de transparence gouvernementale
    À travers le suivi de la relation FMI-Maroc depuis quatre ans par ATTAC Maroc |4|, nous ne pouvons qu’être scandalisés par le manque de transparence des autorités marocaines sur ce dossier. Au moment de la signature de la première Ligne de précaution et de liquidité (LPL) en juillet 2012, les représentants de l’État marocain ont nié s’être engagés sur des réformes précises. Or, ils seront démentis par leur partenaire, le FMI. L’institution financière publiait la lettre d’intention signée par le ministre des Finances marocain et le directeur de la banque centrale, mentionnant des engagements chiffrés sur quatre ans |5|.
    Précisons que le LPL n’est pas un prêt mais simplement « une assurance contre les chocs externes » destinée aux pays « dont l’économie est foncièrement solide et qui ont fait leurs preuves en appliquant une politique économique avisée, mais qui restent exposés à certains facteurs de vulnérabilité », selon le FMI. Ce que ne dit pas cette institution c’est que cette assurance comprend deux niveaux de conditionnalités et a couté aux contribuables 540 millions de DH (dirham marocain) en quatre ans |6|, sans que le Maroc ne reçoive un seul dirham.
    Dans un pays qui respecte ses citoyens et leur intelligence, le minimum aurait été de publier ces informations sur les sites officiels marocains, accompagné d’une traduction de ce document vers l’arabe, langue officielle du pays. Au lieu de cela, l’État marocain préfère la stratégie de l’autruche.
    De l’anti-démocratique FMI
    Il ne faut pas se leurrer non plus sur la nature du FMI. Cette institution est le contraire d’une institution démocratique. « Le FMI s’est vu adjoindre un mode de fonctionnement proche de celui d’une entreprise » |7|, décrivent Damien Millet et Éric Toussaint. Entre les État-actionnaires du FMI les rapports de force sont fortement déséquilibrés. Les États-Unis disposent, à eux seuls, de près de 17 % des droits de vote au sein du Conseil d’administration du FMI, contrôlant de facto cette institution et ses choix. Ce pouvoir est démesuré si on le compare à celui des Pays en voie de développement dont les droits de vote sont ridiculement réduits eu égard à la taille des populations qu’ils représentent (voir graphique ci-dessous). Les réformes apportées à cette répartition des votes n’ont pas changé l’ADN anti-démocratique du FMI.
     
    Durant l’apartheid en Afrique du Sud, le FMI a fait affaire avec ce régime raciste. « En 1970-1971, l’Afrique du Sud, que le FMI a jugé tout à fait fréquentable en dépit des violations continues des droits de l’homme, lui a vendu de grosses quantités d’or », rappellent Millet et Toussaint |8|. Plus récemment, le FMI et ses alter egos, la Commission européenne et la Banque centrale, n’ont pas dissimulé leur mépris pour le choix démocratique du peuple grec lors du référendum de juillet 2015 |9|.
    De l’illégitimité de la Ligne de précaution et liquidité
    Nous sommes en juillet 2016, le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane (PJD) joue les arrêts de jeu. Pourtant, cet exécutif demande de renouveler pour une troisième fois en quatre ans, la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour un montant de 3,47 milliards de dollars. Ce gouvernement ne tient pas sa promesse |10|, celle de ne pas renouveler cette LPL. Le ministre des Finances marocain déclarait en octobre 2016 : « Les conditions qui ont amené le Maroc à recourir en 2012 à la première LPL ne sont plus d’actualité. Et l’opportunité de recourir à une 3e LPL se justifie de moins en moins » |11|. Amnésique, le ministre des Finances défendra cette nouvelle LPL en avançant ses arguments bricolés : « rassurer les investisseurs internationaux, disposer d’une assurance face aux chocs exogènes… ». Le gouvernement n’est pas à une contradiction près.
    Le package de « réformes » prévu par cette nouvelle LPL conduira le pays pour les quatre prochaines années à poursuivre la politique d’austérité initiée dans son premier mandat |12|. Ce programme et cette LPL n’ont aucune légitimité démocratique, car signés par un gouvernement sortant, aux dernières semaines de son mandat.
    De l’austérité pour cinq ans
    Les engagements du gouvernement sortant dans le cadre de la LPL réduisent à néant tout espoir d’une relance économique. « Les objectifs énoncés pour 2020-2021 dans la dernière note du FMI donnent une idée assez précise des objectifs gouvernementaux pour les cinq prochaines années », explique, l’économiste Zouhair Ait Benhamou |13|. Pour ce dernier, les choix macro-économique sont déjà faits jusqu’en 2021.
    D’ici 2021, le Maroc devrait réduire son déficit budgétaire à 2,4 %. Un engagement dangereux pour la population et l’économie du pays. Une cible qui devrait s’accompagner de nouvelles réductions budgétaires (baisse de la dépense publique et du recrutement dans la fonction publique). Le FMI s’acharne à exiger une réduction du déficit depuis 2012. Ce qu’il a obtenu -essentiellement- grâce à la baisse de la facture énergétique du pays. Le déficit public est passé de 7,3 % en 2012 à 3,9 % en 2016. Rappelons que l’objectif de départ pour 2016, était un déficit de 3 % dès 2016.
    Comme l’indique le graphique ci-dessus, le rôle essentiel du gouvernement sortant a été le retour aux sacro-saints « équilibres macro-économiques » chers au FMI, au détriment de la « croissance » |14| et aux efforts dans les secteurs. Ceci est le constat amer du très officiel Haut-commissariat au Plan (HCP). Dans son document intitulé : « Budget Économique Exploratoire 2017 » |15|, on pouvait lire cet aveu d’échec : 
    « La recherche de la stabilité macroéconomique dans un contexte de croissance économique faible et d’un contenu en opportunités d’emploi ne répondant pas aux aspirations de la population, suscite des interrogations sur la pertinence d’un tel modèle dans le contexte d’une transition démographique accélérée ». 
    Le deuxième engagement phare est celui de la réduction de la dette publique de 4,3 % du PIB. La dette publique du Trésor correspond à 64,3 % du PIB. Une dette en hausse de 17,4 % en huit ans. Pourtant, les engagements des deux premières LPL de 2012 et 2014 visaient à faire baisser la dette. À l’opposé, la dette a continué à croitre (voir graphique n°3). Désormais et par la grâce de cette troisième LPL, le Maroc devrait réduire sa dette de 4,3 % en un mandat. Pour y arriver, le FMI et le Maroc promettent des chimères : « Le Staff du FMI et les autorités sont d’accord pour maintenir l’objectif de réduire la dette public à 58,7 % du PIB d’ici 2020, afin d’accroitre l’assiette fiscale, sans affecter la croissance » |16|. Ce jeu d’équilibrisme est perdu d’avance. Chercher à réduire la dette se fera au détriment des secteurs sociaux.
    Cet objectif est intenable économiquement et socialement. Une tentative de l’appliquer serait synonyme d’un plan d’austérité drastique. Avec des conséquences sociales catastrophiques pour le peuple marocain. D’ailleurs, la Loi de finances 2017 donne un avant-goût de ce menu avec une deuxième baisse consécutive du budget de l’Éducation nationale.
    Troisième engagement, c’est la flexibilité du change. Vieille revendication du FMI depuis les années 80, les différents gouvernements ont fait de la résistance durant trois décennies pour retarder son application. Il a fallu l’arrivée de ce gouvernement en fin de mandat pour accélérer la mise en application de cette troisième réforme dangereuse. Faute d’un gouvernement, c’est la Banque centrale qui gère toute l’opération. Le tout sans consultation du parlement et de vrai débat public sur cette question fondamentale |17|. Les autorités monétaires présentent la migration vers le change flottant comme une décision technique. Alors qu’en regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une décision aux lourdes conséquences sur l’économie |18|.
    De la servitude économique volontaire
    Ce rappel des engagements du Maroc pris par un gouvernement en fin de mandat pose la question du rôle des élections et de la démocratie dans un pays. De fait, le prochain gouvernement n’aura aucune marge de manœuvre économique et sociale. Encadré fortement par le FMI et sa LPL, épaulé par la Banque centrale, le prochain exécutif ne fera qu’appliquer ces mesures.
    Ne nous faisons pas d’illusion non plus, tous les partis (majorité comme opposition parlementaire) sont alignés sur les thèses du FMI. A tel point que les programmes électoraux des grands partis marocains se rejoignent sur « la rigueur budgétaire » à appliquer les prochaines années. Mais, il est nécessaire de rappeler qu’un virage de la politique économique ne peut se faire sans une rupture avec les recommandations du FMI, et en premier lieu en finir avec cette LPL, qui est une forme de servitude économique volontaire.
    Certes, le Maroc n’est pas du tout une démocratie. L’essentiel des décisions politiques se prennent dans d’autres cercles que celui du gouvernement, mais il faut mettre les politiques face à leurs responsabilités, leur rappeler qu’une autre économie est possible et envisageable. L’austérité, la réduction des budgets des secteurs sociaux, la privatisation ne sont plus des solutions. Ces remèdes mortifères ont partout échoué. Une institution sous influence comme le FMI ne sert que les intérêts de ses principaux actionnaires et des classes dirigeantes au Nord comme au Sud. En finir avec l’hégémonie d’une pensée économique dominante est le sens du combat d’ATTAC Maroc et de notre réseau CADTM, pour un autre monde possible.
    Salaheddine Lemaizi, militant d’ATTAC Maroc, association membre du Comité pour l’Abolition des dettes illégitimes (CADTM).
    Notes
    |1| Appareil de gouvernance de la monarchie, composé de relais dans le monde politique, économique, sécuritaire, médiatique et associatif.
    |2| Mohamed Boussaid, a été directeur du département de la privatisation entre 2001 et 2004, période où l’État avait bradé ses plus importantes entreprises. En 2004, il est nommé ministre de la modernisation des secteurs publics, où il appliquera le sinistre Programme de départ volontaire des fonctionnaires, pensé par la Banque mondiale. Un programme qui a eu des conséquences dramatiques sur la qualité de la fonction publique.
    |3| Abdelatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale depuis 2003, ce personnage clé du néolibéralisme à la marocaine a été ministre des Finances durant le PAS entre 1981-86.
    |4| Voir à ce sujet, un dossier complet sur notre site et notamment, le texte S. Lemaizi, Austérité et ajustement au Maroc. Le gouvernement garde la « Ligne » du FMI et le citoyen paie le prix, mai 2014.
    |6| Selon la déclaration du ministre du Budget, la LPL coûte 135,1 millions de DH/an. Voir, G.W. Karmouni, LPL, un piège tendu au Maroc, E&E, juin 2014.
    |7| Données actualisées sur base de : Damien Millet et Éric Toussaint, 65 questions 65 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, p.70 CADTM, 2012.
    |8| Millet et Toussaint, p.70
    |9| Cinzia Arruzza, Référendum en Grèce : la nouvelle bataille de Marathon, CADTM, juillet 2015.
    |10| Momar Diao, Maroc-FMI, La LPL, c’est fini, Finance News, janvier 2016.
    |11| Amine Khadiri, FMI/Maroc : La LPL sera-t-elle reconduite ?, Finance News, Novembre 2015.
    |12| Pour une analyse complète de ce programme, lire Omar Aziki, Le FMI continue à imposer ses réformes catastrophiques au Maroc, février 2017.
    |14| Nous utilisons ce terme avec beaucoup de précaution, car même dans le cas d’une croissance positive, il n’est pas avéré qu’elle profite aux classes populaires.
    |17| Pour un éclairage critique sur cette question, lire : Mouvement ANFASS, La libéralisation de change de la monnaie nationale est une affaire politique !, janvier 2017.
    Source : CADTM
  • M. Christopher Ross dans les notes confidentielles marocaines (2012-2014)

    Synthèse des rapports et notes marocaines sur l’ambassadeur M. Christopher Ross
     *5 avril 2012 : Echéance d’avril : Dans son rapport, Ban demande de renforcer le mandat de la MINURSO
    *11 avril 2012 : Selon Hilale, Ross cherche un chef de la MINURSO capable de gérer la situation dans un « scénario d’élargissement de la MINURSO, insidieusement distillé dans le projet de rapport du SG » . Pour Hilale, cela « augure d’une timorisation programmée de la question du Sahara. D’où l’impératif pour notre pays de considérer toute modification du mandat de la MINURSO comme une ligne rouge et tout mettre en œuvre pour la déjouer quel qu’en sera le prix ».
    * 23 Mai 2012 : L’ambassadeur marocain aux USA, Rachad Bouhlal, s’entretient avec Mme Kate Wiehagen Leonard, du Morocco Desk auprès du Département d’Etat et dénonce « les dérives inacceptables du dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU et l’éloignement manifeste de M. Ross de la logique de neutralité et d’objectivité qu’il doit observer en tant que médiateur impartial ».
    *31 janvier 2013 : Arrivée de Ross à Genève. Entretien avec Mme Pillay et Athar Khan le 5 février. Anders Kompass se charge de dire à Mme Pillay d’éviter tout engagement de sa part sur un éventuel élargissement du mandat de la MINURSO aux droits de l’homme ou sur la création d’un mécansime indépendant au Sahara. Athar Khan « veille à ce que l’entretien porte uniquement sur la situation des populations des camps de Tindouf et qu’aucune discussion ne puisse être engagée sur le programme des CBM, afin de ne pas lui offrir l’occasion d’y interférer de nouveau », selon une note de Hilale.
    * 11 février 2013, Ross s’est déplacé à Genève où il s’est entretenu avec Mazin Abushanab, responsable du Programme des CBM au HCR. Il a voulu s’informer sur le déroulement du Séminaire de Faro, au Portugal.
    * 9 avril 2013 : réunion de El Othmani avec Ross : Ross a déclaré que l’objectif de sa visite dans la Région qui a compris les territoires occupés consiste à :
    • présenter sa nouvelle approche pour le règlement du conflit ;
    • rappeler le contexte régional au Sahel qui nécessite une solution urgente du conflit;
    • œuvrer à l’amélioration des relations bilatérales entre el Maroc et l’Algérie ;
    • veiller à la relance de l’UMA et son apport possible à la solution du conflit du
    Sahara.
    *19 avril 2013 : Ross dément l’info publiée par Lakome selon laquelle il a sifflé à John Kerry l’idée de demander d’élargir le mandat de la MINURSO et demande à Bourita d’arrêter ce genre de “désinformation”.
    *10 juillet 2013 : Entretien de Ross avec Mme Pillay à Genève. Celle-ci refuse de s’adhérer à l’idée d’élargir le mandat de la MINURSO aux droits de l’homme.
    *18 janvier 2014 : Ross déclare que les discussions porteront sur deux paramètres :
    • le compromis (l’accord mutuellement acceptable) et les modalités de réalisation de l’autodétermination.
    • Il est important d’aller au-delà des deux propositions, d’utiliser leur contenu mais avec un nouvel emballage (« repackaging »)
    • Dans un premier temps, des questions seront soumises aux parties, qui pourraient y répondre lors de la prochaine visite, prévue fin février/début mars 2014.
    • Questions soulevées par l’Envoyé personnel ( Ces questions seront précisées par M. Ross et soumises par écrit dans les prochains jours) :
    • Durant ces 5 années de processus, qu’aurait pu faire l’Envoyé personnel ? Est ce qu’il y a eu des opportunités qui ont été ratées ?
    • Pour vous, quels sont les objectifs de cette médiation de l’Envoyé personnel ? Est-ce que la question du statut du territoire est toujours posée ? La question de la souveraineté est-elle tranchée ?
    • Quels sont les parties dans ce conflit et quels sont les intérêts et besoins de chaque partie ?
    • Quels sont les multiples moyens d’exercice de l’autodétermination ? Quelles sont les modalités concrètes à suivre en ce qui concerne l’exercice du droit à l’autodétermination dans le cas du territoire du Sahara ?
    • Quel serait le contenu d’un Accord éventuel sur le statut du territoire ? Que signifierait, pour le Maroc, « une Autonomie la plus large possible »? Le Roi Hassan II avait souligné que, « à part le drapeau et le timbres tout est négociable» qu’est ce que cela signifie ?
    • Quelles sont les séquences et les étapes à suivre pour avancer vers la solution politique définitive du conflit ?
    • Quels seraient les garanties offertes par le Maroc et la Communauté internationale, pour attirer le Polisario à la table des négociations ?
    • Quels sont les mesures d’accompagnement possibles pour favoriser la confiance (visites familiales à travers le mur) ?

      * 20 février 2014 : Selon une note marocaine, voici les arguments à donner à Ross concernant l’autodétermination :