Catégorie : Non classé

  • Sur la Question de la Justice Climatique, Qui est mis à l’écart ?

    Par : Catherine Constantinides
    Lorsque nous parlons de justice climatique, la première chose qui vient à l’esprit est le sort des petits États insulaires, qui contribuent peu au réchauffement planétaire, mais souffrent de ses plus graves impacts. 
    Ou peut-être nous pensons à des pays vulnérables au climat tels que le Pakistan, où des millions de personnes risquent de se déplacer en raison d’inondations sévères.
    Mais avec la dernière tranche des négociations climatiques de l’ONU en cours à Marrakech, n’oubliez pas le peuple du Sahara occidental juste à côté.
    Le Maroc est devenu un acteur clé de la politique climatique internationale après avoir assumé la présidence de la Conférence des Nations Unies sur le climat cette année, connue sous le nom de COP22.
    Il est troublant et ironique qu’une responsabilité aussi importante ait été confiée à un pays qui a démontré à maintes reprises son profond mépris pour le droit international et les Nations Unies et qui demeure une puissance d’occupation brutale.
    Au cas où tous ceux qui sont impliqués dans la politique climatique internationale – journalistes, diplomates, acteurs de la société civile – oublient : en dépit d’une opinion de la Cour internationale de Justice en 1975 qui juge que le Maroc n’a aucune revendication valable sur le territoire du Sahara occidental, le Maroc a illégalement occupé le territoire, Situé au sud de sa frontière sud, pendant quarante ans.
    Un but admirable, mais le fait que le Maroc accorde activement de nouveaux contrats d’exploration pétrolière à des sociétés étrangères pour forer illégalement à terre et en mer au Sahara occidental remet en question ses véritables intentions.
    Déjà, une partie du développement énergétique du Maroc prend lieu au Sahara Occidental. L’énergie produite au Sahara Occidental – sans le consentement de son peuple – est exportée vers le Maroc. Le palais royal réglemente le marché énergétique marocain et reçoit d’importants contrats énergétiques sur le territoire occupé.
    Cela contrevient à l’avis juridique de 2002 de l’ONU qui affirme que les activités d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ne peuvent être menées que conformément aux intérêts et aux souhaits du peuple du Sahara occidental.
    Le Maroc n’a pas consulté les populations du Sahara Occidental sur ses projets d’énergie verte sur leur territoire, et le peuple du Sahara occidental n’en profitera pas non plus. Tout simplement: les actes du Maroc violent le droit international. Si on ne le met pas sous contrôle, cela renforcera l’occupation et endommagera le processus de paix. 
    Les Sahraouis n’ont aucun intérêt à perturber la coopération internationale essentielle et urgente nécessaire pour faire face à la crise climatique. Mais il est impératif que tous les acteurs de la politique climatique internationale comprennent qu’aucun pays ne mérite moins l’honneur et la responsabilité de guider ces négociations cruciales que le Maroc: un pays qui a unilatéralement expulsé le personnel de maintien de la paix de l’ONU et refuse à maintes reprises de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
    Lors de la COP22 à Marrakech, la communauté internationale ne doit pas permettre au Maroc de balayer les injustices du Sahara occidental sous le tapis. Les pays responsables, les journalistes et les membres de la société civile peuvent profiter de cette occasion pour faire savoir qu’ils ne tolèrent pas le comportement du Maroc.
    Le Maroc ne commencera à agir en tant que partenaire international responsable des Nations Unies que face à une forte pression internationale. D’abord, en acceptant de revenir aux négociations directes avec le Front Polisario, le représentant internationalement reconnu du peuple sahraoui, pour organiser un référendum aussitôt que possible.
    En tant que militante du climat, j’ai consacré une grande partie de ma vie à la poursuite d’un avenir sécurisé pour tout le monde. La lutte contre le changement climatique est le défi le plus important de notre temps, mais il ne doit pas être utilisé comme un écran de fumée pour masquer les injustices perpétrées contre les peuples les plus marginalisés du monde.
    Traduit par : Khalil Asmar
  • Politique de sécurité de l’UE: le Parlement rejette un amendement faisant référence aux camps de réfugiés sahraouis

    BRUXELLES – La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen a rejeté une proposition d’amendement au rapport sur la mise en œuvre de la politique européenne de sécurité et de défense commune visant à introduire une référence aux camps des réfugiés sahraouis de Tindouf qui ont fui leur pays après son occupation par le Maroc en 1975.
    Présenté par l’eurodéputé français, Gilles Pargneaux, qui n’est pas à sa première tentative, le texte de l’amendement dans lequel il a proposé son introduction dans un paragraphe soulignant la nécessité pour l’Union européenne (UE) d’intensifier la lutte contre le terrorisme islamiste a été rejeté par les membres de la Commission qui ont voté pour la suppression de la référence aux camps de réfugiés de Tindouf.
    Cet eurodéputé a prétendu jeudi dernier que « la bande sahélienne est stratégique pour la sécurité de l’Europe et de la région et que les conditions de vie très difficiles de certains lieux, comme les camps de Tindouf, peuvent pousser une partie des populations vers l’alternative du terrorisme islamiste ».
    Interpellé par l’eurodéputée portugaise, Anna Gomes, qui a affiché ouvertement son opposition à l’introduction de cet amendement dans les termes proposés par son collègue Gilles Pargneaux, du même groupe politique au Parlement européen (Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates S&D), le président de la Commission Elmar Brok a invité les membres de cette commission à « se rallier » à la proposition de cette eurodéputée.
    « Nous partons du principe qu’il peut y avoir d’autres cas. Donc, il vaut mieux ne pas avoir de liste exhaustive et le supprimer. Je propose qu’on se rallie à la proposition de Gomez », a-t-il plaidé pour exhorter les membres de la commission à voter contre cet amendement.
    Le rejet de l’amendement proposé par Gilles Pargneaux s’inscrit en droite ligne de la philosophie de l’UE qui soutient les efforts déployés par le secrétaire général de l’ONU pour « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantira l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux principes et aux buts de La Charte des Nations Unies ».
    Dans ses conclusions rendues le 13 septembre dernier, l’avocat général de la Cour de justice de l’UE (CJUE) a souligné que ni l’UE, ni aucun de ses Etats membres ne reconnaissent la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
    « L’Union et ses Etats membres n’ont jamais reconnu que le Sahara occidental fait partie du Maroc ou relève de sa souveraineté », a-t-il affirmé.
    Il a, dans ce contexte, constaté que le Sahara occidental est, depuis 1963, inscrit par l’ONU sur sa liste des territoires non autonomes, qui relèvent du champ d’application de sa résolution portant sur l’exercice du droit à l’autodétermination par les peuples coloniaux.
  • Retrait du Maroc et des monarchies du Golfe du sommet afro-arabe Alger et l’Union africaine réagissent

    Le retrait du Maroc et de neuf autres pays, issus en majorité des monarchies du Golfe, du Sommet afro-arabe pour protester contre la présence d’une délégation sahraouie, a provoqué de vives réactions. L’Union africaine et l’Algérie ont fait savoir au cours de la même journée, jeudi, que le principe de décolonisation du Sahara occidental est un principe intouchable et qu’il ne saurait être remis en cause par des manœuvres quelconques.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – La première réaction à avoir été enregistrée est celle de l’Union africaine qui s’est exprimée à travers la présidente de la Commission présente au Sommet afro-arabe qui s’est ouvert mercredi en Guinée équatoriale. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux», a-t-elle déclaré tout en mettant l’accent sur la mobilisation africaine enregistrée au cours de cette rencontre. 
    Le retrait du Maroc suivi de neuf autres pays (l’Arabie Saoudite, le Yémen, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Somalie, le Koweït, Bahreïn, Oman et la Jordanie) n’a en effet eu aucune incidence sur le déroulement du 4e Sommet afro-arabe ; tout au contraire, et à en croire les propos de cette responsable de l’UA, l’action a eu pour effet de resserrer les rangs des pays africains. L’organisation africaine n’a, d’autre part, pas démenti l’information selon laquelle elle se trouve à l’origine de l’inscription de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) sur la liste des participants à ce sommet. Selon des informations rapportées par plusieurs médias étrangers, l’Union africaine a insisté pour que les Sahraouis, qui n’avaient encore jamais pris part aux travaux de la rencontre afro-arabe, soient présents, au moment où le Maroc tente coûte que coûte d’adhérer à l’organisation africaine. Cette demande inattendue avait été accueillie avec méfiance sachant que le Maroc s’était toujours fait un point d’honneur de ne jamais prendre part à des rencontres internationales auxquelles est invité le Front Polisario. Aujourd’hui, son retrait du Sommet afro-arabe pour les mêmes raisons compromet très lourdement ses chances de voir sa candidature acceptée par la commission spécialement mise en place par l’Union africaine pour enquêter sur sa demande. L’agence officielle algérienne APS, qui a dépêché des envoyés spéciaux en Guinée équatoriale, rapporte d’ailleurs que les «pays africains ont rappelé à cette occasion unanimement que les valeurs et principes qui gouvernent l’UA ne sauraient en aucun cas être négociables ou matière à compromis et ont réitéré leur attachement aux idéaux de solidarité active avec les peuples luttant pour leur libération ainsi que pour le processus de décolonisation de l’Afrique (…) la mobilisation africaine en faveur de la position et du statut de la RASD en tant que membre fondateur de l’UA a été davantage confirmée car elle s’est étendue à tous les Etats membres de l’Union africaine y compris les alliés traditionnels du Maroc». Le ministre algérien chargé de la Coopération maghrébine, présent en Guinée équatoriale, a lui aussi réagi en déclarant à divers organes de la presse algérienne (dans une interview à TSA) que «l’Afrique a démontré de la manière la plus unanime que les principes et fondements de son union ne sont pas négociables quel que soit le partenaire». Il ajoute : «La RASD est un membre fondateur de l’Union africaine et aucune adhésion ne peut se faire au détriment du principe fondateur de l’UA. Je crois que tout le monde a bien reçu le message et tout le monde doit bien en tirer les conséquences. Le Maroc a demandé le retrait de la RASD avant de se retirer du sommet, il ne l’a pas obtenu. Dans ce forum qui regroupe une soixantaine de pays, sept se sont retirés, mais 54 pays africains et les deux tiers de la Ligue arabe étaient présents.» 
    M. Messahel a, d’autre part, tenu à rappeler que l’Algérie abritera, les 3 et 5 décembre prochain, le Forum d’affaires africain, «le premier du genre à réunir des représentants des gouvernements ainsi que l’ensemble des partenaires économiques».
    Le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, n’a pas manqué de réagir lui aussi lors d’un point de presse organisé à l’ambassade d’Algérie à Doha. Dans une déclaration très diplomatique, il a souhaité la «bienvenue au Maroc au sein de l’Union africaine à condition qu’il soit traité sur un pied d’égalité que le Sahara occidental (…) le Maroc serait le bienvenu en tant que 54e membre de l’UA sur un pied d’égalité avec les 54 membres actuels en droits et en devoirs». Le fin mot de la demande d’adhésion du Maroc reviendra, dans quelques jours, à l’UA qui semble, cependant, s’être déjà exprimée sur la question…
  • La Cause sahraouie est pour l’Afrique ce qu’est la cause palestinienne pour le Monde arabe

    L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, le Sultanat d’Oman, la Jordanie, le Yémen, et la Somalie, se sont retirés en compagnie du Maroc au 4ème sommet arabo-africain qui s’est tenu à Malabo (Guinée Equatoriale) mercredi et jeudi derniers, à cause de la présence de l’emblème de la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Ces pays soutenant la colonisation du Sahara occidental par le Maroc pensaient à travers leur geste influencer sur la tenue de ce sommet. Ils n’ont pas eu raison de cela. Preuve, ils ont une nouvelle fois prouvé leurs grandes manœuvres à ne point vouloir de rapprochement entre Arabes et Africains et qui serait pour eux un risque de perdre leur influence économique et politique dans les deux régions. Cette tentative d’avortement du sommet de Malabo n’a pas eu d’impact sur les règles du quorum pour la tenue de ce Forum arabo-africain. Puisque, outre l’Algérie, d’autres pays arabes dont l’Egypte, la Tunisie, le Soudan, la Mauritanie et Djibouti ont refusé de se retirer du sommet qui a finalement abouti à la  » Déclaration de Malabo « , qui a reçu le soutien d’une soixantaine de chefs d’Etat africains et arabes présents dans la capitale équato-guinéenne.
    Le Maroc qui, à l’occasion de la tenue de ce sommet, a refait une étrange formule diplomatique et politique qui se révèle par le choix de la chaise vide dans les rencontres et autres forums que ce soit dans le monde arabe ou en Afrique. Une pratique qui dure depuis plus de quatre décennies. Il suffit pour cela de comptabiliser les absences et les boycotts de Rabat au sein de l’UMA, la Ligue arabe ou encore l’UA. Le retrait des monarchies arabes du sommet de Malabo suivi par deux pays en proie à des guerres internes, le Yémen et la Somalie ne saurait surprendre. A moins de se méprendre totalement sur les réalités de ces derniers. Ce boycott avait pour but de mieux faire laisser la déplorable terminologie coloniale du Makhzen à se maintenir au Sahara occidental. Ce retrait est aussi une énième manœuvre des stratèges de la diplomatie royale qui, après le sommet improvisé et imposé aux chefs d’Etats africains, présents à Marrakech, dans le cadre de la COP 22, avec la complicité de la France, est une fuite en avant et un  » hors la loi  » afin qu’il ne se conforme pas à la légalité internationale. En clair, le rejet total du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Les chefs d’Etats et de gouvernement qui ont pris part aux travaux de cette 4ème édition regroupant Arabes et Africains semblent avoir enfin fait comprendre les vrais visées du Maroc et de ses alliés à savoir en premier, l’implosion de l’UA et ensuite porter un coup sévère aux relations arabo-africaines. Cela fait dire à un diplomate égyptien que ce retrait du Maroc et de certains pays arabes du Forum Afrique-Monde arabe à Malabo est  » un faux pas politique qui relève d’une complaisance plutôt que d’une position politique. Le quotidien égyptien  » El-Watan  » a cité les propos d’un membre du Conseil égyptien des Affaires étrangères à savoir :  » Ceux qui ont dicté au Maroc de se retirer dans le but d’exercer une pression sur l’Union africaine (UA), doivent savoir que les Africains ne tolèrent pas une telle attitude, et que cela influerait négativement sur l’image des Arabes chez les Africains qui nous considèrent comme des royaumes agissant par complaisance « .
    Sur la même position égyptienne, les pays africains présents à Malabo ont dénoncé cette manœuvre du Maroc qui a tenté en vain de perturber le bon déroulement de ce sommet arabo-africain, en refusant de siéger aux côtés de la délégation de la RASD qui sort ainsi renforcée par un indéfectible soutien des pays africains qui ont réaffirmé leur « attachement à l’acte constitutif de l’UA, et leur soutien à la cause du peuple sahraoui « . Dans ce renouvellement africain de leur soutien à la cause sahraouie, il est dit aussi que  » la Cause sahraouie est pour l’Afrique ce que la Cause palestinienne est pour le monde arabe, et que sa sacralité relève des principes de l’UA « . Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA ont réaffirmé cet engagement suite à la décision du Maroc de conditionner sa participation par son refus de siéger aux côtés de la RASD, membre fondateur de l’organisation panafricaine, à ce sommet.
    A l’occasion de cet événement, l’Algérie a réaffirmé de manière plus claire et convaincante la continuité de soutien à la cause du peuple du Sahara occidental et la tenue d’un référendum d’autodétermination sous les auspices de l’ONU. Une position qui reste pétrie de bon sentiment totalement vouée à la légalité du droit internationale et au principe du bon voisinage avec le voisin de l’Ouest. A ce propos, le ministre des Affaires maghrébines, de l’UA et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel a affirmé que  » la cohésion, qui a marqué le 4eme SOMMET Afrique-Monde arabe face aux tentatives du Maroc d’exclure la RASD des travaux du sommet  » montre que le Continent africain demeure uni face à toutes tentatives visant la déstabilisation de l’Afrique et l’Union africaine.
    Ce résultat traduit la cohésion de l’Afrique et réaffirme que le Continent africain est toujours prêt à déjouer toute tentative visant sa déstabilisation. Il s’agit là d’une réponse cinglante à tous ceux qui veulent diviser le continent « , a-t-il souligné dans une déclaration à  » Radio Algérie Internationale « .  » Les manœuvres du Maroc étaient vouées à l’échec face à la ferme volonté africaine, a encore indiqué M. Messahel précisant que  » Le Maroc en tant que pays voisin, veut adhérer à l’UA, mais il vient de démontrer encore une fois qu’il n’affiche pas une réelle volonté pour ce faire « .
    B. C.
  • Forum Afrique – Monde arabe: Le Makhzen joue et perd

    par Ghania Oukazi

    Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe estime que le partenariat Afrique-Monde arabe doit se construire «d’égal à égal», doit être « gagnant-gagnant » mais, regrette-t-il, «certains pays ont des comportements qui ne reflètent pas cet esprit.» 
    C’est ce qu’il nous a déclaré hier après son retour de Malabo, tard dans la nuit de jeudi dernier. Représentant le président de la République au 4ème forum Afrique-Monde arabe qui s’est tenu mardi et mercredi derniers à Malabo en Guinée Equatoriale, Abdelkader Messahel est rentré à Alger après avoir accompli une mission diplomatique d’envergure à la mesure de l’engagement permanent, continu et constant de l’Algérie vis-à-vis de l’Afrique. Il s’agit bien sûr de la bataille diplomatique qu’il a menée avec succès contre les tentatives du royaume du Maroc de faire capoter ce rendez-vous afro-arabe. La genèse des faits repose, pour rappel, sur les tractations menées par le Maroc pour faire exclure du forum la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Les «envoyés spéciaux» du roi Mohamed VI pour une telle mission inintelligente devaient ainsi convaincre les pays membres de l’Union africaine et ceux de la Ligue arabe présents à Malabo, à défaut de réussir l’exclusion des Sahraouis, de reporter le forum. Il fallait compter sans le respect intransigeant de l’Union africaine des valeurs et des principes consacrant l’unité de ses rangs et de leur cohésion ainsi que sa solidarité active avec les peuples luttant pour leur libération. La présidente de l’UA n’a pas hésité à le rappeler à Malabo après le complot déjoué du Maroc. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux,» a-t-elle soutenu. 
    Dlamini Zuma a rappelé les fondamentaux de l’UA face aux représentants des 54 pays africains et des 21 moins 7 de ceux de la Ligue arabe. Les 7 absents sont en évidence ceux qui se sont alliés à la décision du Maroc de quitter le forum après avoir échoué à en exclure la RASD. Aux côtés du Maroc, on retrouve ainsi quatre pays du Golfe qui sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabies Unis et le Bahreïn ainsi que le Yémen et la Jordanie. 
    L’offensive ratée du Maroc 
    Ces chaises vides n’ont en rien fait basculer les travaux de Malabo au regard de celles nombreuses qui sont restées occupées par les pays membres de l’UA et par les deux tiers de ceux de la Ligue arabe. Le royaume du Maroc a donc joué mais a perdu sur toute la ligne. Toutes ses offensives de faire retourner l’Afrique contre la RASD n’ont pas réussi. L’UA ne pouvait céder à ce caprice absurde du Makhzen en piétinant ses propres statuts et règlement. La RASD est, faut-il le rappeler, membre fondateur de l’UA et la charte constitutive de l’Union consacre sa solidarité et son soutien indéfectible aux peuples luttant pour leur libération. La résolution que ses pays membres ont adoptée lors du sommet tenu en Afrique du Sud en 2015, précise, elle, davantage le soutien africain à la lutte du peuple sahraoui. Les élucubrations du Maroc ont montré, si besoin est, que la politique « d’offensive » de Mohamed VI vis-à-vis de l’Afrique est un véritable leurre. « S’il était aussi présent en Afrique qu’il ne le prétend, il serait arrivé à ses fins, » affirment des diplomates africains. Le Maroc avait même tenté un dernier coup fourré en proposant aux Africains présents à Malabo d’enlever tous les drapeaux des pays présents et pancartes désignant leur emplacement dans la salle abritant les travaux du forum. Ce délire, une ministre d’un pays africain l’a qualifié de «compromis». Mais en vain, le refus des pays présents a été catégorique. Jalouse de son indépendance et des sacrifices de son peuple pour la liberté, portant haut la main sa souveraineté nationale et son emblème, l’Algérie a été en évidence, la première à rejeter l’offre de ce «compromis». Son rapprochement et sa connaissance de l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. Ils jalonnent de larges pans de son histoire dont l’un des plus importants l’a consacrée comme la Mecque des mouvements de libération. Mouvements dont la plupart sont nés au cœur de l’Afrique combattante contre la colonisation, l’apartheid et les complots. 
    Son soutien indéfectible à la cause palestinienne et sahraouie la place en pole position des pays qui luttent contre l’oppression des peuples. L’Algérie et l’Afrique, c’est une longue histoire d’échanges, d’aides, de soutiens, d’écoute et de conseils. Ce ne sont pas moins de 22 chefs d’Etats qui ont rendu visite au président Bouteflika en une année seulement. 
    La grande bataille des coulisses 
    La tenue et la poursuite des travaux du forum après l’échec du Maroc d’en exclure la RASD ou de le reporter, sont l’aboutissement d’une grande bataille de coulisses menées avec doigté par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe. Rompu à la gestion des questions les plus épineuses qui se posent au continent, fortement apprécié par de nombreux «camarades» et leaders africains, Abdelkader Messahel a réussi à convaincre les invités de Malabo de ne pas céder aux délires du Maroc. L’on remarque que même ses alliés comme le Gabon, la Côte d’Ivoire ou la Guinée ne l’ont pas suivi. « Le forum s’est tenu dans la sérénité comme voulu par Messahel et grâce à l’offensive diplomatique qu’il a menée, » témoignent des diplomates. « Les Marocains et ceux qui les ont suivis ont eu la leçon de leur vie, » disent encore nos sources africaines. La présence de l’Algérie et de l’Egypte à eux seuls comme pays arabes et en même temps africains au forum de Malabo, « ce sont 150 millions de citoyens, » est-il précisé. Les deux tiers des pays membres de la Ligue arabe qui y ont participé, «ce sont des centaines de millions de consommateurs, » est-il ajouté. 
    De telles précisions laissent reconnaître nos interlocuteurs que «l’Union africaine s’est toujours sentie très proche du monde arabe.» Elle a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, en 1973 en soutien à l’offensive militaire arabe contre l’entité sioniste. « Le soutien africain au monde arabe n’a jamais été conditionné par quelque chose en retour, » précisent des diplomates. L’on déplore cependant, le manque d’intérêt des pays arabes à l’égard d’un continent aux potentialités importantes, aux territoires généreux et aux marchés vierges. L’Afrique est un continent émergent qui enregistre 6% de croissance chaque année. Occidentaux et Asiatiques ont saisi son importance sur l’échiquier pour la cibler comme zone aux potentialités prometteuses. Le Japon, la Chine, l’Union européenne et les Etats-Unis y ont déjà lancé des investissements à coup de milliards de dollars. Les pays arabes viennent juste d’en prendre conscience même s’ils n’ont véritablement pas intégré l’importance du tournant qu’ils se doivent d’opérer vers l’Afrique. La Ligue arabe s’est vu d’ailleurs rejeter son plan d’action par le forum de Malabo en raison de sa non-conformité avec les ambitions du partenariat Afrique-Monde arabe. L’Algérie a été l’un des pays qui a provoqué ce rejet obligeant ainsi la Ligue arabe à revoir sa copie en fonction des réalités, des opportunités et des besoins du continent. 
    Messahel dénonce l’arrogance envers l’Afrique 
    Les insipides projections arabes ajoutées aux velléités marocaines d’ignorer la grandeur morale de l’UA, ont poussé l’Algérie à déplorer «cette arrogance» de pays qui doivent, pourtant, de part leur histoire, être les premiers à se rapprocher étroitement de l’Afrique. L’on n’omet pas d’inscrire dans ce chapitre de « l’arrogance » la fausse note « jouée » par le secrétaire général de la Ligue qui a déploré le retrait du forum des 7 pays arabes. « Les règles de la diplomatie auraient voulu qu’il reste neutre ou plus justement de se faire l’expression des deux tiers (la majorité) des pays membres de la Ligue qui ont choisi de ne pas quitter le forum, » estiment nos sources. 
    «Dans le partenariat, il faut toujours agir d’égal à égal, il doit être gagnant-gagnant, il ne se construit pas sur l’arrogance et le mépris des autres notamment face à l’Afrique qui est un continent émergent qui a son poids dans le monde, ses ressources, ses potentialités, » nous a affirmé hier Abdelkader Messahel que nous avons contacté par téléphone. «Nous déplorons le fait que des comportements de certains pays ne reflètent pas du tout ces exigences et cette réalité des choses,» nous dit-il. C’est cette vision que l’Algérie compte faire valoir en organisant du 3 au 6 décembre prochain à Alger le forum Algéro-Africain, premier du genre. 
    Messahel nous rappelle qu’il a appelé le Front Polisario et le Maroc à reprendre les négociations conformément aux résolutions onusiennes, aux fins de trouver un règlement « juste, mutuellement acceptable et durable » à cette question de décolonisation. Il faut savoir que pendant que Messahel menait une bataille diplomatique à Malabo, Ramtane Lamamra entamait des discussions avec des pays du Golfe. « On a d’excellents rapports avec les pays du Golfe, » nous disait hier Messahel. C’est ce qui a été confirmé par le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale lors de la conférence de presse qu’il a animée jeudi à Doha.

    Le Quotidien d’Oran

  • La réponse de l’Algérie

    Adhésion du Maroc à l’Union Africaine – La réponse de l’Algérie
    Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a souligné avant-hier à Doha que les États arabes du Golfe constituaient pour l’Algérie un axe d’efforts important dans l’édification de partenariats mutuellement bénéfique.
    Lamamra a indiqué, dans un point de presse tenu au siège de l’ambassade d’Algérie à Doha que « tous les pays arabes du Golfe constituent pour l’Algérie un axe d’efforts important dans l’édification de partenariats stratégiques mutuellement bénéfiques fondés sur la confiance réciproque ainsi que sur l’équilibre des intérêts, conformément aux orientations du président Abdelaziz Bouteflika et des dirigeants des pays de la région ». Il a ajouté que les dynamiques en cours sont prometteuses. 
    Le ministre d’État à fait état de projets industriels ambitieux dépassant les seuls échanges commerciaux. Le chef de la diplomatie algérienne a qualifié la présence de nombreux cadres algériens de haut niveau dans différentes sphères de la vie des peuples frères de la région de « pont humain de grande valeur » rehaussant la nature des relations bilatérales.
    En ce qui concerne l’éventuelle admission du royaume du Maroc à l’Union africaine, le ministre d’État a rappelé que l’Algérie était naturellement attachée aux textes régissant l’Organisation continentale. Il a précisé que le Maroc serait le bienvenu en tant que cinquantecinquième membre de l’Union africaine, sur un pied d’égalité avec les cinquantequatre États membres actuels en droits et en devoirs. 
    Pour ce qui est des situations conflictuelles dans le monde arabe, Lamamra a affirmé que l’action arabe commune doit relever le défi de solutions justes et durables consacrant la volonté des peuples concernés. 
    Interrogé sur les attentes des peuples arabes concernant le lancement d’initiatives algériennes en vue de médiations susceptibles de contribuer à la réalisation de solutions pacifiques, Lamamra a souligné que l’Algérie assume pleinement le devoir de force et de bonne volonté et de proposition dans la discrétion qui caractérise le style diplomatique national depuis la lutte de libération nationale.
    Il a également fait valoir que les médiations et autres initiatives diplomatiques qui ont des chances de succès sont des oeuvres collectives ajoutant que les saisons diplomatiques sont plus longues que les saisons journalistiques et qu’elles sont nécessairement faites de persévérance dans l’effort à l’abri de la pratique du mégaphone.
    Par : LAKHDARI BRAHIM
  • Songes et mensonges de Mankeur Ndiaye

    Le Sénégal privilégie une « diplomatie équilibrée », a affirmé jeudi à New York, le ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur (MAESE), Mankeur Ndiaye, dans des déclarations rapportées par l’agence de presse sénégalaise.
    Cependant, l’alliance contre-nature entre le Maroc et le Sénégal constitue un flagrant démenti aux déclarations de Mankeur Ndiaye. Une alliance créée au détriment des relations avec les voisins les plus immédiats : La Mauritanie et l’Algérie.
    Le régime de Macky Sall n’hésite pas à s’en prendre au gouvernement mauritanien en raison de son refus d’intégrer l’axe Rabat-Dakar formé dans le but de réaliser les ambitions expansionnistes du Maroc au Sahara Occidental.
    Cette alliance entre le Maroc et le Sénégal contre les principes fondateurs de l’OUA, le prédécesseur de l’Union Africaine n’est pas bien vue à Alger et brouille les relations du Sénégal avec l’Algérie.
    Le soutien sénégalais au Maroc n’est pas inconditionnel ni idéologique puisqu’il est fondé sur des raisons sonnantes et trébuchantes. Menteur Ndiaye recevait chaque année la somme de plus 8 millions de francs CFA de la main de l’ambassadeur du Maroc à Dakar et Macky Sall est accusé d’empocher 50 millions d’euros pour exécuter les plans marocains visant l’expulsion de la RASD de l’UA.
    Pis encore, l’alliance sénégalo-marocaine brouille la candidature d’Abdoulaye Bethily pour le poste de président de la Commission AFricaine. Il devra remercier Macky Sall de son échec certain lors du prochain sommet de l’Union africaine prévu les 30 et 31 janvier 2017 à Addis Abeba.
  • La visite de Mohammed VI à Madagascar tourne au vinaigre

    Décidément, les tournées du roi du Maroc en Afrique deviennent de plus en plus amères et décevantes. 
    Lors de sa visite au Gabon, le roi Mohammed VI a été reçu par la presse locale avec « Mohammed VI, le Gabon n’est pas une province du Maroc ». 
    A Dakar, la presse sénégalaise a rappelé à l’unanimité que le Maroc est le seul bénéficiaire du partenariat entre les deux pays, rappelant que la Royal Air Maroc se trouve derrière la faillite d’Air Sénégal.
    A Antananarivo, la presse malgache a signifié au roi Mohammed VI que le tapage médiatique sur sa visite à Madagascar ne pourra dissimuler la véritable raison de son arrivée qui est visiter le lieu d’exile de son grand-père et la participation au sommet de la Francophonie.
    L’ambiance régnante à Antananarivo explique probablement le lynchage de l’ambassadeur du Maroc dans la Grande Île.
    Selon le journal MIDI Madagascara , suite aux différents commentaires qui ont suivi l’arrivée du Roi du Maroc le 19 novembre 2016, le délégation qui l’accompagne a été forcé de donner des explications prétendant qu’il s’agit d’une visite bilatérale qui n’a rien à voir avec le Sommet de la Francophonie pour consolider les liens entre les deux pays.
    Selon cette même source, « un important membre de la délégation marocaine déplore un amalgame au niveau de la presse autour de la visite du Roi Mohammed VI à Madagascar. « En vérité, la visite royale est strictement bilatérale. Elle a été programmée depuis longtemps. Cette visite vient pour renforcer la coopération entre Madagascar et le Maroc, et rehausser le partenariat déjà existant. Même s’il n’y avait pas le Sommet de la Francophonie, Sa Majesté Mohammed VI serait toujours venu à Madagascar », explique notre interlocuteur.
    D’après le journal malgache, il a ajouté que « le symbolique que représente le pays, notamment l’exil de son grand parent, a une charge émotionnelle. Sa Majesté participera au Sommet, mais c’est la relation bilatérale qui prime. Vous savez qu’il y a des projets qui ont été signés et d’autres qui ne le sont pas. En somme, la relation bilatérale entre les deux pays est la base et le fondement de la visite royale ».

    Source : Diaspora-saharaui.com

  • L’ambassadeur du Maroc à Madagascar sabote la visite de son roi à Antananarivo

    Le roi du Maroc, Mohammed VI, devait certainement être extrêmement embarrassé lorsqu’il a débarqué lundi dernier à Madagascar, où il s’était rendu pour, officiellement, participer au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui se tient du 22 au 27 novembre à Antananarivo. C’est que ce voyage, qui devait lui servir à vendre sa «marocanité du Sahara Occidental» et essayer de travailler au corps le président du Madagascar pour le convaincre de soutenir l’adhésion du Maroc à l’Union africaine, tombe très mal. Ce déplacement «royal» intervient en plein milieu d’un scandale provoqué par Mohamed Amar, qui n’est autre que son ambassadeur accrédité sur place. Mohamed Amar, en poste à Antananarivo depuis dix longues années, est accusé d’avoir détourné des fonds humanitaires destinés à la population malgache et failli à son devoir diplomatique. Par «failli à son devoir diplomatique», il faut comprendre qu’il est aussi reproché à Mohamed Amar de s’être ingéré dans les affaires internes du Madagascar.
    La main dans le sac
    Les preuves sont si accablantes que dans un communiqué adressé à la MAP, l’agence de presse officielle marocaine, Rabat n’a eu d’autre choix que de reconnaître que Mohamed Amar a, en effet, entrepris «des actions d’ingérence dans les affaires intérieures du pays, en violation des usages diplomatiques, et aurait fait montre de discrimination à l’égard des communautés non musulmanes du pays. Face à l’ampleur des dégâts politiques occasionnés par l’affaire et pour montrer qu’il est intraitable avec ses fonctionnaires indélicats, le Maroc a sanctionné son larron d’ambassadeur en le relevant de ses fonctions. Rabat a également dépêché une commission d’enquête à Antananarivo afin d’évaluer le montant des sommes détournées et sanctionné son ambassadeur.
    Malgré la décision de Rabat de remplacer Mohamed Amar, l’opinion malgache reste tout de même très remontée contre le Maroc, auquel il est reproché d’avoir mis du temps à réagir, surtout que son ambassadeur a régulièrement défrayé la chronique locale. A ce propos, le journal l’Express de Madagascar soutient que «son remplacement intervient sur le tard, tant les comportements du diplomate marocain, présenté comme le doyen du corps diplomatique à Antananarivo, avaient heurté les responsables malgaches».
    L’UA intraitable
    Du coup, l’opération de charme voulue grandiose à Madagascar par Mohammed VI (que certains médias acquis à sa cause affublent déjà du surnom de «roi d’Afrique»), est tombée à l’eau. A mentionner qu’avant de se rendre à Antananarivo, le monarque marocain a effectué un séjour en Ethiopie. Un séjour complètement passé inaperçu. Malgré ses nombreuses tentatives, il n’a pas réussi à convaincre son hôte de lâcher la RASD. C’est qu’Addis-Abeba, siège de l’UA, est un fervent défenseur des Sahraouis. Ceci pour dire que les prétendus succès politiques et économiques remportés par le Maroc en Afrique n’existent que dans les articles des médias qui y croient.
    Preuve en est : l’Union africaine (UA) a réaffirmé hier son soutien au peuple du Sahara Occidental après la décision du Maroc et de neuf pays arabes de se retirer du Sommet afro-arabe en raison de la participation d’une délégation sahraouie. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux», a déclaré à la presse la présidente de la commission de l’UA, Dlamini Zuma. Les pays africains ont rappelé unanimement que «les valeurs et principes qui gouvernent l’Union africaine (UA) ne sauraient en aucun cas être négociables ou matière à compromis». Il n’y pas plus clair.
    Khider Cherfi
  • Sahara Occidental : Le front des monarchies

    LE MAROC ET NEUF PAYS SE RETIRENT DU SOMMET AFRO-ARABE  — Le front des monarchies
    Le coup de théâtre opéré par le Maroc et huit autres pays des monarchies du Golfe qui se sont retirés du 4e Sommet afro-arabe pour protester contre la présence d’une délégation sahraouie n’aura finalement réussi qu’à dévoiler les véritables intentions des Marocains à l’égard de l’Union africaine qu’ils tentent depuis plusieurs mois de rejoindre.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Retour sur les faits : il y a trois jours, la presse marocaine annonçait que les autorités de son pays avaient pris la décision de ne pas prendre part aux travaux du 4e Sommet afro-arabe dont le déroulement est prévu pour mercredi et jeudi en Guinée équatoriale. Mardi, l’information est officiellement confirmée en fin de journée par le ministère des Affaires étrangères. Un communiqué annonce, en effet, que «le Maroc ne participera pas à un sommet d’Etats arabes et africains en présence du Front Polisario car celui-ci n’est pas membre de la Ligue arabe et n’est pas reconnu par plusieurs pays africains». Au même moment, des rumeurs savamment distillées laissaient aussi entendre que cette décision est partagée par plusieurs pays, majoritairement issus des monarchies du Golfe. L’information se confirmait hier encore : l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn, Oman, la Jordanie, le Yémen (dont le gouvernement siège à… Riyadh) et la Somalie annoncent, à leur tour, leur retrait du Sommet. Six de ces pays font tous partie du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui avait réitéré son soutien au Maroc sur la question du Sahara occidental, il y a moins d’une année. Le retrait qu’ils opèrent n’est rien de moins qu’un geste de solidarité avec la monarchie marocaine. Leur soutien en faveur de la marocanité du Sahara occidental n’est pas nouveau. Il a été exprimé maintes fois dans des déclarations politiques et à travers des soutiens économiques comme ce fut notamment le cas au cours de l’année précédente pour l’Arabie Saoudite laquelle a mis la main à la poche pour la mise en œuvre de projets de développement dans des zones occupées comme Dakhla. Cette fois, cependant, ces pays accompagnent le Maroc dans une entreprise périlleuse. 

    La présence d’une délégation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au Sommet afro-arabe s’est effectuée sur insistance de l’Union africaine (UA), une organisation à laquelle tente d’adhérer, coûte que coûte, les Marocains depuis de longs mois déjà. Une première, doit-on préciser, car la RASD n’avait encore jamais pris part aux dernières réunions de ce sommet, ni émis le vœu de le faire, pour éviter volontairement de mettre dans la gêne l’organisation africaine. Cette fois, cependant, la décision est venue de cette même Union africaine qui aurait, selon certains médias étrangers, inséré la liste d’une délégation du Front Polisario parmi les participants en insistant pour que sa présence au Sommet soit effective. Les raisons de cette insistance ne sont pas évoquées. L’UA a-t-elle décidé d’entamer une manœuvre pour tester le prétendant marocain ? L’hypothèse est plausible. La demande d’adhésion formulée par Mohammed VI a été reçue avec de très grandes appréhensions de la part des responsables de l’UA qui sont allés jusqu’à créer une commission, composée de dix pays africains, pour étudier la demande marocaine. La raison ? L’incompréhension et les doutes qui ont accompagné cette demande surprenante d’un pays qui a toujours refusé de siéger au sein de cette même structure en raison de la présence de la RASD. Une adhésion à l’UA, après le retrait spectaculaire de ce pays sur instruction de Hassan II qui déplorait d’avoir à siéger auprès de «joueurs de tam-tam» aurait pourtant signifié une volte-face spectaculaire et l’amorce d’une nouvelle ère dans la résolution du plus vieux conflit de décolonisation au monde. 

    La réponse à l’enquête ouverte par l’UA est donc toute trouvée aujourd’hui. Elle a été fournie par Mohammed VI lui-même que beaucoup d’observateurs étrangers ont tendance à qualifier de trop intempestif. Une réponse qui confirme aussi les appréhensions et les doutes émis par plusieurs pays membres de l’UA dont l’Algérie qui y voyaient une tentative de phagocyter l’organisation et compromettre l’entente africaine. 

    Le quotidien El-Moudjahid a d’ailleurs consacré, en début du mois, un éditorial au sujet laissant entendre que l’adhésion du Maroc à l’Union africaine allait «accentuer les divisions entre les pays africains (…) et poser la question de la crédibilité de cette instance». El-Moudjahid ajoutait que «cette demande d’adhésion est loin d’être une simple opération arithmétique (…) les choses ne sont pas aussi simples qu’il y paraît». En cas d’adhésion du Maroc à l’UA, «il faudra revoir jusqu’aux principes fondamentaux qui régissent cette instance et notamment au principe du respect des frontières existant au moment de l’accession de l’indépendance». En référence aux discours de bonne volonté récemment prononcés par Mohammed VI à Dakar puis à Marrakech (conférence de la COP22), le quotidien gouvernemental conclut qu’il ne s’agissait là que d’une «vaste campagne de propagande destinée à restaurer son image de marque gravement altérée depuis son occupation du Sahara et son refus d’appliquer les décisions de la communauté internationale». 

    Les évènements n’ont malheureusement pas tardé à confirmer ces propos. Le retrait du Maroc et des pays qui le soutiennent en raison de la présence d’une délégation de la RASD au Sommet afro-arabe confirme que la demande d’adhésion à l’UA n’était qu’une manœuvre de plus. 

    Si l’Algérie s’est largement exprimée sur le sujet, on s’interroge cependant sur sa réaction à l’égard de certains pays du Golfe avec lesquels elle intensifie ses relations depuis un certains temps. 

    La solidarité exprimée par les Emirats arabes unis avec le Maroc à la veille du Sommet afro-arabe est un événement survenu alors même que l’Algérie déroulait le tapis rouge à un haut responsable émirati en visite (ce mercredi) dans le pays. Idem pour l’Arabie Saoudite, pays où le Premier ministre algérien a été royalement reçu la semaine dernière.

    Le 4e Sommet afro-arabe s’est, quant à lui, ouvert hier en Guinée équatoriale avec la participation de plus de 50 pays, dont l’Algérie, précisait l’agence gouvernementale APS hier. L’Égypte, la Tunisie, le Liban et la Mauritanie figurent également parmi les participants.
    A. C.