Catégorie : presse

  • Ould El Ghazouani : La Mauritanie reconnaît la RASD tout en gardant une neutralité positive

    Selon le site Essahraa, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a révélé au cours d’une conférence de presse organisée jeudi soir, 5 mars courant dans la soirée au palais présidentiel à Nouakchott, la position de la Mauritanie par rapport au dossier du Sahara Occidental et de la crise du Golfe.

    Après avoir rappelé que le président mauritanien a affirmé « d’emblée, que les deux questions ne sont pas dans même assiette », le président a affirmé, selon la même source, que la position de la Mauritanie sur la question du Sahara n’a pas changé, soulignant qu’elle reconnaît la République Sahraouie tout en gardant une neutralité positive, qui s’oppose au statu quo.

    « Concernant la crise au Golfe, la position de notre pays s’inscrit dans le cadre de sa politique étrangère, téléguidée par les intérêts du peuple mauritanien et de la patrie, a-t-il ajouté, précisant qu’il est responsable de ces intérêts préservés par le  respect mutuel et de traitement d’égal à égal.

    Le président Ghazouani a rencontré des dizaines de journalistes mauritaniens, lors de sa première sortie médiatique depuis son élection à la présidence de la République en juin 2019 dont il  a remporté le premier tour », conclue Essahraa.

    La déclaration du président Ould El Ghazouani est une véritable révélation par rapport à un sujet considérée comme un tabou dans la position de la Mauritanie vis-à-vis du conflit du Sahara Occidental. Une véritable révélation qui me manquera pas de faire grincer les dents à Rabat.

    Tags : Sahara Occidental, Mauritanie, Front Polisario, Maroc, Mohamed Ould El Ghazouani,

  • La justice britannique se prononce en faveur de la princesse Haya de Jordanie

    La princesse Haya de Jordanie a gagné la bataille judiciaire contre son époux le Cheikh Mohamed bin Rashid Al Maktum, Emir de Dubaï et chef de gouvernement des Emirats Arabes Unis.

    Selon El Confidencial, le juge McFarlane a prononcé la peine en décembre et l’a communiquée aux parties, mais n’a pas pu la rendre publique. L’émir a demandé à la Cour supérieure de Grande-Bretagne de garder le secret en affirmant que, comme dans d’autres cas de divorce, la vie privée des enfants du mariage devait être préservée. Son appel a été rejeté parce que la décision est « d’intérêt public » et le cheikh « n’avait pas été transparent ou honnête » avec la cour devant laquelle il a plaidé.

    Dès que le verdict a été rendu public, le Premier ministre des Emirats a publié une déclaration pour se plaindre que, n’ayant pas pu participer pleinement au procès, en raison de ses responsabilités gouvernementales, la peine «ne conte inévitablement qu’un côté de l’histoire. « 

    Il y a lieu d’espérer que le dénouement de l’histoire de la princesse contribuera à jeter la lumière sur le sort de la princesse Lalla Salma du Maroc, disparu depuis décembre 2018.

    Tags : Emirats Arabes Unis, Dubaï, princesse Haya de Jordanie, Cheikh Mohamed bin Rashid Al Maktum, Maroc,

  • Les nouvelles orientations de l’impérialisme français en Afrique

    Par Saïd Bouamama

    L’annonce, par simple communiqué, daté du 2 février 2020 de l’envoi de 600 militaires français supplémentaires (portant ainsi les forces de l’opération « Barkhane » à 5100 soldats) au Sahel a soulevé peu de débats contradictoires et encore moins d’oppositions. Aucune initiative militante n’a accompagné cette annonce. Pourtant la question de la clarification des buts de guerre de la France dans la région est posée explicitement par la France Insoumise depuis 2013[i] ou par le PCF depuis la même période. Le communiqué du Collectif Afrique du PCF daté du 28 novembre 2019 affirme par exemple : « la réponse militaire est un échec[ii].» Les différentes organisations dites « d’extrême-gauche » ont également dénoncées la présence française en Afrique de l’Ouest. Nous sommes donc dans une situation de « dénonciation sans action » au même moment où dans plusieurs pays de la région des manifestations populaires exigent le départ des troupes françaises de la région.

    La présence militaire occidentale en Afrique

    L’opération « Barkhane » n’est qu’un des aspects de la présence militaire française sur le continent africain. Elle se greffe et renforce le dispositif des bases militaires permanentes françaises qui sont officiellement au nombre de quatre pour un effectif de 3000 soldats (Djibouti, Abidjan, Libreville et Dakar). Il convient cependant d’ajouter à ces bases, les « Forces armées de la zone sud de l’océan indien » (FAZSOI) stationnées à la Réunion et à Mayotte avec un effectif de 1900 hommes. Les bases permanentes et les « bases temporaires » (un temporaire de plus en plus durable dans le cas de « Barkhane) des « Opérations extérieures » (OPEX) permettent un quadrillage du continent du Sahel à la Corne de l’Afrique. Ce sont ainsi près de 10 000 soldats français qui sont durablement présent sur le continent, faisant de la France le pays maintenant en permanence le plus grand nombre de militaire en Afrique. Désormais seules l’Afrique australe et l’Afrique du nord échappent à ce quadrillage.

    A ces chiffres, il convient également d’ajouter la présence militaire des autres pays de l’Union Européenne qui pour être « ponctuelle » n’en est pas moins régulière. Le plus souvent l’intervention militaire européenne prend la forme d’une aide au financement des opérations militaires menées par la France. Elle peut cependant aussi se traduire par une intervention militaire directe comme dans le cas de l’opération « ARTEMIS » en République Démocratique du Congo en 2003 dans laquelle sont présent des militaires venant de « l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Chypre, l’Espagne, la Grèce, la Hollande, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suède[iii] ». Ces interventions militaires européennes se déploient sous coordination française : « La France, la plus engagée, prend la fonction de « nation cadre[iv] » explique l’historienne Martine Cuttier. Paris devient ainsi un sous-traitant de l’intervention militaire européenne et l’armée française une armée mercenaire.

    La présence militaire états-unienne sur le continent n’est pas en reste. Au cœur du dispositif états-unien se trouve la base de Djibouti avec un effectif de 4000 hommes destinés à couvrir des opérations aussi bien en Afrique qu’au Moyen-Orient. Elle n’est pas la seule. « Les Etats-Unis détiennent au total 34 sites militaires entre les 14 bases principales et les 20 camps, avant-postes[v] » résume le magazine Tribune Afrique du 3 décembre 2018. Dirigé par l’AFRICOM (Commandements des Etats-Unis pour l’Afrique) installé à Stuttgart en Allemagne ce maillage militaire «permet aux forces déployées vers l’avant de fournir une flexibilité opérationnelle et une réponse rapide aux crises impliquant du personnel ou des intérêts américains[vi] » résume Thomas Waldhauser commandant de l’AFRICOM.

    Cette importance de la présence militaire occidentale sur le continent est incomparable avec celle des autres grandes puissances. La Russie ne dispose ainsi d’aucune base militaire en Afrique et la Chine d’une seule à Djibouti ouverte en 2017 et comptant 400 soldats. Comparant la présence états-unienne, russe et chinoise, une étude de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) synthétise comme suit ses conclusions :

    Enjeu géopolitique durant la guerre froide, l’Afrique émerge aujourd’hui à nouveau comme un espace majeur de compétition stratégique, attirant des grandes puissances non européennes comme les États-Unis, la Chine et la Russie. Ces derniers cherchent sécuriser leur accès au théâtre africain par le biais de financements et d’accords diplomatiques, la construction de bases logistiques et l’exercice de leur soft power. Ils y conduisent également des opérations militaires. Celles-ci sont significatives et coercitives pour ce qui est des États-Unis, avant tout engagés en Afrique au titre du contre-terrorisme. La Chine se concentre pour sa part sur les opérations de maintien de la paix et l’évacuation de ses ressortissants en cas de crise. La Russie se limite encore à des actions de conseil[vii].

    Il faut bien entendu ajouter l’Union Européenne (et la place de « nation cadre » qu’y occupe la France) à cette « compétition Stratégique » en Afrique. La disproportion des présences militaires entre les différentes puissances, souligne que la stratégie militaire occidentale n’est pas une réponse à une stratégie militaire russe ou chinoise comme à l’époque de la dite « guerre froide ». La stratégie militaire apparaît dès lors comme une réponse au développement des présences économiques russe et chinoise. Voici en effet comment le conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, explique les motivations de la stratégie états-unienne en Afrique : « Les pratiques prédatrices de la Chine et de la Russie freinent la croissance économique en Afrique, menacent l’indépendance financière des pays africains, inhibent les investissements américains et interfèrent avec les opérations militaires des États-Unis. Elles font peser une menace réelle sur nos intérêts de sécurité nationale[viii]. »

    Comme le disait déjà le théoricien militaire prussien Carl von Clausewitz : « la guerre n’est rien d’autre que la continuation des relations politiques avec l’appoint d’autres moyens[ix]. »

    Les intérêts économiques des multinationales française en Afrique

    La formule célèbre de Clausewitz souligne l’erreur consistant à ne définir l’impérialisme que sous un angle militaire. L’impérialisme est d’abord une réalité économique avant que d’être une pratique militaire. La première est la base matérielle et la véritable causalité de la seconde. La stratégie militaire française en Afrique fait l’objet d’un discours de justification et de légitimation qui aborde explicitement l’objectif de défense des intérêts économiques français. Cette stratégie est définie dans deux « livres blancs pour la défense et la sécurité nationale » respectivement datés de 2008 et 2013. Le livre blanc de 2008 insiste sur les tensions internationales liées aux « approvisionnements stratégiques » et à la « montée en concurrence avec les pays émergents » sur un continent richement pourvu en « matières premières stratégiques et en ressources énergétiques » qui constituent des « richesses vitales pour l’économie mondiale[x] ». Ce document annonce sans fard l’intensification immédiate et durable de l’interventionnisme militaire en Afrique : « l’Afrique viendra au premier rang de notre stratégie de prévention pour les quinze ans à venir[xi]. » Depuis nous avons eu la Libye, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Centre-Afrique et maintenant l’ensemble des pays du Sahel.

    Le second livre blanc, celui de 2013 dresse un premier bilan « positif » de cette stratégie offensive qui est actualisé en 2017 dans un document intitulé « Revue stratégique de défense et de sécurité nationale ». Outre l’objectif de porter l’effort de défense à 2 % du PIB à l’horizon 2025, ce dernier document insiste sur la production d’une « cohésion nationale » (en particulier dans la jeunesse) et sur la nécessité de soutenir l’industrie d’armement. Le premier point est directement relié à la mise en place d’un « service national universel obligatoire », lui-même connecté à la production d’une « cohésion nationale » permettant de mener les guerres en prévision : « La cohésion nationale conditionne la légitimité de l’action des armées par le soutien de la Nation aux décisions de recours à la force. Cette cohésion est aujourd’hui confrontée à la diffusion d’idéologies remettant en cause les valeurs et les principes de la République. […] Dans ce domaine, les armées jouent un rôle de socialisation, par leur recrutement mais aussi par les dispositifs auxquels elles participent (Garde Nationale, Service Militaire Volontaire, Service Militaire Adapté…)[xii]. » Le second prévoit le renforcement de la « Base Industrielle et Technologique de Défense » (BITD) argumenté comme suit :

    La Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) française est constituée d’une dizaine de grands groupes de taille mondiale et de près de 4 000 PME, représentant en 2017 plus de 200 000 emplois en France, pour la plupart de haute technicité et difficilement délocalisables, avec un impact positif majeur sur la balance commerciale (supérieur à 6 Md€ en 2016). Elle est complétée par un ensemble de moyens et compétences étatiques (organismes de recherche, centres d’expertise et d’essais, agences…). […] la BITD doit être soutenue et entretenue à tous les niveaux (start-up, PME, ETI, grands groupes). Ce soutien s’exerce par des politiques de long terme en matière de recherche et d’investissement, de coopération, de soutien à l’export, d’acquisition et de protection vis-à-vis d’investissements étrangers[xiii].

    Il s’agit donc bien de préparer de nouvelles interventions militaires en réunissant les conditions matérielles (renforcement du complexe militaro-industriel) et idéologique (« Service National Universel » et plus largement discours et propagande de « cohésion nationale » et de défense des « valeurs de la République »). Cette préparation militaire et les futures guerres qu’elle annonce sont au service de la défense des intérêts des multinationales françaises dont les positions de monopoles héritées de l’histoire sont d’ores et déjà entamées par l’émergence de nouveaux acteurs internationaux (pays dit « émergents » et en particulier la Chine). Sans être exhaustif, il n’est pas inutile de rappeler quelques-uns de ces grands groupes que nos armées défendent en Afrique :

    Bon nombre des poids lourds du CAC 40 ou des plus grandes fortunes de France ont développé des activités florissantes (et parfois quasi monopolistiques) en Afrique : Bernard Arnaut (LVMH), Bouygues, Bolloré, Pinault (CFAO jusqu’à sa récente cession en juillet au groupe japonais Toyota Tsusho Corporation, TTC, filiale diversifiée du groupe Toyota), Seillière (Bureau Veritas), Jacques Saadé (CMA-CGM), Romain Zaleski (Eramet), Lafarge, Total, Technip, Vinci, Véolia, BNP Paribas, Natixis, Crédit Agricole, Alcatel, Accor, Gaz de France, Michelin, Alstom, Air France, KLM… Liste non exhaustive à laquelle il faudrait ajouter les marchands d’armes et quelques autres groupes, dans l’agro-alimentaire notamment avec par exemple les groupes Castel et Compagnie Fruitière. Et de manière générale, les rapports du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) le confirment chaque année : en dépit de la concurrence internationale accrue, entre les patrons français et l’Afrique, c’est toujours « je t’aime plus qu’hier et bien moins que demain[xiv].

    Ces grands groupes ont été les grands bénéficiaires des privatisations des services publics imposées par les Plan d’Ajustement Structurel du FMI et de la Banque mondiale à partir de la décennie 90. C’est ainsi par exemple la Lyonnaise des eaux qui bénéficie de la privatisation de la Compagnie Nationale des Eaux et de l’Electricité du Togo ou le groupe Bolloré qui hérite de la gestion du terminal de conteneur du port de Lomé. Au Cameroun le même Bolloré hérite du trafic portuaire de Douala et de l’exploitation du chemin de fer. Bouygues est présent désormais dans la production et la distribution de l’eau en Côte d’Ivoire et au Sénégal et dans la construction et l’entretien des infrastructures de transport. Orange domine la téléphonie mobile de la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest. Eau, électricité, chemin de fer, gestion des ports, téléphonie, etc. : la purge de l’ajustement structurel et de ses privatisations des services publics s’est traduite pour les multinationales françaises par l’accès à de nouvelles rentes particulièrement lucratives.

    Les ressources minières et énergétiques sont la seconde « rente » de nos multinationales protégée par l’armée française. Toutes les multinationales des industries pétro-gazières et minières françaises développent leur présence dans l’exploitation des ressources du continent. Le pétrolier Total réalise par exemple un tiers de sa production d’hydrocarbure sur le continent. Technip, un autre pétrolier est fortement présent dans la pétro-chimie nigériane. Dans la sidérurgie, Eramet domine au Gabon pour la production des alliages de manganèse. Orano (ex-Areva) exploite les mines d’uranium du Niger mais aussi en Afrique du Sud. La destruction systématique des compagnies étatiques mises en place au moment des indépendances se traduit partout par l’implantation directe des multinationales dans ces secteurs stratégiques.

    L’agro-industrie qui pendant l’époque coloniale et les premières décennies des indépendances a été une source de profit immense, demeure la troisième « rente » des multinationales françaises en Afrique. L’entreprise Géocoton est fortement implantée dans la production du coton pour l’ensemble des pays du Sahel. Bolloré exploite les palmeraies au Cameroun. Rougier exploite deux millions d’hectares de forêts au Cameroun, au Congo et au Gabon pour la production de contreplaqués.

    La place des multinationales françaises est résumée comme suit par l’économiste Jean Roch : « La part de marché de la France au Sud du Sahara s’élève à 8 % (contre 4 % au plan mondial) et dépasse les 15 % dans la zone CFA, ce qui n’est pas rien. Ainsi, malgré les difficultés de la reconversion, les entreprises françaises occupent bel et bien certains des secteurs les plus profitables des économies d’Afrique noire[xv]. » Les trois « rentes » évoquées ci-dessus expliquent la forte présence militaire française et la multiplication de ses interventions militaires. En Afrique aussi la guerre est bien la poursuite de la politique par d’autres moyens. Cela d’autant plus que la Chine offre des conditions contractuelles plus avantageuses et concurrence ainsi le « pré-carré » français. Maintenir par la force, la déstabilisation et la mise en dépendance sécuritaire ce qui ne s’obtient plus par la « concurrence libre et non faussée », telle est une des logiques de la politique africaine de l’impérialisme français sur le continent.

    La stratégie du choc

    S’interrogeant sur l’inscription dans la durée de la « crise malienne » et de l’intervention militaire française qu’elle a suscitée, l’historien malien Doulaye Konaté précise que « qui contrôle le Mali contrôle l’Afrique, si ce n’est toute l’Afrique[xvi] ». Huit ans après l’éclatement de la Libye grâce notamment à l’intervention militaire française, l’ensemble du Sahel est désormais déstabilisé. La présence militaire de Barkhane n’a pas amélioré la situation sécuritaire. Cette « insécurité » est à son tour avancée comme justification de la prolongation de « Barkhane » sur le long terme. Il n’est dès lors pas étonnant que de plus en plus de voix s’élèvent en Afrique pour interroger les véritables « buts de guerre » de Barkhane : sauver le Sahel de la menace « djihadiste » ou défendre les intérêts économiques et géopolitiques de l’impérialisme français ?

    Ces deux buts de guerres peuvent en apparence apparaître comme convergents mais sont en réalité structurellement divergents. Le premier passe en effet par un renforcement des Etats africains et le second par leur affaiblissement et leur maintien dans une dépendance économique et militaire avec l’ancienne puissance coloniale. L’affaiblissement des Etats africains est la base matérielle sur laquelle se développent les conditions de possibilité de la déstabilisation « djihadiste ». Il est le résultat de l’ensemble des politiques économiques néocoloniales. Des plans d’ajustement structurel (PAS) aux Accords de Partenariat Economique (APE) en passant par le Franc CFA, ces politiques convergent vers une destruction des capacités étatiques à assurer un minimum de présence scolaire, routière, économique, etc., dans des régions entières de chaque pays. Elles forgent dans chacune de ces nations une bipolarisation entre un « pays utile » et un « pays inutile » délaissé.

    Le maintien d’un degré d’instabilité permanent mais « contrôlable » permet à la fois de maintenir l’exploitation économique des « zones utiles » et de justifier la présence militaire étrangère durable. L’économiste et journaliste altermondialiste Naomie Klein[xvii] a largement documenté il y a plus d’une décennie cette « stratégie du choc » consistant à s’appuyer sur les « chocs psychologiques » qu’entraînent les désastres (naturels ou suscités) pour justifier des politiques qui auraient été rejetées autrement. La critique de cette stratégie est de plus en plus fréquente dans les opinions publiques africaines. Elle est cependant quasi-inexistante en France par peur d’être stigmatisé politiquement comme « complotiste » ou « conspirationniste ». Cette peur à conduit dans le passé récent à cautionner pour le pire la guerre en Libye et pour le mieux au mutisme face à celle-ci. Elle mène aujourd’hui à l’absence de mouvements et de protestations anti-impérialistes au moment même où l’Etat français renoue avec une stratégie agressive pour préserver ses intérêts en Afrique. Cette peur fait en conséquence partie du vaste processus idéologique visant à produire la « cohésion » dont a besoin l’Etat français pour mener ses ingérences militaires c’est-à-dire pour produire un consentement à la guerre. La mise en place du Service National Universel vient renforcer cette fabrique idéologique du consentement.

    Saïd Bouamama

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    Notes:

    [i] Jean-Luc Mélenchon, De nouveau, à propos du Mali, https://melenchon.fr/2019/11/29/de-nouveau-a-propos-du-mali/, consulté le 18 février 2020 à 8 h 45.

    [ii] « Mali : Un drame qui souligne combien la réponse militaire est lourde de dangers », http://international.pcf.fr/113560, consulté le 18 février 2020 à 8 h 55.

    [iii] Martine Cuttier, Bilan de la présence militaire européenne en Afrique subsaharienne, 2000-2010, Res Militaris, volume 2, n° 2, Printemps-Hivers 2012, p. 17.

    [iv] Ibid., p. 17.

    [v] Ibrahima Bayo, La carte militaire africaine des Etats-Unis dévoilées, Tribune Afrique du 3 décembre 2018.

    [vi] Ibid.

    [vii] Aline Leboeuf, La compétition stratégique en Afrique. Approches militaires américaines, chinoises et russe, Focus Stratégique, n° 91, IFRI, août 2019, p. 5.

    [viii] John R. Bolton, «Remarks by National Security Advisor Ambassador John R. Bolton on The Trump Administration’s New Africa Strategy», Maison Blanche, 13 décembre 2018, https://www.whitehouse.gov/briefings-statements/remarks-national-security-advisor-ambassador-john-r-bolton-trump-administrations-new-africa-strategy/, consulté le 18 février 2020 à 11 h 55.

    [ix] Carl von Clausewitz, De la guerre, livre 1, Minuit, Paris, 1955, p. 703.

    [x] Défense et sécurité nationale : Le livre blanc, Paris, La Documentation française/Odile Jacob, 2008, chapitre 1, pp. 19-42.

    [xi] Ibid., chapitre 2, pp. 43-61.

    [xii] Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017, Bureau des éditions, Paris, Octobre 2017, p. 57.

    [xiii] Ibid., p. 66.

    [xiv] Thomas Noirot, Les entreprises françaises en Afrique. Pillage contre transparence, Outre-Terre, n° 33-34, 2012, p. 540.

    [xv] Jean Roch, La place des entreprises françaises en Afrique subsaharienne, https://www.afrique-demain.org/economie-140-place-des-entreprises-francaises-en-afrique-subsaharienne, consulté le 25 février 2020 à 12 h 00.

    [xvi] Doulaye Kounaté, dans le documentaire de Bob Coen et Éric Nadler : « guerre de l’ombre au Sahara », Arte France/Crescendo Films, 2014.

    [xvii] Naomi Klein, La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud, Paris, 2008.La source originale de cet article est Le Blog de Saïd BouamamaCopyright © Saïd Bouamama, Le Blog de Saïd Bouamama, 2020

    Source : Tribune diplomatique internationale, 5 mars 2020

    Tags : France, impérialisme, Afrique, françafrique,

  • Madrid et Alger n’ont pas de problème dans la fixation de leurs frontières maritimes, selon la ministre espagnole des Affaires étrangères

    ALGER, 4 mars (Xinhua) — La ministre espagnole des Affaires, de l’Union européenne et de la Coopération, Arancha Gonzalez Laya, actuellement en visite à Alger, a nié l’existence d’un quelconque différend entre l’Algérie est son pays à propos de la fixation des frontières maritimes.

    « Je voudrais être claire au sujet des frontières maritimes sur lesquelles l’Algérie et l’Espagne sont à 100% d’accord. Nous n’avons pas de problème dans la fixation de nos frontières maritimes », a déclaré la cheffe de la diplomatie espagnole, au cours d’une conférence de presse animée conjointement avec son homologue algérien Sabri Boukadoum.

    Toujours concernant les frontières maritimes, Mme. Gonzalez Laya a ajouté qu’Alger et Madrid avaient « le droit de fixer leurs frontières maritimes, conformément aux règles des Nations Unies ».

    En cas de « chevauchement de la zone maritime algérienne et espagnole », précise la ministre, les deux pays « se sont mis d’accord pour une négociation » et « pour qu’il n’y ait pas de place à l’unilatéralisme ».

    Pour sa part, M. Boukadoum a rappelé la décision de son pays en 2018 sur la fixation des frontières, prévoyant « la négociation pour tout problème de chevauchement de la zone maritime avec un pays voisin ».

    Affirmant que « l’Algérie est un Etat pacifique qui ne nourrit aucune intention, ni n’a de politique hostile à l’égard d’un quelconque pays, particulièrement les pays voisins », le ministre algérien a indiqué que son pays « ne veut aucune région, ni Caprera, ni Ibiza ». « Elle veut uniquement le dialogue et le partenariat avec l’Espagne », a-t-il souligné.

    Tags : Algérie, Espagne, frontières maritimes,

  • La France autorise l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso

    Mona Saanouni | 06.03.2020

    AA/France/Fawzia Azzouz

    Le gouvernement français a autorisé l’extradition de François Compaoré, frère de l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré, soupçonné d’être impliqué dans la mort d’un journaliste, ont rapporté jeudi les médias français.

    Il avait été interpellé à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle en octobre 2017, en vertu d’un mandat d’arrêt international émis par le Burkina Faso.

    Le décret autorisant l’extradition du frère du président déchu, a été signé par Matignon, selon les informations de RFI, qui précise que la décision doit être publiée au Journal Officiel dans les prochains jours.

    L’homme politique est soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat, en 1998, du journaliste Norbert Zongo, qui enquêtait sur le décès de son chauffeur.

    Si l’enquête a piétiné pendant des années, elle a été relancée après la chute de Blaise Compaoré en 2014 et le frère de l’ancien président est le principal suspect dans l’enquête sur l’exécution de l’ancien journaliste et des trois personnes qui l’accompagnaient.

    Anadolou

    Tags : Burkina Faso, Blaise Compaoré, François Compaoré,

  • Syrie : Le cessez-le-feu à Idleb entre en vigueur en vertu de l’accord turco-russe

    La Turquie et la Russie sont convenues d’un cessez-le-feu à Idleb, en Syrie, à partir de 00h01 le 6 mars, après deux longues réunions à Moscou au niveau des délégations et des dirigeants des deux pays.
    Mona Saanouni | 06.03.2020

    AA/Ankara

    Le cessez-le-feu dans la région syrienne d’Idleb est entré en vigueur à minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, en vertu de l’accord conclu entre la Turquie et la Russie, jeudi à Moscou.

    Plus tôt dans la journée de jeudi, les présidents Erdogan et Poutine ont annoncé l’accord sur un cessez-le-feu à Idleb, lors d’une conférence de presse animée conjointement à Moscou.

    Au terme de la réunion, une déclaration conjointe, le « Protocole additionnel au mémorandum pour la Stabilisation de la Situation dans la zone de désescalade d’Idleb », a été présenté par les ministres turc et russe des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu et Sergueï Lavrov.

    Selon cette déclaration, les deux pays conviennent de la mise en place d’un corridor sécurisé d’une profondeur de 6 km au nord et de 6 km au sud de l’autoroute M4, ainsi que de patrouilles conjointes à certains endroits du M4.

    Les deux parties réitèrent en outre leur respect envers la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.

    Les parties sont également déterminées à éliminer tous les groupes reconnus comme terroristes par les Nations unies (ONU), et considèrent inacceptable que les civils et l’infrastructure civile soient ciblés.

    La déclaration souligne qu’il n’y aura pas de solution militaire au différend syrien, et que la seule solution possible peut être trouvée par les Syriens mêmes, sous la facilitation de l’ONU, à travers un processus politique convenable à la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

    Le protocole insiste, en outre, sur l’aspect humanitaire de la question : il faut, selon les parties, empêcher que la crise humanitaire ne s’empire, protéger les civils, assurer de l’aide humanitaire et la protection à tous les Syriens dans le besoin sans aucune distinction, assurer le retour sécurisé et volontaire des réfugiés et des déplacés.

    « Toute activité militaire sera cessée à partir de 00h01 le 6 mars, dans la zone de désescalade à Idleb, conclut dans le document. Les ministères turc et russe de la Défense détermineront les modalités du corridor sécurisé, dans les sept prochains jours. Les patrouilles conjointes turco-russes seront lancées le 15 mars, dans la zone entre Trumba (2 km à l’ouest de Saraqeb) et Aïn al-Hawr. »

    Tags : Syrie, Turquie, Russie, Idleb, Bachar Al Assad,

  • Algérie : Au suivant !

    La dernière digue a peut être lâché hier au tribunal de Sidi M’Hamed où s’était ouvert le procès en appel des deux ex Premiers ministres, accusés de corruption dans le fumeux dossier du montage automobile. Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont fini par abattre leur derniere carte dans l‘espoir d’obtenir une remise sur leurs peines.

    «Je n’étais qu’un Premier ministre qui exécutait des ordres ; ramenez le président Bouteflika pour témoigner… », s’est lamenté Sellal. «Je ne faisais qu’appliquer le programme du président Bouteflika», s’est lavé les mains Ahmed Ouyahia.

    Les deux ex Premiers ministres qui se sont jusque là contentés de se défendre contre les délits qui leurs sont reprochés, ont cette fois joué leur va tout. Ils ont tous les deux collé leurs méfaits à leur mentor, l’ex président déchu, Abdelaziz Bouteflika.

    Cette stratégie de défense est somme toute compréhensible pour deux ex responsables qui n’ont rien à perdre mais peut être quelque chose à gagner. Ne serait-ce qu’une révision à la baisse de leurs peines respectives auxquelles ils ont été condamnés en première instance. Mais au-delà de l‘issue de ce procès en appel et du sort de ces deux ex responsables de l’exécutif qui n’intéresse pas outre mesure le commun des algériens, la convocation à la barre d’Abdelaziz Bouteflika devient de plus en plus inévitable.

    Le fait qu’il soit lâché y compris par Ouyahia et Sellal est signe que l’ex homme fort du régime durant les vingt dernières années, était tout à fait conscient des méfaits qui sont commis contre l’économie nationale ; s’il ne les a pas carrément ordonnés. A ce titre, il doit répondre de ses actes devant la justice. Quasiment tout son entourage immédiat et tous ses collaborateurs ont défilé devant les juges et envoyés en taule sauf lui. Il se confirme avec les témoignages d’Ouyahia et Sellal que l’ex président Bouteflika était le véritable «chef de bande». Rien ne se faisait sans lui. Et son frère aussi.

    Ouyahia et Sellal ont donc raison de dire qu’ils ne faisaient qu’exécuter ses ordres. Cela ne les disculpe pas pour autant de leurs responsabilités en ce sens qu’ils pouvaient refuser d’exécuter des ordres qui à leurs yeux n’allaient pas dans l’intérêt national. Le silence équivaut forcément à une complicité évidente dans tous les crimes économiques commis sous les ordres de «fakhmatihi».

    Invoquer l’exécution des ordres du président pour faire valoir des circonstances atténuantes, c’est un peu court… Le seul «mérite» qu’on pourrait éventuellement reconnaître à Ouyahia et Sellal est celui d’avoir (enfin !) levé la feuille de vigne qui couvrait la responsabilité pleine et entière d’Abdelaziz Bouteflika dans la pratique à l’échelle industrielle de la corruption. Alors, au suivant !

    Imane B.

    L’Est Républicain, 2 mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Bouteflika, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia,

  • Algérie : L’argent du 5e mandat à la loupe

    Le procès en appel du dossier de l’automobile s’est poursuivi hier pour le troisième jour au tribunal du Ruisseau. La cour a poursuivi l’audition des hommes d’affaires et d’accusés ayant occupé d’importantes fonctions pour la préparation de la campagne pour le cinquième mandat. Les mis en cause ont tous nié en bloc les accusations portées à leur encontre.

    C’est le cas de l’ancien patron du groupe IVAL Mohamed Baïri. Après avoir nié tous les faits pour lesquels il a été inculpé. Ce dernier a déclaré avoir été condamné à trois ans de prison, en première instance, en raison de l’acquisition «d’un terrain adapté à des constructions industrielles», dit-il.

    «A aucun moment, fait-il en outre savoir, on ne m’a dit qu’il s’agissait d’un terrain agricole. De plus, vous devez savoir que je n’ai, à ce jour, jamais vu ou mis les pieds sur cette parcelle. Lorsque j’ai pris connaissance des documents relatifs à ce terrain, il s’est avéré qu’il s’agissait d’une décharge, je détiens tous les documents légaux.» Baïri va ensuite dans les détails révélant le montant du projet qui s’élevait, dit-il, à 340 millions, «mais il s’est avéré que ce terrain ne convenait pas».

    L’ex-patron du groupe IVAL s’est également défendu d’avoir reçu des avantages : «J’ai remis des dossiers légaux pour tous mes projets et ils ont été acceptés.» S’exprimant au sujet de Farès Sellal, fils de l’ancien Premier ministre, Baïri ajoute que ce dernier a versé une somme symbolique pour acquérir des actions dans sa société, mais qu’après trois ans et demi, il s’en est retiré emportant avec lui onze milliards. Son retrait, dit-il, est intervenu au moment où son père a été nommé Premier ministre.

    Ali Haddad : «je suis innocent»

    L’ancien patron de l’ERTHB a nié lui aussi toutes les charges retenues à son encontre. «Je n’ai jamais contribué à une collecte occulte de fonds pour le cinquième mandat, j’ai transporté l’argent destiné à cette campagne à Dar-el-Beïda à la demande du frère du Président Abdelaziz Bouteflika.»

    Ali Haddad confirme, cependant, avoir été chargé (avec une autre personne dont le nom n’a pas été cité) par Saïd Bouteflika de gérer l’opération de collecte de fonds «car il nous faisait confiance (…) après une certaine période, j’ai pris contact avec des avocats pour que cet argent soit restitué, mais ces derniers m’ont affirmé qu’il se trouvait entre les mains de la gendarmerie.» Tous les hommes d’affaires qui ont comparu dans le cadre du dossier jugé ont déclaré que Ali Haddad était l’homme chargé de gérer le financement de la campagne pour le cinquième mandat. «Mon entreprise est propre, elle n’a jamais versé dans le blanchiment d’argent ni fait dans la corruption, si vous détenez une preuve contre moi, coupez-moi la tête.»

    Chaïeb Mahmoud : «hommes d’affaires et commerçants ont versé 75 milliards pour la campagne pour le cinquième mandat»

    Chaïeb Mahmoud, chargé des finances au sein du comité de campagne pour le cinquième mandat, a lui aussi enfoncé Ali Haddad en déclarant à la cour que l’ancien patron de l’ERTHB l’avait contacté pour assurer cette fonction après que l’accord lui eut été donné par Saïd Bouteflika. Comme durant le premier procès en première instance, ce dernier a, à nouveau, déclaré que la contribution des hommes d’affaires avait permis de ramasser 75 milliards. Il a également apporté un nouvel élément : «Des commerçants ont également versé de l’argent pour la campagne.»

    Chaïeb Mahmoud a également déclaré que le frère conseiller de Abdelaziz Bouteflika l’avait chargé de gérer les chèques placés sur le compte ouvert en perspective de cette campagne.

    La journée a été également consacrée à de nombreuses autres personnes. Inculpés et témoins ont défilé à la barre sous le regard des anciens ministres et hommes d’affaires à la recherche de la clémence d’un tribunal. La veille, Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda avaient tenté de se défendre en chargeant l’ancien président de la République et son frère, Saïd Bouteflika, qui, disent-ils, l’informait de tout ce qui se passait dans le pays. Certaines de ces personnalités ont également lancé des appels indirects à Abdelmadjid Tebboune. Abdelmalek Sellal a tenu à déclarer qu’il était impossible de démissionner en citant l’exemple de la situation endurée par l’actuel président de la République en raison de ses critiques à l’encontre des méthodes utilisées par les hommes du pouvoir de cette époque. Mahdjoub Bedda, ancien ministre de l’Industrie, en a fait de même, rappelant qu’il était en fonction sous le gouvernement Tebboune et que son départ avait eu lieu en même temps que lui.

    Abla Chérif

    Le Soir d’Algérie, 4 mars 2020

    Tags : Algérie, 5ème mandat, Bouteflika, Hirak, tribunal,

  • Révélations sur les politiques français achetés par le Qatar… le livre qui fait trembler la classe politique

    C’est un véritable brûlot, paru jeudi 20 octobre. Qui va, là encore, mettre le Parti Socialiste en ébullition. Mais pas que lui: la droite et le Front national aussi. Rachida Dati, Ségolène Royal, Jean-Marie Le Guen, le député Nicolas Bays, la sénatrice Nathalie Goulet, Dominique de Villepin, Jack Lang….

    Tous sont mentionnés dans Nos très chers émirs, le dernier essai des deux journalistes spécialistes du monde arabe, Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Un ouvrage fouillé, précis, qui raconte les liaisons dangereuses entre certains politiques français de premier plan et les monarchies du Golfe. Le tout sur fond d’attentats terroristes et de gros contrats difficiles à décrocher…

    Parmi les déclencheurs de cette enquête explosive: le changement d’ambassadeur du Qatar en France. Le nouveau représentant de Doha, Meshaal al-Thani refuse d’être aussi généreux que son prédécesseur. Les auteurs racontent « trois ans après son arrivée à Paris, il semble las de toutes ces pratiques ». Un de ses amis témoigne:

    Meshaal, qui a été en poste en Belgique et aux Etats-Unis, me dit souvent: « Je n’ai jamais vu cela, auparavant! J’ai fréquenté des politiques partout ; mais aucun ne s’est comporté comme certains Français, aucun ne m’a demandé de l’argent aussi abruptement, comme si c’était naturel, comme si on leur devait quelque chose! On n’est pas une banque ».

    Le livre fourmille de détails et d’anecdotes récentes souvent ravageuses. Challenges en publie quelques extraits.

    «L’ambassade du Qatar : la boutique du Père Noël»

    «A Noël, Mohammed al-Kuwari offrait aux membres du groupe d’amitié France-Qatar à l’Assemblée nationale des montres Rolex ou des bons d’achat dans des grands magasins», selon ces extraits.

    «Pour certains hommes politiques, pour certains élus, pas tous, l’ambassade du Qatar, c’était tout à la fois un distributeur de billets de 500 euros, une agence de voyages, et la boutique du Père Noël», a affirmé Christian Chesnot sur France Inter «C’est à dire que, pendant plusieurs années, jusqu’à aujourd’hui, le Qatar reçoit des sollicitations (…) des demandes de subventions pour financer une mosquée, une école, une association. Et puis il y a des hommes politiques qui sont vraiment à l’offensive, qui vraiment demandent de l’argent.»

    Jean-Marie Le Guen, sans vergogne

    Comme l’explique un officiel à Doha, Jean-Marie Le Guen annonçait clairement la couleur. « Il disait à nos diplomates à Paris: « En tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement, je tiens tous les députés et sénateurs de mon camp, via les questions au gouvernement. Je peux bloquer des questions hostiles au Qatar, ou au contraire les alimenter. Mais je n’ai pas à le faire gratuitement ». Bref, « il nous faisait littéralement du chantage ».

    La duplicité de Rachida Dati

    Ah, le luxueux 7ème arrondissement! Là où résident tant d’ambassadeurs en poste à Paris. Comme l’émir père, Rachida a le sens de l’opportunité, ne craignant pas d’user et d’abuser de son carnet d’adresses. Elle a donc eu l’idée de lancer un Club des ambassadeurs, qui se réunirait périodiquement dans son arrondissement. Belle idée! Mais il fallait un peu d’argent pour faire tourner la danseuse de Mme Dati. Qu’à cela ne tienne! Rachida est allée frapper à la porte de… l’ambassadeur du Qatar.

    « Elle ne demandait pas moins de 400.000 euros pour son association », s’étonne encore un membre de l’ambassade. Une somme extravagante! Rachida Dati présente sa requête lors d’un dîner avec Meshaal al-Thani, un dimanche soir, le 22 novembre 2015 exactement. Mais le diplomate lui fait comprendre qu’il sera difficile d’y répondre positivement. Elle semble choquée par ce refus, qui lui sera notifié par une lettre officielle signée du représentant du Qatar en France.

    Le lendemain matin, Rachida Dati est l’invitée du talk show de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Nous sommes dix jours après les attentats du Bataclan et du Stade de France. L’ancienne ministre change de pied et charge le Qatar: « L’Arabie Saoudite ou même le Qatar ont une volonté de développer leur idéologie, notamment pour contrer l’islam chiite, affirme-t-elle. On a des pays du Golfe qui financent des mosquées, des associations, des imams […], des structures qu’on ne contrôle pas », regrette-t-elle. Quand il entend cela, l’ambassadeur n’en revient pas. « Elle dîne avec moi en me demandant de l’aider, et le lendemain elle nous traîne dans la boue ».

    Jack Lang, profiteur

    À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang est cité non seulement par l’ambassade du Qatar, mais aussi par celles d’Arabie et des Emirats arabes unis comme un interlocuteur sans scrupules. « Il vient réclamer trois places en Business pour sa femme et son ami, lorsqu’on l’invite à Abou Dhabi, fulmine un membre de l’ambassade des Emirats. Et si jamais on refuse, on court le risque qu’il critique publiquement les Emirats ».

    Dominique de Villepin « la first », sinon rien

    Villepin, lui, exige d’être en First class, sinon il boude les invitations à Doha, renchérit un autre diplomate de l’ambassade du Qatar. Une fois, Villepin a annulé sa participation à un colloque parce qu’il était en Business et pas en First class. L’ambassadeur en est resté abasourdi. Autre certitude: l’ancien Premier ministre, devenu avocat d’affaires, ne dit pas du bien du Qatar pour rien, comme tous ceux dont nous avons rapporté le comportement. « La France n’a aucune preuve de l’implication du Qatar dans le financement du terrorisme », affirmait Villepin le 4 novembre 2015 sur Europe 1″.

    La sénatrice Nathalie Goulet réclame son cadeau de Noël

    La sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet, essuya elle aussi chaque fois un refus clair et net du représentant du Qatar à Paris. Elle a pourtant multiplié les demandes. Fin 2015, elle appela d’abord le bureau de l’ambassadeur pour se plaindre de n’avoir pas reçu son cadeau de Noël. « Comment se fait-il que je n’aie pas reçu mon cadeau de fin d’année, d’autres sénateurs en ont eu un et pas moi? », protesta-t-elle. « Qu’elle aille au diable! », maugréa Meshaal lorsque son collaborateur lui rendit compte de l’appel de Mme Goulet.

    Quand le Qatar fut attaqué par des politiques ou dans la presse après les attentats, la sénatrice n’hésita pas à proposer à l’ambassade d’organiser un colloque, contre rétribution bien sûr. La représentation diplomatique dit niet. Depuis, Mme Goulet l’avoue sans ambages: « Je n’aime pas beaucoup le Qatar ».

    Le culot du député Nicolas Bays

    S’il y a un député dont l’ambassadeur du Qatar se montre particulièrement lassé, c’est Nicolas Bays, élu socialiste du Nord–Pas-de-Calais. Membre du groupe d’amitié France- Qatar, il était proche de l’ancien ambassadeur Mohammed al-Kuwari. Avec son successeur, Bays ne fait pas dans la dentelle. Il a personnellement envoyé un SMS à Meshaal al-Thani, dont un témoin nous a rapporté le contenu: « J’ai des problèmes financiers actuellement. La mère de notre jeune enfant est fatiguée. Je voudrais l’emmener à l’étranger. Mais mon budget est un peu serré. Peux-tu me faire inviter dans un hôtel de Doha et nous payer un billet d’avion sur Qatar Airways? Cela m’aiderait, s’il te plaît ».

    Loin d’être découragé par un premier refus, le député Bays a sollicité à deux reprises encore, par SMS, l’ambassadeur du Qatar. Une première fois, pour lui demander de l’argent afin de payer des travaux dans sa maison. Le diplomate n’a pas répondu. Enfin, il n’a pas hésité à lui réclamer des chaussures de marque.

    Le dépit de Jean Vincent Placé

    Autre victime de la nouvelle donne, le ministre vert Jean-Vincent Placé, qui se plaint dans le carré VIP du PSG que l’ambassadeur actuel ne l’invite plus à des week-ends. « Placé ne recevait pas que des cadeaux de son prédécesseur », souligne un proche de l’ambassade qui refuse d’en dire plus.

    Les ambigüités de la mairie de Cannes

    La mosquée Al-Medina Al-Mounawara de Cannes est financée à 100% par Saleh Kamel, le PDG de la chaîne de télévision coranique Iqraa, qui habite la ville. Il voulait créer un lieu de culte près de sa villa pour aller prier. L’homme d’affaires saoudien a joué la transparence en associant Bernard Brochand, le maire de la ville de 2001 à 2014, à son projet, sans que celui-ci ne s’y oppose le moins du monde. À tel point, raconte Bernard Godart, qu’à l’époque « le cabinet du maire m’a appelé au ministère de l’Intérieur pour me demander si je connaissais un imam susceptible d’officier dans la mosquée! J’ai répondu que non, car évidemment ce n’était pas de mon ressort ».

    Un magnat saoudien de la presse, Hicham Hafez, s’est lui aussi fait construire une petite mosquée près de la Croisette, à Cannes où il passe ses vacances. Là encore, avec l’aval de la municipalité! Il l’a financée sur ses deniers personnels – 250.000 euros. La mairie de Cannes a donc accordé à deux riches Saoudiens le droit de bâtir chacun sa mosquée dans la ville, alors qu’aujourd’hui les autorités locales interdisent aux Françaises de porter le burkini à la plage. Certains ne manqueront pas de relever une certaine incohérence entre ces deux décisions… »

    Bruno Le Maire n’a pas gardé la montre, mais d’autres ministres oui!

    « Je vais vous raconter une anecdote, confie le candidat à la primaire à droite, depuis la terrasse de son QG de campagne dans le 6e arrondissement de Paris. En 2009, quand j’étais ministre de l’Agriculture, j’avais été chargé d’accompagner cheikh Hamad, l’émir du Qatar pendant quatre heures dans Paris. À la fin, il m’a fait cadeau d’une montre Patek Philip cerclée de diamants, d’une valeur de 85.000 euros. Vous imaginez, cela représente une année de mon traitement de député! Je l’ai mise dans le coffre du ministère. Je pense qu’elle doit y être encore! »

    L’ancien diplomate et directeur de cabinet de Dominique de Villepin au ministère des Affaires étrangères connaît les arcanes de nos relations avec les monarchies du Golfe. « Leurs dirigeants fonctionnent avec de la flatterie. Ils sont d’une grande amabilité. Ils vous proposent des cadeaux. Regardez les poignets de bon nombre de ministres! », sourit Bruno Le Maire.

    S’agissant de Ségolène Royal, les auteurs notent que « l’ambassade se montre aujourd’hui beaucoup moins généreuse avec la ministre socialiste de l’Environnement. La relation s’est nouée lorsqu’elle était candidate du parti socialiste à l’élection présidentielle, en 2007 ». Elliptique… Juste avant sa mort, Christophe de Margerie, le défunt patron de Total, confiait à Christian Chesnot et George Malbrunot: « Tout s’achète, y compris les hommes, ce n’est qu’une question de prix ». Apparemment, dans la classe politique française, le shopping se fait parfois à grande échelle.

    Tags : France, Qatar, corruption, Christian Chesnot, George Malbrunot, Rachida Dati, Jack Lang, François Fillon, Jean-Marie Le Guen, Dominique de Villepin, Nathalie Goulet, Nicolas Bays, Cannes, Bruno Lemaire,

  • Le passé sulfureux de DSK à New York

    DSK arrêté et inculpé à New-York pour « agression sexuelle, tentative de viol et séquestration ».les langues se delient

    Anne Mansouret, conseillère générale de l’Eure et régionale de Haute-Normandie, candidate aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2012, confirme ce dimanche que sa fille aurait été victime d’une tentative d’agression sexuelle de la part de Dominique Strauss-kahn en 2002, comme elle l’a révélé en 2007 dans une émission de Thierry Ardisson. Aujourd’hui, la mère de Tristane Banon regrette d’avoir dissuadé sa fille à porter plainte.

    Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fond monétaire international, candidat possible à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle de 2012, a été arrêté et inculpé à New-York pour « agression sexuelle, tentative de viol et séquestration ». Une plainte a été déposée à son encontre samedi par une femme de chambre de 32 ans travaillant à l’hôtel Sofitel, situé dans la 44e Rue Ouest, au cœur de Manhattan. Des faits qu’il conteste. Son avocat a déjà prévenu qu’il allait plaider non-coupable.

    Ce n’est pas la première fois que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances de Lionel Jospin est accusé d’avoir commis une agression sexuelle sur une femme. Tristane Banon, journaliste et romancière, a affirmé en 2007 dans une émission de Thierry Ardisson que DSK a tenté de la violer. Sans toutefois le citer nommément. Dans « 93, faubourg Saint-Honoré », un programme télévisé disparu, elle évoque un « chimpanzé en rut ».

    « J’ai dit le mot « viol » pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur »

    En 2002, pour l’écriture de son premier livre « Erreurs avouées… au masculin » (paru chez Anne Carrière), la jeune femme, aujourd’hui âgée de 31 ans, avait souhaité le rencontrer. Il l’avait invité dans « un appartement vide, avec un magnétoscope, une télé, un lit au fond, des poutres apparentes ». La victime présumée raconte : « Il a voulu que je lui tienne la main pour répondre, puis le bras… On a fini par se battre, on s’est battu au sol, j’ai donné des coups de pied, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’enlever mon jean. Quand on se battait, j’ai dit le mot « viol » pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur

    Tristane Banon n’a cependant pas porté plainte. « Je suis allée très loin, j’ai constitué le dossier, je suis allée voir un avocat, mais je ne suis pas allée jusqu’au bout », explique la jeune femme qui, par ailleurs, connaît bien Dominique Strauss-kahn puisqu’elle est l’une des meilleures amies de Camille, l’une des filles de l’homme politique. Elle est la filleule de la seconde épouse de DSK. « Je ne voulais pas être jusqu’à la fin de mes jours la fille qui a eu un problème avec un homme politique », poursuit-elle dans son interview accordée à Thierry Ardisson.

    C’est sa mère, Anne Mansouret, conseillère générale de l’Eure et régionale de Haute-Normandie, candidate aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2012, qui l’aurait dissuadée d’intenter une action en justice contre, à l’époque, le futur directeur du FMI. Contactée ce dimanche, l’élue normande a des remords : « Aujourd’hui, je regrette d’avoir dissuadé ma fille de porter plainte contre DSK. je porte une lourde responsabilité. Après les faits, on a discuté, beaucoup parlé. Et finalement, elle a décidé, on a décidé, de ne pas lancer de procédure. Vous savez ma fille était très mal, mais Tristane est la filleule de la seconde femme de Dominique. C’était délicat pour des raisons familiales et amicales ». « Ce que je peux vous dire, précise encore l’élue normande, c’est que ma fille, malgré les années qui passent, est toujours bouleversée par ces faits. Cette nuit, je suis allée la voir à Paris pour la réconforter. C’est très dur pour elle ».

    « Pour moi, Dominique Strauss-Kahn est malade »

    Sur ces nouvelles accusations venues d’Outre-Atlantique qui valent au patron du FMI d’être inculpé ce dimanche, Anne Mansouret dit ne pas être surprise : « Pour moi, Dominique Strauss-Kahn est malade . Ce n’est pas une injure de dire cela , il a un vrai problème: une addiction au sexe , comme d’autres ont des soucis avec l’alcool, la drogue ou le jeu. Il est malade. Sur les faits eux-mêmes, je ne peux pas me prononcer, je n’y étais pas. Mais pour moi, c’est très plausible que cette femme a été agressée sexuellement. En revanche, je suis formelle, il a bien tenté d’abuser de Tristane ». Des accusations lourdes, mais « fondées » selon l’élue socialiste, qui refuse qu’un lien soit fait entre sa candidature aux primaires de son parti et ses propos. « Certes, je me présente, mais il faut être raisonnable. Je ne me fais guère d’illusion. Je veux simplement faire entendre mes opinions politiques, mes projets pour la France ».

    Pour l’heure, Tristane Banon ne souhaiterait pas s’exprimer. Elle a contacté son avocat ce matin et devrait dans les prochains jours tenir une conférence de presse. Anne Mansouret confie que sa fille réaffirmera ses accusations contre Dominique Strauss-Kahn. Si ce témoignage est avéré, les choses pourraient encore se compliquer pour DSK, car la justice française, cette fois-ci, pourrait s’emparer de ce dossier. Les faits ne sont pas prescrits.

    DSK arrêté à New York pour agression sexuelle

    Pourquoi les journalistes ne parlaient pas de la vie privée de DSK

    Début de réponse à ceux qui, depuis l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, demandent pourquoi, une fois de plus, les journalistes « savaient » des choses concernant la vie privée d’un homme politique qu’ils n’ont pas publiées… Quelques remarques :

    Le respect de la vie privée, prévu par la loi, concerne aussi les hommes politiques, sauf quand celle-ci est mise en avant quand ça les arrange.
    La frontière est très difficile à tracer entre ce qui appartient au champs du privé et doit y rester, et ce qui a un impact sur le public. Quand le mariage de Sarkozy avec Cécilia avait des conséquences sur le fonctionnement de l’Etat (retard au déjeuner avec les Bush, annulation de dernière minute de sa participation à un voyage officiel en Bulgarie, etc.), ça devenait public.
    Est-ce que les infidélités conjugales (réelles ou supposées) de DSK sont du domaine privé ou public ? Pour moi c’est privé, mais le harcèlement sexuel ou pire encore le viol, c’est évidemment du registre du délit et donc nécessairement public.

    Mais c’est vrai qu’il y a une retenue de la presse française sur ces questions. On l’a vu avec la double famille de Mitterrand qui était connue dans certains milieux de presse qui sont restés silencieux. L’immense majorité des Français a découvert l’existence de Mazarine avec la « Une » de Match, alors que de nombreux journalistes, dont moi, étaient au courant et n’en avaient pas parlé au nom de la vie privée.

    De même, je savais que Roland Dumas, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, était l’amant de Nahed Ojjeh, la fille du ministre syrien de la défense Mustafa Tlass. Fallait-il l’écrire ? Je ne l’ai pas fait, en rengeant cette information dans le domaine de la vie privée, alors que, s’agissant du chef de la diplomatie, je ne pense pas que c’était anodin. J’ai sans doute eu tort.

    Personne n’a encore trouvé la bonne manière de traiter ces questions
    On a vu le risque qu’avait encouru Alain Genestar à Paris Match, en mettant en couverture la photo de Cécilia, épouse séparée de son ministre de mari, avec son nouveau compagnon : viré par Arnaud Lagardère, ami de Sarkozy ! Et pendant la campagne électorale de la présidentielle 2007, personne n’a dit que Ségolène Royal et François Hollande n’étaient plus un couple.

    Ironie de cette campagne de 2007, les deux principaux candidats étaient en passe de divorcer et ont préservé une façade unie jusqu’au vote.

    On l’a encore vu avec les réactions hostiles à Jean Quatremer, le correspondant de Libération à Bruxelles, lorsqu’il a écrit sa célèbre note de blog en 2007 sur le point faible de DSK avec les femmes, « Trop pressant […], il frôle souvent le harcèlement », écrivait-il. Et la suite lui a donné raison.

    Personne n’a encore trouvé la bonne manière de traiter cette question. Il ne peut y avoir de règle absolue, c’est à chaque média de définir ses règles.

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    Tags : DSK, viol, sexe, partouze,