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  • Maroc : 8ème anniversaire du mouvement du 20 février

    Maroc : 8ème anniversaire du mouvement du 20 février

    Au Maroc, le Mouvement du 20 février fête aujourd’hui son 8ème anniversaire de sa création. Fer de lance de la protestation marocaine, lors des dénommés printemps arabes, il a été depuis affaibli par le sang et le feu des forces de l’ordre.

    Ce jour, cinq jours ont été brûlés dans une banque à Al Hoceima.

    La situation actuelle

    Malgré son affaiblissement sous les coups des matraques, le mouvement est loin d’être « mort » et son esprit plane partout dans les manifestations de protestation contre les injustices au Maroc.

    Aujourd’hui, les marocains se mobilisent contre l’oubli de ceux qui se sont sacrifiés pour maintenir le flambeau de la libération des jougs de la colonisation monarchique alaouite. Ils veulent leur rendre hommage et poursuivre les initiatives courageuses d’hommes et de femmes, d’ouvriers et de chômeurs, de jeunes et de moins jeunes, d’élèves et d’étudiants qui ont promis de renverser la situation en faveur de la population la plus démunie.

    Si, lors de la naissance du Mouvement 20F, le roi du Maroc était épargné, désormais ce n’est plus le cas. Le peuple a découvert qu’il n’est pas étranger à toute cette vague de répression qui s’abat contre lui. Les réseaux sociaux sont devenus les canaux favoris d’expression de la jeunesse marocaine qui en a fait leur arme principale de lutte contre le despotisme, la corruption et le népotisme.

    Une monarchie héritée du colonialisme

    Le Maroc est soulevé par une vague de fond pour appeler à une transformation de la société marocaine, pour exiger de vrais changements démocratiques. Partout au Maroc, même dans les petites villes, se sont créés des comités à l’origine des manifestations. Le mouvement du 20 février a été lancé par des jeunes citoyens, des militants de base, des gens du petit peuple, criant leur colère contre la situation économique, sociale et politique. Ils ont été soutenus par la société civile et des forces démocratiques qui se sont senties obligées de suivre, parfois même à contre-cœur…

    Les forces de l’ordre ont réprimé violemment certaines manifestations et ont déjà fait des morts. Il faut savoir que parmi les personnes arrêtées, certaines ont été condamnées à des peines allant jusqu’à dix ans de prison. Dans ce contexte, le mouvement du 20 février, issu de la société, porté par des jeunes, fait preuve d’une grande détermination. Par ces manifestations, les jeunes ont franchi une première étape, celle de vaincre la peur et de rendre légitimes leurs revendications…

    Une monarchie maître d’œuvre des crimes commis contre notre peuple

    Au Maroc, le roi est le représentant de Dieu sur terre et s’érige en commandeur des croyants. Dans sa constitution qu’il octroie à ses sujets, sa personne, sa parole ainsi que sa famille et ses biens sont sacrés. Ils ne peuvent faire l’objet d’aucune discussion, encore moins de critique ou d’opposition. Il s’octroie tous les pouvoirs et il est au dessus des lois. Il est le chef suprême des armées et le président de tous les conseils de l’État. C’est lui qui nomme le 1er ministre et désigne les ministres. Il peut révoquer SON gouvernement, dissoudre SON parlement et instaurer l’état d’exception quand bon lui semble. Bref, il est le monarque ABSOLU… Cette monarchie a construit un Etat militaro-policier à l’image et en héritage de l’État colonial, avec l’aide et le soutien de l’impérialisme français et américain.

    Le mouvement du 20 février

    Depuis le début du siècle dernier jusqu’à nos jours, voici des dates clés pour résumer cette histoire criminelle et ces années de plomb. En collaboration avec l’armée coloniale française et espagnole (1 million et demi de soldats et pas moins de 20 généraux et colonels), la révolution de l’un des pionniers de la lutte armée de libération nationale, le héros de la guerre du Rif et le premier président de la première république démocratique de l’histoire de notre pays, Abdel Krim El Khatt Abi (1920-1924), a été écrasée. Ensuite, ont été matées dans le sang, toujours avec l’aide de la même armée coloniale, les diverses rébellions des tribus (1930-1950). Répression sanglante de la révolte du Rif de 1958-59. Hassan II transformera cette région en un laboratoire de culture, de transformation et de trafic international du cannabis (kif).

    Répression sanglante des révoltes et soulèvements de notre peuple en 1965 à Casablanca, Oouled Khalifat, en 1981, 84, et 90 et tout au long de la dernière décennie( Sfrou, Sid Ifni, Tanger…)..) C’est aussi la création du mouvement marxiste-léniniste Ela Aman (En Avant)
    Des centaines de liquidations physiques et disparitions forcées, de passages à l’arme de civils et militaires, de milliers d’arrestations, de morts sous la torture et dans des bagnes secrets, de procès inéquitables où la justice à l’ordre a distribué des siècles de prisons et des dizaines de peines de mort…

    Pour répondre aux manifestations du 20 février, le roi a lâché un peu de lest le soir du 9 mars : baisse des carburants et aliments de base, promesse d’embaucher 4000 chômeurs diplômés, révision de la constitution vers une monarchie parlementaire. Ces « avancées » ont été saluées par les USA, l’Europe, la France. Mais les citoyens, et non les sujets, n’y ont pas trouvé de réponses satisfaisantes à leurs revendications.

    C’est pourquoi la lutte continue, les points cruciaux mis en avant par les manifestants du 20 février sont :

    1) Une constitution démocratique élaborée par une assemblée constituante incarnant la volonté du
    peuple.

    2) La démission du gouvernement, la dissolution des deux Chambres.

    3) Une justice indépendante, la séparation des pouvoirs.

    4) Le jugement des responsables de la torture et des crimes contre les Marocains.

    5) La lutte effective contre la corruption et la récupération des richesses volées aux peuples.

    6) La libération de tous les prisonniers politiques.

    7) La reconnaissance de la langue amazighe comme langue officielle au côté de l’arabe.

    Tags : Maroc, Mouvement 20 Février, printemps arabe, Makhzen, Rif, Hirak,

  • Analyse du Mouvement du 20 février au Maroc

    « Mouvement du 20 février » Premier essai pour un encadrement idéologique et politique
    L’apparition du mouvement du 20 février est le résultat objectif des développements de la lutte des classes dans notre pays. Ce mouvement est le produit des contradictions de classe qui régissent le développement de la société marocaine à l’instant présent, et ce sont deux principaux facteurs qui ont contribués de façon directe à l’émergence de cet instant historique :
    L’intensité des contradictions de classe entre le peuple et la coalition de classe dominante après l’offensive de celle-ci contre les classes laborieuses au niveau économique, politique, et idéologique, d’une part ; et la résistance populaire caractérisé par son amplitude de classe et géographique pendant cette dernière décennie d’autre part. Cette même attaque est le reflet de la crise des régimes néo colonialistes, et parmi eux le régime établi au Maroc. Cette même crise n’est que le résultat direct de la crise suffocante où s’embourbe l’impérialisme international.
    La forte influence des deux glorieux soulèvements du peuple tunisien et égyptien produite sur la conscience des militant(e)s et l’ensemble des masses, ce qui a aidé au développement d’une humeur (disposition) militante avancée a contribué de façon directe au lancement de cette dynamique combative au Maroc.
    Ce mouvement 20 février comme mouvement émergé du cœur des contradictions de classe dans notre pays et comme résultat d’un certain niveau d’aiguisement des contradictions de classe, ce mouvement est transpercé objectivement par les intérêts de toute les classes qui subissent la domination de la coalition de classe dominante formée essentiellement par la bourgeoisie bureaucratique et compradore et les propriétaires fonciers.
    Si nous nous basons sur la réalité concrète de ce jeune mouvement, nous pouvons montrer la forme et le contenu de la présence de ces classes au sein du mouvement à condition de se conformer à la méthode de l’analyse scientifique. D’ailleurs la tâche assumée par cet article est d’essayer de montrer les formes et le contenu de la présence de ces classes au sein du Mouvement 20 février.
    Vu les développements et les regroupements au sein du mouvement 20 février, nous pouvons observer la présence de la bourgeoisie « monopolistique », cette bourgeoisie qui s’est développée à la marge de la bourgeoisie compradore et bureaucratique, elle a une expansion économique dans divers domaines, tel que l’immobilier, la confection, l’industrie agro-alimentaire… Le développement économique de cette classe s’est heurté aux intérêts de la bourgeoisie compradore et bureaucratique puisque cette dernière domine l’appareil de l’Etat et le secteur « publique » qui l’exploite, non seulement pour l’accumulation de son capital, mais aussi pour affaiblir ses concurrents. Ce qui a crée de nombreuses difficultés pour cette classe qui scandent les slogans de la bourgeoisie libérale comme « la concurrence loyale », et « non au cumul de la richesse et du pouvoir », « laisser faire, laisser passer » dans une offensive directe contre tous ce que représente les institutions économiques de « la famille royale » et ses proches. Cette classe, qui représente la bourgeoisie libérale au sein du mouvement, est une classe présente et active dans le mouvement du 20 février, elle lutte pour ses intérêts et répandent son idéologie et sa culture. La revendication « d’une monarchie parlementaire » est son slogan politique officiel au sein du mouvement ; et c’est ce slogan qui représente pour elle l’horizon du mouvement et son but final.
    Quant aux porte paroles et représentants de cette classe au sein du mouvement du 20 février sont quelques groupes financés directement par quelques grands capitalistes comme Miloud Chaabi, Karim Tazi, Samir Abdelmoula, Ayouch…et aussi l’USFP et quelques courants au sein du PSU (Parti Socialiste Unifié) et le parti d’avant-garde.
    Tags : maroc, Mouvement 20 février, lutte, despotisme, corruption, nepotisme, Hirak, Rif,
  • Algérie : «Bouteflika est un cachotier qui n’a pas d’amis» (Farid Alilat)

    Propos recueillis par Naoufel Brahimi El-Mili

    Farid Alilat, journaliste au Matin dès le début des années 1990, est l’auteur d’un ouvrage, Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts, paru en 2002 chez Calmann-Lévy où il relate les tragiques événements de la Kabylie en 2001. Il prend l’année suivante la direction de la publication du quotidien Liberté. Depuis 2004, il est journaliste à Jeune Afrique. Son dernier livre est une grande première, jamais biographie d’un président algérien n’a été écrite. Il nous livre une narration fouillée des vies successives de Bouteflika. A travers de nombreux témoignages, il porte un éclairage sur des aspects peu connus de l’enfance ensuite de la jeunesse du président déchu. Très tôt guidé par une obsession du pouvoir chevillée au corps, entre frasques, manigances et manipulations, Bouteflika trace un long et sinueux chemin vers une présidence qu’il voulait conserver à vie. Seule sa fin est très connue, sur les antres pans de sa trajectoire, Farid Alilat laisse très peu de zones d’ombres.

    Le Soir d’Algérie : Quel est l’événement ou l’aspect de la personnalité d’Abdelaziz Bouteflika qui a déclenché en vous l’envie d’écrire sa biographie ?

    Farid Alilat : La vie d’Abdelaziz Bouteflika est guidée par deux obsessions : conquérir le pouvoir et le garder à tout prix. C’est le fil conducteur de sa vie, bâtie autour de cet objectif. L’idée d’écrire un livre sur Bouteflika est née en 2002. A l’époque, j’ai interrogé ceux qui l’ont connu par le passé, ses anciens amis, d’anciens ministres et même ses ministres et ses collaborateurs. Pour des raisons personnelles et professionnelles, j’ai mis le projet d’écriture en stand-by sans pour autant abandonner l’idée. Depuis, je n’ai de cesse de travailler sur lui en recueillant les témoignages de dizaines d’acteurs politiques, y compris les Premiers ministres de Bouteflika.

    Pour revenir à ces deux obsessions…

    Elles ont façonné sa vie. Déjà à vingt ans, au cœur même de la guerre d’indépendance, Bouteflika voulait être président. En 1976, lors de l’élaboration de la Constitution, Bouteflika demande à Mohamed Bedjaoui, alors en charge de ce projet, d’inscrire dans les textes fondamentaux du pays le poste de vice-président, un «ticket» à l’américaine. Informé de cette demande, Houari Boumediène y met son veto.

    Pourtant, Bouteflika est connu, à cette période, pour ses longues et nombreuses absences loin d’Alger, et même loin du pays. Comment expliquer cette contradiction, loin et proche de Boumediène ?

    Bouteflika n’a pas la réputation d’être un acharné du travail. Ministre des Affaires étrangères, il se rend rarement à son bureau. Il reçoit ses proches collaborateurs chez lui ou bien dans une des annexes du ministère. Aussi, a-t-il la manie de disparaître sans laisser de traces, et ce, depuis la période de la Révolution où la discipline était de rigueur. Je raconte dans mon livre, que lors de sa mission malienne dans ce qui est appelé «Le Front du Mali», Bouteflika fait des va-et-vient erratiques entre Bamako et Gao avant de disparaître au Maroc, sans laisser de traces. Boumediène demande souvent : «Il est où Abdelkader (nom de guerre de Bouteflika) ?» (Cette question est le titre d’un chapitre, page 75).

    Plus généralement, Bouteflika n’est pas un bourreau du travail. La lecture des dossiers l’ennuie. Il compense cela par le téléphone, une grande capacité de captation et une mémoire d’éléphant. Les escapades et les bouderies font partie intégrante de son mode de vie et surtout de son mode de gouvernance. Lors de ses premiers mois de présidence, il était persuadé que son bureau à El-Mouradia était mis sur écoute. En colère, il hurle : «Je m’en vais, je m’en vais. Je rentre chez moi. Ce n’est pas un pays ça !» (page 251) Bouteflika rentre quand même chez lui et reste trois semaines sans donner signe de vie. Vous imaginez le président de la République disparaître et bouder chez lui pendant trois semaines ?

    L’absence du père biologique était-elle palliée par l’omniprésence de sa mère et, surtout, par la tutelle de Boumediène et à quel point ?

    La présence de son père a été gommée, effacée. Comme si ce père n’avait jamais existé. Tous les témoignages le confirment : il n’évoque presque jamais son père. Sauf à de très rares occasions. La mère a pris la place du père. Il a une relation fusionnelle avec sa mère qui joue un rôle cardinal dans sa vie tant privée que politique. Je présume que Bouteflika occulte son père à cause du passé douteux de celui-ci. Dès lors, il a fait de Boumediène son père de substitution. Il lui pardonnait toutes ses escapades alors que Boumediène était d’une rigueur sans nom. Sur son lit d’hôpital à Moscou, en novembre 1978, Boumediène dit à un de ses confidents : «J’ai été pour lui le père qu’il n’a pas eu.» C’est tout dire.

    Ce sont les militaires, qu’il hait, qui l’ont, pourtant, porté au pouvoir. Pouvez-vous nous éclairer sur ce paradoxe ?

    Ses relations tendues et conflictuelles avec les militaires datent de la mort de Boumediène, en 1978.

    A l’époque, Bouteflika est convaincu d’être le successeur du président défunt. Il parle même d’un testament que Boumediène avait laissé et dans lequel il le désigne à ce poste suprême. Trois ou quatre officiers supérieurs ont choisi Chadli Bendjedid. Il a gardé une rancœur vis-à-vis des militaires. Mais aussi un goût de revanche. Dans une interview à une radio française en 1999, il dit même : «J’aurais pu prétendre au pouvoir à la mort de Boumediène. Mais la réalité est qu’il y a eu un coup d’État à blanc et l’armée a imposé un candidat imprévu.» Il veut dire qu’il y a coup d’Etat à blanc contre lui et que ce n’est pas Chadli qui était prévu pour la succession, mais lui. C’est cette rancœur et ce goût de revanche qui lui ont servi comme carburant pour alimenter cette ambition chevillée au corps. Il n’arrivait pas à comprendre comment Chadli a pu être président à sa place.

    Mais encore…

    En 1993, les généraux sollicitent Bouteflika pour devenir président à l’expiration du mandat du HCE. Bouteflika négocie, obtient même le rare privilège de prononcer un discours au ministère de la Défense devant tout le haut commandement militaire qui l’applaudit. C’est son jour de gloire. Les militaires acquiescent à toutes ses conditions. Il a carte blanche. Bouteflika refuse, néanmoins, une seule formalité, celle de se présenter à Club-des-Pins devant la Conférence nationale. Ce n’est qu’un prétexte pour décliner. Je pense qu’il avait pris peur. Il ne pouvait assumer un état de guerre. Bouteflika claque la porte au nez des généraux. «Je rentre chez moi, en Suisse.» Il prend son vol pour Genève. Il attend son heure.

    Arrive enfin celle-ci…

    La question est de nouveau sur la table avec la démission de Zeroual annoncée en septembre 1998. Le général Larbi Belkheir se met à convaincre individuellement les généraux de faire confiance à Bouteflika avec ses arguments : grand diplomate, beau parleur, et il est de l’ouest. Trois mois et demi de discussions. Belkheir réussit à surmonter les réticences de Mohamed Lamari, Khaled Nezzar et Toufik, échaudés par l’épisode de 1994. En décembre 1998, Bouteflika est adoubé par les militaires.

    Ceux qui le connaissaient intimement étaient convaincus, dès 1999, que Bouteflika voulait mourir au pouvoir (d’El-Mouradia à El-Alia selon l’expression de Mohamed Cherif Messaâdia). Comment a-t-il pu avoir son deuxième mandat, malgré l’objection majeure du puissant général Mohamed Lamari ?

    En 2004, Bouteflika a réussi à provoquer un schisme au sein des deux têtes de l’institution militaire : il a divisé l’état-major et les services de sécurité. Mohamed Lamari réalise l’étendue de son erreur à la veille du deuxième mandat. N’avait-il pas déclaré, «si Bouteflika passe, je me rase les moustaches» (page 307) ? Pour le chef d’état-major de l’époque, Bouteflika était une erreur de casting. Mais avait-il le pouvoir de s’opposer à cette réélection ? Il se disait à Alger qu’Ali Benflis était le candidat de Mohamed Lamari. Pour ce dernier, le deuxième mandat est la conséquence de la trahison ou de la défection de Mohamed Mediène, dit Toufik. Lamari finit par démissionner en août 2004. Il est remplacé par Ahmed Gaïd Salah, destiné à une retraite. Ainsi, Bouteflika, après avoir utilisé Toufik comme marchepied pour être réélu, fait du nouveau chef d’état-major son obligé. Rien ne pouvait alors s’opposer à sa présidence à vie.

    Le véritable coup de force de Bouteflika est la modification, en 2008, de la Constitution qui lui ouvre un boulevard pour la présidence à vie. Comment a-t-il pu y parvenir ?

    Sa maladie en 2005 (ulcère hémorragique) aurait pu le disqualifier de rempiler. Mais il a pu compter sur le soutien de Toufik et de Gaïd Salah qui ont permis l’amendement de la Constitution de 1996 qui limitait les mandats présidentiels à deux. Il y a eu des voix pour s’opposer à ce viol de la Constitution, mais elles étaient trop faibles. La machine de Bouteflika était un rouleau compresseur.

    Il faut savoir que dès son élection en 1999, Bouteflika avait l’idée ferme d’une présidence à vie de fait. A aucun moment il n’avait envisagé de prendre sa retraite. Il a une conception monarchique du pouvoir. Il a vécu au Maroc et aux Emirats arabes unis. Ses modèles sont les autocrates. Pour Bouteflika, le pouvoir se donne et ne se restitue pas.

    Printemps arabe en 2011, sérieux AVC avec séquelles irréversibles en 2013 et pourtant, en 2014, il arrache son quatrième mandat. Quel est, selon vous, son secret ?

    En 2013, Bouteflika avait tous les pouvoirs en main : Présidence, gouvernement, Assemblée nationale, armée, UGTA, armée, partis de l’alliance, oligarques, médias publics… Qu’est-ce qui pouvait empêcher un quatrième mandat ? Rien. On a fait croire que Toufik et le DRS s’y opposaient. Toufik était loyal et discipliné. S’il a pu émettre un avis ou une recommandation sur l’opportunité d’un quatrième mandat, il ne s’y est pas opposé.

    Le démantèlement du DRS et le pilonnage médiatique contre Toufik n’étaient pas liés au quatrième mandat, mais à la lutte contre la corruption. Le différend entre Toufik et Bouteflika n’était pas lié au quatrième mandat, mais aux dossiers de corruption, notamment celui impliquant Chakib Khelil, ancien ministre de l’Énergie et ami d’enfance du président déchu. Il fallait casser les services qui ont travaillé sur les dossiers de corruption impliquant ministres, walis et hommes d’affaires et enterrer les affaires. La preuve, Chakib Khelil a été réhabilité en 2016 en dépit des documents qui l’accablent.

    Pour revenir au quatrième mandat…

    Il restait une inconnue : le FLN sans secrétaire général depuis la démission forcée de Belkhadem en 2013. Avec la désignation de Ammar Saïdani, c’était réglé. Bouteflika avait donc tous les réseaux et tous les leviers pour être de nouveau réélu. L’état-major lui est resté fidèle tant et si bien que Ahmed Gaïd Salah s’était opposé à l’application de l’article 88 (devenu article 102- vacance du pouvoir). Deux forces travaillaient pour la même finalité (4e mandat) mais avec des objectifs différents. Bouteflika voulait mourir sur le trône, son frère Saïd voulait peser sur sa succession, les hommes d’affaires voulaient consolider leurs richesses et le clan garder le pouvoir. Maintenir Bouteflika au pouvoir, c’est l’assurance de ne pas devoir rendre des comptes. Tous ceux qui sont aujourd’hui en prison ont soutenu le 4e et le 5e mandats. Ils auraient eu la possibilité qu’ils auraient soutenu un 6e mandat.

    La vie privée de Bouteflika est peut-être plus riche que sa vie politique. Pourquoi autant de pudeur pour l’évoquer ?

    Bouteflika est dissimulateur, cachotier, mystérieux, un solitaire qui n’a pas d’amis mais des serviteurs. Quand il n’en a plus besoin, il les jette. Regardez comment il finit sa vie : seul.

    A aucun moment dans votre livre vous n’avez utilisé le mot «hirak». Pourquoi ?

    Le 22 février 2019 n’est pas une contestation, c’est une révolution qui a empêché un président et son clan de briguer un cinquième mandat. C’est une révolution pacifique qui a déboulonné un homme et le système qu’il a implanté depuis 20 ans. Bouteflika a mis 20 ans à consolider son régime. Il s’est écroulé en 40 jours. C’est une révolution car les Algériens se sont défaits de la dépendance vis-à-vis de ce président, de sa clique, de sa cour. Une révolution, car elle a aboli le régime de la présidence à vie qui a fait tant de mal au pays. Les Algériens se sont réappropriés l’espace public, la parole, l’emblème national et la révolution de 1954. Cette révolution est une grossesse qui a duré plusieurs années.

    C’est Bouteflika qui a provoqué la révolution en annonçant une nouvelle candidature à la Présidence le 11 février. Deux jours plus tard, à Bordj Bou Arréridj, des jeunes se sont révoltés en scandant : «Bouteflika le Marocain, il n’y aura pas de cinquième mandat !» Ils lui ont même dénié sa nationalité algérienne. C’est comme si Bouteflika s’est toujours comporté comme un étranger en Algérie. En 1999, avant même d’être élu, il déclare : «Si je n’ai pas un soutien franc et massif du peuple algérien, je ne suis pas chargé de faire son bonheur malgré lui… Je considère qu’il doit être heureux dans sa médiocrité. Après tout, je ne suis pas chargé de faire son bonheur malgré lui. Je sais rentrer chez moi, c’est ce que j’ai fait pendant vingt ans.» Saisissant, comment, 20 ans après, ces propos sont presque prémonitoires. Massivement, les Algériens sont sortis dans la rue pour lui signifier qu’il n’a pas fait leur bonheur, qu’ils ne veulent plus de lui et qu’il doit renter chez lui.

    N. B. E.-M.

    Le Soir d’Algérie, 19 fév 2020

    Tags : Algérie, Bouteflika, Hirak,

  • Algérie : Tebboune relance le débat sur la mémoire

    À L’OCCASION DE LA JOURNÉE NATIONALE DU CHAHID

    Dans une lettre adressée à l’occasion de la Journée nationale du Chahid, lue hier par le ministre des Moudjahidine, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est revenu sur un sujet sensible: la mémoire.

    “Je ne renoncerai pas à demander des comptes à l’ancien colonisateur, afin de récupérer notre mémoire et les restes de nos martyrs”, a-t-il d’ailleurs déclaré, affirmant que la “jeunesse a grandement besoin d’apprendre les leçons de nos martyrs, qui conforte la doctrine novembriste”.

    Abordant le thème de l’identité, le président de la République a rappelé sur “la défense de nos martyrs contre les politiques d’évangélisation et de francisation de la langue et de la place”.

    “Notre identité a été la cible de tentative répétée d’atteinte par des manœuvres venant de l’intérieur et de l’extérieur”, a-t-il affirmé. Et d’ajouter: “Nous nous dresserons contre toute tentative d’atteinte à l’identité nationale”.

    Se penchant sur l’avenir, Abdelmadjid Tebboune a estimé que “la révision constitutionnelle constitue le fondement de la nouvelle Algérie”. “Notre rêve consiste en la construction d’un Etat national fort, prospère, juste et respecté”, a ainsi conclu le président de la République.

    La Journée nationale du Chahid a été une occasion pour le président de la République, de réaffirmer certaines positions relatives à la mémoire.

    Le Midi Libre, 19 fév 2020

    Tags : Algérie, Abdelamjid Tebboune, mémoire, France, colonisation,

  • Mauritanie : Annulation des mandats d’arrêt contre Bouamatou, Chav’i et Debagh

    Selon des sources officielles citées par Al Akhbar, le ministre de la justice, Haimoud Ould Ramdane a reçu de hautes instructions lui demandant l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre des deux hommes d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, Moustapha Ould Limam Chav’i et Mohamed Ould Debagh.

    Selon les mêmes sources, le parquet général aurait contacté mardi 18 février la police internationale (Interpol) pour demander l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis contre les trois opposants au régime de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz.

    Les autorités de l’époque accusaient Bouamatou et Debagh de ‘’blanchiment d’argent et de fraude fiscale’’ et Ould Chav’i de ‘’terrorisme’’. Des hommes et femmes politiques dont certains proches du pouvoir ont organisé le 12 septembre passé un sit-in devant la Présidence réclamant l’arrêt des poursuites judiciaires contre les trois hommes d’affaires vivant en exil.

    Le Calame, 19 fév 2020

    Tags : Mauritanie, Mohamed Ould Bouamatou, Moustapha Ould Chavi, Debagh, mandat d’arrêt, Interpol,

  • Où va l’économie de la Russie ?

    Alors que la croissance mondiale ralentit, l’économie russe prend de l’ampleur. Le nouveau gouvernement s’apprête à abandonner l’austérité. La croissance du PIB devrait s’accélérer. Mais, il y a ces incertitudes mondiales …

    Par Jon Hellevig − Le 31 janvier 2020 − Source Awara

    Jon-Hellevig-blog-120x120Il y a beaucoup à faire pour l’économie russe alors que 2020 entame son deuxième mois. Le remaniement du gouvernement russe est considéré comme levant les contraintes d’austérité et accélérant le financement des ambitieux programmes nationaux de développement de Poutine.

    Dans son discours à l’Assemblée nationale, Poutine a signalé la fin de l’austérité sur les dépenses sociales, la Russie étant le seul pays du monde développé qui augmente désormais sérieusement ses dépenses sociales – entre autres, l’augmentation des retraites du double du taux d’inflation et l’initiation de mesures massives d’aides alimentaires pour les enfants – pendant que tout les autres pays taillent dans les budgets sociaux.

    Nous nous attendons à ce que la Banque centrale doive emboîter le pas et mettre fin à son austérité financière afin de finalement réduire les taux d’intérêt réels records de la Russie, à l’échelle mondiale, et les mettre en ligne avec l’inflation en baisse rapide. Les industries manufacturières russes continueront de croître au-dessus des moyennes mondiales, grâce aux programmes nationaux de développement et grâce à la vigueur des programmes de substitution des importations qui arrivent à maturité. Avec l’ouverture de nouveaux gazoducs fin 2019 vers la Chine et la Turquie, les exportations d’énergie de la Russie resteront fortes, quoi qu’il arrive dans l’économie mondiale.

    En raison de la vigueur globale de l’économie et de la forte réduction concomitante de l’afflux de nouveaux jeunes adultes sur le marché du travail en raison des effets de la crise démographique des années 90, le marché du travail sera de plus en plus tendu, ce qui exercera une pression à la hausse sur les salaires et augmentera la consommation.

    En raison du niveau d’endettement de la Russie, de loin le plus bas de l’économie mondiale, et des finances publiques solides, le rouble devrait rester stable. En effet, celui-ci semble avoir réussi à se dissocier de la domination du dollar, car il a montré une force remarquable à travers les bouleversements financiers et les tensions mondiales de ces dernières années. Ceci, à son tour, en plus de l’affaiblissement de l’économie mondiale, devrait maintenir la pression inflationniste sous contrôle, malgré tous les éléments qui stimulent la croissance sur le front intérieur. Il est possible que les devises des marchés émergents, et le rouble avec elles, soient attaquées dans le cadre d’une hystérie potentielle sur les marchés financiers mondiaux – y compris une baisse du prix du pétrole – liée à l’épidémie de coronavirus. Malgré cela, les fondamentaux du rouble sont si solides qu’il devrait, dans ce cas, se redresser rapidement.

    La Russie devrait croître plus vite que l’Occident

    Potentiellement, tout cela pourrait se traduire par une croissance du PIB de 2 à 2,5%, voire 3% au mieux. Mais avec toutes les incertitudes mondiales, il n’y a aucune base solide pour assurer ces prévisions. De leur côté, les prévisions du FMI pour la croissance du PIB en 2020 annoncent l’économie mondiale à 3,3%, les États-Unis à 2,3% et la zone euro à 1,3%, dont l’Allemagne à 1,1%. La prévision pour la Russie est de 1,9%. Étant donné que la Russie atteindra une croissance de 1,4% en 2019 contre une prévision du FMI de 1,1%, ils sous-estiment probablement celle de 2020 également.

    Nous sommes sur une base plus ferme pour prédire que l’économie russe sera en tête du monde développé et croîtra de 1 à 2% de plus que celle de l’Europe occidentale.

    La Russie a désormais de bonnes chances d’atteindre une trajectoire de croissance de 3%, supérieure à la moyenne de la zone euro. Compte tenu également de la probabilité très réelle que l’UE – ou du moins la vieille Europe occidentale – pourrait effectivement connaître une croissance négative au cours des dix prochaines années, il est raisonnable de s’attendre à ce que dans une décennie, le PIB – en parité de pouvoir d’achat (PPA) – par habitant de la Russie atteigne le niveau moyen européen .

    Perspectives sombres pour la croissance mondiale

    En 2019, l’environnement économique mondial a été dominé par les guerres commerciales américaines contre la Chine et d’autres pays, y compris les sanctions contre la Russie. Bien qu’une sorte de trêve ait été conclue entre les États-Unis et la Chine à la fin de l’année, nous devrions nous attendre à la même situation en 2020 et ensuite. Avec le ralentissement mondial et l’incapacité définitive de l’Occident à générer une croissance réelle autre que temporaire en truquant les marchés financiers, le rôle des méthodes non marchandes – guerres commerciales, arnaques commerciales, diplomatie secrète, truquage financier – pour soutenir les économies en difficulté va indubitablement croître.

    L’autre grand danger mondial est une conséquence du truquage du marché, c’est-à-dire la dette. La grande préoccupation est de savoir combien de temps les économies occidentales pourront continuer autrement que par l’ingénierie financière et un levier d’endettement sans cesse croissant ? Il est déjà clair qu’aucun montant de dette ne semble pouvoir produire une croissance significative, alors que cette dette augmente considérablement les inégalités, au point que le tissu social se désintègre, les manifestations de masse en France n’en étant qu’un aperçu très visible. À l’heure actuelle, nous ne devons pas être loin des grosses difficultés finales : l’hyperinflation et un effondrement financier épique suivi d’un effondrement de l’économie réelle.

    Le coup le plus récent porté à l’économie mondiale provient du coronavirus originaire de Chine. Jusqu’à quel point la crise de la maladie s’aggravera, personne ne le sait, mais il y a déjà des répercussions économiques à cause des restrictions obligatoires, ou volontaires, à la mobilité des personnes et des marchandises. Il y a là le potentiel d’un impact important sur le commerce mondial.

    Le changement climatique est également une grande préoccupation. Nous ne voulons pas dire cela parce que le climat changerait plus qu’il ne l’a déjà fait pendant des milliards d’années, et pas non plus parce qu’il y aurait des preuves d’un changement climatique d’origine humaine. Ce que nous voulons dire, c’est que les politiques adaptées à l’alarme climatique semblent n’ajouter qu’une couche supplémentaire d’inefficacité économique, de taxes, de coûts, de mauvais investissements et de décisions mal orientées. C’est certainement une menace pour les économies occidentales dans un avenir proche. Cela dit, nous devons souligner que, contrairement à l’idéologie fallacieuse du changement climatique, il existe de véritables problèmes écologiques fondamentaux – la pollution, la destruction de l’environnement et la disparition de la vie organique – qui feront certainement obstacle au potentiel de valeur économique ajoutée.

    Au final, nous considérons que la position géopolitique et géo-économique de la Russie s’est renforcée au cours des dernières années, ce qui supprime certains des risques autrefois associés traditionnellement à la Russie.

    Austérité, pas d’austérité, ou une certaine austérité ? Telle est la question
    La plupart des Russes semblaient soulagés par le récent remaniement gouvernemental de Poutine, car on pensait que l’ancien Premier ministre Dmitri Medvedev ne pouvait gérer l’économie plus longtemps. Bien que la Russie ait un bilan macroéconomique remarquable, le gouvernement Medvedev était trop prudent, et trop porté à l’austérité, pour pouvoir traduire cela en une croissance économique solide tout en améliorant le niveau de vie de la population. Medvedev est tristement connu pour avoir dit en 2016 à un groupe de mamies qui se plaignaient de leurs pensions : « Il n’y a pas d’argent, mais vous vous accrochez ! »

    Cela a donc été un soulagement lorsque le nouveau Premier ministre Mikhail Mishustin a déclaré : « Il y a assez d’argent pour tout ce que le président veut accomplir ». Mishustin est l’ancien responsable, très compétent, de l’administration fiscale, alors il sait de quoi il parle. La perception des impôts a doublé en termes réels sous son mandat de dix ans, tandis que la pression fiscale sur l’économie est restée faible – dans une comparaison mondiale. La charge fiscale totale de la Russie, à 31,1%, est restée faible, surtout par rapport aux pays de l’OCDE. Un fardeau fiscal relativement faible ajoute également à la force de la Russie par rapport à la plupart des pays développés en cas de ralentissement mondial, car le pays se retrouverait avec une plus grande flexibilité budgétaire.

    La slogan «Il n’y a pas d’argent» résume parfaitement ce que représentait le gouvernement d’austérité de Medvedev. Quoi qu’il en soit, la Russie avait un triple excédent – commercial, trésorerie, budgétaire – avec des réserves de devises internationales atteignant des niveaux record et un fonds souverain solidement renforcé. Il y aurait eu amplement de la place pour une relance – avec de l’argent réel, et dans l’économie réelle, au lieu de la relance avec l’argent de la planche à billets, comme aux États-Unis et dans l’UE, gaspillé sur les marchés financiers – mais le gouvernement Medvedev avait tout verrouillé.

    Compte tenu du niveau d’endettement incroyablement bas de la Russie, elle aurait également eu largement les moyens d’emprunter afin de financer la croissance dont elle avait tant besoin. Voir ce rapport.

    En plus des prometteuses déclarations de politique du nouveau Premier ministre Mishustin, la nomination clé d’Andrey Belousov en tant que premier vice-Premier ministre – n ° 2 du cabinet – marque la fin d’une austérité inutile. Belousov a occupé, en 2012-2013, le poste de ministre du Développement économique, mais a rapidement été installé dans l’administration présidentielle en qualité de conseiller économique en chef. On dit que Belousov est davantage étatiste, il croit au rôle crucial du gouvernement dans la direction des processus économiques et il est partisan de l’augmentation des dépenses publiques et d’un plus grand rôle du gouvernement dans l’économie. Nous l’espérons. Au moins, cela mettrait un terme aux discussions sur la privatisation accrue que nous avons entendues du gouvernement Medvedev lors de son dernier soupir.

    En particulier, Belousov est considéré comme un architecte clé des projets nationaux à grande échelle, dont Poutine a ordonné la mise en œuvre. Les projets nationaux représentent un programme de dépenses de 500 milliards de dollars (2/3 financé par le gouvernement, 1/3 privé) jusqu’en 2024 dans le but de moderniser les infrastructures du pays et l’économie, de stimuler les exportations de produits manufacturés et d’améliorer le niveau de vie, la santé et les compétences de la population ainsi que le renforcement du développement démographique.

    Ces investissements entraînent une stimulation directe au fil des ans sous forme de dépenses ciblées, mais plus important encore, ils stimuleront l’économie russe par les nouvelles capacités qu’ils offriront.

    Austérité de la banque centrale

    Medvedev et son cabinet n’étaient cependant pas les pires coupables de l’austérité, car ce titre revient à la Banque centrale russe et à sa cheffe Elvira Nabiullina. Depuis la crise financière qui a suivi le cataclysme ukrainien en 2014, la Banque centrale russe a maintenu des taux d’intérêt inutilement punitifs, ce qui a étranglé l’activité économique. Après le choc initial, la Banque centrale a été très lente à réduire le taux directeur même lorsque l’inflation intérieure a ralenti pour atteindre des creux records et que les taux d’intérêt occidentaux sont devenus négatifs.

    A savoir, la Banque centrale a baissé ses taux très lentement mais beaucoup moins que le ralentissement de l’inflation. Le taux d’intérêt réel primaire (taux directeur moins inflation) est resté au niveau de 4% depuis 2014, atteignant même des niveaux de 5% par rapport à l’inflation courante en 2015 et 2016. Par inflation courante, nous entendons le taux d’inflation prévisible sur la base des derniers mois par rapport à l’inflation cumulée des 12 derniers mois.

    La Banque centrale a commis une grave erreur dans sa politique de taux d’intérêt en se guidant sur les 12 derniers mois au lieu de regarder vers l’avenir. Le pic d’inflation provoqué par le début de la crise ukrainienne et l’effondrement des prix du pétrole s’est limité à la période de septembre 2014 à mars 2015, après quoi l’inflation a été rapidement maîtrisée et a affiché un taux de progression de 5%. Mais, guidée par son rétroviseur, la Banque centrale a maintenu les taux d’intérêt astronomiques. (À propos de ce sujet, voir plus ici).

    Actuellement, l’inflation annuelle s’élève à 2,5% (à la fois le taux courant et le cumul), mais le taux directeur de la Banque centrale se situe toujours à un incroyable taux de 6,25%. C’est un intérêt réel de 3,75%, un niveau que vous maintiendriez dans une situation d’urgence, mais pas dans l’environnement économique sain de la Russie d’aujourd’hui. Nous prévoyons donc une réduction rapide d’au moins 2%. En effet, même si la Banque centrale n’a pas l’intention d’aller à l’encontre de l’insistance du président Poutine à déployer tous les efforts pour stimuler rapidement la croissance économique et le niveau de vie des citoyens, elle devra le faire. Les taux d’intérêt excessifs pèsent particulièrement sur le taux de natalité, que Poutine a récemment identifié comme l’un des plus grands défis de la Russie. Pour que les baisses de taux d’intérêt aient un effet, elles devraient être faites d’avance, avec au moins 1,5% au cours du prochain semestre.

    Nous avons souligné plus haut que nous parlons d’un taux d’intérêt réel primaire, car le taux d’intérêt réel pour les entreprises et les ménages est beaucoup plus élevé. C’est le taux d’intérêt primaire, plus les marges notoirement élevées que les banques russes facturent pour leurs prêts.

    La Banque centrale russe n’a pas réussi à créer quelque chose qui s’approche des conditions d’emprunt normales pour les petites et moyennes entreprises. Pour que cela se produise, le taux d’intérêt primaire doit être sérieusement réduit. Avec la même proportion, les taux hypothécaires des ménages devraient être ramenés des niveaux actuels de 9,5% à 6%.

    Pour être juste, la Banque centrale est également largement reconnue pour avoir finalement freiné l’inflation notoirement élevée de la Russie. Cependant, il ne faut pas non plus accorder trop de crédit à la Banque centrale pour cela. À notre avis, la contribution décisive à la baisse de l’inflation est venue des mécanismes de l’offre. Au terme de l’analyse, l’inflation est toujours et partout un problème d’offre – sauf en cas de déficit public imprudent et d’utilisation de la planche à billets. Le problème d’inflation de la Russie était principalement dû aux importations de denrées alimentaires, de machines et de biens de consommation et aux besoins correspondants de dollars (euro), la valeur domestique du rouble étant très sensibles – et toujours uniquement à la hausse – aux importations libellées en dollars et aux fluctuations du marché des changes associées à la spéculation monétaire.

    Il y avait eu une croissance rapide de l’industrie manufacturière et de l’agriculture nationales de 2000 au début de la crise en 2014, ce qui avait déjà sérieusement aidé la Russie à se sevrer des importations – nous en avons parlé dans un rapport fondateur en 2014. La frappe décisive contre le dollar (euro) est ensuite intervenue après que la Russie, en réponse aux sanctions occidentales de 2014, a interdit les importations de denrées alimentaires en provenance de ces pays. Du fait des actions de la Russie, la production et la fabrication de produits alimentaires nationaux ont encore augmenté, et les importations se sont déplacées vers des pays à moindre coût. Par ces processus économiques – et aussi par les politiques actives de dé-dollarisation du gouvernement – les offres moins chères ont augmenté et les marques occidentales plus chères ont perdu leur attrait pour le gestionnaire d’achat et le consommateur russe, ce qui a entraîné le découplage des prix intérieurs du dollar (euro). et les pressions inflationnistes ont cédé.

    Avec une croissance stimulant les taux d’intérêt, la Banque centrale aurait dû aider la croissance de l’offre à maintenir l’inflation, au lieu d’aggraver la situation.

    Le magnat milliardaire Oleg Deripaska – se joignant à un chœur croissant de critiques – a récemment critiqué durement les politiques de la Banque centrale. Il a remis en question la répression excessive de l’inflation et a appelé à une politique de taux axée sur la croissance et la lutte contre la pauvreté. En mettant fin à l’austérité financière de la Banque centrale, la Russie pourrait atteindre une croissance annuelle du PIB jusqu’au niveau de 5% selon Deripaska.

    Les taux vont baisser, mais cela sera-t-il suffisant et assez rapide, on verra. Espérons que la Banque centrale gardera son sang-froid et ne laissera pas les turbulences potentielles sur les marchés mondiaux la détourner des baisses de taux d’intérêt. Aucune augmentation significative de la pression inflationniste ne s’ensuivrait, même si le rouble se dépréciait suite à une éventuelle turbulence du marché mondial.

    Jon Hellevig

    Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

    Source : Le Saker Francophone, 31 janvier 2020

    Tags : Russie, économie, finances, crise, croissance,

  • Méfiant du «séparatisme», Macron dévoile des restrictions sur les imams étrangers et les enseignants

    PARIS (Reuters) – Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi qu’il mettrait fin à la pratique des pays étrangers d’envoyer des imams et des enseignants en France pour réprimer ce qu’il a appelé le risque de «séparatisme».

    Macron est jusqu’à présent resté à l’écart des questions liées à la communauté musulmane de France, la plus grande d’Europe, se concentrant plutôt sur les réformes économiques.

    Dans une intervention très attendue moins d’un mois avant les élections municipales, Macron a déclaré qu’il mettrait progressivement un terme au système dans lequel l’Algérie, le Maroc et la Turquie envoient des imams en France pour prêcher dans les mosquées.

    « Cette fin du système de l’Islam consulaire est extrêmement importante pour limiter l’influence étrangère et s’assurer que tout le monde respecte les lois de la république », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse dans la ville orientale de Mulhouse.

    Macron a déclaré que 300 imams étaient envoyés en France chaque année par ces pays, et que ceux qui sont arrivés en 2020 seraient les derniers à arriver en si grand nombre.

    Il a déclaré que son gouvernement avait demandé à l’organisme représentant l’Islam en France de trouver des solutions pour former des imams sur le sol français à la place, assurez-vous qu’ils parlent français et ne diffusent pas les opinions islamistes.

    Macron, qui est constamment attaqué par la leader d’extrême droite Marine Le Pen sur la question de l’intégration des musulmans français, a également déclaré qu’il mettrait fin à la pratique des étudiants français enseignés par des enseignants payés par des gouvernements étrangers.

    La France a des accords avec neuf pays, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie, par lesquels leurs gouvernements peuvent envoyer des enseignants dans des écoles françaises pour enseigner les langues à des élèves originaires de ces pays.

    Macron a déclaré qu’il avait trouvé un accord pour mettre fin à cette pratique avec tous ces pays sauf la Turquie.

    « Je ne laisserai aucun pays, quel qu’il soit, alimenter le séparatisme », a déclaré Macron. « Vous ne pouvez pas avoir de loi turque sur le sol français. Ça ne peut pas être le cas. « 

    La France a subi de graves attaques de militants islamistes ces dernières années. Des attentats à la bombe et des tirs coordonnés en novembre 2015 au théâtre Bataclan et dans d’autres sites autour de Paris ont fait 130 morts – les attaques les plus meurtrières en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Tags : France, Islam, Maroc, Algérie, Turquie, radicalisation,

  • Tunisie : Fakhfakh a proposé une nouvelle offre à Ennahdha (Source à Anadolu)

    AA/Tunis/Adel Thebti

    Le chef du gouvernement tunisien désigné, Elyes Fakhfakh, aurait présenté une nouvelle offre au mouvement d’Ennahdha pour une mise à jour de la formation gouvernementale annoncée il y a peu, selon la déclaration d’une source proche des négociations à Anadolu.

    La source, ayant requis l’anonymat, a indiqué que « Fakhfakh a présenté une nouvelle offre au Mouvement d’Ennahdha concernant la formation du gouvernement », sans donner de détails.

    La même source a ajouté que « des négociations sont en cours, mardi entre Fakhfakh et des représentants d’Ennahdha afin de parvenir à un accord permettant de contourner la crise de la formation du gouvernement ».

    Toujours selon cette source, « Ennahdha s’était opposée à la formation proposée par Fakhfakh pour plusieurs raisons, dont l’exclusion du parti Au Cœur de la Tunisie (Qalb Tounes, 38 députés/217), en plus de certaines réserves sur quelques noms proposés dans la liste (qu’elle n’a pas identifiés) et qui ont été présentés comme étant des personnalités indépendantes alors que, soit elles ne l’étaient pas, soit il y avaient des soupçons de corruption ou de conflit d’intérêt en rapport avec elles », sans donner plus d’éclaircissement.

    Samedi, Fakhfakh avait annoncé avoir décidé avec Kaïs Saïed la possibilité de remanier la formation gouvernementale proposée, à la lumière de la décision d’Ennahdha (54/217 députés) de se retirer et de ne pas voter en sa faveur au parlement.

    La liste de Fakhfakh est composée de 30 portefeuilles ministériels convenus avant le retrait d’Ennahdha.

    Ennahdha avait annoncé, peu avant que Fakhfakh ne dévoile sa liste, qu’elle n’accordera pas sa confiance au gouvernement, à cause de l’obstination de Fakhfakh de rejeter la demande du mouvement portant formation d’un « gouvernement d’union qui n’exclut personne », dans une allusion à la non-participation du parti « Qalb Tounes » (Au Cœur de la Tunisie, 38 députés) au gouvernement.

    Le délai légal accordé à Fakhfakh pour achever la formation de la liste gouvernementale et la soumettre au président de la République prendra fin jeudi. Le président de la République soumettra la liste au parlement pour approbation.

    Pour recueillir la confiance du parlement, le nouveau gouvernement a besoin d’une majorité absolue (50+1), soit 109 voix sur un total de 217.

    Anadolou

    Tags : Tunisie, Fakhfakh, gouvernement, Ennahdha,

  • Algérie : Enrichissement illicite

    par Abdelkrim Zerzouri

    Des morts demandeurs de logements ou des demandeurs de logements morts sans que leurs vœux ne soient exaucés ? Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud qui a fait état, dimanche dernier, d’un chiffre énorme de demandes de logement de souscripteurs décédés, atteignant «plus de 120.000 demandes à travers le territoire national», devrait suivre ses déclarations de plus d’éclaircissements. Parce qu’en l’état, les morts ayant leurs lopins de terre ne peuvent rien solliciter de plus, et on pourrait comprendre que d’autres personnes, bien vivantes, auraient introduit des demandes en leur nom dans un cadre de trafic pour décrocher indûment des clés d’appartements. Tout est possible, bien sûr, puisque des couples mariés ont divorcé à l’approche de l’éradication du bidonville où ils résidaient pour bénéficier chacun d’un logement propre, puis revenir vivre ensemble dans un logement et vendre le second. Car en réalité le couple, lui, reste soudé, il s’agit seulement d’un stratagème pour bénéficier de deux logements au lieu d’un. C’est du vécu palpable.

    Tous les trafics imaginables et invraisemblables ont été expérimentés pour bénéficier indûment d’un logement social. Pourquoi ne pas en faire bénéficier n mort ? Il y en a également, en sus du faux divorce, ceux qui se marient sans déclaration, en attendant d’entrer en possession de deux clés d’appartements, AADL, et régler ensuite leur situation sur les registres de l’état civil. D’autres ne se lassent pas d’introduire demande sur demande, peut-être par crainte qu’on oublie ou qu’on égare la première. Enfin, il y en a de toutes les histoires et toutes les ruses pour décrocher indûment logement social, souvent avec la complicité d’agents de l’administration proche ou en charge de ces dossiers.

    M. Beldjoud a dans ce sens demandé aux responsables et élus locaux «d’occuper le terrain» pour s’enquérir de près de la demande de logement et de la situation de vie des citoyens en général. Pour que le logement aille vraiment à ceux qui en ont besoin, il y a lieu de procéder impérativement à un assainissement du fichier des demandeurs de logements sociaux, voire procéder à une réactualisation de tous les dossiers avec cette précision en gros et gras que tout coupable d’un faux et usage de faux sera puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans. Et, pourquoi pas ne pas commencer par l’exploitation et l’approfondissement des enquêtes effectuées par les offices de promotion immobilière au sujet des véritables occupants des logements, ainsi que les logements sociaux attribués et qui restent inoccupés ?!

    L’Etat a consenti plus d’un million d’aides au logement rural et le problème reste presque entier, selon l’aveu du président Tebboune dans son discours à l’ouverture de la rencontre gouvernement-walis ! Le logement social, tout comme dans d’autres domaines s’inscrivant dans le capital des transferts sociaux, est devenu pour certains un moyen pour s’enrichir illicitement sur le dos du Trésor public et aux dépens des démunis qui vivent, eux, sans domicile fixe ou dans des conditions très précaires sans voir aboutir leurs demandes de logement. L’intégrité dans la gestion des affaires publiques, notamment de ce dossier sensible du logement, accouplée à de simples dispositions et une application rigoureuse de la loi peuvent rétablir la confiance perdue et avoir un impact positif sur la vie du citoyen, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur. Bien évidemment, la contribution d’une société civile forte dans ce dossier serait d’un apport capital.

    Le Quotidien d’Oran, 18 fév 2020

    Tags : Algérie, corruption, pillage, malversation, enrichissement illicite,

  • Moulay Hicham : « La solution au Maroc : une monarchie réformée »

    ENTRETIEN MOULAY HICHAM REALISE PAR DOMINIQUE LAGARDE DANS L’EXPRESS DE CE MERCREDI 11 MAI 2011. IL DONNE SON AVIS SUR LE PRINTEMPS ARABE ET PARLE DU MAROC.

    Interrogé par l’Express sur le fait que les manifestants au Maroc ne demandent pas au souverain de « dégager », mais de réformer le système et que les rois seraient donc plus légitimes que les dictateurs républicains, Moulay Hicham estime que « L’institution monarchique est à la fois une institution d’arbitrage et le symbole de l’identité de la nation. Les populations de ces pays adhèrent majoritairement à ce concept. Mais cela pourrait bien, à terme, ne plus être le cas si ces monarchies ne prennent pas en compte l’aspiration des peuples au changement. Or, elles peinent à faire face à cette urgence, notamment, lorsqu’il s’agit de monarchies de droit divin ».

    Interrogé sur les pouvoirs religieux du souverain qui sont « aujourd’hui largement débattus », notamment, par le mouvement du 20 février, ainsi que sur la notion du sacralité de la personne de Sa Majesté, Moulay Hicham déclare que « La +sacralité+ n’est pas compatible avec la démocratie. On peut concevoir que la personne du roi soit inviolable, parce qu’il est le représentant de la nation. On peut conserver une commanderie des croyants si celle-ci est dotée d’une dimension morale, un peu comme la reine du Royaume unie est chef de l’église d’Angleterre et Defender of the Earth. Mais il faut renoncer au caractère sacré de la personne du roi. Si on garde cette notion-là, copiée sur l’absolutisme français au milieu d’un dispositif institutionnel par ailleurs démocratique, tout sera biaisé. A terme, cela ne marchera pas ».
    Interrogé sur la Commission de la réforme de la constitution et si elle peut aller jusqu’à proposer la suppression de la sacralité de la personne du Roi, Moulay Hicham répond : « je crois que la monarchie marocaine a compris l’ampleur du défi, même si elle peine à y répondre. La commission est consultative, c’est le roi qui tranchera ».

    Sur la demande de l’ultragauche marocaine de l’élection d’une assemblée constituante, Moulay Hicham réponde : « C’est irréaliste. Cela signifierait la fin du régime. Historiquement, les assemblées constituantes servent à consommer la fin d’un régime ».

    Entre une monarchie à l’espagnole ou la conception d’une Constitution dans laquelle le Roi aurait peu ou prou les pouvoirs d’un président français, avec un exécutif bicéphale, Moulay Hicham souligne qu’ « En France, le chef de l’Etat et le Premier ministre sont l’un et l’autre issus de la souveraineté populaire. Au Maroc, il y a deux légitimités, celle des urnes et celle de la tradition. On ne peut pas transposer la logique et la philosophie de la cohabitation et du domaine réservé. Il faut tourner la page, et le faire sans ambiguïté. Le Maroc doit s’inspirer des expériences des monarchies européennes tout en préservant ses traditions et sa culture. »

    Interrogé sur son rôle d’avocat de l’ouverture démocratique des monarchies arabes tout en étant le neveu de Feu le roi Hassan II, Moulay Hicham répond : « Des études à l’étranger, l’ouverture au monde sans doute. Et un intérêt, très tôt stimulé, pour les problèmes sociaux… »

    « Mais vous restez monarchiste ? », interroge Dominique Lagarde de l’Express. « Oui je reste convaincu qu’un changement dans le cadre d’une monarchie réformée représente la solution la moins coûteuse pour le Maroc. Je mentirais si j’affirmais que la biologie est étrangère à cette conviction.»

    Interrogé sur ses prises de position et les ennuis qu’elles auraient générés avec Feu le roi Hassan II et S.M le roi Mohammed VI, Moulay Hicham répond : « Avec Mohammed VI surtout, d’autant que son entourage pèse davantage qu’autrefois celui de Hassan II. J’ai fait l’objet de campagnes, j’ai été en bute à des tracasseries… »

    Interrogé sur l’état de ses relations actuelles avec le souverain, Moulay Hicham dit : « Depuis dix ans, je ne me suis rendu qu’une seule fois au palais royal. Je n’ai vu le roi que deux ou trois fois, lors de réunions de famille. Restent les souvenirs d’une enfance et d’une jeunesse partagées. Le sentiment aussi d’appartenir à une même famille. C’est un élément constructif de mon identité. »

    Tags : Maroc, Hicham Alaoui, prince Moulay Hicham, Printemps Arabe, monarchie marocaine,