Catégorie : presse

  • Benjamin Griveaux : le retour à l’ordre moral ?

    « Avec l’aide de Dieu, le dévouement de notre armée, qui sera toujours l’esclave de la loi, avec l’appui de tous les honnêtes gens, nous continuerons l’œuvre de la libération de notre territoire et le rétablissement de l’ordre moral de notre pays. Nous maintiendrons la paix intérieure et les principes sur lesquels repose notre société. » (Maréchal de Mac-Mahon, le 28 avril 1873).

    Connaissez-vous Albert de Broglie ? Diplomate, patron de Saint-Gobain, grand-père du Prix Nobel de Physique Louis de Broglie (qui participa à l’architecture majestueuse de la physique quantique), député monarchiste à partir du 8 février 1871, il fut nommé Président du Conseil (en fait, précisément « Vice-Président du Conseil » mais avec le rôle de chef du gouvernement) le 24 mai 1874 par le nouveau Président Patrice de Mac-Mahon. Il fut connu pour appliquer la politique de l’ordre moral.

    De quoi s’agissait-il ? Après la défaite de Napoléon III à Sedan et la proclamation de la République par Gambetta, Thiers gagna les élections du 8 février 1871 avec une majorité conservatrice. Situation très étrange : nous étions alors en République, sans Constitution, et les députés démocratiquement élus (sur pression de Bismarck qui voulait négocier une paix avec des représentants français légitimes) étaient majoritairement monarchistes. En d’autres termes, Thiers, élu Président de la République (à partir du 31 août 1871) en même temps que chef du gouvernement (à partir du 17 février 1871 : « Chef du pouvoir exécutif »), s’est converti à la République mais à une République conservatrice. Cependant, son autoritarisme le fit renvoyer par les députés le 24 mai 1873, qui lui ont préféré le vieux maréchal napoléonien monarchiste Patrice de Mac-Mahon, dont l’esprit politique était loin d’être subtil (il fit d’ailleurs l’objet de plaisanteries sur certains de ses beaux mots, comme lors d’une inondation).

    L’armée d’occupation allemande quitta la France en septembre 1873 grâce aux négociations de Thiers, mais Mac-Mahon avait pour but d’attendre (d’où le septennat voté le 9 novembre 1873) que les légitimistes et les orléanistes pussent résoudre leurs problèmes afin de restaurer la monarchie (plus clairement, attendaient la mort du dernier descendant de Charles X, son petit-fils, sans descendance, afin de confier la totalité de l’héritage capétien au petit-fils de Louis-Philippe). Pour cela, Mac-Mahon constitua un gouvernement d’ordre moral dirigé par Albert de Broglie. Mais au fur et à mesure que des élections partielles ont eu lieu, puis générales, la Chambre des députés s’est progressivement républicanisée aux dépens des monarchistes jusqu’à la fameuse crise du 16 mai 1877. Entre-temps, les députés ont voté le 30 janvier 1875 « l’amendement Wallon » qui confirma la « République » seulement dans le titre du chef de l’État : « Président de la République », c’est ainsi que la Troisième République a été instituée sans avoir rédigé de Constitution.

    L’entreprise de l’ordre moral n’a pas fait long feu. Après quelques gouvernements républicains (dirigés par Jules Dufaure ou Jules Simon), Mac-Mahon nomma à nouveau Albert de Broglie à la tête du gouvernement et prononça la dissolution de la Chambre des députés le 25 juin 1877. Ce fut une campagne électorale particulièrement agitée, avec la fameuse réplique de Gambetta le 15 août 1877 à Lille : « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. ». Les élections législatives du 28 octobre 1877 confirmèrent la majorité républicaine (320 républicains contre 159 conservateurs) des élections précédentes du 5 mars 1876 (393 républicains contre 140 conservateurs). Mac-Mahon s’est alors soumis aux républicains, puis, pour protester contre le limogeage de certains généraux, a fini par démissionner le 30 janvier 1879, ouvrant l’ère de la République pleine et entière (appelée la République Grévy du nom du successeur qui inaugura les chrysanthèmes), République quasi-définitive en France (remise en cause temporairement pendant les quatre années de Pétain au pouvoir).

    Pourquoi évoquer l’ordre moral en 2020 ? À cause du retrait de Benjamin Griveaux de la campagne des élections municipales à Paris. J’ai l’impression que certains n’ont pas vraiment les mêmes priorités morales pour la société de liberté et de responsabilité.

    Il est évident qu’une vie en société, le vivre ensemble, a besoin de morale. Mais cette morale est forcément évolutive. Être en couple et ne pas être mariés était un scandale en 1970, mais est très commun en 2020, en tout cas, plus commun que se marier. Précisons néanmoins que jamais la « morale publique » ni la loi n’ont accepté, même dans les années 1970, la pédophilie, contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là (seule, une infime minorité d’une élite qui se croyait progressiste croyait pouvoir la tolérer à cette époque).

    Dans les commentaires sur ce retrait de Benjamin Griveaux, il y a en gros deux « camps » (si « camp » veut dire quelque chose ici) : ceux qui considèrent Benjamin Griveaux comme coupable et ceux qui le considèrent comme victime.

    Évidemment, comme il est peu populaire, notamment parce qu’il a porté de manière trop arrogante une ambition qui, pourtant, n’était pas illégitime (heureusement que ceux qui s’engagent dans la vie politique portent des ambitions, pour eux-mêmes comme pour la collectivité qu’ils veulent ou prétendent vouloir servir !), certains préfèrent pilonner sur Benjamin Griveaux et sa morale personnelle qui serait « défaillante ».

    Mais qui sont-ils, ceux qui se permettent de juger de la morale d’un autre ? Eux-mêmes sont-ils aussi vertueux que les leçons qu’ils souhaitent donner le laissent penser ? Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ! C’était cela qui était détestable dans l’esprit de l’ordre moral d’Albert de Broglie : pas la lutte contre l’immoralité (qui serait contre ?) mais cette extrême hypocrisie de laisser penser qu’on puisse être un protecteur de la vertu. Cette posture était hypocrite.

    Si la morale est nécessaire, elle ne peut pas être absolue. Chacun a sa morale et même évolue avec sa morale, parfois à cause de sa pratique ou celle de ses proches. Le seul moyen objectif et neutre de définir cette morale, c’est le droit. C’est pour cela que nous sommes dans un État de droit : notre limite à la morale, c’est la loi. C’était ce qui rendait nécessaire la religion pour Voltaire, l’intérêt que la foi était déterminée par et pour une morale publique. Le code civil, en quelques sortes, est une morale civile, mais une morale minimale (notons d’ailleurs que la faute d’adultère dans le mariage a été, il me semble, retirée du code civil, malgré l’engagement de fidélité).

    Tout homme est faillible et l’on peut évidemment parler, pour Benjamin Griveaux, qui (circonstance aggravante !) était membre du gouvernement à l’époque de la vidéo, d’une suprême imprudence et même, selon le mot de Serge July, d’une grande c*nnerie de s’être jeté dans la gueule du loup. À l’évidence, il est tombé stupidement dans un piège tendu par la campagne du pseudo-artiste russe et c’était pour le moins un peu naïf. Elle était peut-être irrésistible. Qu’importe, c’est un piège courant en Russie pour disqualifier un opposant ou un rival.

    On sait très bien que l’une des motivations de l’engagement (ce qui permet d’ailleurs au monde d’évoluer et de progresser), c’est la toute-puissance, celle du triangle classique : pouvoir/argent/sexe. Il fut d’ailleurs encore assez récent le temps où le fait d’avoir plusieurs maîtresses (ou plusieurs amants, mais la société était trop machiste encore pour imaginer l’autre sens) était une preuve de grande puissance et donc de grande réussite (politique, économique, artistique, etc.). Autant que le fait d’être riche (voiture, maison, vacances, etc.). Ce n’était pas ainsi que je concevais la réussite, mais d’autres la concevaient ainsi.

    L’affaire Dominique Strauss-Kahn (l’ancien mentor de Benjamin Griveaux) a mis sous la lumière des projecteurs médiatiques le fait que certains prédateurs politiques étaient également des prédateurs sexuels. Mais le scandale DSK avait quand même une autre dimension : une dimension judiciaire puisqu’il était accusé de viol, ce n’était pas rien (un crime !) et une dimension politique puisqu’il était le favori pour succéder à Nicolas Sarkozy à l’Élysée (un Président de la République en puissance !). À l’évidence, en mai 2011, Dominique Strauss-Kahn n’était pas une victime mais un prévenu.

    Pour la situation de Benjamin Griveaux, je considère qu’il est victime et pas coupable. A priori, il n’a commis aucune infraction à la loi. Je pense évidemment à sa famille, son épouse et ses trois enfants, dont j’imagine la surprise, la colère et la tristesse, mais qui serais-je pour vouloir donner des leçons de vertu à mes contemporains ?

    Or, certains préfèrent pointer du doigt cette morale douteuse de l’ancien candidat (morale douteuse dont on ne connaît d’ailleurs pas grand-chose sinon quelques bribes lâchées dans le domaine public), plutôt que l’immoralité réelle et confirmée du pseudo-artiste russe et de sa compagne.

    Car si la morale peut être relative ou évolutive, il y a un seuil minimal objectif et absolu facile à définir : le seuil minimal de la morale sociale, c’est tout simplement la loi, comme je l’ai écrit plus haut. C’est cela l’État de droit. La première immoralité, c’est de ne pas respecter la loi. Or, ici, il y a au moins un ou deux potentiels délits (j’écris « potentiels » car il faut qu’ils soient effectivement confirmés par un procès), le premier est de diffuser une vidéo à caractère pornographique susceptible d’être vue par des enfants (mais le délit n’est peut-être pas constitué à cause de l’origine de l’hébergement du site Internet), et le second est la violation de la vie privée et de données personnelles.

    Or, cette violation de données personnelles est un délit très grave aujourd’hui, avec l’Internet et les réseaux sociaux, et surtout, elle ne concerne pas seulement des personnages publics comme c’était le cas quand il n’y avait que la presse papier, la radio et la télévision comme moyen de diffusion en masse : elle concerne toutes les personnes, y compris les adolescents dont certains se sont suicidés par honte d’images les mettant en scène et diffusées contre leur accord.

    Ce n’est donc pas un risque pour la seule classe politique qui se réfugierait derrière le soutien de caste à Benjamin Griveaux de peur que chacun des responsables politiques subisse la même « mésaventure », c’est un risque pour tout le monde.

    D’ailleurs, l’argument selon lequel Benjamin Griveaux l’a bien cherché, qu’il se serait filmé lui-même, qu’il mettait en scène publiquement sa vie de bon mari et bon père de famille, est complètement stupide. C’est le même sophisme qui pourrait justifier le viol de votre fille de 17 ans parce qu’elle aurait porté une minijupe et qu’elle aurait dit à son futur agresseur qu’elle était majeure. Votre fille aurait-elle été victime ou coupable ?

    Pire : le mensonge est rarement un délit dans le droit français (il n’y a que certains cas où c’est un délit, comme une fausse déclaration fiscale ou de patrimoine). C’est la différence entre la morale et le droit.

    Tous ces défenseurs de la morale, heureux du mauvais sort de Benjamin Griveaux, ont été les premiers à chercher à voir la vidéo en question. Personnellement, je ne l’ai pas regardée et surtout, je n’en éprouve aucune envie (pas plus que les vidéos gore de Daech). J’aimerais bien connaître ce qu’est la morale un tantinet voyeuriste du bon mari et bon père de famille qui a passé quelque temps à surfer sur Internet pour atteindre cette vidéo !

    Je reviens d’ailleurs à ce que j’ai écrit plus haut : indépendamment des conséquences politiques, la diffusion de cette vidéo en question a été une « bonne leçon » de morale à Benjamin Griveaux. Mais qui l’a enseignée ? Un pseudo-artiste russe dont la morale est particulièrement douteuse. Qui a été condamné par la justice russe et par la justice française.

    Par ailleurs, quelle devrait être la réaction de la France qui a accueilli un réfugié dont elle a accepté l’asile politique qui non seulement continue à faire de l’activisme politique, mais a été condamné à plusieurs années de prison pour avoir mis le feu à une succursale de la Banque de France ? On devrait dire bravo parce que la Banque de France, c’est caca, sale capitalisme, et gros sous ? Ou devrait-on plutôt l’expulser ?

    À cet égard, le Président Emmanuel Macron a manqué de pertinence ce samedi 15 février 2020 en évoquant une intervention de la Russie dans le processus électoral en France : je doute que le pseudo-artiste en question (dont je refuse de citer le nom) soit soutenu par Vladimir Poutine qui a dû être très heureux de l’avoir refilé à l’étranger. La France serait bien inspirée de le refiler à la Russie plutôt qu’il occupe de nouveau une place si rare dans une prison française.

    Benjamin Griveaux n’est d’ailleurs pas victime d’une première attaque personnelle : non seulement lui mais aussi sa famille avaient déjà reçu des lettres d’insultes voire des menaces de mort, et son ministère avait même été « forcé » (portail détruit) le 5 janvier 2019 par un transpalette électrique conduit par des gilets jaunes, ce qui fut sans précédent sous la Cinquième République. On peut lui reprocher son arrogance, on peut lui reprocher ses propositions municipales loufoques, on peut lui reprocher ce qu’il représentait, à savoir le pouvoir et son triomphalisme, rien ne justifie la violence contre lui, rien ne justifie de s’en prendre personnellement à lui. Comme le disait François Mitterrand à l’enterrement de Pierre Bérégovoy le 4 mai 1993 à Nevers : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme (…) au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. ».

    Le retrait de Benjamin Griveaux après la diffusion d’une telle vidéo était inéluctable. Il aurait été inéluctable même sans les images, seulement si une trop grande différence entre l’affiché et le réel était établie d’une manière ou d’une autre, au même titre que François de Rugy devait partir pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le droit mais qui ont à voir avec la morale, le train de vie un peu trop luxueux et dépensier avec l’argent du contribuable.

    Je maintiens que le problème de François de Rugy (comme celui de François Fillon en janvier-avril 2017), ce fut de ne pas s’être rendus compte que cela pouvait choquer les Français même si (selon eux) ils avaient respecté scrupuleusement la loi (ce qu’un procès déterminera prochainement pour François Fillon). Leur mépris affiché (je n’ai rien fait de mal, les autres font pareil, c’est dérisoire par rapport à ce que j’apporte à la terre entière, etc.) devait nécessairement entraîner leur démission ou retrait car ils ne pouvaient plus représenter les citoyens dont ils n’avaient plus aucune idée du train de vie. Il n’était pas question de train de vie pour Benjamin Griveaux mais de ridicule, ce qui a anéanti toutes ses années en politique.

    Dans une élection, le ridicule est peut-être plus grave qu’une infraction à la loi, puisque les rieurs resteront toujours du côté des adversaires, ce qui est terrible lors d’une élection. Mais aussi pour son ego. Je rappelle que plusieurs jeunes adolescentes ont mis fin à leurs jours à cause d’une photographie ou d’une vidéo diffusées sur Internet, encore une fois, l’avaient-elles vraiment méritées même si c’étaient bien elles et pas des images truquées ?

    Ceux qui, aujourd’hui, condamnent Benjamin Griveaux pourraient bien, un jour ou l’autre, être victimes de la même infamie (que je ne leur souhaite pas)…

    « En morale, l’intention peut justifier bien des choses ; en art, les meilleures intentions ne sont bonnes qu’à paver l’enfer. » …expliquait Camille Saint-Saëns.

    Source : Le Blog de Sylvain Rakotoarison

    Tags : France, Benjamin Griveaux, morale,

  • L’Afrique découvre le vrai visage de la France

    Si la France misait sur l’ignorance des peuples africains, elle vient d’en avoir pour ses frais. Le temps est un sale traître qui permet toujours de découvrir, tôt ou tard, la vérité.

    Avec le temps, les africains découvrent le mensonge des beaux discours sur la France éternelle, patrie des droits de l’Homme et amie des peuples africains. Une escroquerie qui a eu la vie dure mais qui a été enfin dévoilée. Une escroquerie dont les recettes sonnantes et trébuchantes a permis à la classe politique française un unanimisme basé sur l’hypocrisie et le pillage des ressources africaines sans s’offusquer de la précarité engendrée par ces pratiques de la diplomatie délinquante.

    Aujourd’hui, les africains ont dit « ça suffit ! ». Ils ne veulent plus de cette protection sanglante et improductive d’une France qui leur ferme les portes en interdisant le visa et en encourageant les expulsions massives des sans-papiers africains. Il veulent dessiner les contours d’une nouvelle relation avec la France basée sur l’égalité et l’équité et sans complots, ni conspirations ni coups d’État.

    Guerres civiles, dictatures, pauvreté, analphabétisme, malnutrition… La situation précaire de l’Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si riches en matières premières ? À qui profite l’argent du pétrole, de l’uranium, du diamant, du bois, des minerais ? Comment expliquer la présence permanente de l’armée française dans ses anciennes colonies ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il régulièrement, avec tous les honneurs, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées ? Autant de questions posées par une population meurtrie par « les blancs » comme on dit en Afrique. Ces blancs qui se sont avérés des vrais bouchers.

    Acculée aujourd’hui, la France tente de garder s mainmise sur l’Afrique à travers, entre autres, des pays pions tel que le Maroc et le Sénégal qui jouent le rôle de Cheval de Troye pour leur maître de l’Elysée.

    Tags : France, françafrique, spoliation, pillage, Maroc, Sénégal, ressources naturelles,

  • Dans un magasin de chaussures … et Benjamin Griveaux

    En préambule et pour s’en débarrasser une fois pour toutes, le patronyme “ Griveaux ” n’a malheureusement rien à voir avec “ grivois ”. Un griveau est un homme dont les cheveux et les poils de barbe étaient mêlés de noir et de blanc.

    Ainsi donc, je me trouvais récemment dans un magasin de chaussures pour (re)chausser mes filles. Il y avait dans les lieux quatre autres clientes : une jeune acheteuse et trois copines. La vendeuse apporta quatre ou cinq paires à essayer. Ça n’a pas raté : à chaque essai, les trois copines prirent des photos. Barthes a écrit des choses très sensibles sur la photo qui nous permet de repousser la mort. L’acheteuse finit par marquer une préférence. L’une des copines tiqua et dit qu’on devrait en référer à Kevinette (un pseudo) qui était, elle, une vraie spécialiste. Par la grâce du téléphone et de l’internet, un cliché fut envoyé à Kevinette qui, comme la plupart des ados de nos jours, avait les yeux et les bouts de doigt rivés sur son portable. Moins d’une minute plus tard, le jugement tomba : « C’est bon ». Une bonne vingtaine de photos et deux connections internet avaient permis cet achat.

    Dans “ Benjamin Griveaux ” il y a “ Benjamin ”. Le jeune bras droit et homme de confiance du banquier éborgneur est, comme toutes ces ados acheteuses, bien de et dans son temps. Mais il en est aussi la victime.

    Soit, donc, un type de 40 ans qui a une épouse, trois enfants, une maîtresse (comme on disait à l’époque de Labiche). En public, il propose un discours traditionnaliste, nourri de valeurs ancestrales sur la Famille. En privé, il n’écoute que ses pulsions et s’envoie en l’air. Un beau matin, il a une érection. Il ne peut ou ne veut en faire profiter sa légitime. Il se prend en photo et expédie l’objet de toutes les convoitises à son illégitime. La suite est connue.

    Il n’a rien fait d’autre que nos ados à la fièvre acheteuse. En prenant un cliché, il a produit de la photo tout en étant produit par elle. Telle est la logique du selfie par qui je suis à la fois l’agent et l’objet. En prenant une photo sans intérêt artistique et en la propulsant, sans trop réfléchir, jusqu’à sa “ maîtresse ”, le jeune Benjamin a vérifié le principe bien connu démontré par Marshall McLuhan dans les années soixante : le médium est le message. Un selfie que je fais connaître par internet n’a rien à voir, ni dans la forme ni dans le fond, avec une photo posée chez un professionnel. Dans ce dernier cas, il y a trois facteurs qui contribuent au résultat final : le professionnel, le modèle et la prise du cliché. Dans le magasin de chaussures, comme dans le cabinet de Benjamin (j’appelle cette excellence « Benjamin » parce que j’en sais tellement sur lui désormais !), les trois facteurs – au sens premier du terme – ne font qu’un. Il n’y a plus de frontière entre l’intime et l’extime, entre celui qui pose et celui qui est posé, entre celui qui prend et celui qui est pris. La qualité artistique n’importe plus. Seul compte un résultat final qui existe avant même le début de l’entreprise.

    Dans la basse politique qui est désormais la norme, on appelle cela un effet d’annonce.

    “ Ceci n’est pas la verge de Benjamin Griveaux ”. (René Magritte).

    Source

    Tags : France, Benjamin, Griveaux, pudeur, perversion, vidéo, Alexandra Taddeo, Piotr Pavlenski,

  • Vers un nouveau choc pétrolier ?

    La surabondance du pétrole et du gaz, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale, a de nouveau fait déraper les prix à des niveaux qui n’agréent guère les pays qui, à l’instar de l’Algérie, en dépendent quasi exclusivement.

    D’environ 65 dollars le baril en moyenne durant les six derniers mois il ne vallait plus que 51,44 dollars le 12 février dernier et la dégringolade promet de se poursuivre en raison de certains déterminismes. Il y a d’abord la surabondance mondiale d’hydrocarbures, dopée par le pétrole et le gaz de schiste, extraits de puits qui ont envahi l’Amérique du nord et commence à proliférer dans d’autres régions du monde. La présence d’immenses gisements d’hydrocarbures non conventionnels, en Algérie et en Argentine notamment, laissent entendre que ces énergies ne manqueront à l’avenir et qu’elles seront même surabondantes. La géopolitique n’a par ailleurs pas du tout affectée comme on l’avait redouté avec les conflits au moyens orient,et la Libye qui ont toujours continué à « pomper » du pétrole, en dépit des turbulences qui affectent périodiquement ces régions.

    Il y a ensuite, la maladie du coronavirus qui a quelque peu « grippée » la croissance mondiale tirée par l’économie chinoise (20% du PIB mondial), et dont les conséquences commencent à être ressenties aux États-Unis d’Amérique, en Europe et dans les pays émergents qui ont des liens industriels et commerciaux intenses avec cette locomotive économique mondiale qu’est la Chine. Beaucoup moins d’énergie fossile a été consommée depuis l’apparition de cette maladie contagieuse et les importations ont été également fortement réduites, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En tournant à moindre régime, l’industrie chinoise affectera celles des nombreux autres pays avec qui elle travaille. La demande en énergie baissera si fort qu’elle affectera tout le marché mondial, qui se plaignait déjà d’un excès de l’offre.

    On pourrait ajouter à ces deux causes, la volonté des États Unis d’Amérique, premier exportateur mondial d’hydrocarbures, et de son allier saoudien qui préside au destin de l’Opep, d’asphyxier économiquement l’Iran, devenu leur ennemi commun, en lui interdisant de commercer son pétrole ailleurs qu’en Chine qui, non seulement en achète beaucoup moins à cause de la crise qui affecte son économie, mais également à plus bas prix. Il y a, pour tous ces éléments objectifs, de bonnes raisons de s’inquiéter que ce déclin des prix s’installe dans la durée et ruine tous les pays qui n’ont pas su diversifier leurs économies.

    C’est le cas de l’Algérie qui ne vit que de ses recettes d’hydrocarbures, qui perdent chaque jour de leurs consistances sous le double effet de cette baisse des prix et de la réduction des volumes de gaz et de pétrole qu’elle exporte. Le boum de consommation intérieur et l’absence de nouveaux gisements opérationnels, laissent en effet de moins en moins de quantités d’hydrocarbures à exporter. Les prix du pétrole étant déterminés par la loi de l’offre et de la demande qui, dans les conditions objectives actuelles, ne plaide pas pour une remonté des prix, il ne reste comme seule variable possible que le Cartel de l’Opep, qui interférer sur la loi du marché en réduisant les quotas d’exportation des pays membres. Si une telle décision venait à être prise, elle ne pourrait dans le meilleur des cas que stabiliser les cours à leurs niveaux très faibles actuels. C’est donc un choc pétrolier d’une grande ampleur, qui se profile à la faveur des données structurelles que nous avions évoquées. Un choc qui ne manquera pas de ravager les économies des pays trop fortement dépendants des recettes d’hydrocarbures.

    L’Algérie a, à titre d’exemple, besoin d’un baril à 110 dollars (estimation du FMI en 2015), pour faire fonctionner son économie, financer les transferts sociaux auxquels elle a habitué les Algériens, assurer un minimum de dépenses d’équipement et payer les quatre millions de fonctionnaires et environ 1,5 millions de retraités. Il faut savoir que le déficit budgétaire de cette année n’est pas loin de 10% du PIB, ce qui est énorme et inconcevable, sous d’autres cieux. La question est de savoir comment le gouvernement va s’y prendre, pour mettre en oeuvre son ambitieux programme d’actions avec un tel déficit, un rendement fiscal en déclin et aussi peu de recettes d’hydrocarbures à attendre ?

    Par : RIAD EL HADI

    Le Midi Libre, 16 fév 2020

    Tags : Algérie, pétrole, prix, OPEP, Etats-Unis, Arabie Saoudite,

  • France-Mali-Sahel: Ingérence

    » Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore « .

    Par Mohamed Abdoun 

    Alire certains médias hexagonaux, on se surprend à » confirmer » que l’Afrique, une bonne partie du berceau du monde du moins, est toujours sous domination française. Que l’on en juge plutôt. Lundi passé, le président Ibrahim Boubacar Keita annonçait l’existence d’un dialogue avec Amadou Koufa le chef de la katiba Macina, et Iyad Ag Ghali, qui dirige le GSIM. Ces deux milices armées sont classées dans la case des islamistes, pour ne pas dire des terroristes.

    Mieux, ces derniers sont même qualifiés de » mauvais « . Car, ne l’oublions pas, il existe aussi de » bons terroristes » aux yeux de Paris. Paris a en effet soutenu, armé et financé de sanguinaires criminels, oeuvrant à massacrer le peuple syrien, pour la simple et crinelle raison que ces derniers sont également en guerre contre le président Bashar al-Assad. Ainsi, depuis l’annonce par IBK de ces contacts, les médias spéculaient ferme sur la réaction des » patrons français « .

    Macron laissera-t-il faire, ou bien rappellera- t-il à l’ordre son homologue malien, quitte à le » congédier » si le besoin s’en faisant sentir » impérieusement « . Mais, finalement, la peur-panique aura été de courte durée. Paris ne » sévira » pas. Pas de manière officielle du moins.

    Dans un communiqué, le Quai d’Orsay estime en effet que les » initiatives » prises par le président malien le sont dans le cadre » des recommandations du dialogue national inclusif « . Sic ! Et le ministère français des Affaires étrangères de juger que » l’action collective au Sahel est multidimensionnelle » et qu’ » au-delà de l’aspect sécuritaire, l’accent doit être mis sur les questions de stabilisation, de développement et de réconciliation « .

    Mine de rien, une pareille déclaration, n’était son hypocrisie manifeste, nous ramènerait directement l’accord d’Alger, celui-là même Bamako n’a jamais réussi à mettre en application à cause des multiples entraves » déployées » par la France. Celle-ci, dans sa bien curieuse réaction, ne laisse pas de rappeler, hypocritement aussi, » que la France combat les groupes armés terroristes au Sahel à la demande des États de la région et notamment du Mali « . Sous-entendu : si Bamako négocie avec ces deux chefs jihadistes, ce n’est pas le cas de Paris. Cette manière de couper la poire en deux, de botter en touche en quelque sorte, place IBK dos au mur.

    En cas d’échec de cette initiative, il en assumera seul les conséquences. Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore. Le sort en est jeté à présent. Les terroristes, très à leur aise dans cette région, jusqu’à tenter des incursions sur notre territoire à nous, font face à des régimes affaiblis et incapables de faire face avec la fermeté et l’efficacité voulues.

    En résumé, la lutte contre le terrorisme, si elle veut se rendre efficace, dont être accompagnée par un développement harmonieux de cette région et, partant, une émancipation totale vis-à-vis de la France. Les chefs d’Etats de la bande sahélo-saharienne auront-ils le courage de franchir ce pas salvateur ?

    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 16 fév 2020

    Tags : Mali, France, françafrique, colonisation, Libye, Kadhafi,

  • Algérie : Chassé-croisé diplomatique à Alger

    Depuis l’élection du président Tebboune – Alger suscite l’intérêt des capitales du monde depuis l’élection de Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays. Les visites officielles de présidents et de diplomates renseignent sur un retour en force de l’Algérie sur la scène internationale afin de défendre ses intérêts, peser de son poids et protéger ses frontières.

    Par Massi Salami

    Jeudi, le président de la République a reçu le ministre grec des Affaires étrangères, Nicos Dendias. «Au début de l’audience, le président de la République a reçu une invitation du Premier ministre grec, M. Kyriakos Mitsotakis, pour effectuer une visite officielle en Grèce, qu’il a acceptée. La date de cette visite sera fixée ultérieurement avec l’accord des deux parties».

    Aussi, M. Tebboune, a reçu le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens à l’extérieur, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui lui a remis un message écrit de la part du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

    «L’audience a donné lieu à un échange sur la nécessité de consolider la coordination et la concertation concernant les questions maghrébines, d’élargir les domaines de la coopération bilatérale, notamment la formation professionnelle, l’énergie, les échanges commerciaux et de renforcer le transport terrestre, à la faveur du parachèvement de la route reliant les villes de Zouérat et Tindouf».

    Lors de cette audience, le président Tebboune a reçu une invitation officielle de son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour une visite en Mauritanie.

    «A son tour, le président Tebboune a invité officiellement son homologue mauritanien pour une visite en Algérie à une date qui sera convenue par voie diplomatique», a conclu un communiqué de la Présidence de la République.

    Le président a également reçu, au début du mois en cours, le président tunisien pour sa première visite à l’étranger, qu’il avait promis d’effectuer en Algérie.

    Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed ont eu des entretiens sur les voies et moyens de coopération entre les deux pays frères, et ont évoqué les situations internationale et régionale, particulièrement en Libye et en Palestine occupée. A l’occasion de cette visite, les liens solides qui lient les deux pays et la concordance des vues ont été réaffirmés.

    Juste à son retour d’Allemagne, où il a pris part à la Conférence internationale sur la Libye, à l’invitation de la chancelière Angela Merkel, le président de la République a reçu à Alger, le président turque, Recep Tayyip Erdogan.

    Cette visite d’amitié et de travail a vu les deux parties se pencher sur des sujets stratégiques, tel que le partenariat économique mais surtout sécuritaire. Alger a exprimé son refus de toute intervention étrangère en Libye, ce à quoi le président turc a adhéré ouvertement.

    En marge du sommet ordinaire de l’Union africaine, la semaine dernière en Ethiopie, le président Tebboune a eu une forte activité. Il s’est entretenu, entre autres, avec ses homologues malien, zimbabwéen, sud-africain et égyptien.

    L’Algérie qui veut bien se faire entendre, a organisé une réunion des pays voisins de la Libye. Une démarche à travers laquelle la diplomatie algérienne voulait reprendre en main le cours des choses et ne plus rester en spectateur. A la fin de cette réunion, le président de la République a reçu les ministres des Affaires étrangères malien et tchadien ainsi que l’ambassadeur de la République d’Egypte en Algérie, Aymen Macharfa, et des représentants des ministères des Affaires étrangères du Niger et du Soudan qui avaient pris part à cette réunion. L’Algérie, qui est confrontée à une situation géopolitique explosive, notamment à ses frontières, a des arguments qu’elle veut faire valoir.

    Les Débats, 16 fév 2020

    Tags : Algérie, Andelmajid Tebboune, Libye, Mauritanie, Turquie,

  • Alger, carrefour diplomatique de la paix

    Le ballet diplomatique suscité par l’initiative d’Alger pour le règlement de la crise libyenne a incontestablement produit une plus grande visibilité de l’Algérie sur la scène politique régionale et internationale, longtemps absente pour des raisons inhérentes à la situation interne induite par la chute de l’ancien régime. Les références phares de ce regain d’activité diplomatique sont les escales de la Conférence de Berlin le 19 janvier dernier, et la récente réunion annuelle de l’Union africaine (UA) d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

    Par deux fois, le Président Abdelmadjid Tebboune a eu à prononcer des allocutions dans lesquelles il a réaffirmé – en sa qualité de nouveau Président élu – les principes qui régissent les relations de l’Algérie dans le concert des nations, dont la permanence de ses engagements pour la paix à travers le dialogue et le règlement pacifique des différends.

    Devant ses pairs africains, il a annoncé la création d’une Agence algérienne pour la coopération africaine et internationale, une initiative qui va dans le sens des préoccupations de développement inscrites à l’ordre du jour du 33ème Sommet de l’UA. Car s’il faut bien faire taire les armes, encore faut-il que les effets soient l’amélioration des conditions socioéconomiques des populations africaines, durement affectées par la pauvreté qui pousse à l’exode massif transfrontalier. Un décret à paraître dans le Journal Officiel sera promulgué prochainement.

    Cette agence des modèles de coopération inter-États existe, mais son actualisation s’impose. Par ailleurs, en échos au discours de Abdelmadjid Tebboune, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, vient de nommer un envoyé spécial pour le Sahara Occidental. Il s’agit de l’ancien ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajkac, appelé à succéder à Horst Kohler, après des mois de vacance du poste. Le volet économique a ainsi fait l’objet, jeudi dernier, de discussions élargies aux deux délégations, au ministère des Affaires étrangères, entre les ministres algérien Sabri Boukadoum et mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui a été auparavant reçu par le chef de l’État.

    A une question du Soir d’Algérie, invitant l’envoyé spécial mauritanien à livrer son sentiment sur le niveau des relations économiques algéro-mauritaniennes, il a insisté sur leur excellence ainsi que l’importance stratégique des rapports qu’entretiennent les deux pays. A titre d’exemple, il rappellera la tenue récemment à Nouakchott de la Foire consacrée aux produits algériens qui fut, selon ses dires, un franc succès. Prix et qualité ont été les arguments qui ont suscité un grand engouement des consommateurs mauritaniens.

    Une grande caravane, partie d’Algérie, a acheminé ces produits sur le marché mauritanien, voire même au Sénégal, nous dit Ould Cheikh Ahmed qui a profité de l’occasion pour annoncer la construction d’une ligne de chemin de fer qui reliera le Sud algérien à Nouadhibou, deuxième grande ville de Mauritanie.

    Dans le point de presse tenu conjointement avec son homologue algérien, il a abordé d’autres questions de politique régionale, notamment la crise libyenne, au sujet de laquelle il soulignera une convergence de vues avec les positions de l’Algérie ,et que son pays soutiendra les démarches dans tout le processus de règlement.

    Sabri Boukadoum, qui nous a confié qu’il retrouve en la personne de Smail Ould Cheikh Ahmed un vieux compagnon de sa présence à l’Onu, a eu aussi à revenir sur le problème libyen et sa dernière visite à Benghazi appelée à être suivie, dans les prochains jours, par une escale à Tripoli, capitale du Gouvernement d’union nationale. Il en a profité pour rendre compte de la complexité libyenne de la crise et notamment du fait du rôle des divers acteurs, dont les tribus. C’est d’ailleurs un point essentiel abordé par le chef de la diplomatie grec, Nico Dendia, à l’occasion de sa visite de travail à Alger où il a été reçu à la présidence, compte tenu de ses démêlés avec la Turquie à propos de Chypre, qui se dit concernée par les événements qui ont lieu en Méditerranée orientale. Le maréchal Khalifa Haftar a rendu visite à ce pays à la veille de la tenue de la Conférence de Berlin le 19 janvier dernier. Le ministre des Affaires étrangères grec, qui abordera aussi la question de la relance des échanges économiques avec l’Algérie, n’a pas manqué de noter la convergence de vues sur la question de la Libye avec pour maître mot, le dialogue.

    Ainsi, l’offensive diplomatique enclenchée avec l’implication directe dans la recherche d’une solution au conflit libyen et la sécurité au Sahel, marque des points, preuve s’il en est, qu’Alger est en passe de devenir La Mecque des bonnes volontés…

    Brahim Taouchichet

    Le Soir d’Algérie, 15 fév 2020

    Tags : Algérie, Libye, Maghreb, Afrique du Nord, diplomatie,

  • L’ONU souligne les défis du processus post-électoral en Guinée-Bissau

    Devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale de l’ONU, Rosine Sori-Coulibaly a regretté vendredi la « profonde méfiance » des hommes politiques bissau-guinéens, les divisions au sein du pouvoir exécutif et les changements d’alliances politiques au sein du parlement.

    « En conséquence, le processus juridique relatif au résultat des élections n’a pas encore été résolu, afin de permettre le tout premier transfert pacifique de pouvoir à un chef d’État démocratiquement élu dans le pays », a déclaré Mme Sori-Coulibaly.

    « Cependant, étant donné la profonde méfiance entre les deux camps politiques, les divisions au sein de l’exécutif et les alliances politiques changeantes au sein du Parlement, la prestation de serment du futur président ne permettra probablement pas d’apporter la stabilité », a-t-elle ajouté.

    La cheffe du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, UNIOGBIS, a rappelé que le résultat du premier et du second tour des élections présidentielles, tenues le 24 novembre et le 29 décembre 2019, a été porté devant les tribunaux après que le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), a contesté la victoire attribuée au candidat adverse, Umaro Sissoco Embaló.

    Le recours adressé à la Cour suprême de justice demande l’annulation du moyen pour des raisons de légalité et de crédibilité.

    La Commission électorale nationale a confirmé le résultat, mais la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a demandé que les données électorales nationales soient vérifiées pour mettre fin à la situation post-électorale.

    Pourla Représentante de la Guinée-Bissau, il faut un engagement continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale.

    « Le peuple de Guinée-Bissau mérite une clôture claire et positive de ce processus afin qu’il puisse voir la lumière de l’espoir pour l’avenir de ses enfants », a fait valoir Maria Antonieta Pinto Lopes D’Ava, la chargée d’affaires de la mission permanente de la Guinée-Bissau aux Nations Unies. « Nous sommes convaincus que seules des élections libres, équitables et transparentes nous permettront de renforcer l’État de droit démocratique dans notre pays, où la volonté souveraine du peuple peut prévaloir », a-t-elle ajouté.

    L’appel de la CEDEAO

    Devant les Quinze, Kalla Ankourao, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, pays qui préside en 2020 la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a déploré l’impasse politique née après les présidentielles.

    « L’impasse politique née après les récentes présidentielles, suscite de plus en plus d’inquiétude », a-t-il déclaré.

    « Désormais un éventuel scénario catastrophe n’est pas à écarter totalement », a-t-il ajouté.

    Pour autant, le chef de la diplomatie nigérienne estime que « la crise bissau-guinéenne revêt une forme institutionnelle plus que violente ». La constitution et la loi électorale en vigueur comportent les germes de malentendus chroniques faisant place à toutes les interprétations partisanes, a-t-il fait remarquer.

    Kalla Ankourao a aussi noté que le Président de la République a fini son mandat légal depuis plus de sept mois et il n’est là que par la volonté de la CEDEAO qui l’a maintenu pour éviter un vide institutionnel.

    Le Ministre a également montré du doigt l’activité de trafic et de stupéfiants, qui constitue l’un des principaux facteurs de déstabilisation des institutions.

    Aussi, en vue d’éviter une nouvelle crise politique à ce pays, le Niger réitère l’appel de la CEDEAO demandant aux différents organes et institutions impliqués dans le processus électoral de contribuer à la normalisation politique et institutionnelle du pays, en finalisant au plus tard le 15 février 2020 leurs travaux.

    « Je lance un appel pressant à ce Conseil, pour que nous œuvrons ensemble afin que la Guinée-Bissau ne retombe pas dans l’instabilité et ne devienne une base arrière des terroristes sévissant au Sahel », a-t-il conclu.

    ONU Info

    Tags : Guinée Bissau, CEDEAO, Rosine Sori-Coulibaly, Umaro Sissoco Embaló, PAIGC,

  • Amateurisme

    François Hollande, à deux ans des prochaines élections présidentielles françaises, continue sa bataille médiatique contre son ancien ministre de l’Économie, devenu depuis président de la République française, Emmanuel Macron.

    Le succès totalement imprévisible du jeune novice en politique a en effet pris de court celui qui malgré des sondages très pessimistes sur ses chances de réélection, envisageait de se présenter une fois encore au suffrage universel en 2017. Depuis une année, après avoir resurgi dans les médias à la faveur de la mobilisation des «gilets jaunes», l’ancien président ne manque jamais une occasion de critiquer l’action du gouvernement et implicitement son ex-ministre.

    Cette semaine, Hollande a profité d’une déclaration de Macron sur l’«ancien monde» et le renouvellement historique de l’échiquier politique français pour appuyer avec insistance sur l’inexpérience du gouvernement en place ainsi que des différents élus de La République En Marche.

    Si François Hollande «ne sait pas» si c’était sa «personne qui était visée», l’ancien président socialiste a tenu à répondre à Emmanuel Macron. «L’amateurisme, cela peut-être une qualité : le sport, le fait de se donner aux autres, de faire en sorte que nous puissions tous être unis…

    D’une certaine façon, c’est bien, a d’abord souligné François Hollande. Mais il y a quand même un certain nombre de domaines où on veut des professionnels, où c’est quand même mieux de savoir qu’il y a des garanties».

    François Hollande a poursuivi, rappelant les fondamentaux : «C’est quand même préférable de savoir de quoi on parle, de savoir ce que représentent les Français et savoir qui ils sont». Avant de conclure, lapidaire : «Ça s’appelle le respect».

    Il a aussi estimé que le régime actuel pouvait «quelques fois être loin des Français» avec des décisions prises «sans les avoir consultés, sans les avoir écoutés». «On ne peut pas non plus accepter que notre démocratie se réduise à des images qu’on a vues depuis deux ans : des violences dans la rue, contre les personnes, contre les biens, a-t-il déploré. Ça, c’est un échec grave de la démocratie quand la colère ne peut pas trouver son expression autrement que par la violence».

    Ainsi, François Hollande intensifie sa campagne contre le président en fonction et semble se positionner pour une possible candidature en 2022. Néanmoins, pour qu’une candidature de sa part fasse sens, il devra non seulement se munir d’un programme attractif pour les Français mais surtout réussir à les convaincre qu’un éventuel nouveau mandat à l’Élysée serait effectivement dans leur intérêt.

    Or, aujourd’hui, comme durant la majorité de son quinquennat, Hollande ne brille pas par sa popularité et seulement 3 % des Français le considèrent comme un présidentiable crédible. Un chiffre qui ne semble toutefois pas atteindre le moral de l’ex-chef d’État qui continue tranquillement sa guéguerre avec le clan Macron, en attendant le moment, s’il se présente, de se lancer dans la course à la présidentielle.

    Le Jour d’Algérie, 16 fév 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, François Hollande, gilets jaunes,

  • Vers la construction d’une voie ferrée entre l’Algérie et la Mauritanie ?

    Selon le Quotidien de Nouakchott, le Ministre mauritanien des Affaires Etrangères, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a déclaré que la coopération entre la Mauritanie et l’Algérie est « prometteuse ».

    Lors de sa visite à Alger, le chef de la diplomatie mauritanienne a mentionné la possibilité de la construction d’une voie ferrée entre les deux pays, ajoute la même source.

    La version arabophone du média mauritanien a indiqué que Ould Ckeikh Ahmed a déclaré que les deux pays se sont engagés à renforcer le transport terrestre entre eux en finissant les travaux de la route qui lie Zouérate à Tindouf.

    Ainsi, un an après l’ouverture du poste frontalier terrestre entre la Mauritanie et l’Algérie, l’on parle d’une voie ferrée dont l’objectif serait doper les échanges commerciaux et la circulations des personnes et des bien entre les deux pays.

    Tags : Algérie, Mauritanie, voie ferrée, Zouérate, Tindouf,