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  • Cinquantenaire et Françafrique

    ANALYSE - Le cauchemar français en Afrique - II : Nouveau colonialisme«Des centaines de milliards détournés en 50 ans »
    Le pire est à venir
    Les pays d’Afrique francophone regardent, depuis peu, dans le rétroviseur des indépendances acquises dans les années 1960 ou, plutôt, octroyées sur un plateau d’argent tout de même ensanglanté après la seconde grande Guerre mondiale qui a vu la défaite militaire des puissances coloniales au premier rang desquelles se trouvent la France du Maréchal PETAIN et l’Angleterre du Winston CHURCHILL. C’est d’ailleurs ce dernier qui a négocié avec le président américain, ROOSEVELT, la fameuse Charte de l’Atlantique qui oblige les empires coloniaux à libérer les peuples jadis sous leur domination. C’est ce message que Charles De GAULE a été chargé par CHURCHILL de venir faire passer auprès des gouverneurs coloniaux d’Afrique, à Brazzaville, en 1944 : après la guerre, plus rien ne sera jamais comme avant ; il faut donc se préparer à une nouvelle forme de relation avec les pays et les peuples d’Afrique.
    Mais, contrairement à l’Angleterre, la France n’a pas joué franc jeu : elle est partie en 1960 pour mieux rester 50 ans plus tard par le biais de la Françafrique dont le mode opératoire est un paternalisme de mauvaise saison sous le couvert d’un humanisme éclairé qui vise toujours à exploiter, de manière plus sournoise, les Etats africains avec la complicité bienveillante des élites locales abonnées à la courbette et au béni-oui-oui. Les rares dirigeants ou chefs d’Etat récalcitrants étant écrasés comme des punaises qui empêchaient ou qui empêchent encore de tourner en rond.
    Aussi, célébrer le cinquantenaire de ces pseudo-indépendances est-il une grave insulte aux peuples africains dignes et fiers de leur histoire et de leur être profond dont l’aspiration à l’autodétermination ne s’est jamais démentie au fil du temps, y compris sous la domination coloniale, à travers le combat multiforme des fils d’Afrique qui ne sont jamais sortis de l’Histoire malgré la réécriture de celle-ci par le président SARKOZY qui se prend à Dakar pour le Hegel des temps modernes.
    Mais, pour que les 50 prochaines années ne ressemblent pas au folklore du cinquantenaire passé, il faudrait couper le cordon ombilical d’avec la Françafrique et toutes les autres formes de néocolonialisme pour forger un nouveau type de relations d’Etat à Etat et de peuples à peuples, dans une logique de partenariat fécond dans tous les secteurs de la vie où la règle est le gagnant-gagnant dans le respect de l’autre et la dignité d’être humain. Le préalable à cette renaissance africaine étant la critique et l’autocritique des Africains eux-mêmes. 
    C’est du moins l’analyse froide et sans complaisance d’un Malien de la diaspora, M. Fatogoma OUATTARA, que nous vous proposons ci-dessous : 
    La nouvelle Françafrique : j’enrage.
    (Le néocolonialisme français)
    Les indépendances de la plupart des ex-colonies de la métropole française furent un « magnifique lever de soleil » (expression hégélienne sous ma plume) fêté solennellement par tous les africains de tous âges dans un enthousiasme délirant, une émotion sublime, une ferveur lyrique.
    Les âmes avisées ne sont pas sans savoir que ce pan de l’histoire, pas plus que l’Histoire elle même n’est pas le fruit du hasard mais obéit à un dessein déterminé par des contingences particulières.
    La France très affaiblie au sortir de la deuxième guerre mondiale, les vastes mouvements de décolonisation dans le tiers-monde et leur radicalisation , les mouvements de reconnaissance des cultures indigènes pilotées par la négritude, le désir de liberté et d’égalité portés par les élites africaines formées en Europe, la naissance du nationalisme, et la brutalité et l’injustice inhérentes à la nature même de la colonisation , la démystification de l’invincibilité des puissances coloniales, la Charte de l’Atlantique -pionnière de l’ONU – exprimant le droit de chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre, la sympathie viscérale des Américains et des Soviétiques aux idées de liberté et d’indépendance se sont conjugués et ont achevé d’asséner un coup de massue mortel à la colonisation. En clair, nos indépendances « négociées » ou « acquises au prix de guerres meurtrières» ne furent pas un cadeau du Général de Gaulle.
    Un demi siècle après, pendant que bon nombre de pays africains s’apprêtent à solenniser le cinquantenaire de leur accession à « l’indépendance» avec , comble de l’ironie, l’onction pateline des épigones du Général de Gaulle, nous en sommes à nous poser la question sur le rôle et l’attitude des plus perfides du maître Patelin (référence à l’hypocrisie insinuante de la France avocaillon des peuples africains brimées) d’hier et d’aujourd’hui dans le jeu de méli-mélo politique qui est celui de notre Afrique francophone au sud du Sahara.
    Nous nous attellerons , souffrez-en mes chers lecteurs, dans un souci d’efficacité pédagogique, à entreprendre une tentative de définition de la Françafrique qui est un système machiavélique de dépendance radicale habilement mis en place par la France pour exploiter les ressources humaines, minières, énergétiques et naturelles de l’Afrique avec la complicité de certains africains .
    La fortune et la beauté sémantique du vocable apparaissent avec François –Xavier Verschave, qui a consacré une somme impressionnante de documents sur le sujet, et qui définit ex cathedra la Françafrique comme « un iceberg ». Vous avez la face de dessus, la partie émergée de l’iceberg : la France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits de l’homme, etc. Et puis ensuite, vous avez 90% de la relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes de maintien de la domination française en Afrique avec des alliés africains [… .] une infime minorité des français qui, aidés au plus haut niveau de l’état, pillent les richesses des ex-colonies françaises en Afrique, en utilisant l’argent public et ce au mépris de millions de vies humaines.
    C’est le plus long scandale de la République française. De nombreux politiciens et partis politiques, de hauts cadres et actionnaires de multinationales françaises (TotalFinaElf, Bolloré, Bouygues…), certains militaires, les dictateurs et leur entourage, les marchands d’armes : en bref, ce sont des réseaux bien organisés qui disposent de nombreux relais dans les medias. Des centaines de milliards détournés en 50 ans. »
    En somme, l’objet de notre entreprise consiste à toucher du doigt le caractère moralement répugnant et machiavélique de la relation française d’avec l’Afrique et la perpétuation inacceptable de cette même politique grossière saupoudrée de sournoiserie par les héritiers de De Gaulle.
    Après un demi siècle « d’indépendance » pour les pays jadis sous tutelle française, force est de constater avec tristesse que la cellule africaine de l’Elysée, ingénieuse trouvaille de Jacques Foccart fonctionne très à ravir, et a de beaux jours devant elle. Au-delà du paternalisme, de la compassion voire de la fourberie françaises, c’est toute notre capacité réelle à nous assumer et à nous gouverner qui se trouve être mise en question.
    Le courage et la témérité des apôtres de la négritude et autres chantres des mouvements culturels leur auraient permis de greffer le combat culturel et politique autour de la revendication de l’héritage noir en vue de résoudre l’équation thématique de la dimension culturelle qui, associée au paradigme politique devaient inéluctablement conduire à notre vrai développement , notre vrai indépendance. Au regard du comportement de certains leaders politiques à s’acoquiner avec la France, on est en droit de se demander si l’Afrique a pu véritablement se défaire de ce complexe d’infériorité qu’elle a intériorisé depuis des lustres.
    Le développement des peuples d’Afrique ne saurait exclusivement se mesurer à l’aune de leurs réalisations matérielles mais à leurs capacités de réalisation de leurs «conscience-en -soi et de leur raison».
    Nous, africains continuerons à être à la traîne si nous échouons à l’accomplissement de notre conscience d’hommes libres et égaux des autres dont l’aspiration est un combat de quête de dignité , de liberté, d’indépendance , de justice, et de mieux vivre. C’est un impératif catégorique et hypothétique –pour parler un langage purement kantien-pour les africains du XXIème siècle de cesser de se comporter en enfants de chœur à qui on raconte des histoires de fées et de lutins.
    Le rapport France-Afrique n’est pas l’expression d’un quelconque altruisme défendant la démocratie et les peuples brimés mais une espèce de «monstre froid» au service des intérêts égoïstes de la France. Mieux, un abominable système monté pour inféoder les africains et les offrir pieds et poings liés à la France.
    Un double besoin pressant de passer au bistouri les imperfections de cet odieux système et de couper tout lien ombilical avec cette France, qui n’est pas celle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui n’est pas celle du Siècle des lumières s’impose.
    Disons non à cette France-marionnettiste qui manœuvrerait des Présidents pantins à partir de l’Elysée pour nous offrir une Afrique de la pauvreté, de la famine, de la malnutrition, de la misère, de la dette, des guerres incessantes, des coups d’Etat, des assassinats politiques, de génocide qu’elle regarderait avec commisération, qu’elle aiderait avec générosité.
    Comme la réponse du berger à la bergère, disons à cette France qui dit ne pouvoir accueillir toute les misères du monde que l’Afrique n’en est pas sa vache laitière. Faisons de ce siècle celui de la lumière de notre maturité, de notre volonté farouche à refuser le monde noir, crasseux et verruqueux que la France, néocolonialiste, veut nous dicter.
    Il est inadmissible que le commerce de la France d’avec l’Afrique soit un rapport figé de conquérant, de triomphateur face aux vaincus, aux lésés en ce XXIème siècle.
    Qu’on ne se méprenne pas sur le sens du ballet diplomatique exécuté par Jacques Toubon et Bernard Kouchner un peu partout sur le continent.
    J’enrage devant l’outrecuidance des propos de Jacques Toubon, chef d’orchestre de «l’année de l’Afrique en France» qui a eu le toupet de déclarer à Lomé que «Les anciennes colonies françaises d’Afrique sont devenues indépendantes grâce aux mouvements de décolonisation décidés par le général de Gaulle».
    J’enrage devant ces propos d’une fourberie révoltante d’Houphouët Boigny qui déclarait en 1959 : « Il y’a en Afrique et à Madagascar des peuples colonisés qui ont préféré l’indépendance dans la coopération , dans l’amitié et dans la fraternité à l’indépendance dans la haine qu’ont choisi bien d’autres» .
    J’enrage devant cet autre boniment non moins hypocrite de Léopold Sédar Senghor : « Le Général est un bon père de famille c’est pourquoi il a accepté l’accession du Mali (entendez la Fédération du Mali) à l’indépendance. Et notre voie est différente de celle de la Guinée, nous aurions pu au terme de l’article 86 de la Constitution procéder à un référendum et sortir de la Communauté. Le geste n’a pas été très amical vis à vis de la France…»
    J’enrage de voir le Burkina Faso devenir un funeste sanctuaire de la Françafrique. Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, se trouve être aujourd’hui curieusement le chouchou de la France, supposée parangon des droits de l’homme et de la démocratie, qui s’ingénie à lui forger un visage angélique. Arrivé au pouvoir à la suite d’une impardonnable fratricide opérée le 15 Octobre 1987, nous ne l’avons pas oublié. Blaise Compaoré affublé du titre de «médiateur doublé de sage», affiche tristement à son tableau de chasse la liquidation de ses opposants politiques, des journalistes «turbulents», de collaborateurs suspicieux, d’étudiants trépidants. En sus, absence de bruit autour de son rôle dans les abominables guerres civiles libérienne et Sierra léonaise. Au regard du profil de l’homme, je souffre d’une douleur aiguë de le voir, sous l’impulsion de la France, jouer les médiateurs dans les crises togolaise, ivoirienne, guinéenne …. J’enrage de voir la France appliquer le système de deux poids, deux mesures en Afrique selon ses intérêts.
    Autant les déclarations incendiaires de Thomas Sankara à l’endroit du néocolonialisme français ont dérangé l’Elysée, autant les envolées pétroleuses (référence à ces femmes énergiques de la Commune de Paris en 1871) de Dadis Camara ont empêché la France de sombrer dans un sommeil hanté par le spectre d’un trublion qu’il fallait ostraciser à tout prix. Loin de moi l’idée de soutenir que Dadis était un saint. Seulement le désir de mettre en exergue l’importance de la Guinée en tant qu’enjeu d’un véritable combat géopolitique entre les puissances –courtisans sous-tend mon argumentation. Que Dieu préserve la Guinée et ses richesses fabuleuses des rapaces néo-colonialistes!
    Il est grandement temps pour l’Afrique de sortir de sa torpeur et de faire preuve de maturité en prenant notre destin en main. La carte mondiale est entrain de se dessiner sensiblement sous nos yeux, et la présence de l’Afrique dans le gotha des grands pays du monde s’accommoderait mal de sa naïveté angélique à se laisser emmailloter par la France ou n’importe quel autre pays néo-colonialiste des temps nouveaux. Et particulièrement de la France, cette ancienne puissance en quête de prospérité et de paradis perdus, une puissance coloniale qui a échoué en l’espace de plus d’un demi siècle à faire sa prise de conscience et dépasser l’image de la France sans empire. Et Hegel ne s’était pas trop trompé en disant que les peuples inférieurs sont ceux-là qui échouent à la réalisation de la conscience de soi. La France faisant malheureusement partie de ceux- là, veut compenser sa petitesse en exploitant l’Afrique dont la richesse réside dans sa population qui avoisinera les 4 milliards d’habitants d’ici la fin de ce siècle (foi de démographe) et ses ressources naturelles et minières.
    C’est ajouter l’insulte grave à l’injure que d’associer cette même France à la célébration des cinquantenaires. Peut être le pire est à venir.
    Subirons-nous l’affront d’entendre les louanges dithyrambiques à l’endroit de la France lors des discours de nos chefs d’Etat-troubadours ? Qu’ils se souviennent de ce que disait Corneille dans le Cid : « Les affronts à l’honneur ne se réparent point ». Qu’on veuille bien nous laisser notre honneur qui est étymologiquement ce dont nous pouvons être légitimement fiers et qui constitue notre dignité d’homme.
    Allons-nous assister au spectacle insultant d’une procession des troupes africaines sur les Champs- Elysées le 14 juillet de cette année ? J’en éprouve de l’irritation et je m’insurge.
    J’enrage de voir cette France dévergondée qui, me semble-t-il, ressemble étrangement à un déprédateur sexuel qui, après avoir satisfait sa libido, reste sur les lieux de son crime pour violer sa victime de plus belle.
    Cette France, « bienfaisante », « commissionnaire » de la morale chrétienne, qui a peiné à justifier son rôle on ne peut plus brumeux dans le meurtre politique de Sylvanus Olympio , premier président élu du Togo, de Félix Mounié, opposant camerounais ; les fraudes électorales avec l’avénénement de la démocratie dans les années 1990; le soutien et le financement de régimes crapuleux au Congo Brazza de Denis Sassou Nguesso, au Gabon de Bongo, au Tchad de Diby, au Cameroun de Biya, en Côte d’ivoire de Boigny, au Burkina de Compaoré, en Mauritanie de Maaouya Ould Taya, en Centrafrique du fameux Jean Bedel Bokassa……. , le génocide rwandais (la France a soutenu les génocidaires sur toute la ligne )…
    La responsabilité de Bob Denard, de l’ambassade de France, des réseaux d’influence et des services secrets français dans les coups fourrés auxquelles il a été donné à notre continent de voir pendant plus de quatre décades ne sont pas de nature à disculper la France de son complexe de culpabilité.
    L’histoire de l’Afrique ne saurait se faire sans les africains. Aucun changement du statuquo ne saurait être le fruit d’une génération spontanée mais d’un investissement actif de nos consciences, de nos volontés incompressibles de nous extraire des mailles du filet savamment tissé par nos maîtres d’hier en vue de bâtir un monde nouveau, à l’avenant de nos rêves, nos espérances et aspirations profondes pour une Afrique libre, indépendante et prospère. Notre combat éternel de refus à l’ingérence dans nos affaires, à l’exploitation de nos ressources minières et énergétiques, à la division, à régler nos différends, à nous imposer une façon de faire la politique, ne saurait et ne devrait s’apparenter au mythe de Sisyphe, expression défaitiste de nos efforts.
    L’histoire de notre continent a, le plus souvent été écrite par les vainqueurs d’hier bien que Nicolas Sarkozy qui a un sens certain de l’excentricité ait affirmé dans son fameux discours de Dakar que : « l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire». Il nous appartient, mieux c’est un devoir catégorique de la réécrire, de lui imprimer une nouvelle direction –le sens du progrès-, une force motrice, une nouvelle dynamique à la mesure de nos aspirations profondes et réelles. Nous entendons dans ce siècle, affronter les autres nations en inter pares et non en éternels assistés.
    M. Fatogoma OUATTARA
    Tags : Afrique, françafrique, colonialisme, 
  • Ces chefs d’Etat africains qui président avant tout à leur propre intérêt

    Guinée équatoriale, Congo-Brazzaville, Gabon : ces chefs d’Etat africains qui président avant tout à leur propre intérêt

    Corruption

    Gilles Gaetner a mené une enquête de plusieurs années sur de nombreux dirigeants africains au Congo Brazzaville, en Guinée Equatoriale ou bien encore au Gabon. Il dévoile l’étendue des scandales dans l’entourage des présidents et révèle l’injustice organisée dans les plus hautes sphères du pouvoir. « Pilleurs d’Afrique » est publié aux éditions du Cerf. Entretien.

    Atlantico : Dans votre livre « Pilleurs d’Afrique » publié aux éditions du Cerf, vous vous êtes attardé sur les pratiques des chefs d’Etat de trois pays africains (la Guinée équatoriale, le Congo-Brazzaville et le Gabon) en soulignant leur train de vie démesuré rendu possible grâce aux caisses de ces Etats et aussi, vous le soulignez, avec la complaisance d’institutions bancaires et étatiques françaises. Peut-on parler d’un retour de la françafrique ?

    Gilles Gaetner : Je reste prudent, cela n’a rien à voir avec la françafrique de Foccard. Pour moi l’on peut parler de restes de la françafrique dans la mesure où il y a un certain nombre d’intervenants français proches de ces chefs d’Etat africain (en particulier de Sassou-Nguesso) et qui font une interaction entre ces Etats et certains industriels français qui bénéficient de contrats. C’est un français qui gère la fortune de Nguesso par exemple via des sociétés offshore (il aurait géré à un moment près de 60 millions d’euros).

    Pour autant on ne peut pas parler d’un retour de la françafrique, il n’y a pas exemple plus de cellule Afrique à l’Elysée par exemple. On peut aussi noter que les relations ont été très froides avec le président François Hollande. Nguesso pendant la présidentielle était un partisan de François Fillon et, lorsque Macron a été élu, s’est contenté d’un message très diplomatique pour féliciter le nouveau chef de l’Etat.

    Les choses ont changé et à mon avis il y a un phénomène assez important qui prouve que la françafrique est beaucoup moins importante qu’avant c’est l’initiative qu’a prise le président quand il est allé au Burkina Faso quand et qu’il a dit qu’il déclassifierait des documents secret-défense pour connaître la vérité sur la mort de Thomas Sankara.

    A force de vous voir énumérer les cas de corruption on en vient à se poser la question de l’inefficacité des mécanismes de contrôle internationaux ? Comment l’explique-t-on ?

    D’abord il faut souligner la complexité des montages financiers qui sont réalisés à travers des paradis fiscaux (comme Hong-Kong par exemple) et des sociétés écran. Dans la mesure où tout cet argent provient du trésor public de chaque pays il est compliqué pour les instances internationales d’intervenir.

    Maintenant la France est compétente pour instruire les trois cas des chefs d’État africain. La Cour de cassation a estimé que le produit de l’infraction avait eu lieu en France à travers les achats de voiture, de biens immobiliers…

    Les trois États mis en cause considèrent qu’instruire ces cas relève de l’atteinte à la souveraineté des pays acquéreurs de ces biens et cela entraîne non seulement un débat juridique mais aussi des tensions diplomatiques. Il n’empêche que dans le cas de l’affaire Obiang, le fils du président déclare 8000 euros par mois de revenus. Avec ces indemnités il semble difficile de pouvoir acheter un hôtel particulier de 100 millions d’euros ou une maison à Malibu de 28 millions d’euros. L’attitude de la société générale dans le cas d’Obiang est d’une bienveillance absolue. Ce qui interroge.

    Comment explique-t-on cette bienveillance générale ?

    Ce sont les vestiges de la françafrique. On fait très attention à ces chefs d’Etat africains. Nous sommes prudents. Il y a des relations commerciales et économiques fortes avec les Etats en question et d’importants intérêts français dans ces pays. Maintenant il est intéressant aussi de souligner que les intérêts français dans cette région du monde s’estompent et que les Chinois prennent une place de plus en plus importante.

    Enfin, il est évident que lorsque l’on voit cette nomenklatura composée de même pas une cinquantaine de personnes qui accaparent les richesses et vivent sur un train de vie phénoménal alors que la population de ces pays vit souvent dans une situation d’extrême pauvreté cela laisse pantois.

    Il est bien difficile de prédire la suite mais cette situation ne peut pas bien se terminer.

    Gilles Gaetner est journaliste d’investigation chez Atlantico. Il a été journaliste aux Echos, à la Vie française, au Point et de 1986 à 2009, rédacteur en chef adjoint à L’Express, chargé de l’investigation.

    Il est l’auteur de La République des copains (Flammarion, 2005), Règlements de comptes pour l’Elysée – La Manipulation Clearstream dévoilée (Oh! Editions, 2006, avec Jean-Marie Pontaut), La République des imposteurs (L’Archipel Editions, 2014) et Les journalistes ne devraient pas dire ça (L’Artileur, 2017).
     

     
    Tags : Afrique, françafrique, corruption, 
  • Côte d’Ivoire : Alpha Condé embrasse le charlatanisme pour lutter contre le covid-19

    Alpha Condé vient d’insulter ses concitoyens en leur proposant de boire de l’eau chaude pour éviter la contamination au coronavirus. Une action qui lui a valu un rappel à l’ordre de la part des experts africains de la santé.

    Alpha Condé et Andry Rajoelina ont été appelés à agir de manière responsable par les experts africains de la santé. Ce dernier avait conseillé ses concitoyens de prendre « covid-organiques », un médicament fait à base d’Artemisia, una plante qui a eu un certain succès dans la lutte contre le paludisme, mais dont l’efficacité dans la prévention ou le traitement du Covid-19 n’a pas encore été prouvée

    Covid-organique est « un médicament dont les preuves scientifiques n’ont pas encore été établies et qui risquent de nuire à la santé de la population, en particulier celle des enfants », selon un communiqué publié par Selon l’Académie nationale de médecine de Madagascar (ANAMEM), il s’agit d’un « médicament dont les preuves scientifiques n’ont pas encore été établies et qui risquent de nuire à la santé de la population, en particulier celle des enfants ». 

     
    Tags : Madagascar, Côte d’Ivoire, pandémie, covid-19, Alpha Condé, Andry Rajoelina,
  • Afrique : Les charlatans et la pandémie

    En Afrique, le charlatanisme repose sur un seul et même principe : le mensonge. Et plus le mensonge est gros et plus les gens y croieront. Parce que le mensonge des charlatans frappent de stupeur la plupart de ceux qui y sont confrontés, en leur faisant perdre tout esprit critique.
     
    Jusqu’à il y a quelques semaines les charlatans chez nous étaient essentiellement ces gens qui prétendaient pouvoir communiquer avec le monde de l’invisible. Les Bokonons les Alphas et les Pasteurs ne pouvant pas être contredits par les  » Non-initiés » ils sont allés très loin dans la manipulation des masses. Certains sont allés jusqu’à demander à leurs ouailles féminines de leur faire des fellations pour sauver leur l’âme .
     
    Mais le Covid19 étant un virus bien réel ces manipulateurs de l’ombre n’ont pas pu spéculer sur cette pandémie.
     
    Sont alors apparus dans les
    espaces médiatiques locaux des scientifiques africains qui prétendent avoir mis au point des médicaments efficaces contre le Covid19. Et ce, en quelques semaines.
     
    Mais aucun d’entre eux ne communique sur l’aspect scientifique de leur médicament.
     
    On ne connaît rien de leurs travaux, c’est à dire rien des molécules composant leur médicament. On en sait encore moins sur l’activité pharmacologique la marge thérapeutique active la biodisponibilité ou la toxicité de leur médicament.
     
    Ces scientifiques Africains préfèrent spéculer sur les réactions idéologiques que suscitent leurs travaux en Occident
     
    L’Occident aurait monté un complot contre eux, ne voudrait pas le développement de l’Afrique, voudrait faire du fric sur le dos de l’Afrique via la pandémie du Covid19.
     
    C’est là que réside l’arnaque de ces scientifiques africains. Amener les populations africaines à se focaliser exclusivement sur les questions idéologiques et politiques que suscitent leur médicament pour que eux n’aient pas de comptes à rendre aux opinions publiques africaines sur l’aspect scientifique de leurs travaux.
     
    Leur attitude peut alors être qualifiée d’iresponsable. Car c’est jouer avec la santé publique de nos populations. Alors que le paludisme tue, le Sida tue, le Covid19 tue. Et par centaines de milliers sur le continent.
     
    Dans les années 50 et 60, les intellectuels Africains ont posé les exigences et les conditions auxquels devaient répondre les Africains pour engager le continent sur la voie de la reconstruction de nos nations.
     
    Pour Cheikh Anta Diop, cela passait par la mise sur pied d’institutions scientifiques fortes afin qu’émerge en Afrique une science de qualité qui puisse être mis à disposition de toutes les populations et notamment les plus démunies. Afin que naisse une communauté de véritables scientifiques africains à même de discuter d’égal à égal avec des scientifiques du reste du globe.
     
    Plus proche de nous, JJ Rawlings l’ancien Chairman du Ghana parlait de mettre en place des institutions tellement fortes que le diable en personne ne pourrait pas les détruire.
     
    C’est donc le manque d’état et le manque d’institutions publics dignes de ce nom qui en Afrique entraîne la prolifération de pseudoscientifiques. Cela est particulièrement vrai dans les espaces de la France-Afrique où l’état est carrément défaillant irrationnel et corrompu faisant le jeu de charlatans en tout genre.
     
    Nos peuples méritent mieux que tous ces pseudoscientifiques, ils méritent l’émergence d’un véritable corps de scientifiques comme aux temps de l’Égypte pharaonique et du haut Moyen-Âge africain qui ont vu exister des civilisations solides et équilibrées.
     
    Ci dessous, manuscrits de Tombouctou datant du 13 ème siècle, écrit dans des langues africaines en caractère arabe et traitant de mathématiques d’astronomie de médecine de droit de philosophie de médecine de chirurgie….
     
    Il en existe aujourd’hui encore plus de 700000 dans tout le Sahel.
     
    Ce qui témoigne de la vitalité des sciences dans l’Afrique de l’ouest précoloniale.
     
    Ahmad Nougbo
     
    Tags : Afrique, charlatanisme, gourou, gri-gri, pandémie, covid-19,
  • Une princesse saoudienne emprisonnée demande sa libération au mois du Ramadan

    Une princesse saoudienne de haut rang a appelé le roi et prince héritier d’Arabie saoudite à la libérer de prison au début du mois sacré du Ramadan, selon une lettre publiée sur son site officiel et sur son compte Facebook. 
    La princesse Basmah Bint Saud bin Abdulaziz Al Saud, 56 ans, femme d’affaires, écrivaine et militante des droits de l’homme, a disparu en mars 2019. Il a récemment été révélé publiquement qu’elle était détenue à la prison d’Al-Ha’ir, dans la capitale, Riyad, depuis plus d’un an et qu’elle est malade. 
    La princesse Basmah, la plus jeune fille de feu le roi Saoud, a été particulièrement critique à l’égard du traitement réservé aux femmes par le Royaume. Un proche parent, qui a refusé d’être cité en raison de la délicatesse de l’affaire, a confirmé l’authenticité de la lettre. Ce dernier a informé l’agence de presse Reuters que la princesse devait se rendre à l’étranger pour des soins médicaux au moment de son arrestation fin février 2019, et a été informée après son arrestation qu’elle était accusée d’avoir tenté de se forger un passeport.Les charges ont été abandonnées, mais elle reste incarcérée avec une fille avec laquelle elle était à l’époque, a précisé le parent. 
    La princesse a eu des contacts limités, quoique réguliers, avec les membres de sa famille par le biais de visites et d’appels téléphoniques au cours de l’année écoulée. Sa famille n’a pas eu de ses nouvelles depuis que son appel a été lancé. 
    Reuters n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante les circonstances de sa disparition et de sa détention. Le bureau des médias du gouvernement saoudien n’a pas répondu à une demande écrite de commentaires sur les détails de son cas. Il n’y a eu aucun commentaire public de la part de responsables saoudiens sur la lettre publiée mercredi ou sur une déclaration antérieure publiée sur ses comptes dans les médias sociaux la semaine dernière.
    Tags : Princesse Basma, Arabie Saoudite, 
  • La France pille encore l’Afrique en 2019 : chaque année 440 milliards d’euros de taxes !

    « Je suis d’une génération qui ne dit pas aux Africains ce qu’ils doivent faire. » — Emmanuel Macron, 2017

    Le masque est tombé, lorsqu’une jeune fille africaine, l’interroge lors d’un forum public au Burkina Faso, sur la présence de l’armée française en Afrique… Macron répond alors hystériquement:” qu’ils (les africains) devraient applaudir les soldats français dans les rues africaines.

    Les Allemands se mêlent du franc CFA , et les plumes se délient ces jours-ci…

    Un journal économique allemand accuse la France de piller chaque année 440 milliards d’euros aux africains à travers le Franc CFA. (Franc pour les colonies françaises en Afrique)

    « Le gouvernement français recueille auprès de ses anciennes colonies chaque année 440 milliards d’euros de taxes. La France repose sur les recettes venant d’Afrique, pour ne pas sombrer dans l’insignifiance économique ».

    Et aussi…Pour justifier sa présence militaire, pour contrôler le sous-sol très riche en matières premières, dans toute l’Afrique La France crée des conflits, sous de bannières purement ethniques et religieux dans l’ombre évidemment.

    Rappelons que sur son territoire Européen, la France n’a pas de ressources en matières premières, pour faire fonctionner son industrie et son économie…

    La déstabilisation de ses anciennes colonies africaines, reste son nerf de guerre, avec l’assentiment, voir la complicité des chefs de tribus africaines, des USA, et leurs affidés, et bien sur les membres de l’onu de l’otan, l’Union Européenne…

    La France divise les africains dans ses armées, avec la manipulation des masses, par que sont les médias français et faux médias africains, comme jeune Afrique et tous les médias et les ” intellectuels, qui se font les relais de l’AFP Agence France Presse, organe qui dicte sa désinformation, sa propagande impérialiste, ce que les africains et le reste du monde doit comprendre concernant l’Afrique et la France …

    La France est dans ces pays pour :

    1. Liban: Pétrole et gaz naturel

    2. Mali: Or, pétrole et uranium

    3. Irak: Pétrole

    4. Syrie: Gaz, pétrole

    5. Tchad: Pétrole et uranium ..

    Mais officiellement sous le fallacieux prétexte, de combattre des groupes armés venus de Libye, pour qui, cette même France fourni les armes…

    Rebecca Bourahla

     
  • La France au Sahel : une stratégie bancale

    Neuf ans après l’éclatement de la Libye, grâce notamment à la France, alors dirigée par Nicolas Sarkozy, le Sahel, cette immense bande de près de trois millions de km2, séparant le Grand Sahara de l’Afrique de l’Ouest, se retrouve à son tour livré au chaos. Les cinq pays qui la composent (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger et Burkina Faso) continuent de subir, à des degrés divers, les contrecoups de la tragédie libyenne.

    Celle-ci avait ouvert une boite de pandore d’où sont sortis les démons qui sèment aujourd’hui la terreur et le chaos dans le Sahel et, probablement demain, dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, fut l’un des rares hommes politiques français à stigmatiser la politique d’ingérence et de regime change qui a ouvert un boulevard au terrorisme, au crime organisé transfrontalier et à l’immigration massive non contrôlée.
     

    A part Hubert Védrine et quelques voix courageuses mais inaudibles, rares étaient ceux qui avaient vu venir cette catastrophe. Même Jean-Luc Mélenchon, alors l’étoile montante de la gauche française avait soutenu cette guerre.
    Interrogé en 2014 sur la vague de l’immigration massive et incontrôlée qui s’était abattue à partir de 2011 sur l’Europe, Chevènement imputa ce phénomène à « la destruction de la Libye » par le gouvernement français. «La Libye, déclara-t-il sur le micro d’Europe 1, avait beaucoup de défauts à l’époque de Mouammar Kadhafi, mais la Libye exerçait un contrôle sur ses frontières. Nous avons détruit la Libye, il faut le dire (…) La France, l’Angleterre, sous l’impulsion de M. Sarkozy, peut-être de M. Bernard Henry-Lévy, ont décidé qu’il fallait aller faire le ménage…Résultat de l’ingérence : aujourd’hui, c’est le désordre complet».

    Du chaos libyen au bourbier sahélien

    Mais ce désordre ne s’est pas arrêté là. Depuis la Libye, livrée à elle-même et aux milices islamistes financées par le Qatar et armées par le Soudan islamiste d’Omar al-Bachir et, plus tard, par la Turquie d’Erdogan, le chaos s’est répandu comme une trainée de poudre dans l’ensemble du Sahel, une région considérée jusqu’ici comme une zone d’influence française. L’imminente chute de cette zone tampon – située entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne – entre les mains de groupes terroristes, mafieux et ethniques constituait une menace directe pour les intérêts français. L’ancien président François Hollande, qui avait applaudi des deux mains l’intervention en Libye, n’avait pas bougé le petit doigt quand ces groupes terroristes, renfloués par des groupes armés Touaregs, s’étaient emparés du nord du Mali, l’Azawad, y constituant une sorte d’émirat islamique autonome. Nombreux d’ailleurs sont les nationalistes maliens, attachés à l’intégrité territoriale de leur pays qui avaient accusé la France de vouloir favoriser la partition du pays et la création d’un Etat touareg indépendant.
     

    Ce n’est que lorsque les groupes islamistes, qui contrôlaient déjà l’Azawad, foncèrent vers la capitale Bamako à partir de Konna le 10 janvier 2013, après avoir défait l’armée malienne, que la France intervint militairement. L’objectif était de stopper l’avance des rebelles et de passer, dans le cadre de l’opération Serval, à la reconquête des territoires sous contrôle des rebelles. Cette intervention était motivée par une saisie du Conseil de sécurité de l’Onu par le gouvernement central de Bamako demandant l’aide militaire de la France et de la communauté internationale. Ce fut le début de l’enlisement militaire français dans le bourbier sahélien.

    Sauver le Sahel ou les intérêts géopolitiques de la France ?

    Si l’objectif affiché de l’opération était, selon François Hollande dans un discours prononcé le 15 janvier 2013, de soutenir l’armée malienne face aux groupes terroristes et irrédentistes, de stopper l’avancée rebelle vers la capitale Bamako, de sauvegarder l’intégrité territoriale du pays, la mise en application de cette feuille de route s’avèrera plus compliquée que prévu. Une fois les principaux bastions de la rébellion tombés (Gao, Tombouctou, Kidal, Tessalit…), il fallait combattre un ennemi mobile, dispersé non seulement dans l’Azawad et les centres urbains, mais dans le reste du Mali et l’immensité du Sahel. De simple opération de lutte anti-terroriste, la France s’est retrouvée confrontée à un processus de Nation Building avec tous les risques qu’il comporte.
     

    L’opération Barkhane, qui a pris le relais dès le 1er août 2014 de l’opération Serval, est composée de 4 500 hommes essentiellement français. Un effectif jugé par tous les géopoliticiens sérieux de très insuffisant pour mener à terme la pacification du Sahel et la reconstruction de ses Etats fragiles, voire faillis. C’est ce qui a amené la France à proposer à ses partenaires européens la constitution d’une nouvelle structure appelée Takuba, qui consisterait à déployer des forces spéciales auprès des armées locales [notamment malienne] afin de les aider à contrer la menace jihadiste. Ce projet n’a guère emballé les partenaires européens de la France puisque jusqu’ici, seules l’Estonie, déjà présente dans Barkhane, la Belgique et la Tchéquie avaient répondu présentes. Avec une participation presque symbolique…
     
    L’Allemagne, quant à elle, a jusqu’ici refusé l’invitation française à participer au déploiement de forces spéciales européennes pour combattre les islamistes au Mali. Il faut dire que les Allemands ne partagent ni l’approche, ni la perception de la France dans la gestion de ce dossier. Le diagnostic de leurs services de renseignements est très sceptique, rejoignant en cela celui d’un récent rapport de l’ONU et de l’International Crisis Group. Les Américains sont, eux, tentés de se retirer de la région et de fermer leur base de surveillance au Niger, aujourd’hui en voie d’effondrement.
     
    Pour le ministère allemand de la Défense, la menace au Sahel est non seulement incarnée par des groupes jihadistes et le crime organisé, mais aussi par le fait que les groupes armés terroristes y jouissent d’une « grande liberté de mouvement » et pourraient « agir sans restriction ». Ils estiment que « la valeur opérationnelle de la Force conjointe du G5 Sahel est actuellement faible » et que les forces de sécurité maliennes ont « atteint leurs limites malgré le soutien international. » L’ICG va encore plus loin puisqu’il considère, dans un rapport publié à la veille du Sommet de Pau du G5 que la véritable menace pour la sécurité et la stabilité dans cette région « n’est pas seulement le jihad international porté par des groupes terroristes transnationaux, mais une vague d’insurrections tournées contre les États.»

    Y a-t-il une stratégie de sortie pour la France ?

    Certes, les militaires français ne sont pas les seuls responsables de cet engrenage puisqu’il y a aussi une multitude de forces qui sont censées aider à la mise en application de la stratégie d’intervention dans la région, telle que théoriquement définie par les décideurs français. « La stratégie sahélienne de la France, lit-on sur le site officiel du ministère français de la Défense, vise à ce que les États partenaires acquièrent la capacité d’assurer leur sécurité de façon autonome. Elle repose sur une approche globale (politique, sécuritaire et de développement) dont le volet militaire est porté par l’opération Barkhane, conduite par les armées françaises. »
     

    A titre d’information, Barkhane est soutenue par la Mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), lancée le 18 février 2013 à la suite de l’adoption de la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Elle s’inscrit dans le cadre de l’approche globale conduite par l’Union européenne pour renforcer la sécurité au Mali et au Sahel. Elle compte un effectif d’environ 600 militaires en provenance d’une vingtaine d’États membres de l’UE et une douzaine de militaires français y contribuent.
     

    A cela s’ajoute la mission onusienne de maintien de la paix Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), créée le 25 avril 2013 par le Conseil de sécurité de l’ONU (résolution 2100) et composée de 11 953 militaires, 1 741 policiers et de 1 180 civils (661 nationaux – 585 internationaux, 155 volontaires des Nations unies).
     
    Certes, un travail considérable a déjà été accompli ne serait-ce qu’au niveau de la défaite des organisations jihadistes et des groupes armés dans le Nord-Mali. Tant que les accords inter-maliens, dont ceux signés respectivement à Alger et à Bamako en 2015 après des négociations laborieuses menées dans la capitale algérienne entre le gouvernement central malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad) ne sont pas appliqués par les deux parties, la menace reste sous-jacente, des cellules dormantes attendant le moment propice pour se manifester. Les principes généraux contenus dans ces accords visaient à redéfinir les contours d’un nouveau contrat social au Mali même et dans le reste des Etats du Sahel infesté par le terrorisme, à savoir :

    A) respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc;
     

    B) reconnaissance et promotion de la diversité culturelle et linguistique et valorisation de la contribution de toutes les composantes du peuple malien, particulièrement celle des femmes et des jeunes, à l’œuvre de construction nationale;
     
    C) prise en charge par les populations de la gestion effective de leurs propres affaires, à travers un système de gouvernance prenant en compte leurs aspirations et leurs besoins spécifiques;
     
    D) promotion d’un développement équilibré de l’ensemble des régions du Mali tenant compte de leurs potentialités respectives;
     
    E) rejet de la violence comme moyen d’expression politique et recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends;
    F) respect des droits de l’Homme, de la dignité humaine et des libertés fondamentales et religieuses;
     
    G) lutte contre la corruption et l’impunité;
     
    H) lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et les autres formes de criminalité transnationale organisée.

    Grande absente : l’Algérie

    Malheureusement ces accords sont restés lettre morte, même si Emmanuel Macron, dès son élection en mai 2017, avait promis de tout faire pour les ressusciter. Vœux pieux. La réaction très peu diplomatique du locataire de l’Élysée à l’élection d’Abdelmajid Tebboune, en décembre dernier, comme nouveau président de l’Algérie n’est pas de nature à faciliter les contacts entre les deux hommes. Au lieu de présenter ses félicitations, comme c’est l’usage et comme l’ont fait tous les chefs d’Etats européens, il s’était contenté de « prendre note » de l’élection d’Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Algérie et de l’appeler, avec arrogance, à engager un « dialogue avec le peuple algérien ». Ce dernier, vexé, a répliqué : « Je ne lui réponds pas. Il est libre de vendre la marchandise qu’il veut dans son pays, mais moi j’ai été élu par le peuple algérien et je ne reconnais que le peuple algérien ».
     

    On comprend pourquoi la France a brillé par son absence lors du ballet diplomatique autour de la Libye dont Alger a été le théâtre.
     
    Une autre bizarrerie de la stratégie sahélienne française antiterroriste : l’entêtement à exclure implicitement l’Algérie comme partenaire dans le processus de sortie de crise du Sahel. D’autant que ce pays abrite le siège du Conseil des chefs d’état-major opérationnel des armées (Cemoc) basé à Tamanrasset, dans le Sud algérien) et composé de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger et qu’il dispose de l’armée la plus puissante de la région.

    Pourquoi la France est incomprise par les Africains ?

    Incomprise de ses partenaires européens et américains, regardée avec suspicion par de vaste tranches des opinions publiques africaines, jugée sévèrement pour ses maigres résultats sur le terrain, la stratégie française dans le Sahel devrait impérativement être réadaptée pour faire face aux nouveaux foyers qui se sont déplacés du Nord-Mali vers le triangle de la mort (à la frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso), le brasier tchadien. Cela risque encore de s’étendre vers l’Afrique de l’Ouest et en particulier en Côte d’Ivoire. Et ce ne sont pas les déclarations sibyllines du sommet de Pau qui constituent une vraie feuille de route pour sortir de ce bourbier. Ni l’envoi de 220 soldats supplémentaires au Mali qui va changer la donne sur le terrain.
    Jean-Yves Le Drian, le patron du Quai d’Orsay fait mine de ne pas comprendre pourquoi les Africains sont remontés contre la France.
     

    « Je le constate avec tristesse et un peu de révolte, quand on sait la force de notre engagement, nos 41 morts, et que cela a été fait à la demande des autorités politiques du Sahel. Je ne veux pas non plus surestimer ce sentiment. Il est fortement relayé sur les réseaux sociaux, au travers de fausses nouvelles qu’il faut combattre, mais, dans une situation de crise et d’insécurité, on cherche un bouc émissaire. Une partie du ressentiment antifrançais est liée au fait que les populations ne se sentent pas assez protégées. Il faut que les choses soient claires concernant notre présence. Nous n’avons aucun intérêt dans cette région, sauf la défense du droit et de notre propre sécurité. Si ça ne passe pas par des accords et une clarification des engagements, il faudra se poser des questions et repenser notre positionnement militaire. »
     
    Le Drian, qui reprend ici le même argumentaire que son patron, passe sous silence les racines de la colère, à savoir les ingérences et les interventions militaires françaises à répétition en Afrique pour sauver, non pas leurs pays, mais des régimes à la solde de la France. Les opinions africaines n’ont surtout pas digéré l’intervention militaire française en Libye, comme elles n’ont pas digérée l’emploi de la force armée pour déloger l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Elles sont enfin en colère contre les maigres résultats de ces interventions. La sécurité promise n’est pas au rendez-vous et les fruits du développement durable promis tardent à mûrir.
     
    Il faudra plus qu’un sommet du G5 pour relever les défis et dissiper les malentendus. Car il y a péril en la demeure et seule la réhabilitation d’Etats africains souverains, autonomes, représentatifs et efficients est de nature à assécher le vivier terroriste. Il n’est pas trop tard pour changer de logiciel et d’approche.
     
  • Mauritanie-Algérie : poisson contre dattes

    Un pont aérien reliera dès aujourd’hui mercredi la Mauritanie et l’Algérie, par charters dans une opération d’échanges entre les deux pays, les dattes depuis l’Algérie et le poisson depuis la Mauritanie.

    On a annoncé en Algérie qu’un avion charter B737-700 quittera aujourd’hui l’aéroport Houari Boumediene à destination de Nouakchott et Nouadhibou.

    Il s’agit du premier vol parmi les 6 prévus destinés à approvisionner le marché mauritanien en dattes algériennes, à la veille du mois béni du Ramadan.

    Au retour, ces avions cargos transporteront du poisson mauritanien à destination des marchés algériens.

    Source : Ezahra, 22 avr 2020

    Tags : Mauritanie, Algérie, 

  • Iréna SENDLER, hommage à une juste

    Iréna SENDLER

    Récemment décédée à 98 ans.

    Elle demanda pendant la 2ème guerre mondiale à aller travailler dans le Ghetto de Varsovie, comme plombier, serrurier. Elle avait une motivation bien particulière. Elle connaissait les plans d’extermination des nazis envers les juifs car elle était Allemande.

    Irena a caché des enfants dans le fond de sa boîte à outils qu’elle transportait à l’arrière de son véhicule ainsi qu’un grand sac pour les enfants plus grands. Elle avait aussi à l’arrière de sa voiture un chien qu’elle avait dressé à aboyer quand les soldats allemands la contrôlaient à l’entrée et à la sortie du ghetto. Les soldats ne pouvaient rien contre le chien dont les aboiements couvraient le bruit que pouvaient faire les enfants.

    Elle sauva 2500 enfants en les cachant ainsi.

    Elle fut arrêtée et les nazis lui brisèrent les jambes, les bras et la torturèrent très cruellement.

    Irena a gardé tous les noms des enfants qu’elle avait sortis du Ghetto, dans une jarre en verre enterrée près d’un arbre, au fond de son jardin derrière sa maison.

    Après la guerre, elle essaya de localiser tous les parents qui avaient pu survivre et tenta de réunir les familles; mais la plupart avaient été gazés. Les enfants qui avaient été sauvés ont été placés dans des familles d’accueil ou ont été adoptés.

    L’année dernière elle a été proposée pour le prix Nobel de la Paix, mais n’a pas été retenue. C’est Al Gore qui fut primé pour son film sur le réchauffement de la planète.

    Merci de diffuser ce courriel pour qu’il circule le plus largement possible ! 

     
     
    Tags : Iréna SENDLER, juifs, holocauste, nazis,
  • Assassinat dans la maison communale de la République Française de Mohamed GABSI – 33 ans

    Communiqué de l’ ATMF
    La police municipale de Béziers a arraché la vie à Mohamed GABSI
    Ce mercredi 8 avril, Mohamed Helmi Gabsi, 33 ans, a été arraché à ses trois enfants et à sa famille. Il nous a quittés malgré lui, avec comme dernières images, des violences de policiers municipaux et ses appels de détresse.
    Après un transport musclé, le poids d’un policier assis sur lui, face à terre, tout au long du trajet menant au commissariat, il expirera son dernier souffle. Pour qui allaient ses dernières pensées, alors qu’il sentait la vie l’abandonner ? Sans conteste à ses enfants. Ceux-là même qui auront pour unique lègue, l’histoire d’un père à qui une autorité publique a ôté la vie. Nous partageons profondément la douleur de sa famille.
    Mohamed n’a pas mérité de mourir si jeune.
    Mohamed n’a pas mérité de mourir de cette façon.
    Mohamed n’a pas mérité de mourir pour cette raison, ne pas avoir respecté le confinement.
    Mohamed n’a pas mérité de mourir, parce qu’il est pauvre, parce qu’il est SDF, parce qu’il a des antécédents.
    Mohamed est un humain. Mohamed est un citoyen. A ce titre, le respect de sa vie lui était dû.
    « La sécurité, c’est la première preuve d’amour qu’on doit au peuple », a déclaré Robert Ménard, allié du Rassemblement National, Maire de Béziers, une des villes les plus pauvres de France. Il doit assumer la responsabilité d’avoir triplé et armé la police municipale.
    Nous demandons justice, pour Mohamed, pour ses enfants et pour sa famille et amis. Nous les assurons de notre soutien inconditionnel.
    Nous demandons justice, pour tous ceux qui sont stigmatisés, mal traités, réprimés et jetés à la vindicte de la haine raciale, pendant cette pandémie.
    Paris, 12 avril 2020

    Tags : Béziers, Mohamed Gabsi,