Catégorie : Sahara Occidental

  • Virée dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf

    Situation-Sahara Occidental – La route qui mène de la ville de Tindouf au s/camp du 27 Février est bitumée depuis plusieurs années. Au fur et à mesure qu’on s’approche de ce camp, où les baraques avec des toits en zinc ont pris place des tentes qui faisaient le décor de cet immense camp, on aperçoit les efforts accomplis par l’Etat algérien pour aider ces réfugiés chassés de leurs terres par un occupant qui ne leur reconnaît aucun droit. La route goudronnée prend fin à l’entrée du camp. La place est appelée 27 Février, une date qui rappelle aux Sahraouis l’insurrection armée contre l’occupant marocain. C’est un groupement scolaire éponyme qui regroupe des classes d’école, une caserne de gendarmerie, un dispensaire et un centre culturel qui contient entre autres un cybercafé.

    La répartition administrative de premier niveau dans laquelle se sont organisés les camps sahraouis il en existe actuellement les noms des 4 villes les plus importantes du Sahara occidentale : El Ayoun, Ausserd, Smara, Dakhla. Chacune compte environ 35 000 habitants.

    La répartition administrative de deuxième niveau dans laquelle se sont organisés les camps sahraouis : dans chaque wilaya il y a 6 à 7 daïras. Chaque daïra porte le nom d’une ville du Sahara occidentale.

    La répartition administrative de troisième niveau dans laquelle se sont organisés les camps sahraouis : Chaque daïra a 4 Haiat qui se divisent à leur tour en Lidjan (comité) composés à leur tour de groupes de noyaux familiaux.

    Le siège institutionnel de tous les ministres sahraouis se trouve en un lieu appelé Rabouni qui est une station Algérienne de pompage d’eau.

    Le Polisario : Front Polisario, Front populaire de libération de la Sakia El Hamra El Rio de Oro, fondé en 1973 c’est le mouvement politique qui a organisé la lutte d’autodétermination de la population sahraouie et qui a proclamé la RASD en 1976 dont le gouvernement réside encore aujourd’hui dans les camps de refuge en Algérie et duquel il administre tout aspect de la vie sociale.

    Le camp est également symbolisé par ces antennes installées par Algérie-Télécom. Elles fournissent du champ téléphonique et de la connexion Internet à ces habitants isolés du monde depuis une trentaine d’années.

    En plus du téléphone, les habitats de ce camp de réfugiés, tout comme d’autres sites, sont raccordés au réseau électrique qui leur fournit une énergie en continu.

    En marchant dans les camps on se rend facilement compte que la vie est très dure, que ce désert est un lieu profondément inhospitalier, amer et d’une grande monotonie de couleur.

    Malgré tout, la chaleur des milles sourires et des couleurs vivaces des melhfa que portent les femmes sahraouies donne de la joie au regard.

    La position officielle de l’Algérie est « qu’elle n’a pas de revendications territoriales sur le Sahara occidental, qu’elle n’est pas partie prenante dans le conflit qui oppose la RASD et le royaume du Maroc, et que son soutien aux indépendantistes sahraouis relève de ses principes d’aide à tous les peuples qui luttent pour la décolonisation de leur pays à travers le monde ».

    Le Sahara occidental est frontalier de l’Algérie sur 42 km, de la Mauritanie sur 1561 km, et du Maroc sur 443 km.

    Les zones de contrôle du Maroc et du Polisario sont séparées par un mur de sable, construit par les Marocains avec l’aide d’experts israéliens et américains. La zone sous contrôle marocain se trouve à l’ouest du mur, la zone sous contrôle du Polisario à l’est. Le mur mesure plus de 2 000 km de long et permet de bloquer les véhicules. Il est composé d’une série de barrières fait de deux remblais de sable de 3 m de haut protégés par des champs de mines et de fortifications placées tous les cinq kilomètres.

    Mohamed Boudjakdji

    Les Echos de Sidi Bel.Abbès

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, réfugiés sahraouis, Tindouf,

  • Rapport de course du Sahara Marathon

    Si les gens peuvent vivre ici pendant 44 ans, je peux courir encore quelques kilomètres.

    Je viens de rentrer après ma troisième visite dans les camps de réfugiés du Sahara occidental qui sont expulsés au milieu du désert plutôt inhospitalier du sud de l’Algérie. Des camps de réfugiés qui restent silencieux chaque année tandis que le monde extérieur détourne le regard.

    Pendant que j’y étais, j’ai également couru le deuxième marathon de ma vie qui, comme la dernière fois, s’est passé entre les camps de réfugiés dans un Sahara sablonneux et franchement dégradé.

    Le départ de la course était épicé et bon mais ensuite c’était dur. Quelque part au milieu, j’ai eu des spasmes que j’ai « guéris » avec l’aide de sel que j’ai avalé d’une des grandes chaînes de restauration rapide que nous avons en Suède.

    Dans le même ordre d’idées, une femme du Sahara occidental s’est manifestée et m’a remerciée, ainsi que mon collègue Shari, d’avoir couru pour son pays. C’était tellement triste et horrible que quelqu’un m’a remercié d’avoir fait une course idiote. J’ai donc pleuré un éclat. Puis je me suis mis en colère que quelqu’un ait même dû remercier.

    Après 30 kilomètres, je suis tombé en avant. J’ai dû verser du sable de mes chaussures et j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à la situation où j’étais.

    J’ai pensé au mur de 270 miles de long que le Maroc a construit à travers le pays où les mines sont secrètement situées et qui ont divisé les familles. Le plus près du mur est une zone tampon de cinq kilomètres de large où personne ne peut être et où les mines sont proches. Là, le Maroc n’autorise pas le déminage et il y a des dégâts et des morts de personnes et d’animaux chaque année.

    Et que fait le monde extérieur? Il regarde ailleurs.

    La chaleur, le sable et les pensées du conflit de faible intensité, fatigué de tout un peuple, m’ont fait ressentir de l’émotion en courant. Que se passe-t-il lorsque les gens ne peuvent tout simplement plus faire face?

    La veille, dans une enquête menée auprès d’une organisation non violente, j’avais lu qu’environ 60% des jeunes considèrent la guerre comme la principale solution au conflit. Une pensée effrayante mais aussi compréhensible. Qui peut attendre des années et des années une solution qui ne viendra pas?

    Après 35 kilomètres, j’ai commencé à me demander si j’arriverais jamais à la ligne d’arrivée ou si je demanderais à être poussé par l’un des véhicules qui ont le plus tardé à courir pour garder la trace des coureurs.

    Ai-je continué. Je pensais que si les gens pouvaient vivre ici pendant 44 ans, je pourrais faire encore quelques kilomètres.

    Les derniers kilomètres ne seraient probablement pas une course froide. Mais j’ai traversé Smara, le camp de réfugiés qui m’a également hébergé pendant la semaine.

    La chaleur était compacte sur le camp et je me suis souvenu de ce que mon amie Dakhna m’a dit au sujet des étés à 50 degrés quand elle ne pouvait même pas dormir dans sa maison.

    Quand j’ai finalement vu l’arrivée, je me suis senti soulagé mais d’une certaine manière étrange, j’ai été déçu que la course soit déjà terminée. Saut au but en pleurant le 5.39.20. Presque une heure de mieux que la dernière.

    Que le prochain mara passe au bord de la mer au Sahara occidental libéré! Et que le monde extérieur cesse de regarder ailleurs!

    Source : Proletaren, 2 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental, Sahara Marathon, réfugiés sahraouis, solidarité,

  • La « marche verte » du Maroc était une idée d’Henry Kissinger

    La presse espagnole vient de publier des documents déclassifiés de la CIA attestant qu’en 1975 les États-Unis craignaient un possible effondrement du régime franquisme au profit des socialistes. Il en aurait résulté une indépendance du Sahara espagnol au profit de l’URSS.

    Aussi le secrétaire d’État US, Henry Kissinger, organisa la « Marche verte » avec le roi Hassan II du Maroc, le 6 novembre. Le 14 novembre, le gouvernement espagnol décolonisa le Sahara au profit du Maroc et de la Mauritanie. Le 20 novembre ont annonça la mort du caudillo Franciso Franco qui était en état végétatif depuis plusieurs semaines.

    Selon ces documents, le prince Juan Carlos, qui lui succéda le 22 novembre en tant que roi d’Espagne, avait donné son approbation à la CIA —ce qui constitue une haute trahison—, craignant lui aussi un glissement du régime à la mort du caudillo.

    Peu avant, la CIA avait approché le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et s’était engagée à le soutenir s’il conservait les bases de l’Otan sur son territoire et le Sahara espagnol. Les dirigeants historiques ayant refusé cette aide intéressée, les services secrets US parvinrent à faire élire Felipe González comme secrétaire général du parti.

    La France et l’Arabie saoudite participèrent également à ce complot.

    Le roi Hassan II interrogea la Cour internationale de Justice (l’organe d’arbitrage de l’Onu) pour dire à qui devait revenir le Sahara espagnol. Celle-ci, tout en reconnaissant les liens historiques de ce territoire avec le Maroc, souligna que c’était à la population de choisir en vertu du principe d’auto-détermination. Hassan II mobilisa alors son peuple en tronquant l’avis de la CIJ. Il assura que celle-ci avait reconnu que ce territoire était marocain occupé par l’Espagne. 350 000 civils marchèrent alors jusqu’à la frontière, tandis que 20 000 soldats sécurisaient la frontière avec l’Algérie pour l’empêcher d’intervenir. L’Espagne décolonisa le Sahara qui fut immédiatement ré-occupé cette fois par le Maroc et la Mauritanie.

    Voltairenet.org, 24 fév 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, marche verte, Henry Kissinger, Hassan II, Juan Carlos I, Franco,

  • Le Maroc recrute des mercenaires français et américains pour s’en prendre à l’Algérie

    Grâce aux révélations du mystérieux hacker Chris Coleman, nous avons appris que le lobbying marocain anti-algérien a de beaux jours devant lui.

    Des documents confidentiels balancés sur le toile dans le cadre d’une opération appelée Marocleaks sur des journalistes recrutés pour mener une campagne de dénigrement de l’Algérie aux Etats-Unis et en France, les deux principaux alliés du Maroc dans le conflit du Sahara Occidental.

    Les activités et le financement du lobby pro-marocain dans ces deux pays et les rapports secrets entre les services de renseignement marocains et le Mossad ont été dévoilés par le hacker qui a déclaré vouloir « déstabiliser la diplomatie marocaine » et il faut reconnaître qu’il a gagné son pari.

    Ainsi nous avons appris que parmi les journalistes américains se trouvent Richard Miniter et Joseph Braud qui, essayaient de transmettre à l’opinion publique américaine l’idée que le Front Polisario avait des connexions avec le «terrorisme djihadiste soutenu par l’Algérie». Miniter est présenté comme « journaliste d’investigation du New York Times et auteur de deux livres à succès : Losing bin Laden et Shadow War. Il a publié dans de nombreux journaux aux États-Unis, notamment dans le New York Times, le Washington Post, le Wall Street Journal et Christian Science Monitor, ainsi que dans The Atlantic Monthly, The New Republic, National Review et Reader’s Digest. Ses articles ont également paru dans des journaux en Europe, en Asie et en Australie ». Il a touché 20.000 dollars payés par la DGED pour un article initulé « La guerre la plus inutile du monde » paru dans les colonnes du magazine US Foreign Policy. Cela sans compter les nombreuses invitations à faire des voyages de luxe au Maroc.

    Idem pour Joseph Braude, écrivain. Ses deux derniers  livres sont « The new Iraq » et « The Honored Dead ». Il a participé activement dans la campagne contre l’Algérie et le Polisario. Dans l’audio ci-joint, on l’entend parler en arabe de prétendus « mercenaires du Polisario, de l’Algérie et d’autres pays africains » ayant participé à la défense de Kadhafi.

    Leur recruteur, Ahmed Charaï, un valet du Makhzen, avait été condamné en 2011 par la justice américaine pour fausse déclaration douanière, selon le site algeriepatriotique. le 14 septembre 2011 à son arrivée à l’aéroport international de Dulles (Washington DC), il avait déclaré 10 000 dollars en argent liquide. Après contrôle, il s’est avéré qu’il avait sur lui cinq fois plus, curieusement dans des «enveloppes» fermées et libellées, selon le rapport de la douane américaine.

    Selon sa déclaration devant le juge, Ahmed Charaï était en possession de 15 000 dollars non déclarés. L’argent était destiné au paiement des lobbyistes pro-marocains, a attesté «Chris Coleman». Bien qu’il ait avoué sa culpabilité devant le juge, Ahmed Charaï a pu être libéré grâce à John J. Hamre, président du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), une entité de lobbyistes pro-marocains dans laquelle est membre Henry Kissinger, architecte en chef de la livraison du Sahara Occidental au Maroc.

    Les réseaux d’Ahmed Charaï est beaucoup plus puissant en France. C’est lui qui se trouve derrière le recrutement des journalistes français dont les liens avec la DGED marocaine avait été confirmée par la documentation balancée par Chris Coleman. José Garçon (de Libération, que les Algériens connaissent très bien, tout particulièrement pour ses positions anti-régime durant la décennie noire), Mireille Duteil (ancienne du «Point»… et collaboratrice de «l’Observateur du Maroc», que les Algériens des années 80 connaissaient très bien et, elle aussi, toujours bien accueillie… d’autant qu’elle est ou était l’épouse d’un haut fonctionnaire français ), Dominique Lagarde (L’Express) et Vincent Hervouet (LCI)… Ils ont été «achetés» pour produire des articles favorables au Maroc, soutenant la colonisation du Sahara Occidental.

    Vincent Hervouet a été chargé d’accuser le Polisario de collusion avec le terrorisme et de faire la promotion du MAK et du GPK. Il a interviewé Ferhat Mehenni et dénoncé une prétendu répression de kabyles (voir photos ci-jointes)

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, marocleaks, France Etats-Unis, lobbying, USA, presse,

  • Maroc : Qui se souvient encore du hacker Chris Coleman?

    Le « Wikileaks marocain » qui secoue le Makhzen

    En octobre 2014, un « Julian Assange » marocain a réussi à mettre sens dessus dessous les autorités du pays, en mettant en ligne sur Twitter les secrets du Makhzen.

    Les révélations de celui qui se fait appeler Chris Coleman, ou le Wikileaks marocain, mettent le Makhzen dans l’embarras, selon des médias européens.

    La publication de câbles de la diplomatie marocaine et de mails des renseignements marocains, la Direction générale des études et de la documentation (DGED), diffusés via Twitter et Facebook, ont révélé que des journalistes français, des think-tanks français, italiens et américains ont été instrumentalisés par le Maroc, moyennant des payements sonnants et trébuchants.

    Ces derniers produisent des articles et des analyses favorables aux thèses du Maroc et préjudiciables à l’Algérie et au Front Polisario, le mouvement de libération reconnu par l’ONU comme seul et unique représentant du peuple sahraoui, une réalité que les marocains, poussés par leur excès d’ambition, rêvent de lui arracher ce titre.

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    Un journaliste du New York Times confirme l’authenticité des documents

    Le journaliste Nick Kristof, un journaliste du New York Times, a confirmé l’authenticité des documents «confidentiels» publiés par le hacker marocain qui se fait appeler «Chris Coleman», dévoilant le vaste complot marocain contre l’ Algérie et les tentatives de corrompre des diplomates occidentaux dans le dossier du Sahara occidental.

    Dans un e-mail envoyé le 7 juin 2011, Aziz Mekouar, ancien ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, annonce à Taïeb Fassi Fihri, MAE à l’époque, que le journaliste du New York Times, Nick Kristof, se rendra au Maroc le 16 juin et qu’il «souhaite interviewer une importante personnalité marocaine».

    «Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire savoir si M. le ministre Fassi Fihri pourrait accorder une interview à M. Kristof. Il souhaiterait également rencontrer des mourchidate», a-t-il ajouté dans le même message pour ensuite rappeler qu’il «s’agit d’un journaliste important qui avait fait référence il y a quelques mois à l’affaire du Sahara en parlant de double standards», en soulignant que l’on critiquait Israël alors que le Maroc occupait le Sahara depuis 35 ans et puisait dans ses ressources. J’avais alors répondu et ma réponse avait été publiée dans le New York Times.

    Les groupes pro-Polisario avaient envoyé une lettre à la suite de la mienne qui n’a pas été publiée. Depuis, nous avons pris contact avec Kristof notamment par l’intermédiaire de notre entreprise de relations publiques (Keith Zakheim). Il a écrit par la suite que Bahrein devait s’inspirer du Maroc pour résoudre ses problèmes».

    Nick Kristof a confirmé les faits dans un commentaire publié sur Twitter. «Oui, je me rappelle cette visite. J’espérais interviewer le roi. Je n’ai eu aucune interview», dit-il. Cette confirmation vient mettre davantage mal à l’aise la diplomatie marocaine qui, faut-il le noter, n’a pas démenti l’authenticité des documents publiés par le «Julian Assange marocain» et qui, rappelle-t-on, font état de tentatives marocaines de corrompre des diplomates occidentaux pour mener une cabale contre l’Algérie.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, Chris Coleman, Nick Kristof,

  • Comment le Maroc a visé les pays « fragiles » de l’Afrique

    Le Maroc est au cœur de l’actualité ces derniers jours tant par sa réaction aux propos du chef de l’Etat algérien sur le Sahara Occidental. Une réaction enfantine consistant à ouvrir des consulats de pays africains qui n’ont même pas d’ambassade ou de ressortissants au Maroc.

    Parmi ces pays, le Côte d’Ivoire dont les déclarations ont suscité la colère d’Alger qui a immédiatement rappelé son ambassadeur. Est-ce une surprise de voir cet Etat prendre position pour les Marocains dans le conflit sahraoui?

    A vrai dire, le contraire aurait étonné les observateurs puisque le régime d’Alassane Ouattara, installé par Paris, a un précédent dans cette histoire. Lors du Sommet Union africaine (UA)-Union européenne (UE), du 29 au 30 novembre 2017, Abidjan n’a pa daigné envoyer une invitation à la RASD.

    La Côte d’Ivoire se sait forte de deux appuis, Rabat et Paris, le premier partisan de la prétendue « marocanité » du Sahara. Une alliance qui a déjà fait réagir Alger par la voix de son ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui avait interpellé son homologue français Ayrault en novembre 2016 sur la question. «Je ne vous cacherai pas que c’est l’un des principaux désaccords entre la politique extérieure de l’Algérie et celle de la France», avait-t-il dit à ce propos.

    L’Algérie sait très bien que la question sahraouie n’est pas un jeu à trois entre elle, Rabat et le Polisario mais que l’équation englobe aussi et surtout la France et maintenant certains pays africains. En effet, la politique africaine du Maroc, trahie par les câbles diplomatiques confidentiels publiés par le Snowden marocain, un cyber-activiste qui se présente sous le pseudo de chris_coleman24 sur son compte Twitter, a divisé en trois le continent noir selon les affinités du moment. On y découvrait alors que la direction marocaine des affaires africaines considère que «les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale sont considérés comme les pays « amis » ou le « pré carré traditionnel » », la Côte d’Ivoire faisant partie de l’Afrique de l’Ouest, ceci expliquant cela. Les pays de l’Afrique de l’Est et australe sont jugés plutôt comme «hostiles» tandis qu’une troisième catégorie regroupe les pays dits «fragiles», dont les positions sont globalement influencées par les pays dominants dans chaque région, Algérie, Afrique du Sud, Ethiopie et Nigeria notamment.

    La stratégie d’entrisme marocaine s’est appuyée sur le renforcement de ses relations avec les pays africains en devenant le trait d’union privilégié pour un rapprochement entre l’Europe et l’Afrique à travers la France. L’accueil d’étudiants africains, la gestion du religieux, la promotion du concept de consacrer une «place» à l’Afrique dans tous les festivals organisés au Maroc, le libre accès au marché marocain pour les produits originaires des pays africains les moins avancés et l’annulation de leurs dettes, l’ouverture des ambassades en Namibie, au Botswana, en Zambie, en Tanzanie, au Mozambique et au Malawi pour renforcer la présence diplomatique marocaine en Afrique de l’Est et australe participent à cette vaste OPA.

    Si Abidjan est la première capitale africaine à soutenir ouvertement les thèses coloniales du Maroc, d’autres pays devront certainement suivre, histoire de payer leurs dettes.

    Tags : Maroc, Côte d’Ivoire, Sahara Occidental, Front Polisario, Union Africaine, consulats,

  • Sahara occidental : La lancinante attente d’un nouveau médiateur onusien

    Le conflit du Sahara occidental attend toujours son médiateur onusien. Depuis la démission de l’envoyé personnel du secrétaire général, Horst Köhler, en mai 2019, les parties belligérantes, Maroc et Front Polisario surtout, attendent toujours son successeur.

    Avec son départ, ce conflit aura consommé quatre médiateurs après les Américains James Baker et Christopher Ross et le néerlandais Peter Van Walsum. Face à cette situation, qui s’explique par la position du Maroc qui refuse toute discussion de la question de l’autodétermination pourtant inscrite dans les différentes résolutions onusiennes et le droit international, le Polisario met l’ONU devant ses responsabilités. En octobre, et après s’être plaint du retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental, le Polisario avait condamné les «conditions imposées» par le Maroc dans l’opération de désignation d’un remplaçant à Horst Köhler.

    Dans une lettre adressée au secrétaire général Antonio Guterres, il a assuré que le mouvement «n’acceptera pas ( ) que le processus de paix sous l’égide des Nations unies, y compris la désignation du nouvel envoyé personnel du secrétaire général, soit otage des conditions préalables du Maroc, qui rejette la légalité internationale». Jeudi dernier, lors des festivités du 44e anniversaire de la création du Polisario, son secrétaire général et président de la RASD a déploré que «le retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel a paralysé le processus politique». Il a réitéré son appel aux Nations unies et au Conseil de sécurité à «assumer l’entière responsabilité» pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.

    A Smara, dans les camps de réfugiés sahraouis, Brahim Ghali a réitéré que «le Front populaire de libération de la Seguia El Hamra et de Rio de Oro (Polisario) ne pouvait être impliqué dans aucun effort qui ne respecte pas pleinement les droits sacrés du peuple sahraoui à l’autodétermination, comme tous les peuples et pays coloniaux». Il a ajouté que «le peuple sahraoui est déterminé à défendre ses droits légitimes par tous les moyens garantis par la légitimité internationale», appelant la communauté internationale à «assumer ses responsabilités» face à la poursuite des provocations de l’occupant marocain qui pourraient conduire, a-t-il dit, «à une confrontation militaire».

    Il a encore exhorté l’ONU à «exercer la pression nécessaire pour appliquer immédiatement la Charte et les résolutions des Nations unies» en tête desquelles l’indépendance des pays colonisés, et à permettre à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) d’«accomplir la tâche pour laquelle elle a été créée». «Il est temps de mettre fin aux souffrances du peuple sahraoui qui a fait preuve de beaucoup de patience et de persévérance», a-t-il dit dans le même contexte.

    «Ne pas jeter l’huile sur le feu»

    Dans ce contexte, marqué également par une rude concurrence politique et diplomatique en Afrique et dans le monde entre le Polisario et le Maroc, ressurgit à nouveau le contentieux algéro-marocain avec son cortège de déclarations, de piques et de polémiques.

    Les plus récentes ont concerné l’ouverture de bureaux consulaires de pays africains à Laâyoune dans les territoires sahraouis sous domination marocaine. S’élevant contre ces bureaux, l’Algérie, qui défend le droit à la décolonisation et à l’autodétermination en cohérence avec
    les résolutions onusiennes, s’est vue critiquer par le Maroc qui l’a accusé par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nacer Bourita de faire du Sahara occidental sa «première cause nationale». Pour répondre à cette accusation, le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum a déclaré que l’Algérie s’attache à «ne pas jeter l’huile sur le feu, notamment lorsqu’il s’agit de ses rapports avec le Maroc, pays frère».

    «Nous n’avons jamais tenu de propos inappropriés concernant le Maroc et le peuple marocain. Nous établissons nos relations sur l’avenir et non sur les insultes et le langage inconvenant», a affirmé M. Boukadoum. «Il existe des résolutions onusiennes claires et une loi internationale concernant la question du Sahara occidental, membre fondateur de l’Union africaine (UA). La position de l’Algérie est constante. Nous n’allons pas avoir des propos désobligeants à l’égard de nos frères marocains», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, ajoutant que les campagnes médiatiques menées contre l’Algérie «sont fomentées».

    Evoquant les pays ayant ouvert des consulats à Laayoune, il a fait savoir qu’il aurait aimé voir ces pays ouvrir des consulats dans la capitale marocaine, Rabat, au lieu de les ouvrir dans une région où «ils n’ont ni ressortissants ni intérêt».

    ReportersDZ, 2 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental Front Polisario, ONU, MINURSO, Maroc, envoyé personnel,

  • Makneur Ndiaye ou l’empreinte de la France aux Nations Unies

    Le 6 février 2020, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a nommé M. Mankeur Ndiaye, du Sénégal, au poste de Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

    Une nomination qui est une aberration et dit long sur l’influence de la France colonialiste sur le Secrétaire Général de l’ONU.

    Mankeur Ndiaye a été limogé par le président sénégalais suite à un scandale dont il a été l’objet lorsqu’il détenait le poste de ministre des affaires etrangères du Sénégal jusqu’au jour où le peuple sénégalais a découvert qu’il se rendait régulièrement à l’ambassade du Maroc à Dakar pour recevoir un cadeau de plus de 8 millions der francs CFA. Le prétexte évoque pour justifier cette livraison « de la main à la main » selon une lettre de l’ambassadeur marocain, est qu’il veut aider trois membres de sa famille à accomplir le devoir de pèlerinage  à La Mecque ».

    C’est ainsi que le Maroc s’assure les services des sénégalais en vue de les stimuler à défendre ses thèses expansionnistes sur le Sahara Occidental.

    Mankeur Ndiaye est la honte des dirigeants africains qui encouragent la corruption, la gabegie et la soumission aux Etats étrangers pour des buts purement égoïstes et destructeurs du rêve africain de bâtir un continent libre, démocratique et prospère.

    Cette nomination est une gratification de la part de la France à un fidèle serviteur de la françafrique dont le premier membre est le président sénégalais Macky Sall dont ont dit qu’il a reçu 50 millions d’euros de la part de Mohammed VI. Non sans raison, Macky Sall se trouve à la tête des dirigeants africains qui menacent l’Union Africaine d’implosion pour payer la générosité des autorités de Rabat.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Sénégal, corruption, Mankeur Ndiaye,

  • Equipe Media a remporté le Prix international de la liberté d’expression de l’Union des journalistes de Valence

    Il s’agit d’un prix « à l’allure plus internationale » décerné à Équipe Média,  une organisation sahraouie créée en 2009 dans le but de « briser le blocus de l’information sur l’occupation marocaine au Sahara Occidental ».

    L’Équipe Média documente la violation des droits de l’homme au Sahara occidental (répression lors de manifestations, interventions arbitraires de la police, détentions, perquisition à domicile, torture, condamnations, agressions physiques, confiscation de matériel et harcèlement).

    Le Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, est un territoire «pratiquement inaccessible aux médias et aux entités de surveillance des droits de l’homme».

    Des dizaines de journalistes et d’observateurs étrangers ont été expulsés du territoire (l’un des cas les plus connus récemment était celui de la photojournaliste Judith Prat), ou leur a été refusée. En ce sens, Équipe Média accompagne (fixeurs) les journalistes qui parviennent à briser le blocus.

    Cette organisation possède déjà les prix internationaux Julio Anguita Parrado et Solidarity Prize 2019 décernés par l’ONG suédoise Afrika Grupperna. «Avec ce prix, nous voulons rendre visible leur tâche et leur volonté de continuer à informer, malgré la répression subie par les journalistes dans ce domaine, et gagner leur liberté d’équiper le reste des collègues qui veulent faire un rapport sur la situation au Sahara », ont-ils déclaré.

    Equipe Media diffuse des violations des droits de l’homme sur son site Internet et sur ses réseaux sociaux, dont certains ont été compilés dans le documentaire «Trois caméras volées», que l’on peut voir en Cantabrie, à La Vorágine, de la main d’ALOUDA, de Cantabrie par le Sahara (organisation membre du Coordonnateur cantabrique des ONGD) et l’Observatoire cantabrique des droits de l’homme au Sahara occidental. Le documentaire est désormais visible sur Internet.

    Un autre prix de ce groupe professionnel a été décerné à Alberto García, photojournaliste d’EL PAÍS, arrêté le 18 octobre lors des altercations de la décision 1-O

    Comme l’a déclaré Unió dans un communiqué, Garcia fait l’objet d’une enquête pour crimes présumés de désobéissance et de résistance. Ce matin du 18 octobre, malgré le bracelet de la presse et la caméra, un groupe de policiers anti-émeute de la police nationale l’a immobilisé, l’a réduit et lui a menotté et emmené dans un fourgon de police.

    « Avec ce prix, nous voulons dénoncer une fois de plus la perversion de la loi du bâillon, qui est utilisée pour limiter un droit fondamental tel que la liberté d’information », ont-ils déclaré.

    Source : Presse espagnole

    Tags : Sahara Occidental, Equipe Media, Presse, information, black-out,

  • Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    JACOB MUNDY, AU « MONDE DIPLOMATIQUE » : Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    Dans un long article paru dans l’édition anglophone du Monde Diplomatique du mois de janvier 2006, Jacob Mundy a démontré, en se basant sur des documents déclassifiés de l’administration américaine, que les Etats-Unis ont aidé le roi Hassan II à s’emparer du Sahara occidental.

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le rôle du gouvernement des USA lors de la crise d’octobre-novembre 1975 a été le sujet de beaucoup de spéculations, alors que peu de faits sont connus. Avec peu d’arguments, souvent circonstanciels, divers observateurs ont accusé les USA de toute une gamme d’attitudes, allant de la passivité à la complicité.

    Ces accusations de complicité n’étaient pas totalement infondées. Trois ans après la crise, le Parlement espagnol a enquêté sur l’affaire. Plusieurs fonctionnaires ont déclaré que la France et les USA avaient fait pression sur Madrid pour accéder aux demandes de Hassan II. Et le directeur adjoint de la CIA à l’époque, le lieutenant-général Vernon Walters, a laissé entendre qu’il était intervenu au nom des USA pendant la crise, déclaration reprise plus tard par d’autres sources dans le New York Times en 1981. Etant donné les étroites relations de Walters avec Hassan II, datant du débarquement allié à Casablanca, le journaliste Bob Woodward l’a décrit une fois comme l’agent personnel du monarque au sein de la CIA, écrit Jacob Mundy dans cet article paru dernièrement dans la dernière l’édition anglophone du Monde diplomatique.

    Selon Mundy, qui a repris des documents officiels de l’administration américaine ainsi que des déclarations de hautes personnalités, Hassan II aurait reçu le feu vert pour s’emparer du Sahara occidental durant l’été 75 lors d’une rencontre avec Henry Kissinger. Les documents officiels ne révéleront jamais toute la vérité tout était possible à cette époque, note-t-il en rapportant les propos de Richard Parker, ambassadeur des USA en Algérie durant cette période.

    Accord ou pas, l’administration Ford était au courant des velléités du Maroc de s’approprier le Sahara occidental dès le départ de l’occupant espagnol. Rappelons que le Maroc avait requis un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) portant sur l’existence de liens entre le Sahara occidental et le royaume du Maroc. Ce dernier a finalement été débouté par cette institution internationale qui a conclu que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n’établissent l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental, d’une part, le royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien, d’autre part. La « marche verte » de Hassan II est donc une réponse à l’avis formulé par la CIJ.

    Rencontrant Hassan II lors d’un voyage préprogrammé pour discuter du conflit israélo- arabe, le vice-secrétaire d’Etat, Alfred Atherton, a rapporté le 22 octobre que le Maroc et l’Espagne avaient conclu un accord permettant la marche tout en sauvant la face. Ils utiliseraient par la suite l’Onu pour légitimer l’occupation marocaine au moyen d’un plébiscite contrôlé, permettant ainsi « l’Espagne de se retirer avec élégance », explique Mundy. Mais l’invasion des territoires sahraouis ne se déroule pas comme l’avait prévu le commandement marocain.

    Les FAR et les marcheurs plusieurs centaines de civils marocains font face aux troupes du Polisario. « La situation devient critique pour Hassan II. Hassan II s’est retiré du Sahara. Mais s’il ne l’obtient pas, il est fini. Nous devrions maintenant travailler à ce qu’il l’obtienne. Nous allons agir au sein de l’Onu (pour) assurer un vote favorable », a indiqué Kissinger au président Ford, le 10 novembre 1975. « Malheureusement pour Kissinger, l’Onu n’a pas été capable d’organiser un vote « truqué » durant l’administration tripartite transitoire (Maroc, Mauritanie et Espagne), qui a vu la moitié de la population indigène fuir vers le désert avant le retrait de l’Espagne en février 1976. La sanction des urnes étant refusée, le Polisario a essayé de réaliser l’autodétermination par le fusil », indique Jacob Mundy. Il en conclut que les Etats-Unis ont largement favorisé le Maroc dans l’invasion du Sahara occidental.

    « En 1976, le spécialiste renommé du droit international, Thomas Franck, a décrit avec justesse la politique des USA pendant la crise comme « un acte d’opportunisme politique fondé sur des alliances est/ouest ». On pourrait en dire autant aujourd’hui de la politique américaine de « neutralité » par rapport au conflit du Sahara occidental, ainsi qu’à d’autres conflits touchant à la négation de l’autodétermination nationale. La seule différence entre 1975 et 2005 réside dans le contexte géopolitique justificateur. On est passé de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme, ce qui nous amène à croire que notre neutralité proclamée est un luxe que nous ne pouvons pas encore nous permettre. Mais la persistance du conflit du Sahara occidental démontre les imperfections de la politique américaine de « neutralité » au Sahara. Durant les 30 dernières années, Washington ne s’en est pas rendu compte », conclut Jacob Mundy. T. H.

    Texte traduit de l’anglais par ARSO.

    Membre fondateur de l’Association « Friends of the Western Sahara », Jacob Mundy poursuit des études en post-graduation à l’université de Washington. Il est coauteur, avec Stephen Zunes, de Western Sahara: war, nationalism and conflict irresolution, Sahara occidental: guerre, nationalisme et conflit irrésolu), à paraître prochainement aux Editions Syracuse University Press.

    Le Soir d’Algérie, 4 fév 2006

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