Catégorie : Sahara Occidental

  • Selon la CIA, le Maroc allait perdre la guerre contre le Polisario

    Par Ferhat Zafane :

    Le Front Polisario a pu faire plier l’occupant marocain dans sa guerre d’indépendance n’était-ce l’intervention de la France et de pays arabes tel que son allié l’Arabie Saoudite. C’est ce que révèle un rapport secret de 10 millions de pages sur le conflit du Sahara occidental rendu public récemment par l’Agence de renseignement US, la CIA.

    L’agence lève le voile, 44 ans après le déclenchement de la lutte armée, sur les dessous des appuis dont a bénéficié le Maroc alors qu’il était en train de perdre la guerre contre le Front Polisario jusqu’à ce que les pays européens et arabes interviennent politiquement et militairement pour soutenir Hassan II.

    La CIA a donné le feu vert pour faciliter l’accès à plus de 10 millions de pages dont 900.000 sont des documents déclassifiés qui permettent de savoir ce qui s’est passé depuis mars 1979, 4 ans après la sortie précipitée de l’Espagne alors que 300.000 Marocains attendaient dans une petite localité au milieu du désert appelée Taj, situé à proximité de la frontière de l’actuelle RASD. »

    L’annexion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975 s’est faite par la force et a conduit à la guerre « , souligne la CIA dans ses rapports. La guerre du Sahara est le plus vieux conflit en Afrique qui butte sur les tergiversations marocaines à appliquer les résolutions de l’ONU prévoyant l’autodétermination pour le peuple sahraoui.

    Les conséquences de la confrontation entre le Front Polisario et le Maroc, et ses conséquences se sont étendues à l’Algérie voisine, indique le document. Les effets collatéraux se sont également étendus à la Mauritanie et aux iles Canaries, qui ont accueilli une bonne partie des Sahraouis qui n’ont pas fui vers les camps algériens de Tindouf.

    Les attaques sahraouies contre les troupes espagnoles se poursuivaient depuis 1969, faisant des dizaines de blessés et de morts. Même la mort de l’architecte du Polisario, Mohamed Basiri, des mains de l’espionnage espagnol, n’a pas suffi à étouffer la flamme indépendantiste. Le président de la RASD est Brahim Ghali était avec Basiri un combattant et co-fondateur du Front. Ghali a également fait partie du premier gouvernement officiel de la RASD en tant que ministre des Affaires étrangères et, plus tard, a été responsable de la Défense.

    Le rapport fait observer que dans le conflit et l’invasion du Sahara par le Maroc, l’aide que les Marocains ont reçue des USA, de la France, de l’Espagne et de l’Arabie Saoudite a été décisive grâce aux relations entre Hassan II et Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale des USA. Le 21 août 1975, le Département d’Etat US donne le feu vert à un projet stratégique secret de la CIA, financé par l’Arabie Saoudite, visant à arracher l’ancienne province du Sahara (une zone de 270 000 kilomètres carrés) à l’Espagne.

    Le document de base, intitulé » Sahara Occidental, le boulet du Maroc » , a été diffusé par tranches en 2017 mais retrouve aujourd’hui sa notoriété en raison de l’arrêt bilatéral des ébauches de négociations qui ont eu lieu depuis janvier 2019 sous l’instigation de l’ONU entre les représentants du Maroc, du Polisario, avec la supervision de l’Algérie et de la Mauritanie pour jeter les bases d’un accord.

    Le conflit a duré jusqu’en 1991, après le cessez-le-feu imposé par les Nations Unies avec la promesse institutionnelle d’organiser un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu du fait du boycott constant des négociations par le Maroc. Le processus de décolonisation du Sahara occidental est le plus ancien au monde. La colonie espagnole est considérée comme sensible d’un point de vue géostratégique.

    La Grande-Bretagne avait été chargée d’effectuer la due diligence (audit préalable) de l’ensemble de la province et avait établi sa richesse en phosphates, en fer, en pétrole et en gaz. Les techniciens britanniques ont identifié et scellé les puits de pétrole susceptibles d’être exploités après plusieurs décennies, afin d’éviter que la guerre du Sahara ne devienne un conflit économique aux yeux de la communauté internationale.

    Dans ce contexte, les USA n’étaient pas disposés à laisser entre les mains de l’Espagne l’avenir politique et commercial de la région qui allait passer sous le contrôle de la RASD, car ils entretenaient aussi des relations étroites avec l’Algérie, perçue alors comme allié de l’Union soviétique.

    F.Z

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, CIA, Etats-Unis, ONU,

  • L’Occident, le Sahara Occidental et le Koweït, Hassan II et Saddam Housseïn

    Larossi Sidemmou

    En lisant les révélations de Wikileaks sur le Sahara Occidental, un déclaration d’Abdelaziz Bouteflika a attiré mon attention : « Les Marocains veulent un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». Ma mémoire est revenu en arrière pour imaginer la réaction de l’ancien président algérien assis sur son fauteuil à El Mouradia en train de maudire l’hypocrisie des prétendues démocraties occidentales dont la politique et la diplomatie est basée sur l’agression, le pilllage et le deux poids deux mesures.

    « En moins de deux, ils se sont ameutés pour défendre le Koweït, alors qu’ils soutiennent l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc au détriment du droit international et malgré la guerre livrée par le peuple sahraoui pour arracher ses droits légitimes », aurait pensé Bouteflika.

    L’invasion du Sahara Occidental par le Maroc était un véritable Anschluss organisé par le Hitler maghrébin, le sanguinaire roi Hassan II. Mais c’était sans compter sur la volonté de son peuple de la défendre coûte que coûte. Un peuple dont le courage restera dans les annales de l’histoire comme le peuple qui a défié un agresseur soutenu par deux puissances mondiales et par les pétrodollars des monarchies arabes.

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario,

  • Jusqu’à 1973, le Maroc soutenait l’autodétermination au Sahara (Le Monde diplomatique)

    Fardeau pour l’Espagne, casse-tête pour l’ONU – Le Sahara occidental suscite les convoitises de ses voisins

    Le Sahara occidental sous domination espagnole sera-t-il une « nouvelle Palestine » comme certains l’ont hâtivement avancé ou un « nouveau Katanga » ? En tout cas, le problème est complexe ; il risque de provoquer une crise grave dans la région et la façon dont il sera résolu modifiera le visage du Maghreb.

    Ces « quelques arpents de sable », convoités par le Maroc et par la Mauritanie tandis que l’Algérie, qui ne revendique rien, soutient le F. POLISARIO (Front populaire pour la libération de Seguiet-El-Hamra et du Rio-de-Oro), partisan de l’indépendance pure et simple, sont devenus un fardeau pour l’Espagne, un casse-tête pour l’ONU, un sujet épineux pour l’O.U.A. et la Ligue arabe, et un objet de préoccupations pour les intérêts occidentaux qui y ont fait des investissements. Des mouvements de libération affirment que le sort du Sahara occidental ne laisse pas les Etats-Unis et l’OTAN indifférents parce qu’il est lié à l’avenir des îles Canaries. De leur côté, les Africains se sentent menacés du fait que l’archipel risque de plus en plus de devenir une puissante base américaine.

    Il suffit de regarder la carte pour constater que les frontières établies par les puissances coloniales sont d’une perfection géométrique bien théorique pour les nomades qui, de tout temps, ont suivi des zones de parcours à la recherche de pâturages, sans se soucier de ces « lignes conventionnelles » artificiellement tracées. Le territoire – 284 000 kilomètres carrés – est divisé en deux grandes zones : Seguiet-El-Hamra au nord, avec El Aïoun comme capitale, et le Rio-de-Oro (Ouadi-El-Dhahab en arabe) au sud, dont l’agglomération principale est Villa-Cisneros.

    La population est formée d’une vingtaine de tribus qui se rattachent à quatre grands groupes : les Reguibat, les Tekna, les Maquils et les Ouled Delim. Combien sont-ils ? Les Espagnols, qui ont procédé l’an dernier à un recensement, avancent le chiffre de soixante-dix mille à quatre-vingt mille, mais ils admettent qu’ils n’ont pu, évidemment, comptabiliser les Sahraouis qui se sont réfugiés dans les pays limitrophes et ceux qui y nomadisent. Des dirigeants du F. POLISARIO estiment, quant à eux, que le chiffre oscille entre deux cent cinquante mille et trois cent mille (1).

    Se serait-on avisé de l’importance de ce désert, position stratégique mise à part, si l’Espagne n’avait commencé à exploiter en 1963 les fabuleux gisements de phosphates (découverts en 1947) de Seguiet-El-Hamra ? Longs de 75 kilomètres sur 1 à 15 kilomètres de large, ils s’étendent sur 250 kilomètres carrés. Les réserves, réparties en cinq zones, sont évaluées à 10 milliards de tonnes. Celle de Bou-Kraa, où l’extraction se fait à ciel ouvert, renferme 1,7 milliard de tonnes exploitées par l’ENMINSA (Empressa Nacional Mineras del Sahara). Fondée en 1962, elle fut rebaptisée, en 1969, Fosfatos de Bu-Craa lorsque son capital a été porté à 5 milliards de pesetas et qu’elle a associé à son entreprise des intérêts occidentaux, notamment américains, allemands et français.

    Le sous-sol recèle également du fer, du cuivre, de l’uranium et du gaz. Au large de la côte se trouve un des plus riches réservoirs de poissons du monde et la nappe pétrolifère sous-marine ne serait pas négligeable. Les sociétés pétrolières se montrent discrètes sur les résultats obtenus ou minimisent les réserves. Selon le M.P.A.I.A.C. (Mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance de l’archipel canarien), les forages commencés en 1959-1960 auraient été prometteurs. Toutefois, à l’époque, priorité aurait été donnée au brut libyen dont l’extraction était moins onéreuse, « le Sahara atlantique étant conservé comme réserve stratégique ». Fait troublant, c’est en 1969 – année du renversement du roi Idriss et de l’accession au pouvoir du colonel Kadhafi – que les sociétés éprouvent de nouveau un penchant pour le Sahara, et l’Union Carbide Petroleum conclut, en juillet 1970, un contrat de deux ans avec Madrid, renouvelé depuis, pour des forages en mer ; le permis est octroyé pour une zone de 1 600 000 hectares à une de ses filiales espagnoles qui s’engageait à investir 147 millions de pesetas. Des filiales de la Standard Oil, de la Gulf Oil et d’autres « sœurs » du cartel se sont aussi mises sur les rangs.

    Si le Maroc, dépourvu de pétrole mais premier exportateur mondial de phosphates, récupérait le Sahara occidental, sa puissance serait considérablement accrue. Si la Mauritanie, moins bien lotie, voyait tout ou partie de ce territoire lui revenir, ses capacités économiques en seraient d’autant renforcées. En revanche, un Sahara indépendant, républicain et non aligné aurait tendance à se tourner vers l’Algérie, à moins que les trois voisins ne s’entendent pour aider le jeune Etat à se structurer et à exploiter ses richesses. Le jeu de l’Espagne a consisté à organiser une indépendance qui se fasse dans sa mouvance ; ses espoirs s’étant estompés, il semble qu’elle s’accommoderait d’un régime non aligné qui, tout en lui retirant les bases militaires, maintiendrait avec elle une coopération économique et culturelle.

    « Droits historiques » et autodétermination

    L’enjeu est de taille. Quant à la complexité du dossier, elle ne s’explique que dans sa perspective historique. Puissance coloniale en Mauritanie et en Algérie, la France avait obtenu entière liberté d’action au Maroc par la convention du 8 avril 1904 signée avec la Grande-Bretagne ; le 3 octobre suivant, elle concluait une convention secrète avec Madrid reconnaissant les prétentions espagnoles sur le Rio-de-Oro et Seguiet-El-Hamra. Toutefois, ce n’est qu’en 1934-1935 que l’Espagne, de connivence avec Paris, qui s’inquiétait de la résistance des Berbères du Haut-Atlas, réussit à occuper la totalité du territoire, transformé en province par la loi du 19 avril 1961.

    En 1956, Si Allal El Fassi, leader de l’Istiqlal, qui avait précédemment élaboré une carte du « grand Maroc » s’étendant jusqu’au Sénégal et au Niger, proclame les droits de son pays sur la région occupée par l’Espagne. Le roi Mohammed V donne un caractère officiel à cette revendication le 25 février 1958 en affirmant, dans un discours prononcé à M’hamid, dans le Sud, sa volonté « de poursuivre son action pour la restitution du Sahara au Maroc ». Quelques dates vont alors jalonner le contentieux saharien (2).

    Le 1er avril 1958, Madrid signe l’accord de Cintra, qui restitue à Rabat la zone de Tekna, située entre le cap Juby et l’oued Draa. Mais, le 28 novembre de la même année, la République islamique de Mauritanie est proclamée au sein de la Communauté française, et, deux ans plus tard jour pour jour, elle accède à l’indépendance. Coup dur pour le gouvernement et les partis politiques marocains qui reprochent à la France d’avoir créé un Etat factice en amputant le Maroc d’un territoire qui a fait partie de l’empire chérifien et qui lui a donné certains de ses plus prestigieux monarques. En octobre 1963, un conflit oppose Rabat et Alger au sujet de Tindouf, et l’opposition marocaine ne s’est jamais consolée depuis de ce que la souveraineté algérienne se soit étendue à cette région. Le roi Hassan II finit cependant par admettre les réalités : le 15 janvier 1969, il signe avec le président Boumediène un traité de fraternité et de bon voisinage qui met officiellement fin au litige, puis il invite le président Ould Daddah au « sommet » islamique de septembre à Rabat, ce qui revient à reconnaître la Mauritanie, l’Algérie ayant joué un rôle non négligeable pour favoriser cette réconciliation.

    Entre-temps, le 6 juillet 1963, Hassan II avait eu avec le général Franco, sur l’aérodrome madrilène de Barajas, une entrevue qui détendit l’atmosphère et permit, après de longues et laborieuses négociations, la signature, le 4 janvier 1969, du traité de Fès, par lequel l’Espagne rétrocédait au Maroc l’enclave d’Ifni. Parallèlement, le Sahara occidental faisait régulièrement l’objet de résolutions à l’ONU, à l’O.U.A. et au sein du mouvement des non-alignés. Hassan II et M. Boumediène décident, lors d’une visite à Tlemcen le 27 mai 1970, de se concerter avec M. Ould Daddah. Les trois chefs d’Etat se rencontrent à Nouadhibou (14 septembre 1970) et à Agadir (24 juillet 1973), tandis que leurs ministres des affaires étrangères siègent à Alger (5 janvier 1972) et à Nouakchott (9 mai 1973). Dans toutes ces instances, le principe de l’autodétermination est proclamé ; la résolution 1514, intitulée Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, et adoptée par l’ONU le 14 décembre 1960, sert de référence.

    D’une façon plus précise, en 1966, l’Assemblée générale de l’ONU « réaffirme le droit inaliénable des peuples d’Ifni et du Sahara espagnol à l’autodétermination conformément à la résolution 1514 ». Le 16 décembre 1969, elle « invite à nouveau la puissance administrante à arrêter le plus tôt possible, en conformité avec les aspirations de la population autochtone du Sahara dit espagnol, et en consultation avec les gouvernements marocain et mauritanien et toute autre partie intéressée (3), les modalités de l’organisation d’un référendum tenu sous les auspices de l’ONU afin de permettre à la population autochtone du territoire d’exercer librement son droit à l’autodétermination… »

    De même, le communiqué publié à Agadir déclare :« Les trois chefs d’Etat ont consacré une attention particulière à l’évolution de la question du Sahara encore sous domination espagnole. Ils ont réaffirmé leur attachement indéfectible au principe de l’autodétermination et leur souci de veiller à l’application de ce principe dans un cadre qui garantit aux habitants du Sahara l’expression libre et authentique de leur volonté conformément aux déclarations des Nations unies dans ce domaine. »

    La solidarité maghrébine à l’épreuve

    Les textes sont clairs et le règlement de l’affaire paraît relativement simple. D’où vient alors l’inquiétude brusquement éprouvée par les Marocains au printemps 1974 ? Les partis de l’opposition, principalement l’Istiqlal, l’U.S.F.P. (Union socialiste des forces populaires) et le P.P.S. (Parti du progrès et du socialisme) de M. Ali Yatta, qui ont mal accepté de « perdre » la Mauritanie et la région de Tindouf, craignent de voir le Sahara occidental leur échapper à son tour. En effet, des mouvements favorables à l’indépendance se manifestent, tandis que l’Espagne, qui a modifié sa tactique, donne l’impression de vouloir accélérer son départ. Elle entend organiser, avant la fin de l’année, un référendum qui aboutirait, selon Rabat, à mettre en place un régime fantoche manipulé par Madrid. L’opposition presse le roi d’agir. La récupération du « Sahara spolié » leur permet de se rapprocher en faisant « l’union sacrée » : le souverain dépêche ses ministres et les chefs de parti comme émissaires à travers le monde pour exposer la thèse marocaine. Ils font valoir que le Maroc a des droits historiques sur le territoire sahraoui et que, si la population est consultée, l’alternative proposée devrait être : maintien sous la « férule du colonialisme » espagnol ou retour à la mère patrie. Missions aux résultats mitigés, les capitales visitées ne souhaitant pas se brouiller avec un des protagonistes en prenant trop nettement parti.

    La Mauritanie, qui ne dispose pas des moyens de ses deux voisins, se montre discrète et cherche à maintenir la balance égale entre Alger et Rabat tout en préservant ses intérêts. Elle finit cependant par élever la voix pour rappeler qu’elle aussi a des droits. Mais, plus que sur la terre, elle met l’accent sur les hommes : « Nous ne pourrons, quant à nous, montrer des camps de réfugiés (4), pour la bonne raison que ce sont les mêmes populations qui, de tout temps, ont habité de part et d’autre de cette frontière artificielle », déclare le président Ould Daddah. L’Algérie, de son côté, se contente de réaffirmer son hostilité au « colonialisme espagnol et son « attachement au principe de l’autodétermination ».

    Au cours de l’été, la presse marocaine s’en prend vivement à l’Algérie ; elle l’accuse de faillir à la solidarité maghrébine et de jouer un double jeu qui en fait l’alliée objective de l’Espagne. Alger évite d’alimenter la polémique et se contente de rappeler ses positions de principe par le truchement d’un article paru dans la République d’Oran. En privé, de hauts fonctionnaires font remarquer que c’est le Maroc qui a modifié son attitude en renonçant à la concertation tripartite et en donnant une interprétation unilatérale au principe et aux modalités de l’autodétermination. En outre, dit-on, le processus de décolonisation a été accéléré à la suite de la participation de l’Algérie à la concertation tripartite de Nouadhibou.

    Le Maroc va-t-il envahir le Sahara, où l’Espagne a envoyé des renforts et maintient cinquante-six mille hommes ? La question se pose quand Hassan II révèle, au cours d’une conférence de presse tenue le 17 septembre 1974, qu’il va demander à la Cour internationale de La Haye de dire le droit. Sa démarche réduit la tension et entraîne l’ajournement du référendum annoncé par l’Espagne à qui le roi tend la perche : ayant à l’esprit les précédents de Cintra, de Barajas et de Fès, le souverain, qui semble avoir donné quelques gages à Nouakchott, suggère à Madrid de régler directement cette affaire avec lui à l’amiable. Il laisse entendre que des arrangements sont possibles pour les bases militaires espagnoles au Sahara et pour l’exploitation en commun des phosphates. Madrid fait la sourde oreille.

    Un diable sort de sa boîte

    La tension remonte au printemps 1975, en particulier lorsque la mission d’enquête de l’ONU, présidée par M. Siméon Ake, représentant de la Côte-d’Ivoire à l’ONU, se rend fin mai-début juin en Espagne, au Sahara, au Maroc, en Algérie et en Mauritanie. Il se produit un coup de théâtre qui fait craindre au Maroc d’être coiffé au poteau malgré les points marqués au cours des mois écoulés : le F. POLISARIO, dont on connaissait vaguement l’existence mais qui n’avait guère fait parler de lui, sort de sa boîte comme un diable. La mission d’enquête se trouve à El-Aïoun ; le P.U.N.S. (Parti de l’unité nationale sahraouie), seul mouvement légalement reconnu et qui a la bénédiction de Madrid, décide de manifester. Or, à la grande surprise des autorités locales, les militants déploient des drapeaux du F. POLISARIO et se révèlent être de ses partisans. Quelques jours plus tard, lorsque la mission se rend à Tindouf, le Front lui présente quinze militaires espagnols faits prisonniers et une partie du matériel capturé. Enfin, en Mauritanie, une nouvelle manifestation se produit en faveur du Front.

    « Nous sommes l’émanation authentique du peuple sahraoui, nous a dit un de ses dirigeants. Si on nous a ignorés jusqu’ici, c’est parce que, tant Espagnols que Marocains, on fait le silence autour de nous. De plus, nous étions davantage préoccupés d’organiser la lutte que de mener une campagne publicitaire. Il faut que l’on sache toutefois que notre mouvement ne date pas d’aujourd’hui. »

    Dès 1968, explique-t-il, le Front de libération du Sahara (F.L.S.) (5) entame son action qui débouche, le 17 juin 1970, sur une grande manifestation à El-Aïoun. A l’époque, le mouvement se contente de réclamer l’autonomie interne, de contester l’autorité des cheikhs « aux ordres de l’Espagne » et les interventions étrangères, d’où qu’elles viennent. Les autorités réagissent : il y a des morts et des blessés ; quelque cinq cents personnes sont arrêtées, dont le chef du mouvement, M. Mohamed Sid Ibrahim Bassiri. Ce dernier, après des études de journalisme au Caire et à Damas, avait gagné Rabat en 1967 et y avait fondé un journal, Al Chihab (le Flambeau), avant d’aller animer le F.L.S.

    La répression du 17 juin conduit le F.L.S. à revoir sa stratégie. Il se transforme en mouvement embryonnaire de libération et, au cours des années 1971-1972, amasse des armes tout en se livrant à un travail de réflexion qui aboutit à la tenue, le 10 mai 1973, du Congrès constitutif du F. POLISARIO. Ce dernier élabore une plate-forme politique fondée sur l’indépendance et décide de passer à la lutte armée pour atteindre ses objectifs. Dix jours plus tard, il déclenche sa première opération contre le poste militaire de Khanga. Les maquisards arrêtent des soldats sahraouis servant dans l’armée espagnole, leur exposent les buts de la « Révolution du 20 mai » – qui a donné son nom au journal du Front – et les renvoient pour en témoigner.

    Le Front, qui ne dispose pas de beaucoup de matériel, déploie un intense effort de mobilisation politique et tient son deuxième congrès du 25 au 31 août 1974, en plein désert, sous des tentes gardées par des guérilleros. Un bureau politique est constitué. L’état-major du mouvement, composé de six membres, est divisé en deux directions chargées respectivement des affaires politiques et des opérations militaires. Le secrétaire général, que nous avons rencontré à Tindouf, s’appelle Ouali Mustapha Siyed, dit Lulei. Agé de vingt-huit ans, il serait né en Mauritanie, appartiendrait à la fraction Tahalat de la tribu des Reguibat et aurait étudié le droit au Maroc avant de rejoindre la clandestinité. Les autres cadres se recrutent parmi une centaine d’étudiants sortis des universités espagnoles – dont une dizaine d’ingénieurs et de médecins, – les militants formés dans la lutte ou dans d’autres pays et les déserteurs de l’armée espagnole.

    Les slogans lancés à El-Aïoun, puis à Tindouf, puis en Mauritanie par les Sahraouis résument parfaitement les tendances du Front : « Le F. POLISARIO est le seul représentant légitime du peuple sahraoul », « Non au paternalisme marocain et mauritanien », « Nous voulons l’indépendance complète », « République arabe sahraouie », « Un régime national républicain et non aligné. » En politique étrangère, les mots d’ordre affirment le soutien du Front aux révolutions palestinienne et vietnamienne, réclament la levée du blocus de Cuba et proclament : « Le golfe Arabique est arabe ». Le drapeau – trois bandes horizontales noire, blanche, verte, un triangle rouge près de la hampe et un croissant et une étoile rouges sur la bande médiane – est également significatif. Les différentes couleurs, le croissant et l’étoile sont une combinaison des pavillons des pays progressistes du Proche-Orient et du Maghreb tandis que le triangle rouge évoque celui des Palestiniens, précise un responsable.

    Quant au Programme d’action nationale adopté par le deuxième Congrès, il se propose, entre autres, de « réaliser l’unité nationale authentique », de « nationaliser les ressources minières », de « suivre une politique d’industrialisation », de favoriser le développement de l’agriculture et de l’élevage, de « protéger les ressources maritimes et d’annuler toutes les formes d’exploitation ». Le mémorandum adressé au comité de décolonisation de l’ONU démontre que les tribus ont toujours eu leur organisation propre, qu’elles ne se sont pas confondues avec les populations marocaine et algérienne, qu’elles n’ont jamais fait acte d’allégeance au souverain du royaume chérifien – ce qui est absolument exact (6) – et qu’elles ont opposé, depuis le seizième siècle, une vigoureuse résistance aux envahisseurs européens – Portugais, Espagnols et autres.

    Un des dirigeants à qui nous faisions remarquer que les arguments juridiques marocains paraissaient au moins aussi solides, nous a répondu : « Les droits historiques sur la terre sont un droit féodal qui ne vaut que s’il est entériné par le consensus populaire. Sinon, on nierait le droit des peuples à évoluer et à s’autodéterminer. Pourquoi, dès lors, l’Angleterre ne revendiquerait-elle pas l’Amérique, les Arabes le sud de l’Espagne, etc. C’est le peuple qui donne son identité au sol, non le contraire. » Il rejette également l’argument selon lequel le territoire, faiblement peuplé, ne serait pas viable. « L’autodétermination est un principe proclamé par l’ONU. Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures ; des Etats moins riches et ayant moins d’habitants – comme les îles Maldives – ont bien accédé à l’indépendance. »

    Rappelle-t-on l’existence du F.L.U. (Front de libération et de l’unité), les dirigeants du F. POLISARIO affirment qu’il s’agit d’une « troisième force » constituée « principalement de militaires marocains détachés » qui n’auraient réussi jusqu’ici aucune opération d’envergure. L’argument est accueilli avec colère par les Marocains qui rétorquent avec raison qu’une partie de l’armée du Sud est composée d’anciens réfugiés sahraouis. Le F. POLISARIO, ajoutent-ils, bénéficie de la complaisance des autorités espagnoles, ce que nient les responsables du Front en rappelant que leurs militants sont pourchassés et emprisonnés ; ils précisent aussi que le secrétaire général du P.U.N.S. s’est réfugié au Maroc après avoir emporté la caisse de l’organisation. Quant au Morehob (Mouvement révolutionnaire des hommes bleus), il accuse tout simplement son chef d’être un « flic » dont le nom, Eduardo Moha, n’a rien de sahraoui et n’a pas rallié grand nombre de partisans. Le fait est que le comportement d’Eduardo Moha n’est pas limpide : il affirmait, début 1973, à Alger, qu’il avait eu des ennuis avec les autorités marocaines parce qu’il défendait l’indépendance du Sahara ; il disparut au moment du « sommet » des non-alignés, en septembre, après avoir emporté du matériel et contracté des emprunts, jamais remboursés, auprès de mouvements de libération. On l’a vu, depuis, dans diverses capitales arabes et occidentales, notamment à Bruxelles, et il a récemment refait surface à Rabat où il défend la thèse marocaine, pour le moment…

    Que la mission de l’ONU ait considéré le F. POLISARIO comme « partie au débat » et que M. Kurt Waldheim ait rencontré ses chefs n’ont fait qu’accroître l’irritation des Marocains et nourrir leur suspicion à l’égard d’Alger qu’ils accusent de « vouloir faire la Grande Algérie plutôt que le Grand Maghreb ».

    Sortant de son mutisme, le président Boumediène a longuement répondu dans le discours prononcé à l’occasion du dixième anniversaire de son accession au pouvoir, le 19 juin. Les thèses algériennes peuvent se résumer ainsi : l’Algérie n’a pas modifié son attitude et s’en tient aux principes qui l’ont toujours guidée. Elle a précisé à maintes reprises qu’elle établit une distinction entre les presides de Ceuta et Melilla, « partie intégrante du territoire marocain », et le Sahara occidental au sujet duquel elle ne formule d’ailleurs aucune revendication. Cependant, ayant une frontière commune avec lui, elle est considérée par l’ONU comme « partie intéressée » et elle s’est prononcée pour l’autodétermination. Pour les Algériens, cela signifie que les Sahraouis ont plusieurs choix possibles : demander leur rattachement au Maroc ou à la Mauritanie ; accepter le partage de leur territoire entre les deux ; opter pour l’indépendance. S’ils avaient voulu semer la zizanie dans la région, les Algériens n’auraient pas déployé des efforts pour réconcilier Rabat et Nouakchott et inciter la Mauritanie à adhérer au Maghreb. Fidèle à la lutte menée par le F.L.N., l’Algérie a aidé tous les mouvements de libération authentiques : il n’y avait pas de raison qu’elle refuse de répondre aux demandes du F. POLISARIO. L’argument selon lequel elle voudrait obtenir un couloir territorial ne tient pas : elle avait proposé l’exploitation en commun des gisements de fer de Gara-Djebilet et il était question que le minerai soit évacué par rail – tout comme l’oléoduc qui traverse la Tunisie évacue du pétrole, – le chemin le plus court vers l’Atlantique passant par le Maroc et non par le Sahara occidental. Les Marocains n’ayant pas donné suite au projet, M. Boumediène a voulu couper court aux spéculations en décidant qu’une ligne de chemin de fer reliera Gara-Djebilet à la Méditerranée.

    Dans l’intervalle, on apprend qu’un accord secret a été conclu après le « sommet » arabe de Rabat (octobre 1974) entre le Maroc et la Mauritanie, aux termes duquel les deux pays se seraient entendus pour se partager le Sahara occidental et exploiter en commun les gisements de phosphate de Seguiet-El-Hamra, zone qui serait placée sous la souveraineté de Rabat. Le président Bourguiba révèle publiquement à Tunis qu’il a personnellement conseillé à Hassan II et à Ould Daddah de s’entendre directement. Il précise qu’il n’y a pas lieu, selon lui, de procéder à un référendum au Sahara, « ni de créer un Etat indépendant qui serait sous l’influence de l’Espagne ou d’un Etat maghrébin ». Le président Senghor, du Sénégal, a fait une déclaration qui va dans le même sens. L’un et l’autre semblent craindre qu’un Sahara indépendant ne contribue à accroître le poids déjà grand de l’Algérie dans la région.

    Dans le même temps, une partie de la classe politique mauritanienne se pose des questions sur le danger d’un partage du Sahara ; certains n’hésitent d’ailleurs pas à condamner cette formule, et d’autres l’auraient dit en privé aux membres de la mission d’enquête de l’ONU. Ils font remarquer que le Maroc a reconnu leur pays à contrecœur et parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, le Sahara occidental servant de zone tampon. Le jour où les deux Etats auront une frontière commune, le Maroc ne cherchera-t-il pas à récupérer le Rio-de-Oro, voire la Mauritanie ? « Le partage, disent-ils, nous donne un avantage dans l’immédiat, mais nous risquons d’être perdants à moyen terme. »

    Pour leur part, les dirigeants algériens réagissent vivement à l’accord secret (7). Retournant l’argument de ceux qui craignent le poids de l’Algérie, ils se demandent si, en coulisse, les Etats-Unis ne tirent pas les ficelles pour affaiblir le Maghreb en attisant des dissensions, isoler le gouvernement Boumediène et renforcer des régimes moins radicaux.

    « On ne peut dissocier, disent-ils, les agissements autour du Sahara de la position militante adoptée par l’Algérie dans le domaine de l’énergie. On cherche à porter des coups aux options socialistes de notre pays et à son non-alignement actif et réel. »

    Quoi qu’il en soit, quelques jours plus tard M. Bouteflika, ministre algérien des affaires étrangères, est envoyé en mission à Rabat pour détendre l’atmosphère. Il y réussit si bien que les diplomates s’interrogent : l’Algérie a-t-elle modifié ses positions, a-t-elle consenti un recul stratégique ou tout simplement tactique ? Quelques faits apportent des éléments de réponse. Le 10 juillet, deux des militaires espagnols faits prisonniers par le F. POLISARIO ont été remis, sous l’égide du Croissant Rouge algérien, aux autorités de Madrid et les dirigeants du Front venus pour la circonstance à Alger nous ont laissé entendre qu’ils continuent à bénéficier du soutien de l’Algérie. D’autre part, l’ambassadeur d’Algérie, M. Bedjaoui, a développé devant la Cour internationale de La Haye l’argumentation de son pays dans toute sa rigueur.

    Les Canaries, enjeu stratégique

    Les Espagnols affirment, de leur côté, qu’ils souhaitent une concertation avec les trois pays. N’ayant pas réussi, ils ont suggéré à l’ONU de l’organiser. Mais Madrid estime aussi que le F. POLISARIO est majoritaire sur les deux tiers du territoire et qu’il peut constituer un interlocuteur valable. « Nous serions prêts à avoir des conversations avec ses dirigeants, à condition qu’ils s’identifient », nous a dit un diplomate. « En attendant, a-t-il ajouté, nous ferons tout pour parvenir à une solution pacifique. Toutefois, nos moyens étant limités, si nous devions recevoir des coups de tous les côtés, nous demanderions à l’ONU de prendre la relève et d’envoyer éventuellement des casques bleus pour assurer le maintien de l’ordre jusqu’au référendum préconisé par l’Assemblée générale. »

    Pour le moment, aucune des parties intéressées ne se hasarde au moindre pronostic, le nombre d’inconnues étant trop grand. Les milieux diplomatiques n’excluent cependant pas l’hypothèse d’une confrontation. De toute façon, le problème de la « décolonisation » des territoires administrés par l’Espagne rebondira à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.

    Madrid affirme que Ceuta et Melilla ne sont pas négociables et que l’archipel des Canaries ne lui donne pas plus de souci que la Corse à la France. La situation pourrait bien changer. Le comité de libération de l’O.U.A., qui s’est réuni à Rabat du 9 au 15 juin, a décidé d’apporter un soutien accru et fort important au M.P.A.I.A.C. Son secrétaire général, M. Antonio Cubillo, un avocat installé à Alger, a toujours souligné que le problème du Sahara occidental était lié à celui des Canaries et il a fini par convaincre. La décision tendant à autoriser le mouvement à ouvrir une agence régionale au Maroc devrait être soumise à la prochaine réunion du comité de libération, les chefs d’Etat africains ayant pris conscience de l’importance stratégique de l’archipel que les Etats-Unis sont en train de transformer en base militaire. A partir des îles, qui servirent toujours de point d’appui à la colonisation espagnole, il est non seulement possible de neutraliser une offensive marocaine contre Ceuta et Melilla, mais aussi d’exercer un contrôle sur l’ensemble du Maghreb et de l’Afrique occidentale et équatoriale, affirme le M.P.A.I.A.C. Il a été entendu. En plus du Sahara occidental, la question des Canaries est désormais posée par l’O.U.A. Affaire à suivre.

    Paul Balta

    Auteur de La Méditerranée réinventée, La Découverte, Fondation René Seydoux, Paris, 1992.

    (1) Le mémorandum adressée par l’organisation au comité de décolonisation de l’ONU écrit cependant : « La population est d’environ sept cent cinquante mille habitants, sans les exilés ». Il semble, sans que cela soit clairement précisé, que le F. POLISARIO avance ce chiffre en y incluant les populations de territoires restitués au Maroc par l’Espagne, notamment la région de Tarfaya et peut-être aussi celle d’Ifni.

    (2) En 1957, des unités de l’Armée de libération marocaine avaient franchi Seguiet-El-Hamra et traversé le Rio-de-Oro, menaçant la frontière mauritanienne et refoulant les Espagnols sur une mince bande côtière. A la suite de cette alerte, la France, après avoir redressé la situation par l’opération « Ecouvillon », accélérait la constitution de l’Etat mauritanien tandis que l’Espagne s’apprêtait à rendre à Rabat la zone de Tarfaya pour assurer sa tranquillité dans le reste du Sahara.

    (3) Il s’agit de l’Algérie.

    (4) Le Monde des 23 mai, 3 et 6 juin 1975.

    (5) La création du P.U.N.S. est nettement postérieure.

    (6) Les Algériens font remarquer que ces actes d’allégeance étaient d’ordre spirituel et non politique, comme cela arrivait à l’époque dans le monde musulman où la notion d’Etat moderne n’existait pas encore.

    (7) Le Monde du 1er juillet.

    Le Monde diplomatique, août 1975

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Mauritanie, ONU, autodétermination,

  • Scandale : Sous pression du Maroc, la Commission Européenne retire une réponse publiée la veille sur le Sahara Occidental

    Selon la député finlandaise Heidi Hautala, la réponse écrite du commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski a été retirée le lendemain de sa publication sur le site du Parlement Européen.

    Mme Hautala n’a pas manqué d’exprimer son étonnement face à ce genre de pratiques. « Pourquoi cette chaîne d’événements bizarres, je ne peux pas comprendre. C’est vraiment sans précédent, en particulier pour une réponse officielle au Parlement du plus haut niveau de la Commission ».

    « Apparemment, une nouvelle réponse, vraisemblablement « correcte » sera fournie par la Commission en temps voulu. J’ai hâte de voir en quoi elle différera de la réponse initiale », indique Hautala.

    Pour rappelle, la réponse supprimée est relative à la nécessité d’indiquer la provenant des produits originaires du Sahara Occidental. Apparemment, elle a été très mal accueillie à Rabat.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Heidi Hautala, étiquetage, commerce,

  • Le Front Polisario prive le Maroc de la participation au Petit Déjeuner de Prière organisé par le président américain

    Le Front Polisario prend la parole au Petit Déjeuner de Prière Nationale au nom de l’Afrique

    Washington, 7 fév 2020.- Au nom de l’Afrique, le représentant du Front Polisario, Mouloud Saïd a pris la parole à l’occasion du Petit Déjeuner de Prière National organisé jeudi par le président américain Donald Trump.

    Petit Déjeuner de Prière National est un événement annuel organisé à Washington le premier jeudi de février depuis 1953. Il s’agit d’une plateforme qui sert de forum pour les leaders politiques, sociaux et économiques au niveau mondial où de nouvelles relations peuvent être tissées dans tous les domaines.

    Le même jour, Mouloud Saïd a participé à un dîner au Senat en présence de membres du Sénat, de la Chambre de Représentants et des délégations étrangères ayant participé au petit déjeuner présidentiel.

    Dans son discours, le diplomate sahraoui a remercié les membres des deux chambres législatives de leur intérêt pour ce qui se passe sur le continent africain, en particulier il a profité de l’occasion pour informer l’auditoire des détails de la situation au Sahara Occidental.

    À la suite du discours de Molud Said, le sénateur James Einhof, président de la commission de défense du Sénat américain, a pris la parole pour ratifier sa position de soutien au peuple sahraoui et sa lutte pour sa juste cause. Il a également qualifié la présence du Maroc au Sahara occidental comme illégale.

    En dehors de ces activités, Moloud Said a salué le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, en plus de l’ancien premier ministre du Kenya, qui a réitéré son soutien à la lutte du peuple sahraoui pour sa juste cause.

    Par ailleurs, les marocains ont brillé par leur absence en raison de la présence du délégué sahraoui.

    Pour rappel, le Maroc occupe le Sahara Occidental au détriment de la légalité internationale qui impose un référendum d’autodétermination.

    Avec SPS

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Mouloud Saïd, Washington, Petit Déjeuner de la Prière Nationale, Etats-Unis,

  • Sahara Occidental : La malédiction des ressources

    En temps de crise économique et de chômage durable en Afrique du Nord, les ressources naturelles du Sahara Occidental deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement. La nouvelle répartition des pouvoirs engendrée par les processus politiques actuels au sein de la région pourrait conduire à de nouvelles négociations du conflit.

    Susanne Kaiser

    Il s’agissait à peine plus que d’une rumeur : lors de la visite du roi marocain Mohammed VI à Tunis fin mai, une critique exprimée par la jeune démocratie tunisienne concernant les pratiques antidémocratiques du Maroc au Sahara Occidental et les mauvaises relations avec le pays voisin qu’est l’Algérie, a fait l’objet d’une discorde diplomatique entre le roi marocain et le président tunisien Moncef Marzouki. C’est du moins ce que rapporte le journal électronique tunisien businessnews.com.tn en se référant à des « sources diplomatiques », sans préciser les détails. Le démenti est arrivé aussitôt du palais présidentiel.

    Il est bien possible qu’il s’agissait seulement d’une rumeur, cependant, cela est un signe de plus qui montre que les choses bougent au sein de ce conflit qui dure depuis 40 ans et qui était surtout marqué ces dernières 25 années, par la stagnation : la dispute au Sahara Occidental fait partie des crises oubliées de notre époque.

    Pourtant, elle est à l’origine d’histoires semblables, parlant d’expulsion, de séparation de familles, d’oppression et de marginalisation, de nouveaux colons et de générations ayant grandies dans des camps de réfugiés. Ces histoires parlent aussi de discrimination, de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de violations des droits de l’homme, de terrorisme et d’une installation de barrages qui coupent le territoire en plein cœur et empêchent toute liberté de déplacement. Elles parlent également d’élites dirigeantes qui ne semblent pas être intéressées à une solution du conflit, d’une communauté internationale sans pouvoirs et sans moyens qui ne peut que regarder ce qui se passe, sans pouvoir intervenir. Mais, il existe une différence essentielle : le Sahara Occidental est riche en ressources naturelles et c’est pourquoi il s’agit d’un terrain convoité ; ces ressources deviennent une malédiction.

    L’ancien groupe de rebelles du Front Polisario pour une « République Arabe Sahraouie Démocratique » et le Maroc sont les principales parties du conflit. Mais, en réalité, il existe d’autres parties mêlées au conflit et chacune d’entre elles poursuit des intérêts opaques : l’Algérie, la Mauritanie, l’Espagne ou bien les Etats-Unis.

    L’indicateur le plus frappant pour montrer à quel point la situation était bloquée jusqu’à présent, est le mandat des Nations Unies MINURSO (« Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un Référendum au Sahara Occidental »), qui est renouvelé inlassablement chaque année, depuis 1991, alors qu’aucun résultat politique n’a été observé.

    Ressources contre identité et autodétermination

    Au centre du conflit se trouve l’exploitation de ressources précieuses comme le phosphate, le poisson et le pétrole que le Maroc revendique pour lui seul et qui deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement en temps de crise économique et d’augmentation du chômage. Par ailleurs, la situation géo-stratégique de la région joue aussi un rôle. Pour les sahraouis, l’enjeu est beaucoup plus élevé, il s’agit d’identité, d’appartenance, de liberté de circulation et d’autodétermination sur un territoire national.

    Mis à l’écart et oublié : depuis la moitié des années soixante-dix, beaucoup de sahraouis se sont installés dans les camps de réfugiés autour de Tindouf, dans la partie occidentale de l’Algérie. L’organisation de protection des droits de l’homme UNHCR estime à 120.000 le nombre de réfugiés qui vivent à cet endroit, le gouvernement algérien pense quand à lui que ce chiffre est bien plus élevé, estimant qu’il s’agit de plus de 150.000 personne.

    Les efforts de logistique engendrés par l’occupation valent la peine pour le Maroc, car l’exploitation des réserves de poissons et l’attribution de licences de pêche à l’UE, le pillage des plus grands gisements mondiaux de phosphate et l’exportation de tomates ou de sel contribuent à augmenter le PIB du Maroc.

    Par ailleurs,il existerait des réserves considérables de pétrole et de gaz le long de la côte qui s’étend sur 2200 km. Des grands groupes énergétiques, parmi eux l’entreprise française Total ont déjà acheté des licences de forage il y a des années. Sur cette toile de fond, le Maroc est prêt à accepter la mauvaise image qui se dessine. Il est rare que les sahraouis bénéficient d’une partie du chiffre d’affaire ou qu’ils obtiennent des emplois ; ils sont en effet réservés aux colons marocains.

    Un mur en plein désert

    Pour protéger ses bénéfices, le Maroc a construit au début des années 80, un mur de sable (« Berm ») de trois mètres de haut, en plein désert. Il sépare la partie du Sahara Occidental occupée et gérée par le Maroc de la « zone libre » contrôlée par le mouvement de libération Front Polisario. Celle-ci s’étend sur 2500 km, allant au nord, de la région où se trouve les frontières du Maroc avec l’Algérie et avec la Mauritanie, jusqu’au sud du Sahara Occidental. Le mur de sable est surveillé dans sa totalité par des soldats marocains et est souvent couvert de mines.

    Les sahraouis le nomment « Al-jidar », le mur, et c’est pour cela qu’il a souvent été comparé avec l’installation de barrages israélienne ou avec le mur de Berlin. Il empêche aux familles vivant dans les territoires séparés de se rendre visite. Et cela concerne presque tous les sahraouis, puisqu’au temps des combats armés avec le Maroc de 1975 à 1991, presque toutes les familles ont été déchirées. Par ailleurs, dans la mémoire collective des sahraouis, on trouve aussi des histoires parlant de corps ayant perdu un membre ou de personnes tuées par des mines.

    Dans la « zone libre », les expulsés se sont installés depuis la moité des années 70, dans des camps de réfugiés, autour de Tindouf, tout à l’ouest de l’Algérie. L’organisation pour les réfugiés UNHCR estime à 120.000 le nombre de personnes qui vivent à cet endroit. Le gouvernement algérien pense que ce nombre est supérieur à 150.000. Par conséquent, plusieurs générations ne connaissent pas d’autre patrie que ces camps. Au moins, les noms des villes formées de tentes et de cabanes portent les noms des lieux de la côte atlantique dont les parents et grands-parents ont été expulsés à l’époque : El Aaiun, Smara, Aousserd, Dakhla.

    Des jouets pour les puissants

    C’est sur leur dos que les Etats puissants se disputent qu sujet d’argent, d’influence et d’intérêts politiques. Les Etats-Unis, par exemple, se sont longtemps laissés impressionner par la rhétorique du Maroc, selon laquelle l’annexion du Sahara Occidental et la construction d’un mur servaient aux intérêts des Etats-Unis : pendant la guerre froide, contre le communisme (rebelles du Front Polisario) et qujourd’hui, contre le terrorisme (rebelles du Front Polisario).

    C’est pourquoi la demande de résolution de Monsieur Obama auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon laquelle le respect des droits de l’homme devait être surveillé dans le cadre du mandat de la MINURSO, a surpris le Maroc en 2013.

    Cela semble, cependant absolument nécessaire en raison des informations relatant l’existence de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de camps d’internements. Le Maroc a réagi en stoppant les exercices communs des troupes, par la suite, les Etats-Unis ont retiré leur proposition et ainsi la MINURSO reste la seule mission pour la paix des Nations Unies n’ayant pas de clause relative aux droits de l’homme.

    Pas de référendum en vue

    Jusuq’à présent, la référendum permettant aux habitants du Sahara Occidental de voter pour une future forme d’État et en même temps pour le rapatriement des expulsés, ce qui était l’objectif d’origine du mandat, n’a pas encore eu lieu. La mise en place du référendum a échoué à cause de discussions au sujet des frontières territoriales et des critères donnant droit de vote. Qui a le droit de voter ? Seulement les Sahraouis ou bien aussi les colons marocains qui aspirent à une majorité en nombre ?

    L’élite dirigeante du Polisario qui est soutenue par l’Algérie, tente d’imposer ses intérêts personnels en matière de pouvoir et ne représente pas une exception dans ce contexte. Elle est critiquée dans les propres rangs où elle est parfois considérée comme une troupe vieillissante de rebelles qui s’est installée confortablement dans la diaspora et qui n’est plus intéressée à résoudre le conflit.

    C’est surtout au sein de la jeune génération de Sahraouis et de manière la plus connue au sein du « mouvement de la jeunesse pour le changement », que l’on reproche à la vieille garde de trop s’orienter en fonction de l’Algérie et d’être prête à accepter la corruption et le maintien du pouvoir.

    Le Maroc craint perdre son terrain d’influence

    En avril 2014, un signe d’espoir annonçant un changement se dessinait. Peu avant l’adoption de la nouvelle résolution sur la MINURSO, la France a déclaré vouloir s’abstenir concernant la clause relative aux droits de l’homme. Malgré le fait que cela correspondait au comportement traditionnel de la France depuis 1980, le Maroc a considéré cette décision comme étant un affront politique auquel il a réagi avec des conséquences diplomatiques.

    La nervosité marocaine donne l’impression que des changements sont dans l’air. Les processus politiques actuels ont modifié les rapports de force dans la région ; la démocratisation de la Tunisie, la stabilité extrêmement fragile en Algérie, la menace de guerre civile en Libye, le soulèvement des minorités. Cela pourrait conduire à une nouvelle négociation du conflit du Sahara Occidental. Par contre, tant que tous les acteurs influents au sein du conflit s’arrangent avec un statu quo, une république indépendante semble bien lointaine. Et cela retombe á nouveau sur les Sahraouis.

    Susanne Kaiser

    Qantara, 2014

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, ressources naturelles,

  • L’Italie octroie une aide de 500.000 € aux réfugiés du Sahara Occidental

    ALGER – Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies accueille favorablement une contribution de 500 000 € (570 000 $ US) du gouvernement italien pour fournir une aide vitale aux réfugiés du Sahara occidental en Algérie.

    La contribution italienne permet au PAM de couvrir les besoins alimentaires de base de milliers de familles de réfugiés sahraouis; leur fournir une ration alimentaire mensuelle comprenant des céréales (riz, orge et farine de blé), des légumineuses, de l’huile végétale, du sucre et des aliments composés enrichis.

    Le PAM utilisera une partie de la contribution pour son programme d’alimentation scolaire qui vise à encourager environ 40 000 enfants des écoles et jardins d’enfants des camps à s’inscrire et à fréquenter les cours régulièrement. Chaque enfant reçoit une collation en milieu de matinée qui comprend des biscuits nutritifs et du lait pour éviter la faim qui affecte la capacité des enfants à se concentrer pendant la journée.

    «Le timing de cette contribution est extrêmement opportun pour couvrir les besoins urgents au début de l’année», a déclaré Imed Khanfir, représentant du PAM et Directeur Pays en Algérie. «Le PAM est très reconnaissant au peuple et au gouvernement italiens pour leur soutien continu qui nous permet d’aider des milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants sahraouis.»

    L’Italie a été un partenaire important du PAM Algérie, donnant un total d’environ 2,5 millions de dollars EU au cours des cinq dernières années.

    «La Coopération Italienne est fortement engagée dans l’aide humanitaire aux populations les plus vulnérables du monde, dans le but de contribuer à répondre à leurs besoins fondamentaux, tels que l’accès à la nourriture et à l’eau», a affirmé Pasquale Ferrara, ambassadeur d’Italie en Algérie. «C’est pourquoi nous avons confirmé notre contribution annuelle au PAM – ainsi qu’à l’UNICEF – pour soutenir leurs activités remarquables ciblant les réfugiés sahraouis à Tindouf. Nous remercions chaleureusement le PAM et toutes les organisations internationales ainsi que les ONG qui opèrent avec engagement et humanité dans les camps. Nous espérons renforcer encore notre coopération avec le PAM afin d’améliorer les conditions de vie des réfugiés, en particulier de la jeune génération ».

    Depuis plus de 40 ans, les Sahraouis vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans le désert du Sahara au sud-ouest de l’Algérie. Hébergées dans cinq camps de réfugiés, près de la ville algérienne de Tindouf, les familles de réfugiés dépendent principalement de l’assistance du PAM pour leurs besoins alimentaires, car les possibilités d’emploi et de subsistance sont limitées.

    Le PAM soutient les réfugiés du Sahara occidental en Algérie depuis 1986. Les opérations du PAM en Algérie sont menées et surveillées en collaboration avec des organisations nationales et internationales pour garantir que l’aide alimentaire parvienne aux personnes auxquelles elle est destinée.

    Source : PAM 

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, réfugiés, Tindouf, PAM, Italie, aide humanitaire,

  • Union africaine : Une réunion, de nombreux dossiers et des «défis» pour les Etats membres

    Le sommet de l’Union Africaine est prévu les 9 et 10 février prochain à Addis-Abeba en Ethiopie. Ce sera le moment pour l’Egypte, actuelle présidente de l’UA, de laisser la place à l’Afrique du Sud. L’arrivée de ce grand pays du continent à la tête de l’organisation panafricaine aura certainement des effets importants sur de nombreux dossiers et « défis » posés aux Etats membres.

    Parmi eux, celui du Sahara occidental qui a connu durant ces derniers mois de nouveaux développements qui ne sont pas en faveur d’un règlement pacifique du conflit, notamment après la décision de plusieurs pays d’ouvrir des représentations consulaires à Laâyoune , en contradiction avec le droit international et les résolutions des Nations unies.

    Autre dossier, celui de l’accès des femmes africaines à l’indépendance économique. «Avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) cette année, nous avons la possibilité de permettre aux femmes entrepreneures de bénéficier de manière significative de ce qui deviendra le plus grand marché commun dans le monde», a dit hier le président sud-africain Cyril Ramaphosa, dans son message hebdomadaire : «From the Desk of the President» (du bureau du président).

    Tout comme il ne peut y avoir de véritable égalité entre les sexes sans émancipation économique des femmes, il ne peut non plus y avoir de croissance économique durable sans la pleine participation des femmes au développement de leur pays, a-t-il précisé. Il a noté également que la présidence sud-africaine de l’UA coïncide avec la fin de la décennie des Nations unies pour les femmes africaines et le 25e anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes, où les pays membres des Nations Unies ont adopté le vaste programme d’action de Beijing pour une plus grande égalité pour les femmes.

    «Nous voulons utiliser notre mandat en tant que président de l’UA pour améliorer la représentation des femmes dans les processus de prises de décisions économiques et politiques dans leur pays d’origine, à l’UA, à l’ONU et dans d’autres organisations multilatérales», a-t-il poursuivi.

    Le président Ramaphosa a souligné récemment, lors d’un séminaire avec les chefs de missions sud-africaines dans les pays africains, que son pays placera l’approfondissement de l’intégration économique en Afrique au cœur de ses priorités durant sa présidence de l’UA.

    Il s’agit, selon le chef d’Etat sud-africain, d’«un moment historique» que l’Afrique du Sud doit saisir pour contribuer «aux côtés des frères africains à la concrétisation de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine».

    ReportersDz, 5 fév 2020

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, Futsal, CAN, FIFA, UA, femmes, égalité des sexes,

  • Sahara Occidental : l’UE inflige un sacré camouflet au Maroc

    La Commission européenne a déclaré mercredi que les produits originaires du Sahara Occidental doivent être étiquetés comme tels. Une déclaration qui risque de faire un tollé au Maroc, qui, soutenue par la France, occupe ce territoire depuis 1975.

    L’UE a récemment conclu des accords commerciaux avec le Maroc qui s’étendent sur le Sahara Occidental, territoire non autonome selon les résolutions des Nations Unies. Dans ce contexte, la commission européenne reconnaît que l’étiquetage des produits agricoles du Sahara Occidental doit mentionner l’origine de ces produits.

    Dans une réponse à une question posée par la député Heidi Hautala, Janusz Wojciechowski , le commissaire européen à l’Agriculture, considère que les produits originaires du Sahara occidental et les envois contenant ces produits sont conformes aux exigences qui imposent l’obligation de fournir des informations exactes et non trompeuses sur le pays d’origine ou la provenance de ces produits.

    Selon le responsable européen, « le règlement d’exécution (UE) no 543/2011 de la Commission établissant les modalités d’application du règlement (CE) no 1234/2007 du Conseil en ce qui concerne les secteurs des fruits et légumes et des fruits et légumes transformés prévoit les critères à respecter pour la commercialisation de ces produits. Tous les produits importés, y compris ceux originaires du Sahara occidental, doivent se conformer à la législation pertinente, y compris l’obligation de fournir des informations exactes et non trompeuses sur le pays d’origine ou la provenance de ces produits, qui dans ce cas doit donc être «Sahara Occidental».

    « Conformément à l’article 15.4 du règlement (UE) n ° 543/2011 de la Commission, le Maroc est l’un des pays tiers où les contrôles de conformité ont été approuvés par la Commission. Les autorités marocaines sont chargées de contrôler la conformité aux normes de commercialisation des fruits et légumes frais sous leur contrôle et ces autorités sont responsables des contacts avec l’Union », a-t-il ajouté dans sa réponse écrite.

    « À la suite de l’arrêt de la Cour de justice du 21 décembre 20162, l’Union européenne et le Royaume du Maroc ont conclu un accord sur la modification des protocoles nos 1 et 4 de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les deux parties, qui est entré en vigueur le 19 Juillet 2019 », précise-t-il.

    Concernant les modalités à suivre à cet égard, M. Wojciechowski indique qu’il attend encore le verdict de la Cour Européenne de Justice. « La décision relative à la conclusion de cet amendement fait actuellement l’objet d’une procédure devant le Tribunal (affaire T-279/19 Front Polisario / Conseil). Dans l’attente de l’arrêt de la Cour, la Commission n’est pas en mesure de commenter plus en détail l’interprétation ou la mise en œuvre de l’accord modifié », dit-il.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO,

  • COLLUSION MAROC-ISRAËL : Netanyahou veut amener Trump à violer la légalité internationale au Sahara occidental

    La collusion entre le Maroc et Israël et les États-Unis se révèle désormais au grand jour. Il est vrai que dans sa veine tentative de «légitimer» son occupation coloniale du Sahara occidental, la diplomatie du makhzen et son médiocre exécutant, le MAE marocain, ne va pas chercher très loin et singe les coups fourrés de l’entité sioniste.

    Mais cette fois et selon le site d’information us Axios qui reprend des informations de la chaîne sioniste Channel 13, le Maroc va plus loin et aurait poussé Netanyahou à conclure un accord trilatéral qui verrait les États-Unis reconnaître la «souveraineté» marocaine sur le Sahara occidental en contrepartie d’une normalisation de ses relations avec Rabat. Selon la même source, ce serait un «accomplissement diplomatique majeur pour le roi du Maroc, Mohammed VI, et un coup de pouce pour le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou – qui obtiendrait ainsi la possibilité de se rendre officiellement au Maroc. Pour Israël et un Netanyahou aux abois qui cherche les coups d’éclat pour se faire élire et éviter ainsi l’inculpation pour corruption, ce nouveau coup pourrait également faire progresser l’objectif de l’administration Trump de rapprocher Israël et les États arabes. Mais et il y a un mais de taille, l’on voit mal l’administration américaine laisser Trump s’embarquer dans une nouvelle aventure diplomatique alors que «l’accord du siècle» est en train d’être enterré y compris en Israël, jusqu’au sein du Likoud le parti de Netanyahou.

    D’ailleurs et selon Axios, pousser à la «reconnaissance» par les États-Unis d’une «souveraineté» fantôme et tirer un trait sur des centaines de résolutions avalisées par Washington et appelant à la décolonisation du Sahara occidental. Ce serait «d’une mesure très controversée qui va à l’encontre du consensus international», du fait que le Sahara occidental est pour l’ONU un territoire «non autonome» dont la décolonisation est tracée par la résolution 1514 sur le droit à l’autodétermination. D’après Axios les contacts entre Netanyahou et les Marocains ont «commencé à s’intensifier après une réunion secrète avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018 ».

    Cette rencontre a été le résultat une voie de communication établie entre Bourita, et le conseiller de Netanyahou pour la sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat avec l’aide de l’homme d’affaires Yariv Elbaz, homme d’affaires juif marocain dans l’agro-alimentaire au Maroc (patron du fonds Ycap avec 1,2 milliard d’euros) et proche collaborateur de Jared Kushner, le gendre furieusement prosioniste de Trump. La question d’une normalisation entre Rabat et Tel Aviv avait été envisagée en novembre 2019 lors de la visite du secrétaire d’État Pompeo au Maroc. Une visite retardée de 24 heures par le Secrétaire d’État US qui s’était rendu à Lisbonne pour rencontrer Nétanyahou en stand bye, dans l’attente de se rendre dans la capitale marocaine. Mais finalement sans doute effrayé par son audace et par les conséquences de son geste alors qu’il préside le comité El Quods, il s’est dérobé et s’est rendu au Gabon. Du coup la visite de Pompeo a fait un flop et n’a duré que quelques heures, le Secrétaire d’État US omettant soigneusement d’évoquer la question du Sahara occidental. Tout comme la diplomatie spectacle et marketing du sioniste Netanyahou qui est prêt à tout pour sauver sa petite personne fait pschitt régulièrement, celle de Bourita suit le même chemin.

    D’ailleurs et selon un site d’info marocain proche du palais qui cite «observateur avisé» si l’information a tout pour être solide venant d’un média très introduit à Washington, cela ne veut pas dire que ce plan se mettra en œuvre, Israël cherche en effet activement, à travers ses relais, à établir des liens avec les États arabes les moins belliqueux à son encontre, pour ne pas dire qui lui sont franchement favorables D’autant que ces informations sortent au moment où une tournée en Afrique, à la veille du sommet de l’UA, de Netanyahou qui tente d’arracher une normalisation des relations entre Israël et le Soudan. Un pays qui a précisément été dépecé par l’action de l’entité sioniste et ses relais.

    Mokhtar Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 5 fév 2020

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