Catégorie : Sahara Occidental

  • Documents de la CIA : Hassan II et Kissinger

    Prémices d’une marche annoncée

    Treize jours avant l’annonce de l’annexion du Sahara par Hassan II, le directeur de la CIA avait écrit une lettre à Henry Kissinger, secrétaire d’Etat américain, pour le prévenir des intentions de l’ancien monarque. Un document qui éclaire sur les informations dont disposaient les USA dans cette affaire.

    par Hicham Bennani

    Henry Kissinger, secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, s’entretient avec le roi Hassan II du Maroc en novembre 1973 à Casablanca.

    «Si l’armée espagnole reste au Sahara, un grave conflit pourrait éclater», prévient William Colby, directeur de la CIA (Central Intelligence Agency) le 3 octobre 1975, dans un memorandum envoyé à Henry Kissinger, secrétaire d’Etat américain. Le document parle d’un pari risqué du Maroc qui joue à «quitte ou double». Selon Colby, cela pourrait conduire soit à la chute du gouvernement de Rabat, soit à une crise politique du côté de Madrid. Le rôle éventuel que pourrait avoir l’Algérie et la Mauritanie est également signalé. Le rapport laisse à penser que la CIA a poussé l’administration américaine à jouer un rôle de médiateur entre le roi du Maroc et les autorités espagnoles. Le médiateur en question n’était autre que le Directeur-adjoint de la CIA à l’époque : le Général Vernon Walters, un proche de Hassan II. Les documents d’histoire attestent du fait que Walters et le défunt monarque se connaissaient depuis l’enfance. En 1973, lorsque l’OLP avait exécuté deux diplomates américains au Soudan, une rencontre entre les Etats-Unis et l’OLP avait été organisée au palais royal grâce aux liens solides qu’entretenaient Walters et Hassan II.

    Coup d’Etat ?

    Ceci pourrait expliquer en partie que lorsqu’il s’agit d’évoquer Hassan II, le directeur de la CIA semble extrêmement bien informé. Pour Colby, le roi use d’une politique à «haut risque» concernant le Sahara espagnol depuis longtemps. A ce propos, il rappelle qu’en août 1974, Hassan II avait déclaré qu’il était prêt à acquérir le Sahara espagnol «avec force si nécessaire avant la fin de l’année». Dans sa lettre, Colby pense que le roi du Maroc «peut prendre une décision à tout instant» concernant le Sahara. Et ce, même s’il avait promis qu’il attendrait le verdict de la Cour pénale internationale sur les revendications marocaines et mauritaniennes.

    Le directeur de la CIA avance que Rabat craignait d’une part que la décision de la Cour internationale ne soit pas favorable au Maroc et d’autre part, que le rapport d’une délégation d’enquête de l’ONU favorise l’indépendance du territoire. Pour rappel, en 1974, l’Espagne avait annoncé qu’elle mettrait en place un référendum. Ce qui a poussé Hassan II à saisir La Haye. Il pouvait donc décider «d’annexer le Sahara, à un moment où l’Espagne était jugée faible» par le Maroc. «Pour Hassan II, une intervention armée provoquerait à coup sûr une médiation internationale favorable», précise le document qui ajoute que : «jusqu’à ce jour, la majorité des Marocains ont approuvé la position de

    Hassan II sur le Sahara espagnol, mais si un pari militaire échouait, un coup d’Etat pourrait bien menacer le roi». Autres éléments apportés par le memorandum : «Rabat estime une possible résistance de la part d’environ 5000 hommes seulement». Il s’agirait de légionnaires espagnols basés au Sahara, d’unités des forces de l’air espagnoles provenant des Iles Canaries et dans une moindre mesure de l’armée algérienne. Les autorités marocaines sont «sceptiques» quant à toute intervention militaire de l’Algérie et Rabat se serait arrangé pour que les forces militaires de la Syrie, de l’Egypte, de l’OLP et peut-être de l’Arabie Saoudite soient symboliquement présentes pour intimider l’Algérie. Mais une implication physique des pays arabes est écartée par les Etats-Unis.

    Des Espagnols sous-estimés

    La CIA était également bien informée concernant l’armement dont disposaitle Maroc. Le rapport indique que le Royaume détenait 55 000 soldats dans le Sud du territoire et que le moral de ses troupes n’était pas au beau fixe étant donné les conditions dans lesquelles elles vivaient.

    Seulement 12 000 à 15 000 de ces troupes disposaient d’une artillerie puissante, capable de contrer l’Espagne et l’Algérie. Le rapport avance que l’Espagne possède une armée mieux entrainée et que si Hassan II s’engageait dans une guerre, il aurait sous-estimé la réponse des Espagnols.
    Colby pense tout de même qu’en cas de conflit, Madrid demanderait d’abord de l’aide à l’ONU et un appui des Etats-Unis. «En se référant à la coopération entre les Etats-Unis et l’Espagne, les Espagnols compteront sur un soutien diplomatique des Américains, surtout si les Marocains utilisent des armes américaines», peut-on lire dans le rapport. De plus, les Marocains réagiraient avec virulence, en cas d’appui américain en faveur des Espagnols. «Une position de neutralité stricte est probablement la chose la plus envisageable qu’accepterait Hassan II sans que les relations entre les deux pays (USA et Maroc) soient affectées», déduit donc Colby.

    Les Américains savaient également que l’Algérie soutiendrait le Front Polisario. Le document se termine ainsi : «Les forces de l’air algériennes, avec leurs 200 avions de combat, pourraient faire boire la tasse aux 40 avions de combat marocains et jouer un rôle décisif pour aider les soldats de l’armée algérienne, qui sont au même nombre que les Marocains, mais mieux entraînés et équipés».

    Dans un article publié dans Le Monde diplomatique en janvier 2006, le journaliste et écrivain Jacob Mundy précise qu’après cette lettre, Kissinger a rapidement envoyé un message à Hassan II, lui demandant de patienter. La réponse du roi est venue le 14 octobre. «Dans celle-ci, Hassan assurait le gouvernement des USA qu’il n’attaquerait pas l’Espagne, mais qu’il ne ferait pas cette promesse à quiconque s’opposerait à ses ambitions», écrit Mundy.
    Le journaliste précise que juste après l’annonce de la Marche verte, Kissinger a déclaré à son président que le Maroc menaçait d’entreprendre une «marche monstre» sur le Sahara espagnol et que la Cour internationale de justice avait donné un avis qui attribuait la souveraineté au Maroc et à la Mauritanie. «C’est absolument ce que Hassan II voulait !»

    «Les plans du Maroc pour envahir le Sahara espagnol»

    Ce document exclusif daté du 3 octobre 1975 a été «déclassifié» le 14 novembre 2000 par l’administration américaine. Il précède de treize jours le discours de Hassan II qui annonce un projet de marche pacifique destinée à annexer le Sahara, alors occupé par l’Espagne. Le feuillet de quatre pages, classé «secret», a pour objet principal «Les plans du Maroc pour envahir le Sahara espagnol». Les termes «Intelligence Alert Memorandum» mentionnés sur cette lettre de William Colby, directeur de la CIA, attestent de l’importance du document. En effet, ils sont fréquemment utilisés par la CIA pour signaler un danger imminent pouvant avoir un impact direct sur le monde et en particulier sur les intérêts américains. William Colby précise qu’avant ce mémorandum, la CIA s’est entretenue avec la DIA (Defense Intelligence Agency), la NSA (National Security Agency) et le DOS (Department of State). Deux paragraphes ont été censurés (par une bande noire), un élément qui apparaît dans tous les documents confidentiels de la CIA. Il est fort probable que le nom du Général Vernon Walters, Directeur-adjoint de la CIA à l’époque, ait été masqué, étant donné qu’il était très proche de Hassan II…

    Le Journal Hebdomadaire, novembre 2009

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Vernon Walters, Henry Kissinger, Hassan II,

  • Sahara Occidental : Salek, de ses nouvelles par la famille

    Personne d’entre ses amis dans le monde n’a reçu de nouvelles directement de Salek Laasairi – Sahraoui prisonnier politique du Maroc – depuis sa disparition. Ni courrier ni appel téléphonique.

    Ce que nous savons par la famille :

    Salek est à la prison de Safi au Maroc (pour lui écrire, voir en dessous)

    Il est très isolé, il ne connait personne et se méfie de tous

    Il est très affecté par les coups des gardiens et la longue grève de la faim de protestation qu’il a menée après l’expulsion de sa famille lors de la visite de février et sa mise au cachot /et transfert (ce n’est pas la première grève de la faim, les séquelles s’accumulent avec le temps)

    Il est maintenant très loin de la famille et de ce fait ne peut plus recevoir leur visite

    La famille a écrit aux diverses administrations marocaines et n’a jamais reçu de réponse

    Salek nous appelle à l’aide

    Nous avons envoyé des petits paquets et courriers, nous ne savons pas encore s’ils sont arrivés jusqu’à lui.

    Pour écrire à Salek les petits riens de nos vies et soucis d’humains en liberté

    Salek Laasairi

    n°d’écrou 4037

    Prison centrale Moul el Bergui

    Safi

    Maroc

    Chaque courrier est pour lui un réconfort, un soutien. Il aime savoir comment nous allons et ce que nous faisons, recevoir des photos, il aime les magasines de voyages/pays, les sciences (magasines pour enfants-ado), et il aime passionnément le foot (et surtout lire Sofoot). Il lit l’arabe, le français, et l’anglais.

    Les articles précédents sur Salek :

    – Disparition de Salek Laasairi, précisions (24 mars 2019)

    – Salek a disparu (les nouvelles au 20 mars. Disparition depuis le 11 février)

    Source : APSO

    Tags: Maroc, Sahara Occidental, droits de l’homme, Salek Laasairi,

  • Etonnante histoire d’un guide du désert du Sahara Occidental

    Les yeux éteints : Un sahraoui raconte

    Je suis guide. J’ai toujours été guide. Aujourd’hui, pour me faire plaisir, les guérilleros disent que je suis « le livre du Sahara ». Mais je sais bien qu’il existe quelques autres sahraouis pour lesquels le désert n’a plus de secrets.

    Les compagnons m’appellent Mahmoud, parfois M’Barek. Les parents préfèrent Salek. En fait, mon nom complet est M’hamed Mahmoud Brahim Essalek. C’est long, n’est-ce pas ! Comme ma vie. Je ne peux pas vous dire combien ces 50 années usées dans le désert me paraissent infinies. Lorsque je revois certaines collines ou certaines pistes, j’ai l’impression d’avoir plus de mémoire que les sables. Je sais, en tout cas, que je suis plus âgé que les sables de Fadrat Tijrit, ceux-là n’existaient pas il y a 20 ans. C’est le vent qui les a engendrés depuis. Le vent d’ouest, parce qu’il gifle de plein fouet les versants.

    Je crois que j’ai toujours su que mes parents voulaient faire de moi une clé, une piste, un cahier qui dit la destination des chemins, les desseins secrets des fleuves désséchés, les secrets des sables et des plantes. Mon grand-père, qui a participé à plusieurs batailles contre les européens, me disait souvent : Apprends bien ton pays, fais-en une arme car ceux que nous avons rejetés aujourd’hui reviendront plus tard ». J’avais à peine 5 ans lorsque mon grand-père me confia à un marchand d’argent qui sillonnait le Sahara.

    Apprends le désert

    Le père Othmane, c’était son nom, m’appris surtout à me taire, pour mieux écouter. Ecouter les gens, mais aussi les bêtes, les pierres, les plantes, le vent. Des semaines après une rencontre, il exigeait de moi que je décrive fidèlement les gens et l’endroit, que je reprenne les termes échangés et le timbre des voix entendues. Lorsque père Othmane était de bonne humeur, il parlait surtout de désert que je n’ai jamais connu.

    Parce que nous étions constamment sur des pistes nouvelles, le père Othmane m’appris à lire les étoiles. C’est un calcul très compliqué pour moi aujourd’hui, que d’expliquer ce que je comprends, ce que je sais naturellement. Jadis, il fallait non seulement que je donne la réponse exacte, mais que je dise aussi pourquoi elle l’était. Je sais donc l’heure des étoiles, au moment où elles pointent le soir à l’horizon et celui où elles disparaissent à l’infini. Je sais les décalages en fonction des mois et des saisons, je sais au-dessus de quelles contrées les étoiles se lèvent et vers quelles cités elles mourront. Quand le soir, le chauffeur de la Land-Rover où je me trouve freine brusquemment à la vue de lointains phares de véhicule, il ne faut guère plus que quelques secondes pour savoir qu’il ne s’agit que d’une étoile et de laquelle il est question. Bien sûr, je m’amuse de l’innoncence du chauffeur, comme mon premier maître s’amusait de la mienne.

    Lorsque le marchand d’argent s’est fixé définitivement à Noudhibou, je repartis vers ma tribu qui nomadisait en ce temps entre Gueltet Zemmour et Smara. J’avais 12 ans et soif de connaître des enfants de mon âge. Ma mère m’offrit deux chamelles, ma tante une encore et me vis repartir vers le camp de mon oncle Salem, ma deuxième école, celle des pâturages et de la patience. Un vieillard borgne, que j’amusais beaucoup en mimant les négociants du Sud de la Mauritanie entrepris de me convaincre que le cercle des mots est très pauvre, celui du commerce encore plus et que le secret de la nature était l’unique problème digne d’une vie. Comprendre et écouter l’espace, deviner le vent et déchiffrer ses courses, connaître la saveur des plantes et les méandres de la soif, vivre dans la lumière toujours, tout le temps et ne pas désespérer, c’était cela, le mystère. Je passai des jours et des nuits, malgré moi, à scruter l’horizon pour localiser des bêtes égarées, à lire les traces, à écouter les vents et les sables. Je devins un digne élève du désert et appris petit à petit l’expérience de l’élevage. Ainsi, j’assimilais lentement les plantes et les bêtes, les pierres et les étoiles. Bien avant mon mariage, je pouvais dire si telle ou telle ŕegion contenait de l’eau, à quelle profondeur et pendant quelle époque de l’année.

    Le silence et le soleil ont lentement délavé mes rêves d’enfance. Ma mémoire n’est peuplée que d’horizons, de pierres et de sable. Je me rappelle.

    Fais-en une arme

    Le borgne tira un jour une besace et me demanda d’où provenait le sable qu’elle contenait. Je ne sus pas répondre et pour cause, la bourse contenait du sable d’Arabie. La honte d’ignorance m’était de toutes, celle que je redoutais le plus. Pour ne point la souffrir de nouveau, j’entrepris de collectionner des échantillons de terre. Je prélevais une poignée de sable de chaque région que je découvrais. Finalement, quand d’autres garçons s’énorgueillaient de posséder des outres de beurre frais, je n’avais guère d’autre que des sachets de sable pour toute fortune, mon cheptel étant alors compté au nom de mon père.

    Je m’interrogeais souvent sur les recommandations de mon grand-père, sur l’ennemi qui allait, un jour, revenir au Sahara et qu’il fallait à mon tour combattre. Je me désespérais cependant de voir les autres enfants ignorer tout de cette menace, des impératifs qu’elle exigeait. Aujourd’hui, bien sûr, je réalise ce qu’espérait de moi mon grand-père. Je connais le désert, je connais beaucoup de ses secrets. C’est cette connaissance qui me rend certain de l’échec des soldats marocains. Ils n’ont aucune idée de l’espace, ils ne connaissent pas le terrain. Ils n’ont aucun enseignement de ces montagnes, de ces fleuves morts, de ce soleil impitoyable, de ces étoiles capricieuses, de ces sables aussi mouvants que le sont les guérilleros. Comment peuvent-ils croire en une victoire que la nature leur refuse de toute évidence, c’est cela qui m’étonne encore et qui m’apprend que le monde a changé, que les armes ont fait croire qu’elles étaient l’unique clef de la guerre. Une guerre comprise hors le temps et l’espace n’est qu’un songe de fou. Le marchand d’argent l’aurait dit, j’en suis sûr.

    Oui, je le dis souvent aux jeunes révolutionnaires qui me font parler du Sahara etl qu’ils ne l’ont pas connu. Je leur rappelle qu’ils n’ont aucune place forte à défendre, ayant tout le désert pour se mouvoir, qu’ils ne doivent jamais livrer de bataille décisive mais fractionner la défense de leur pays en mille et une attaques puissantes et mobiles, ayant le temps à leur service, à leur avantage. Non, non, je ne tiens pas ces conseils de mon enfance. Il faut seulement, en chaque chose, chercher à deviner le comportement d’éléments du désert en conflit. C’est ce qu’il m’arrive de faire. Les Marocains procèdent comme des fauves lourds qui misent toute leur attaque sur un seul assaut. Ce serait nécessaire si l’espace le leur permettait, s’ils avaient une cible à attaquer. Mais ils ne trouvent en face d’eux que des fantômes. Des fantômes alliés aux vents, au froid, aux brûlures mortelles du soleil, à la soif du désert, et au temps qui passe, qui use, qui détruit.

    Oui, je sais que la nature humaine est impatiente. Mes jeunes compagnons ne savent pas toujours être à la hauteur du désert. Au lieu de laisser le convoi ennemi s’enliser davantage dans une région impropre à la défense, ils se précipitent trop tôt et perdent ainsi une partie de l’avantage. La connaissance du terrain leur a pourtant donné des exemples inoubliables, les batailles d’Amgala de Gueltet Zemmour, de Tafoudart, et d’autres encore.

    Comment ? Non, hélas, je ne ses plus au combat proprement dit. Mes yeux ont été éteints par le soleil des pistes et les armes des guérrilleros me sont plus étrangères que les neiges. Je suis seulement guide. Un guide. Mes amis, pour me faire plaisir, disent que je suis « le livre du désert ». Mais je sais bien qu’il existe quelques qutres sahraouis qui ont une mémoire inépuisable du désert. Eux, ils voient bien. Seuls me doigts me racontent la finesse du sable que je foule…

    Source : Sahara-Info, mars-avril 1980

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, désert, terrain, guide, culture,

  • Los ojos apagados: relato de un saharaui

    Soy un guía. Siempre he sido un guía. Hoy, para complacerme, los guerrilleros dicen que soy « el libro del Sahara ». Pero sé que hay otros saharauis para quienes el desierto no tiene secretos.

    Los compañeros me llaman Mahmud, a veces Embarek. Los padres prefieren Salek. De hecho, mi nombre completo es Emhamed Mahmud Brahim Essalek. Es largo, ¿verdad? Como mi vida. No puedo decirles cuán infinitos me parecieron estos 50 años pasados en el desierto. Cuando veo algunas colinas o algunas pistas, me da la impresión de que tengo más memoria que las arenas. Sé, eso sí, que soy más viejo que las arenas de Fadrat Tijrit, esas no existían hace 20 años. Es el viento que las ha engendrado desde entonces. El viento del oeste, porque golpea las laderas con fuerza.

    Creo que siempre supe que mis padres querían hacer de mí una clave, una pista, un guía que diga el destino de los caminos, los diseños secretos de los ríos secos, los secretos de las arenas y las plantas. Mi abuelo, que participó en varias batallas contra los europeos, a menudo me decía: « Aprende bien tu país, conviértelo en un arma porque aquellos a los que rechazamos hoy volverán después ». Apenas tenía cinco años cuando mi abuelo me encomendó a un comerciante de plata que cruzaba el Sahara.

    Aprende el desierto

    El padre Othmane, así se llamaba, me enseñó sobre todo a callarme para escuchar mejor. Escuchar a la gente, a los animales también, a las piedras, a las plantas, al viento. Semanas después de un encuentro, me exigía que describiera fielmente a la gente y el lugar, que repitiera los términos intercambiados y el tono de las voces escuchadas. Cuando el padre Othmane estaba de buen humor, hablaba sobre todo de un desierto que yo nunca conocí.

    Debido a que estábamos constantemente sobre nuevas pistas, el Padre Othmane me enseñó a leer las estrellas. Hoy, es un cálculo muy complicado para mí explicar lo que entiendo, lo que naturalmente sé. Anteriormente, era necesario no solo que yo diera la respuesta exacta, sino también que dijera por qué lo era. Conozco la hora de las estrellas, el momento en el que aparecen al anochecer en el horizonte, y cuando desaparecen en el infinito. Conozco los desfases según los meses y las estaciones, sé sobre qué tierras se alzan las estrellas y hacia qué ciudades morirán. Cuando por la noche, el conductor del Land-Rover en el que estoy, frena bruscamente al ver los faros de un vehículo allá a lo lejos, sólo necesito unos pocos segundos para saber que no ses más que de una estrella y de cual se trata. Por supuesto, me divierte la inocencia del conductor, al igual que la manera con la que mi primer maestro se divertía con la mía.

    Cuando el vendedor de plata se instaló definitivamente en Noudhibu, regresé a mi tribu que nomadadizaba en ese momento entre Guelta Zemmour y Smara. Tenía 12 años y estaba sediento de conocer niños de mi edad. Mi madre me ofreció dos camellas, y otra de mi tía y me vio irme hacia el campamento de mi tío Salem, mi segunda escuela, la de los pastos y la paciencia. Un anciano tuerto, con el que me entretuve imitando a los mercaderes del sur de Mauritania, me convenció de que el círculo de las palabras es muy pobre, el del comercio aún más y que el secreto de la naturaleza era el único problema que merecía dedicación. Comprender y escuchar el espacio, adivinar el viento y descifrar sus carreras, conocer el sabor de las plantas y los meandros de la sed, vivir en la luz siempre, todo el tiempo y no desesperar, ese era el misterio. Pasé días y noches, a mi pesar, explorando el horizonte para localizar animales extraviados, leyendo las huellas y a escuchar los vientos y las arenas. Me convertí en un digno alumno del desierto y aprendí poco a poco la experiencia de la cría de ganado. Así, poco a poco fui asimilando plantas y animales, las piedras y las estrellas. Mucho antes de mi boda, podía decir si esta o aquella región contenía agua, a cuánta profundidad y en qué época del año.

    El silencio y el sol borraron lentamente los sueños de mi infancia. Mi memoria está poblada solo por horizontes, piedras y arena. Me acuerdo.

    Haz de eso un arma

    El tuerto sacó un pequeño saco y me preguntó de dónde provenía la arena. No supe qué responder, y con razón, el saco contenía arena de Arabia. La vergüenza de la ignorancia era lo que más temía. Para no volver a sufrirla, me comprometí a coleccionar muestras de tierra. Tomé un puñado de arena de cada región que descubría. Finalmente, cuando otros muchachos estaban orgullosos de tener mantequilla fresca, lo único que yo tenía como fortuna era unos sacos de arena, y mi ganado llevaba el nombre de mi padre.

    A menudo me hacía preguntas sobre las recomendaciones de mi abuelo sobre el enemigo que algún día regresaría al Sahara y cuyo turno me tocaba a mí combatir. Sin embargo, estaba desesperado por ver a los otros niños ignorar todo sobre esta amenaza, los imperativos que exigía. Hoy, por supuesto, me doy cuenta de que realicé lo que mi abuelo esperaba de mí: conozco el desierto, conozco muchos de sus secretos. Es este conocimiento que hace esté seguro del fracaso de los soldados marroquíes. No tienen ni idea del espacio, no conocen el terreno. No tienen ninguna enseñanza de estas montañas, estos ríos muertos, este sol implacable, estas estrellas caprichosas, de estas arenas tan movedizas como lo son los guerrilleros. ¿Cómo pueden creer en una victoria que la naturaleza obviamente les niega, eso es lo que aún me sorprende y hace que me dé cuenta de que el mundo ha cambiado, que las armas nos han hecho creer que eran la única clave de la guerra. Una guerra entendida fuera del tiempo y del espacio es solo el sueño de un loco. El mercader de plata lo habría dicho, estoy seguro.

    Sí, a menudo se lo digo a los jóvenes revolucionarios que me hacen hablar del Sahara y no lo han conocido. Les recuerdo que no tienen ningún lugar fuerte para defender, que tienen todo el desierto para moverse, que nunca deben participar en una batalla decisiva, sino fraccionar la defensa de su país en mil y un ataques potentes y móviles, teniendo el tiempo a su servicio, a su favor. No, no, no tengo estos consejos desde mi infancia. Sólo hay que buscar en cada cosa, tratar de adivinar el comportamiento de elementos del desierto en conflicto. Eso es lo que suelo hacer. Los marroquíes proceden como bestias pesadas que ponen todo su ataque en un asalto. Sería necesario si el espacio se lo permitiera, si tuvieran un objetivo para atacar. Pero solo encuentran fantasmas delante de ellos. Fantasmas que se aliaron con los vientos, el frío, las quemaduras mortales del sol, la sed del desierto y el tiempo que pasa, que consume y que destruye.

    Sí, ya sé que la naturaleza humana es impaciente. Mis jóvenes compañeros no siempre saben estar a la altura del desierto. En lugar de dejar que el convoy enemigo caiga en una región con poca capacidad defensiva, se apresuran demasiado pronto y pierden, así, parte de la ventaja. El conocimiento del terreno les ha dado ejemplos inolvidables, las batallas de Amgala, de Gueltet Zemmour, Tafoudart y otras muchas.

    Como ? No, desgraciadamente, ya no estoy en el combate propiamente dicho. Mis ojos se han extinguido por el sol de las pistas y las armas de los guerrilleros me son más extrañas que las nieves. Sólo soy un guía. Un guía. Mis amigos, para complacerme, dicen que soy « el libro del desierto ». Pero sé que hay otros saharauis que tienen una inagotable memoria del desierto. Ellos ven bien. Solo mis dedos me hablan de la finura de la arena que piso …

    Fuente: Sahara-Info, marzo-abril de 1980.

    Etiquetas: Sahara Occidental, Marruecos, desierto, terreno, guía, cultura,

  • Lettre du Président de l’AFASPA au rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme

    Lettre du Président de l’AFASPA au rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, relatif aux représailles subies par Abderrahmane Zayou de la part des autorités marocaines.

    Monsieur Michel FORST

    Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme

    OHCHR

    GENÈVE

    Objet : Mesure de rétorsion à l’égard d’un défenseur sahraoui des droits de l’homme

    Monsieur le Rapporteur spécial,

    Je tiens à vous informer que la répression s’accentue sur les défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental ainsi que sur leurs organisations, alors que la MINURSO n’a toujours pas reçu à ce propos mandat pour la surveillance de la situation des droits de l’homme.

    Je vous signale le cas de Monsieur Abderrahman Zayou, qui vient d’être arbitrairement muté du poste de cadre qu’il occupe depuis mai 2007, au grade d’administrateur à la direction régionale du ministère de l’habitat et de l’urbanisme à El-Aaiùn, par décision administrative du ministère de l’habitat et de l’urbanisme, qui ordonne son expatriation au Maroc à Kalaat Sraghna, ville située au nord de Marrakech. La décision stipule que Monsieur Zayou doit se présenter à son nouveau lieu de travail dès la semaine prochaine. Cet éloignement forcé à 970 km d’El-Aaiùn, n’a d’autre but que d’entraver son activité de défenseur des droits de l’homme.

    En effet, Abderrahmane Zayou est Président de la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines, qui s’apprêtait à organiser la « Plate-forme du ramadan » au siège de l’ASDH. Ce local est d’ailleurs assiégé et interdit d’accès par la police marocaine depuis le début du ramadan. Monsieur Zayou fut Président de la ligue des cadres supérieurs sahraouis à El-Aaiùn. Il a contribué à l’élaboration de divers rapports de l’ASVDH dont celui sur le procès Gdeim izik et the UPR shadow report sur la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental de 2017. Il a participé à la session de formation sur les droits de l’Homme de la fondation René Cassin (2013).

    Cette décision administrative, qui viole les droits du militant sahraoui, va à l’encontre des dispositions onusiennes, des législations et conventions internationales, particulièrement, la quatrième Convention des accords de Genève qui, dans son article 49, interdit la déportation des personnes protégées hors du territoire occupé dans le territoire de la puissance occupante.

    Je vous signale que l’intéressé a été condamné à une peine de deux ans de prison (qu’il avait déjà purgée) par le tribunal militaire de Rabat en février 2013, dans un procès inéquitable où seul le procès verbal de la police fut retenu contre lui alors que les témoignages sur son innocence furent ignorés. Lors du procès en appel en 2016 il a témoigné courageusement pour déjouer les manœuvres d’une justice aux ordres, malgré le risque de retourner en prison. Après sa libération il a repris son activité militante.

    En conséquence je vous prie de bien vouloir intervenir auprès des autorités marocaines afin que cette décision arbitraire et répressive soit rapportée.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Rapporteur spécial, à l’expression de ma parfaite considération.

    Jean-Paul ESCOFFIER

    Président

    AFASPA – Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique

    13 rue Pierre-et-Marie- Curie 93170 Bagnolet – afaspanationale@gmail.com

    Website : http://www.afaspa.com

    Source

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, territoires occupés, répression, droits de l’homme, OHCHR, Michel FORST,

  • RSF España condena la expulsión de la fotoperiodista Judith Pratt

    MARRUECOS / SÁHARA OCCIDENTAL | La fotoperiodista Judith Prat, expulsada por la policía marroquí del Sáhara Occidental

    La deportación se produce el mismo día en que RSF publica su informe sobre la represión al ejercicio del periodismo en el territorio.

    La fotoperiodista Judith Prat fue expulsada ayer por la noche de El Aayún (Sáhara Occidental) por las fuerzas de seguridad marroquíes, cuando regresaba de impartir un curso sobre fotoperiodismo al colectivo de reporteros saharauis Equipe Média, en la ciudad de Dajla.

    Prat, que volvía en autobús de Dajla con rumbo a Agadir, hizo parada en El Aayún para pasar la noche antes de proseguir su viaje y se alojó en el domicilio del periodista Said Amidan, también perteneciente al mismo equipo de periodistas saharauis. “Al llegar a la estación de autobuses procedente de Dajla, me vinieron a recoger sin problema unos compañeros de Equipe Média y nos fuimos a cenar a casa de uno de ellos”, explica a RSF España la fotógrafa. “Cuando llevábamos dos horas juntos charlando relajadamente, la policía empezó a aporrear la puerta de la casa, profiriendo gritos, amenazas y causando un tremendo alboroto. Había una mujer embarazada con nosotros y sufrió una crisis de ansiedad”, añade.

    Los agentes de policía no uniformados que habían acudido al lugar obligaron a los periodistas de Equipe Média y a Judith Prat a salir de la casa y permanecer separados. Hicieron que la fotoperiodista subiera en uno de los cuatro vehículos con los que se habían personado y la condujeron de regreso a la estación de autobuses para expulsarla rumbo a Agadir. Los periodistas de Equipe Média lograron seguir a la caravana policial sin ser vistos y capturaron la llegada a la estación y el interrogatorio de la policía a Judith Prat (ver fotos).

    “Fue cuando nos bajamos ante la estación de autobuses que los agentes empezaron a interrogarme primero en un tono suave, que fue tornándose en más hostil. Me pidieron el móvil para ver su contenido y me hicieron preguntas sobre los periodistas de Equipe Média y mi trabajo. Me negué, expliqué que estaba ahí como turista y que consideraba que eran preguntas que no debía contestar. Pedí hablar con el consulado y la Embajada española y fue cuando se moderaron y me dejaron marchar”, explica a RSF España Judith Prat.

    La expulsión de la fotógrafa se produjo el mismo día que, en Madrid, Reporteros Sin Fronteras presentaba su informe “Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo”, en el que precisamente se denuncia, entre otras acciones represivas de Marruecos contra la libertad de información, la política de deportaciones sistemáticas de periodistas extranjeros por parte de las fuerzas de seguridad marroquíes. Impidiendo con una persecución implacable el ejercicio del periodismo saharaui y, a la vez, la entrada de reporteros extranjeros en el Sáhara Occidental, el territorio ha acabado por transformarse en un “agujero negro informativo”, que solo rompen -de ahí que sean vigilados y perseguidos- periodistas locales, como los de Equipe Média.

    El objetivo de las incautaciones de móviles e interrogatorios a periodistas extranjeros cuando son deportados tiene, de hecho, como objetivo extraer información que pueda ayudar a incriminar y detener a los periodistas saharauis que colaboran en la realización de los trabajos de sus compañeros venidos de otros países.

    “Horas después de presentar el informe de RSF sobre la inexistente libertad de información en el Sáhara Occidental, aplastada por Marruecos, las fuerzas de seguridad expulsan a la fotoperiodista española Judith Prat. Desde Reporteros Sin Fronteras, condenamos esta nueva muestra de ceguera del régimen marroquí, que, situado en el puesto 135 del índice que elaboramos sobre la libertad de prensa en el mundo, dice mucho del respeto a los derechos fundamentales en nuestro vecino del Sur. Judith Prat tiene y merece todo nuestro apoyo. También los periodistas que ejercen su labor en el Sáhara, en condiciones casi imposibles y jugándose su libertad e integridad”, afirma Alfonso Armada, presidente de RSF España.

    Judith Prat es una prestigiosa fotoperiodista, que ha trabajado temas como el conflicto armado y las minas de coltán en R.D. del Congo, la extracción de petróleo en el delta del Níger, la violencia de Boko Haram en Nigeria o las condiciones de los refugiados sirios en países vecinos. Publica sus trabajos en medios como VICE Australia, VICE USA, Heraldo de Aragón o El Periódico de Aragón, entre muchos otros.

    Más información sobre el informe de RSF “Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo”, disponible en PDF, :: en este enlace ::

    Fuente : RSF España

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, territorios ocupados, prensa, represión, Judith Pratt,

  • Sahara Occidental : fotoperiodista española expulsada del Aaiún

    La fotoperiodista española Judith Pratt fue expulsada ayer del Aaiún, capital ocupada del Sáhara Occidental donde se encontraba desde hace a penas dos horas en el marco de su trabajo con activistas de derechos humanos saharauis.

    Según informaciones facilitadas por Equipe Media, Judit Prat se encontraba en casa del periodista saharaui Said Amidan, cuando fue abordada por policías marroquíes uniformados y de paisano, que la obligaron a salir de la vivienda para ser embarcada por la fuerza en un autobús con dirección a la ciudad de Agadir, en Marruecos.

    Equipe Media recuerda que la fotoperiodista española fue galardonada con importantes premios internacionales por sus trabajos en África, Oriente Medio y América Latina, como las minas de coltán en la República Democrática del Congo, la extracción de petróleo en el Delta del Níger, la violencia de Boko Haram en Nigeria, los trabajadores agrícolas mexicanos en EEUU o los refugiados sirios y la guerra en el Yemen.

    La expulsión de Pratt entra en el marco de las severas medidas de seguridad impuestas por Marruecos en la antigua colonia española y que fueron expuestas ayer por la sección española de Reporteros Sin Fronteras (RSF) presentó en la sede de la Asociación de Prensa de Madrid (APM) en un detallado informe titulado «Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo».

    Según Equipe Media, desde enero de este año, Marruecos procedió a la expulsión de 25 personas, entre los que figuran periodistas, activistas de derechos humanos y observadores internacionales que acuden para asistir a los falsos juicios orquestados por la administración de ocupación marroquí.

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, territorios ocupados, derechos humanos, Judith Pratt,

  • Fadel, escultor saharaui expone sus obras en la 5ª edición del Descurbimiento de talleres y artistas (Viena)

    Su nombre es Fadel, un escultor originario del Sáhara Occidental. Vivió en los campos de refugiados saharauis en Argelia antes de ir a Portugal, luego a España, para terminar en Francia, donde reside actualmente.

    Forma parte de un grupo de casi 70 artistas que expusieron su trabajo en varias ciudades suizas, el sábado, domingos y lunes pasados, como parte de la 5ª Edición del Descurbimiento de Talleres y Artistas .

    Es autor de increíbles personajes, humanos o animales, realistas o fantásticos, hechos con recuperación de metales. « Nunca había hecho ninguna escultura antes », dice. ¡Si hubiera hecho eso en mi país, me hubieran tratado de loco y encerrado! Aquí, puedo expresarme ».

    Las obras de Fadel son figurativas pero juegan con lo imaginario: « Cada uno puede ver lo que quieren … ». El joven artista fue muy destacado y animado durante estos tres días.

    Su país de origen, el Sahara Occidental, es una antigua colonia española que fue invadida por Marruecos en 1975. Desde entonces, la ONU ha estado tratando de organizar un referéndum de autodeterminación al que se opone Marruecos apoyado por Francia.

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, Frente Polisario, Fadel, escultura, artistas,

  • Conversación con el escritor africano Ngugi wa Thiong’o en Madrid. Una cita largamente esperada

    Teníamos una cita pendiente con Ngugi wa Thiong’o desde 2007. En abril de ese año los escritores saharauis Zahra Hasnaui y Bahia Awah recalaban en la universidad californiana de Irvine para impartir una serie de conferencias. Tenían previsto un encuentro con el escritor y académico africano Ngugi wa Thiong’o, profesor de aquella universidad. Sin embargo, Ngugi se encontraba de viaje aquellos días y el encuentro no se pudo celebrar finalmente. Los escritores saharauis le dejaron unos libros y algunos detalles de artesanía saharaui y desde entonces hemos esperado poder acudir a algún encuentro con Ngugi. Por fin pudimos cumplir nuestro deseo el pasado martes 14 de mayo gracias al encuentro con el escritor celebrado en el Museo Reina Sofía. Bajo el título “Desplazar el centro” se desarrolló la conversación con el escritor, pensador y profesor de Literatura Inglesa y Comparada, nacido en Kenia, de la mano del periodista Chema Caballero.

    Ngugi, de 81 años, aún vive la literatura con enorme intensidad. Afirma que su mejor libro es el que aún no ha escrito y, en una entrevista reciente con el blog “Africa no es un país” asegura que quiere competir con genios como Cervantes. Él es desde luego una leyenda viva de las letras africanas y eterno aspirante al Nobel, premio que parece que nunca llega. Exiliado en Estados Unidos desde los años 80, ha vivido una intensa vida llena de éxitos, pero también de sinsabores, como su encarcelamiento en 1977 por el régimen surgido tras la independencia de Kenia, por la que él también luchó. En la cárcel, el escritor decidió abandonar el inglés como idioma de sus libros y escribir en su lengua materna, el gikuyo “como ejemplo de resistencia”, según sus palabras. Escribió en la cárcel su primera novela, “El diablo en la cruz”, en papel higiénico. Estos años se ha convertido una costumbre en casa estar pendientes de la confirmación por parte de la Academia Sueca del nombre del Premio Nobel de Literatura, deseando que se anuncie que es Ngugi.

    El escritor comenzó su intervención reflexionando como el saber es excesivamente teórico y no se preocupa de otros imaginarios, realizando su habitual defensa de “las lenguas minorizadas”. Así reivindicó que le gusta que le llamen “escritor africano, es importante porque hubo un tiempo en que la gente pensaba que no había escritura en África”. Recalcó la importancia de que los escritores africanos “escribamos en nuestras lenguas africanas, que son vibrantes y potentes”. Ngugi se quejó, con fina ironía de que a los escritores africanos se les pregunte por qué escriben en sus lenguas africanas o maternas. Defendió que los idiomas de África son “tremendamente expresivos” y pensar que en estas lenguas no se puede realizar una producción intelectual tiene que ver “con una visión colonial”. “Las lenguas son como instrumentos musicales. No hay una lengua más lengua que la otra. Cada una tiene su musicalidad”.

    Su madre, que no sabía leer ni escribir pero se empeñó en que Ngugi fuera a la escuela, tuvo una presencia importante durante la charla. El escritor africano habló sobre la promesa que le hizo de continuar con sus estudios a pesar de las adversidades y su compromiso con ella de dar siempre más del cien por cien en todas las tareas que acometiera.

    Chema Caballero recordó que Ngugi es un eterno candidato al Premio Nobel. El escritor se lo tomó con buen humor. “No me lo han dado, no”. Valora como positivo que sus obran gusten, “pero mi verdadero desafío es lograr la novela perfecta”. Tanto en forma, lengua, carácter, personajes. “Es un sueño que siempre está ahí, es una posibilidad real, es como respirar. Soñar con la novela perfecta me impulsa a seguir intentándolo”. Ngugi escribe sus libros como parte de ese proceso de intentar escribir esa novela perfecta. “La búsqueda de la belleza impulsa el movimiento”, reflexionó. En realidad, “que un lector te diga que tu libro le ha gustado es el verdadero Nobel”, afirmó. El periodista recalcó que llevamos varias décadas sin que un autor africano negro reciba el Premio Nobel, “tal vez sea hora de descolonizar el Nobel”, comentó. Ante esta cuestión Ngugi señaló que “parece que los escritores africanos deben ponerse la máscara de las lenguas europeas para ser visibles”. Por el contrario animó a “conseguir la visibilidad con nuestras lenguas maternas”

    Las preguntas no eludieron el tema político. “¿La independencia de Kenia fue una decepción para ti?”, inquirió Chema Caballero. Ngugi explicó que estuvo encarcelado por sus ideas. “La experiencia de la cárcel fue muy desafiante para mí como escritor”. Explicó que las enseñanzas de su madre fueron fundamentales en la cárcel para no quejarse y aceptar una situación de la que no podía escapar. Buscó la manera de sacar algo positivo de aquella situación. “Me escapa de la cárcel a través de mi imaginación, no podían encarcelar mi imaginación”. Ngugi salió adelante en la cárcel gracias a la imaginación, que le dio poder para seguir escribiendo, en aquel momento con lo único que tenía a mano, el papel higiénico.

    Ngugi, que fue uno de los líderes del movimiento anticolonialista en Kenia, reconoció que “el problema surgió después de la independencia”. Lanzó una pertinente pregunta ¿quién controla hoy en día en África el sistema bancario y los recursos naturales? “África construyó la Europa moderna, el comercio de esclavos y los recursos generaron tanta riqueza en las antiguas metrópolis. Reflexionó sobre la importancia de conseguir “una independencia económica para que haya una independencia real”. Abogó por “cambiar en posición de igualdad”.

    “Sin la imaginación no somos humanos”, afirmó. “Las artes alimentan la imaginación y nos permiten visualizar el futuro”. Por eso el autoritarismo lo primero que intenta es limitar la imaginación de la gente. Y “al primero que se persigue es al artista”.

    A la pregunta del escritor saharaui Bahía Awah sobre el culturicidio que sufre el pueblo saharaui debido a la invasión colonial marroquí y de qué forman debe actuar el intelectual desde el exilio, Ngugi afirmó que “el colonialismo, en la forma que sea, debe ser resistido”, ya que se trata de un “sistema económico, político y social de sometimiento a una comunidad”. El escritor keniata aboga por “la igualdad, no hay un ser humano más humano que otro, ni hay una nación más nación que otra”. Definió el exilio, él tuvo que exiliarse a Inglaterra y en la actualidad reside en California, como “encontrarse en otro lugar fuera de la tierra de uno”. Calificó el exilio como algo que ha sucedido a lo largo de la historia”. Consideró que “es positivo que un país acoja a gente que huye de la desolación”. Con enorme sencillez y lucidez, explicó que “el exilio no se elige, fue el exilio el que me eligió a mí”. Como tampoco se elige el lugar donde se es acogido. “Eres un náufrago y te quedas dónde te acogen”. Según Ngugi “lo importante qué haces con el exilio. Yo he tenido la suerte de poder escribir”.

    A la pregunta lanzada desde el público sobre qué consejo podía dar a los escritores, Ngugi respondió un tajante: “Write, write, write, and you will get it right”, “Escribe, escribe, escribe y lo conseguirás”. Según el escritor “Hay que hacerlo. Es un trabajo duro y el trabajo duro siempre funciona. Es duro pero merece la pena. Debes seguir ese impulso, volver a él y serle fiel”. Ngugi reconoció que la publicación tiene que ver con “ensayo / error”, ya que no siempre los editores aceptan los manuscritos, aunque destacó que ahora también se puede autoeditar, hay más posibilidades y hoy en día ya no es necesario exclusivamente ser respaldado por una editorial. El escritor nos dio un estupendo consejo que él mismo ha aplicado a su vida, azarosa y complicada en muchos momentos. “Intento, y no siempre es fácil, encontrar lo positivo de todas las situaciones. Lo negativo puede generar energía creativa”.

    También hubo momento para hablar de las mujeres. Ngugi confesó que las mujeres son parte muy importante de su vida. Desde esa madre que le animó a estudiar hasta su esposa y sus hijas. Reconoció la importancia de la mujer en la historia de Kenia y en la historia de África “las mujeres están en todas partes y ellas han mantenido a la gente unida”. También habló sobre las letras africanas, con un panorama actual muy vivo y emergente. Destacó la importancia de las escritoras africanas, “muy poderosas”. “En el continente la historia de las mujeres africanas ha sido invisibilizada”, concluyó.

    Bahia Awah pudo saludar en persona al entrañable, lúcido y divertido Ngugi, posando a su lado en la “foto de familia” con los asistentes y haciéndole entrega del libro de poesía saharaui en español con traducción al inglés “Thirty One” editado hace varios años en la Universidad de Leeds.
    Una tarde inolvidable en la que, como dicen nuestros amigos de LiterAfricas, el gran Ngugi wa Thiong´o “Llegó, vio y nos ganó”.

    Fuente : Haz lo que debas

    Tags : Sahara Occidental, literatura saharaui, Bahia Awah, Conchi Moya, Zahra Hasnaui, Ngugi wa Thiong’o,

  • Osetia, El Tíbet, Kosovo, El Sáhara…

    Los acontecimientos de los años 1990 en la región del Cáucaso pusieron al descubierto las vergüenzas del mundo, o mejor dicho la doble moral con la que algunos Estados afrontan la cuestión del derecho que tiene todo pueblo a la libre determinación.

    Para la mayor parte de los « gobiernos occidentales », amparados por una eficaz orquesta formada por la prensa liberal y las grandes agencias de relaciones públicas, El Tíbet o Kosovo son pueblos oprimidos y hay que apoyar sus anhelos de libertad, a sangre y fuego si es preciso. Sin embargo Osetia, El Transniester, Abjazia, El Kurdistán o El Sáhara, por sólo poner unos poquitos casos, no merecen la misma consideración.

    Además de un pestilente fariseísmo, los citados gobiernos y los medios de comunicación que les muestran pleitesía, con ese doble rasero demuestran que sólo están sujetos a los intereses geopolíticos de las grandes potencias (que en estos momentos es lo mismo que decir a USA, por aquello del mundo unipolar que nos ha tocado vivir).

    Frente a tanta condescendencia para unos, a otros que los parta un rayo. Qué curioso que, por amor de estar del lado del « eje del bien », periódicos como el El País ya han empezado a preparar el terreno para que en la conciencia de « las masas » cale la idea de que es justa la secesión de la provincia boliviana de Santa Cruz, rebelde con el proyecto transformador de Evo Morales, pero sobre todo inmensamente rica en productos naturales que, hasta la fecha, saqueaban empresas españolas.

    Algo parecido se entrevé con el estado petrolero de Maracaibo, en la  Venezuela de Maduro. Nada importa que estemos ante reivindicaciones artificiales, o quizá sólo sostenidas por oligarcas vencidos y que sin embargo ese mismo medio, como muchos otros, nieguen el derecho a pronunciarse sobre su futuro a un pueblo. Se trata de un caso realmente lacerante y que condensa la tesis de esta columna: el Sahara Occidental, donde a pesar de que los anhelos de libertad están sustentados por más de 43 años de lucha y por varias sentencias y resoluciones de organismos internacionales, como el Tribunal de La Haya o la ONU, la « democracia marroquí », con el apoyo del gobierno francés, español y de los EE UU, está imponiendo una ocupación militar que pretende perpetuar en el tiempo.

    Durante todo este tiempo, lo que fue el Sahara Occidental se ha convertido para nosotros en un olvido creciente sólo mantenido en alto por organizaciones minoritarias de izquierdas y, no tan paradójicamente, por viejos militares con airado recuerdo de la sonrojante espantada. Desde entonces, el Sahara no ha sido más que un problema dormido que en ciertas ocasiones levantaba la cabeza para recordarnos la infamia. De entonces a ahora, treinta años de exilio para las tribus a las que se había jurado no abandonar nunca. La razón de Estado y la necesidad de las “inmejorables” relaciones con Marruecos han conseguido el resto del olvido.

    Los gobiernos españoles de la democracia han jugado al gato y al ratón con el Sahara mientras sobrellevan las relaciones con la monarquía feudal de Marruecos. Tal como estaban y están las cosas, “lo más conveniente” para esos mismos gobiernos –y mucho más para el actual- era y es ponerse de perfil en el asunto del Sahara hasta pasar inadvertidos. Como si la cosa no fuera con España, nuestros gobiernos y nosotros, los ciudadanos españoles. Tras treinta años de reivindicación saharaui, la impunidad de Marruecos parece haber impuesto el abuso sobre las tierras del Sahara a través de la represión y la ley del silencio. Pero la lucha sigue, aunque de España nunca más se supo. Para el actual gobierno es un problema heredado: ninguna vela parece irle en el entierro. Cargar con el bochorno moral y político del Sahara es parte, al fín y al cabo, de nuestras infamias históricas. Objetiva y subjetivamente.

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, ONU, MINURSO, autodeterminación