Catégorie : Sahara Occidental

  • Sahara Occidental : « Nous sommes dans les limites de la patience (Brahim Ghali)

    CHEF DU POLISARIO: NOUS SOMMES DANS LES LIMITES DE LA PATIENCE, ET TOUTE ATTAQUE CONTRE UN SAHRAOUI SIGNIFIE LE RETOUR DE LA GUERRE

    Le chef du Front Polisario qui réclame l’indépendance du Sahara Occidental de la tutelle du Maroc, M. Brahim Ghali, a déclaré que les sahraouis sont au bout des limites de la patience, et que toute attaque contre un Sahraoui signifierait le retour de la guerre.

    Dans une interview accordée à la télévision algérienne, Ghali a ajouté que le front polisario a été conduit à se positionner dans certaines zones pour protéger ses citoyens qui ont bloqué spontanément, le passage terrestre de la zone tampon « guerguerat » confirmant qu’ils ont averti le Maroc et les Nations Unies de prendre la responsabilité de ce qui pourrait advenir, signalant que toute attaque contre eux signifie le retour de la guerre.

    Ghali a déclaré que les sahraouis ont beaucoup enduré, demandant: Combien de temps allons-nous attendre pour répondre aux appels répétés (de nos compatriotes) pour un retour à la guerre, indiquant que les enfants sahraouis nés en septembre 1991 sont devenus papas et mamans.

    Les nouveaux propos de Ghali sont considérés les plus forts prononcés -jusqu’ici- par les parties en conflit sur le Sahara occidental.

    Mourassiloun

    Source : adrar.info, 2 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, El Gargarat, ONU, MINURSO, 

  • Les voix d’une patrie perdue : la poésie du Sahara occidental

    La poésie sahraouie retrace des expériences allant de la guerre et du déplacement aux odes de Badi à « une douce existence pleine de vie »

    Par Sam Berkson – TINDOUF, Algérie

    Cela fait près d’un an que le poète sahraoui Mohamed Mustafa Mohamed Salem, connu sous le nom de « Badi », est mort à l’âge de 83 ans.

    Sa mort a fait l’objet de peu de nécrologies, mais sa poésie continue d’inspirer les jeunes générations exilées si loin de la patrie dont il parle, et qui n’en gardent aucun souvenir.

    Badi a vécu la seconde moitié de sa vie dans les camps de réfugiés autour de Tindouf, une région aride de l’ouest de l’Algérie.

    Comme des milliers d’autres réfugiés, il a fui son foyer après l’annexion du Sahara occidental par le Maroc en 1975.

    Vivre dans les camps, avec leurs ressources limitées et leur isolement géographique, signifiait une publication et une distribution restreintes de sa poésie sous forme écrite. Mais elle a survécu pendant des années par la récitation.

    La poésie sahraouie elle-même, composée en hassanya (un dialecte arabe), est peu connue au-delà de son propre peuple. Dans les territoires occupés, elle est souvent réprimée, avec d’autres initiatives culturelles hassanya.

    Selon Amnesty International, en 2019 au Sahara occidental, « les autorités ont harcelé des journalistes, des blogueurs, des artistes et des activistes pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement, en ont condamné au moins cinq à des peines de prison pour avoir ‘’insulté’’ des fonctionnaires et en avoir apparemment pris pour cible d’autres avec des logiciels espions ».

    Les dangers pour les poètes y sont démontrés par ce qu’a connu Hadjatu Aliat Swelm, qui a publié des poèmes en ligne sous pseudonyme.

    Après la découverte de son identité, elle dit avoir été soumise à ce qu’elle appelle la « pression » de fréquentes descentes de police et avoir été suivie dans la rue. En 1999, elle a choisi de se faire réfugiée plutôt que de disparaître, comme cela est arrivé à beaucoup d’autres dans sa situation.

    Le poème de Badi, Tishuash, recrée avec une beauté mélancolique la vie traditionnelle des Bédouins, que de nombreux Sahraouis n’ont jamais connue.

    Tishuash est un hymne à la gloire d’un mode de vie perdu. Le titre signifie, à peu près, « le plaisir de se souvenir de choses qui sont passées ».

    Il regorge de mots que même les traducteurs locaux ne connaissaient pas : des mots comme srei, signifiant « le voyage fait avant l’aube », torda, qui est « un petit trou creusé où l’on trouve de l’eau près de la surface après les pluies au milieu d’une vallée », ou as’geig, « l’eau qui forme des flaques sur les rochers concaves sur le lit d’une rivière asséchée ».

    Ces mots issus d’une langue orale sont pratiquement oubliés après 45 ans de colonisation forcée.

    Ainsi, leur récitation dans la poésie est elle-même un acte de résistance. Il s’agit des apocryphes « centaines de mots désignant la neige » des Inuits et d’un intéressant défi de traduction.

    Cependant, se souvenir de ces lieux perdus et de la connaissance perdue était, pour Badi, presque un devoir sacré. Comme il le dit dans son poème Paysage :

    Après toute cette douleur,
    incapable de marcher à Lejouad,
    sachez que louer les noms de ces lieux
    les rapproche du Tout Miséricordieux.

    « Douce existence pleine de vie »

    Né berger dans la ville d’Aousserd en 1936, Badi a appris la poésie et le chant auprès des femmes de sa région. Il a voyagé en Algérie, en Libye et en Mauritanie, et après une sécheresse qui l’a privé de son troupeau, il a rejoint l’armée espagnole.

    Après la formation d’un mouvement d’indépendance sahraoui unificateur, le Front Polisario, Badi a rejoint sa nouvelle « Armée de libération du peuple sahraoui », mais il n’a jamais été porté sur la poésie politique de la guerre.

    Selon sa fille, Sumaya Mohamed Salem, Badi « ne pouvait pas écrire ce que les gens voulaient qu’il écrive ». Comme l’a dit Badi un jour : « Les poètes expliquent l’humanité et ce que signifie être humain. La véritable poésie doit être proche de la vérité, honnête vis-à-vis de ce que vous ressentez et fidèle à vous-même. »

    Mohamed Salem confie qu’il y a beaucoup de choses qu’elle ne savait pas sur son père : « Une étrange coutume que nous avons, c’est que nous ne pouvons pas parler de quoi que ce soit avec nos parents. Nous ne pouvons pas demander leur avis sur les choses ou leurs véritables sentiments. »

    « Badi était plus ouvert d’esprit que la plupart des gens, mais il était toujours très strict sur les coutumes. Il était très résistant à toute nouveauté. Pour lui, les jeunes étaient l’ennemi, plus encore que les Marocains. »

    Mohamed Salem a très peu de liens avec la terre à laquelle son père faisait référence avec tant d’émotion.

    En 2011, elle a rejoint son père lors de son voyage vers ce que les Sahraouis appellent al-Bedir, littéralement la « campagne », mais c’est-à-dire la « zone libre » – les 20 % à l’est du territoire du Sahara occidental qui n’ont pas été bouclés par la « berme », les 2 700 km de mur défensif du Maroc, un espace extrêmement miné et faisant l’objet de patrouilles intensives, achevé en 1987.

    Badi a pleuré de revoir sa patrie, mais sa fille explique n’avoir rien ressenti : « Le Sahara occidental pour moi, c’est comme Paris ou Berlin – un endroit dont j’ai entendu parler, mais où je ne suis jamais allée. »

    Écrit après son voyage dans la zone libérée, Tishuash parle de la « douce existence pleine de vie » du nomade du désert que la génération de sa fille n’a jamais connue. Le poète est transporté dans cette vie à travers ses souvenirs des vues, sons et odeurs, un peu comme, en un autre lieu et un autre temps, John Keats a été transporté par le chant du rossignol.

    Les souvenirs sensoriels ramènent Badi dans ce monde perdu, mais quand il s’approche si près qu’il peut « sentir la peau de cet animal à côté de la broche / et voir les os propres à côté de cette peau », cette image de la mort termine brusquement le voyage imaginaire.

    Il arrive à la même prise de conscience que Keats, quand il a été forcé de reconnaître que, « Car malgré ce qu’on dit, les chimères / Ne peuvent tout à fait nous abuser, – elfe joueur ».

    Dans le présent, Badi s’interroge dans le vide, « comment se fait-il, mon frère, que tu ne te souviens pas de cela ? » Il répond pour le lecteur :

    Il n’est plus avec nous,
    et si tishuash pourrait le ramener
    il ajouterait tishuash
    au tishuash
    de mon tishuash.

    Pourtant, le tishuash de Badi fait renaître quelque chose. Il ravive la perte : il ranime le sentiment de privation, mais aussi ce mode de vie perdu pendant le court laps de temps que dure le récit du poème. Nous l’entendons dans le « bruissement de la queue des chameaux / avant que le soleil ne se lève jusqu’à nos yeux » ; sentir, avec le poète, « le sable humide » sur lequel il dort près de « la bouche d’un puits » ; et goûter son thé, aromatisé aux herbes du désert.

    Sa poésie préserve les pratiques, la langue et les coutumes qui sont étrangères même à sa fille, qui parle le rabouni hassinaya (la langue des camps, pas celle du Sahara occidental).

    Comme la poésie traditionnelle d’avant la guerre, on retrouve la fonction et l’esthétique dans la composition de son travail – la préservation et la transmission de la connaissance. Pourtant, à cause de la rupture qui s’est produite entre les générations, même sa fille déclare : « Je ne comprends pas ses poèmes. »

    Poésie et chanson

    En février de cette année, une célébration culturelle a eu lieu dans les camps de réfugiés du Sahara occidental à Tindouf.

    Cet événement annuel, qui marque l’anniversaire de la déclaration de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 par le Polisario, a été organisé par le ministère de la Culture du gouvernement du Sahara occidental en exil. Pendant cinq heures, les poètes ont récité leur travail dans une « tente culturelle ».

    « Ce n’est pas tous les jours qu’on voit tous les grands poètes, surtout les anciens », explique Mohamedsalem Wared, un militant sahraoui de 35 ans qui est né et a grandi dans les camps. « Cela me parle en tant qu’être humain et Sahraoui. Je me sens plus représenté dans la poésie que dans toute autre chose. »

    En tant que peuple largement pastoral et nomade, la poésie et le chant (les deux sont si étroitement liés que le mot hassiniya leghna signifie à la fois le chant et la poésie lyrique) avait traditionnellement des fonctions vitales dans la vie de la société.

    Comme la poésie orale en générale, la leur était composée selon des règles métriques et formelles strictes, restées plus ou moins inchangées pendant des siècles. Les poèmes doivent avoir deux hémistiches (teefelwatan), avec une rime à la fin de chacun. Les rimes qu’un poète a choisies fixent alors le rythme que suivra le poème.

    Comme l’explique Mustafa El-Kattab, ministre du Polisario et chercheur en poésie sahraouie, « le type de voyelles utilisées dans chaque hémistiche détermine le choix du mètre pour le poème ».

    La tente culturelle qu’a visitée Wared recréait l’aspect social du rassemblement, de l’écoute et de l’appréciation des vers. Avant le colonialisme, elle avait aussi des fonctions plus pratiques : se souvenir et transmettre les noms des lieux et des pratiques qui servaient les gens du désert à l’élevage de chèvres et de chameaux ; préserver le folklore, la sagesse et les mœurs ; et fournir un moyen d’interagir avec d’autres « tribus ».

    Contrairement à la Mauritanie voisine, le statut de poète n’est pas (du moins de mémoire vivante) une fonction de caste. Certains poètes naissent dans des familles de poètes, d’autres le deviennent en écoutant et en apprenant le métier. Ce n’est pas non plus un rôle sexué : femmes et hommes sont poètes.

    Dans les années 1970, tout a changé. Un mouvement indépendantiste croissant a uni les « tribus » en un peuple du Sahara – les Sahraouis – et poussait à l’autodétermination de l’Espagne, semblable à celle qui avait déjà été accordée à l’Algérie voisine et aux États de l’ancienne Afrique-occidentale française.

    Malgré la reconnaissance par l’ONU du Front Polisario, la promesse espagnole d’un référendum et la décision de la Cour internationale de Justice, après la mort du dictateur espagnol Franco, en 1975, le territoire a été transféré au Maroc et à la Mauritanie. La guerre a éclaté, qui a duré jusqu’à un cessez-le-feu en 1991.

    Pendant ce temps, la poésie sahraouie a changé radicalement aussi. Elle a conservé sa forme et structure particulière, mais le contenu était complètement différent. Un nouveau genre a vu le jour, qu’El-Kattab qualifie de « poésie socialement engagée ».

    Al Khadra Mabrook, aujourd’hui octogénaire, indique que sa propre poésie a subi ce changement, passant de la poésie qui « célébrait principalement la beauté féminine », aux poèmes qui lui donnaient le surnom de « poétesse du fusil ».

    Dans l’un de ses poèmes les plus connus, plutôt que de célébrer la beauté, elle célèbre la vue d’un nouveau char soviétique acquis par l’armée de guérilla du Polisario. Elle termine en s’adressant à l’ennemi :

    Pillards ! Sachez que ce char sera impitoyable pour ses ennemis
    Et réduira en poussière les envahisseurs et toutes leur artillerie

    Dès le début de la guerre, son travail n’avait « qu’un seul objectif : inspirer et encourager, louer une armée qui sauvait des gens en danger, au mépris du danger pour eux-mêmes ». Elle-même fait partie de la moitié de la population sahraouie qui, fuyant la guerre en 1975, a été « sauvée » par cette armée et vit maintenant dans les camps de réfugiés près de Tindouf.

    Mabrook livre sa poésie avec théâtralité et force, et tout cela, dit-elle, « est pour la révolution ».

    Poésie de la guerre

    La poésie sahraouie des années de guerre a un dynamisme unique, un sens de l’humour et elle est directe et utile. Pourtant, à certains égards, elle est figée dans le temps, appartenant à une période qui ne peut pas être recréée et inspirant chez ses jeunes auditeurs non seulement un sentiment de gloire de l’unité, la victoire et le sacrifice, mais aussi des sentiments de honte ou d’insuffisance pour avoir grandi en des temps moins héroïques.

    Le travail de Mabrook a été diffusé par sa petite-fille, la chanteuse Aziza Brahim, qui vit en Espagne et a mis en musique la poésie de sa grand-mère.

    Mariam Hassan, qui est restée dans les camps et est morte en 2015, a également connu un succès international et a enregistré trois albums studio, qui contiennent des chansons créées à partir de la poésie sahraouie.

    Cependant, l’histoire distinctive de la poésie sahraouie et le conflit géopolitique, dont il est difficile de démêler les poèmes, n’ont pas aidé à sa diffusion.

    Et, selon le poète et bibliothécaire du ministère de la Culture du Polisario, Mahmoud Hadri, trouver un éditeur arabe prêt à publier de la poésie sahraouie peut être un défi, de sorte qu’elle reste principalement l’apanage des gens dont la vie et les luttes en ont été l’inspiration.

    Pourtant, pour ces gens, la poésie reste inestimable. Pendant la guerre, le rôle de la poésie dans la société était clair. Quelques années avant sa mort, Beyibouh El Haj déclarait : « Le temps des combats et de la libération était le temps de l’épanouissement de la poésie. »

    Comme beaucoup de poètes sahraouis, il considérait ses poèmes en termes militaires. La poésie était « une arme pour révéler le vrai visage du Maroc… aucun missile ne peut la détruire ».

    Après des décennies d’incertitude, d’exil et d’oppression continue dans la patrie – l’année dernière, une femme a été tuée et des dizaines de personnes blessées dans une violente répression lors des célébrations de la victoire de l’Algérie dans la Coupe d’Afrique des nations – le problème aujourd’hui, c’est : que peuvent écrire les poètes maintenant ?

    L’un des poèmes ultérieurs de Beyibouh, Aux Jeunes, exhorte directement une génération née en exil à ne pas abandonner la lutte pour l’indépendance :

    Écoutez les jeunes,
    je ne veux pas me montrer critique,
    mais pourquoi tournez-vous le dos à la patrie ?

    Les poèmes que Wared a entendus lors du festival culturel semblaient « s’adresser à moi, qu’ils évoquent ce que les gens ont vécu pendant la guerre ou qu’ils disent à ma génération que nous n’en faisons pas assez ».

    Nadgem Said est un poète de la même génération de Wared. Il dit essayer d’utiliser sa poésie « pour contribuer à la cause ». Formé en Libye et en Algérie, son Poème sur le devoir de l’étudiant universitaire tente de reprendre l’exhortation de Beyibouh à agir dans son propre appel à ses pairs (et lui-même) :

    Donnez de la voix à ce que vous avez appris :
    décrivez les douleurs de votre race souffrante,
    l’abus et l’agonie qui sont devenus lieux communs
    tandis que les yeux du monde se fermaient.

    Badi était un grand ami de Beyibouh, mais sa poésie nostalgique pour la terre et un mode de vie perdu a également inspiré une nouvelle génération, d’une manière différente de la poésie de la guerre de Beyibouh.

    Badi était résolument contre la modernité. Lorsque le wi-fi a été installé dans les camps, il en a été convaincu, « désormais, nous ne rentrerons plus dans notre pays ». Il dédaignait même la poésie moderne, qu’il rejetait, selon sa fille, comme étant de la « fast food », quelque chose qui « vous remplit, mais ne vous nourrit pas. Elle est simplement faite pour la célébration ».

    Pourtant, malgré cela, elle observe que « la meilleure poésie de Badi est universelle parce qu’elle est si particulière. Il est honnête et fidèle à sa vie et donc l’auditeur s’y retrouve avec lui ».

    Face à ce que les universitaires américains Stephen Zunes et Jacob Mundy appellent « un génocide lent », où, au cours de quatre décennies, « les politiques marocaines visaient l’effacement symbolique de la nation sahraouie », des poèmes comme Tishuash préservent un mode de vie et une identité.

    En se souvenant et en recréant le mode de vie de sa génération, alors qu’en tant que pasteurs nomades, ils étaient intimement liés à la terre dont le peuple tient son nom, les poèmes de Badi ont aidé les nouveaux Sahraouis connectés numériquement à se sentir ancrés dans quelque chose qui leur appartient et à ressentir un sentiment d’appartenance à un lieu, même s’ils n’ont jamais été en mesure de le visiter.

    Un recueil de poésie sahraouie, Settled Wanderers, est disponible auprès de Influx Press, traduit en anglais par SamBerkson, en collaboration avec l’artiste sahraoui Mohamed Sulaiman, avec une introduction par les universitaires américains Stephen Zunes et Jacob Mundy

    Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

    Source : Middle East Eye, 3 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Poésie, litérature, chants, vers, 

  • Sahara Occidental : Le Maroc manœuvre à nouveau pour bloquer le processus de paix

    ENTRE MANIPULATIONS ET INTOX : Le Maroc manœuvre à nouveau pour bloquer le processus de paix

    Les déclarations faussement attribuées par l’agence de presse marocaine (MAP) au secrétaire général de l’ONU sur Guerguerat constituent une nouvelle manœuvre du régime marocain, avant la réunion du Conseil de sécurité prévue fin octobre pour examiner la question sahraouie, a estimé jeudi Dr. Amari Taher-Eddine, professeur des relations internationales à l’université de Tizi Ouzou.
    Dans une déclaration à l’APS, Dr. Amari a précisé que « la campagne de manipulation marocaine reflète les appréhensions du régime marocain de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la question sahraouie. Elle vise à empêcher la désignation de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental et la définition d’un calendrier pour l’organisation du référendum d’autodétermination, d’autant que l’opération de recensement des habitants sahraouis effectuée par la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) touche à sa fin ».

    « Les déclarations de la Haute Commissaire onusienne aux droits de l’homme qui a fait part de son souhait de débattre des normes d’envoi d’une mission technique au Sahara occidental pour s’enquérir de la situation des droits de l’homme dans ce territoire occupé ont dérangé le régime marocain », ce qui explique cette campagne, a-t-il estimé.

    La manœuvre de la MAP n’est pas la première du genre et ne sera pas la dernière », a souligné Dr Amari, rappelant, dans ce sens, « le problème créé par le Maroc en 2018, lorsqu’il a envoyé ses forces à Guerguerat et a procédé au bitumage d’une route menant vers la Mauritanie. Suite à quoi, le Front Polisario avait réagi en déposant plainte auprès de l’ONU infligeant ainsi un échec à la diplomatie marocaine.

    Pour l’enseignant universitaire, « les mensonges des médias marocains n’ont pas uniquement des objectifs politiques mais économiques aussi en vue de s’accaparer les richesses naturelles du Sahara occidental et semer ainsi la confusion pour détourner l’attention de l’essence même de la question et exploiter indûment les richesses sahraouies ».

    Le régime marocain veut « mettre le Front Polisario sur le banc des accusés », alléguant qu’il (Polisario) « ne respecte par la légalité internationale et fait fi du droit international, en menaçant la sécurité et la paix internationales » et tenter donc de « l’isoler diplomatiquement au niveau de l’ONU et de l’UA », a-t-il poursuivi. « Ces pratiques sont obsolètes et d’une autre époque, car la communauté internationale est consciente qu’il s’agit là d’une question de décolonisation », a-t-il soutenu.

    L’intervenant a rappelé que « le régime marocain se doit d’appliquer toutes les décisions onusiennes et de se conformer à la légalité internationale à l’effet d’organiser le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et d’aboutir à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique pour instaurer la paix et permettre à la région de lever les obstacles empêchant l’édification de l’Union du grand Maghreb ».

    La MAP avait récemment attribué une fausse déclaration au SG de l’ONU dans laquelle elle a prétendu à tort que Antonio Guterres avait lancé un appel au Front Polisario en vue de « mettre fin à l’obstruction de la circulation civile et commerciale » dans la zone de Guerguerat.

    M. B.

    Le Courrier d’Algérie, 3 oct 2020

    tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario,  ONU, MINURSO, El Gargarat,

  • Sahara occidental : Action prévue du Conseil de Sécurité

    En octobre, le Conseil devrait renouveler le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui expire le 31 octobre. Auparavant, il espère recevoir un exposé sur la MINURSO, conformément à la résolution 2494. Colin Stewart, le Représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, le fera probablement. Les séances d’information sur le Sahara occidental ont généralement eu lieu lors de consultations.

    Développements récents clés

    La situation politique concernant le Sahara occidental reste inchangée. Le Secrétaire général n’a pas encore nommé de nouvel Envoyé personnel depuis que le précédent envoyé, l’ancien président allemand Horst Köhler, a démissionné de son poste le 22 mai 2019 en raison de problèmes de santé. L’envoyé personnel a pour mandat de faire avancer le processus politique vers le règlement du différend du Sahara occidental, et l’année précédant sa démission, Köhler avait mené avec succès plusieurs tables rondes avec le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. (Le Sahara occidental a fait l’objet de différends territoriaux depuis le retrait de l’Espagne en 1976. Au départ, le Maroc et la Mauritanie ont présenté des revendications, mais la Mauritanie a renoncé à sa revendication en 1979. Le mouvement indépendantiste, connu sous le nom de Front Polisario, représente les habitants nomades de la Région du Sahara Occidental connue sous le nom de Sahraouis).

    Le processus en cours pour désigner un nouvel envoyé personnel est peu connu du public, même s’il semble que certains candidats aient été approchés. Les membres du Conseil se sont réunis pour la dernière fois pour discuter de la situation au Sahara occidental dans une visioconférence à huis clos le 9 avril, et le Représentant spécial Stewart a fait un exposé.

    Le 22 juillet, le bureau du Secrétaire général António Guterres a présenté à l’Assemblée générale un rapport marquant la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, pour examen à sa 75e session. Le rapport notait l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2494, dernier renouvellement de la MINURSO, le 30 octobre 2019, ainsi que le désir de voir les parties poursuivre le dialogue malgré la démission de Köhler. Le rapport indique également que le Secrétaire général continue d’utiliser ses bons offices pour faire progresser la situation au Sahara occidental.

    La situation du COVID-19 dans la zone est difficile à évaluer en raison de la nature contestée du territoire. La base des données en ligne de l’Organisation mondiale de la santé n’inclut aucun numéro du Sahara occidental et répertorie plutôt le Maroc et l’Algérie. Le 22 avril, les agences humanitaires ont soumis un rapport complet sur les besoins de prévention et d’intervention contre le COVID-19 pour les réfugiés du Sahara occidental à Tindouf, en Algérie. Le camp de Tindouf est le plus grand camp de réfugiés sahraouis et est situé dans le désert juste à l’intérieur de la frontière algérienne. Sa population est d’environ 150 000 habitants, bien qu’il n’y ait pas de décompte exact, et abrite des réfugiés sahraouis depuis 1975. À Tindouf, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est la principale agence humanitaire, soutenue par le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF. La MINURSO est l’acteur principal responsable de la sécurité. Le HCR et les dirigeants sahraouis ont lancé un groupe de travail COVID-19 qui a établi un processus pour renvoyer les cas suspects potentiels à l’hôpital de Tindouf. Le HCR coordonne également la réponse aux besoins des réfugiés comme indiqué dans le rapport

    Le 30 octobre 2019, le Conseil a adopté la résolution 2494, renouvelant le mandat de la MINURSO pour un an. Les États-Unis, en tant que porte-plume, ont choisi de ne pas apporter de modifications significatives au texte. Treize membres du Conseil ont voté pour, la Russie et l’Afrique du Sud se sont abstenues (comme elles l’ont fait lors du vote précédent, en avril 2019). Dans leurs déclarations, les deux pays ont souligné leur soutien aux travaux de la MINURSO. La Russie a toutefois indiqué qu’elle était convaincue que d’autres tentaient d’utiliser le renouvellement pour «prédéterminer la direction du processus de négociation mené sous les auspices des Nations Unies ou pour changer les approches établies affirmées dans des résolutions adoptées antérieurement». Expliquant son vote, l’Afrique du Sud a énuméré plusieurs aspects du texte dont elle n’était pas pleinement satisfaite, notamment sa préférence pour un renouvellement de mandat de six mois qui aurait conduit à une discussion plus fréquente du Sahara occidental par le Conseil et sa conviction que la MINURSO aurait dû un mandat formel en matière de droits de l’homme pour mener «le suivi des éventuelles violations des droits de l’homme de toutes parts».
    Développements liés aux droits de l’homme

    S’adressant au Conseil des droits de l’homme à l’ouverture de sa 45e session, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet a déclaré que son bureau avait poursuivi son suivi à distance de la situation au Sahara occidental. Elle a déclaré que les dernières missions techniques avaient eu lieu il y a cinq ans et que de telles missions étaient «vitales pour identifier les problèmes critiques des droits de l’homme de toutes parts et contribuer à prévenir l’escalade des griefs».

    Principaux problèmes et options

    Les membres du Conseil peuvent se concentrer sur l’absence continue d’envoyé personnel et, par ricochet, sur l’absence de progrès politique sur l’une des questions les plus anciennes du Conseil. La MINURSO a été créée en 1991 dans le but principal de faciliter un référendum pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Aujourd’hui, ses tâches consistent principalement à surveiller le cessez-le-feu à travers le Berm, un mur de sable de 1700 km de long qui sépare la partie du Sahara occidental administrée par le Maroc de celle gérée par le Front Polisario. Les membres voudront être informés de tout défi sur le terrain pour la MINURSO ou de difficultés à s’acquitter de son mandat. Il n’y a eu aucun progrès vers la tenue d’un référendum: les membres du Conseil peuvent y réfléchir, car 2020 marque le 44e anniversaire du début du conflit sur des revendications concurrentes sur le territoire.
    Conseil et dynamique plus large

    De nombreux Etats membres sont frustrés par l’absence d’envoyé personnel et par l’absence concomitante de progrès politique. Ils peuvent exprimer ces préoccupations. Si beaucoup ne veulent pas être accusés d’avoir enfreint la prérogative du Secrétaire général de nommer ses propres envoyés personnels, les membres du Conseil sont néanmoins préoccupés par le fait que rien ne s’est passé depuis plus d’un an.

    Depuis qu’il a rejoint l’UA en 2017, après une absence volontaire de 33 ans parce que l’organe prédécesseur de l’UA a admis le Sahara occidental en tant que membre sous le nom de «République arabe sahraouie démocratique», le Maroc a intensifié ses efforts pour maintenir sa gouvernance de facto en partie du Sahara occidental et tenter d’amener certains membres de l’UA autour de sa thèse. L’Algérie a également renouvelé son implication au Sahara Occidental après s’être récemment retirée pendant qu’elle formait un gouvernement.

    L’Afrique du Sud reste l’allié le plus fidèle du Polisario au Conseil. Elle est susceptible de continuer à faire pression pour plus de négociations pour déterminer le statut du Sahara occidental et pour une focalisation sur les droits de l’homme dans tout renouvellement du mandat.

    Les États-Unis sont le porte-plume du Sahara occidental. Les résolutions sont initialement discutées au sein du Groupe des Amis, composé de la France, de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis, rejoints par l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale et un pays qui fournit beaucoup de soutien logistique et humanitaire aux Sahraouis de Tindouf. De manière controversée pour certains, il n’y a aucune représentation du continent africain au sein du Groupe des amis.

    Source : Security Council Report (traduction non officielle)

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,

  • Sahara Occidental : L’histoire des légionnaires espagnols qui ont rallié le Polisario

    Parmi les contingents militaires espagnols opérant au Sahara Occidental jusqu’à 1975 se trouve le 3ème Tercio Millan Astray de la Légion. Celle-ci offrait l’aministie à toute personne qui s’y engage dont beaucoup d’étrangers.

    En novembre 1975, il était claire que la présence espagnole dans son ex-colonie arrivait à sa fin. Certains légionnaires ont décidé de fuir les mauvais traitement subis dans la légion et rallier le Front Polisario, notamment parce qu’il avait des amis sahraouis. Parmi ceux que je connais il y avait deux espagnols, un vénézuélien et un portugais.

    Le réglement interne du Polisario exigeait de changer de nom pour assurer la clandestinité. Un des légionnaires était connu sous le nom de « Abdala ». Il a participé à la bataille d’Amgala et selon ses compagnons, il a brillé par son courage et son génie dans l’utilisation du mortier. Il est tombé dans la première bataille d’Amgala le 29 janvier 1976. Il est resté dans la mémoire de tous ceux qui l’ont côtoyé. Ceux-ci raconte que lorsque les combattants ont reçu l’ordre de « Linsihab » (retrait), il disait « Non, pas de linsihab », il ne voulait pas fuir devant les marocains.

    L’autre légionnaire espagnol se trouvait à Rabouni, où j’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises. Il est disparu en 1978. Personne ne connaît son sort, mais on s’en doutait tous. Il a été assassiné. Les dirigeants sahraouis voyaient des « espions » partout, même parmi les sahraouis dont nombreux ont été tués et emprisonnés dans la tristement célèbre prison d’Errachid.

    Le vénézuélien se faisait appeler Larosi, mais les amis l’appellaient Larry. Il a forgé le respect grâce à sa broche, c’était un artiste dont les toiles sont restés dans l’histoire de la peinture sahraouie. Ses traces se trouvent dans les écoles, les wilayas et les murs construits à l’occasion des congrès et des fêtes d’anniversaire de la RASD et du Front Polisario. Il a asauvé sa peau grâce à son art et sa capacité d’adaptation. A présent, se trouve à Barcelone où il s’est marrié à Montserrat Aizcorbe, une ancienne infirmière qui a exercé dans les camps des réfugiés sahraouis en Algérie dans les premières années de l’exile.

    Le 4ème légionaire, le portugais Joseph Henrique Furtado travaillait avec moi dans la base arrière de la 2ème Région Militaire à Ouediane Towtrate, en territoire algérien, tout près de la ville sahraouie de Mahbes. Il s’occupait de la boulangerie. Plus tard, Babia Chiaa, chef de la base à l’époque et actuel ministre du commerce de la RASD, l’a chargé de l’utilisation et la maintenance du générateur d’électricité. Un générateur qui était une véritable bénédiction à une époque où la seule lumière étaient les lampes de pétrole. Ce générateur fait partie du butin d’un bateau qui a été détruit par les unités de la marine sahraouie, des unités formés à Cuba et dont l’action était un véritable cauchemar et pour le Maroc et pour l’Espagne dont les bateaux de pêche opéraient dans les eaux territoriales du Sahara Occidental en vertu des closes des Accords illégaux de Madrid du 14 novembre 1975. Accords qui ont permis au Maroc et à la Mauritanie de partager le territoire sahraoui riche en ressources naturelles.

    Le pseudonyme de Joseph était Hosein et se donnait à coeur à son travail malgré le mépris de ses compagnos sahraouis dont la mentalité était archaïque. Souvent, je me rendais dans sa chambre pour bavarder et lui remonter le moral.

    Au mois de janvier 1981, j’ai quitté la base pour rejoindre un groupe de jeunes selectionnés pour la formation en Libye sur les missiles anti-aériens connus sous le nom de Sam-6. Hosein a disparu après mon départ. Une autre victime de la paranoïa des leaders sahraouis.

    Prochain récit : La formation sur les misiles SAM-6 en Libye

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, légion espagnols, crimes, assassinats, Espagne, pêche, ressources naturelles, 

  • Sahara Occidental : 44ème anniversaire du martyre d’El Ouali, fondateur du Front Polisario

    Le 8 juin éclatait sur tous les téléscripteurs du monde l’annonce de l’attaque pleine d’audace de la capitale mauritanienne, par une unité de l’Armée Populaire de Libération Sahraouie commandé par El Uali Mustafa Sayed, fondateur du Front Polisario.

    L’attaque contre Nouakchott n’était isolée, des opérations se déroulaient dans tout le pays, du Nord au Sud, d’Ouest en Est. La spectaculaire opération de Nouakchott est simplement l’extension, à toute la Mauritanie, des combats menés jusqu’alors par le Front Polisario, dans toute la région Nord de ce pays, dans les villes d’Aïn Bentili, Bir Moghrein, Ouadane, Chinguetti, Atar, pour répondre à l’alliance entre le roi du Maroc et Mokhtar Ould Daddah dans l’invasion armée et l’occupation du Sahara Occidental. Des combats sur lesquels les autorités mauritaniennes faisaient le silence le plus total afin que le peuple mauritanien les ignore, se déroulaient régulièrement en effet, depuis janvier 1976, dans la région nord de la Mauritanie.

    Avec le bombardement de Nouakchott, le Martyr El Uali visait que le peuple mauritanien prenne conscience des massacres faits en son nom contre le peuple sahraoui frère. Les tirs des mortiers sahraouis se sont abattus sur le palais présidentiel, les stations de radio et télévision, les ambassades et les ministères. Tous les témoignages concordent pour dire qu’une très grande panique s’est emparée de Nouakchott à la suite des bombardements des maquisards sahraouis.

    Pour rassurer le peuple mauritanien, le gouvernement d’Ould Daddah a essayé de faire un rideau de fumée autour de cet événement. Pour masquer sa défaite, il a tenté d’expliquer que l’attaque était menée par l’Algérie. Il a tenté ensuite, par une mise en scène utilisant pour décor son propre matériel, d’aligner un équipement militaire impressionnant (devant lequel la population a été invité à défiler) destiné à symboliser les prises de guerre conséquentes à l’anéantissement total d’une colonne armée et blindée de 800 hommes.

    Les thèses distillées par le gouvernement Daddah manquaient de concertation et changeaient en fonction de la date, des interlocuteurs et des intervenants, mais il est important d’examiner celles dont la presse s’est fait l’écho.

    L’ambassadeur de Mauritanie à Paris (Le Monde du 16/6/76) a fait, par exemple, des déclarations relevant d’une imagination dont les débordements rendent incrédibles la moindre de ses affirmations. Il a parlé d’une colonne du Front Polisario « estimée à 700 ou 800 hommes ». Cela voudrait d’abord qu’entre les limites du Sahara Occidental et Nouakchott, il y a un désert totalement inhabité.

    L’attaque qui a eu lieu à 10 heures dans la matinée du 8 juin 1976, est venue déranger les officiels mauritaniens qui étaient entrain de se regrouper pour discuter des dispositions à prendre contre le raid surprise sur Nouakchott intervenu une heure auparavant. Si le gouvernement mauritanien se félicite, à grand bruit, des succès remportés par l’armée mauritanienne avec des chars livrés par la France trois semaines plus tôt, il faut noter qu’il les date du 9 juin (le lendemain du raid sur Nouakchott) et les situe dans la région d’Akjoujt (à 300 km de Nouakchott). Il y a bien eu deux Land-Rover des geurrilleros sahraouis qui se sont trouvées sous le déluge de feu de l’armée mauritanienne. Elle contenaient le Secrétaire Général du Front Polisario et une équipe de déminage qui était entrain d’exploser les points d’eau de la région, à Hassi Bennichab plus précisément.

    Ayant des objectifs purement politiques, le bombardement de Nouakchott grâce à des précisions de tirs remarquables a soigneusement évité d’atteindre la population civile. Lors de l’attaque du soir, des fusées éclairantes ont été employées dans le souci d’éviter de faire des victimes civiles. Les tirs ont été dirigés essentiellement sur les cours du palais de Mokhtar Ould Daddah et des ambassades des pays fortement impliqués dans la guerre de génocide menée à l’encontre du peuple sahraoui par les armées marocaine et mauritanienne.

    Outre le palais présidentiel et Radio Nouakchott, ce sont les ambassades de France, des Etats-Unis et de la République Fédérale d’Allemagne qui ont été touchées.

    Cette ambiance transportée brutalement dans la quiétude de la capitale mauritanienne avait pour objectif de faire prendre conscience à un peuple avec lequel le peuple sahraoui a de très nombreux liens et de très fortes traditions de lutte commune contre l’envahisseur étranger, des crimes perpétrés depuis décembre 1975 contre les enfants, les femmes et les hommes sahraoauis par l’armée de l’ancien interprète colonial devenu président qu’est Mokhtar Ould Daddah.

    S’agissant d’une interposition d’ambiance de guerre et non des désolations que sème habituellement la guerre, l’attaque de Nouakchott (dont la très grande vulnérabilité était prouvée à ses habitants) était également destinée à montrer l’absence d’hostilité à l’égard d’un peuple dont le gouvernement se comporte pourtant comme un génocidaire à inviter le dit peuple à se dresser contre un régime dont il est la première victime.

    Les objectifs choisis par Eluali Mustafa Sayed sont militaires par les moyens employés mais sont avant tout politiques par les résultats escomptés. Les combats se situant directement dans les pays envahisseurs ont pour objet de montrer aux peuples de ces pays, la matérialité, l’horreur de la guerre et la vulnérabilité aussi des forces expansionnistes mais aussi d’affirmer aux yeux du monde entier la volonté farouche d’indépendance du peuple sahraoui.

    Biographie d’El Ouali Moustapha Sayed

    Il était le fils d’une famille nomade dans la région de la Hamada, près de Bir Lehlou. Ses parents ont pris une part active comme beaucoup de sahraouis à la première guerre de libération contre le colonialisme espagnol en 1957.

    Après l’accord tripartie entre la France, l’Espagne et le Maroc, sa famille fut vicitme de l’Opération « Ecouvillon » organisée par les trois armées contre le peuple sahraoui, opération qui décima le cheptell afin de réduire la résistance et d’urbaniser les sahraouis, leur mouvements étant alors facilement contrôlables.

    Sa famille gagne alors le sud marocain. El Ouali commence ses premières études à l’âge de 12 ans, mais doit les abandonner pour secourir sa famille. En 1964, il peut se remettre à étudier, mais est expulsé de l’école pour des raisons politiques. Malgré son âge, il reste attaché à l’enseignement et entre à l’Institut Islamique où il restera 4 ans. Il en sort bachelier, gagne l’Université de Rabat et acquiert les premières notions de sciences politiques.

    Durant les vacances qu’il passait parmi les siens en milieu réfugié, il prépare la lutte et donne des cours. De temps en temps, il gagne clandestinement le « Sahara Espagnol » et prend contact en 1972 avec des nationalistes du mouvement du Martyr Mohamed Sidi Brahim Bassiri.

    Il participe en 1972 à la manifestation pacifique de Tan-Tan. Il est fait prisonnier, interrogé et torturé durant trois semaines à Agadir. Il réussit à rejoindre le Sahara Espagnol et y poursuit son travail de préparation de la lutte armée.

    En 1973, il prend contact en Mauritanie avec le mouvement clandestin des Kadihin et participe le 10 mai à la création du Front Populaire pour la Libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro (Front Polisario). Le 20 mai, il prend part à la première attaque contre le poste militaire espagnol d’El Khanga.

    Envoyé pour prendre contact avec la Lybie, l’Algérie, il visite les pays arabes et africains. En août 1974, il est nommé Secrétaire Général du Front Polisario. A la tête de différentes délégations, il rencontre Kurt Waldheim, Secrétaire Général de l’ONU, Cortina Mauri, ministre espagnol des affaires étrangères, Olof Rydbeck envoyé de K. Waldheim. Il a pu aussi rencontrer le président de la République Islamique de Mauritanie en 1975.

    El Ouali, devenu Secrétaire Général, reste un homme du peuple qu’aucune question ne laisse indifférent. Son intelligence très vive fait de lui un excellent organisateur. C’est de plus un homme de grande énergie qui, par son activité débordante, a su se faire apprécier très vite dans tout le Maghreb. Son nom de héros ne vient pas seulement de son militantisme quotidien pour changer les conditions héritées du colonialisme, mais aussi de son courage et de son audace qui mènent les combats à la victoire.

    El Ouali restera le symbole de la liberté, de la dignité et l’honneur de tout un peuple. Ce peuple lui a rendu hommage en restant fidèle aux principes auxquels il a consacré sa vie.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Mauritanie, Front Polisario, El Ouali Moustapha Sayed,


  • Sahara Occidental : Le peuple sahraoui mérite de vivre dignement sur ses terres

    Est-il venu le temps de démolir le mur de la honte ?

    la communauté internationale doit se rappeler que quelque part dans le monde, , un peuple spolié, déshérité, paupérisé, est enfermé dans de véritables prisons à ciel ouvert .

    Ce sont les sahraouis qui subissent de tels affres et dont la cause est la plus ancienne en Afrique et de surcroît la seule à ne pas être traitée selon les usages du droit international.

    Dés les années 70, le Maroc a mis la main sur la majorité des terres du peuple sahraoui qui venait juste d’être libéré de la colonisation ibérique et a usé de tous les subterfuges et lobbies internationaux pour faire pression , amadouer et acheter la volonté de plusieurs chefs d’états afin qu’ils ne reconnaissent pas ou retirent leurs reconnaissances du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à se disposer de lui même afin d’assurer un avenir radieux à ses futures générations !

    A partir de 1975, éclate une guerre entre Le Royaume du Maroc, qui voulait s’accaparer illégalement le territoire, et les autochtones que sont les sahraouis qui résistent à cette invasion .Très motivés et connaissant parfaitement le terrain, les sahraouis infligent aux troupes marocaines de lourdes pertes.

    Le roi Hassen 2 du Maroc , en a fait une affaire d’honneur national pour détourner son opinion nationale de l’essentiel tel que la libération des territoires marocains de Sebta , Mellila et autres îles ou flottent le drapeau espagnol.

    Afin de se prémunir de cette situation fait appel aux américains et aux israéliens qui l’ont aidés à construire un mur défensif et imperméable de sable , coupant en deux le territoire ,dont les terres ont été compartimenté en 7 ou 8 zones .

    Ce mur n’a pas empêché les sahraouis de le traverser.

    Aussi, la non résolution du problème sahraoui a envenimé la vie des maghrébins et les a privé de véritables chances de communion , de solidarité, de développement et de prospérité.

    Le referendum doit se faire à tous prix !

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario,

  • Sahara Occidental: M’hamed Kheddad inhumé au cimetière du camp de Smara

    Le dirigeant sahraoui M’hamed Kheddad, décédé le 1er avril dernier en Espagne a été inhumé hier au cimetière du camp de Smara, selon la commission en charge de ses funérailles, précisant que toutes les mesures administratives et sanitaires relatives au rapatriement dans les camps de réfugiés sahraouis de la dépouille du dirigeant et diplomate sahraoui avaient été prises.

    La dépouille de l’ancien coordinateur du Front Polisario auprès de la Minurso était arrivée samedi dernier à l’aéroport de Tindouf à bord d’un vol spécial en provenance de Madrid (Espagne). La dépouille a été accueillie par une importante délégation sahraouie conduite par le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, les autorités locales de la wilaya de Tindouf et des représentants de la société civile.

    Le diplomate sahraoui M’hamed Kheddad est décédé des suites d’une longue maladie, mais la situation sanitaire mondiale induite par la pandémie de Covid-19 n’a pas permis le rapatriement de sa dépouille dans les camps de réfugiés sahraouis. Suite au décès de M’hamed Kheddad, la Présidence sahraouie avait décrété un deuil national d’une semaine. Elle écrira dans un communiqué que «le peuple sahraoui, sans aucun doute, perd l’un de ses hommes les plus loyaux et les plus honorables», ajoutant que le défunt était «l’un des militants et dirigeants du Front Polisario qui ont accompagné la lutte sahraouie depuis ses débuts avec sincérité, sacrifice et générosité».

    Eminent militant du Front Polisario, en 1978, il faisait partie de la délégation sahraouie lors des premières négociations directes avec le Maroc, tenues à Bamako, au Mali. Il a également été ambassadeur de la République sahraouie démocratique (RASD) en Algérie à deux reprises et a été responsable du département européen au sein du Comité extérieur du Front Polisario.

    Le défunt M’hamed Kheddad a occupé plusieurs postes, notamment au sein des institutions sahraouies, à l’étranger et dans les ambassades et les missions diplomatiques. Il a joué un rôle central dans le processus de règlement ONU-UA en tant que coordinateur auprès de la Minurso, chef et membre de la délégation de négociation sahraouie. Il a aussi joué un rôle de premier plan et fondamental dans la bataille juridique menée par le Sahara occidental notamment sur la scène européenne.

    Sud-Horizons, 7 juin 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Mhammed Khaddad, ONU, MINURSO,

  • La position irrésolue du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’autodétermination au Sahara occidental

    Deich Mohamed Saleh

    Environ vingt-neuf ans se sont écoulés depuis que les forces de maintien de la paix de l’ONU sont arrivées sur le terrain du Sahara occidental pour une mission précise, qui était la supervision d’un référendum d’autodétermination pour le peuple du territoire. Ce référendum n’a pas encore vu le jour en raison de l’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU, malgré de nombreuses résolutions de l’ONU et de l’OUA-UA et l’engagement de personnalités éminentes. Malheureusement, celui qui a bénéficié de la situation de tergiversation est le Royaume du Maroc, qui occupe illégalement le territoire, alors que la victime est le propriétaire légitime, le peuple du Sahara occidental, qui en a assez d’attendre si longtemps. L’échec de l’ONU, depuis plus de cinquante ans, dans l’application du droit légitime du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance ne laisse aucun doute sur la manière dont l’action de la communauté internationale est contrôlée par des intérêts et non par des principes.

    Le processus de décolonisation

    Le processus de décolonisation du Sahara occidental remonte à l’époque coloniale espagnole (1884-1976). Depuis l’inscription du territoire en 1963 sur la liste des territoires non autonomes, le traitement de la question par les Nations unies est basé sur la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations unies contenant la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Cependant, l’Assemblée générale des Nations unies, dans ses premières résolutions sur la question du Sahara espagnol (2072(XX) de 1965 et 2229(XXII) de 1966), a demandé à l’Espagne de décoloniser le territoire par un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental. L’augmentation de la pression interne et internationale a fait que l’Espagne a déclaré en août 1974 son intention d’organiser le référendum d’autodétermination du territoire au début de 1975. Le roi Hassan II du Maroc a annoncé que son pays ne pouvait pas accepter un référendum incluant l’option de l’indépendance et a été rejoint par la Mauritanie dans sa revendication du Sahara occidental, demandant l’arbitrage de la Cour internationale de justice (CIJ) pour rendre un jugement sur le statut juridique précolonial du territoire. Dans sa résolution 3292 (XXXII) de 1974, l’Assemblée générale des Nations unies a demandé à la CIJ de rendre un avis consultatif sur le statut du Sahara occidental avant la colonisation espagnole, et a demandé à l’Espagne de reporter le référendum jusqu’à ce que l’Assemblée générale puisse décider d’un processus de décolonisation incluant un avis consultatif de la CIJ. Cependant, l’avis consultatif de la CIJ, qui a été publié le 16 octobre 1975, niait tout lien de souveraineté du Maroc et de la Mauritanie sur le Sahara occidental. La CIJ a approuvé la décolonisation du territoire sur la base du principe d’autodétermination. En réponse à l’arrêt de la CIJ, le roi Hassan II, avec la complicité de certaines puissances occidentales, a ordonné l’invasion et l’occupation militaires du Sahara occidental le 31 octobre 1975.

    Pour sa part, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) / maintenant Union africaine (UA), s’est inspirée des principes et objectifs de sa Charte pour traiter la question du Sahara occidental depuis sa création en 1963, en particulier ceux relatifs à la décolonisation totale des territoires africains sous occupation étrangère. La position du bloc africain a été renforcée par le statut du territoire en tant que territoire non autonome des Nations unies dont le peuple est habilité à exercer son droit inaliénable à l’autodétermination conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale. L’organisation africaine a constamment saisi la question du Sahara occidental en demandant la décolonisation immédiate du territoire et en montrant sa solidarité avec le peuple du territoire contre la domination espagnole. Le Maroc lui-même a voté la résolution CM/Res. 272 (XIX) de 1972 adoptée à l’unanimité à Rabat, au Maroc, par le Conseil des ministres de l’OUA approuvant le droit du peuple du Sahara espagnol de l’époque à l’autodétermination et à l’indépendance.

    La décolonisation du Sahara occidental n’a pas encore eu lieu et l’Espagne reste la puissance administrante jusqu’à l’achèvement du processus de décolonisation. Elle doit donc se conformer aux obligations énoncées aux articles 73 et 74 (d) de la Charte des Nations unies. Cela a été réaffirmé par l’avis juridique du secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires juridiques, Hans Correll, en 2002.

    L’État sahraoui

    Dans le rapport sur sa visite au Sahara occidental en mai et juin 1975, la Mission de visite de l’ONU a indiqué qu’elle « a noté que la population, ou du moins presque toutes les personnes rencontrées par la Mission, était catégoriquement pour l’indépendance et contre les revendications territoriales du Maroc et de la Mauritanie… et le Front Polisario (Polisario Front) est apparu comme une force politique dominante dans le territoire. La Mission a assisté à des manifestations de masse en faveur du mouvement dans toutes les parties du territoire ». Le Front Polisario (Frente Popular para la Liberación de Saguia el Hamra y Río de Oro) a été fondé en 1973 après avoir reçu un large soutien de la population du Sahara occidental, ce qui l’a fait adhérer aux aspirations du peuple à l’autodétermination et à l’indépendance. Peu après la signature de l’accord de Madrid, la grande majorité des représentants de l’Assemblée générale (Jama’a), l’organe colonial de représentation, se réunit le 28 novembre 1975 à Galtat-Zamur pour appuyer le Front Polisario et se dissoudre afin d’être remplacée par le Conseil national provisoire. Le 27 février 1976 à Bir-Lehlu, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) pour éviter le fait accompli juridique créé par le départ de l’Espagne.

    L’occupation marocaine

    L’invasion et l’occupation militaires du Sahara occidental par le Maroc le 31 octobre 1975, mobilisant 350 000 civils dans une marche vers le territoire, n’a pas seulement violé les résolutions de l’ONU et de l’OUA/UA ainsi que le principe des frontières coloniales intangibles et l’avis consultatif de la CIJ sur le Sahara occidental. Mais elle était également contraire à la volonté du peuple du territoire et constituait une attaque contre le caractère sacré et la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique. L’ONU et l’OUA/UA s’inscrivent dans la ligne de la résolution 2625 (XXV) de l’Assemblée générale des Nations unies, qui reconnaît l’illégalité de l’acquisition territoriale par la force et que le Maroc est une puissance occupante, comme l’a déclaré l’Assemblée générale des Nations unies dans ses résolutions 34/37 (1979) et 35/19 (1980).

    L’occupation du Sahara occidental par le Maroc a généré une situation tragique, qui a fait fuir des milliers de personnes de la population du territoire sous les bombardements des troupes et des forces aériennes, cherchant un endroit sûr en Algérie. Pendant plus de 47 ans, ces personnes ont vécu en exil dans des conditions difficiles, en attendant le jour de leur retour chez elles. Le Maroc a appliqué depuis le début de son occupation un siège militaire et un blocage médiatique dans les territoires sous son contrôle afin de dissimuler le génocide et les crimes contre l’humanité qui ont été commis par ses troupes et ses forces de police, entraînant des centaines de morts, de disparus, d’invalides en raison de la torture et des agressions et intimidations quotidiennes. La plupart des organisations de défense des droits humains ont fait de nombreux rapports sur ce thème comme le Haut Commissariat des Nations Unies (HCDH), le Conseil des droits de l’homme, la Commission africaine des droits de l’homme, Amnesty International, Human Rights Watch, outre les compte-rendus détaillés des médias.

    Il était explicite que certains des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, à savoir la France et les USA, avaient prévu l’accord illégal de Madrid en novembre 1975 entre le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie et l’occupation du Sahara occidental. Récemment, la CIA a publié des centaines de documents déclassifiés sur la question du Sahara occidental (voir https://www.cia.gov). Leurs objectifs étaient non seulement de contourner le droit du peuple du territoire à l’autodétermination et à l’indépendance, mais aussi de déstabiliser toute la région et d’entrer dans une spirale sans fin. Les USA et la France ont offert un soutien généreux au Maroc sur les plans militaire, politique et financier. En 1979, la Mauritanie a abandonné la partie sud du Sahara occidental, ce qui a conduit à la signature d’un accord de paix avec le Front Polisario et à la reconnaissance de la RASD par la suite en 1984.

    Le roi Hassan II s’est trompé dans son estimation de l’occupation du Sahara occidental lorsqu’il a déclaré que celle-ci ne durerait qu’une semaine. Il a réalisé qu’il était impossible de remporter une victoire militaire après avoir payé un lourd tribut en vies humaines, en matériel et en milliers de prisonniers, comme le révèlent les documents déclassifiés de la CIA.

    Bonne volonté contre tromperie

    Les seize années de lutte armée acharnée ont presque résolu le conflit en faveur de la RASD, car son armée avait progressé dans la prise de contrôle sur le terrain et les réalisations diplomatiques se sont multipliées, ce qui a été couronné par l’adhésion de la RASD à l’OUA en 1984. Les progrès de la lutte sahraouie ainsi que les appels internationaux en faveur d’une solution rapide du conflit, en particulier en Afrique, ont abouti à son adhésion aux efforts de l’ONU et de l’OUA. Les dirigeants africains ont joué un rôle décisif dans l’obtention d’un accord sur un plan de règlement pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental, soulignant la coopération de la RASD dans cette tendance. La résolution AHG/Res. 104 (XIX) de l’OUA de 1983 a effectivement contribué à jeter les bases des efforts ultérieurs de l’ONU et de l’OUA, qui ont été reflétés dans la résolution 40/50 (XXXX) de l’Assemblée générale des Nations unies de 1985. Cette résolution a exhorté les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Royaume du Maroc, à engager des négociations directes sous les auspices de l’ONU et de l’OUA, qui ont abouti à un cessez-le-feu le 6 septembre 991 et au déploiement de la force de maintien de la paix ONU/OUA/UA.

    Le Conseil de sécurité de l’ONU a pris en charge la question du Sahara occidental suite à l’approbation, en 1990, du Plan de règlement et à la création de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Les deux parties, sous les auspices du secrétaire des Nations unies et du président de l’OUA, ont convenu du cessez-le-feu et de l’organisation d’un référendum d’autodétermination en février 1992, conformément au calendrier approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le référendum a été reporté en raison de la tentative du Maroc d’étendre les critères pour inclure 120 000 Marocains dans la liste des électeurs. Il était alors clair que l’objectif du Maroc, du fait de son engagement dans le processus référendaire, était : a) de réussir à changer l’organe électoral en sa faveur ou b) de manœuvrer et de jouer sur le temps. Le fait que le Maroc a réalisé qu’il était impossible de remporter le référendum, surtout lorsque l’ONU a publié la liste temporelle des personnes habilitées à voter en 1999.

    L’absurde est que le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas osé imposer des sanctions contre le Royaume du Maroc pour son obstruction au référendum. L’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU à l’encontre du Maroc témoigne d’une collusion explicite avec ce dernier au sein du Conseil et du Secrétariat. La France a été à l’origine de la paralysie du rôle de l’OUA/UA dans le processus de paix parce qu’elle l’a gêné dans la réalisation de ses objectifs. Aucun des cinq membres permanents ne plaide pour l’exercice immédiat du droit inaliénable du peuple du territoire à l’autodétermination et à l’indépendance, tout comme la France défend l’occupation marocaine du Sahara occidental. En outre, ils ont gardé le silence sur les crimes commis par les autorités marocaines dans les territoires occupés du Sahara occidental. Il est vrai qu’il y a un changement fondamental dans les vues des USA, de la Russie, du Royaume-Uni et de la Chine sur le conflit du Sahara occidental, mais il n’est pas encore arrivé au point de contrarier la France. Des efforts importants ont été déployés par d’éminentes personnalités en tant qu’envoyés spéciaux du Secrétaire général des Nations unies, comme M. James Baker III, ancien secrétaire d’État usaméricain, l’ambassadeur Cristopher Ross et l’ancien président allemand, M. Horst Kohler, qui ont échoué en raison du manque de volonté des Cinq. Même le Conseil n’a pas pu inclure le volet observation des droits humains dans le mandat de la MINURSO à cause de la France, malgré les appels en faveur d’un mécanisme indépendant et les rapports sur la situation. Au-delà de cela, le Conseil n’a rien fait contre le Maroc pour l’expulsion de la composante civile de la MINURSO en mars 2016, ce qui a considérablement affecté la capacité de la mission à remplir ses fonctions. Cinq mois plus tard, en août 2016, le Maroc a profité de l’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU pour violer le cessez-le-feu en construisant une route à travers la Mauritanie dans le but d’annexer la région de Guerguerat, dont la ville de La-Aguera. La France use maintenant de toute son influence pour impliquer les intérêts de nombreuses parties internationales dans le conflit afin de compliquer sa solution. Elle s’est efforcée d’impliquer l’Union européenne dans le pillage des ressources naturelles en violation des décisions de la Cour européenne de justice de 2016 et 2018.

    Au contraire, l’enfer s’est déchaîné lorsque la RASD et le Front Polisario se sont montrés résolus à faire échouer les manœuvres marocaines. Si la RASD ne réagissait pas au mouvement dangereux et provocateur de Guerguerat et n’exerçait pas sa souveraineté légitime sur cette zone libérée, le Maroc aurait réussi à frapper à jamais de nullité toutes les résolutions du Conseil de sécurité et la crédibilité des Nations unies en général. Le Conseil n’a jamais investi la bonne volonté de la partie sahraouie ni reconnu ses concessions considérables dans la recherche d’une solution pacifique durable. L’influence de la France sur les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, si elle se poursuit, pourrait conduire au pire dans l’histoire du traitement de la question du Sahara occidental par le Conseil.

    Paix ou guerre

    Il est clair que le Secrétariat des Nations Unies et le Conseil de sécurité n’ont jamais cherché à établir la légitimité internationale dans le nord-ouest de l’Afrique par l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Au contraire, ils ont travaillé ensemble pendant environ vingt-neuf ans pour déposséder le peuple du territoire et son État de leur droit légitime et l’accorder à l’occupant, le Royaume du Maroc, dont les revendications ont été rejetées par l’avis consultatif de la CIJ en 1975. La RASD, représentée par le Front Polisario, a accepté et accepte toujours de s’engager dans tout processus menant à un référendum d’autodétermination, faute de quoi il prendra les mesures nécessaires, y compris la lutte armée pour libérer le reste de ses territoires encore occupés par le Maroc.

    De toute évidence, les récentes tentatives de la France, qui se sont traduites notamment par la résolution 2495 (2019) du Conseil de sécurité, visaient à modifier le sens de l’autodétermination pour l’adapter à la volonté du Maroc. La tendance de la France à coloniser les territoires des peuples et à dominer leurs ressources naturelles n’a jamais cessé. Son soutien continu à l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc fait partie de plans plus vastes visant à porter atteinte à la stabilité de nombreux pays d’Afrique du Nord. Vu l’adoption de cette résolution par le Conseil de sécurité de l’ONU, la RASD et le Front Polisario ont décidé de revoir leur engagement dans l’ensemble du processus supervisé par l’ONU. Cependant, la présence de l’ONU dans le territoire ainsi que le cessez-le-feu n’ont aucune signification tant qu’il n’y a pas de référendum d’autodétermination. Des décennies d’efforts inlassables et de grands sacrifices sont condamnés.

    Le spectre de la guerre plane à nouveau entre les deux pays africains, et rien ne l’arrêtera à moins que la communauté internationale ne manifeste une volonté sérieuse de mettre rapidement fin à ce conflit de longue date sur la base du droit international, conformément aux chartes et aux résolutions des Nations unies et de l’Union africaine. Tant que le Maroc rejette le référendum d’autodétermination, il n’y a pas d’autre solution réaliste que l’établissement de relations avec la RASD, puisqu’il est membre à part entière de l’UA et l’un des fondateurs de celle-ci. La République sahraouie a fait de grands progrès dans la construction d’institutions étatiques modernes qui sont en mesure de fournir des services dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la stabilité, de la justice, de la modernité et qui ont une expérience démocratique unique, ainsi qu’un large éventail de relations internationales. Son bras politique, le Front Polisario, bénéficie d’un fort soutien au sein de la population.

    Le rétablissement du rôle central de l’UA est crucial à ce stade, étant donné que cela se passe sur des terres africaines et entre deux pays africains et que tous deux sont membres du même bloc. L’UA doit agir contre le Royaume du Maroc pour obtenir le retrait immédiat des territoires qu’il occupe de la RASD, même si cela nécessite une intervention militaire. Avec son admission à l’Union africaine, le Royaume du Maroc est tenu de respecter les principes fondamentaux contenus dans l’Acte constitutif de l’UA, notamment (b) le respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance et (f) l’interdiction de l’usage de la force ou de la menace de l’usage de la force contre d’autres États membres de l’UA (article 4).

    Conclusion

    Les tergiversations et les retards de l’ONU dans la mise en œuvre du droit légitime du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance pendant plus de cinquante ans révèlent les arrière-pensées de certains des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils prévoyaient le retrait espagnol du Sahara occidental ainsi que l’invasion et l’occupation militaire du territoire par le Maroc. L’objectif était de priver le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Ils sont conscients que cela était en violation des résolutions de l’ONU et de l’OUA/UA ainsi que du principe des frontières coloniales intangibles et de l’avis consultatif de la CIJ sur le Sahara occidental.

    Néanmoins, le peuple du Sahara occidental a pu exister et établir son État au prix de lourds sacrifices et dans des conditions difficiles. La paix et la stabilité de la région et de l’Afrique du Nord en général ne peuvent être obtenues au détriment des droits légitimes des peuples, comme c’est le cas pour le peuple du Sahara occidental. La présence des cinq grands sur le terrain depuis plus de vingt-neuf ans suffit pour découvrir la réalité de la RASD et son engagement en faveur de la paix et de la coexistence pacifique. Oui, le Sahara occidental est riche en ressources naturelles, mais celles-ci ne peuvent être exploitées sans le consentement de son généreux peuple.

    Source : Tlaxcala, 4 juin 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,

  • Sahara occidental: une paix fragile

    Selon l’analyste et écrivaine Hannah Armstrong, la guerre du Sahara occidental pourrait être le conflit à long terme le moins connu du monde.

    « Lorsque je mentionne cette république cachée aux experts régionaux et aux journalistes qui, comme moi, couvrent l’Afrique du Nord et le Sahel, peu semblent en savoir grand-chose », affirme-t-elle dans un reportage intitulé « Sahara Occidental, une paix fragile ». « D’une part, en tant qu’État non officiel, le Sahara occidental n’existe pas vraiment. Pour un autre, étant petit et bien élevé, il est facile de l’ignorer. Sa population d’environ 300 000 habitants est répartie entre six camps de réfugiés en Algérie, une zone tampon entre l’Algérie et le Maroc connue sous le nom de «zone franche» et le territoire riche en ressources et contrôlé par le Maroc ».

    Pour Armstrong, « peu de Sahraouis choisissent de migrer ou de recourir au terrorisme (au cours de la dernière décennie, la migration et le terrorisme ont eu tendance à monopoliser l’engagement occidental avec l’Afrique du Nord et le Sahel). Ceci est en grande partie lié à leur foi dans l’avenir de l’État qu’ils ont construit dans les camps isolés, où les réfugiés, face à une énorme adversité, ont aboli le système des castes, ont combattu les distinctions tribales et ethniques, et créé un gouvernement de base qui est non seulement démocratique et égalitaire, mais aussi dirigé principalement par des femmes ».

    « Ce fut un choc de découvrir que ces camps, que le Maroc aimait à décrire comme des foyers terroristes, faisaient partie d’une démocratie constitutionnelle florissante, avec des comités composés principalement de femmes fanatiques dans leur dévouement à l’éducation et aux soins de santé. Elles pensaient que ces deux choses pouvaient surmonter la plupart des obstacles ». signale-t-elle dans son reportage entièrement consacré aux camps des réfugiés sahraouis qu’elle a visités à plusieurs reprises.

    Malgré la dureté des conditions de vie dans ces camps, les sahraouis gardent l’espoir et la conviction qu’après des décennies d’attente, la cause sahraouie l’emportera. « Les réfugiés se considèrent déjà comme indépendants – le monde a juste besoin de se rattraper et de leur rendre leurs terres ».

    Avec la nomination de l’ancien président allemand Horst Köhler en tant que nouvel envoyé du secrétaire général pour le Sahara occidental, une lueur d’espoir a été ravivée après la démission du diplomate américain Christopher Ross après avoir été déclaré persona non grata par le Maroc. « Le péché cardinal de Ross avait été sa prétendue tentative d’introduire la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la mission de maintien de la paix de l’ONU au milieu des preuves de plus en plus nombreuses que les forces de sécurité marocaines abusaient des manifestants pacifiques sahraouis – en particulier des femmes ». Mais, malgré que Kohler est parvenu à organiser deux rounds de pourparlers entre décembre 2018 et mars 2019, il a brusquement démissionné en mai 2019, invoquant des problèmes de santé. « Selon le Polisario, l’allié du Maroc, la France, avait usé de son influence au Conseil de sécurité de l’ONU pour saboter les efforts de Köhler, l’incitant à démissionner ». Madame Armstrong « soupçonne qu’il avait sous-estimé à quel point le dossier était insoluble, et une fois qu’il a vu par lui-même, il a jeté l’éponge ».

    « De 2013 à 2018, souligne Armstrong, j’ai effectué six voyages dans l’État exilé du Sahara occidental. À chaque fois, je suis parti inspiré par l’audace et l’endurance de l’idéalisme sahraoui. Ils étaient tellement dévoués à leur vision d’un avenir libre qu’ils étaient prêts à l’endurer dans des camps pendant des décennies, contre toute attente, pour continuer leur lutte collective . Tous les membres de cette jeune génération avec qui j’ai parlé étaient d’accord : « L’ONU n’a pas été en mesure de nous assurer l’indépendance, mais elle ne peut pas nous empêcher de mourir dignement pendant la guerre », a déclaré l’un d’eux ».

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, réfugiés sahraouis, ONU,