Catégorie : Sahara Occidental

  • Sahara Occidental: dés truqués et cartes marquées

    Par Julio Morejon*

    La Havane, (Prensa latina) La question du Sahara Occidental a confirmé son actualité lorsque le Conseil de Sécurité a décidé, fin avril, de prolonger jusqu´en octobre le travail de la Mission de l´ONU pour le référendum dans ce territoire africain, la Minurso.


    Quarante-quatre ans se sont écoulés depuis la décolonisation frustrée de ce territoire, suivie d´une occupation illégale perpétrée par le Royaume du Maroc, soutenu par ses alliés: la France, les États-Unis et l´Espagne, l´ancienne métropole.

    Il est évident que perpétuer l´occupation de territoires de l´actuelle République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) constitue un projet néocolonial qui prétend méconnaitre la réalité historique d´un peuple, dont l´idéal d´autodétermination est soutenu par la grande majorité des États africains.

    Une partie substantielle de cette solidarité a été exprimée par la Communauté de Développement de l´Afrique Australe (SADC) lors de sa réunion de haut niveau qui s´est récemment tenue à Johannesburg, Afrique du Sud, et préalablement par les sommets de l´Union Africaine (UA) et d´autres organisations.

    Cela rend évident le fait que le thème du Sahara Occidental continue d´être dans le radar mondial, d´autant plus lorsqu´on prétend consommer une violation du droit international qui est l´exploitation des richesses d´un pays occupé, sujet que la RASD a transmis aux autorités judiciaires internationales pertinentes.

    DÉS TRUQUÉS

    Jusqu´à l´heure, les propositions de réaliser des actes de justice responsables concernant l´indépendance du Sahara Occidental ont été bombardés, tout comme les plans destinés à définir par la voie du référendum l´intérêt de la population sahraouie quant au destin de son sol illégalement occupé.

    Dans le but d´entraver le processus de libération, Madrid a, en 1975, ruiné la possibilité d´une émancipation du dénommé Sahara Espagnol lorsqu´a été pacté avec le Maroc et la Mauritanie -dans le dos de la guérilla sahraouie- le contrôle du territoire semi-désertique riche en phosphate et dont la côte est une immense source de richesses de la pêche.

    À cette époque on doutait encore de l´existence de pétrole dans ces zones et de l´énorme potentiel que signifie la présence de réserves d´eaux fossiles; ce qui renforçait la pensée géostratégique au temps d´Hassan II était le phosphate, dont le royaume a directement bénéficié de son exploitation.

    L´intérêt annexionniste est devenu plus qu´évident lors de la dénommée Marche Verte de 1976, durant laquelle des vagues de marocains accompagnées par l´Armée se sont lancées pour exécuter un acte de surréalisme politique, « coloniser » un territoire habité, auquel correspondra l´acceptation de l´Occident, tel un acte consommé et irréversible.

    Ceci est rejeté et combattu par le Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro, mouvement politico-militaire créé en 1973 qui concentre la résistance à l´usurpation alaouite. L´ONU considère cette organisation comme le représentant légitime du peuple sahraoui et le Maroc comme une puissance occupante.

    Telle est la complexe équation qui pèse depuis longtemps sur la population du Sahara Occidental, raison pour laquelle son indépendance représente un impératif rejeté par le Royaume du Maroc, qui persiste dans ses manœuvres avec l´Occident pour affaiblir la reconnaissance des droits de la RASD.

    Les années ont passé et le jeu continue d´être frauduleux, les dés continuent d´être truqués pour retarder encore plus une solution au drame sahraoui, une communauté africaine victime de la doctrine de Rabat, avec d´autres composants de la politique internationale derrière le Maroc.

    Malgré le fait que le Tribunal de Justice de l´Union Européenne ait une nouvelle fois décrété en 2018 que le Maroc est un territoire séparé du Sahara Occidental, la Commission Européenne et le Parlement Européen ont ratifié avec Rabat deux accords, en janvier et février dernier, qui incluent l´exploitation des ressources sahraouies.

    « Entre janvier et février de cette année, ont été ratifiés deux accords commerciaux entre l´Union Européenne et le Royaume du Maroc -l´un sur les produits agricoles et de pêche et le deuxième uniquement sur la pêche-, lesquels, pour leur caractère extraterritorial concernant la souveraineté du Sahara Occidental violent non seulement le droit communautaire européen mais également les lois internationales », a précisé l´analyste Axel Plasa sur Voltairenet.org.

    CARTES MARQUÉES

    La République Arabe Sahraouie Démocratique fait face à un processus d´incidence mondiale. Elle souffre d´une menace annexionniste bi-frontale: d´une part l´intérêt alaouite, et d´autre part le refus de puissances capitalistes de respecter et mettre en œuvres les décisions décolonisatrices de l´ONU.

    Les propositions comprises dans les plans Baker (1 et 2), les négociations postérieures au cessez-le-feu signé en 1991, qui a laissé place à la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara occidental (Minurso), n´ont pas définitivement ouvert la voie à l´indépendance désirée.

    C´est ainsi que les événements de 2010 du camp de réfugiés de Gdeim Izik, puis de Smara et d´autres localités ont mis en évidence l´actualité du conflit, dont les intérêts extracontinentaux souhaitent minimiser l´importance et dont la solution serait l´indépendance de la dernière colonie africaine.

    Le conflit pour la souveraineté du Sahara Occidental est également une partie de poker -en cette époque de globalisation néolibérale et néoconservatrice- où les opposants à son émancipation jouent à table avec les cartes marquées.

    *Journaliste de la Rédaction Afrique et Moyen-Orient de Prensa Latina.

    Prensa Latina

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, décolonisation, Conseil de Sécurité,

  • L’Algérie, une menace stratégique pour le rêve d’expansion impériale du Makhzen

    Par Noureddine Khelassi*

    «Les relations avec le Maroc sont anormales (…), même si les relations entre les deux peuples sont exemplaires.» On doit cette définition en forme d’aphorisme à M. Ramtane Lamamra, alors ministre des Affaires étrangères de l’Algérie du 4e mandat de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika. Trois épisodes récents, côté marocain, sont venus donner un peu plus de relief à cet axiome. D’abord un dérapage contrôlé du consul du Maroc à Oran qui a déclaré à des sujets de Sa Majesté chérifienne que l’Algérie indépendante est un «pays ennemi».

    Ensuite, une étude intitulée «Pour une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc», œuvre d’un think tank marocain qui considère notre pays comme une menace permanente.

    Cette boîte à idées, caisse de résonance des Forces armées royales (FAR), voit elle aussi en l’Algérie un rival historique et un ennemi permanent. Et, en troisième lieu, la construction en cours d’une base militaire d’écoute juste à la frontière avec l’Algérie.

    Le think tank en question, un forum d’études considéré comme une référence établie en matière de questions militaires marocaines, préconise en effet «une nouvelle stratégie de défense intégrée» contre les menaces militaires, jugées réelles, que représentent pour le royaume alaouite l’Espagne au Nord et l’Algérie à l’Est.

    Une préconisation en forme d’aveu d’existence d’une paranoïa aiguë qui fait penser aux auteurs de l’étude que le Maroc est pris en tenailles entre deux menaces militaires puissantes et durables. Une recommandation, dont la sémantique guerrière trahit la démesure d’ambitions impériales, voire impérialistes. Qu’on en juge notamment à travers ce petit inventaire de formules éloquentes : «stratégie d’expansion des empires marocains», «prise de contrôle et d’influence dans la zone s’étendant jusqu’à la Guinée au Sud, et en se limitant au Mali à l’Est», soit une aire géographique s’étendant bien au-delà de l’ancienne Afrique soudanaise d’avant et du temps des colonisations. Ou encore le vocable «leadership» (politique, économique et militaire) utilisé trois fois dans une même page et une fois dans la courte conclusion de l’étude.

    De même que le mot «puissance», deux fois usité en introduction et en conclusion. Le terme «empire», une seule fois mais au pluriel, et, dans la même logique d’appétit stratégique, les termes «influence», «contrôle», «expansion» et «profondeur stratégique» appuient en un seul usage la démonstration de l’ambition historique, mais toujours actuelle, de l’hégémonisme de la monarchie alaouite. L’obsession durable «d’identifier ses ennemis et rivaux historiques» est donc bien appuyée dans cette étude adossée à l’examen de la balance militaire et, en filigrane, le souci d’atteindre au moins la parité stratégique avec l’Algérie. Elle est fondée également sur la notion même de dissuasion. Ses auteurs ne manquent donc pas de suggérer que les FAR doivent au moins mettre à jour leur outil de défense pour rattraper les retards technologiques et être en mesure de répondre le cas échéant aux manifestations de la supposée menace stratégique venue de l’Est. On sait que la dissuasion consiste à prévenir un acte éventuel en persuadant celui qui l’envisagerait que les coûts consécutifs en excéderaient les bénéfices escomptés.

    Il est vrai que l’adoption par le Makhzen de la théorie de la dissuasion stratégique est dans l’ordre logique des choses, l’idée que la possession de moyens militaires appropriés est de nature à dissuader un «pays ennemi» d’attaquer remontant à l’Antiquité. Mais le Maroc, qui est par essence géographique un pays essentiellement maritime — deux mers dessinent ses contours physiques et décident de son approche de la menace stratégique au Nord — et ne possède de frontières terrestres qu’avec l’Algérie voisine et, par le fait accompli de l’annexion coloniale du Sahara occidental, avec la Mauritanie, veut par conséquent renouveler la place de la dissuasion dans sa stratégie défensive-offensive.

    Les crânes d’œufs qui ont proposé dernièrement «une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc» basée sur un «nouveau dispositif militaire dissuasif» remplacent l’idée de «comment éviter la guerre ?» par «comment gagner la guerre ? A l’instar de la dissuasion nucléaire qui repose sur la peur du recours par l’autre à l’arme atomique, le souci de ces stratèges est de conserver des moyens suffisants de frappe contre l’agresseur présumé après avoir subi une première attaque : c’est la fameuse «capacité de seconde frappe», élément moteur de la course aux armements à laquelle se livre éperdument un Maroc qui n’a pourtant pas les moyens financiers de ses grandes ambitions qui dépassent en fait le cercle de l’équilibre de la menace.

    Pour que cette nouvelle stratégie militaire offensive puisse avoir du sens, il faudrait que l’état-major des FAR et le cabinet du palais royal soient en mesure d’évaluer avec précision les coûts, les gains et les pertes de leurs actions. Car les décisions irrationnelles du Makhzen pourraient conduire à des décisions rationnelles de l’autre côté de la frontière Est, et donc surprendre le Maroc et déclencher un engrenage des plus dangereux. Dans un contexte de crise endémique caractérisant les relations bilatérales, le discours de ce think tank, aux accents martiaux, est de nature à altérer le jugement de ceux auxquels il est destiné en premier ressort. La possibilité d’une mauvaise interprétation des intentions de l’autre peut conduire notre voisin de l’Ouest à des décisions irrationnelles au regard du principe même sur lequel repose la dissuasion, à savoir la neutralisation réciproque. Dans l’histoire de la guerre froide, la crise de Cuba a pourtant force de bon exemple. Elle a amené à prendre des mesures autres que militaires visant à diminuer les risques propres à la dissuasion nucléaire grâce à des moyens de communiquer en temps de crise entre les deux camps ; grâce aussi à la possibilité de toujours mieux connaître les intentions réelles de l’adversaire par des moyens précis d’observation et d’espionnage.

    Enfin, grâce surtout à la maîtrise des décisions d’emploi et de préparation des armes par la centralisation et le renforcement de la sécurité de la chaîne de commandement qui est en Algérie une préoccupation permanente de l’état-major de l’ANP et de ses outils de veille et de vigilance.
    À cette époque trouble des blocs Est-Ouest, Américains et Soviétiques œuvraient en permanence à évaluer l’aspect essentiellement défensif ou agressif de la politique militaire de l’autre camp par rapport à leurs intérêts vitaux respectifs, les Américains ayant plutôt tendance à prêter à l’autre des intentions plus agressives que la réalité telle qu’elle a pu être connue plus tard grâce aux archives disponibles.

    Ce parallèle avec l’ex-Union soviétique et l’Amérique impérialiste suggère que le Maroc est dans une posture paranoïaque permanente. Délires découlant probablement du rêve grandiose du «Grand Maroc» et des «stratégies d’expansion des empires marocains», avec leurs corollaires la «puissance», le «leadership», le «contrôle», «l’influence» et la «puissance», mots-clés de la terminologie belliqueuse de l’étude objet de notre intérêt. En termes de doctrine et de moyens, le leadership de la «puissance régionale» au service d’une ambition géostratégique repose sur les outils traditionnels de la diplomatie, de l’influence économique, du lobbying, du rayonnement culturel, de la compénétration religieuse par l’emprise de l’islam maraboutique, du savoir-faire et du faire-savoir touristique.

    En d’autres mots, de l’exercice du soft-power, domaine où, il faut le reconnaître, le Makhzen a acquis une certaine maîtrise. Aux gains cumulés de la capacité d’influence et de persuasion, de l’image de marque, de l’attractivité, du lobbying et de la performance du commerce extérieur, entre autres paramètres du renforcement du positionnement sur le théâtre régional et la scène internationale, s’ajoute, bien sûr, le facteur déterminant de la force militaire en perpétuel consolidation.

    Sur ce plan, l’étude du think tank Forum FAR Maroc, qui a fait sienne la devise latine «si vis pacem para bellum» (pour avoir la paix il faut préparer la guerre), reconnaît de prime abord que la naissance de l’Algérie indépendante a constitué «la menace majeure sur l’existence du Maroc actuel».

    Elle admet ensuite que la doctrine et l’outil de guerre des FAR ont été déterminés par cette «menace majeure» présumée. Les auteurs de l’étude le reconnaissent d’ailleurs sans ambages en soulignant que «l’équipement, la formation et la disposition des unités des Forces armées royales (FAR) ont, depuis ce jour (la fin de la colonisation de l’Algérie, ndlr), été orientés dans cette perspective d’une confrontation éventuelle avec l’Algérie».

    Deux faits de guerre marquants, l’agression contre l’Algérie en 1963 et le conflit militaire au Sahara occidental annexé en 1975 sont considérés donc comme un déclic et un «tournant décisif dans la construction de la doctrine des FAR». Laquelle est notamment fondée sur «le souci de stopper l’assaut d’un ennemi en supériorité numérique et d’arrêt de colonnes blindées venant de l’Est».

    Cette doctrine, structurée par la croyance permanente en une menace stratégique émanant d’un voisin foncièrement agressif et par définition offensif et expansif, est cependant spécieuse. Fallacieuse, oui, elle l’est assurément car elle suppose, comme le prétend l’étude du think tank, que les FAR ne s’équipent qu’en «réponse aux acquisitions récentes de l’ANP algérienne» et, de ce fait, «entreprennent un programme ambitieux de modernisation des dotations toutes armes confondues».

    Et si l’Espagne et surtout l’Algérie n’existaient pas, le Maroc se serait-il abstenu de bâtir ses FAR pour être finalement le Costa-Rica du Maghreb et de l’Afrique ? On ne peut pas suggérer l’existence d’une doctrine militaire purement défensive et déterminée par l’existence supposée d’une menace offensive permanente et évoquer en même temps, comme le fait clairement ce Forum des FAR, une «stratégie d’expansion des empires marocains», et une «prise de contrôle et d’influence dans la zone s’étendant jusqu’à la Guinée au Sud, et en se limitant au Mali à l’Est».

    Ou encore parler de «leadership», de «puissance» d’«influence», de «contrôle», d’«expansion» et de «profondeur stratégique». Il y a là une contradiction et une absurdité flagrantes ! Un paradoxe et une aberration d’autant plus grands que l’Algérie, désignée comme ennemi stratégique et héréditaire, est ciblée en profondeur, à 200 km d’Alger, à travers une liste d’objectifs stratégiques devant être l’objet de frappes en profondeur, telle la base aérienne de Chlef, les installations militaires de Sidi Bel- Abbès et les installations gazières et pétrolières d’Arzew !

    Toutefois, face à l’Algérie, reconnue par le think tank comme la première force sous-marine dans le monde arabe, et à défaut de gaps technologiques à réaliser, le Maroc a d’incontestables retards à rattraper notamment dans les domaines aérien (chasseurs et bombardiers de 4e génération, hélicoptères de combat), naval (frégates évoluées, BPC, bâtiments de soutien et d’assistance), sous-marinier (sous-marins classe Kilo) et dans celui de la défense aérienne, talon d’Achille des FAR (sites stratégiques à découvert, pas d’équivalent des systèmes S300 ou même de S400 (?). Sans compter, en termes de menace aéroterrestre, l’absence reconnue de système moderne de communication sécurisée relatif au commandement et à l’échange de données entre les unités opérationnelles. Sur la balance stratégique, cette liste de handicaps militaires marocains n’est pas exhaustive.

    Le sujet n’est donc pas l’examen détaillé et expert des avantages et des désavantages, mais l’idée même que malgré les retards technologiques, quantitatifs et qualitatifs des FAR par rapport à l’évolution de l’outil de défense algérien, le système de guerre marocain est à la fois défensif et offensif. Sachant qu’il s’inscrit dans la double logique du rapport de force et du rapport de puissance, c’est-à-dire la capacité opérationnelle et le pouvoir de tirer le plus grand bénéfice de la puissance de feu possédée et de la force de dissuasion accumulée.

    Dans l’exercice du rapport de force à distance, le Makhzen a par ailleurs recours à la partie religieuse de son soft power. A savoir l’organisation de l’influence spirituelle par la mobilisation des réseaux confrériques rattachés à la grande zaouïa tidjania pourtant née en Algérie, son berceau, et sa base d’extension vers le Maroc, via deux haltes transcendantales à l’ouest et au sud-ouest du pays, Ras El Ma et surtout Boussemghoune, terre des racines familiales et spirituelles de notre président de la République Abdelmadjid Tebboune.

    Le centre intellectuel, culturel et historique de la Tidjania est certes Aïn Madhi où le ksar abrite également la zaouïa-mère de la confrérie qui conserve les tombeaux des principaux chefs de la famille Tidjania. Mais Boussemghoune, où Ahmed Tidjani vit le Prophète Sidna Mohammed en état de veille et où il résida pendant 13 ans, est le centre le plus important de la confrérie.

    Malgré l’accaparement des racines de la Tidjania par la monarchie chérifienne, la confrérie trouve son origine algérienne vers 1781-1782, sous la régence turque, lorsque le cheikh Ahmed Tidjani, enfant de Aïn Madhi, dans la région de Laghouat, lors d’une retraite métaphysique dans une oasis proche de Boussemghoune, eut, à 46 ans, une singulière expérience mystique en rencontrant le Prophète Mohammed dans une vision éveillée.
    Le Sceau des Prophètes lui promit alors d’être son intercesseur privilégié, et celui de ses fidèles, auprès de Dieu. Son ordre confrérique connaît ensuite une expansion importante sur l’Oranie, ce qui provoque l’inquiétude de la Régence d’Alger et il est contraint donc de se réfugier à Fès où il s’installe jusqu’à sa mort en 1815 sous la protection du sultan alaouite Slimane Ben Mohammed. Mais c’est à Fès que Sidi Ahmed Tidjani reçoit le statut de «Pôle caché» (al-qotb el khafi), ce qui, dans la hiérarchie mystique, en fait un intermédiaire privilégié entre le Prophète et le commun des mortels, et le place immédiatement juste en dessous des prophètes et de leurs compagnons promis au Paradis.

    Le Prophète (QSSSL) l’aurait élevé au rang spirituel du sceau de la sainteté (khātam al-awliyā), lui conférant la connaissance exclusive du nom suprême de Dieu (ism Allāh al-A’dham) et le pouvoir d’un vice-roi (khalifa) qui seul peut assurer la médiation entre Dieu Tout-Puissant et ses fragiles créatures. En outre, et c’est là le second avantage essentiel lié à sa présence sur le sol marocain où il est enterré, son enseignement a été compilé par un de ses compagnons marocains du nom de Ali Harâzem Barrâda, dans Jawâhir al Ma’ânî (Perles des Significations).

    La ville séculaire de Fès, où Ahmed Tidjani a vécu une partie de sa vie et où se trouve son mausolée, est le lieu de pèlerinage de la Tidjania le plus visité dans le monde surtout par les ressortissants des pays subsahariens et d’Afrique de l’Ouest.

    Diffusée dans un premier temps autour de Boussemghoune, une oasis du Sud-Ouest algérien, la confrérie s’est répandue au Maghreb et, de façon limitée, en Arabie saoudite. Elle a surtout traversé le Sahara pour se diffuser au Sahel, en Afrique de l’Ouest où elle est aujourd’hui la confrérie la plus répandue, tout particulièrement au Sénégal où elle jouit d’une influence inégalée. Elle s’est implantée plus tard au Tchad, au Soudan, au Nigeria, en Indonésie et au Pakistan. Elle est également présente en Libye, en Égypte, en Syrie, en France et aux États-Unis où elle influencera notamment le mouvement Nation of Islam, l’organisation politico-religieuse américaine à l’origine de la plupart des organisations musulmanes de la communauté afro-américaine. La présence du mausolée de Sidi Ahmed Tidjani à Fès, le fait que son enseignement et sa doxa soient rassemblés par un disciple et compagnon marocain et que ce soit au Maroc même qu’il ait reçu le titre suprême de «pôle caché» spirituel qui lui confère le statut quasi divin d’intercesseur privilégié entre le Prophète et les adeptes de la confrérie sont les trois éléments sur lesquels le Makhzen a installé la légitimité de la paternité de la Tidjania en tant que legs spirituel.

    L’héritage historique religieux ainsi préempté est devenu une arme efficace au service de la diplomatie, du renseignement et du commerce du Maroc en Afrique subsaharienne et de l’Ouest. Un moyen d’autant plus efficace et précieux que «l’ennemi» algérien, lui, a toujours eu toutes les peines du monde à valoriser à son propre profit un patrimoine spirituel dont les bases originelles se trouvent pourtant sur le sol algérien.

    Avec cet ennemi algérien utile et indispensable qui détermine l’équation marocaine de recherche des équilibres stratégiques dans la région et des fondements de son ambition de puissance régionale avec une grande profondeur stratégique, on est en fait dans cette «anormalité» telle que définie par l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra.

    Au cœur de cette «anormalité», deux pommes de discorde, le Sahara occidental et la frontière terrestre hermétiquement fermée. Sur le Sahara occidental, n’en déplaise toujours au voisin marocain, la position de l’Algérie est en parfaite harmonie avec la légitimité internationale.
    En témoigne, entre autres résolutions, la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui rappelle que le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc, confirmant ainsi la position de l’ONU, celle de l’Union africaine et la position de principe de l’Algérie.

    À ce sujet, les autorités algériennes successives ont souvent invité le Maroc à dissocier les problèmes bilatéraux de la question du Sahara occidental qui est de la responsabilité de l’ONU.

    Le défi lancé aux autorités marocaines consiste donc à découpler la question du Sahara occidental du dossier du contentieux bilatéral comme ont pu le faire un certain temps le président Chadli Benjedid et le roi Hassan II qui ont su nouer le dialogue entre les deux pays entre 1988 et 1991.

    Restent alors les 1 559 km de frontière qui constituent la plus longue frontière terrestre fermée au monde. Il ne s’agit certes pas d’une situation de forte intensité conflictuelle, comme entre les deux Corées par exemple. Mais cette frontière a fini par être érigée en véritable barrière, tout en revêtant une dimension de plus en plus militarisée.

    Avec des enjeux politiques, économiques, territoriaux ou migratoires. Et un gigantesque paradoxe : le fait que les ressortissants des deux États peuvent circuler par d’autres moyens entre les deux pays tandis que localement, la séparation terrestre se renforce progressivement depuis la fermeture de la frontière en 1994, à l’initiative première du Maroc. Quoique bien fermée, cette ligne de démarcation n’est pas si étanche que ça ! Elle reste néanmoins ouverte aux échanges transfrontaliers irréguliers.

    La limitation de circulation et les événements politiques entre les deux pays n’ont pas abouti en effet à l’assèchement économique total des échanges de part et d’autre, favorisés, il est vrai, par une certaine forme de mobilité pendulaire. L’axe est également emprunté par des migrants issus de l’Afrique subsaharienne. Pour sa part, le Maroc pratique ce que les spécialistes appellent une «teichopolitique», c’est-à-dire une politique de cloisonnement de l’espace et d’édification de barrières diverses.
    Raisons officielles invoquées : la lutte contre l’immigration clandestine, la contrebande et la protection face au terrorisme. Arguments injustifiés, estiment les Algériens qui répondent par le creusement de tranchées à la construction de barrières murales par le Maroc.

    Les conséquences géopolitiques et économiques de la fermeture de la frontière sont assez évidentes pour être rappelées ici même. Mais alors quel avenir pour cette frontière close ? De manière générale, son ouverture est pour l’instant plus un souhait ardent marocain qu’algérien. Le gouvernement chérifien déclare vouloir ouvrir la frontière, tout en construisant des murs le long de la frontière et prétend fallacieusement se heurter au refus des autorités algériennes.

    Ces dernières sont pourtant catégoriques : elles n’ouvriront pas la frontière tant que les points en litige ne seront pas éclaircis à la faveur d’un dialogue serein et déconnecté du problème du Sahara occidental. Une évidence rappelée par Ramtane Lamamra comme on l’a déjà vu par la pertinente formule de ce dernier : «Les relations avec le Maroc sont anormales (…), même si les relations entre les deux peuples sont exemplaires.»

    N. K.

    *journaliste et conseiller du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement

    Le Soir d’Algérie, 31 mai 2020

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental,

  • Le Maroc colonise le Sahara Occidental grâce au soutien de la France et des juifs marocains (historien yémenite)

    UN HISTORIEN YÉMÉNITE RÉPOND À UN JOURNALISTE MAROCAIN QUI A ATTAQUÉ LA MAURITANIE EN RAISON DE SES POSITIONS SUR LA QUESTION DU SAHARA.

    Je vous prie (Mr le présentateur) à quitter cette chaîne Tv et d’aller apprendre l’arabe au Levant, en Algérie ou en Mauritanie, car je suis surpris par votre ignorance de l’histoire et de la langue arabe.

    Premièrement: son nom est la Mauritanie, pas la Mauriithania. Les frontières dont vous parlez appartiennent à l’État des almoravides qui sont originaires d’une ville de la la région d’Adrar appelée « Azougui ».

    Ce sont eux (les almoravides )qui ont gouverné le Maroc et le Sahara occidental. Ils ont donc le droit de revendiquer le Maroc comme faisant partie de leur pays. Même dans l’Antiquité, le Maroc faisait partie de la Mauritanie Tangéenne.

    En ce qui concerne les habitants du Sahara occidental, il leur suffit que les Nations Unies et la Cour de La Haye les reconnaissent. en plus du fait qu’ils sont l’un des fondateurs de l’Union africaine.

    Si le Sahara occidental était marocain, pourquoi alors au début de son occupation, le Maroc aurait-il accepté de le partager avec la Mauritanie, avant que cette dernière ne s’en retire?

    Et pourquoi le Makhzen marocain aurait proposé.le système d’autonomie interne ?

    Si le régime marocain avait l’assurance ,en la marocanité du Sahara , pourquoi n’aurait-il pas permis un référendum équitable, sous la supervision des Nations Unies?

    N’aurait été le soutien de la France et le rôle de la communauté juive marocaine en Israël et en Occident, vous n’auriez pas colonisé le Sahara occidental.

    Où étiez-vous, lorsque les Sahraouis se battaient seuls, contre les Espagnols, avant la malheureuse conférence de Madrid qui ressemblait à la Déclaration Balfour?

    Les Espagnols vous ont donné le Sahara occidental, comme pour punir les Sahraouis, en échange de prendre (avec votre consentement) environ 35% des revenus des minérais du Sahara ,d’exploiter indefiniment ses ressources maritimes et de vous céder les iles Ceuta et Melilla.

    Avant l’annonce de la création du Sahara occidental, le martyr Moustafa El-Sayed El-Wali avait contacté l’agent français « Allal El-Fassi », demandant l’aide du Maroc aux Sahraouis, dans leur lutte, contre l’occupation espagnole.

    La réponse du sioniste El Fassi ,a été ,que le Maroc n’était pas prêt à perdre sa relation avec l’Espagne, pour satisfaire une poignée d’éleveurs de chameaux !!!

    Quant à votre histoire, dont vous parlez, elle est dictée par vos maîtres français. La sédition dont vous souffrez, qui prone l’émancipation de l’ Amazigh berbère, anti-arabisme et islam est une planification sioniste française.

    Au lieu d’insulter vos frères arabes musulmans, liberez vous d’abord,de vous incliner devant le souverain qui vous asservit.

    Nettoyez vos villes de la prostitution et de la mendicité, plutôt que d’en vouloir à des pays connus pour la piété et la foi, comme la Mauritanie.

    Hier, j’ai défendu le Maroc contre le journaliste saoudien, qui vous a humilié , encore qu’il dit la vérité, mais votre persistance à attaquer vos frères ,dépassant toute éthique,m’a provoqué et m’a fait crier la vérité.
    Dr Hussein Bahamid Al-Hadrami (Doctorat en histoire et géographie)

    Source : Akhbar Nouadhibou

    Traduit par adrar.info

    Source : Adrar Info

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie,


  • Sahara Occidental, l’autre mur

    Par: Guillermo Alvarado

    Depuis qu’en 1975 l’Espagne a abandonné sa colonie au Sahara Occidental pour la remettre de façon honteuse au Maroc ignorant le droit légitime du peuple sahraoui à l’indépendance et à la souveraineté, beaucoup d’iniquités ont fait leur apparition face au silence complice de la communauté internationale.

    L’ONU s’est bornée à classer cette zone comme « territoire non-autonome » et à recommander un référendum pour que les Sahraouis déterminent leur statut, mais rien ne s’est traduit dans les faits dans la pratique.

    Le Maroc a été le principal bénéficiaire de la guerre qui a duré depuis 1975 jusqu’à 1991 au cours de laquelle le Front Polisario, de la République Arabe Sahraouie Démocratique a dû faire face à deux armées, à celle de Rabat et à celle de la Mauritanie qui est intervenue à l’instigation de la France.

    À la fin du conflit, plus de 60% de la jeune république sahraouie, proclamée en 1976, est resté au pouvoir du régime marocain, justement les sols les plus riches en gisements de phosphates, de fer, de pétrole et de gaz ainsi que mille kilomètres de côtes sur une mer riche en ressources de la pêche.

    Des centaines de milliers de personnes ont fui vers l’Algérie voisine et d’autres vivent dans des campements précaires sur des terres sableuses qui n’ont pratiquement aucune valeur économique.

    Le pays a été divisé par un mur dont on connaît peu, mais qui mérite tant de condamnation que celui construit par Israël en Cisjordanie ou celui que prétend dresser Donald Trump à la frontière avec le Mexique.

    Il s’agit d’une combinaison de haies qui ont commencé à être construites en 1980 au fur et à mesure que de nouveaux pans de territoire sahraoui étaient occupés. Actuellement c’est un complexe de huit murs d’une extension de 2 mille 700 kilomètres qui constituent une des plus grandes forteresses de la planète.

    Sa construction a été faite, comme pourrait-il en être autrement ? par des spécialistes israéliens et c’est l’Arabie Saoudite qui l’a financée, ce qui les transforme tous les deux en complices de cette brutale agression.

    Tous les quatre kilomètres il y a un campement militaire et tous les 15 kilomètres se dressent des radars modernes qui captent le moindre mouvement d’unités d’artillerie à proximité. Quelque 150 mille soldats marocains, équipés de drones et d’autres technologies sophistiquées y sont affectés.

    Les alentours constituent le champ de mines le plus grand du monde. Des spécialistes estiment que jusqu’à 40 millions de mines et d’autres engins explosifs y sont semés. Ce n’est pas par hasard qu’on le connaît sous le nom du « mur de la honte », pas seulement en raison de ses dimensions, mais aussi à cause de la façon dont le monde l’ignore.

    Radio Havane Cuba

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, mur de la honte,

  • JOURNÉE DE L’AFRIQUE : Une pression accrue sur le Maroc et le Conseil de sécurité

    La République sahraouie, dont une grande partie du territoire national est toujours occupée par le Maroc, a appelé l’Union africaine (UA) et les Nations-unies à assumer leurs responsabilités, en faisant pression sur l’occupant marocain pour qu’il cesse son occupation après s’être dérobé aux engagements pris à l’égard de la partie sahraouie, sous l’égide des deux organisations.

    Un appel contenu dans le communiqué, publié par le ministère sahraoui des Affaires étrangères, à l’occasion du 57e anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), un certain 25 mai 1963, dans le contexte des luttes de libération menées par les peuples africains pour s’affranchir de la colonisation et en finir avec l’apartheid. « La République sahraouie, encore en proie à l’agression étrangère que constitue l’occupation par le Royaume du Maroc d’une grande partie de son territoire national, appelle l’Union africaine et les Nations unies à assumer leurs responsabilités, en faisant pression sur l’occupant marocain pour qu’il cesse son occupation, après s’être dérobé aux engagements pris à l’égard de la partie sahraouie sous l’égide des deux organisations », précise le communiqué.

    Le ministère sahraoui des Affaires étrangères a souligné que « le peuple sahraoui en lutte pour défendre sa liberté et sa souveraineté est fier d’appartenir à l’Afrique et à un État qui compte parmi les fondateurs de l’Union africaine, qui constitue le cadre où s’exprime l’aspiration commune des peuples du continent à la complémentarité et à l’intégration politique et économique ». Le ministère a indiqué que la République sahraouie « œuvrera au sein de l’UA à promouvoir l’action collective de manière à réaliser les objectifs de l’Agenda de 2063 pour le développement et la paix, et contribuera aux efforts visant à unifier la voix de l’Afrique pour contrer les desseins d’un certain front au sein de l’Union qui tente d’appliquer des plans étrangers visant à créer un climat de division et d’instabilité, et à servir ses propres intérêts au détriment des peuples d’Afrique ».

    Les dirigeants de l’UA avaient réitéré, lors de la célébration du 50e anniversaire de la Journée de l’Afrique, le 25 mai 2013, « leur ferme engagement à consacrer les objectifs d’union et de libération, et leur attachement au principe du droit des peuples à l’autodétermination et à leur intégrité territoriale », a souligné le MAE sahraoui. « L’organisation continentale a accueilli, des années durant, les mouvements de libération, assuré leur financement et approvisionnement en armes, sans manquer de les soutenir dans les fora internationaux », a rappelé la même source.
    L’OUA avait également joué « un rôle prépondérant » dans la défense du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance et accueilli le jeune État sahraoui, « en dépit de la forte pression exercée de l’extérieur du Continent et par des agents locaux expansionnistes », précise la même source.

    L’Organisation panafricaine était également l’initiatrice de la proposition ayant constitué le fondement de la solution pacifique et juste, connue sous l’appellation de plan de règlement sahraoui, dont le principal objectif consistait en l’accès du peuple sahraoui à ses droits inaliénables, lit-on dans le communiqué du ministère sahraoui.

    Le MAE sahraoui a rappelé qu’avec « la création de l’UA et en concrétisation de la solidarité avec la RASD et son peuple, il a été convenu à l’unanimité de mentionner les États fondateurs, dont l’État sahraoui dans l’acte constitutif pour contrer définitivement les tentatives de l’occupant marocain qui avait tout fait à l’époque pour que son adhésion à la nouvelle Union, héritière de l’OUA, soit au détriment de la République sahraouie ». « Les positions, les principes de l’UA ainsi que sa philosophie inspirée d’un long parcours de combat contre l’esclavagisme, la discrimination et la colonisation ont fait de cette entité, aujourd’hui, après presque 6 décennies d’existence, la seule organisation continentale qui bénéficie de l’intérêt des puissances mondiales, eu égard à l’importance stratégique qu’elle revêt au point de mériter le qualificatif de « Continent d’avenir » et compte tenu de ses richesses et du dynamisme de ses populations », a écrit le ministère.
    Les pays africains célèbrent lundi la Journée mondiale de l’Afrique commémorant le 57e anniversaire de la fondation, le 25 mai 1963, de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), lorsque 32 États africains indépendants ont co-signé l’acte constitutif de l’Organisation, devenue l’Union africaine (UA), en 2002, à Addis-Abeba (Ethiopie).

    En date du 25 mai 1963, les pères fondateurs ont convenu des principes et objectifs qualifiés de « fondement et ciment » de l’action africaine collective visant à libérer le continent noir du colonialisme et du racisme, tout en œuvrant à obtenir le droit à l’indépendance et à l’autodétermination dans le respect des frontières héritées de l’époque coloniale. Ces principes ont également constitué « les fondements voire l’essence de la philosophie de l’unité et de l’édification et les piliers de la stratégie africaine partagée » qui distingue l’Afrique.L’OUA a représenté, par ailleurs, le cadre continental dans lequel les leaders africains ont défini l’orientation et les politiques visant l’action collective et la coordination du mouvement de solidarité au service de la libération.

    Depuis sa création, l’OUA n’a cessé d’accompagner le combat et la lutte des peuples africains, en mettant en place une instance spéciale, en l’occurrence le Comité de libération de l’Afrique dont le siège est implanté à Dar Es-salam en Tanzanie.

    M. B.

    Le Courrier d’Algérie, 27 mai 2020

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Journée de l’Afrique, Front Polisario,

  • Maroc : Le pillage de la RASD ne remplit plus les caisses du Makhzen

    La machine de propagande du makhzen, chargée généralement d’étouffer toute voix dénonçant l’illégalité de l’occupation des territoires du Saharaoui, est également appelée à soigner l’image du royaume. Très souvent, des articles de presse et des reportages vantant la réussite politique et économique du royaume de Mohammed VI sont diffusés sur différents supports.

    Mais la crise du covid-19 a vite fait de rappeler la réalité aux marocains. Dès le début de la pandémie, le Maroc va solliciter une aide du FMI en recourant à la ligne de précaution et de liquidité d’un montant de 3 milliards de dollars. Mais le gouvernement marocain a besoin de plus d’argent pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie. Selon le gouvernement marocain d’autres demandes de crédits seront faites auprès d’autres institutions financières internationales tout au long de l’année en cours.

    La raison, le Maroc à une dette extérieure de 34 milliards de dollars et doit payer 4,15 milliards de dollars à de service de la dette en 2020. Face à cet endettement plus ou moins élevé, le Maroc ne dispose pas d’importantes réserves de change. Ces dernières s’élevaient à 24,4 milliards de dollars à fin février 2020, alors que l’Algérie dispose de 60 milliards de dollars. Mais la situation se complique davantage quand on aborde la structure du commerce extérieur de nos voisins de l’ouest. Le déficit commercial des biens s’est élevé à plus de 21 milliards de dollars en 2019, alors qu’il n’a été que de 6,11 milliards de dollars pour l’Algérie.

    Les performances économiques du Maroc, tant chanté par le makhzen, étale au grand jour une fragilité structurelle. L’économie marocaine doit importer deux dollars pour exporter un seul dollar. Ce lourd déficit du commerce extérieur des biens est plus ou moins atténué grâce aux rentrés en devises du tourisme et des transferts de l’argent de la diaspora. Enfin, les investissements directs étrangers ont chutés de 45% en 2019 pour n’atteindre que 1,8 milliards de dollars. Remettant en cause l’attractivité de l’économie marocaine.

    Le gouvernement marocain s’attend à une année très difficile sur le plan économique et social. La sécheresse qui frappe l’agriculture va réduire du tiers la production céréalière. Les principaux secteurs économiques exportateurs sont presque à l’arrêt. Le tourisme sera long à la reprise vu que les principaux pays émetteurs maintiennent leurs frontières fermées. Tandis qu’on s’attend à une baisse mondiale des transferts d’argent des émigrés de l’ordre de 20%. Une situation tellement critique que le gouvernement marocain n’a d’autres choix que de s’endetter encore plus.

    Puis il y a le Sahara occidental. La colonisation de ce territoire coute cher à Rabat. Le mur qui sépare les territoires libérés de ceux occupés par le Maroc, long de2700 kilomètres, doit être régulièrement entretenu. Des dizaines de milliers de soldats marocains, avec leurs équipements, sont mobilisés tout au long de ce mur. Le gouvernement accorde des avantages financiers pour encourager les marocains à s’implanter dans les territoires occupés pour modifier la démographie.

    La facture est tellement élevées que les richesses pillées du Sahara occidental, phosphate et poissons, ne couvrent que faiblement les dépenses engagées par le palais royal pour maintenir la colonisation d’une partie des territoires Sahraouis. A titre d’exemple, les exportations de phosphate du Sahara occidental n’ont rapportés que 90,4 millions de dollars en 2019 contre 164 millions de dollars en 2018, tandis que le pillage des ressources halieutiques a généré 100 millions de dollars la même année. Ces montants sont loin de couvrir le cout annuel de la colonisation, qui est en réalité supporté par le peuple marocain.

    Le Jeune Indépendant, 20 mai 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Makhzen, Front Polisario, phosphates, pillage, ressources naturelles, armée, mur de la honte,

  • Sahara occidental : Aminatou Haidar critique l’ONU

    La militante sahraouie des droits humains a vivement critiqué la manière avec laquelle l’ONU traite la question de la décolonisation au Sahara occidental.

    Elle soutient que «l’approche adoptée par l’ONU pour la décolonisation du Sahara occidental n’a pas pleinement satisfait les aspirations du peuple sahraoui». Mme Haidar, qui était l’invitée, mardi dernier au soir, d’une table ronde virtuelle, organisée via visioconférence, par la Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines, a expliqué à que «certaines puissances étrangères, notamment la France, l’Espagne et les Etats-Unis,(…) ensemble ou individuellement, ont œuvré pour entraver le processus de décolonisation au Sahara occidental, qui constitue une violation flagrante du droit international et de tous les droits civils, politiques et sociaux».

    Le prix Nobel alternatif 2019, Mme Haidar a relevé «un ensemble de déséquilibres qui ont caractérisé la manière dont le Conseil de sécurité des Nations unies a abordé le conflit sahraoui ces dernières années, bien sûr, à la demande de Paris et d’autres régimes qui ont soutenu le Maroc au détriment des droits du peuple sahraoui et le droit international, portant atteinte à la légitimité institutionnelle du territoire».

    En ce qui concerne la situation dans les territoires occupés du Sahara occidental, Mme Haidar a été «très surprise par la continuation du Conseil de sécurité à renouveler techniquement le mandat de la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental, la Minurso sans introduire aucun mécanisme pour organiser ou faciliter la tenue d’un référendum sur le territoire conformément au plan de règlement de 1991 signé par les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc».

    Par ailleurs, la Fondation sahraouie Nushatta pour les médias et les droits de l’homme a fait état de la poursuite des crimes de l’armée marocaine contre les bédouins sahraouis et leurs cheptels dans les territoires libérés. «Tapie derrière le mur de la honte, l’armée de l’occupant marocain continue à ouvrir le feu sur les Bédouins sahraouis des territoires libérés, notamment ceux se trouvant à proximité du mur de séparation raciste, implanté de mines qui n’épargnent ni les personnes ni les animaux», rapportent des médias sahraouis citant Nushatta. «Dès que des camelins et autres cheptels s’approchent du mur de l’humiliation et de la honte marocain, ils sont la cible de tirs nourris de l’armée d’occupation et ces actes qui relèvent de la barbarie ont tendance à se répéter, d’où des plaintes de la population des territoires libérés», ajoute le collectif.

    Affirmant que «la dernière agression date de mercredi dernier lorsque les forces d’occupation ont ouvert le feu sur des dromadaires», la Fondation a rappelé l’assassinat, en 2016, d’un citoyen sahraoui qui a tenté d’empêcher ses chameaux d’arriver à la zone minée, adjacente au mur de la honte.
    Nushatta pour les médias et les droits de l’homme s’est interrogée, à ce propos, qui devra mettre fin à ces actes contraires à la morale et aux valeurs humaines. 

    Dans un autre registre, un nouveau livre sur le conflit au Sahara occidental a été publié sous le titre «Hongrie et la crise au Sahara occidental», écrit par l’expert hongrois et ancien membre de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), Dr Janos Besenyo. Dans ce livre de 460 pages publié début mai, résultat de 10 années de recherche, l’auteur a utilisé diverses sources scientifiques, racontant également des souvenirs et des entretiens avec ces anciens soldats sahraouis.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Aminatou Haidar, ONU,

  • Sahara occidental : Décès du savant de la culture populaire sahraouie, Sidati Sellami

    Mohamed Mahmoud

    Au début de l’année 1975, j’ai eu l’occasion de travailler pendant quelques mois à la Radio espagnole d’El Aaiún, à l’époque sous occupation espagnole. Parmi ses programmes se trouvait Taraïf wa hikayate sahraouiya (Comptes et relats sahraouis) dirigé et présenté par un homme aveugle mais qui jouissait d’une autonomie surprenante : Sidati Ould Sellami. Il se débrouillait pratiquement tout seul pendant qu’il préparait son émission si chère à la population sahraouie.

    Je viens d’apprendre qu’il n’est plus de ce monde. Une nouvelle triste pour le peuple sahraoui non seulement parce qu’il a consacré sa vie à la préservation et la diffusion de la culture populaire en tant qu’élément de l’identité nationale qui nous distingue des peuples voisins, mais aussi un militant qui a connu les prisons et la torture marocaines les plus atroces. En vue de lui faire parler, les marocains torturaient sa fille sans pitié.

    En 1987, Sidati se rendait parfois à la ville de Las Palmas où il retrouvait Ualina Chej Lekbir, responsable de la diaspora sahraouie dans la capitale canarienne. Il lui transmettait des précieuses informations sur l’occupation marocaine et ses pratiques de répression. Le Sahara Occidental se préparait à accueillir une mission onusienne dans le cadre du processus de paix qui aboutira à un cessez-le-feu le 6 septembre 1991. Le jour de son arrivée, Sidati venait d’arriver de Las Palmas avec des brochures et des drapeaux de la RASD qui seront brandis devant la mission onusienne. Ils se sont réunis le long de l’autoroute qui mène de l’aéroport vers la ville. Ils ne s’attendaient pas à ce que les marocains fasse recours à une vieille ruse que le Makhzen utilisait lorsque le roi Hassan II avait l’intention de se déplacer entre les villes marocaines.

    Les autorités marocaines ont préparé un faux convoi diplomatique. En voyant les limousines arriver, Sidati et les siens ont pensé que c’était le cortège de la mission onusienne et ils ont sorti leurs drapeaux et leurs tracts. C’était le moment attendu par les forces de police. Sidati et des centaines de jeunes ont été emprisonnés et torturés.

    On raconte qu’en dépit de sa cécité, Sidati a appris à démonter et à réparer le magnétophone qu’il portait lors de ses randonnées à travers le désert du Sahara dit Espagnol en quête de comptes et de fables pour son programme.

    Aujourd’hui, il n’est plus, mais sa place a été forgée dans la mémoire de chacun des sahraouis par son intégrité, sa sagesse et son travail infatigable en vue de sauvegarder le patrimoine culturel sahraoui que l’occupation marocaine tente d’effacer.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Sidati Sellami, patrimoine culturel, culture,

  • Solution politique mutuellement acceptable et autodétermination sont deux concepts incompatibles (diplomate)

    Selon le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, le Dr Sidi Mohamed Omar, la solution politique mutuellement acceptable n’est pas compatible avec le concept d’autodétermination.

    « Nous sommes tous d’accord que les négociations sont essentielles. Mais lorsque le Conseil appelle les parties à trouver une solution politique mutuellement acceptable, cela n’est pas compatible avec le concept d’autodétermination » a-t-il affirmé dans un entretien accordée au site Junge Welt » précisant que « cette approche contradictoire est en fait la raison de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons actuellement ».

    Questionné sur la situation des négociations, le Dr Omar a affirmé que le peuple sahraoui n’a plus aucune confiance en l’ONU à un moment où son processus est complètement paralysé. « Cette situation est aggravée par le fait que l’ONU et la communauté internationale dans son ensemble ne font rien pour faire avancer les choses », a-t-il ajouté.

    Pour le diplomate sahraoui, « l’option préférée du Maroc est celle de gagner du temps, dans l’espoir que la communauté internationale accepte et reconnaisse son occupation illégale et l’annexion des autres parties du Sahara occidental ». « Mais même si certains ont accepté le statu quo comme excuse pour ne rien faire, les Sahraouis et le Front Polisario ne l’accepteront jamais » a-t-il indiqué.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, autodétermination, conseil de sécurité, ONU, solution mutuellement acceptable,

  • Algérie : le message subliminal destiné au Maroc

    Selon l’agence de presse algérienne, qui cite un communiqué du ministère algérien de la Défense, des unités de la troisième région militaire, supervisées par le général Chengriha, ont effectué un exercice tactique intitulé « fidèle au serment ».

    Selon la même source, les manœuvres ont eu lieu dans le cadre « de l’évaluation de la deuxième étape du programme de préparation au combat pour l’année 2019/2020″, mais la réalisation de cet exercice en plein Ramadan et au lendemain des attaques du ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, semble porter un message subliminal.

    En effet, le chef de la diplomatie, loin des méthodes diplomatiques, a trouvé dans la visioconférence des chefs d’État des Pays Non Alignés l’occasion idéale d’accuser le pays voisin d’alimenter « le séparatisme » dans une tentative désespérée de dévier la nature de son invasion armée du territoire du Sahara Occidental qui figure depuis 1963 dans la liste des territoires non autonomes jouissant du droit sacré à l’autodétermination et à l’indépendance.

    Au lendemain de cette malheureuse déclaration, la réponse algérienne ne s’est pas faite attendre. L’ANP a réalisé des exercices avec munitions réelles à Tindouf, une région à la frontière avec le Maroc et le Sahara Occidental et qui accueille depuis plus de 45 ans les réfugiés sahraouis.

    La presse marocaine, toujours prête à dégainer contre le pays voisin semble avoir avalé sa langue face à un message énergique visant à refléter la détermination de l’Algérie à poursuivre la défense de la juste cause du peuple sahraoui.

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara occidental, Mouvement des Pays Non Alignés, Nasser Bourita, armée algérienne,