Catégorie : Sahara Occidental

  • Sahara Occidental : Communiqué de presse de la Russie

    Communiqué de presse sur les résultats de la visioconférence des États membres du Conseil de Sécurité sur la situation au Sahara occidental

    Notre approche du règlement du Sahara occidental est équilibrée et impartiale. La formule finale doit être acceptable pour les deux parties; elle devrait envisager l’autodétermination du peuple du Sahara occidental sur la base des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies dans le cadre de procédures qui devraient répondre aux objectifs et principes de la Charte des Nations Unies.

    Nous appuyons le rôle stabilisateur de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, où des officiers russes sont déployés.

    Nous attendons avec intérêt la nomination d’un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général et les progrès dans la convocation du troisième round de tables rondes entre les parties avec la participation de leurs États voisins à Genève. Nous espérons que la reprise du dialogue contribuera à faciliter une solution équitable et durable sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, acceptables pour les deux parties.

    Source

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, MINURSO, ONU, Conseil de Sécurité, Front Polisario, Russie,

  • Sahara Occidental : Déclaration du représentant du Polisario auprès de l’ONU

    A l’occasion de la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le renouvellement du mandat de la MINURSO, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, M. Sidi Omar, a fait une déclaration par vidéo-conférence dans laquelle il a demandé aux membres du Conseil de prendre des actions, pas des paroles en vue de mettre fin au statu quo.

    M. Omar a indiqué « bien que la session a lieu à un moment où le monde est confronté aux conséquences de la pandémie du coronavirus, nous espérons que le Conseil de sécurité prendra des mesures concrètes pour changer le statu quo et relancer le processus de paix au Sahara occidental qui est au point mort ».

    « Nous espérons également que le Conseil enverra un message fort au Maroc, puissance occupante, pour qu’il mette fin à ses actions illégales et déstabilisatrices dans les territoires sahraouis occupés ».

    Le diplomate sahraoui a souligné que « ce que notre peuple attend de l’ONU et du Conseil de sécurité en particulier, ce sont des actions, pas des paroles, des actions qui lui permettraient d’exercer librement et démocratiquement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance ».

    « La prochaine réunion est donc une nouvelle occasion pour le Conseil d’aller au-delà du «statu quo» et de démontrer sa détermination à mettre un terme au conflit qui dure depuis des décennies au Sahara occidental et, avec lui, aux souffrances de notre peuple », a-t-il conclu.

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO,

  • Maroc/Sahara Occidental : Il faut libérer les journalistes et manifestants pacifiques détenus

    Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes emprisonnées uniquement pour avoir manifesté ou exprimé pacifiquement leurs opinions, dont des dizaines de manifestant·e·s du mouvement du Hirak du Rif, de rappeurs, de blogueurs et de journalistes, a déclaré Amnesty International le 6 avril 2020 alors que les craintes grandissent face à la propagation du COVID-19 dans les prisons.

    En outre, il faut envisager rapidement des alternatives à la détention pour les détenu·e·s âgés ou qui souffrent de maladies préexistantes, s’ils ne représentent pas de menace pour eux-mêmes ni pour la société, et mettre en œuvre la présomption de libération pour les personnes inculpées qui sont dans l’attente de leur procès.

    « La sombre perspective de la propagation du COVID-19 dans les prisons devrait inciter les autorités marocaines à libérer les dizaines de personnes détenues uniquement pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé leur droit de manifester. Ces personnes pacifiques n’auraient jamais dû être incarcérées au départ, a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

    Au cours des six derniers mois, les autorités marocaines ont durci leur intolérance à l’égard de celles et ceux qui osent exprimer leurs opinions librement

    « À celles et ceux qui demeurent en détention ou en prison, le gouvernement marocain doit dispenser un niveau de soins médicaux qui réponde aux besoins de chacun·e et garantisse la protection la plus efficace possible contre la propagation du COVID-19. »

    Au cours des six derniers mois, les autorités marocaines ont durci leur intolérance à l’égard de celles et ceux qui osent exprimer leurs opinions librement. Entre novembre 2019 et janvier 2020, au moins 10 personnes, dont un journaliste et deux rappeurs, ont été interpellées et condamnées à des peines de prison en raison de l’exercice légitime de leur droit à la liberté d’expression en ligne. Toutes sont accusées d’« outrage à des fonctionnaires ou à des institutions publiques » et sept d’entre elles sont actuellement emprisonnées dans diverses régions du Maroc.

    Le militant Abdelali Bahmad, alias Ghassan Bouda, purge une peine d’un an de prison pour « outrage » à la monarchie, au motif qu’il a publié sur sa page des posts en soutien aux manifestations du mouvement du Hirak. Les blogueurs Moul El Hanout et Youssef Moujahid purgent une peine de quatre ans de prison, un tribunal de Rabat les ayant déclarés coupables d’outrage à des « fonctionnaires » et à des « institutions » et d’« incitation à la haine », pour avoir publié des vidéos dans lesquelles ils ont exercé de manière légitime leur droit à la liberté d’expression en ligne.

    Selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH), en mars 2020, le nombre de personnes détenues à travers le pays pour avoir exprimé de manière légitime leurs opinions atteignait 110.

    Les prisons au Maroc connaissent une forte surpopulation et une part importante de la population carcérale se compose de personnes placées en détention dans l’attente de leur procès. En novembre 2019, Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des Droits de l’homme et des Relations avec le Parlement, a informé les membres de la chambre haute du Parlement marocain que le taux de surpopulation dans les prisons s’élevait à 138 %, avec un total de 83 747 personnes détenues en 2018. D’après le ministre de la Justice, en 2018 [1], 40 % de l’ensemble de la population carcérale se trouvait en détention provisoire.

    « Le gouvernement doit aussi envisager sérieusement d’adopter des mesures non privatives de liberté pour les personnes accusées de délits mineurs ou qui sont particulièrement vulnérables au COVID-19, comme les détenu·e·s âgés ou souffrant de graves pathologies médicales », a déclaré Heba Morayef.

    Ces dernières années, plusieurs détenu·e·s ont observé des grèves de la faim pour demander l’accès à de meilleurs soins de santé ou des droits de visite renforcés. Il s’agit entre autres de nombreux prisonniers du mouvement du Hirak, condamnés par un tribunal de Casablanca à de lourdes peines de prison pour avoir pris part au mouvement de justice sociale qui a agité le Rif, région du nord du Maroc, tout au long de l’année 2017. Amnesty International avait qualifié ce procès d’erreur judiciaire, car le tribunal s’était appuyé sur des « aveux » extorqués sous la torture pour condamner 43 hommes qui avaient participé aux manifestations.

    Les leaders du mouvement Nabil Ahamjik et Ahmed Zefzafi ont entamé une grève de la faim le 22 février pour réclamer l’accès à des soins médicaux et des droits de visite. Tous deux ont dû y mettre un terme le 17 mars, par peur de la propagation du COVID-19.

    Complément d’information

    Selon le ministère de la Santé, au 6 avril, le nombre total de cas confirmés de COVID-19 au Maroc et au Sahara occidental s’élevait [2] à 1 021 ; 70 personnes sont mortes de complications liées au coronavirus COVID-19 et 76 ont guéri. Le 16 mars, les autorités judiciaires marocaines ont annoncé la suspension des audiences jusqu’à nouvel ordre, à l’exception des audiences relatives à des affaires impliquant des personnes poursuivies en état de détention, à des dossiers en référé et à des dossiers d’instruction.

    Le 5 avril, le roi Mohammed VI a gracié 5 654 détenus et donné l’ordre de prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer la protection des personnes détenues dans les prisons, tout particulièrement contre la propagation de l’épidémie de COVID-19, a annoncé le ministère de la Justice le 5 avril.

    Le 20 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé le confinement total de la population jusqu’au 20 avril. Le 23 mars, le Parlement a adopté le décret-loi n°2.20.292 [3] portant sur les dispositions relatives à l’état d’urgence sanitaire. Il prévoit des peines d’un à trois mois de prison pour toute personne qui enfreint les mesures d’urgence.

    Le 28 mars, le secrétaire général de la présidence [4] du ministère public a indiqué que la police a procédé à l’arrestation d’environ 450 personnes pour violation de l’état d’urgence sanitaire et de 56 personnes pour publication de fausses informations au sujet du nouveau Coronavirus (COVID-19).

    NOTES

    [1] https://www.moroccoworldnews.com/2018/02/240616/40-percent-moroccan-inmates-held-pre-trial-detention/

    [2] https://www.mapnews.ma/fr/

    [3] http://www.sgg.gov.ma/Portals/1/BO/2020/BO_6867-bis_Ar.pdf?ver=2020-03-24-102522-043

    [4] https://www.lesiteinfo.com/maroc/etat-durgence-sanitaire-voici-le-nombre-darrestations-au-maroc/

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, droits de l’homme, répression,

  • Maroc : Le Makhzen pris de court par la diplomatie algérienne au Proche Orient

    Selon Aziz Chahir, docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc, le royaume chérifien a été pris de court par la première visite d’État de trois jours du président algérien Abdelmajid Tebboune en Arabie Saoudite, la première à un pays étranger depuis son investiture en décembre, à l’invitation du roi Salmane. C’est ce qui a poussé le roi Mohammed VI a dépêcher, le même jour, son principal conseiller royal, Fouad Ali El Himma, et son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, pour rencontrer le nouvel homme fort de l’Arabie Saoudite, le prince Mohammedben Salmane.

    À cet effet, Mohammed VI a chargé son plus proche conseiller, Fouad Ali al-Himma, de se rendre précipitamment à Riyad, le 26 février, en vue de s’entretenir avec le prince Mohammed ben Salmane.


    Face à la nouvelle offensive diplomatique de l’Algérie, le régime marocain n’a plus d’autre choix que de tenter un rapprochement avec l’Arabie saoudite face aux mouvements algériens dans la région du Golfe.

    Cependant, la véritable raison des agissements marocains pourraient être le souci de voir l’Arabie Saoudite accepter la participation de la RASD dans le sommet Union Africaine-Arabie Saoudite prévu pour le 16 mars à Riyad à un moment où l’organisation panafricaine a exigé le 7 février la présence de tous les membres de l’organisation continentale lors des sommets avec des partenaires internationaux.


    « À cela, il faudra ajouter les agissements du Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui parvient à se fait entendre dans les enceintes internationales », indique-t-il.

    Tags : Maroc, Arabie Saoudite, Algérie, Union Africaine, Sommet Arabie Saoudite-UA, Front Polisario, Mohamed Ben Salman,

  • Communiqué – L’association française des Amis de la RASD, très émue par le décès de Mohamed Khadad

    C’est avec une immense tristesse et la conviction que le peuple sahraoui vient de perdre un de ses responsables les plus éminents que nous venons d’apprendre le décès de Mohamed Khadad, ce premier avril, des suites d’une grave maladie dont il espérait sortir victorieux.

    Nous souhaitons rendre un hommage autant à l’homme vertueux, dévoué à son peuple et à la RASD qu’à l’homme politique à la carrière brillante. Dès 1975, il abandonne l’Université d’Alger pour rejoindre la révolution sahraouie et prendre très vite d’importantes responsabilités. Il participe aux négociations directes ou indirectes avec le Maroc dès 1978 à Bamako jusqu’aux dernières à Genève en 2019. Il assume une mission de représentation en Europe pendant plusieurs années, mais c’est la mise en route du Plan de paix qui lui confère d’importantes responsabilités au sein de la Commission d’identification et de la MINURSO. Nous avons pu apprécier la qualité et la rigueur de son engagement auprès des Nations unies et dans ses rapports avec tous les membres du Conseil de sécurité et nous n’avons pas manqué de faire partager en France sa force de conviction.

    Nous adressons à sa famille nos très sincères condoléances, au Président Ghali et à tous les citoyens sahraouis où qu’ils soient nos sincères regrets et notre hommage au disparu.

    Nous sommes sûrs que le chemin que Mohamed Khadad a tracé toutes ces années sera très vite repris par la diplomatie sahraouie et que les prochains rendez-vous avec les Nations Unies et le Conseil de sécurité déboucheront enfin sur des décisions capables de remettre en route un processus en panne avec la nomination d’un nouvel envoyé personnel, l’élargissement du mandat de la MINURSO au respect des droits de l’homme et la perspective de la mise en œuvre d’un vote d’autodétermination.

    Paris le premier avril 2020

    AARASD

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, AARASD, Mhammad Khaddad,

  • Hommage à M’hamed KHADDAD (Cabinet d’avocats)

    Décision de la Cour de l'UE: avantages et perspectives d ...



    Le départ de M’hamed KHADDAD nous plonge dans une infinie tristesse, et je présente mes plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et son peuple.

    Cela fait huit ans que très régulièrement, nous avions à travailler ensemble pour défendre l’application du droit sur le territoire du Sahara occidental. Depuis le premier jour, cette rencontre a été un bonheur. Lors de notre première rencontre, M’hamed a su, comme personne, me faire comprendre en quelques heures ce qu’était le peuple Sahraoui, et pourquoi il n’y avait d’autres voies que l’application stricte du droit international pour défendre son droit à l’autodétermination.

    M’hamed avait une connaissance encyclopédique du dossier, sur tous les aspects. Il s’est montré remarquablement disponible pour comprendre les contraintes des procédures en droit européen. À chaque étape, c’étaient des discussions approfondies, car l’action juridique n’a de sens que si elle est au service de l’action politique, et il fallait la meilleure des coordinations. Cet homme qui savait tant, qui avait vu tant de choses, était toujours curieux d’apprendre et de découvrir, et il expliquait souvent que pour atteindre la victoire, il fallait que nous soyons plus connaisseurs et plus rapides que les forces adverses. Devant les auditoires les plus divers, il savait en quelques minutes brosser une analyse politique limpide, identifiant les rapports de forces et les voies à rechercher.

    Je garde comme un souvenir inégalé, avec une émotion intacte, la lecture de l’arrêt du 21 décembre 2016 de la Cour de Justice, à Luxembourg. Je l’entends encore analyser à voix basse au fur et à mesure de sa lecture : « deux territoires distincts et séparés, occupation militaire, résolution 34/37, consentement du peuple Sahraoui… c’est excellent, excellent ».

    Ce travailleur infatigable était toujours disponible, et il ne négligeait aucun effort. Devant une vie si noble et une personnalité si riche, c’est ce soir mon admiration qui domine, mais il y a aussi une rage devant ces adversaires sans scrupules, qui ne tiennent leur pouvoir que par le vol de la richesse d’un peuple. C’est une rage profonde car la coalition des intérêts criminels a empêché M’hamed de connaître l’indépendance de son pays.

    Cette injustice, qui frappe dans son entier un peuple pacifique, uni et respectueux du droit, ne fait que redoubler ma détermination. Dans mes yeux, le visage de M’hamed est désormais gravé sur toutes les pages de nos actes de procédure, et je veux dire à sa famille et au peuple Sahraoui que celui qui a été pendant ses huit ans un ami de tous les jours, a été pour moi le meilleur des professeurs de politique. C’était un vrai artisan de la paix, sa confiance m’a porté, et oui, nous n’aurons de repos qu’avec l’indépendance.

    Cabinet Devers

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Mhamad Jadad, Gilles Devers,

  • La MINURSO a été aprivoisée par le Maroc et c’est inadmissible (Mhammed Khaddad)

    Quelques jours avant la célébration du dernier congrès général du Front Polisario, le martyr Mhammed Khaddad a envoyé un enregistrement exprimant son point de vue sur la situation au Sahara Occidental.

    La situation actuelle est le résultat de 30 ans de cumul de positions onusiennes caractérisées par le non respect de ses propres résolutions et de son processus de paix.

    La MINURSO a été apprivoisée par le Maroc. Non seulement, elle n’a pas organisé le référendum, mais en plus elle n’a pas monitoré les droits de l’homme, n’a pas empêché la spoliation des ressources naturelles, l’accord militaire nº1 a été violé et foulé aux pieds à Guergarate, l’envoyé personnel et le Chef de la MINURSO ne peut pas nous rencontrer dans les territoires libérés, etc…

    Si le Secrétaire Général dit qu’il nous a jamais rencontré dans les territoires libérés, ce qui n’est pas vrai, qu’il nous dise alors quel est la référence légale qui interdit l’envoyé personnel de nous rencontrer dans une partie de notre terre, où nous étions au moment de l’arrivée de l’ONU au territoire. Ce n’est pas l’ONU qui nous a offert en cadeau cette portion de notre territoire, c’est là que nous lui avons donné nos véhicules le 6 sept 1991, nous l’avons hébergée chez nous dans ces territoires. Ils menacent le représentant personnel d’expulsion s’il nous rencontre là. Ils ont même essayé de limiter nos mouvements dans ces territoires. Les passeports des officiers de la MINURSO sont cachés avec le mot « Sahara marocain ».

    L’envoyé personnel a démissionné depuis 6 mois et le Secrétaire Général n’a pas pu nommer un nouveau et la dynamique créée par Köhler il y a près de deux ans, a été sabotée avec le retour au Conseil de Sécurité à 12 mois au lieu de 6 dans le processus de renouvellement du mandat de la MINURSO. C’est beaucoup trop !


    Nous avons fait toute sorte de concessions en vue de pousser le processus pour qu’à la fin on nous retourne à « 12 mois », alors qu’il n’y a pas d’envoyé personnel, l’envoyé ne peut pas vous visiter dans les territoires libérés, le poste de Guergarate est toujours actif, la spoliation des ressources continue, la répression continue… Cela est insupportable !

    Le peuple sahraoui se prépare pour son congrès, il fait le bilan de la situation pour définir l’option à suivre. Le conflit dure depuis près de 45 ans. 70 % des réfugiés sahraouis sont nés à l’exile. Un mouvement qui garantit la paix et la stabilité dans la région, un mouvement de libération qui ne s’est jamais engagé dans le terrorisme, et n’a jamais menacé d’y faire recours, et depuis 29 ans elle patiente en silence. Qui peut supporter cela ? Cela est dû à l’échec du Secrétariat Général de l’ONU, du Conseil de Sécurité, et de l’UE, c’est cela qui a conduit à cette situation. L’ONU est responsable des conséquences de cette situation et des décisions qui seront prises au Congrès.

    Nous ne menaçons pas de retourner à la guerre mais nous exigeons l’application du droit et de la légalité internationales, des résolutions du Conseil de Sécurité, et nous n’acceptons pas les manœuvres tendant à faire perdurer le statu quo. La réponse à ces manœuvres revient au Congrès et aucune option ne doit être exclue.

    Nos alliés ont clairement déclaré que la dernière résolution est déséquilibrée et n’a pas pris des décisions susceptibles d’impulser le processus. La Russie a clairement déclaré aux américains et aux français qu’ils ne peuvent pas faire bousculer la carte du Maghreb à leur guise et qu’elle s’opposera à cela. La Chine ne l’a pas dit dans son vote, mais dans son explication de vote. Cela renforce notre position. Malgré leurs menaces et malgré qu’ils sont le porte-plumes, aucune résolution ne peut passer sans l’accord de Mouscou. Les russes refusent que la France fasse ce qu’elle veut de cette région et que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination soit foulé aux pieds.

    Au Conseil de Sécurité, le Sahara Occidental est le seul conflit où la France interdit un débat public. Ses débats sur le Sahara Occidental doivent être faits à huit clos. Depuis 1996 ou 1998, le Conseil n’a jamais envoyé une délégation à la région. Ban Ki-moon a pu nous visiter, le Maroc l’a empêché de visiter les territoires occupés. L’ONU se cache derrière le fait que le conflit soit de basse intensité et nous n’acceptons pas cela. Si nos aînés l’acceptent, ce n’est pas le cas de nos nouvelles générations.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=wHiNJrXC6TA&w=560&h=315]

  • Maroc Leaks : Manoeuvres en prévision de l’échéance d’avril

    A quoi sert encore le Conseil de sécurité de l'ONU ? - Le Parisien

    Note

    En prévision des prochaines échéances liées à la Question nationale (visite de Ross, élaboration du rapport du SG des Nations Unies et adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité), je vous soumets les éléments d’appréciation suivants :

    • Le contexte général de l’échéance d’avril est marqué par trois faits essentiels à savoir la poursuite de la nouvelle approche préconisée par M. Ross, une montée en puissance des pressions exercées par les Etats-Unis et à un degré moindre par le Royaume-Uni sur le volet droits de l’homme et, enfin, une recrudescence de l’activisme agressif de nos adversaires comme en témoigne le passage, avant-hier, d’Aminatou Haidar au Parlement Européen et la campagne médiatique orchestrée, hier à Paris, par l’acteur espagnol Bardem.

    • La conjugaison de ces trois facteurs et le timing de leur activation renseignent sur la nature du contexte général dans lequel évolueront les discussions en prévision de l’échéance d’avril ; un contexte où la sérénité des débats et la recherche d’une solution politique ne seront pas assurées et où la plus grande vigilance est de mise.

    • Ce constat est corroboré par les multiples signaux recueillis, auprès de nombreux intervenants, à New York, Washington, Paris et Rabat.

    • A ce stade, il est essentiel d’agir, de manière préventive et urgente, en vue de sécuriser la position marocaine, de contrecarrer les manœuvres malveillantes de nos adversaires et d’inverser le penchant droit- de l’hommiste de l’administration américaine.

    • L’objectif stratégique étant d’éviter un scénario où les multiples acquis du Maroc seraient menacés et ou, in fine, l’expérience de 2013 pourrait se renouveler.

    • A la différence qu’en 2014, l’action de l’administration américaine se singularise par son caractère élaboré qui dénote d’une véritable stratégie et non, d’une démarche esseulée de Suzanne Rice.

    • L’action proposée doit être triple à savoir renforcer le « pendant politique » du processus en cours avec M. Ross, donner des signaux concrets sur les engagements souscrits en matière des droits de l’homme et consolider le cercle de nos appuis au conseil de sécurité (France, Russie, Chine et éventuellement l’Espagne pour le Groupe des amis du SG des NU).

    • Par cette stratégie, nous pourrons remettre « la recherche d’une solution politique » au centre des discussions, affaiblir durablement les manœuvres de nos adversaires sur les questions périphériques, contenir l’agressivité et l’entêtement inexpliqués d’une frange déterminée de l’administration américaine et renforcer la position de nos appuis.

    • Il est entendu que le renforcement du « pendant politique » du processus en cours avec M. Ross vise à minimiser sa capacité de nuisance aussi bien en ce qui concerne sa contribution au rapport du SG qu’au niveau de ses relais au Département d’Etat.

    A la lumière de ce qui précède, l’urgence se fait sentir quant à la nécessité d’adopter des mesures nationales substantielles et convaincantes pour écarter tout scénario préjudiciable à nos intérêts. Ceci passe par des décisions sur :

    1. Un renforcement des mécanismes nationaux à travers un meilleur traitement des plaintes soumises aux autorités gouvernementales par le CNDH.

    2. La reconnaissance juridique de l’ASVDH.

    3. La mise dans le circuit législatif de la réforme sur les compétences des tribunaux militaires.

    Ma visite à Washington, début mars prochain, pourrait constituer l’occasion de présenter les décisions précitées démontrant ainsi la bonne foi du Maroc mais surtout sa capacité à honorer ses engagements. De plus, ma visite à Genève, à l’occasion de la session du CDH, pourrait me permettre d’aborder avec Mme Pillay (qui bénéficie d’un appui du Président Obama) le principe de sa visite au Maroc.

    Source : document confidentiel, 21 fév 2014

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO,

  • Décès de Mhammed Khaddad : Une lumière s’est éteinte

    En m’annonçant aujourd’hui, 1° Avril le décès de Mhamed Khadad, la nouvelle m’est tombée sur la tête comme un couperet. Je ne pouvais pas y croire. Non Mhamed n’est pas mort. Ce devait être un gros poisson d’avril ! Il ne peut pas laisser en si bon chemin tant de dossiers orphelins que lui même à réussi à mettre sur pied ou accompagné dès leur première gestation.

    Jamais Christophe Colomb, Marco Polo et Magellan ont parcouru réunis tant de kilomètres comme l’a fait Mhamed Khadad pour diffuser la cause de son peuple à travers le monde.

    Orateur de haut niveau, parlant avec aisance quatre langues étrangères, Mhamed Khadad à le don de convaincre ses interlocuteurs et de forcer leur admiration et apathie pour son humilité, sa simplicité et ses compétences intellectuelles reconnues.

    Que Dieu me pardonne ce parallélisme: si le prophète Mohamed est l’envoyé de Dieu pour propager l’islam parmi toute l’humanité, Mhamed Khadad a été pour le peuple sahraoui le messager pour faire entendre sa voix dans toutes les contrées du Monde. Là où a passé Mhamed Khadad, il a semé la concorde, la confiance, la rectitude, l’attachement à la cause nationale, le dédain des faveurs matérielles et ce, le long de son parcours de Responsable du Département Europe au Coordinateur avec la MINURSO en passant par les postes d’ambassadeur, Wali, Directeur de la Sécurité nationale, Responsable du Recensement Général, Chef de la Commission d’identification avec l’ONU, et Président de la Commission des Relations Extérieures du Front Polisario.

    Partout Mhamed Khadad a laissé ses empreintes de gérant hors pairs, d’un compagnon jaloux sur les acquis de son peuple, d’un frère, d’un père toujours prêt à se sacrifier pour les autres et pour qui l’intérêt général prime sur toute autre considération.

    Mhamed Khadad est toujours là avec son aiguille et fil à coudre pour raccommoder, rapiécer ce que les Nations Unies et leurs sous traitants français et marocains ont cherché coûte que coûte à défaire.

    Aux Nations Unies ou dans les autres forums internationaux, Mhamed Khadad s’est toujours distingué par ses discours dithyrambiques mettant en échec les prétentions annexionnistes de l’occupant marocain.

    En Europe, il a dirigé avec brio la bataille juridique sur la spoliation par le Maroc des ressources naturelles, halieutiques et minières, ce à quoi a répondu favorablement la Cour de Justice Européenne en reconnaissant le statut distinct du Sahara Occidental et que par conséquent le Maroc ne dispose d’aucune souveraineté sur le territoire sahraoui.

    Avec les différents Envoyés Personnels du Secrétaire Général des Nations Unies et de ses Représentants Spéciaux, Mhamed Khadad à toujours été l’interlocuteur principal et incontournable. Tous reconnaissent en l’homme sa parfaite maîtrise des dossiers internationaux, sa facilité de convaincre sur la justesse de la cause de son peuple.

    On ne dira jamais assez que l’homme fut l’architecte de l’édifice des négociations depuis Bamako (Mali) en 1978 jusqu’au jour où il rendit son dernier souffle.

    Dans son bureau modeste à la Direction Générale du Recensement, on le voit toujours, au milieu de son équipe, pointé devant son ordinateur pour réviser, corriger les listes ou participer activement à la confection des pièces d’identité nationales et des passeports.

    Non ! Mhamed, tu nous a privé des boutades qu’on se faisait chaque 1°Avril. On riait, on se marrait. Te rappelles-tu ?

    Personnellement, je ne crois plus à ce triste jour du 1°Avril où on a berné les drapeaux, où tout le peuple sahraoui a pleuré l’homme qui lui est plus cher, l’homme sincère, l’homme rassembleur, le leader incontestable et incontesté.

    Adieu Mhamed. Que ton âme repose en paix et que le Tout-Puissant t’accorde toute sa Miséricorde et Compassion.

    Nous sommes à Dieu et à Lui nous revenons.

    ZENAN MOHAMED BRAHIM

    Source : Facebook

    Tags : Sahara Occidental, Mhammed Khaddad,

  • Maroc : Les arguments farfelus sur le Sahel (document confidentiel)

    Les enjeux de sécurité au Maghreb : des facteurs de tension

    Les problématiques de sécurité au Maghreb sont au cœur des préoccupations de l’ensemble des acteurs impliqués dans la région. Ces éléments ont longtemps été considérés comme des questions internes à chaque État, ce qui a conduit à les gérer de façon fragmentée et isolée. Cependant, les dernières évolutions (mutations du terrorisme islamiste, développement de la criminalité, enlisement des tensions inter-étatiques, etc.) incitent désormais à appréhender ces éléments dans leur globalité et dans leurs interactions. En effet, il apparaît que les enjeux de sécurité au Maghreb doivent être abordés dans un environnement élargi au sud, à l’ouest et à l’est, dans une perspective de renforcement des coopérations tant au niveau local (coordination des acteurs de terrain), régional (collaborations interétatiques et régionales), que global (implication de l’UE et des États-Unis). Cette gestion intégrée des enjeux permettra de donner une cohérence tout à la fois régionale et durable aux politiques de sécurité.
    L’UE, du fait de sa proximité géographique et des liens qui l’unissent au Maghreb, doit se sentir tout particulièrement impliquée par ces enjeux. La récente adoption, en février 2010, du document-cadre de sa Stratégie de sécurité intérieure marque un pas encore timide mais encourageant dans cette direction1 – celle d’une meilleure prise en compte des enjeux globaux et du renforcement de la coopération avec ses voisins afin de construire un futur partagé, sécurisé et durable… dans son intérêt comme dans le leur.

    1. Les tensions contre les États : terrorisme et criminalité

    1.1. Les mutations du terrorisme islamique : une problématique sahélo-maghrébine

    La menace de l’islamisme radical et du terrorisme a toujours été prise au sérieux par les États de la région, qui luttent contre ce phénomène depuis le début des années 1980. Considérée initialement comme domaine réservé de la politique intérieure, la lutte anti-terroriste devient le premier domaine de coopération entre les États d’Afrique du Nord, aussi efficace qu’inattendu, comme l’illustre par exemple le partenariat entre l’Algérie et la Tunisie2.

    Les efforts en la matière ont permis de circonscrire à la fin des années 1990 les activités de mouvements comme le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat en Algérie (GSPC) ou le Groupe Islamique Combattant en Libye (GICL). Cependant, après les attentats du 11 septembre 2001, ces mouvements trouvent un second souffle. L’invasion de l’Irak par les États-Unis a ainsi été instrumentalisée pour renouveler le discours de légitimation du terrorisme, qui prend alors un nouvel essor au Maghreb ; en 2007, le GSPC rejoint même la mouvance de Ben Laden pour fonder Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), organisation qui aspire à fédérer les djihadistes de tout le Maghreb. Néanmoins, après une explosion des violences entre 2001 et 2008, culminant avec l’apparition d’attentats suicides jusqu’alors inconnus dans la région, l’année 2008-2009 marque une rupture dans le développement d’AQMI. En effet, malgré le ralliement peu significatif de quelques combattants tunisiens, libyens, ou mauritaniens, AQMI reste un phénomène essentiellement algérien. Les attentats dans le Maghreb Central diminuent au profit de pratiques de banditisme, avec notamment une recrudescence d’enlèvements de ressortissants occidentaux contre le paiement de rançons.

    Quatre raisons principales peuvent être évoquées pour comprendre ce coup d’arrêt : l’islam maghrébin est traditionnellement modéré et constitue un rempart culturel et religieux à la montée du radicalisme ; les actions du gouvernement algérien se sont révélées globalement efficaces dans la lutte anti-terroriste ; les attaques d’Al-Qaeda contre les Sunnites en Irak ont largement terni l’image du mouvement au Maghreb ; enfin, les pratiques employées par AQMI, notamment les attentats suicides, sont étrangères aux traditions locales et « la greffe » n’a en quelque sorte pas pris, d’autant plus que la société algérienne a suffisamment souffert du terrorisme aveugle pour en rejeter les actions.

    En réaction, le centre de gravité du terrorisme dans la région s’est déplacé de façon préoccupante vers le sud : profitant de la porosité des frontières, de la prolifération de trafics en tout genre, et de la faiblesse de certains États, les mouvements djihadistes se sont installés dans la région désertique du Sahel, depuis les régions semi-arides du Sénégal jusqu’à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger. L’émergence du Chiisme radical en Afrique subsaharienne constitue sans doute à ce titre le plus grand défi sécuritaire de la région à court et moyen termes. L’attentat suicide contre l’ambassade de France de Nouakchott, l’assassinat d’un ressortissant Américain ou l’enlèvement revendiqué par AQMI d’un Français au Nord du Mali, tous survenus au cours de l’année 2009, illustrent ce glissement. Les acteurs impliqués dans la région prennent peu à peu conscience de cette réalité, comme le démontre la récente déclaration conjointe UE-Maroc qui stipule que « la précarité de la situation dans la région du Sahel et les nombreux défis qui en découlent mettent en évidence la nécessité d’une coopération régionale accrue et d’une approche intégrée dans les domaines de la sécurité et du développement. Le Maroc et l’UE considèrent [ainsi] que le Sahel représente une zone prioritaire de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation »3.

    L’établissement d’une zone refuge pour les terroristes au Sahel menace la sécurité de toute l’Afrique du Nord mais aussi de l’Europe et des États-Unis, dont les ressortissants et les intérêts sont les cibles privilégiées des terroristes. Dès lors, comme le souligne le représentant du général William E. Ward, chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) « une approche globale face au terrorisme est indispensable au Maghreb »4. À cet égard, la décision annoncée en juillet 2009 par l’Algérie, la Libye et le Mali d’associer leurs moyens militaires et de renseignement pour combattre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne doit être saluée ; elle s’inscrit dans une volonté de travail de fond sur le long terme, permettant d’asseoir les bases d’une sécurité durable dans la région5.

    1.2. Les développements de la criminalité : facteur de déstabilisation et impact sociétal

    Le crime organisé au Maghreb prend la forme classique de différents trafics, comme celui de la drogue ou de la contrebande de cigarettes. Au Maroc, la culture du cannabis produit un revenu de 200 millions de dollars par an pour les paysans et génère un bénéfice de 12 milliards de dollars pour les trafiquants. La « Stratégie nationale de lutte antidrogue » mise en œuvre par le royaume depuis 2005 produit des résultats encourageants, comme le note l’Organe international de contrôle des stupéfiants des Nations Unies (INCB) qui souligne dans son dernier rapport que « la superficie totale des cultures de cannabis a été réduite de 55 % et ramenée de 134 000 hectares en 2003 à 60 000 hectares en 2008 »6. Cependant la culture du cannabis reste encore une activité économique importante de la région du Rif, une des plus pauvres du pays, et les efforts de développement des cultures alternatives doivent être poursuivis. L’Algérie en est quant à elle devenue le relais d’acheminement vers la Tunisie et la Libye, puis vers l’Europe.

    Par ailleurs, le Maghreb tend à devenir une plaque tournante d’autres trafics : plusieurs observateurs notent le développement dans les espaces les plus désertiques et les moins contrôlés, d’une « route africaine » de la cocaïne écoulée en Europe, facilité par le degré encore élevé de corruption, la porosité des frontières, l’absence de formation des polices locales et des systèmes judiciaires inadaptés. Interpol estime ainsi qu’environ 50 tonnes de cocaïne – d’une valeur de 1,8 milliards de dollars – circulent chaque année en Afrique de l’Ouest7. Ces drogues en provenance d’Amérique du sud arrivent par les ports d’Afrique de l’Ouest, traversent le Nigeria, la Guinée et le Sénégal, pour gagner ensuite le Maghreb puis l’Europe. Or, la circulation des drogues n’est pas sans conséquences pour les populations locales : de pays de transits, les États de la région sont peu à peu devenu également consommateurs avec tout le potentiel déstabilisateur que cela implique. Moins connus sont les effets dévastateurs de la culture du cannabis sur l’écosystème des pays producteurs. À terme, les destructions qu’elle engendre (déforestation, pollution par les pesticides, etc.), et l’absence de réussite des projets de cultures alternatives risquent de produire une migration massive des populations de régions comme le Rif8.

    Dans une zone où le chômage frappe très durement les jeunes, il existe par ailleurs un risque inquiétant de voir ces trafics progresser rapidement et les trafiquants devenir des modèles de réussite pour les jeunes en perte de repères, En revanche, si les liens entre criminalité et terrorisme sont avérées au niveau international, la mise en évidence de connexions directes dans la région est moins évidente : les trafiquants maghrébins n’ont intégré ni l’appareil d’État ni la classe politique, et agissent davantage comme une composante de l’économie illégale que comme une force de déstabilisation structurée. Par ailleurs, les logiques s’opposent pour une part : du côté des trafiquants, l’anonymat prime sur les principes de publicité et de communication recherchés par les terroristes. L’Europe est directement concernée par ces développements, étant la première cliente des drogues produites ou transitant par le Maghreb, et une terre d’immigration privilégiée pour les candidats au départ. De surcroît, la montée des réseaux criminels associés aux trafics (passeurs, faux papiers, prostitution, etc.), qui se prolongent jusque sur le territoire communautaire, pose de réels problèmes de sécurité à l’UE. Le démantèlement récent d’un réseau de trafic de cannabis depuis le Maroc vers la France, via l’Espagne, ayant permis la prise record de plus de 3 tonnes de drogue, illustre ce risque. Lors de cette opération, les forces de police ont en outre saisis près d’une trentaine d’armes, dont des pistolets automatiques, plusieurs fusils et pistolets-mitrailleurs, un lance-roquette et des gilets pare-balles9.

    – Renforcer les coopérations existantes en matière de lutte anti-terroriste et anti-criminalité, en intégrant la dimension géographique élargie : la gestion des trafics et du terrorisme doit être appréhendée dans sa globalité sahélo-maghrébine, voire au-delà comme le suggèrent les connexions avec les trafiquants de drogue sud-américains.

    – S’attaquer en parallèle aux racines du problème si l’on veut jeter les base d’un développement et d’une sécurité durables. La prise en compte des difficultés socio-économiques dont pâti la région est alors essentielle : en donnant des alternatives de réussite sociale aux jeunes on sapera à terme les possibilités de recrutement tant des criminels que des terroristes.
    – Soutenir et appuyer toute coopération régionale, suivant une logique de subsidiarité. Ces actions doivent en effet être optimisées de façon pragmatique, en utilisant par exemple les canaux bilatéraux aussi souvent que possible et en optant pour les coopérations à l’échelle régionale lorsque nécessaire.

    2. Les tensions inter-étatiques : le Sahara Occidental et la problématique des frontières

    2. 1. Contre l’enlisement du Sahara Occidental

    Ce conflit, qui dure depuis plus de 30 ans, constitue la pierre angulaire des tensions algéro-marocaines : la fermeture de la frontière entre les deux pays depuis 1994, l’échec de l’Union du Maghreb Arabe, la course aux armements, la décision du Maroc de quitter l’OUA et son refus de siéger à l’Union africaine lui sont en grande partie imputables. De telles implications illustrent bien le niveau de blocage atteint par la situation qui mine toute tentative de développement et de sécurisation commune.
    Le Sahara Occidental est inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes qui restent à décoloniser et a donné lieu depuis à d’innombrables arguties juridiques entre les parties. Cependant, comme le souligne Laurence Ammour, chercheur associé au Maghreb Center de Washington, « la gestion de ce contentieux par le droit international s’est avérée insuffisante et impuissante dans la mesure où les fondements juridiques qui ont présidé aux propositions de règlement […] n’ont pas évolué depuis 30 ans »10. Ce décalage explique les échecs successifs des plans l’ONU qui, s’ils ont permis un cessez-le-feu garanti par les casques bleus depuis 1991, n’ont pas résolu le conflit. Dès 2000, Kofi Annan, alors Secrétaire Général des Nations Unies, déclarait qu’il faudrait se préparer « à étudier d’autres moyens [que le référendum] de parvenir à un règlement rapide durable et concerté »11 du conflit. Car la tenue d’un référendum dans les conditions actuelles n’est objectivement pas envisageable : il n’existe toujours pas de consensus sur la constitution des listes électorales, l’ONU n’a aucun moyen d’imposer le référendum au Maroc, et le verrouillage politique et idéologique appliqué dans les camps de réfugiés sahraouis laisse peu d’espoir quant à une autodétermination sans contrainte et en toute connaissance de cause de la part des Sahraouis. En 2004, le Ministre des Affaires Étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, considérait que « dans les circonstances actuelles, un référendum sans solution politique préalable pourrait conduire à une situation de crise généralisée en Afrique du Nord »12. Cette analyse reste d’actualité : sans accord politique entre les protagonistes, la règle de droit, inapplicable seule, ne suffira pas à sortir de l’impasse.

    Par le passé, les deux acteurs principaux, l’Algérie et le Maroc, ont en effet longtemps campé sur des positions de principe : entre revendication d’une souveraineté héritée de l’Empire Almoravide (1056-1147) et revendication d’indépendance au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le débat ne laisse que très peu d’espace à la négociation. Ces crispations s’expliquent par le fait qu’aucun des protagonistes ne peut se permettre de perdre :

    • Au Maroc, le maintien des Provinces du Sud renvoie au principe fondamental d’intégrité territoriale ; le Royaume ne peut donc consentir à une amputation conséquente de son territoire.

    • Pour l’Algérie, l’attachement aux principes d’autodétermination et de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes s’accompagne d’un intérêt géoéconomique majeur que constituerait une voie d’accès sur l’Atlantique pour l’exportation du gaz et du fer du Sahara algérien, et la nécessité de demeurer cohérent avec un discours qui n’a pas évolué depuis 30 ans. La reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) conférerait par ailleurs à l’Algérie un allié stratégique dans la région.

    • Dans les deux États, le conflit saharien a pu être initialement utilisé sur la scène intérieure pour masquer les difficultés intérieures respectives en focalisant la population sur un ennemi extérieur. Il s’inscrit aussi dans le cadre d’une course pour le leadership régional.

    • Le Front Polisario enfin ne peut abandonner le combat sans voir disparaître du même coup sa raison d’être ; cela signifierait en outre que les réfugiés auraient vécu 30 ans d’exil dans les camps pour rien…
    Or cette situation génère un coût considérable en termes économiques, humains, politiques et sécuritaires, qui entrave l’établissement d’une véritable sécurité durable dans la région. Ce coût, reconnu par tous, semble cependant être accepté ou du moins toléré par les protagonistes :

    • Pour le Maroc, le coût est d’abord économique, avec un budget militaire important consacré au Sahara Occidental, un investissement massif dans les provinces du Sud, des exonérations fiscales nombreuses, des salaires des fonctionnaires plus élevés, etc. L’International Crisis Group affirme que ce sont plusieurs points de PIB qui ont été engouffrés dans ce dossier13.

    • Le coût économique pour l’Algérie est également très conséquent, avec le financement de l’aide aux réfugiés (surtout depuis la diminution de l’aide internationale suite à la révision à la baisse des estimations de la population des camps par l’UNHCR en 2006), les dons de matériel militaire aux indépendantistes, le maintien de plusieurs dizaines de milliers de soldats à la frontière dans la région de Tindouf, et un investissement politique et diplomatique important pour soutenir la RASD au niveau international et contrer les efforts de communication marocains.

    • Pour tout le Maghreb, le dossier du Sahara Occidental rend impossible l’intégration, limite les investissements étrangers et entretient une atmosphère de suspicion et de défiance entre les acteurs. En outre, l’enlisement constitue un risque préoccupant de balkanisation de la région : les trafics de cigarettes, drogues, armes ou essence se développent fortement dans cette zone qui comprend le Sahara occidental, le nord de la Mauritanie et le sud-ouest algérien, et dont certaines sous-régions sont difficilement gouvernable, alors que les tensions liées au conflit rendent là encore impossible une coopération raisonnée en matière de sécurité.

    • Le conflit a également un coût financier et en termes de crédibilité important pour la Communauté internationale, qui maintient la force d’intervention de la MINURSO sur place pour un budget de 35 millions d’euros par an, sans résultat probant depuis bientôt vingt ans.

    En attendant, les réfugiés des camps de Tindouf vivent dans des conditions déplorables, souffrant de pénuries alimentaires, du manque d’eau, d’infrastructures sanitaires insuffisantes… Le déclin du Polisario, qui a perdu ses soutiens politiques et idéologiques de la Guerre froide, fait également craindre un effondrement de l’organisation fragile des camps : la corruption au sein de la RASD, dirigée exclusivement par le Polisario, le clientélisme appliqué dans l’attribution de l’aide humanitaire internationale, la monopolisation du pouvoir et l’immobilisme politique qui en découle sont de plus en plus mal acceptés par la nouvelle génération. L’identité nomade sahraouie, qui avait été déconstruite pour s’incarner dans la lutte pour un territoire perdu, est en train de se reconfigurer. Ainsi, les Sahraouis « qui optent pour la Mauritanie font preuve de la même volonté d’affirmation identitaire que ceux qui restent à Tindouf, non pas quant à une indépendance qui leur paraît irréalisable, mais dans leur identité : en s’installant en Mauritanie, ils renoncent à leur militantisme pour l’indépendance de la RASD, mais ils demeurent des Delimi, des Tekna, des Ahl Ma El Aïnin ou des membres de tout autre tribu »14. Parallèlement, le Maroc administre et développe de fait le Sahara Occidental depuis 1979, conférant aux populations locales (Marocains du Nord installés au Sahara et Sahraouis) un niveau de vie évidemment bien meilleur que dans les camps. Désormais, les progrès pour la reconnaissance des Sahraouis sous administration marocaine comme des citoyens à part entière doivent être poursuivis dans le cadre global de la défense et de la promotion des droits de l’homme au Maroc.

    Les enjeux initiaux et ceux qui sont venus se greffer et se cristalliser sur le Sahara Occidental sont donc tels que le coût supposé ou estimé de l’impasse est longtemps apparu préférable à celui qu’impliquerait une issue défavorable, et ce malgré le potentiel de développement et de stabilité sécuritaire que permettrait la normalisation du conflit. Par conséquent, seule une solution politique négociée, englobant l’ensemble des problématiques liées au conflit, et dans laquelle aucun acteur ne perdrait la face semble à même de débloquer la situation. La proposition marocaine d’un Plan d’autonomie pour la région du Sahara Occidental, présentée devant le Conseil de Sécurité de l’ONU en 2007 est à ce titre la première alternative crédible au gel des positions de principe évoquées plus haut.

    L’autonomie de gestion proposée par le Maroc prévoit la mise en place d’organes législatif, exécutif et judiciaire au niveau local, dont la compétence portera sur de nombreux domaines15. À l’instar des différents modèles fédéraux européens, l’État conservera une compétence exclusive sur les domaines régaliens, qui au Maroc comprennent notamment la sécurité, la coopération internationale et les relations extérieures, la commanderie des croyants, et le système judiciaire. A la recherche d’un consensus le plus large possible, Rabat souhaite organiser un référendum de ratification du projet d’autonomie par les populations des provinces du sud, et, compte tenu de la nécessité de réformer la constitution du Royaume pour y intégrer le concept d’autonomie, réaliser également une consultation de l’ensemble du peuple marocain.

    Il apparaît donc bien que cette proposition d’autonomie doivent être considérée comme une base tangible de négociation, qui s’inscrit en outre dans la démarche plus générale de régionalisation et de démocratisation du pays évoquée dans la première partie. Car personne ne peut dire aujourd’hui si l’indépendance du Sahara Occidental constituerait une option viable, s’il ne risquerait pas de se transformer en zone grise propice à tous les trafics, à la prolifération du terrorisme et in fine à la déstabilisation de la région. Certains, comme le porte-parole du Département d’État américain en 2008 ont même été jusqu’à considérer qu’un État Sahraoui indépendant ne pouvait être considéré comme une « une option réaliste »16, ni « un objectif accessible », pour reprendre la formule de l’ancien représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Peter van Walsum17. Il est en tout cas certain que la sécurité de la zone ne peut admettre un « failed » state, surtout si ce dernier sert de nouvel alibi pour renforcer les crispations et le maintien sous tutelle des sociétés maghrébines.

    En revanche, tout le monde reconnaît l’intérêt considérable en termes de croissance et d’amélioration des conditions de vie des populations que constituerait la fin des politiques de défiance au Maghreb et la progression de l’intégration régionale. La normalisation de la question du Sahara Occidental, qui implique nécessairement l’engagement de toutes les parties, permettrait en outre d’initier une sécurisation globale et durable de cette région fragile. Il convient désormais de convaincre les protagonistes que leur place et leurs intérêts seront préservés une fois le pas franchi : le Maghreb a besoin d’ouverture et de stabilité, pas d’une escalade sécuritaire.

    – L’UE doit soutenir la proposition marocaine d’autonomie, qui semble aujourd’hui la seule option réaliste de sortie de crise. Cette issue n’est envisageable que sur la base du plan marocain élargi afin de répondre à toutes les dimensions du conflit en particulier : (1) donner des garanties aux populations sahraouies sous administration marocaine, notamment concernant l’intégration d’une voix politique légale sahraouie. La décorrélation progressive actuelle entre identité Sahraouie et revendication territoriale est à ce titre de bon augure ; (2) établir des accords bilatéraux commerciaux et de coopération permettant la préservation des intérêts géo-économiques des deux grands États, au premier rang desquels figurent le phosphate pour le Maroc, le gaz et le fer pour l’Algérie, et l’exploitation du pétrole saharien pour les deux partie.

    – Pour ce faire, la voie des négociations directes entre les protagonistes, y compris en y associant l’Algérie doit être privilégiée et soutenue par l’UE. En ce sens, les dernières négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario qui se sont déroulées les 10 et 11 février 2010 à New York en présence de l’Algérie et de la Mauritanie sont encourageantes. Bien que peu d’information aient filtré au sujet des négociations en elles-mêmes, la décision des parties de se revoir prochainement est en soi une avancée qu’il convient d’appuyer. Dans la Déclaration conjointe issue du Sommet UE-Maroc du 7 mars 2010, l’UE a d’ailleurs réitéré son soutien aux « efforts du Conseil de Sécurité des Nations Unies, du Secrétaire Général et de son Envoyé personnel pour le Sahara Occidental pour parvenir à une solution politique définitive, durable et mutuellement acceptable [en exprimant son] soutien au processus de négociations en cours, dans le cadre des directives du Conseil de Sécurité et notamment la Résolution 1871 (2009) »18.

    2. Le gâchis du blocage des frontières

    Cette logique de défiance qui paralyse la région est également au cœur de la problématique des frontières, tant internes au Maghreb qu’avec les pays voisins. Parmi les tensions générées par les enjeux de sécurité, la fermeture des frontières est sans l’une des plus emblématiques, et demeure un frein considérable au développement de la région. Les frontières sont traditionnellement un marqueur de souveraineté et un baromètre des relations régionales. Elles sont d’abord un enjeu de souveraineté, comme l’a illustré la “guerre des sables” de 1963 entre le Maroc et l’Algérie qui n’a pris fin qu’en 1992 avec la Convention fixant les frontières entre les deux États.

    Les tensions entre les pays du Maghreb se traduisent ainsi immanquablement par un durcissement des contrôles comme entre l’Algérie et la Tunisie en 2007, pouvant aller jusqu’à la fermeture complète, comme c’est le cas depuis plus de 15 ans entre l’Algérie et le Maroc, un bouclage qui ruine l’économie régionale, déchire de nombreuses familles, et ne trouve pas d’issue malgré la demande de réouverture souvent réitérée par le Maroc.

    La coopération en matière de sécurité, de contrôle des frontières et de lutte contre les trafics ne doit pas se faire au détriment des populations et du développement économique. De telles mesures, si elles améliorent à court terme la gestion des trafics, ne permettent pas d’établir une sécurité profitable à tous sur le long terme.

    La réticence à l’ouverture n’est pas le fait des États seulement. La mise en œuvre de l’accord de libre-échange d’Agadir, signé en février 2004 et entré en vigueur en avril 2007, souffre de cette réalité : réunissant le Maroc, l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie, il était conçu initialement pour permettre la levée immédiate des barrières non tarifaires et l’instauration progressive d’une zone de libre-échange. Trois ans plus tard, malgré l’accord politique officiel des États, force est de constater que les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous, comme en témoignent la faiblesse des échanges entre les pays signataires. Pour de nombreux analystes, ce blocage serait le résultat direct des réticences de certaines entreprises. Par exemple, les exportations de la voiture Logan sont très difficiles vers l’Égypte, compte tenu des entraves administratives mises en place sous la pression des chaînes de montages égyptiennes, qui veulent conserver leurs parts dans un marché interne de l’automobile très protégé. Ces réflexes protectionnistes se retrouvent également du côté maghrébin, avec par exemple des campagnes menées contre l’importation de riz égyptien. Pour Omar Hilale, Ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève, ces blocages proviennent de « la prévalence des intérêts sectoriels sur les intérêts stratégiques collectifs de la région », au détriment de l’avenir même du Maghreb.

    – Réorienter les approches en privilégiant une gestion responsable des flux qui conjugue les exigences sécuritaires nationales légitimes et les échanges locaux, source durable de développement économique et humain.

    – Poursuivre l’effort envers l’ensemble des acteurs des sociétés civiles maghrébines en vue de les convaincre que l’ouverture aux voisins est une chance et répondre à leurs craintes est essentiel. Dans cette perspective, l’UE doit soutenir des politiques publiques d’information qui doivent permettre de faire sauter les verrous psychologiques de l’isolement et du repli sur soi.

    Source : Maroc Leaks, 26 mars 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Sahel, terrorisme, Boko Haram, Mali, Niger, Nigeria, Burkina Faso,