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  • Wikileaks révèle les relations de Mohamed VI avec la mafia de la drogue

    Un rapport de l’ambassade U. S. à Rabat révèle l’implication du régime marocain dans les opération de soutien aux activités des trafiquants de drogue, soit en fermant l’œil sur les activités de ceux-ci, soit en s’attaquant aux éléments des services de sécurité qui luttent contre la contrebande de la drogue.

    Pour la première fois, un document officiel américain parle de l’implication du Maroc dans des affaires de trafic de drogue, en citant des responsables de la police marocaine travaillant au niveau de l’aéroport de Casablanca, sanctionné à la mi-août de l’année 2009 après avoir arrêté les fils du président et d’un ministre sénégalais pour possession de drogue.

    Selon le rapport, le roi Mohamed VI n’avait pas apprécié l’arrestation des fils du président et d’un ministre sénégalais à son insu et sans l’avoir consulté au préalable. Les deux sénégalais furent ensuite libérés et les policiers sanctionnés.

    Le rapport cite aussi un responsable de la police marocaine à Casablanca qui a été muté dans la ville occupée de Laâyoune après avoir implicitement accusé le régime du Makhzen d’être derrière la mafia de la drogue.

    Un autre rapport publié par Wikileaks daté de 2008 parle de la corruption qui gangrène l’armée marocaine, notamment parmi les hauts responsables de l’institution militaire. On peut y lire « l’armée marocaine souffrent de corruption, de bureaucratie, de la baisse du niveau d’instruction des officiers et de la menace permanente de l’extrémisme de certains éléments ». Et d’ajouter que « le chef de la gendarmerie royale, le général Hasni Ben Slimane « serait impliqué dans des affaires de corruption ».

    La corruption, selon le rapport, gangrène le haut de la hiérarchie militaire au Maroc et le général Benani, s’est transformé en « baron du lait ». ce dernier, profitant de sa position de chef de l’armée au Sahara occidental occupée pour manipuler les marchés pour l’approvisionnement de l’armée en lait, réalisant ainsi une fortune en milliards de dollars, en plus de son implication avec d’autres généraux dans des marchés douteux de permis de pèche sur les côtes du Sahara occidental. Il a réussi ainsi, selon le rapport, à construire un palais pour sa famille avec l’argent de la corruption.

    La corruption touche aussi les officiers qui, pour prétendre à des promotions, payent des pots de vins à leurs responsables.

    Le Maroc livre à Washington des renseignements sur le nucléaire iranien et incite contre l’Algérie.

    Le Maroc promet d’établir des relations officielles avec Israël.

    Rapport de Wikileaks : « l’Algérie n’a pas oublié le sang de ses diplomates en Irak et demande à connaître l’identité des commanditaires.

    Wikileaks met à nu le régime du Makhzen et révèle l’incohérence de ses positions sur les questions arabes.
    Ismaïl Fellah
    Ennahar Online, 5/12/2010

  • Maroc: Quand Karim Bouzida proposait de « attiser la divergence Russie-Algérie et gagner la faveur de ce membre permanent du Conseil de sécurité »

    Note d’information

    Diplomatie du gaz et relations Algéro-Russes

    Le quotidien algérien LIBERTE consacre, dans son édition du 17 décembre, un article à la dimension gazière des relations entre l’Algérie et l’Europe. L’article relaie des déclarations de Chakib Khellil sur la radio nationale algérienne.

    Chakib Khellil conditionne la signature d’un accord stratégique sur l’énergie avec l’Europe à la libre circulation des citoyens algériens entre les pays de l’Europe :
    « Qu’est-ce qu’on obtiendrait en retour de la signature de cet accord stratégique dans lequel nous nous engageons à assurer l’approvisionnement et la sécurité énergétique de l’Europe ? Il y a donc d’autres conditions. L’Algérie demande la libre circulation des personnes entre le pays et l’Europe. C’est un élément important. Il ne s’agit pas de vendre uniquement le gaz. Il est possible de vendre ce gaz aux États-Unis également. »

    Khellil avance d’autres conditions :

    Bénéficier d’un transfert de technologie de la part des pays européens.
    Ouvrir le marché européen de l’énergie au partenaire algérien.

    L’éditorial de LIBERTE

    Par ailleurs, l’éditorial de LIBERTE, consacré au même sujet, positionne l’Algérie comme « la carte à jouer » pour l’Europe dans ses relations énergétiques tendues avec la Russie. Ainsi, l’éditorialiste affirme :

    « L’Algérie, troisième fournisseur mondial de gaz, qui plus est jouit d’une proximité géographique avec l’Europe, est à même d’assumer ce partenariat énergétique qui mettrait définitivement les pays de l’autre rive de la Méditerranée à l’abri des fluctuations d’humeur entre Moscou et Kiev »

    Avant d’ajouter :

    « Mais pour sécuriser ses approvisionnements en gaz, l’Union européenne est dans l’obligation de rechercher une solution définitive qui consistera à sortir du face-à-face avec Moscou (…) Notre ministre de l’Énergie a réaffirmé, hier, la disponibilité d’Alger à jouer pleinement le jeu en permettant à l’Europe de passer ses rudes hivers au chaud »

    L’importance du quotidien LIBERTE

    Le quotidien LIBERTE dont le principal actionnaire est Issad Rebrab, PDG du groupe industriel CEVITAL, est considéré comme très proche de la DRS, les services de renseignements algériens.

    Analyse

    L’intervention de Chakib Khellil conforte l’idée que l’Algérie veut faire jouer pleinement la carte énergétique pour atteindre ses objectifs géostratégiques.

    Plus important, ces positions, de Chakib Kellil et de l’éditorialiste de LIBERTE, viennent en contresens des objectifs stratégiques de la Russie qui veut garder une position hégémonique sur les approvisionnements en gaz de l’Europe.

    La position russe est d’autant plus délicate que ses réserves sont en déclin et qu’elle est dans une logique de course contre la montre pour établir à court terme une position de négociation avantageuse vis-à-vis de l’Europe.
    L’Algérie se veut ainsi une soupape de sécurité. Cette carte algérienne peut être avancée par l’Europe pour troubler les convictions des russes sur la viabilité de leur position stratégique.

    Nous recommandons que le Maroc puisse faire jouer cette carte pour attiser la divergence Russie-Algérie et gagner la faveur de ce membre permanent du Conseil de sécurité (quid des infrastructures de déliquéfaction de Tanger Med).

  • Elliot Abrams, émissaire USA pour le Vénézuela et lobbyiste du Maroc

    Le bruit monté par le Maroc autour de la personne de Juan Guaido vise, en réalité, la personne du nouvel émissaire américain pour le Vénezuela, Elliott Abrams, un ancien recruté de la DGED marocaine.

    Sous les mandats de Ronald Reagan et George Bush, Abrams a brigué les postes de : Secrétaire d’État adjoint aux affaires des organisations internationales, Secrétaire d’État adjoint à la démocratie, aux droits de l’homme et au travail, Secrétaire d’État adjoint aux affaires de l’hémisphère occidental.

    Selon une note de la diplomatie marocaine, le Maroc a « travaillé très étroitement » avec lui « sous l’administration Bush où il était responsable de la région MENA à la Maison Blanche ». « Pendant ces 8 années, il a été notre meilleur allié tout point de vue et très particulièrement pour le Sahara. On peut dire qu’il a fait la politique des Etats-Unis, très promarocaine, en ce qui concerne le Sahara », précise la note.

    En effet, c’est lui l’artifice de la formule « une proposition sérieuse et crédible qui assure une réelle autonomie au Sahara Occidental » en allusion à la solution marocaine basée sur une autonomie dans l’ancienne colonie espagnole.

    D’ailleurs, il fait partie des leaders de la Coalition juive républicaine (RJC) qui s’est rendu la semaine dernière au Maroc dans le cadre d’une visite inscrite, selon la presse aaméricaine, sous le signe d’un rapprochement entre Rabat et Tel Aviv pour peser sur la position des Etats-Unis à l’égard de la question sahraouie.

    Les leaders de la RJC, un groupe de pression juif américain, ont effectué ce déplacement en compagnie d’autres lobbyistes américains engagés par le Royaume chérifien à Washington, précise al-Monitor. Au Maroc, la coalition a rencontré le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita.
    Une photo de cette rencontre a été d’ailleurs postée mercredi par le président de la RJC, Norm Coleman, sur son compte tweeter. Cet ancien sénateur du Minnesota, qui travaille pour le compte de la firme Hogan Lovells, a été engagé en 2018 comme lobbyiste de l’Arabie saoudite à Washington. Sur cette photo le chef de la diplomatie marocaine apparaît également aux côtés de Matt Brooks directeur exécutif de la RJC, d’Ari Fleischer ancien secrétaire de presse de la Maison-Blanche, d’Elliott Abrams, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale et d’Andrew King lobbyiste de la firme Glover Park Group, engagée par l’ambassade du Maroc à Washington pour polir l’image du Royaume aux Etats-Unis.

    Dans une déclaration relayée par Al Monitor, Abrams affirme avoir «  beaucoup d’amis au Maroc, en particulier parmi la communauté juive, et que je suis heureux de les revoir».

    En 2011, lors des événements du dénommé Printemps Arabe, Abrams était en contact permanent avec Ahmed Charai et c’est lui qui a permis à ce dernier de transpercer les différentes organisations juives et pro-israéliennes étatsuniennes et il a publié The Arab Spring sur les colonnes du National Review Online pour défendre la monarchie marocaine.

    Voici quelques-uns de messages échangés avec la DGED marocaine :

    Message transféré —-

    De : Elliott Abrams <eabrams@cfr.org>

    À : « ahcharai2005@yahoo.fr » <ahcharai2005@yahoo.fr>

    Envoyé le : Mer 16 mars 2011, 12h 15min 02s

    Objet : WSJ</ahcharai2005@yahoo.fr></eabrams@cfr.org>

    Excellent article!  Excellent because it is balanced, not a piece of propaganda: the doubts and challenges are there along with the positives. Far more interesting and persuasive.

    –₋—————-__₋–____

    —– Message transféré —-

    De : Elliott Abrams <elliottabrams@usa.net>

    À : Ahmed charai <ahcharai2005@yahoo.fr>

    Envoyé le : Mar 12 juillet 2011, 12h 51min 01s

    Objet : Re: Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr :

    Terrific piece! </ahcharai2005@yahoo.fr></elliottabrams@usa.net>

    —— Original Message ——

    Received: 04:38 AM EDT, 07/12/2011

    From: Ahmed charai <ahcharai2005@yahoo.fr>

    To: elliottabrams@usa.net

    Subject: Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr : Tr :
     Dear Elliott, </ahcharai2005@yahoo.fr>

    Hope you are doing well. Please to find attached an Op Ed published today in NY Times.  

    All the best
    Ahmed 

    http://www.nytimes.com/2011/07/12/opinion/12Charai.html?_r=1&hp

    De : Elliott Abrams <elliottabrams@usa.net>

    À : Ahmed charai <ahcharai2005@yahoo.fr>

    Envoyé le : Vendredi 14 Octobre 2011 21h36

    Objet : Re: Tr : Re : Fox News

    Congratulations on this article.

    Things are as you say very worrying in Egypt above all.

    I worry a lot about Bahrain too.  There, in my view, we see what happens when a King is not as sensible as yours!
    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

    Mail transféré —–

    De : Elliott Abrams <elliottabrams@usa.net>

    À : Ahmed charai <ahcharai2005@yahoo.fr>

    Envoyé le : Samedi 5 Novembre 2011 17h13

    Objet : Re: Tr : Ahmed Charai FP piece

    Thanks- we are well and hope you are too.

    This is a VERY good and wise article. Bravo!</ahcharai2005@yahoo.fr></elliottabrams@usa.net></ahcharai2005@yahoo.fr></elliottabrams@usa.net>

    Sent from my iPad

    http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/11/04/the_islamist_bloc?page=0,0

  • Les révélations de Maroc Leaks provoquent un incident avec le Sénégal

    Maroc Leaks vient de publier un mail échangé par Karim Bouzida avec la DGED, le service d’espionnage extérieur marocain, dans lequel il l’ancien employé de Mena Media Consulting et actuel conseiller médiatique du palais royal, estime que l’agence de presse officielle sénégalaise, APS, a « évoqué sous un aspect négatif un sujet d’actualité au Maroc » et a donné « une tribune unilatérale à un adversaire du Royaume », en allusion à la question de la libération des « militants des droits de l’homme sahraouis ».

    L’article de Maroc Leaks a été relayé par la presse sénégalaise, ce qui a contraint l’APS à présenter subtilement ses excuses et rappeler que cette histoire date de 2009.

    Il s’agit de la deuxième fois que les révélations du hacker Chris Coleman provoquent un incident avec le Sénégal. La première fois, l’ancien ministre des affaires étrangères sénégalais, Mankeur Ndiaye, a été pris en flagrant délit de mendicité et de corruption. Selon une lettre (voir image) de l’ambassadeur du Maroc à Dakar, Ndiaye se rendait chaque année chez lui pour recevoir 8.224.754 francs CFA à titre de « frais de pèlerinage pour trois personnes ». Le scandale suscité à l’époque a poussé le président Macky Sall à le limoger.

    C’est ainsi que le Maroc agit pour mettre la main sur les ressources sénégalaises.

  • Assia Bensalah demande du favoritisme pour acheter un lot de terrain

    Dr Assia Bensalah Alaoui

    Ambassadeur Itinérant,

    Royaume du Maroc

    Rabat le 24 Novembre 2008

    SE Monsieur Lyacoubi, Gouverneur de Mdieq

    Objet : Echange Immobilier

    Ref : Lettre du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre le

    Sécheresse

    Du 4 Septembre 2008

    Monsieur le Gouverneur

    Je vous adresse cette requête en votre qualité de Président de la Commission d’expertise des terrains sis à M’diq.

    J’ai reçu un courrier du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification, le 4 Septembre 2008, relative au terrain objet de l’arrêté n° 85/2007 du 16/05/07, sis à M’diq m’octroyant l’occupation temporaire. Ce courrier m’annonce la valeur vénale fixée à 4 OOO OOO de DH, par la Commission d’expertise que vous présidez.

    Permettez moi Monsieur le Gouverneur de souligner que ce montant est tout à fait excessif compte tenu des lourdes contraintes qui pèsent sur le dit terrain :

    En premier lieu, ce terrain ne peut faire l’objet d’une quelconque spéculation, car toute transaction demeure soumise à l’obligation d’une autorisation spéciale vu le voisinage ;

    En second lieu, ce terrain donne sur une plage publique, populaire extrêmement fréquentée, où se déversent les populations de M’diq et du voisinage comme vous avez pu le constater. Ce fait, dévalorise cet espace et constitue une sérieuse nuisance pour un usage familial intime ;

    En troisième lieu ce terrain ne que d’une petite façade sur la mer et se déploie plutôt sur la longueur vers la route ; de ce fait je ne peux y construire qu’une simple maison de vacances, soit trois chambres, une pour chaque enfant, une pour moi, un salon et les sanitaires, à bâtir sur un rez de chaussée plus un étage, pour une vue sur la mer.

    J’espère, Monsieur le Gouverneur que vous pourrez faire prévaloir ces arguments auprès de la Commission d’expertise, pour réviser sérieusement à la baisse la valeur fixée, afin de permettre aux héritiers de feu Moulay Ahmed Alaoui, père du tourisme marocain d’avoir une maison dans votre région qu’il a tant défendue et promue avant tout.

    En attendant le plaisir de vous lire, veuillez agréer, Monsieur le Gouverneur l’expression de mes salutations les meilleures.

    Dr Assia Bensalah Alaoui

    — – – – – – – –  – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – 

    Monsieur le Gouverneur
    
    Veuillez trouver ci joint les perspectives envisagées par l'architecte. Je m'envole à l'aube en Mission pour L'Italie puis Bruxcelles et Paris. Je vous appllerai dès mon retour. Mil merci pour votre aide précieuse pour règler ce dossier.
    Dr Assia Bensalah Alaoui
  • Maroc: Lettre de remerciement de Mme Assia Bensallah au président Bouteflika

    Assia Bensalah Alaoui

    Allée des Princesses, Souiss

    Rabat, Maroc

    Rabat, le 23 Novembre 2008

    SE Monsieur Abdelaziz Bouteflika

    Président de la République Algérienne Démocratique et PopulaireAlger

    Monsieur le Président,

    Cher Frère,

    Mes sœurs mes enfants et moi-même sommes très touchés par la chaleur de ta lettre, un réconfort précieux dans ces moments de grande tristesse. Nous étions certes préparés à cette perspective, mais le départ définitif d’une maman est un terrible arrachement, que l’on ressent comme une amputation.

    La seule consolation, combien dérisoire, est qu’elle n’a pas souffert. Une seule nuit en clinique et au petit matin une crise cardiaque l’a emportée.

    Elle, qui avait si peur de la mort, ne s’est pas vue partir…

    Cette grande dame, qui était au cœur du pouvoir, en connaissait en fine « politique » tous les ressorts et d’abord les limites. Analphabète mais d’une intelligence exceptionnelle, elle chérissait par dessus tout le savoir, la culture, l’art de vivre. C’est les capacités que confère le premier et le goût pour les seconds qu’elle s’est évertuée à nous faire acquérir. Comment l’en remercier ! Veuve à 29 ans d’un « Caid/ Pigmalon » hors normes, elle tenait à faire de ses filles, les « fils » qu’elle n’a pas eus. « WLIDI » Mon fils, comme elle aimait t’appeler du haut de l’affection qu’elle te portait, et des conseils tous faits de bon sens qu’elle s’autorisait à dispenser, c’est ce possessif qui peut-être lui a manqué le plus. Elle va laisser un vide immense à la hauteur de ce que toute la famille lui doit.

    Merci encore de t’associer à notre douleur et de mesurer l’ampleur de cette perte.

    Puisse dieu préserver ta maman et lui prêter longue vie et te garder en bonne santé.

    Amitiés et affections

    Assia

    Source: Maroc Leaks

  • Maroc: Comment Assia Bensalah et les siens trompent le fisc français

    Tatie,

    Après en avoir discuté Damien, ça ne sert ç rien de te faire deux virements, car étant donné qu’ils seront de la même personne, il n’y a pas trop d’interêt.

    Le mieux est de ne pas mettre de libellé, car on avait pensé à mettre « 1er acompte pour investissement immobilier », mais ton banquier risque de se poser des questions et de se demander si tu as une activité de marchand de bien en France !!!

    Donc nous te faisons ce soir le virement de la totalité de la somme sans libellé, si ton banquier te pose des questions (honnêtement, j’en doute, car le montant est inférieur à 50 000 €), tu pourras lui dire qu’il s’agit d’un remboursement d’un prêt.

    Normalement, tu dois le recevoir sous 48h sur ton compte, il devrait être visible vendredi, au plus tard samedi. Il viendra de Damien BAUR, d’un compte BNP.

    Je t’embrasse affectueusement.

    Knizou

    —– Message d’origine —-
    De : Assia Bensalah <assia.bensalah@gmail.com>
    À : kenza el alaoui <kenza_elalaoui@yahoo.fr>
    Envoyé le : Mardi, 20 Mai 2008, 22h15mn 37s
    Objet : Re: Re : transfert</kenza_elalaoui@yahoo.fr></assia.bensalah@gmail.com>

    BISSAHA wa ASSAADA Incha Allah!
    Le libellé le plus neutre et qui ne te pose pas problème et qui n’attire pas trop l’attention: genre « remboursement d’un prêt » ou ce que tupenses toi qui a l’habitude de ces transactions ! Peut-être en deux fois?
    Love
    Assia

    Le 20 mai 2008 15:20, kenza el alaoui <kenza_elalaoui@yahoo.fr> a écrit :</kenza_elalaoui@yahoo.fr>

    Coucou Tatie !

    Merci beaucoup pour votre aide à toi et Malikou, de m’aider à accéder à la propriété !!! (Rires)

    Nous avons débloqué les fonds hier, et comme il s’agit de vente de Sicav, nous aurons les fonds mercredi, donc nous te ferons le virement soit mercredi soir, soit jeudi matin au plus tard.

    Concernant le libellé du virement, que veux tu qu’on mette ? Et veux tu qu’on te fasse plusieurs virements progressifs, ou tout d’un coup ? On fait ce qui t’arrange !!!

    Selon le taux de change que m’a donné Malikou ce matin:

    la contrevaleur de 343 703 DH est de 29 993 €

    On est très content dans notre nouvel apt, la prochaine fois que tu viens à Paris, tu viens diner à la maison !!

    Je t’embrasse très fort, et merci encore !!

    —– Message d’origine —-
    De : Assia Bensalah <assia.bensalah@gmail.com>
    À : kenza_elalaoui@yahoo..fr
    Envoyé le : Mardi, 20 Mai 2008, 13h39mn 47s
    Objet : transfert</assia.bensalah@gmail.com>

    Ma chèrie
    Je viens de donner l’ordre pour faire l’opération en faveur de ta maman équivalent de la différence avec Malek.. soit 343703 DH Lorsque tu en as la confirmation voici où tu pourras déposer le coli:
    My name : ABA:
    Banque Agence N° de Cte clé
    30003 03440 00053319691 88

    JE pense que l’IBAN FR 76
    BIC SWIFT: SOGEFRPP
    Sois gentille de me tenir informéeet de me confirmer la réception de ce mail.
    J’espère que vous plaisez dans votre nouveau nid!
    Bisous
    ABA

    Source: Maroc Leaks

  • Emouvant témoignage d’Abdelaziz Bouteflika sur Moulay Ahmed Alaoui

    Les hommes sont mortels. C’est le lot ordinaire d’une humanité ordinaire. Mais certains ont le bonheur d’échapper à ce destin : ce sont les hommes d’exception. Moulay Ahmed Alaoui était de ceux – ci. « Ne meurent que les gens, grands et modestes, riches ou pauvres, dont on ne se souvient plus après leur disparition » , disait-t-il. Moulay Ahmed Alaoui n’était pas de ceux –là.

    Car cette parole du défunt, prononcée comme une sentence et couramment reprise dans les cercles politiques marocains, témoigne de sa conception du passage de l’homme sur cette terre, et de la densité qu’il se doit de donner à son existence. C’est là toute la différence, entre l’insignifiant et le sensationnel, entre le banal et l’exceptionnel, entre l’acte de vivre et le mérite d’exister.

    Evoquer la mémoire de ce personnage hors du commun dont l’existence tout entière fut un ardent et juste combat et qui fortement pesé, pendant un demi siècle, sur la vie politique marocaine et Maghrébine, me comble de sentiments mêlés d’émotion*, d’affection et d’admiration, tant il était à la fois charismatique, attachant et pétillant de vie.

    J’ai connu Moulay Ahmed Alaoui depuis le début des années soixante. J’ai eu l’immense plaisir, en de nombreuses circonstances, d’échanger avec lui nos appréciations aussi bien sur le combat commun pour l’indépendance, que sur l’évolution lente de nos sociétés, sur l’affirmation de nos identités ou sur des questions d’actualité relevant de situations politiques tendues ou complexes.

    Il occupait déjà dans celui des hommes de ma génération, une place toute particulière pour ses positions nationalistes et ombrageuses contre le colonialisme et pour son soutien durant notre guerre de libération nationale.

    Nous menions alors et bien plus tard encore, avec de nombreux amis et frères, le même combat pour le respect de la dignité et de la liberté des peuples.

    C’est dire l’exemplarité des liens qui nous réunissent en tant que compagnons de lutte dans l’épreuve et qui nous ont toujours rapprochés par- delà nos parcours intellectuels, politiques et professionnels différents et ce, en dépit des vicissitudes et des bouleversements qui ont marqué la région et affecté le monde depuis une quarantaine d’années pour nous plonger dans celui, incertain et radicalement différent, d’aujourd’hui.

    J’aime donc à dire, ici, ma fierté d’avoir compté parmi ses amis. Bien des choses nous séparaient sans doute, mais ces divergences prenaient sans doute, mais ces divergences prenaient toujours, avec lui, avec moi, les couleurs de la complicité intellectuelle et du respect mutuel.

    Figure emblématique d’une période chargée de notre vie ou, au – delà des problèmes, nous étions franchement heureux parce que souvent complices dans la confection des solutions que nous nous efforcions de trouver pour les proposer à l’approbation de nos chefs d’Etat respectifs.

    Il assumait la gravité des problèmes comme celle de ses positions ; mais il consacrait une ingéniosité incroyable et une attention méticuleuse à les résoudre. Aucunement dogmatique ; il avait sans doute, au-delà de toute considération de construction et d’intégration régionale après les graves accidents de l’histoire Algéro-Marocaine, compris avant tout le monde, que le Maroc était là et qu’il n’avait pas l’intention de déménager. Que l’Algérie aussi. Nul plus que lui ne connaissait personnellement les responsables algériens. Il partageait avec eux la conviction que la stabilité et la sécurité du Maroc passaient par la stabilité du trône.

    Les graves événements des années 70 au Maroc avaient largement corroboré ses convictions et ses analyses.

    La biographie de Moulay Ahmed alaoui est dans l’internet, les journaux et les livres d’histoire, avec une profusion de citations et de détails sur sa vie qui renseignent sur le parcours de cette figure prestigieuse qui irradia le Maroc mais aussi le Maghreb et la méditerranée de sa verve et de sa vitalité.

    Son œuvre la plus remarquable, de mon point de vue, est vérifiable tous les jours dans la préservation et l’affirmation quotidienne de l’identité marocaine et de toutes les composantes qui imposent sa spécificité et étalent, avec panache, la différence culturelle du royaume.

    L’anecdote, pour éloquente qu’elle soit, ne m’autorise pas à enfermer cet homme d’exception dans les limites réductrices de la narration anecdotique, factuelle ou allégorique. C’est dans la perception que j’ai pu avoir d’un ami depuis l’indépendance de mon pays je vais me réfugier pour cerner- pour autant que cela soit possible- la complexité du personnage.

    Je l’ai d’abord connu comme un homme dont la pensée n’a cessé d’être en mouvement vers le progrès et l’avenir, évolution permanente dans la réalisation d’une œuvre qui, bien qu’éclectique, s’inscrit dans une seule et même vision, au-delà de sa richesse et de la variété. Perfectionniste à souhait et sobre. Un sens inné de l’esthétique et de la beauté.

    Un homme libre, décidé à se frayer, quel qu’en soit le prix, les chemins de sa liberté à travers l’ambiguïté des situations et des hommes.

    Le 20ème siècle fut riche en débats politiques. Aucun d’eux ne lui était étranger : la guerre du rif, la seconde guerre mondiale, la guerre d’Indochine et bientôt celle du Vietnam, l’exil de Mohamed V et ses prolongements nationaux et internationaux, la conférence de bandœng, Ghandi et la non – violence, la guerre de Corée, la nationalisation du canal de Suez, la grande marche de Mao-Tsé-tong, la guerre d’Algérie et le processus de décolonisation, et j’en passe.

    Prise de conscience irrépressible de l’homme de vision et d’action face à l’histoire qui se fait, ici au Maroc, et ailleurs dans le monde, et qui, de plus en plus, enferme le militant comme l’homme de bonne volonté dans un engagement irréversible et radical. Pour autant, les mouvements anti-impérialistes laissent clairement, chez lui, le pas à un tiers-mondisme généreux, transparent, lucide.

    D’instinct, il savait quand il fallait se projeter en avant, corps et âme, vers les causes, vers les choses, les événements, les hommes et l’avenir. D’instinct, il savait mettre à distance ; prendre de la distance ; et par un savoir – vivre qui pouvait faire appel à tous les artifices, jusqu’au folklore, il était capable, à n’importe quel moment, d’annihiler cette distance. Il avait de fausses absences qui ne l’arrachaient jamais au monde, ni au réel, qu’il pouvait ne pas affectionner, mais qu’il savait incontournables. Il tenait toujours compte de l’existence des autres. Non point par ce qu’ils étaient. La liberté à laquelle il ne pouvait renoncer se confondait toujours pour lui avec le respect de l’autre. Il maîtrisait l’art de moduler la liberté qu’il voulait entretenir avec les autres.

    Où donc avait –il appris à maîtriser, dans sa vie quotidienne, la capacité de contrôler les limites de l’impossible et de l’intolérable ?

    Sans orgueil ni vanité, avec assurance toutefois, il ne connaissait aucune forme de vertige, il est dans son culte du respect de la liberté d’autrui, il allait d’un pas sûr, lorsque cela était nécessaire, vers des concessions qu’il enrobait d’une convivialité et d’un savoir – faire dont lui seul avait le secret. Moulay Ahmed alaoui, c’était un style, un tempérament, on ne peut plus personnels. Inimitables.

    Un raffinement achevé et un humour intarissable, parfois décapant. Non point le rire pour le rire. Chez lui, l’anecdote comme l’allusion parabolique vise constamment la transmission d’un message qu’il fallait savoir déchiffrer. De la subtilité encore et toujours, mais quand il voulait rire, il cherchait à faire partager son humeur, son rire devenait alors sonore, contagieux, source juvénile de joie, de jubilation spontanée et de bien –être. Exactement à l’égal de ses colères. Avec ses coups de tête, Moulay Ahmed ne peut des comparer à personne d’autre qu’à lui – même.

    L’humaine condition ne peut se parer exclusivement de qualités. Son charisme n’a jamais souffert de ses fausses colères et quand ronchon, il grommelait des mots inintelligibles, malgré sa voix chaude et rauque , il gardait un charme de jouvence qui le rendait irrésistiblement attachant . L’élégance du cœur l’immunisait contre rancœur et rancune. Et quelle énergie ! Quel dévouement ! il était le plus humble parmi les plus chaleureux, à chaque rencontre, vous donnaient le sentiment que vous le connaissiez depuis toujours, que vous veniez à peine de le quitter et par une coquetterie spécifique, il vous réservait constamment un accueil personnalisé .

    Vous mesurez aisément le vide abyssal qu’il laisse derrière lui, malgré la+– permanence de son omniprésence dans notre profonde affection et dans nos cœurs.

    Moulay Ahmed Alaoui avait une capacité d’analyse hors du commun, agrémentée d’un goût naturel pour la créativité. Il pouvait se trouver devant le pire de ses adversaires sans jamais verser dans la moindre inimité. Bien plus, il ponctuait son propos de pointes taquines franches, mais jamais blessantes. Le sourire illuminait son visage et le geste méditerranéen lui conférait une posture théâtrale.

    Aristocrate dans l’attitude, populaire dans le geste, provocateur craint et bienvenu à la fois, polémiste impitoyable tout autant que fraternel, humoriste dévastateur et attachant à la fois, critique redoutable et humain en même temps, intransigeant et tendre, tel était Moulay Ahmed Alaoui dans sa riche et ondoyante personnalité. Et s’il est des hommes que l’on n’aimerait avoir ni pour amis ni pour adversaires, Moulay Ahmed Alaoui était au contraire de ceux, bien rares, avec lesquels l’on voudrait nourrir un permanent commerce intellectuel et fraternel, car l’on savait que chez lui, l’adversaire redoutable qu’il pouvait être ne cachait pas longtemps l’ami hautement estimable.

    Homme de caractère, il a fait montre d’une liberté d’esprit et de parole d’une hardiesse déconcertante. Il n’en était que plus à l’aise pour apporter la contradiction et dire sa vérité quoi qu’il lui en coûtait, avec une perspicacité peu commune.

    Lorsqu’il faisait son entrée quelque part, quelque chose d’indéfinissable se transformait imperceptiblement dans l’air, par je ne sais quelle magie qui lui était propre. La langue était aussi musclée que raffinée. La voix douce, tonitruante, altière, caustique. Le regard. Toujours curieux et pénétrant, fouillait tous les horizons et, d’un seul trait, ramassait terre et ciel à la fois. Il dénudait les âmes et pénétrait les cœurs.

    Visionnaire, il était. Réaliste, il savait l’être. Homme avant tout. Mais de la meilleure extraction, en dépit ou peut-être même à cause de ses orages feints et de ses apaisements déconcertants. Son moi n’est jamais resté éteint.

    Son engagement politique remonte à la saga épique des nationalistes maghrébins du milieu du 20ème siècle ou, déjà étudiant, il se fait remarquer par son militantisme actif dans les milieux politique et journalistique en faveur de l’indépendance du maroc.

    C’est dans ce creuset que se formèrent les élites maghrébines. Toute une génération fit ses premières armes dans la lutte commune pour l’indépendance et se trouva ainsi, pour bon nombre d’entre eux, propulsée aux responsabilités à la tête de jeunes nations. Moulay Ahmed Alaoui fut de ceux –là.

    Homme de conviction, et comme bon nombre de jeunes maghrébins appelés par le devoir, il sacrifia ses études en médecine, pour se consacrer à ses activités de militant pleinement engagé à défendre la cause du Maroc et du maghreb. Il en tirait une certaine fierté. Mais toujours enclin à la conciliation. Il dira : « j’ai étudié la médecine politique ».

    Cette cause, il l’a défendue avec talent, avec éclat. Ses articles acerbes et argumentés, ses billets pamphlétaires et fougueux au service de la cause sont toujours ancrés dans nos mémoires.

    La déportation du Sultan Mohamed V à Madagascar avec sa famille, il l’avait durement ressentie, non seulement comme une violation flagrante du traité du protectorat de 1912, non seulement comme une offense politique de la puissance coloniale, mais comme une humiliation préméditée de tout le peuple marocain, de son passé et de son présent.

    Qui n’a pu déceler chez Moulay Ahmed Alaoui, dès le premier abord, un amour passionné pour la monarchie et pour l’histoire de son pays, un amour qu’il s’acharnait, à chaque occasion, à faire connaître et partager ? Fermement attaché à l’héritage culturel, il en évoquait les différentes étapes avec une méticuleuse érudition.

    La mémoire de la nation était pour lui repère d’identité et référence de nationalisme.

    D’une intégrité morale sans faille et homme politique avisé, il imposait ses analyses, fortement appréciées dans les sphères du pouvoir, faisant de lui – et ce n’était un secret pour personne – l’un des conseillers les plus éminents de feu le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme.

    Ayant un sens aigu du devoir, Moulay Ahmed Alaoui allait tout naturellement être appelé aux responsabilités dès l’indépendance du Maroc. S’il est resté aussi longtemps dans le gouvernement du Royaume, ce n’est pas seulement en raison de sa fidélité et de son sens de l’honneur. C’est aussi grâce à ses compétences et ses qualités de visionnaire dans la conduite des affaires de l’Etat. Un grand mérite lui revient dans l’expansion remarquable du secteur du tourisme et de l’artisanat dont il a mis en valeur la fonction et la portée économique au-delà de ses dimensions culturelle et ludique et qui occupe encore une place de premier plan dans la promotion de l’économie marocaine, mieux, dans l’affirmation de la spécificité de l’identité marocaine.

    Il n’est que justice de reconnaître à cet homme d’envergure, conforté qu’il était par une double capacité intellectuelle et politique qu’il a su, mieux que la plupart de ses contemporains maghrébins, être au diapason des profondes mutations qui s’opéraient dans son pays.

    Car ce qu’il y a d’admirable et de fécond chez Moulay Ahmed Alaoui, c’est ce formidable désir, cette ambition quasi-obsessionnelle, cette intransigeante exigence de prendre à bras le corps les défis que pose la modernité à nos sociétés pour initier un futur qui ne soit pas en contradiction avec notre passé. Lors d’un colloque sur la médicine et les structures sociales au Maroc, il avait explicité cette attitude en ces termes : « Au Maroc, l’éventail des pratiques médicinales va du scanner à la « Chouafa » (voyante). Il y a ici et maintenant, une non contemporanéité simultanée, avec quelques siècles de décalage ».

    Faire de cette « non contemporanéité simultanée » un aiguillon pour la créativité et non pas un prétexte à de stériles antagonisme, telle est l’inspiration profonde qui a animé l’action de Moulay Ahmed Alaoui pendant plus de cinquante ans. Tel est aussi l’un des messages forts que nous a laissés celui qui a tenté, avec succès, d’être l’intellectuel et le maître d’œuvre d’une modernisation réellement innovante parce que mobilisant et reconfigurant le patrimoine culturel du peuple marocain.

    Voyageur infatigable, il prenait grand soin à cultiver ses relations avec des personnalités étrangères. Celles-ci le lui rendaient avec autant de chaleur. Bénéficiant de la confiance permanente du palais royal il devint pour les uns un interlocuteur écouté, pour d’autres, un partenaire privilégié et incontournable.

    Avec une constance remarquable, il est resté fidèle à ses convictions et à ses principes. Il a poussé, jusqu’à la passion, son dévouement et sa loyauté au service de la dynastie alaouite et de la pérennité monarchique. Il s’est fondu corps et âme dans sa patrie qu’il a aimée et servie jusqu’à la dévotion. Fervent militant de la construction arpenteur du royaume, rapporteur fidèle des faits et gestes marquant l’évolution de la société marocaine, tel était Moulay Ahmed Alaoui .

    Il n’a jamais voulu reconnaître le charme trop pâle des vertus de la diplomatie de la dissimulation. il prenait avec panache quelque malicieux plaisir à bousculer les convenances les mieux établis, les conventions les plus ancrées . L’homme des foucades souvent féroces déclarait volontiers qu’il ne se reconnaissait pas dans la diplomatie feutrée, habillée de faux – semblants et de jeux subtils, dans lesquels, selon lui, la vérité se cherche et se perd. Sa franchise et son ironie à la fois hilarantes et dévastatrices ; ses réparties cinglantes et pleines de sel, ses anecdotes bien à propos, faisaient de lui un interlocuteur fascinant.

    Du reste, sa vertu première étant le culte du dialogue, il était toujours le maître du jeu : comme le musicien donne le « la », Moulay Ahmed Alaoui donnait le ton. il plantait le décor. Il élevait l’assistance à son niveau. Sa seule présence créait l’ambiance. Loin des hypocrisies et de la médiocrité. Pour lui, la vérité ne devait jamais se parer d’artifices.

    Mais il avait, dans son comportement toujours franc et parfois brusque, que d’aucuns pouvaient juger singulier, quelque chose de bien à lui qui tempérait l’abrupt du propos, quelque chose d’indéfinissable peut être, mais enveloppé dans une immense et naturelle bonté. Ce personnage aux multiples facettes, toutes plus attachantes les unes que les autres, cultivait le dialogue comme vertu première. Quel que soit le rang de l’interlocuteur, il aimait le convaincre, lui faire partager sa vision des choses. Il voyait en lui l’homme. Et l’homme c’était la passion de Moulay Ahmed.

    Il ya quelques années, après un parcours éprouvant mais bien rempli, il fut terrassé par la maladie. Brusquement, il perdait sa voix. l’homme pour qui la parole était instrument de combat, pour qui l’usage de la parole était d’expliquer, convaincre, dissuader, délivrer sans cesse des messages de convivialité et de concorde, était désormais plongé dans un silence pathétique. Le verbe du ténor talentueux s’est éteint. Pas la flamme. Il devint comme un rossignol qui se tait et dont le silence transmet encore plus de messages que la parole elle- même.

    Les nombreux visiteurs maghrébins ou étrangers qui tenaient à lui rendre visite étaient reçus avec une muette mais chaleureuse courtoisie. Une hospitalité d’autant plus altière et attentionnée qu’il se savait diminué. Ce qui ne le dérangeait peut- être, c’était de ne plus être, à la hauteur de l’hospitalité du cœur, simple, authentique, chaleureuse, joyeuse et sereine.

    Il répondait avec le langage du regard. Respecté de tous, affectueusement entouré des seins, Moulay Ahmed Alaoui a continué à égrener ses souvenirs comme un chapelet de prière jusqu’au dernier jour de sa vie . Je l’ai revu pour la dernière fois quelques années avant qu’il ne soit ravi aux seins, à sa patrie et à ses amis, au moment ou nous enterrions le regretté hassan II, et j’ai vu dans la profondeur de son regard triste, l’eclat intact de sa vivacité légendaire, mais aussi une sorte de regret de ne pouvoir continuer son œuvre avec sa vision personnelle de l’avenir du royaume.

    L’itinéraire de Moulay Ahmed Alaoui qui a su concilier ce qui apparemment paraissait inconciliable dans nos sociétés d’être à la fois un homme politique du makhzen et un « activiste » populaire, constitue une véritable source d’inspiration tant pour les gouvernants que pour les intellectuels engagés.

    Moulay Ahmed n’aurait pas été issu de la famille royale et n’aurait pas détenu des titres officiels pour exercer son talent, il aurait incontestablement fait partie de ces hommes qui étaient nés pour avoir un destin prestigieux.

    Même sans titre de noblesse, il aurait tout de même existé et compté dans la société marocaine et au-delà, dans la société internationale.

    Les atouts et les privilèges de la naissance et de la responsabilité dont il a pu bénéficier lui ont tout juste permis de s’épanouir et de s’affirmer un peu plus. Ses capacités intellectuelles, son talent naturel, les traits saillants de son caractère, son comportement insolite, imprévisible, toujours surprenant, l’auraient tout de même désigné comme un homme d’exception parmi les hommes exceptionnels.

    Voilà déjà quatre ans que Moulay Ahmed Alaoui « le plus populaire des princes « nous a quittés. Le pionnier est mort à la tâche. il s’est éteint, sans bruit, sans déranger, quelque temps après l’attaque qui le priva de la parole, son clairon et sa harpe, son bouclier et son glaive. Il a emporté avec lui ses secrets et les riches mémoires qu’il n’a pas rédigés.

    Qui relèvera le défi de les écrire à sa place ? a qui ne l’a pas connu, dans sa fraîcheur et dans sa vitalité, ce portrait que j’essaie de faire de lui pourra paraître quelque peu dithyrambique. Mais il faut l’avoir connu, il faut avoir subi sa fascination et sa séduction pour comprendre que l’on puisse difficilement trouver ses mots pour cerner son personnage aux dimensions multiples et si facile à admirer et à aimer.

    Et vous, madame Moulay Ahmed alaoui, ma chère sœur, vous qui l’avez soutenu avec abnégation tout le long de son parcours politique qui avez supporté, sans répit malgré vos charges universitaires, le lourd fardeau d’assistance durant ces dernières années d’épreuves. Je sais avec quelle intensité vous êtes demeurée fidèle à sa mémoire, et je voudrais vous exprimer ici mes sentiments de haute estime et de fraternité avec mes hommages profondément respectueux.

    A ses enfants, Lalla Nezha et Moulay Abdel Malek ; je voudrais dire qu’ils sauront, grâce à l’éducation reçue, non seulement conserver, dans sa plénitude, le capital moral inestimable que leur père leur à légué, mais qu’ils auront à cœur de le faire fructifier, perpétuant ainsi le nom du grand disparu.

    Fait à Alger le, 29Avril 2006

    Abdelaziz BOUTEFLIKA

    Source: Maroc Leaks

  • Maroc: Témoignage de Jean MAZEL sur Moulay Ahmed Alaoui

    Il avait été demandé à Jean MAZEL de venir au Maroc, aux lendemains de l’Indépendance, en tant que Conseiller culturel.

    Cette mission, dans le cadre de l’Education Normale, des Arts et Traditions Populaires – comme du Palais Royal – avait été initiée – on s’en doute – par Moulay Ahmed ALAOUI qui appréciait, en Jean MAZEL, l’Ethno Historien, l’Ecrivain et le Cinéaste.

    Ce dernier a bien voulu évoquer, ici, certaines phases de cette aventure.

    Mon ami Moulay Ahmed ALAOUI ou la Contagion du patriotisme

    Jean MAZEL

    Il avait été demandé à Jean MAZEL de venir au Maroc, aux lendemains de l’Indépendance, en tant que Conseiller culturel.

    Cette mission, dans le cadre de l’Education Normale, des Arts et Traditions Populaires – comme du Palais Royal – avait été initiée – on s’en doute – par Moulay Ahmed ALAOUI qui appréciait, en Jean MAZEL, l’Ethno Historien, l’Ecrivain et le Cinéaste.

    Ce dernier a bien voulu évoquer, ici, certaines phases de cette aventure.

    Le printemps parisien était cette année là – 1955 – délicieusement frais et ensoleillé, semblant sourire devant les gesticulations de la classe politique française, dont le grand débat était le retour d’exil du Roi du Maroc, Sa Majesté Mohamed V.

    Le tout Paris parlait des exploits d’un étudiant nationaliste qui arrivait à pénétrer partout, dans les cabinets ministériels, comme dans les salles de rédaction des quotidiens, où il expliquait que le retour du Roi impliquait l’Indépendance du Maroc, une indépendance qui se ferait dans l’amitié avec la France.

    On a dit qu’il avait contribué à la formation du « Quatuor » : Edgar FAURE, HERRIOT, MITTERAND, PINAY, qui allait obtenir du Parlement le vote majoritaire, amenant le retour de Madagascar, du souverain exilé, ce qui entraînerait la fin du protectorat et l’indépendance du Royaume Chérifien.
    Très vite, j’ai appris que le personnage qui agissait avec tant « d’aplomb et de « réussite », naviguant avec aisance dans tous les milieux, était un étudiant en médecine jouissant d’un grand prestige, parmi ses compatriotes étudiants, en séjour à Paris ; Il s’appelait Moulay Ahmed ALAOUI. On le disait parenté avec la famille régnante.

    Au milieu de l’effervescence parisienne, voici que se trouvait programmé de longue date, à la grande Salle Pleyel, mon film Conférence « FÉERIE DU SUD MAROCAINE » où étaient présentées les réalités ethno historiques que j’avais étudiées les années précédentes entre les hautes Vallées de l’Atlas et les Hamadas du DRAA.

    Il me vint à l’idée d’inviter, aux représentations, les étudiants Marocains résidant à Paris.

    Je fus reçu à la Cité Universitaire par leur Président et lui remis une douzaine de cartes d’invitation à répartir, sans oublier le fameux Moulay Ahmed.

    Ce fut, par film interposé, mon premier contact avec lui. Il avait dans sa poche une poignée d’extraits de presse qui faisaient l’éloge de mon film, mais aussi de mes enregistrements musicaux qui avaient permis au Maroc de remporter un « Grand Prix du Disque » (Catégorie Ethnologie).

    On parla quelques instants dans le hall de Pleyel et il me dit soudain : « Des gens comme vous, il nous en faut au Maroc. Dès que le Roi aura retrouvé son trône, je vous ferai envoyer une invitation ».

    Puis les évènements se précipitèrent avec le retour de Mohamed V et de la famille royale, installés pour quelques jours dans une demeure historique de Saint-Germain en Laye, le Pavillon HENRI IV transformé en hôtel.
    A l’entrée, j’apercevais Moulay Ahmed faisant de grands gestes pour canaliser les étudiants venus en grand nombre dans l’espoir de baiser la main de leur Souverain.

    Il ne se séparait pas des quotidiens pliés sous le bras, pour en faire à tout moment le commentaire à Sa Majesté.

    Puis, tout alla très vite : Le retour triomphal de Mohamed V, accompagné des Princes et des Princesses acclamés à sa descente d’avion par une foule en délire.

    Moulay Ahmed, qui s’était glissé dans l’avion royal, débarqua, toujours avec les journaux pliés sous le bras.

    Il fut promu Chef des Services de Presse, avec un bureau dans l’enceinte du Palais, et dit adieu à sa chambre d’étudiant de la rue Serpente.
    J’avais regagné ma maison de Marrakech.

    Je retrouvai Moulay Ahmed, à l’occasion des TROIS GLORIEUSES (comme il avait nommé les 16, 17et 18 Novembre). Les deux premières journées furent consacrées à la proclamation de l’Indépendance et à un magnifique défilé militaire consacrant la création des Forces Armées Royales et, en même temps, la nomination en tant que Chef d’Etat Major du Prince Moulay Hassan – le futur Hassan II.

    Pour le troisième jour, fête du Trône, Moulay Ahmed m’avait demandé d’organiser une grande fête rassemblant les meilleurs groupes de danses régionales, dans une mise en scène laissée à mon initiative, dans le grand Palais des Expositions de la Foire de Casablanca.

    Cette fête, qui attira plusieurs milliers de spectateurs, soulignait la grande diversité des styles, des rythmes et des costumes.

    Moulay Ahmed me demanda alors de mettre sur pied une fête dans un cadre historique et naturel splendide : Le CHELLAH de RABAT.

    Le thème devait être l’UNITÉ, mettant les Arts Populaires au service des objectifs politiques, achever d’inviter le Nord et le Sud, de récupérer IFNI et SAGHIAT EL HAMRA, de fondre dans les FAR quelques anciens maquisards qui prétendaient conserver leurs armes.

    Dans l’enceinte qui avait accueilli successivement : Phéniciens, Romains, Byzantins et plusieurs dynasties marocaines – MERINIDES en particulier – avait été installée une immense tente caïdale, amenée spécialement du Moyen Atlas pour abriter les invités.

    Toutes les régions étaient représentées avec leurs meilleurs représentants et « l’UNITÉ » fut proclamée dans un texte de présentation que Moulay Ahmed et moi avions soigneusement concocté, texte que j’ai conservé en souvenir .

    Toutes ces contributions étaient, de ma part, bénévoles et je regagnai Paris où mes engagements pour « Connaissance du Monde » m’attendaient.
    En 1958, je recevais un appel téléphonique de Moulay Ahmed me réclamant au Maroc. Me trouvant libre, je quittai Paris où je m’étais installé entre temps.

    De retour après ces deux années de conférences, je trouvais le Maroc installé dans l’Indépendance.

    Le Palais Royal m’avait fait prévenir que l’on souhaitait me voir pour me confier une mission et que je pouvais, en attendant les entretiens prévus, m’installer à l’hôtel de la Tour Hassan.

    Ce vieil hôtel avait subi quelques améliorations au cours des ans, tout en gardant ses arches, ses colonnes en pierre de Salé et ses plafonds peints dans la tradition ancienne.

    Le Bar de l’Hôtel était fréquenté par les hommes politiques du pays et par quelques hommes d’affaires en quête de contrats.

    Moulay Ahmed vint m’y retrouver dès le premier soir et m’expliqua qu’il avait montré au Souverain un article de journal, dont j’étais l’auteur, recommandant la création d’un Festival Marocain axé sur les Arts et Traditions populaires du pays.

    Une autre fois, il me dit : « Ce que l’on va te demander est très important, avec un contrat de trois ans à la clé ».

    Au bout de quelques jours, une voiture et un chauffeur vinrent me chercher à l’hôtel pour aller au Palais Royal. Dans une vaste cour s’affairaient des Mokhaznis vêtus de blanc et coiffés de fez rouges pointus.

    Non loin de la porte, dans un grand bureau, je trouvai – au milieu de montagnes de dossiers et de vieux journaux – Moulay Ahmed confirmé, par la grâce du Souverain, « Chef des Services de Presse ».

    Mais il ne s’occupait pas que de Presse… En fait, il s’occupait de tout. Il s’introduisait avec un talent de reptile, dans les bureaux des ministres, comme autrefois à Paris dans les salles de rédaction des quotidiens et il coiffait, entre autres, le Ministère de l’Information.

    Il me dit d’emblée : « Mazel, il y a des problèmes et tu es l’homme qu’il nous faut ». J’étais inquiet et il continua : « Le Roi n’est pas content, car il y a une nouvelle tendance parmi les Ministres et les Hauts Fonctionnaires. Ils voudraient éliminer les anciennes traditions, interdire les danses populaires et le port des costumes propres à chaque tribu ». Le petit livre rouge de Mao avait fait son œuvre.

    On parlait de mettre le pays en uniforme : complet gris anthracite pour les bureaux, blouse grise, insigne des commerçants – blouse blanche réservée aux scientifiques, enfin, combinaison bleue pour les « travailleurs » des villes et des campagnes. Quelle tristesse. Mais que faire ?

    Il s’agissait toujours d’un Festival, mais désormais d’un Festival tourné vers l’intérieur destiné à donner au Peuple Marocain la fierté de son patrimoine d’Art Traditionnel.

    Ce qui n’excluait pas les objectifs premiers au service du prestige du Maroc à l’Extérieur. Mais il me dit : « Allons en parler à Sa Majesté, le Patron veut te voir ».

    Le Souverain nous reçut dans un bureau relativement modeste, avec une grande simplicité et, sur la tête, une sorte de chapeau mou en feutre blanc, dont les bords auraient été coupés et dont il ne se séparait jamais.

    Je fus surpris par son visage étonnamment pâle, par son nez très fin et par son regard à la fois doux et pénétrant.

    Je compris alors la passion que lui vouaient les femmes de son pays.
    Il s’enquit très vite de nos programmes qui comprenaient : des émissions de Radio (la télévision n’était pas encore sérieusement en place), des soirées folkloriques et musicales dans des sites appropriés.

    Le Roi s’intéressait à tout ! En quelques minutes, il avait donné l’impulsion : le Festival devait donner au monde une image somptueuse du Maroc et donner aux marocains conscience de la richesse de leur patrimoine artistique.

    Quand le temps fut venu de nous retirer, il me dit : « Il va falloir que vous persuadiez tous les dirigeants du pays de la nécessité de préserver l’héritage du passé. Les jeunes que j’ai nommés ministres, parce qu’ils avaient des diplômes, connaissent beaucoup mieux Paris et le quartier latin, que leur propre pays.

    « Vous qui avez vécu dans les montagnes et les campagnes, et qui avez étudié nos traditions, saurez les convaincre ».

    Moulay Ahmed me dit alors : « Tu devrais commencer par Si Allah El Fassi ».

    La mission était délicate et, comme je disais à Moulay Ahmed : « Il faudra que tu m’accompagnes », il me répondit : « Non tu iras seul, car nul n’est prophète en son pays, mais tu seras annoncé par le Cabinet Royal ».

    Commencèrent alors mes visites aux grands chefs politiques, connaissant les réalités populaires à la base, me voici confronté aux plus hautes sphères.
    Je fus reçu successivement par le Prince héritier Moulay Hassan, tout acquis à nos idées, et par les leaders politiques dont les réactions furent diverses.
    Allal El Fassi – ou le chef du nationalisme – les yeux bleus gris acier, le profil de sénateur romain, me parla longuement du grand Maroc comprenant la Mauritanie, Le Rio de Oro, une partie du Mali et du Sahara Algérien. Pour lui : « Les traditions populaires ? Une séquelle du protectorat ». Je le fis changer d’idée par la suite.

    Mehdi ben Barka, très occupé par ses chantiers de la Route de l’Unité, craignait que ses crédits n’aient à pâtir de notre projet. Le personnage en permanente ébullition me fascinait. Petit, le poil très noir, l’œil continuellement aux aguets, il pouvait parler tout en écoutant deux conversations à la fois.

    Abderrahim Bouabid, l’autre « leader » de gauche, avec lequel j’allais me lier d’amitié, fut – tout de suite – conquis par l’idée du Festival. On rencontrait chez lui Massignon, Jean Rous et Charles André Julien.

    Mon épouse, Jacqueline, qui parlait l’Arabe avec un savoureux accent Marrakchi, assurait les contacts avec les sœurs du Roi, les Princesses : Lalla Aicha, Lalla Malika et Lalla Fatima Zohra, qui devinrent ses amies.
    Moulay Ahmed s’intéressait aux résultats de tous nos contacts et aussi à notre installation matérielle.

    Grâce à une Chérifa de ses amis, il nous trouva une maison pleine de charme au cœur de la kasbah des OUDAÏAS, entourée de vieux remparts agrémentés de quelques turqueries.

    Une maison où l’on aurait pu rencontrer Pierre Benoît, André Gide ou les frères Tharaud.

    Moulay Ahmed venait souvent nous voir. Il adorait notre maison aux Oudaîyas où nous organisions des soirées culturelles où venaient le poète

    Kamel Zebdi, l’écrivain Ahmed Sefroui et les peintres Cherkaoui, Melehi et Farid Belkhaia, pour ne citer qu’eux…

    Ce fut le temps des folles équipées. Nous partions tous azimuts sur les routes du Maroc, dont je connaissais la plupart et que Moulay Ahmed découvrait bien souvent.
    Tantôt plein Sud, jusqu’à l’Oued Draa, tantôt objectif Tanger. Il fallait que je lui explique les implantations des tribus et je lui communiquai ma passion pour l’Ethno Histoire.

    Une lumineuse amitié, entrecoupée de brouilles et de raccommodements, comme dans les vieux couples, s’était installée entre nous.

    Je remarquai partout cet immense patriotisme qui l’animait. Là, il fallait élargir la route, ici il faudrait un hôtel, ici faute d’hôpital, un bon dispensaire et – en route – les contours et les détails d’organisation du futur Festival se précisaient, les équipes constituées.

    Les Caïds et les Sheiks des tribus exhibaient les meilleurs groupes de danseurs, sortaient de leurs cachettes de précieux costumes anciens. Il me présentait partout comme le « Moustachar du Roi » (Conseiller).
    Inlassablement Moulay Ahmed prenait des notes et – partout – se considérait chez lui. A la tombée de la nuit, les portes des maisons des villages devaient s’ouvrir et offrir l’hospitalité. Il n’avait jamais d’argent sur lui, car oeuvrant pour le bien du pays, il considérait que le concours de tous lui était acquit. Parfois, il s’endormait de longs moments, dans la voiture, et, se réveillant, il retrouvait, en quelques secondes, hargne et lucidité. Son patriotisme ne manquait ni d’humour, ni d’improvisation. Un jour où nous partions en reconnaissance sur des routes nouvelles, il me dit : « On prendra, dans la voiture avec nous, deux victimes qui ont besoin d’être consolées ». Il y avait un grand noir, le Roi du Burundi, qui venait de perdre son trône, et un russe blanc, le Prince Makinski, dirigeant de Coca-Cola, attaqué par une campagne insidieuse..

    Moulay Ahmed, devenu entre temps, Ministre du Tourisme, aimait parfois se déguiser, ce qui, un jour où nous revenions de Tanger, aurait pu compliquer une situation qu’il su tourner à son profit.

    Toujours à l’affût du traditionnel, il s’était procuré une djellaba brune et courte à la mode Rifaine et coiffé d’un passe-montagne surmonté d’une cerise de laine. Il avait l’air d’un vrai maquisard et, à un moment, il m’a demandé de doubler la caravane attelée à une voiture qui roulaient devant nous, afin de lui faire signe de s’arrêter. « Des Suisses » me dit-il, puisqu’il y avait un « S » sur leur véhicule . En fait, ils étaient Suédois et le groupe comprenait deux couples. Frappant à la fenêtre de leur voiture, que les hommes avaient bloquées par réflexe de protection, Moulay Ahmed leur disait avec forts gestes : « Je suis le Ministre du Tourisme, je vous invite à déjeuner, il y a une auberge sympathique quelques kilomètres plus loin, suivez notre voiture ». Malheureusement, nos Suédois ne comprenaient, ni le français, ni l’arabe, et se voyaient attaqués par les Fellaga, dont la presse suédoise parlait abondamment. Recroquevillées au fond de la voiture, les deux femmes s’attendaient à être violées. Il faut dire qu’alors la guerre d’Algérie battait tristement son plein. Tout finit par s’arranger, je servais d’interprète en anglais. Le déjeuner à l’auberge fut succulent, entrecoupé de nombreux coups de téléphones du Ministre. Moulay Ahmed avait, en un clin d’œil, imaginé une opération de publicité touristique géniale. Le cortège parvint à Rabat, à l’heure annoncée, dans la cour du ministère, ma voiture en tête précédant l’équipage Suédois. Sur le perron se tenait un journaliste suédois, invité de longue date pour une série d’articles sur le tourisme au Maroc. Nos compagnons, pain béni pour nos journalistes Suédois, allaient être les vedettes du reportage.

    Puis vint le quart d’heure de vérité. Le Premier Festival, celui de 1960, endeuillé par le tremblement de terre d’Agadir, ne fut qu’une répétition.
    En 1961, quelques mois après la mort du Roi Mohamed V, le vrai Premier Festival eut donc lieu, à Marrakech, dans le Palais – construit au 17ème siècle par le Sultan Moulay Ahmed el Mansour, Kasr El Bedia – dont les ruines se prêtaient à de superbes effets de lumière et de mise en scène.
    Au pied des gradins, où venaient chaque soir plus de mille spectateurs marocains enthousiastes, Moulay Ahmed avait fait installer une Tribune d’honneur où prirent place, auprès du Roi Hassan II, le Maréchal Tito, le Roi Hussein de Jordanie, le Ministre Sow du Sénégal représentant le Président Senghor et diverses personnalités.

    Telle fut l’œuvre, pleinement réussie qu’avait imaginé – dès la Salle Pleyel – mon ami Moulay Ahmed, ce grand patriote qui pendant nos trois années de travail en commun, avait mis en route combien de projets qui, jaillis de son esprit, ont vu le jour par la suite. Ma mission se terminait. J’avais gagné un ami que j’allais retrouver par la suite, au Maroc, au Sénégal, à Paris et aux Etats-Unis, toujours ardent défenseur de son pays.

    Et je réalisai que son patriotisme était communicatif. J’étais, à son contact, devenu à mon tour un patriote marocain, mais – peut-être – avais-je, pour cela, quelques prédispositions !

    Jean MAZEL

    Source: Maroc Leaks

  • Note relative à la stratégie de médiatisation poursuivie pour le 23 mars

    L’évènement du 23 mars à Paris constitue une fenêtre médiatique à exploiter pour continuer la pédagogie des réformes post 9mars.

    A la sémantique économique dominante, il est préconisé également de faire passer le message politique, notamment via le ministre du commerce M. Chami.
    Il est demandé que M. L’Ambassadeur Sahel soit sensibilisé sur le fait que M. Moulay Abdelmalek Alaoui va amener les journalistes « amis » lors de cet évènement, afin qu’il valide les différents interviews demandés.

    Un listing est soumis en pièce jointe, reprenant les journalistes que nous avons contactés et qui souhaitent interviewer les membres de la délégation, il est préconisé que ce listing soit transmis à M. L’ambassadeur.

    Outre les membres du gouvernement qui seront présents, nous pensons emmener un ou deux juristes au cas où nous arrivons à placer des articles sur la réforme de la constitution, ainsi que sur le processus global.