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  • Bouteflika, candidat de l’espoir

    Par Ayache Mohamed

    Les médias français et leurs antennes au Maroc s’acharnent actuellement sur la candidature du président Bouteflika, ce qui veut dire forcément s’acharner contre l’Algérie toute entière.

    Décidément, le colonialisme et l’impérialisme restera toujours un mauvais élève. A-t-on oublié la décennie de cauchemar que l’Algérie a vécue toute seule au moment où tout l’Occident lui a tourné le dos en allant même jusqu’à soutenir les thèses intégristes? A-t-on oublié que l’Algérie a pu s’en sortir sans l’aide de personne et cela a servi d’exemple aux pays de la planète entière?

    L’acharnement contre le président Bouteflika indique que l’on veut que l’Algérie continue dans le déchirement et la terreur. Pire encore, on oublie que Bouteflika a été et sera élu dans une transparence qui ne se trouve ni au Maroc, ni en Tunisie, les deux pays choyés par la France colonialiste. La légitimité des élections en Algérie a été reconnue par tous les observateurs européens et américains qui ont assisté au processus électoral ainsi que par l’administration américaine, le Parlement Européen, l’OTAN…

    L’explication est très simple : La majorité du peuple algérien a choisi Bouteflika comme président. Doit-on rappeler que le mot démocratie signifie « pouvoir du peuple? » Alors, si le peuple algérien choisit Bouteflika pour un troisième et un quatrième mandat, nous devons respecter son choix, parce que c’est le peuple algérien qui décide et non les métropoles qui n’ont laissé à l’Afrique que la pauvreté, la guerre civile et les maladies.

    C’est triste de voir comment certains s’efforcent à donner une vision déformée de la démocratie en Algérie et de la politique de Bouteflika, l’homme qui a fini avec la violence islamiste, a encouragé la politique des privatisations et aspire à introduire l’Algérie au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, a promu les exportations énergétiques vers les EEU et apporté une riche expérience en matière de prévention du terrorisme.

    La mauvaise foi de certains médias est époustouflante : On parle déjà d’un quatrième mandat au moment où le président Bouteflika se présente au troisième. On dirait que c’est l’ennemi juré de l’Algérie qui parle, le Maroc, qui ne souhaite que la destruction de ce pays pour voir concrétiser ses rêves expansionnistes au détriment de la volonté du peuple sahraoui, dont le seul crime est d’aspirer à vivre dans un état souverain sous le drapeau du Front Polisario et sur le sol du Sahara Occidental.

    « L’important, souligne le Professeur Carlos Ruiz Miguel dans son blog « Depuis l’Atlantique« , est une question de principe clé pour comprendre le monde arabo-musulman. Cette question est que, dans ce monde complexe, nous pouvons distinguer deux types de régimes politiques : Les monarchico-téochratiques et les républicains.

    Dans les premiers, l’origine du pouvoir se trouve dans volonté de Dieu (Allah, dans ce cas) et dans une légitimité dynastique. Dans les deuxièmes, l’origine du pouvoir se trouve dans le peuple.

    Parmi les premiers se trouvent, à titre d’exemple, le Maroc, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, Kuwait, Bahreïn, Oman, Qatar, Jordanie… Dans ces pays, les élections organisées sont pour choisir des institutions qui n’exercent pas le pouvoir politique. Parmi les deuxièmes se trouvent l’Algérie, la Mauritanie (avant le coup d’état) l’Egypte, Syrie, Irak, Tunisie, Yémen… Dans ces pays, l’institution qui dirige vraiment le pouvoir politique est désigné à travers des élections. Dans certains cas, ces élections n’ont pas de garantie (Egypte, Syrie, Tunisie, Yémen, etc.) mais dans d’autres cas, comme en Mauritanie, les élections étaient sans doutes fiables.

    Les élections étant propres ou trichées, l’important est que l’on reconnaisse que le pouvoir a été avalé par le peuple. Cela fait une différence qualitative par rapport aux régimes monarchico-théocratiques. Le principe est que le pouvoir est désigné par le peuple. La façon d’application de ce principe indiscutable est différente et secondaire.

    L’affirmation du principe que c’est le peuple algérien qui doit désigner son chef d’état établit une proximité de l’Algérie avec l’Europe dans le terrain des principes, un terrain que nous ne trouvons pas dans les régimes monarchico-théocratiques. Ceux qui dessinent la politique extérieur devraient en extraire les conséquences opportunes : de quel régime l’on se sent plus proches? De celui qui reconnaît le peuple comme titulaire de la souveraineté (l’Algérie) ou de l’autre qui ne le reconnaît pas (le Maroc)? Dans la réponse se trouve la clé de la sincérité des convictions démocratiques défendues ».

  • Françafrique, l’autre guerre froide

    Par Mohamed Mahamud Embarec

    En mars 1905, à Tanger au Maroc, l’empereur Guillaume II fait un discours officiel où il parle d’un  » Maroc libre qui sera ouvert à la concurrence pacifique de toutes les nations, sans monopole, ni exclusion « . Ce discours est considéré comme inacceptable par le gouvernement français qui s’est attribué le Maroc dans sa zone d’influence. Le ton monte dans la presse cocardière, au Parlement c’est un déluge de propos nationalistes et anti-allemands, on est à deux doigts d’une déclaration de guerre…Cette affaire de Tanger est un révélateur des tensions qui existent entre les grandes puissances impérialistes européennes
    En juillet 1905 est donné le premier coup de pioche de la construction du canal de Panama. Les Etats-Unis ont obtenu la création d’un Etat autonome sur un territoire qui dépendait jusque-là de la Colombie, puis sur ce territoire qu’ils contrôlent, l’autorisation de creuser un canal reliant les Caraïbes au Pacifique. En ce début de XXème siècle, les Etats-Unis sont en train de devenir la première puissance industrielle du monde. Leur industrie a pu se développer à l’échelle d’un pays de la taille d’un continent. Leur puissance s’exprime dans de gigantesques chantiers qui ont permis la construction des lignes ferroviaires sur l’immensité de leur territoire, et maintenant du canal de Panama qui ne sera inauguré qu’en 1914.
    Au tournant du siècle, les Etats-Unis commencent à affirmer leur nouvelle ambition d’intervenir sur la scène internationale et leurs intérêts se heurtent aux vieux empires coloniaux des puissances européennes sur le déclin, notamment l’Espagne en Amérique latine.
    Ainsi en 1898, les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Espagne, pour aider Cuba et les Philippines à gagner leur indépendance. En quelques années, l’énorme machine industrielle des Etats-Unis leur a permis de se constituer une puissante marine de guerre. Leur force économique et militaire leur permet de se faire les champions de l’anti-colonialisme au nom de la liberté des peuples et surtout de la liberté pour leurs marchandises et leurs capitaux de s’investir où ils veulent, et notamment en Amérique du Sud. Ils sont contre les chasses gardées des colonies des puissances européennes car se sont autant de possibilités de se constituer de nouveaux marchés qui leur échappent.

    Déjà première puissance économique, mais dans un monde encore dominé par les vieilles puissances européennes et leurs empires coloniaux, les Etats-Unis donneront toute la mesure de leur force dans les deux guerres mondiales à travers lesquelles les nouveaux rapports de forces vont se dessiner.
    A partir de 1945, tant Washington que Moscou soutiennent la décolonisation, au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». En Afrique, l’Amérique est longtemps quelque peu réticente à intervenir sur la base du respect des zones d’influence des partenaires européens (Grande-Bretagne, France, Portugal, Belgique). Mais, face au risque, réel ou supposé, de prise de contrôle du continent par l’URSS, les Etats-Unis se substituent aux petites puissances pour gérer la décolonisation. Ainsi, Washington intervient au Congo en 1960 et finit par soutenir le général Mobutu qui, pourtant, n’était pas son favori au départ. Dans le sud, en Angola, en Namibie et au Mozambique, l’Amérique intervient très indirectement, via l’Afrique du Sud, à partir de 1975 quand le Portugal se désengage.
    Alors que le monde est en train de se polariser, la France et les autres nations européennes perdent progressivement une grande part de leur influence diplomatique sur la scène internationale. En 1954, malgré un soutien des États-Unis, la guerre d’Indochine est perdue par la France qui s’engage dans une autre guerre, l’Algérie. En 1956, la crise de Suez montre bien les limites qu’implique le rôle ingrat réservé aux satellites des deux grandes puissances. L’alliance franco-britannique est contrainte de rentrer sagement à la maison par le couple américano-soviétique. Les États-Unis, qui se découvrent anticolonialistes, critiquent de plus en plus la gestion de la crise algérienne. Ces critiques sont perçues en France comme une ingérence dans les affaires intérieures. La France n’a pas intérêt à voir se développer une grande stratégie américaine, qui pourrait concurrencer la sienne dans ses anciennes colonies.
    En 1958, en plein cœur de la décolonisation, est créé au sein du département d’Etat le poste de secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique. Si les Etats-Unis ne signent pas d’alliance stratégique de défense avec le continent africain dans son ensemble, comme avec l’Amérique latine (Traité interaméricain d’assistance réciproque, 1947), l’Europe occidentale (Organisation du traité de l’Atlantique Nord, 1949), ou le Sud-Est asiatique (Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est, 1955), ils concluent cependant des accords de coopération militaire avec quelques pays, stratégiquement localisés en bordure des détroits, tels le Maroc et l’Egypte. Des accords largement médiatisés par le Maroc pour attirer la sympathie du président Obama dont l’accès à la Maison Blanche risque de sortir à nouveau la vieille idéologie anti-colonialiste américaine, et par conséquent, le soutien de la nouvelle administration américaine aux aspirations indépendentistes au Sahara Occidental.

    La volonté de promouvoir l’expansion de la « civilisation américaine » (liberté de conscience, démocratie, égalité des chances) à travers le monde est articulée à la volonté de promouvoir la liberté de commercer et d’entreprendre. C’est là que réside l’ambivalence de l’argumentaire américain justifiant l’expansionnisme. Afin de promouvoir leurs intérêts économiques, les Etats-Unis soutiennent en effet l’abolition du colonialisme et l’ouverture au libre-échange, véritable impératif pour que leurs entreprises se développent.

    Dès son retour au pouvoir en 1958, De Gaulle comprend qu’il est acculé à accorder les indépendances africaines. Les discours décolonisateurs américain et soviétique renforcent en effet le mouvement des peuples. Il accorde donc ces indépendances : c’est la face émergée de l’iceberg, toute blanche, « la France amie de l’Afrique », etc. En même temps, De Gaulle demande à son bras droit Jacques Foccart de mettre en place un système de dépendance intégrale : il s’agit de conserver un cortège d’États clients pour contrer toute intromission américaine et l’accès à des matières premières stratégiques. Foccart commence par sélectionner des chefs d’État « amis de la France » – par la propagande, des fraudes électorales massives, et deux punitions exemplaires : l’épouvantable répression des indépendantistes camerounais, l’élimination du président togolais élu malgré la fraude, Sylvanus Olympio. Le seul rescapé de ses complots, Sékou Touré, en deviendra paranoïaque. Foccart tient son « pré-carré » par un contrôle économique, monétaire, militaire et barbouzard. La convertibilité du franc CFA permet tous les circuits parallèles d’évasion de capitaux, de la rente des matières premières et de l’aide publique au développement. Paris impose une série d’accords militaires léonins, largement secrets. Chaque chef d’État est chaperonné par un officier de la DGSE, qui en principe le protège, mais peut aussi favoriser son élimination, comme dans le cas d’Olympio. Les Services français recourent au besoin à des groupes de mercenaires ou des officines de vente d’armes.

    Des accords de défense signés au moment des indépendances donnent le cadre de la coopération militaire entre la France et divers pays africains. Ces mêmes accords empiètent parfois largement sur le terrain économique dans leurs annexes et sont souvent complétés par des accords spéciaux, tenus secrets.
    Par exemple, l’Accord de défense entre les Gouvernements de la République française, de la République de Côte d’Ivoire, de la République du Dahomey et de la République du Niger du 24 avril 1961, établit l’installation de forces militaires françaises dans ces trois pays, leurs facilités de circulation et d’utilisation des infrastructures et évoque des « Accords spéciaux » aux termes desquels ces trois pays peuvent demander l’aide de la France en matière de défense. La deuxième annexe de cet accord de défense, concernant les « matières premières et produits stratégiques » (hydrocarbures, uranium, lithium…), stipule que ces mêmes pays, « pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle » et « lorsque les intérêts de la défense l’exigent, elles limitent ou interdisent leur exportation à destination d’autres pays ».
    La politique africaine de la France ne se décide pas au parlement, elle n’est jamais débattue publiquement. Depuis près de cinquante ans, c’est à l’Elysée, ou plutôt à la cellule africaine de l’Elysée, que le Président et ses conseillers décident de l’assistance militaire à apporter aux pays africains ou aux régimes qui les gouvernent.
    Avec le retour au pouvoir du Général Charles de Gaulle en 1958, la décennie qui suit est une période dure pour les relations bilatérales. Le président français conteste le leadership américain, estimant que la paix ne passe pas forcément par l’américanisation du monde. La France gaullienne cherche alors à montrer son indépendance vis-à-vis des États-Unis, notamment par sa sortie du commandement intégré de l’OTAN, la fermeture des bases militaires américaines installées en France et sa politique d’indépendance nationale qui touche tous les domaines de la diplomatie à l’art en passant par l’économie.
    Le président Charles de Gaulle, bien qu’il ait un temps refusé la décolonisation française en Indochine, condamne l’aide militaire apportée par les États-Unis d’Amérique à la République du Viêt Nam (dite Viêt Nam du Sud) contre la rébellion communiste menée par le Viêt Minh (autoproclamé « République démocratique du Viêt Nam », dite Viêt Nam du Nord), ainsi que l’attaque israélienne lors de la guerre des six jours.
    Le 21 février 1966, de Gaulle annonce sa volonté de se retirer du commandement militaire de l’OTAN, tout en restant membre de l’Alliance. C’est la fin d’un processus de désengagement qui avait débuté en 1959, après le rejet britannique de sa proposition de cogestion par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France de l’état major de l’O.T.A.N. Cela annule le traité établi en 1948 visant à la libre circulation des troupes américaines sur le sol français. Le président des États-Unis redéploie les 70.000 hommes installés en France, vers la RFA, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Italie.
    La France, contrainte par les EEUU à quitter ses colonies africaines, l’Afrique est devenue le théâtre d’un affrontement diplomatique, stratégique et surtout économique entre la France et les Etats-Unis. En fait, « tant que les Etats-Unis et la France avaient des intérêts fondamentalement différents en matière de politique étrangère – l’idéologie pour les Etats-Unis, la culture et l’économie pour la France –, l’Afrique bénéficiait d’un régime de guerre froide complémentaire dans lequel les relations Etats-Unis-France tendaient à être équilibrées, coopératives et prévisibles. C’est dans ce contexte de guerre froide entre alliés qu’est née la Françafrique.
    Dans cette guerre contre les EEUU, les foyers anglophones seront visés avec une violence sans égale. Ainsi, la France sera derrière la guerre du Biafra pour la scinder du Nigeria, les atroces guerres du Liberia et de la Sierra Léone et elle soutiendra le Cameroun contre les tribus anglophones qui revendiquent l’indépendance ou l’annexion au Nigeria et elle n’épargnera aucun effort pour empêcher la Gulf Oil de s’approprier des richesses pétrolières de l’Angola.
    Les Etats-Unis laisseront faire au nom de la sauvegarde de l’Alliance Atlantique et la guerre contre l’URSS, mais cette situation consensuelle et stabilisée se dégrade au milieu de la décennie 1990, lorsque, pour Washington, la fin de la guerre froide réduit l’impératif idéologique au profit des objectifs économiques. Selon le principe « trade not aid », l’administration américaine se lance alors dans la diplomatie commerciale et affirme par la voix de Warren Christopher que les « zones d’influence » n’ont plus lieu d’être.

  • Françafrique, l’autre guerre froide

    Par Mohamed Mahamud Embarec

    En mars 1905, à Tanger au Maroc, l’empereur Guillaume II fait un discours officiel où il parle d’un  » Maroc libre qui sera ouvert à la concurrence pacifique de toutes les nations, sans monopole, ni exclusion « . Ce discours est considéré comme inacceptable par le gouvernement français qui s’est attribué le Maroc dans sa zone d’influence. Le ton monte dans la presse cocardière, au Parlement c’est un déluge de propos nationalistes et anti-allemands, on est à deux doigts d’une déclaration de guerre…Cette affaire de Tanger est un révélateur des tensions qui existent entre les grandes puissances impérialistes européennes
    En juillet 1905 est donné le premier coup de pioche de la construction du canal de Panama. Les Etats-Unis ont obtenu la création d’un Etat autonome sur un territoire qui dépendait jusque-là de la Colombie, puis sur ce territoire qu’ils contrôlent, l’autorisation de creuser un canal reliant les Caraïbes au Pacifique. En ce début de XXème siècle, les Etats-Unis sont en train de devenir la première puissance industrielle du monde. Leur industrie a pu se développer à l’échelle d’un pays de la taille d’un continent. Leur puissance s’exprime dans de gigantesques chantiers qui ont permis la construction des lignes ferroviaires sur l’immensité de leur territoire, et maintenant du canal de Panama qui ne sera inauguré qu’en 1914.
    Au tournant du siècle, les Etats-Unis commencent à affirmer leur nouvelle ambition d’intervenir sur la scène internationale et leurs intérêts se heurtent aux vieux empires coloniaux des puissances européennes sur le déclin, notamment l’Espagne en Amérique latine.
    Ainsi en 1898, les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Espagne, pour aider Cuba et les Philippines à gagner leur indépendance. En quelques années, l’énorme machine industrielle des Etats-Unis leur a permis de se constituer une puissante marine de guerre. Leur force économique et militaire leur permet de se faire les champions de l’anti-colonialisme au nom de la liberté des peuples et surtout de la liberté pour leurs marchandises et leurs capitaux de s’investir où ils veulent, et notamment en Amérique du Sud. Ils sont contre les chasses gardées des colonies des puissances européennes car se sont autant de possibilités de se constituer de nouveaux marchés qui leur échappent.

    Déjà première puissance économique, mais dans un monde encore dominé par les vieilles puissances européennes et leurs empires coloniaux, les Etats-Unis donneront toute la mesure de leur force dans les deux guerres mondiales à travers lesquelles les nouveaux rapports de forces vont se dessiner.
    A partir de 1945, tant Washington que Moscou soutiennent la décolonisation, au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». En Afrique, l’Amérique est longtemps quelque peu réticente à intervenir sur la base du respect des zones d’influence des partenaires européens (Grande-Bretagne, France, Portugal, Belgique). Mais, face au risque, réel ou supposé, de prise de contrôle du continent par l’URSS, les Etats-Unis se substituent aux petites puissances pour gérer la décolonisation. Ainsi, Washington intervient au Congo en 1960 et finit par soutenir le général Mobutu qui, pourtant, n’était pas son favori au départ. Dans le sud, en Angola, en Namibie et au Mozambique, l’Amérique intervient très indirectement, via l’Afrique du Sud, à partir de 1975 quand le Portugal se désengage.
    Alors que le monde est en train de se polariser, la France et les autres nations européennes perdent progressivement une grande part de leur influence diplomatique sur la scène internationale. En 1954, malgré un soutien des États-Unis, la guerre d’Indochine est perdue par la France qui s’engage dans une autre guerre, l’Algérie. En 1956, la crise de Suez montre bien les limites qu’implique le rôle ingrat réservé aux satellites des deux grandes puissances. L’alliance franco-britannique est contrainte de rentrer sagement à la maison par le couple américano-soviétique. Les États-Unis, qui se découvrent anticolonialistes, critiquent de plus en plus la gestion de la crise algérienne. Ces critiques sont perçues en France comme une ingérence dans les affaires intérieures. La France n’a pas intérêt à voir se développer une grande stratégie américaine, qui pourrait concurrencer la sienne dans ses anciennes colonies.
    En 1958, en plein cœur de la décolonisation, est créé au sein du département d’Etat le poste de secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique. Si les Etats-Unis ne signent pas d’alliance stratégique de défense avec le continent africain dans son ensemble, comme avec l’Amérique latine (Traité interaméricain d’assistance réciproque, 1947), l’Europe occidentale (Organisation du traité de l’Atlantique Nord, 1949), ou le Sud-Est asiatique (Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est, 1955), ils concluent cependant des accords de coopération militaire avec quelques pays, stratégiquement localisés en bordure des détroits, tels le Maroc et l’Egypte. Des accords largement médiatisés par le Maroc pour attirer la sympathie du président Obama dont l’accès à la Maison Blanche risque de sortir à nouveau la vieille idéologie anti-colonialiste américaine, et par conséquent, le soutien de la nouvelle administration américaine aux aspirations indépendentistes au Sahara Occidental.

    La volonté de promouvoir l’expansion de la « civilisation américaine » (liberté de conscience, démocratie, égalité des chances) à travers le monde est articulée à la volonté de promouvoir la liberté de commercer et d’entreprendre. C’est là que réside l’ambivalence de l’argumentaire américain justifiant l’expansionnisme. Afin de promouvoir leurs intérêts économiques, les Etats-Unis soutiennent en effet l’abolition du colonialisme et l’ouverture au libre-échange, véritable impératif pour que leurs entreprises se développent.

    Dès son retour au pouvoir en 1958, De Gaulle comprend qu’il est acculé à accorder les indépendances africaines. Les discours décolonisateurs américain et soviétique renforcent en effet le mouvement des peuples. Il accorde donc ces indépendances : c’est la face émergée de l’iceberg, toute blanche, « la France amie de l’Afrique », etc. En même temps, De Gaulle demande à son bras droit Jacques Foccart de mettre en place un système de dépendance intégrale : il s’agit de conserver un cortège d’États clients pour contrer toute intromission américaine et l’accès à des matières premières stratégiques. Foccart commence par sélectionner des chefs d’État « amis de la France » – par la propagande, des fraudes électorales massives, et deux punitions exemplaires : l’épouvantable répression des indépendantistes camerounais, l’élimination du président togolais élu malgré la fraude, Sylvanus Olympio. Le seul rescapé de ses complots, Sékou Touré, en deviendra paranoïaque. Foccart tient son « pré-carré » par un contrôle économique, monétaire, militaire et barbouzard. La convertibilité du franc CFA permet tous les circuits parallèles d’évasion de capitaux, de la rente des matières premières et de l’aide publique au développement. Paris impose une série d’accords militaires léonins, largement secrets. Chaque chef d’État est chaperonné par un officier de la DGSE, qui en principe le protège, mais peut aussi favoriser son élimination, comme dans le cas d’Olympio. Les Services français recourent au besoin à des groupes de mercenaires ou des officines de vente d’armes.

    Des accords de défense signés au moment des indépendances donnent le cadre de la coopération militaire entre la France et divers pays africains. Ces mêmes accords empiètent parfois largement sur le terrain économique dans leurs annexes et sont souvent complétés par des accords spéciaux, tenus secrets.
    Par exemple, l’Accord de défense entre les Gouvernements de la République française, de la République de Côte d’Ivoire, de la République du Dahomey et de la République du Niger du 24 avril 1961, établit l’installation de forces militaires françaises dans ces trois pays, leurs facilités de circulation et d’utilisation des infrastructures et évoque des « Accords spéciaux » aux termes desquels ces trois pays peuvent demander l’aide de la France en matière de défense. La deuxième annexe de cet accord de défense, concernant les « matières premières et produits stratégiques » (hydrocarbures, uranium, lithium…), stipule que ces mêmes pays, « pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle » et « lorsque les intérêts de la défense l’exigent, elles limitent ou interdisent leur exportation à destination d’autres pays ».
    La politique africaine de la France ne se décide pas au parlement, elle n’est jamais débattue publiquement. Depuis près de cinquante ans, c’est à l’Elysée, ou plutôt à la cellule africaine de l’Elysée, que le Président et ses conseillers décident de l’assistance militaire à apporter aux pays africains ou aux régimes qui les gouvernent.
    Avec le retour au pouvoir du Général Charles de Gaulle en 1958, la décennie qui suit est une période dure pour les relations bilatérales. Le président français conteste le leadership américain, estimant que la paix ne passe pas forcément par l’américanisation du monde. La France gaullienne cherche alors à montrer son indépendance vis-à-vis des États-Unis, notamment par sa sortie du commandement intégré de l’OTAN, la fermeture des bases militaires américaines installées en France et sa politique d’indépendance nationale qui touche tous les domaines de la diplomatie à l’art en passant par l’économie.
    Le président Charles de Gaulle, bien qu’il ait un temps refusé la décolonisation française en Indochine, condamne l’aide militaire apportée par les États-Unis d’Amérique à la République du Viêt Nam (dite Viêt Nam du Sud) contre la rébellion communiste menée par le Viêt Minh (autoproclamé « République démocratique du Viêt Nam », dite Viêt Nam du Nord), ainsi que l’attaque israélienne lors de la guerre des six jours.
    Le 21 février 1966, de Gaulle annonce sa volonté de se retirer du commandement militaire de l’OTAN, tout en restant membre de l’Alliance. C’est la fin d’un processus de désengagement qui avait débuté en 1959, après le rejet britannique de sa proposition de cogestion par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France de l’état major de l’O.T.A.N. Cela annule le traité établi en 1948 visant à la libre circulation des troupes américaines sur le sol français. Le président des États-Unis redéploie les 70.000 hommes installés en France, vers la RFA, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Italie.
    La France, contrainte par les EEUU à quitter ses colonies africaines, l’Afrique est devenue le théâtre d’un affrontement diplomatique, stratégique et surtout économique entre la France et les Etats-Unis. En fait, « tant que les Etats-Unis et la France avaient des intérêts fondamentalement différents en matière de politique étrangère – l’idéologie pour les Etats-Unis, la culture et l’économie pour la France –, l’Afrique bénéficiait d’un régime de guerre froide complémentaire dans lequel les relations Etats-Unis-France tendaient à être équilibrées, coopératives et prévisibles. C’est dans ce contexte de guerre froide entre alliés qu’est née la Françafrique.
    Dans cette guerre contre les EEUU, les foyers anglophones seront visés avec une violence sans égale. Ainsi, la France sera derrière la guerre du Biafra pour la scinder du Nigeria, les atroces guerres du Liberia et de la Sierra Léone et elle soutiendra le Cameroun contre les tribus anglophones qui revendiquent l’indépendance ou l’annexion au Nigeria et elle n’épargnera aucun effort pour empêcher la Gulf Oil de s’approprier des richesses pétrolières de l’Angola.
    Les Etats-Unis laisseront faire au nom de la sauvegarde de l’Alliance Atlantique et la guerre contre l’URSS, mais cette situation consensuelle et stabilisée se dégrade au milieu de la décennie 1990, lorsque, pour Washington, la fin de la guerre froide réduit l’impératif idéologique au profit des objectifs économiques. Selon le principe « trade not aid », l’administration américaine se lance alors dans la diplomatie commerciale et affirme par la voix de Warren Christopher que les « zones d’influence » n’ont plus lieu d’être.

  • Le Front Polisario, partenaire dans la prévention du terrorisme

    Par Ayache Mohamed

    Pour lutter contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda dans la région du Sahel, les Américains multiplient les contacts et les initiatives de coopération avec les pays de la région. Parmi eux : le Sahara occidental. Une mission de la CIA se serait rendue récemment dans les territoires sahraouis pour solliciter la contribution du Front Polisario à la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, croit savoir « La Lettre de l’Expansion » dans sa dernière édition datée du lundi 6 avril. Cette mission aurait été menée dans le secret le plus total. Les autorités marocaines n’ont pas été mises au courant de l’initiative de la CIA. Et « le département d’Etat à Washington en a été tenu à l’écart, afin de ne pas froisser le gouvernement marocain », affirme encore « La Lettre de l’Expansion », une publication bien informée sur les questions diplomatiques et internationales.Cette initiative des services de renseignements américains constitue un double camouflet pour les autorités marocaines. D’abord, le fait que l’initiative ait été menée dans le secret montre que les Américains n’ont pas une totale confiance en leur « allié » marocain. Ensuite, elle affaiblit considérablement la stratégie marocaine visant à discréditer le Front Polisario sur ses supposés liens avec le terrorisme islamiste. A plusieurs reprises en effet, Rabat a mis en avant des « liens » entre les dirigeants du Front Polisario et Al-Qaïda pour tenter de discréditer le combat du peuple sahraoui pour l’indépendance.

    Au moment où l’Algérie, l’Afrique du Sud, la Libye, le Nigeria, défendaient l’idée que les mécanismes de l’Union africaine pour la prévention et la résolution des conflits sont les mieux appropriés pour gérer les problèmes de sécurité en Afrique, Mohammed VI mettait à profit leur refus d’accueillir le commandement de l’Africom.

    La machine de propagande marocaine avait accéléré le rythme, pour lancer son offre, à travers tous les médias marocains (Yabiladi, Bladi, Oujdacity, Emarrakech, Souss, Casafree, Actualités Marocwebo, Red Dos Orillas, Wladbladi, Mountakhab, La Gazette du Maroc, Sahara Marocain, etc.) qui se sont fait échos de l’installation du QG de l’Africom à la ville de Tan-Tan en allant même jusqu’à diffuser des photos des GI’s américains en pleine opération dans cette ville du Far South marocain (voir http://mecanopolis.wordpress.com/2008/09/21/premiere-photos-de-la-base-americaine-dafricom-au-maroc/)

    Les calculs marocains étaient clairs : tenter de gagner les Etats-Unis dans leur cause et utiliser la force militaire d’Africom contre le Front Polisario, représentant légitime d’un peuple privé de son droit à l’autodétermination.

    Le Maroc est prêt à pactiser avec le diable pour arriver à ses fins. Mais les Américains ne sont pas dupes. Washington, qui ne reconnaît que l’administration marocaine dans ce territoire, et non sa souveraineté en raison de la contestation du Front Polisario, a rejeté cette offre. Et les voilà en train de reconnaître le Front Polisario comme force dont le poids dans la région n’est pas négligeable. Encore une déception pour le Maroc et pour le roi du jet-ski.

  • Le Front Polisario, partenaire dans la prévention du terrorisme

    Par Ayache Mohamed

    Pour lutter contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda dans la région du Sahel, les Américains multiplient les contacts et les initiatives de coopération avec les pays de la région. Parmi eux : le Sahara occidental. Une mission de la CIA se serait rendue récemment dans les territoires sahraouis pour solliciter la contribution du Front Polisario à la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, croit savoir « La Lettre de l’Expansion » dans sa dernière édition datée du lundi 6 avril. Cette mission aurait été menée dans le secret le plus total. Les autorités marocaines n’ont pas été mises au courant de l’initiative de la CIA. Et « le département d’Etat à Washington en a été tenu à l’écart, afin de ne pas froisser le gouvernement marocain », affirme encore « La Lettre de l’Expansion », une publication bien informée sur les questions diplomatiques et internationales.Cette initiative des services de renseignements américains constitue un double camouflet pour les autorités marocaines. D’abord, le fait que l’initiative ait été menée dans le secret montre que les Américains n’ont pas une totale confiance en leur « allié » marocain. Ensuite, elle affaiblit considérablement la stratégie marocaine visant à discréditer le Front Polisario sur ses supposés liens avec le terrorisme islamiste. A plusieurs reprises en effet, Rabat a mis en avant des « liens » entre les dirigeants du Front Polisario et Al-Qaïda pour tenter de discréditer le combat du peuple sahraoui pour l’indépendance.

    Au moment où l’Algérie, l’Afrique du Sud, la Libye, le Nigeria, défendaient l’idée que les mécanismes de l’Union africaine pour la prévention et la résolution des conflits sont les mieux appropriés pour gérer les problèmes de sécurité en Afrique, Mohammed VI mettait à profit leur refus d’accueillir le commandement de l’Africom.

    La machine de propagande marocaine avait accéléré le rythme, pour lancer son offre, à travers tous les médias marocains (Yabiladi, Bladi, Oujdacity, Emarrakech, Souss, Casafree, Actualités Marocwebo, Red Dos Orillas, Wladbladi, Mountakhab, La Gazette du Maroc, Sahara Marocain, etc.) qui se sont fait échos de l’installation du QG de l’Africom à la ville de Tan-Tan en allant même jusqu’à diffuser des photos des GI’s américains en pleine opération dans cette ville du Far South marocain (voir http://mecanopolis.wordpress.com/2008/09/21/premiere-photos-de-la-base-americaine-dafricom-au-maroc/)

    Les calculs marocains étaient clairs : tenter de gagner les Etats-Unis dans leur cause et utiliser la force militaire d’Africom contre le Front Polisario, représentant légitime d’un peuple privé de son droit à l’autodétermination.

    Le Maroc est prêt à pactiser avec le diable pour arriver à ses fins. Mais les Américains ne sont pas dupes. Washington, qui ne reconnaît que l’administration marocaine dans ce territoire, et non sa souveraineté en raison de la contestation du Front Polisario, a rejeté cette offre. Et les voilà en train de reconnaître le Front Polisario comme force dont le poids dans la région n’est pas négligeable. Encore une déception pour le Maroc et pour le roi du jet-ski.

  • Le Maroc, maison de retraite pour les dictateurs

    Par Mohamed Mahamud Embarec
    Edith Lucie Bongo Ondimba, l’épouse du président gabonais Omar Bongo Ondimba, est décédée samedi 14 mars, de maladie à l’âge de 45 ans, à Rabat au Maroc, où elle était hospitalisée depuis plusieurs mois.

    Le Maroc qui se veut une démocratie, entretient des dictateurs depuis le temps du feu Roi Hassan II, ce Maroc qui se veut l’exemple des libertés civiques et dont le roi veut se comparer à Obama, ou du moins c’est ce qui prétend le quotidien marocain « Aujourd’hui le Maroc ». Mohamed VI, qui aime se présenter comme l’homme du renouveau et de la rupture avec les années de plomb qui ont semé autant d’horreur et dont la page restera noire à jamais tant que le palais n’est pas décidé à faire toute la lumière sur les toutes les disparitions d’ordre politique et tant que les victimes n’ont pas été indemnisées pour oublier en partie leurs malheurs.
    La mort de l’épouse du doyen des présidents africains, Omar Bongo, nous rappelle soudain la politique classique du Maroc qui ne fait que confirmer une longue histoire de politique étrangère de soutient aux plus grands dictateurs de l’histoire.

    En choisissant d’héberger la fille de Denis Sassou Nguessu et les fortunes dérobées par les familles Bongo et Nguesso, Mohamed VI semble avoir choisi, non pas d’aider à l’affirmation des valeurs démocratiques et humanistes qui élèvent l’homme, mais bel et bien de travailler à la confirmation de la néfaste politique laissée par ses prédécesseurs. Le Maroc continue sa politique de paradis fiscal en Afrique, où les dictateurs viennent mettre à l’abri leur argent. Pire encore, les présidents déchus par les révoltes populaires dans leurs pays respectifs, s’installent au Maroc faute de trouver un petit chez soi ailleurs. C’était le cas du Shah d’Iran, avant que le président égyptien Anouar Sadat ne lui ouvre les bras après avoir été clairement abandonné par l’administration Carter.

    Le 7 septembre 1997, Joseph Mobutu est mort au Maroc aussi. Celui qui s’appelait Sese Seko Ngbendu Waza Banga (traduction : Le coq qui chante victoire, le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter) avec sa toque de léopard et son bâton de maréchal, signes distinctifs de sa personnalité, disparaissait et, avec lui, trois décennies d’horreur dont les conséquences sont toujours vécues par le peuple congolais.

    Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967 et ne cachant pas son désir de gouverner à vie, n’a que faire des éloges posthumes : Il a rebaptisé sa ville de naissance Bongoville et l’université de la capitale porte son nom. Ses propriétés en France et au Maroc ont fait couler beaucoup d’encre et ne sont plus un secret pour personne. La question d’or est : Si, par hasard, Omar Bongo, grand ami du défunt Hassan II et de son fils, était obligé à quitter le pouvoir, où irait-il s’installer? Au Maroc, bien sûr, là où sa femme a vécu ses derniers moments et où il peut consommer ses derniers jours sans risquer d’être dérangé.

    Ainsi, le Maroc prendra soin de tous les dictateurs africains qui l’ont soutenu dans son effort pour annexer le Sahara Occidental : Ahmed Sekou Touré, Paul Biya, Joseph Kabila, Obiang Nguema, Blaise Compaore, etc.

  • Le Maroc, maison de retraite pour les dictateurs

    Par Mohamed Mahamud Embarec
    Edith Lucie Bongo Ondimba, l’épouse du président gabonais Omar Bongo Ondimba, est décédée samedi 14 mars, de maladie à l’âge de 45 ans, à Rabat au Maroc, où elle était hospitalisée depuis plusieurs mois.

    Le Maroc qui se veut une démocratie, entretient des dictateurs depuis le temps du feu Roi Hassan II, ce Maroc qui se veut l’exemple des libertés civiques et dont le roi veut se comparer à Obama, ou du moins c’est ce qui prétend le quotidien marocain « Aujourd’hui le Maroc ». Mohamed VI, qui aime se présenter comme l’homme du renouveau et de la rupture avec les années de plomb qui ont semé autant d’horreur et dont la page restera noire à jamais tant que le palais n’est pas décidé à faire toute la lumière sur les toutes les disparitions d’ordre politique et tant que les victimes n’ont pas été indemnisées pour oublier en partie leurs malheurs.
    La mort de l’épouse du doyen des présidents africains, Omar Bongo, nous rappelle soudain la politique classique du Maroc qui ne fait que confirmer une longue histoire de politique étrangère de soutient aux plus grands dictateurs de l’histoire.

    En choisissant d’héberger la fille de Denis Sassou Nguessu et les fortunes dérobées par les familles Bongo et Nguesso, Mohamed VI semble avoir choisi, non pas d’aider à l’affirmation des valeurs démocratiques et humanistes qui élèvent l’homme, mais bel et bien de travailler à la confirmation de la néfaste politique laissée par ses prédécesseurs. Le Maroc continue sa politique de paradis fiscal en Afrique, où les dictateurs viennent mettre à l’abri leur argent. Pire encore, les présidents déchus par les révoltes populaires dans leurs pays respectifs, s’installent au Maroc faute de trouver un petit chez soi ailleurs. C’était le cas du Shah d’Iran, avant que le président égyptien Anouar Sadat ne lui ouvre les bras après avoir été clairement abandonné par l’administration Carter.

    Le 7 septembre 1997, Joseph Mobutu est mort au Maroc aussi. Celui qui s’appelait Sese Seko Ngbendu Waza Banga (traduction : Le coq qui chante victoire, le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter) avec sa toque de léopard et son bâton de maréchal, signes distinctifs de sa personnalité, disparaissait et, avec lui, trois décennies d’horreur dont les conséquences sont toujours vécues par le peuple congolais.

    Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967 et ne cachant pas son désir de gouverner à vie, n’a que faire des éloges posthumes : Il a rebaptisé sa ville de naissance Bongoville et l’université de la capitale porte son nom. Ses propriétés en France et au Maroc ont fait couler beaucoup d’encre et ne sont plus un secret pour personne. La question d’or est : Si, par hasard, Omar Bongo, grand ami du défunt Hassan II et de son fils, était obligé à quitter le pouvoir, où irait-il s’installer? Au Maroc, bien sûr, là où sa femme a vécu ses derniers moments et où il peut consommer ses derniers jours sans risquer d’être dérangé.

    Ainsi, le Maroc prendra soin de tous les dictateurs africains qui l’ont soutenu dans son effort pour annexer le Sahara Occidental : Ahmed Sekou Touré, Paul Biya, Joseph Kabila, Obiang Nguema, Blaise Compaore, etc.

  • Deux hommes qui inspirent confiance

    Par Mohamed Mahamud Embarec

    Depuis 34 ans, la population sahraouie et l’ensemble des pays de la région n’ont pas connu le goût de la stabilité, la liberté et le développement durable. Depuis 34 ans, les résolutions de l’ONU se succèdent, l’une derrière l’autre, d’une façon répétitive tel un mouvement mécanique automatisé. Depuis 34 ans, les secrétaires généraux se succèdent à la tête de l’instance internationale, chacun avec son équipe d’experts, représentants et envoyés spéciaux.

    La trahison de Javier Perez de Cuellar, en 1991, fut récompensée par Rabat d’une fonction honorifique (avec rémunération adéquate) auprès de l’Omnium Nord Africain, le holding de la famille royale marocaine. Bouthrous Ghali a épousé les thèses marocaines en échange de la promesse française de lui octroyer le poste de secrétaire général de la Francophonie. Koffi Annan a fini par s’éloigner du plan de son propre représentant, James Baker, dont le plan de règlement a été approuvé par unanimité dans le Conseil de Sécurité.

    L’arrivée de Ban Ki-moon et le renvoi de Peter Van Walsum constitue la preuve du retour de l’ONU à la légalité internationale. Le nouveau secrétaire général agira à partir de sa conviction que le problème du Sahara Occidental est un problème de décolonisation et sa seule issue est un référendum d’autodétermination acclamé fort et haut par toutes les résolutions de l’ONU. Au moment où il désignait Christopher Ross pour la nouvelle fonction, dans une déclaration de presse organisée le 07/10/2008, Ban Ki-moon s’engageait devant la communauté internationale : « Là encore, vous avez mon engagement sur la question du Sahara Occidental qui est une de mes priorités ».

    Le dossier du Sahara Occidental vient de passer entre les mains d’un homme dont les compétences ne sont ignorées par personne.

    Je ne blâme aucun sahraoui de se méfier d’un fonctionnaire onusien après tant de désillusions, mais l’arrivée de Ban Ki-moon et Christopher Ross constituent une lueur d’espoir pour ce peuple condamné à vivre dans l’exode depuis 34 ans.

    Malgré l’opposition initiale du Maroc contraire à sa désignation, cet homme, avec sa clairvoyance, sa diplomatie de choc a commencé son tour dans la région à Rabat.

    J’ai été impressionné par sa façon d’être comme homme, la fluidité de son arabe et son charisme. Il n’a pas fait des déclarations fracassantes et ses paroles sont minutieusement étudiées.

    J’ai trouvé réconfortant le fait qu’il ait mentionné une solution basée sur le principe d’autodétermination et je suis convaincu que c’est l’homme qu’il nous fallait pour sortir de cette galère dans laquelle le Maroc a mis la communauté internationale entière, et je suis convaincu aussi qu’il sait dans quelle galère il s’embarque, comme je suis convaincu qu’il n’y a aucun problème sans issue si les parties concernées acceptent de s’y engager avec sincérité et détermination.

    L’homme de choc a pris en main un dossier, certes, épineux, mais on le voyait confiant quand il répondait aux questions et de la façon dont il a entamé ses contacts avec le Maroc et le Front Polisario.

    Personne n’ignore qu’il connaît à fond le dossier. Il mérite d’obtenir sa chance comme tout le monde. Qu’on lui donne la chance de faire ses preuves et on pourra le juger par la suite, selon les gestes qui seront posés mais attendons avant de juger. Mais n’est-ce pas la confiance un des piliers essentiels pour entamer tout processus de paix? Eh bien, moi, ces deux hommes, Ban Ki-moon et Christopher Ross m’inspirent confiance.

  • Deux hommes qui inspirent confiance

    Par Mohamed Mahamud Embarec

    Depuis 34 ans, la population sahraouie et l’ensemble des pays de la région n’ont pas connu le goût de la stabilité, la liberté et le développement durable. Depuis 34 ans, les résolutions de l’ONU se succèdent, l’une derrière l’autre, d’une façon répétitive tel un mouvement mécanique automatisé. Depuis 34 ans, les secrétaires généraux se succèdent à la tête de l’instance internationale, chacun avec son équipe d’experts, représentants et envoyés spéciaux.

    La trahison de Javier Perez de Cuellar, en 1991, fut récompensée par Rabat d’une fonction honorifique (avec rémunération adéquate) auprès de l’Omnium Nord Africain, le holding de la famille royale marocaine. Bouthrous Ghali a épousé les thèses marocaines en échange de la promesse française de lui octroyer le poste de secrétaire général de la Francophonie. Koffi Annan a fini par s’éloigner du plan de son propre représentant, James Baker, dont le plan de règlement a été approuvé par unanimité dans le Conseil de Sécurité.

    L’arrivée de Ban Ki-moon et le renvoi de Peter Van Walsum constitue la preuve du retour de l’ONU à la légalité internationale. Le nouveau secrétaire général agira à partir de sa conviction que le problème du Sahara Occidental est un problème de décolonisation et sa seule issue est un référendum d’autodétermination acclamé fort et haut par toutes les résolutions de l’ONU. Au moment où il désignait Christopher Ross pour la nouvelle fonction, dans une déclaration de presse organisée le 07/10/2008, Ban Ki-moon s’engageait devant la communauté internationale : « Là encore, vous avez mon engagement sur la question du Sahara Occidental qui est une de mes priorités ».

    Le dossier du Sahara Occidental vient de passer entre les mains d’un homme dont les compétences ne sont ignorées par personne.

    Je ne blâme aucun sahraoui de se méfier d’un fonctionnaire onusien après tant de désillusions, mais l’arrivée de Ban Ki-moon et Christopher Ross constituent une lueur d’espoir pour ce peuple condamné à vivre dans l’exode depuis 34 ans.

    Malgré l’opposition initiale du Maroc contraire à sa désignation, cet homme, avec sa clairvoyance, sa diplomatie de choc a commencé son tour dans la région à Rabat.

    J’ai été impressionné par sa façon d’être comme homme, la fluidité de son arabe et son charisme. Il n’a pas fait des déclarations fracassantes et ses paroles sont minutieusement étudiées.

    J’ai trouvé réconfortant le fait qu’il ait mentionné une solution basée sur le principe d’autodétermination et je suis convaincu que c’est l’homme qu’il nous fallait pour sortir de cette galère dans laquelle le Maroc a mis la communauté internationale entière, et je suis convaincu aussi qu’il sait dans quelle galère il s’embarque, comme je suis convaincu qu’il n’y a aucun problème sans issue si les parties concernées acceptent de s’y engager avec sincérité et détermination.

    L’homme de choc a pris en main un dossier, certes, épineux, mais on le voyait confiant quand il répondait aux questions et de la façon dont il a entamé ses contacts avec le Maroc et le Front Polisario.

    Personne n’ignore qu’il connaît à fond le dossier. Il mérite d’obtenir sa chance comme tout le monde. Qu’on lui donne la chance de faire ses preuves et on pourra le juger par la suite, selon les gestes qui seront posés mais attendons avant de juger. Mais n’est-ce pas la confiance un des piliers essentiels pour entamer tout processus de paix? Eh bien, moi, ces deux hommes, Ban Ki-moon et Christopher Ross m’inspirent confiance.

  • L’autre visage de la guerre au Sahara Occidental

    Depuis 1991, année d’application du cessez-le-feu au Sahara Occidental, la guerre a pris un tournant pour se livrer sur un autre champ de bataille aussi puisssant que celui de la confrontation militaire : la guerre des mots, des définitions, des conceptions, pour détourner les débats publiques au sujet du drame humain vécu par le peuple sahraoui depuis plus de 34 ans à cause de l’invasion militaire marocaine. Quelles sont les méthodes utilisées par la machine de propagande marocaine pour arriver à imposer le fait accompli?

    1) Tergiverser le débat pour sortir du contexte qui définit la nature du conflit en tant que problème de décolonisation dont l’issue a été clairement définie par l’ONU dans ses résolutions depuis plus de 40 ans : un référendum dans lequel la population sahraoui doit faire son choix d’une façon libre et démocratique. L’autonomie ne constitue en aucun cas une autre définition de référendum et n’est qu’une amalgame pour échapper de la légalité internationale.

    2) Utiliser les maux de la planète (terrorisme, trafic de drogues, immigration, etc) pour désigner le Front Polisario comme una bande de terroristes et des bandits dédiés au trafic des drogues et à la traite des êtres humains (immigrants africains clandestins). Les citoyens sahraouis dans les territoires occupés sont décrétés des « criminels casseurs agissant contre l’intégrité territoriale et la loi en vigueur ». Tout cela dans le cadre d’un programme sophistiqué pour diaboliser le Front Polisario dont le combat est fort connu et n’a jamais dépassé les jeux de la « confrontation propre » et dans les limites de la légalité.

    3) Jouer sur l’angoisse et la peur des sociétés occidentales : terrorisme, drogues, immigration, Iran, Venezuela, etc. Les dirigeants marocains sont allés juisqu’à perpétrer des attentats et signaler le Front Polisario comme responsable. Quant on sait que le Maroc est champion des opérations sous fausse banière, comme ce fut le cas dans l’assassinat de Mehdi Ben Barka, en 1965, et l’attentat contre la voiture de l’ambassadeur mauritanien en plein cœur de Pais en 1976, son appui confirmé aux terroristes du GIA en Algérie, on peut se demander si la vélléité exprimé à l’égard du président Jose Maria Aznar n’est pas derrière les attentats du 11 mars 2004 à Madrid et dont les responsables sont toujours en liberté.

    4) Anticiper et gonfler les erreurs du passé du Front Polisario pour camoufler les massacres perpétrés contre la population sahraouie depuis 1975 et faire passer les réfugiés sahraouis pour des séquestrés alors que tous les rapports des organisations humanitaires internationales ont étudié de près la situation dans les camps de la dignité à Tindouf.

    5) Le mensonge basé sur la malhonnêteté, la prévarication et la tromperie surtout lorsqu’elle est dirigée au public naïf de l’Occident en cachant, autant que faire se peut, la nature fasciste de son gouvernement. Ainsi, on entend Bernard Couchner et compagnie répéter constamment « Le Maroc fait des progrès en matière de démocratie, libertés individuelles, droits de l’homme, etc. » alors que la tragédie vécue par le peuple marocain est pire que celle connue par le peuple sahraoui.

    6) Exploiter au maximum les lobbys et relations publiques du Maroc avec les EEUU, la France, Israël, et autres pour substtituer le processus de paix entamé par les Nations Unies depuis plus de 17 ans.

    7) La répétition constante des faux arguments et des mensonges à coup de marteaux pour qu’ils prennent l’allure de vérité et fassent oublier les drames de tout un peuple dont le seul crime est d’aspirer à libérer son pays et de refuser de vivre sous la tutelle d’un royaume arcaïque dont les pilliers sont construits sur la corruption, la repression et l’injustice.

    8) Inonder les médias et les instances internationales en dépêchant dans tous les évènements médiatiques des porte-paroles présentant la même version des faits, considérant que c’est une garantie de succès tout en interdisant l’accès des médias et aux ONG’s aux territoires occupés
    de la RASD et en répétant constamment que les réfugiés sahraouis sont des séquestrés et que l’autonomie est la seule issue pour ce conflit.

    9) Faire des scandales dans tous les mitings et réunions consacrés au sujet du Sahara Occidental et empêcher les orateurs de faire passer leurs discours.

    10) Prétendre que la stabilité du régime au Maroc est étroitement liée à l’annexion du Sahara Occidental et sortir le phantome de la ménace que constitue l’armée marocaine pour le palais.

    Pour nous, les sahraouis, nous considérons que c’est scandaleux que la communauté internationale, et particulièrement les EEUU et la France, puissent tolérer un tel scénario et se laissent duper et tromper par les mensonges d’un état voyou dont le roi est l’un des hommes les plus riches au monde, qui a laissé son pays gangréner dans la corruption et la misère malgré ses nombreuses ressources naturelles et malgré les centaines de milliards d’aide apportés par ses alliés.

    Si la communauté internationale a eu le courage d’affronter les talibans et le régime de Saddam Husein, les criminels de guerre en ex-Yougoslavie, au Congo, au Soudan, elle doit être capable de rendre justice et protéger la population sahraouie contre son agresseur.

    Comment la France, berceau de la démocratie, dont la divise est « égalité, liberté, fraternité » puisse fraterniser avec un régime comme celui qui détient les rennes au Maroc? Croit-elle vraiment qu’on peut anéantir un peuple dont la bravoure a été plus que démontrée et sa décision d’arracher ses droits à n’importe quel prix? En tout cas, ce n’est pas la perversion politique du Maroc, de la France et des EEUU qui arrêteront sa marche irreversible vers la liberté et l’indépendance.