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  • Maroc : L’enterrement du Glaoui, Pacha de Marrakech

    23 JANVIER 1956, HADJ THAMI EL GLAOUI MEURT

    Photographie extraite d’un reportage de Roger BEAU, photographe chez Kynel et témoignage personnel d’André HARDY, Commandeur du Ouissam Alaouite, Grand Officier du Nicham Iftikhar, tiré de ses Mémoires de chef des contrôleurs civils de la Région de Marrakech.

    Cette photographie envoyée par Roger Beau est totalement inédite, elle n’a pas paru dans la presse de l’époque. Les services d’ordre de la Police, de l’Istiqlal et de l’Armée suivent le même but: écarter les agitateurs possibles.

    LA FIN D’UN « GRAND SEIGNEUR »

    « Accompagné de ma femme, je m’étais rendu une dernière fois à son chevet, peu de jours avant sa mort, qu’il attendait avec sérénité. Ce n’est pas sans émotion que j’avais tenu, une dernière fois sa longue main brune et décharnée, regardé en face le long visage ridé de cet ami loyal, qu’illuminaient les yeux intelligents et doux.

    Il avait choisi pour lieu de sa dernière demeure la minuscule Zaouia de Sidi ben Sliman (l’un des 7 saints de Marrakech: le Soufi), en pleine médina. De son palais à son tombeau il y avait deux kilomètres de ruelles, trajet difficile pour un cortège pompeux, espace exigu pour les honneurs militaires, dus à un Grand officier de la Légion d’Honneur. Et pourtant, ces obsèques malcommodes et désordonnées furent comme une apothéose.

    Après les prières, dites dans le palais de la Stiniya, le corps enveloppé dans un linceul de moire noire fut emporté à bras sur un brancard, cahotant au-dessus des têtes d’une foule immense. Dans cette multitude, pressés comme les grains de blé dans un boisseau, se coudoyaient Français et Marocains, notables et gens du commun, caïds et militants de l’Istiqlal, hommes et femmes, uniformes, vestons et jellabas. Le service d’ordre de l’Istiqlal collaborait vigoureusement avec la police pour canaliser cette marée en criant : « de l’ordre : de l’ordre », et je crois bien que l’ ‘émotion étreignait aussi bien ceux que le Pacha avait favorisés de ses largesses que ceux contre qui il avait si longtemps et si durement sévi, car tous étaient conscie,ts de la noblesse et de la grandeur du disparu. C’était vraiment, avec lui, une époque qui s’achevait et, en cette minute aucun ne pensait plus au risque qu’il pouvait courir en étant mêlé à cette foule, chacun observait une trêve tacite.

    Au seul endroit du parcours qui fut un peu moins étroit, le cortège marqua une pause, les honneurs militaires furent rendus, le Résident Général lut son discours ainsi, que le représentant du Sultan, qui était l’ancien Caïd Lahcen Al-Youssi, devenu Ministre de l’Intérieur. Puis la marche cahotante reprit jusqu’au mausolée, où le corps fut remis aux fossoyeurs, et il ne resta plus aux assistants qu’à s’ext raire comme ils purent de ce tourbillon humain… »

    UN TOURNANT DE L’HISTOIRE

    « Après la mort du Pacha s’ouvrait une nouvelle période dans l’histoire de Marrakech et, peut-on même dire, dans l’histoire du Maroc. C’est le 3 Mars que ce pays obtint de Monsieur Pinay une indépendance dont personne ne doutait plus depuis le retour triomphal du Roi Mohamed V, en novembre 1955. »

    « Les fils du Glaoui ne furent d’abord nullement inquiétés et reçurent à la Stiniya de nombreuses visites de condoléances. C’est à cette seule occasion que je les vis tous rassemblés, le 1er février 1956. L’un d’eux Abdallah, le « romancier » devait mourir le 4 juin des suites d’une opération. »

    Le territoire marocain était organisé en une certain nombre de Provinces, confiées à des Gouverneurs ( en arabe : âmal, pluriel : oumal) calquées sur l’organisation régionale antérieure. C’est ainsi que la ville de Marrakech formait une province et le territoire en formait une autre…. A qui reviendrait les deux commandements, à la fois désirés et redoutés ! Le Roi et son « Conseil du Trône » hésitèrent longtemps. Le général Bazillon et moi-même avions eu l’occasion d’en discuter longuement avec le nouveau Ministre de l’Intérieur, Lahcen Al-Youssi, après les obsèques du Pacha, où il représentait son maître. C’était un berbère, ancien caïd de Sefrou, épuré en 1953, ne parlant pas le français, mais astucieux et apparemment d’esprit assez large. D’ailleurs, en général, le style adopté par les nouveaux maîtres du Maroc, fussent-ils des terroristes de la veille, était celui d’un triomphe modeste et modéré, oublieux du passé et tourné vers l’avenir, avec la conscience qu’ils avaient encore besoin de nous pour le construire. Chez beaucoup, cette attitude était sincère et plutôt sympathique, mais ils ne purent malheureusement s’y tenir… ou se maintenir. Finalement furent désignés pour la ville de Marrakech, le fqih fassi Mehdi Sakkali, et pour la Province Moulay Hafid el Alaoui, cousin du Sultan et lieutenant-colonel de l’armée française. »

    UN FASSI GOUVERNEUR DE MARRAKECH

    « Le choix de Mehdi Sakkali n’était pas bon. Comme Fassi, déjà, il ne pouvait qu’être mal vu des Marrakchis. En outre, bien que vêtu à l’européenne, à l’exception du tarbouch dont il était coiffé, c’était un musulman fanatique à tendance wahhabite, totalement dépourvu de bon sens. Son premier geste fut de faire de la Jamâ el Fna un désert, car il était horifié par le groupement de bateleurs, charmeurs de serpents, danseurs, etc… qui de tout temps a fait la célébrité de cette place. Il acheva ainsi de ruiner le commerce de Marrakech, déjà bien malade, et de faire fuir les touristes. Il devait faire pire par la suite. Moulay Hafid, par contre, avait l’étoffe d’un bon gouverneur. … »

    Le livre d’André Hardy, est sur le point d’être épuisé. Son tirage initial fut très faible. Si vous le trouvez neuf ou d’occasion n’hésitez pas à l’acheter car vous y lirez le témoignage d’une des personnes les mieux informées. Il contient beaucoup de faits méconnus sur Marrakech et ses habitants de 1951 à 1956. Même ceux qui vivaient à Marrakech à cette époque ignorent de nombreux événements qui s’y sont produits.

    Source : Mangin de Marrakech

    Tags : Maroc, Pacha Glaoui, enterrement, André Hardy,

  • Algérie : De lourdes peines prononcées dans le procès de Mme Maya

    Nachinache Zoulikha-Chafika, dite « Mme Maya », jugée par le tribunal de Chéraga pour des affaires de corruption, a été condamnée mercredi à 12 ans de prison ferme, peine assortie d’une amende de 6 millions de dinars et de la saisie de ses biens.

    Ses deux filles, Imène et Farah, ont été condamnées chacune à 5 ans de prison ferme avec une amende de 3 millions de dinars et la saisie des biens. Impliqués dans cette affaire, l’ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi, a été condamné à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de dinars, et son fils Chafie à 2 ans de prison ferme et une amende de 500.000 DA. Jugés aussi pour cette affaire, l’ancien wali d’Oran, Abdelghani Zaâlane, et l’ancien Directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel ont été condamnés, tous les deux, à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de dinars chacun. Les deux investisseurs et entrepreneurs,

    Belaïd Abdelghani et Ben Aïcha Miloud ont été condamnés respectivement à 7 et 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de dinars chacun. L’ancien député à la retraite, Omar Yahiaoui (en fuite à l’étranger), a été condamné à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de dinars, la saisie des biens et le lancement d’un mandat d’arrêt international à son encontre. Mme Maya et ses deux filles doivent, selon le verdict, verser 600 millions de dianrs de dédommagement au Trésor public. La défense a décidé de faire appel du jugement.

    Le Midi Libre, 15 oct 2020

  • Algérie : Le FFS, le squat de son siège et l’ambassadeur du Portugal !

    Qu’est-ce qui pourrait bien avoir un haut représentant diplomatique étranger en Algérie avec une affaire interne à un parti politique national ? D’aucuns penseront que rien, et pourtant … Si en effet les usages diplomatiques s’y interdisent toute immixtion, l’ambassadeur du Portugal à Alger, se retrouve, sans le vouloir, au centre d’une affaire propre à un parti algérien. Il s’agit de son excellence Luiz de Albuquerque Veloso semble être pris en sandwich, entre deux parties belligérantes au sein du Front des forces socialistes.

    C’est ce que le parti a révélé, hier, dans un communiqué diffusé sur son site web. Tout a commencé lundi dernier, lorsque – comme il est courant chez des ambassadeurs de se rendre chez des partis pour échanger autour des relations bilatérales- le représentant diplomatique du Portugal s’est rendu au siège national du FFS.

    Sans le savoir, il a été reçu par les responsables de l’un des belligérants (Belkacem Benameur, qui se réclame toujours de la direction du parti) accusé par son rival, Youcef Aouchiche (Premier secrétaire du parti) d’avoir squatté les locaux du parti à Alger. Et comme pour tenir informé l’ambassadeur de ce différent, une délégation du FFS a été reçue, hier, par l’ambassadeur du Portugal en Algérie.

    Selon un communiqué, «Cette rencontre, à la demande de l’Ambassadeur, faisait suite à sa visite le 12/10/2020 au siège du FFS, illégalement occupé. Les deux parties, ont évoqué la situation politique en Algérie, les sujets liés aux relations bilatérales ainsi que la situation régionale et internationale. »

    Le Courrier d’Algérie, 15 oct 2020

    Tags : Algérie, FFS, Belkacem Benameur. Youcef Aouchiche,

  • La vraie histoire d’Aïcha Kandicha au Maroc

    Le nom d’ Aïcha chez les Marocains révèle deux choses :

    La première , c’ est que ce nom est religieusement sacré , car il est le nom de la femme du Prophète Mohamed ( Alïhi Assalam*) . Cette femme était la plus jeune des femmes du Prophète. Il l’ a épousée alors qu’elle avait l’ âge de douze ans.

    *Paix soit sur Lui

    Elle était la plus chère à son coeur. Le Prophéte a dit « Prenez la moitié de votre religion de cette femme « ( Aïcha ).

    Quand les chanteurs de Gnaoua (Gnawa ) chantent ce nom, leurs chant est un chant soufi .

    La deuxième , c’ est que ce nom vient d’ une mythe très célèbre dans la mémoire de peuple marocain . C’ est Aïcha Kandicha . C’ est le nom d’ une femme qui est djinn .

    Elle habitait toujours à côté de la mer . Dans des lieux qui sont inhabités . Et elle sort la nuit pour couper la route aux hommes qui passent seul . Elle les attire vers elle et les habite : ç a veux dire qu’ ils tombent amoureux d’ elle . Ils deviennent fous jusqu’ à leur mort.

    Aïcha a été décrite, dans les récits du peuple marocain comme une femme, mais elle a des pieds de chameau.

    Un grand écrivain Tahar Ben Jelloun , qui est célèbre dans la littérature française , a essayé de donner à ce mythe une relation avec la réalité , dans ses écritures, en disant que cette histoire ( mythe ) de Aïcha Kandicha est une histoire réelle .

    C’ est une femme, résistante, qui a lutté contre la colonisation française au Maroc. Après la mort de son mari tué par les Français , elle a décidé de se venger , en apparaissant aux étrangers ( les soldats français ) et les attirant vers les plages où elle les tue par vengeance.

    Le récit de l’ histoire de cette femme ne dépasse pas ces deux signification dans les chansons de la musique Gnaoua ( Gnawa).

    Le chanteur de la vidéo ci-dessous parle de cette femme , de sa puissance et le bien qu’elle peut faire quand elle veut et la supplie de lui faire du bien , comme s’ il supplie un saint du mausolée.

    La musique avec le chant du mythe de cette dame ne peut que donner la chair de poule à celui qui l’ écoute. C’ est la façon dont ils chassent les mauvaiss esprits.

    Source : Gammes musicales

    Tags : Maroc, religion, superstitions, musique, chants, Aicha Kandicha, djinns,

  • Maroc : L’enfer des migrants subsahariens

    Maroc – Rabat

    Aux portes de l’Europe, l’enfer des migrants subsahariens

    Dans la minuscule pièce, Florence découpe une pastèque. Le téléviseur crépite dans un coin, seule distraction du petit Emmanuel, 3 ans, étendu sur le matelas posé à même le sol. Une simple lucarne éclaire le foyer de cette famille nigériane. Aujourd’hui, Steeve, le père de famille a gagné 1,50 euros en mendiant depuis 6h du matin. “De quoi acheter un kilo de poisson”, lance-t-il sans grand enthousiasme. Ce couple nigérian a débarqué à Rabat en 2004 avec comme unique rêve, celui de rejoindre un pays européen pour une vie meilleure.

    Dans un angle, Florence a soigneusement rangé ses bassines pour la vaisselle qu’elle a dissimulées derrière un rideau. Sur les murs, des photos du Christ. La température intérieure atteint facilement les 30°. “Malgré les 50 euros de loyer mensuel, le propriétaire ne veut pas qu’on utilise la lumière ni qu’on branche un ventilateur”, raconte Steeve. “Cela fait 3 ans que nous sommes là et nous n’avons aucun droit. Si seulement je pouvais travailler. C’est une situation très stressante pour moi, avec la peur d’être agressé ou d’être arrêté par la police”.

    Comme ce jeune couple de migrants, ils sont entre 15 000 et 30 000 à se retrouver bloquer à Rabat, aux portes de l’Europe, avec des conditions de vie inacceptables. “Lorsqu’ils arrivent ici, ils n’ont plus d’argent pour continuer. Durant le voyage, ils doivent se débarrasser de tous leurs papiers. Ils n’existent plus. Au Maroc, ils n’ont aucun droit. Ils ne bénéficient d’aucune protection et se retrouvent à la merci de tous les abus et de toutes les violences possibles”, explique le coordinateur d’une ONG. 60 % d’entre eux ont entre 18 et 30 ans, 30% ont plus de 30 ans et 10% sont des mineurs. Ces migrants viennent principalement d’Afrique de l’Ouest ((Sénégal, Gambie, Mali, Guinée, Côte d’Ivoire) du Nigeria et de la RDC.

    Pour la plupart, le périple s’est déroulé dans la souffrance avec des violences sexuelles et physiques, dans l’enfer des camions surchargés traversant le désert algérien, sans eau ni nourriture. « Le trajet a été épouvantable. Nous avons beaucoup marché, même les enfants. Nous avons dû payer sans arrêt pour franchir les frontières. C’est une véritable mafia », explique Bienvenu qui a quitté la RDC en 2004 avec sa femme. « Nous avons mis plus de 2 ans pour arriver ici en passant par le Cameroun, le Nigeria, le Bénin… Mais chez nous, il y a la guerre, la famine, tout ». Le couple a obtenu le statut de réfugié via la représentation internationale du HCR basé à Rabat. Seul problème… les autorités marocaines ne reconnaissent pas ce bureau destiné à favoriser l’enregistrement des demandeurs d’Asile, la reconnaissance et l’installation des réfugiés au Maroc.

    Pourtant, le Maroc a signé les Conventions de Genève de 1951 relatives à la protection des réfugiés. « En un an et demi, le HCR n’a reconnu que 600 réfugiés avec un taux de reconnaissance de 16%. Ce statut est principalement attribué aux Ivoiriens, Congolais, Sierra Leonais et Libériens. Le récépissé remis aux réfugiés n’a, pour l’instant, aucune valeur aux yeux des autorités marocaines. Il ne leur donne pas droit à une carte de séjour et ne permet donc pas d’accéder au marché du travail ou aux soins », précise le coordinateur. « Tant que le HCR et le statut de réfugié ne sont pas reconnus par le Maroc, le bureau international de Genève devrait assurer une assistance financière mensuelle aux réfugiés. Et la Communauté internationale devrait doter le bureau du HCR de Rabat des moyens politiques et financiers suffisants pour assurer tant la protection juridique que l’assistance de ces réfugiés, et plus particulièrement des mineurs non accompagnés ».

    En attendant, le Maroc a renforcé le dispositif de surveillance des frontières avec des ratissages autour des enclaves tout en laissant les migrants en ville. « Les politiques publiques européennes et des Etats membres en matière d’immigration s’inscrivent fortement en coopération avec les pays frontaliers de l’espace Schengen dans le cadre du « bon voisinage ». Elles consistent à vouloir réguler les flux migratoires et lutter contre l’immigration clandestine en «externalisant» le contrôle des frontières et les procédures d’asile vers les pays limitrophes. L’Algérie et le Maroc se renvoient la responsabilité. L’action policière se concentre sur les zones de frontières. L’Union européenne envoie de l’argent au ministère de l’Intérieur marocain mais ces fonds ne redescendent pas forcément aux policiers qui n’ont pas les moyens de procéder aux arrestations. Cette coopération policière avec l’Europe existe mais le problème reste celui de la corruption », constate le coordinateur.

    Résultat, les migrants, réfugiés ou non, vivent dans la plus grande précarité, victimes de violences et de discriminations. « J’ai pris un bateau pour rejoindre les Canaries et il a chaviré noyant une quinzaine de personnes sous mes yeux. J’ai été récupéré et depuis je lutte pour survivre. Il y a un mois, un Marocain m’a agressé pour me voler. Il m’a tailladé le visage et le corps à coups de couteau et m’a brisé un tibia. Personne n’a bougé. Les gens regardaient », raconte Jimmy, un Nigérian.

    Libres de leur mouvement, au bon vouloir des autorités, les migrants mendient dans les rues et survivent dans des bidonvilles entassés dans de minuscules chambres. De véritables taudis où les nattes et les matelas se succèdent au milieu des cafards, de la crasse et de la chaleur. La gale est une maladie courante de même que la tuberculose et les troubles mentaux. Sans espoir, sans avenir, les migrants de Rabat se débattent dans ce climat de violence, rejetés par une bonne partie de la population marocaine en se disant « j’avais un rêve, je suis maintenant dans une prison libre ».

    * Le nom de l’ONG et celui du coordinateur ne sont pas publiés afin de ne pas nuire à leur action sur le terrain.

    Tags : Maroc, migration, subsahariens, africains, racisme, répression,

  • Algérie : Tamanrasset, terre de transit ou d’exil.

    Aux portes de l’Afrique sub-saharienne, à 2 000 km de l’Europe, la ville algérienne de Tamanrasset vit au rythme des candidats à l’émigration qui s’y côtoient et partagent les mêmes rêves, parfois les mêmes désespoirs

    C’est le printemps à Tamanrasset, ville du sud de l’Algérie, proche du Niger et du Mali. Les touristes européens quittent la ville à l’approche des chaleurs. Les camions dont descendent chaque jour des immigrés venus de toute l’Afrique sub-saharienne, eux, ne connaissent pas de saison.

    Tamanrasset est une porte d’entrée pour des milliers de candidats africains à la migration vers l’Europe. « Je me sens chez moi ici à Tam. Mes compatriotes et tous les autres Africains me font oublier l’exil, explique Oulatara, un jeune ivoirien. Je préfère patienter ici que d’aller errer au nord de l’Algérie où je risque le refoulement à tout moment. »

    Tam, comme l’appellent ses habitants de passage, abrite des immigrés africains légaux et illégaux. Les clandestins ont plus de chance de s’y fondre dans la masse, mais aussi d’y trouver un logement moins cher que dans les villes du nord du pays, où la législation oblige le propriétaire à déclarer à la police l’identité des locataires. Ce n’est pas le cas à Tam où les « villages africains » se sont formés et continuent à être rythmés par la clandestinité. Ce sont des ghettos où même les forces de sécurité n’osent pas pénétrer.

    Proche d’une bande frontalière de 1 550 km, la région de Tamanrasset reste le passage privilégié des candidats à l’exil. 2 000 à 3 000 personnes franchissent illégalement les frontières sud de l’Algérie chaque année, selon la Gendarmerie nationale. Mais beaucoup d’autres entrent sur le sol algérien munis de visas de trois mois. À leur expiration, la plupart d’entre eux n’ont pas encore réussi à quitter Tam. Parmi ces clandestins, les Maliens et les Nigériens sont de loin les plus nombreux, mais il y a aussi d’autres Africains et – phénomène apparu ces deux dernières années – des Asiatiques (d’Inde et du Bangladesh) qui tentent de s’introduire par là en Europe.

    La vie en transit

    À Guetâa El Oued, Tahaggart, Imechouane, « villages africains » édifiés dans Tamanrasset, la cohabitation entre immigrés n’est pas idéale. Dans ces ghettos, les rapports de force s’établissent en fonction des nationalités, de l’ancienneté, de l’importance de la communauté. Les Maliens et les Nigériens ne se plaignent pas de leur vie ici. Les liens historiques, la proximité géographique de leur pays d’origine et le fait qu’ils soient les seuls à disposer de consulats en Algérie facilitent leur vie quotidienne. L’intégration est plus difficile pour les immigrés issus de pays anglophones. Souvent organisés en clans, ils sont vite pointés du doigt dans des affaires liées à des vols et des agressions. Ces villages dans la ville sont au fil des années devenus des lieux où tout se négocie : passeports, argent, travail au noir, femmes pour des travaux de ménage ou pour la prostitution, enfants à adopter, etc.

    Aux premières lueurs de l’aube, des centaines de clandestins se postent aux carrefours, à la sortie de la ville. Ils guettent camions et camionnettes pour dénicher un travail occasionnel qui leur permette de survivre. Des entrepreneurs, mais aussi des particuliers, y passent prendre de la main-d’œuvre bon marché et corvéable à souhait, en raison de sa précarité. Le transit par Tam peut durer des semaines, des mois voire des années.

    Certains se résolvent à demander des papiers d’identité algériens ou des titres de séjour leur permettant de travailler en toute légalité, alors que la grande majorité végète dans la clandestinité et la précarité. Les ateliers de confection sont devenus le monopole des Nigériens et des Maliens. Les autres ont le choix entre les ateliers de mécanique, de soudure ou les chantiers de construction.

    Refoulement, pas rapatriement

    Alhassane, la vingtaine à peine entamée, arrive du nord du Cameroun. Il jure qu’il n’y retournera pas, même si on le refoule cent fois : « Tout le village a cotisé pour me payer le voyage. Ils attendent que je m’établisse en Europe et que je commence à leur envoyer de l’argent. Je préfère mourir qu’y retourner les mains vides. »

    En Algérie, les refoulements sont fréquents tout autant que les possibilités de retraverser la frontière dans l’autre sens. En 2005, les services de la gendarmerie locale ont eu à traiter 1 603 affaires liées à l’immigration clandestine, impliquant 2 229 personnes sans compter celles qui passent à travers les mailles du filet et continuent leur traversée du désert pour gagner le Nord. La tendance n’a pas fléchi en 2006. La majorité des gens interpellés sont refoulés à la frontière, mais pas rapatriés. Les opérations de refoulement sont coûteuses et supportées pour le moment par le Trésor public algérien.

    L’Union européenne avait pourtant promis, à Oran, l’an dernier, d’aider les pays nord-africains dans la lutte contre l’immigration clandestine. Mais les fonds tardent à être débloqués. En raison des coûts, le choix de la destination du refoulé s’impose : 398 km séparent Tamanrasset du poste d’Ain-Guezzam (frontalier avec le Niger) et 508 km de celui de Tin-Zaouatine (avec le Mali). Selon la prépondérance des Maliens ou des Nigériens dans le lot des personnes, les clandestins seront refoulés à l’un ou l’autre endroit. À contresens de leur rêve…

    Source : Blog de Said Bouamama, 2006

    Tags : Algérie, Tamanrasset, Migration, subsahariens,


  • Maroc, source d’inspiration…

    Depuis plusieurs années (la première fois il y a….bien longtemps) je suis tombée amoureuse du Maroc, du sud particulièrement. Essaouira balayée par les alizés est notre point de départ depuis cinq ans.

    Essaouira, en arabe « la bien dessinée », Amogdul « la bien gardée » en berbère, Mogador pour les français garde les empreintes de son histoire. L’hospitalité des marocains, leur cuisine pleine de saveurs, les couleurs chatoyantes, les odeurs d’épices nous ravissent. Et son festival Gnaoua…dont je vous reparlerai…

    Nous y soutenons bénévolement, modestement une association qui accompagne les femmes isolées, en difficulté. Elle s’appelle : Association Féminine de Bienfaisance EL KHIR:

    « « La femme marocaine défavorisée ne doit pas compter sur la charité »

    Nous voulons l’aider dans son apprentissage de l’autonomie, et pour cela nous développons au sein de l’association une approche de la promotion féminine « intégrée », qui combine de nombreuses actions allant de l’alphabétisation jusqu’à l’insertion professionnelle. Autonomie financière bien sûr, pour que la femme génère des revenus suffisants pour couvrir ses besoins quotidiens (ou ceux de sa famille selon sa situation). Autonomie sociale, juridique, sanitaire également : l’accès à la connaissance doit aider la femme à s’affirmer dans une société peu encline à reconnaître ses droits.

    Nous ne répondons pas seulement aux besoins d’acquisition de savoir-faire techniques (cuisine,couture, etc.) et de connaissances de base, mais nous aidons la femme jusqu’à son intégration professionnelle, en nous efforçant d’être à son écoute tout au long de son parcours. Soutien psychologique et esprit de fraternité sont toujours mêlés à nos actions.

    L’association AFBK se veut aussi espace de rencontres et de partage, un espace de vie réconfortant et agréable. »

    Je vous invite à consulter leur site internet (www.elkhir.ma) ou leur facebook (Association féminine El Khir). Le courage des femmes qui ont fondé et font vivre cette association humanitaire mérite d’être reconnue et soutenue.

    Ainsi grâce à ces femmes nous avons découvert le Sabra (soie végétale que j’utilise pour la confection de bijoux), les parures en argent travaillées à Essaouira, l’huile d’argan, les petites coopératives de femmes qui sont isolées du regard des touristes et nous sommes allés à la rencontre des berbères.

    Collier d’inspiration touareg dont la pièce principale (en argent et orné d’une cornaline) provient du fond d’une échoppe d’un berbère, bien marqué par les années.

    Tags : bijoux berbères, condition femmes marocaines, essaouira, maroc, association El Khir, Mogador, Amogdoul,



  • Après moi, le déluge ! Un texte de Karl Marx

    Le capital, qui a de si « bonnes raisons » pour nier les souffrances de la population ouvrière qui l’entoure, est aussi peu ou tout autant influencé dans sa pratique par la perspective de la pourriture de l’humanité et finalement de sa dépopulation, que par la chute possible de la terre sur le soleil.

    Dans toute affaire de spéculation, chacun sait que la débâcle viendra un jour, mais chacun espère qu’elle emportera son voisin après qu’il aura lui‑même recueilli la pluie d’or au passage et l’aura mise en sûreté.

    Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste et de toute nation capitaliste (1).

    Le capital ne s’inquiète donc point de la santé et de la durée de la vie du travailleur, s’il n’y est pas contraint par la société (2). (…)

    Il est vrai qu’à prendre les choses dans leur ensemble, cela ne dépend pas non plus de la bonne ou mauvaise volonté du capitaliste individuel.

    La libre concurrence impose aux capitalistes les lois immanentes de la production capitaliste comme lois coercitives externes.

    Karl Marx, Le Capital, livre I, section 3, chapitre VIII

    (1) Nous nous rendons bien compte de l’immense difficulté à résoudre les questions de la pollution, de l’épuisement des ressources naturelles, de la diffusion des produits toxiques, sans compter la progression des inégalités et la dstruction des sociétés, dans le système actuel de production.

    (2) Sous la pression des socialistes allemands, le Chancelier Bismarck, en 1889, décida d’instaurer un âge de départ à la retraite (payée par les cotisations ouvrières et patronnales). Il aurait demandé à un conseiller :

    « Dis moi, machin, à quel âge les ouvriers seront-ils morts, à coup sûr ? »

    – 65 ans, Votre Excellence

    Le départ à la retraite est alors fixé à … 70 ans.

    Tags : Karl Marx, Le Capital, après moi le déluge, économie, finances,

  • Quelques définitions liées à la question du mariage 


    AUTOUR DE LA NOTION DE MARIAGE :

    Précoce : Mariage avant un certain âge ou avant la puberté en fonction des droits nationaux.

    Forcé : Mariage sous la contrainte, pression psychologique, voire violence physique. Dans certains pays le consentement requis n’est pas celui de la personne mais celui du représentant légal (qui peut être l’oncle maternel.)

    Arrangé : II n’existe pas en droit. Soit il y a consentement, auquel cas il est valable, soit il y a absence de consentement et c’est un mariage forcé. Il s’agit d’un mariage conclu en l’absence de lien amoureux mais avec une intention matrimoniale.

    Civil ou laïc : II est célébré par un représentant de l’Etat. Le seul valable en France au regard du droit français.

    Coutumier : Mariage selon la coutume du groupe ethnique (définition anthropologique), selon des rites. Il peut être reconnu en France si la loi personnelle des époux le reconnaît.

    Polygamique : Acte de se marier avec plusieurs femmes sans dissolution des liens matrimoniaux préexistants. Il est autorisé dans certains pays du Maghreb, d’Afrique Subsaharienne, du Moyen Orient. Si la polygamie est interdite en France, un mariage polygamique célébré à l’étranger produit des effets en France si la loi personnelle des 2 conjoints le permet.

    Religieux : Mariage célébré par un représentant religieux.

    Par procuration : Mariage célébré hors la présence de l’un des époux.

    Mixte : Mariage entre 2 personnes de même sexe, ou de nationalités, cultures, pratiques, religions différentes.

    Putatif : Mariage annulé mais dont les effets passés sont maintenus à l’égard du conjoint de bonne foi et des enfants.

    Blanc ou simulé : Mariage sans intention matrimoniale, dont le but est l’obtention d’un effet secondaire du mariage.

    AUTOUR DE LA NOTION DE CONSENTEMENT :

    Consentement : II s’agit, lors de la conclusion d’un acte juridique, de l’adhésion d’une partie à la proposition faite par l’autre. Le consentement n’est valable que si la volonté des parties est éclairée et libre.

    Vices du consentement : Ce sont des faits de nature à entraîner l’altération du consentement et, par voie de conséquence, la nullité de l’acte juridique. Les vices du consentement sont : l’erreur, le dol, la violence.

    Echange de consentement : Chacune des parties au contrat manifeste son consentement, oralement ou par écrit ; cet échange entraîne l’accord de volonté qui lie les parties.

    AUTOUR DE LA NOTION DE NULLITÉ DU MARIAGE :

    Nullité : Sanction de l’absence des conditions requises pour la validité d’un acte juridique, prononcée par un juge et entraînant la disparition rétroactive de l’acte. Il entraîne l’annulation du mariage. Le mariage nul est considéré comme n’ayant jamais existé (sauf dans le cas du mariage putatif).

    Opposition : II s’agit d’un droit reconnu à certaines personnes de faire défendre à l’officier d’état civil de célébrer le mariage. Il est soumis à certaines conditions de forme et de fond et est variable selon son auteur. L’opposition peut éventuellement être levée par une procédure spécifi que.

    AUTOUR DE LA NOTION DE RUPTURE DU MARIAGE :

    Divorce (en droit français): Rupture du lien conjugal, prononcée par un jugement, soit sur la requête conjointe des époux, soit en raison de l’absence de communauté de vie, soit en raison de la faute commise par l’un des époux.

    Divorce pour faute (en droit français) : L’époux demandeur doit apporter la preuve de fautes, c’est-àdire prouver que son conjoint n’a pas exécuté les obligations et devoirs du mariage. (violences, abandon de domicile).

    Répudiation : II s’agit de la rupture du mariage imposée par l’homme, de manière unilatérale sans que celui-ci n’ait l’obligation envers l’épouse ni de justificatifs à apporter.

    AUTOUR DE LA NOTION DE NATIONALITÉ :

    Nationalité : Lien juridique et politique qui rattache une personne à un Etat

    Naturalisation : Acquisition par un étranger d’une nationalité par une décision du gouvernement

    Bi-national : Situation d’une personne qui possède deux nationalités.

    Tags : Mariage, nationalité, naturalisation, bi-national,

  • Côte d’Ivoire : Un dictateur est incapable de se mettre en question

    Croire qu’un tyran est capable de reconnaître de lui-même son état sans y être contraint par le peuple à prendre la fuite, c’est une forme enfantine de voir le monde. J’avais un jour évoqué ici les dessins animés. Cela continue.

    Les Ivoiriens se sont trop habitués à ne pas lister et mettre en avant leurs priorités. Ils croient pour la plupart que le monde est le reflet de films pour enfants.

    Alassane Dramane Ouattara n’aurait jamais dû être reconnu en tant que chef d’Etat par ceux qui, politiques ivoiriens, l’ont fait en avril 2011. Ce fut d’un crétinisme indicible de l’avoir reconnu tel. A l’époque, je l’avais dit et écrit à plusieurs reprises. Un tyran, on le combat sans répit, à chaque seconde qui passe.

    Au cas où les ivoiriens se persuadent que leurs bouffées d’humeur qui les conduisent à manifester puis à danser, dans des enceintes closes, quelques heures tous les 6 mois, vont faire plier le tyran Dramane et ses soutiens extérieurs, ils se trompent. Je le mentionne de nouveau ici qu’une révolution populaire est différente de révoltes sporadiques.

    Au dessus de tout tyran, le peuple qui éprouve le besoin véritable de se libérer doit suspendre une épée, semblable à celle de Damoclès, visible par ce dernier. Lorsque ce n’est pas le cas, comme chez nous en Côte d’ivoire où rien n’est fait normalement, il ne faut pas se faire d’illusions. Surtout au rythme où vont les choses, le duc imaginaire de Kong sera à sa place pour encore quelques années. Je continue d’observer. On est ensemble.

    Yomo Kakou

    Tags : Françafrique, Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire, despotisme, dictature,