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  • Le Nigeria va dissoudre la Brigade spéciale anti-banditisme (SARS), accusée de meurtres et de brutalité


    Emmanuel Akinwotu

    Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي


    L’annonce intervient après des protestations croissantes, mais les critiques disent qu’elle ne va pas assez loin

    Après des jours de protestations contre les brutalités policières, le gouvernement nigérian a dissous une unité de police tristement célèbre, qui faisait l’objet d’allégations d’exécutions extrajudiciaires et d’abus.

    Une vague d’indignation a été alimentée la semaine dernière par l’apparition en ligne de séquences graphiques et d’expériences partagées d’abus commis par la Special Anti-Robbery Squad [litt. Escouade spéciale de lutte contre le vol), communément appelée SARS.

    La campagne #EndSars a débuté comme un mouvement largement en ligne, faisant un buzz international sur les médias sociaux et gagnant le soutien de personnalités telles que le footballeur Marcus Rashford et l’acteur John Boyega. Beaucoup de ceux qui défilent à Lagos et dans les villes du Nigeria ont la vingtaine ou la trentaine, protestant pour la première fois et motivés par leur expérience personnelle ou par des liens avec les abus des forces de sécurité.

    « L’Escouade spéciale de lutte contre le vol (Sars) de la police nigériane a été dissoute avec effet immédiat », a déclaré dimanche le bureau du président Muhammadu Buhari.

    L’Inspecteur Général Mohammed Adamu, qui avait auparavant écarté la perspective de la dissolution de l’unité, a également annoncé de nouvelles mesures « en réponse aux aspirations du peuple nigérian ». Les agents de la SARS seront redéployés dans d’autres unités, a-t-il dit, et un « nouveau dispositif policier » pour la remplacer sera bientôt annoncé.

    Étant donné la récurrence cyclique de vagues d’indignation publique au Nigeria, suivies de promesses gouvernementales qui sont ensuite perçues comme n’ayant pas apporté de changement tangible, l’annonce a été accueillie par un mélange d’euphorie que les autorités aient été forcées d’agir et de frustration que les mesures ne soient pas allées assez loin.

    Le directeur d’Amnesty International Nigeria, Osai Ojigho, a déclaré : « L’annonce ne répond pas aux demandes de reddition de comptes et de justice pour les abus commis par l’unité et la police en général.

    « Les autorités policières doivent affirmer avec force les mesures concrètes qu’elles prendront pour que tous les agents soupçonnés d’avoir commis des violations des droits humains fassent l’objet d’une enquête et soient traduits en justice ».

    La SARS a été créé en 1992 pour faire face à l’augmentation des crimes et délits violents, mais beaucoup ont accusé l’unité de refléter progressivement les groupes qu’elle a été créée pour arrêter. La police armée de la capitale, Abuja, a fait usage de la force contre les manifestants qui défilaient au moment où la décision de la a été annoncée.

    Plusieurs vidéos diffusées sur les médias sociaux ont montré des agents tirant à balles réelles et utilisant des gaz lacrymogènes et des canons à eau sur des manifestants en fuite, dont beaucoup ont été blessés.

    Une manifestante a déclaré avoir vu un groupe de six agents battre une femme avec des bâtons et des matraques, confirmant la vidéo mise en ligne.

    Un manifestant, Jimoh Isiaka, a été abattu par la police dans l’État d’Oyo, au sud-ouest du pays, a déclaré le gouverneur samedi, et un policier, Etaga Stanley, a également été tué lors d’affrontements dans l’État du Delta, au sud du pays.

    « Nous ne pouvons pas être des étrangers dans notre pays »

    De nombreux manifestants qui se sont rassemblés ces derniers jours ont décrit les appels à la dissolution de la SARS comme le début d’une réforme de la police au Nigeria. « D’abord c’est la SARS et ensuite c’est tout le système policier, parce que même avec des policiers et des policières ordinaires, on n’est pas en sécurité », dit Anuola, 26 ans, à Lagos.

    « Il ne s’agit pas seulement de la SARS, il s’agit de mettre fin à la brutalité policière », dit Ikechukwu Onanuku, un musicien de Lagos, qui dirigeaient le chœur de slogans alors qu’un millier de personnes marchaient dans le quartier huppé d’Ikoyi, bloquant un pont et un rond-point.

    « Nous ne nous arrêterons pas, nous serons ici demain et le jour suivant et l’année prochaine jusqu’à ce qu’il y ait du changement. Les gens en ont marre, pas seulement ici mais dans le monde entier », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait failli laisser sa peau dans une rencontre avec l’unité SARS. « J’aurais pu ne pas être ici », dit-il.

    Le droit de manifester est inscrit dans la loi nigériane, mais les mouvements de protestation sont régulièrement réprimés car les forces de sécurité les considèrent souvent comme des menaces pour la stabilité. Les expériences d’abus policiers sont presque omniprésentes.

    Lors de la manifestation d’Ikoyi, des médecins assistaient les manifestants debout dans la chaleur, en leur fournissant gratuitement du glucose et du paracétamol. Les organisateurs ont récolté des milliers de livres pour acheter de l’eau, de la nourriture et des fournitures pour les manifestants dans différentes régions du pays. Des centaines d’avocats se sont portés volontaires pour assister les personnes interpellées.

    Rinu Oduala, une influenceuse présente à un sit-in devant le siège du gouvernement à Lagos, a déclaré qu’elle estimait que les protestations alimentaient l’espoir. « C’est inspirant parce que des gens du monde entier ont donné de l’argent, de la nourriture et tout le reste, dit-elle. Je suis pleine d’espoir parce que le monde entier nous regarde ».

    NdT

    Les manifestations ont continué lundi, malgré l’annonce de la dissolution de la SARS. Un homme de 55 ans a été tué et de nombreuses personnes ont été blessées par balles à Surulere, une zone de Lagos. Les manifestants onc cinq revendications :
    1. La libération immédiate de tous les manifestants arrêtés
    2. Justice pour les personnes tuées par des brutalités policières et indemnisation de leurs familles
    3. Un organisme indépendant chargé d’enquêter sur les cas de mauvaise conduite et d’engager des poursuites
    4. Des évaluations psychologiques indépendantes et une nouvelle formation pour les agents de la SARS licenciés qui souhaitent être redéployés
    5. Une augmentation de salaire pour les policiers afin qu’ils soient « correctement rémunérés pour la protection de la vie et des biens des citoyens ».

    Source : Tlaxcala, 12 oct 2020

    Tags : Nigeria, SARS,

  • Enquête: les Marocaines vues par les Arabes


    Affranchie. Dans les pays moyen-orientaux, majoritairement despotiques, l’image d’une femme libérée est forcément associée à l’érotisme. (AFP)

    Sexe, drogue et sorcellerie : dans le monde arabe, voilà ce qui définit le plus beau pays du monde. Décryptage, entre clichés grossiers et vérité qui blesse.

    Durant ramadan, les Marocains aiment rire d’eux-mêmes, devant leur petit écran. Lorsque la moquerie vient d’ailleurs, le second degré n’est plus à l’ordre du jour. Preuve en est avec le mini-scandale provoqué par un épisode de la série animée koweïtienne Bouktada et Abou Nabil, diffusée sur la chaîne privée El Watan. On y suit les péripéties des héros, partant à la découverte du Maroc. Ils y trouvent femmes à la cuisse légère, sorcellerie et corruption.

    Une image dévastatrice qui fait réagir les Marocains du Web au quart de tour : pétitions, mails au ministère de la Communication, groupes sur Facebook et autres blogs dénoncent l’épisode et les clichés qu’il colporte, exigeant excuses officielles et même expulsion de l’ambassadeur du Koweït au Maroc. Mardi 24 août, une dépêche de la MAP annonce les excuses officielles du ministère des Affaires étrangères koweïtien.

    Ce qui aurait pu être un simple fait divers a failli se transformer en crise diplomatique. Parmi les commentaires des internautes, il n’y a pas que des Marocains outrés. En réponse à la vidéo, cette jeune femme écrit : “Pas besoin de s’énerver, […] c’est simplement ça notre Maroc”. Car il n’y a pas de fumée sans feu. Ni de prostituées sans clients. Dans les pays arabes, l’image négative du Maroc – et surtout, il faut le dire, celle de ses femmes – n’est ni pure diffamation ni vérité absolue. Lecture des clichés les plus répandus et de leurs origines.

    “Toutes des putes”, disent-ils

    Meriem a 27 ans. Consultante dans le secteur des télécoms à Dubaï, elle a souvent dû affronter des regards inquisiteurs et entendus sur son origine. “Ah, vous êtes Marocaine ? Vous savez ce que l’on dit sur vos femmes, elles sont belles mais très légères”. Ce genre de remarque reste ce qu’on lui a dit de plus poli depuis qu’elle vit aux Emirats arabes unis. Beaucoup de Khalijis ne s’encombrent pas d’autant de bonnes manières, et leur sentence est terrible : pour certains, les Marocaines sont toutes des prostituées. “Ce cliché est une caricature qui grossit les traits d’une réalité. Même s’il a déteint injustement sur toute une société, il n’est pas usurpé”, nous explique le psychologue et sexologue Aboubakr Harakat

    C’est dans les années 1980 que la mauvaise réputation des Marocaines s’est établie. Les Moyen-orientaux, qui avaient pour coutume de faire la bringue au Liban et en Egypte, se sont détournés de ces régions secouées par la guerre civile libanaise et celle d’octobre 1973 pour se rabattre sur le Maroc, au climat politique stable, mais en pleine crise économique et à la veille du Plan d’ajustement structurel. Dans ce contexte austère, les pétrodollars ont constitué un appel d’air pour le royaume qui a donc gracieusement ouvert ses frontières aux Saoudiens les plus libidineux. “Le tapis rouge a été déroulé pour ces Moyen-orientaux qui payaient nos fonctionnaires. Des pères se sont transformés en maquereaux et certaines femmes ont offert leur ‘savoir-faire’. C’est ainsi que de nombreuses familles pauvres se sont enrichies avec ‘Flouss Sa3oud’”, témoigne Harakat.

    La tendance s’est poursuivie et accélérée durant les années 1990, où est apparue la “Omra Business”. Des centaines de Marocaines se sont rendues dans le Golfe pour offrir leur corps contre de la marchandise luxueuse qu’elles importaient au Maroc, ou pour exercer de petits métiers (coiffeuse, couturière) le jour et se prostituer la nuit. Ce journaliste marocain se souvient. En 2005, dans le cadre d’un article à propos de l’objectif “10 millions de touristes”, il consulte les chiffres et les provenances des touristes au Maroc. “Sur Casablanca, 50% d’entre eux venaient du Moyen-Orient et étaient classés dans la case tourisme d’affaires”. Il décide alors d’interpeller le ministère du Tourisme. A l’époque, un responsable de la cellule communication lui répond, en riant : “Nous savons très bien que ce ne sont pas des affaires qu’ils viennent conclure. Mais on ne peut pas les classer dans le tourisme sexuel, cette rubrique n’existant pas dans la nomenclature internationale”.

    Lorsque l’on consulte la presse moyen-orientale, que ce soit le Gulf daily news (Bahrein) ou le Khaleej Times (Emirats arabes unis), les articles renvoyant au Maroc sont pour la plupart liés à la prostitution. Florilège : 16 femmes accusées de prostitution dont 7 Marocaines, un homme force sa femme marocaine à se prostituer, une star séropositive d’origine marocaine contamine ses partenaires, etc. Une réalité donc, qui nous force à admettre notre part de responsabilité. “On a connu près de vingt ans de prostitution tolérée par les autorités marocaines, et organisée avec la complicité des chauffeurs de taxi, des maîtres d’hôtel, etc. Il n’en faut pas moins pour qu’un cliché s’installe”, conclut Harakat.

    Une réalité plus nuancée

    Pourtant, aujourd’hui, “la situation des Marocaines du Golfe ne se résume pas à la prostitution. Celles que l’on remarque le plus, avec leur maquillage et leur attitude ostentatoires, ne sont pas représentatives de notre communauté et sont tout au plus quelques centaines”, nuance Imane Bentaout, consultante marocaine installée à Dubaï, qui a mené une enquête sur la situation des Marocaines dans les pays du Khaleej. En effet, il ressort de cette enquête que sur les 150 femmes sondées, près de 42% sont des célibataires, cadres supérieurs au niveau d’éducation très élevé. “Bon nombre des Marocaines qui choisissent de s’installer à Dubaï viennent pour travailler au sein de multinationales ou de grands cabinets internationaux, avec des évolutions de carrière intéressantes et une rémunération conséquente”, explique la consultante.

    L’autre tranche importante des Marocaines du Khaleej est constituée de jeunes femmes âgées entre 23 et 28 ans, employées en tant que secrétaires au sein de cabinets médicaux ou encore dans des hôtels. Percevant un salaire mensuel moyen de 7000 dirhams, la plupart de ces femmes envoient une bonne partie de leur revenu à leur famille restée au Maroc. “Pour elles, c’est une aubaine de travailler à Dubaï car le logement et le transport sont pris en charge par leurs employeurs. Et ces derniers apprécient chez elles leur professionnalisme et leur maîtrise de l’arabe”, poursuit Bentaout.

    La “Marocaine”, marque déposée

    Mais ces fourmis travailleuses ne font pas oublier pour autant la mauvaise réputation des Marocaines chez nos frères arabes. “Imaginez que même les prostituées algériennes et tunisiennes dans le Golfe se font passer pour des Marocaines pour aguicher leurs clients”, s’insurge Bentaout. La Marocaine est devenue une marque déposée, et au-delà de la prostitution, “son image est associée à la liberté, à l’érotisme. Elle est l’Occidentale du monde arabe”, nous explique l’écrivain Jalal El Hakmaoui, familier des pays du Golfe. Les femmes dans la société marocaine tiennent depuis toujours un rôle important, rappelle Harakat : “Contrairement aux femmes saoudiennes, elles sortent, travaillent, existent et ne se couvrent pas de la tête aux pieds. Il faut garder à l’esprit l’image forte de la princesse Lalla Aïcha apparue dès 1947 sans voile”.

    Cette image de la Marocaine “libérée” est de plus en plus reflétée par le cinéma moyen-oriental, où l’on propose beaucoup aux Marocaines des rôles jugés olé-olé. Récemment, les producteurs égyptiens du film Al Waâd ont sollicité plusieurs actrices marocaines pour camper des rôles de prostituées. “Les gens n’arrivent pas à faire la différence entre le personnage interprété et l’acteur. Personne n’a le droit de me juger. C’est mon travail qu’il faut juger, pas moi”, s’était défendue l’actrice Sanaa Akroud lors de la polémique soulevée par son rôle dans le film égyptien Ihki Ya Shahrazade, où elle apparaissait dans une position suggestive en compagnie d’un homme. “Les pays du Moyen-Orient sont dans une écrasante majorité despotiques, avec une marge de liberté très restreinte. Le Maroc leur oppose une liberté qui les fascine mais à laquelle ils attribuent tout et n’importe quoi. Ils vivent avec le Maroc un choc de la modernité”, analyse El Hakmaoui. Un choc qui se vérifie sur le terrain puisque “les hommes du Moyen-Orient sont très fermés, contrairement aux Marocains. Je n’ai jamais fait la connaissance d’une femme locale, elles restent inaccessibles aux étrangers. Même lorsqu’on rencontre un homme de Dubaï, il ne présente pas sa femme à ses amis et ne les invite pas chez lui”, témoigne Wafae, Marocaine résidente à Dubaï depuis trois ans et demi. Le cliché sur les mœurs des Marocaines viendrait donc aussi du conservatisme de nos voisins.

    No pasaran

    Et les clichés ont la peau dure. On les retrouve même dans les administrations, ambassades et postes-frontières. Salma, 23 ans, rêvait d’un circuit incluant la Jordanie, la Syrie et Al Qods : “J’ai passé mon été à attendre des visas que je n’ai jamais obtenus”. Mais notre baroudeuse a vite déchanté une fois confrontée au labyrinthe administratif, à base de papiers introuvables, dossiers à remplir et autres contraintes occultes. “Pour aller dans ces pays, il faut être accompagné d’un mahram, un père, un mari, un frère”. Elle, c’est accompagnée de son cousin qu’elle comptait voyager. Ses rêves syriens se sont écroulés en un coup de fil. Du côté de l’ambassade de Jordanie, elle n’a jamais eu de réponse. Sauf une vague allusion à une enquête de quatre semaines, devant être menée par le ministère de l’Intérieur marocain. “Je n’ai plus envie d’aller voir comment c’est de ce côté du monde”, s’attriste-t-elle. Et de renchérir : “Non seulement on vous fait attendre, mais en plus, on vous traite mal. J’avais l’impression d’être une prostituée, on ne me laissait même pas le temps de m’expliquer”.

    C’est un fait, les pays du Golfe limitent l’octroi de visa aux jeunes Marocaines, automatiquement assimilées à des prostituées potentielles. Au Qatar, la procédure est claire : sans visa de travail, pas d’entrée. “C’est un pays qui ne table pas sur le tourisme. Ce n’est ni Dubaï, ni l’Arabie Saoudite.

    Il faut avoir un membre de sa famille sur place, un billet aller-retour, une réservation d’hôtel”, explique ce cadre marocain installé au Qatar. Notre ministère chargé des MRE confirme : “Parmi les principales mesures mises en place par les pays du Golfe, il y a une exigence d’âge minimum, et un embargo sur certaines professions comme les artistes ou les esthéticiennes”.
    De son côté, le Maroc, depuis une dizaine d’années, semble vouloir rompre avec la politique de l’autruche. Les autorités n’hésitent plus à procéder à des expulsions de ressortissants des pays du Golfe, inculpés dans des affaires de prostitution, et démantèlent chaque année des réseaux de prostitution. Des accords ont aussi été conclus entre le Maroc et les pays du Golfe pour juguler la prostitution des Marocaines. Par exemple, pour qu’un mariage entre une Marocaine et un Khaliji soit possible, une autorisation du ministère de l’Intérieur marocain est indispensable.

    Omra, for men only

    Seulement, à vouloir prendre trop de précautions, certains pays tombent dans la discrimination. Récemment, le PJD s’est fendu d’un communiqué accusant les autorités saoudiennes de manquer de respect à la dignité des Marocaines. En refusant de délivrer des visas pour accomplir la Omra à des jeunes femmes du royaume âgées de 18 à 22 ans, consulats et ambassade d’Arabie Saoudite se sont attirés les foudres du parti de Abdelilah Benkirane. “Selon les dires de certaines familles, l’explication avancée par ces services consulaires est liée soit au fait que les candidates sont jeunes, soit qu’elles ont une intention autre que la Omra en voulant faire ce voyage”, explique le communiqué. C’est là que le bât blesse : une jeune fille marocaine, même lorsqu’elle désire accomplir un devoir religieux, peut être considérée aux yeux des autorités de ce pays comme une prostituée potentielle. “Nous sommes parfaitement conscients que certaines femmes pourraient agir de façon inappropriée, mais ceci ne peut être généralisé à l’ensemble des Marocaines. Certains jeunes Saoudiens se comportent au Maroc de manière obscène, et pourtant personne ne conteste leur droit de circuler au royaume, car nous savons qu’il s’agit bel et bien d’une minorité”, indique à juste titre le communiqué.

    Ma sorcière mal-aimée

    Autre cliché tenace, clamé dans une bonne partie des pays arabes : le Maroc est un pays de magie noire, ses femmes sont des sorcières doublées de voleuses de maris.

    D’ensorceleuses, dans sa définition la plus féerique, les Marocaines sont passées au rang de sorcières. En usant de leurs charmes et de potions maléfiques, elles attireraient les hommes (riches) dans leurs filets. Lorsque Hala, Libanaise, annonce autour d’elle qu’elle va travailler au Maroc, voilà ce que lui conseille son entourage : “Attention aux femmes, ce sont des sorcières, elles vont te jeter des sorts”. En 1926, l’historien Georges Hardy écrivait déjà que “dans toute l’étendue des pays musulmans, le Maroc est toujours passé pour la terre des sorciers par excellence”. Aboubakr Harakat précise que “le mélange de cultures (amazighe, arabe, juive, africaine) donnerait, pour ceux qui y croient, une sorcellerie plus puissante et redoutable”.

    Le fait que la magie noire soit une pratique commune aux hommes et aux femmes confère encore plus de poids au cliché. Selon l’écrivain Jalal El Hakmaoui, “dans l’inconscient collectif des Moyen-orientaux, les Marocains sont des exégètes, des grammairiens et des fqihs dont le savoir est associé à une science occulte”. Pour l’homme de lettres, nos frères arabes attribueraient à la culture marocaine un côté diabolique, “que l’on donne souvent à une culture qu’on ne maîtrise pas”. L’avis du psychologue Harakat abonde dans ce sens : “Dans un pays comme l’Arabie Saoudite, l’orthodoxie est de rigueur depuis au moins deux siècles. Il n’y a pas de culte de marabouts”. Plus encore, la sorcellerie y est passible de la peine de mort. La perception des pratiques marocaines n’en est que plus facile à généraliser.

    Edmond Doutté, professeur à l’École Supérieure des Lettres d’Alger au début du XXème siècle, affirmait à l’époque qu’au Maroc “la femme est un auxiliaire précieux de la magie”. Et ce mythe est aussi présent dans l’inconscient marocain. Pour justifier les raisons de l’adultère chez l’homme, la sociologue Soumaya Naâmane Guessous écrit, dans Au-delà de toute pudeur (1988, Eddif), que les femmes accusent “‘les voleuses de maris’, filles perverses et redoutables, figure négative du désir qui trouve son reflet dans le personnage légendaire de Aïcha Kandisha”, “ogresse qui se transforme en créature séduisante et à laquelle aucun homme ne résiste”. Un cliché nourri par une légende bien de chez nous.

    Façonner son image

    Il ne faut pas se leurrer : la plupart des poncifs à propos du Maroc dépassent les pays arabes. Sauf que la critique, lorsqu’elle vient de pays frères, est souvent plus vexante pour nos compatriotes. La proximité de la langue aidant, les Marocains regardent plus de chaînes arabophones qu’européennes, et sont donc directement touchés par l’image que leur renvoient leurs frères arabes. Preuve en est que l’épisode de la vidéo koweïtienne a égratigné plus de Marocains que foultitude de sketchs français bourrés de clichés sur le Maroc. C’est bien connu, les coups sont plus douloureux quand ils viennent de la famille. “Notre principal échec est de ne pas avoir su nous construire une histoire culturelle assez forte, et donc une image positive auprès des pays arabes, comme ce fut le cas pour le Liban par exemple, que l’on n’associe pas à la prostitution ou aux femmes légères, mais plutôt à Fairouz ou à ses grands hommes politiques et écrivains”, analyse El Hakmaoui. Blessés dans leur ego, les Marocains pleurent l’image qu’ils renvoient alors qu’ils en sont peut-être les premiers responsables.

    Regards croisés. Une nationalité, deux expériences

    Deux jeunes femmes marocaines ayant vécu à Dubaï, de milieux socioprofessionnels différents, nous livrent leur témoignage.

    “J’avais honte d’être marocaine » Hiba, 30 ans, chargée de clientèle dans un hôtel.

    Fraîchement diplômée de mon école d’hôtellerie casablancaise, la solution la plus rapide et la plus efficace pour engranger de l’argent a été d’aller tenter ma chance à Dubaï. J’y ai vécu quatre ans. Au bout de quelques mois, je ne voyais plus les filles de ma promotion, venues aussi tenter leur chance. Elles avaient clairement d’autres ambitions que de gagner de l’argent à la sueur de leur front. Entre celles qui se sont offert des voitures de luxe, celles qui se faisaient entretenir par des Emiratis aisés ou celles qui se sont mariées avec le premier riche venu, j’ai décidé de couper les ponts, pour qu’on ne m’associe pas à elles. J’ai préféré la compagnie des Philippins, dont je me suis sentie beaucoup plus proche. Pour la plupart des personnes que j’ai rencontrées là-bas, être marocaine voulait dire être une fille facile, accepter de passer du bon temps en échange de liasses d’argent.

    Dans l’hôtel où je travaillais, je mettais un point d’honneur à ne pas prononcer un mot d’arabe, lui préférant l’anglais. Ce que j’ai vu durant mes années de travail m’a écœuré. Des prostituées marocaines de tout âge et de standings différents, boulimiques du fric. Et surtout, cette horrible sensation de n’être rien face à l’argent. J’ai reçu de nombreuses propositions libidineuses, que j’ai catégoriquement refusées.

    J’envoyais les trois-quarts de mon pécule à mes parents. L’idée de rentrer au Maroc me traversait l’esprit à peu près trois fois par jour, mais j’ai tenu bon. Après quatre ans de bons et loyaux services, j’ai enfin pu revenir, avec des économies et une expérience incontestable. Plus jamais je ne retournerai là-bas, je n’ai plus envie d’avoir honte d’être marocaine.

    “Marocaine ce n’est pas une nationalité, mais une profession” Sanaa, 27 ans, consultant

    Avant de m’installer à Dubaï, j’avais peur pour mes libertés de femme et j’appréhendais la réaction des hommes à mon égard, surtout dans les relations professionnelles. Finalement, mon installation s’est très bien passée. J’évolue dans un milieu d’expatriés composé d’Iraniens, de Français, d’Indiens, de Philippins, etc. Dans ce microcosme, il y a très peu de préjugés sur les Marocaines. Avec les Khalijis c’est une autre histoire. Dans les taxis ou dans la vie de tous les jours, j’entends souvent des remarques désobligeantes sur mes compatriotes. Mon coiffeur m’a dit un jour : “Marocaine dans le Golfe ce n’est pas une nationalité, mais une profession”. Du coup, lorsque je suis avec des Emiratis, j’évite de parler arabe, car ils reconnaissent très vite à mon accent que je suis marocaine et là ils se lâchent. Ils me draguent de manière très directe en pensant que je suis forcément intéressée. Quant aux femmes, lorsque je me rends dans une administration par exemple, je sens qu’elles sont désagréables avec moi car elles m’associent à la “sahara, voleuse de mari”. D’ailleurs, un ami émirati a refusé de venir me rendre visite au Maroc car sa fiancée lui a dit que s’il allait là-bas, les femmes allaient l’ensorceler. Mais dans un cadre professionnel, les Emiratis ont intégré que bon nombre de Marocaines sont compétentes et les respectent pour leur travail.

    Haschich. Le peuple de l’herbe

    A la base, le Maroc n’a pas volé son image de pays de la drogue. Malgré une diminution des zones de culture de cannabis (de 134 000 hectares en 2003 à 60 000 en 2008), le royaume reste le premier producteur et exportateur de haschisch dans le monde. Avant même la vague déferlante de hippies venus s’adonner aux plaisirs de la fumette, le Maroc cultivait le kif en toute tranquillité. Selon une enquête sur le cannabis menée par l’ONUCD (Office des Nations Unies contre le crime et la drogue) et publiée en 2004, la culture de cannabis dans la région de Kétama était établie au XVème siècle, remontant à l’arrivée des conquérants arabes au VIIème siècle qui ont semé sur leur chemin de petites graines venues d’Asie et d’Orient. Servant à plusieurs confréries du Maroc lors de rituels mystiques, l’herbe du bonheur passera des mains des religieux à celle de toute une frange de la population. Comme quoi, il n’y a pas de cliché sans feu

    Maghreb vs Mashreq. La guerre des clichés

    Si les réactions aux clichés renvoyés par les pays arabes sont plus épidermiques chez nos compatriotes, c’est aussi parce que le Maroc a souvent été considéré par ces pays comme une pièce rapportée de la Oumma. Mélange des cultures et des civilisations, à la fois arabes, juives et berbères, sa langue hybride et sa flopée de traditions lui confèrent un statut particulier aux yeux des pays frères. Ce que nous considérons aujourd’hui comme une richesse a fait l’objet d’une éternelle ritournelle, opposant un Mashreq savant, arabe jusqu’au bout des ongles, à un Maghreb barbare et bâtard. Au XIème siècle, le philosophe et historien andalou Ibn Hazm écrivait déjà : “Je suis le soleil qui brille au firmament de la sagesse/ Mon unique défaut est d’être né en Occident (Maghreb)/ Si je m’étais levé au firmament de l’Orient (Mashreq)/ Rien ne serait perdu de ma renommée”. Hier canard boiteux aux yeux des érudits orientaux, repaire de stupre et de sorcellerie aujourd’hui, le Maroc a gagné en savants, écrivains et puits de science, mais ne s’estime pas assez reconnu pour ça. Si les clichés contemporains ulcèrent les Marocains, c’est aussi parce que leur pays “est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe”, dixit Hassan II. Se considérant comme l’un des pays arabes les plus ouverts, le Maroc, pointe la plus occidentale du monde arabe, invoque sa particularité et singularité et l’oppose…aux pays des “Hwala” (moutons). Comprenez les Moyen-orientaux, jugés arriérés, obsédés et corpulents, dont la seule qualité serait d’être riches et d’avoir du pétrole. Un cliché pour un autre, en somme…

    Algérie. Maghreb United

    Nos voisins sont souvent ceux qui nous connaissent le mieux. Les préjugés sur les Marocains existent en Algérie aussi et ne sont pas différents de ceux qu’a le reste du monde (prostitution et drogue). Mais les Algériens sont sans conteste ceux qui nous renvoient une image plus nuancée de ce que nous sommes. Sans concessions sur certains aspects, ils ne tarissent pas d’éloges sur leur voisin marocain. “Pour l’Algérien, le Marocain est un être bienveillant et accueillant. Il sait se faire discret. Il n’est pas un révolté et a même une tendance à accepter l’état de soumission”, nous explique le journaliste algérien Chafaa Bouaiche. Les principaux reproches que nous font nos voisins portent sur le baisemain royal, qu’ils considèrent comme dégradant, ou encore sur notre tropisme prononcé pour l’Occident.

    Mais les clichés sur les Marocains ne sont pas nombreux : “Les Algériens, en plus de se sentir très proches des Marocains, ont tendance à considérer que leurs voisins vivent mieux qu’eux et qu’ils n’ont pas, malgré le pétrole, de bonnes raisons de se moquer d’eux”, analyse Bouaiche. Quant à la question du Sahara, elle n’a pas de réelle incidence sur la perception qu’ont les Algériens des Marocains. “C’est dans la presse algérienne qu’il y a une tendance pavlovienne à appréhender le Maroc par le prisme de la question du Sahara (il en est de même pour une partie de la presse marocaine) et c’est dans ce métier que l’on a tendance à reproduire le plus de clichés”, conclut Bouaiche.

    source : Telquel, 2010

  • Un avenir incertain pour les familles marocaines détenues dans le camp d’al Hol en Syrie.

    Des dizaines de Marocains sont toujours pris au piège à Al-Hol, dans le gouvernorat d’Al-Hasakah, dans un camp de réfugiés conçu pour les familles des combattants de l’Etat islamique.

    Le personnel d’InfoTalQual a contacté Yassin Amghan, chargé de communication de la Coordination nationale des familles de Marocains bloqués et détenus en Syrie et en Irak, pour connaître la situation de dizaines de familles marocaines détenues dans le camp d’Al-Hol. Il y a exactement 73 femmes, 207 enfants qui sont avec leur mère, 17 orphelins et 92 hommes détenus dans les différentes prisons gérées par le « SDF »

    Pour le moment, les familles syriennes et irakiennes détenues prévoient de quitter le camp dans les semaines à venir, mais les étrangers, y compris les Marocains, n’ont pas encore de date. La Coordination nationale des familles tente de résoudre le problème depuis un certain temps, «depuis la fondation, et avec l’aide de militants des droits humains, nous avons travaillé pour trouver des voies et moyens pour résoudre ce dossier épineux. Nous avons rencontré de nombreux responsables et agences responsables pour obtenir le retour de ces familles, en tenant compte de leurs conditions difficiles, et nous avons également essayé de faire passer le mot sur cette tragédie vécue par de nombreuses familles marocaines. « 

    Selon Yassin Amghan au Maroc, les choses commencent à se passer concernant les revendications de la Coordination nationale des familles, «il y a un mouvement qui a commencé récemment, depuis que le parlement a donné son approbation pour former une commission d’enquête sur les conditions dans les lieux de détention dans laquelle se trouvent les Marocains. Une question écrite a été présentée à la Chambre des représentants au ministre en charge des Marocains résidant à l’étranger, lui demandant de revoir le dossier ».

    En ce sens, les propos d’Abdelhak El-Khayyam, directeur de l’Office central marocain des enquêtes judiciaires, ressortent également. Le haut responsable de la sécurité a exprimé sa profonde satisfaction face au retour des détenus marocains et assuré qu’ils ne seraient pas persécutés sur le sol national.

    Les conditions de vie des femmes marocaines détenues et de leurs enfants dans les camps des Forces démocratiques syriennes sont tragiques. Ils vivent dans des tentes qui n’ont pas les besoins les plus élémentaires, souffrent de conditions météorologiques extrêmes en été et en hiver, beaucoup d’entre eux sont également malades.

    Il y a quelque 70 000 réfugiés dans le camp d’Al-Hol, les femmes et les enfants représentant 92%. Il n’y a pas de type de programme éducatif pour les plus petits, la grande majorité est très pauvre et a de graves problèmes de malnutrition.

    Le camp de réfugiés d’Al-Hol a été créé pour abriter les dizaines de milliers de familles qui vivaient dans le califat (État islamique) qui s’étendait sur de vastes zones de Syrie et d’Irak jusqu’à sa défaite territoriale il y a six mois. Il est gardé par quelque 400 miliciens kurdes. Le camp comprend seulement trois cliniques mobiles, six points médicaux fixes et deux ambulances.

    Info Talqual, 12 oct 2020

    Tags : Syrie, terrorisme, Al Hol, familles marocaines, ISIS, Daech, Etat Islamique,

  • Algérie : BAC au rabais !

    La décision du ministère de l’éducation, ou plus exactement du gouvernement, d’offrir l’examen du baccalauréat (BAC) aux élèves ayant obtenu 9 de moyenne sur 20 a terriblement choqué l’opinion. C’est à juste titre un scandale ! Déjà que la majorité des lauréats calent à l’université où les études se font en langue française surtout dans les filières techniques; à quoi faudrait-il s’attendre en termes de niveau et de résultats, avec des «bacheliers» nettement en dessous de la moyenne ? Qu’ils ne nous servent pas l’argument du Coronavirus pour justifier cette malheureuse offrande qui achève le peut de crédit qui reste à cet examen qui a perdu de son prestige depuis des années ! Le virus n’y est en effet pour rien. Faut-il rappeler en effet que les élèves ont été examinés uniquement sur les deux trimestres qu’ils ont effectivement étudiés avant l’arrivée de la pandémie en Algérie. En l’occurrence, cette mesure est déjà en soi un sacré coup de main aux candidats qui devaient se contenter de deux trimestres d’études dans leurs révisions. Mais c’était sans compter sur la grande «générosité» du gouvernement qui décide d’offrir un cadeau inespéré aux candidats qui n’ont aucune chance de décrocher le précieux sésame en temps normal. Mais c’est un cadeau empoisonné dans la mesure où cette mesure unique au monde, disqualifie sa majesté le BAC, et enverra à l’université une armée de cancres dont la vocation devait être au mieux, de refaire l’année, au pire, quitter les lycées et se diriger vers la vie active, pour reprendre la bonne vieille formule des années d’or du BAC. Comme il fallait s’y attendre, tous les syndicats et tous les acteurs de la famille de l’éducation ont dénoncé cette mesure qui conjugue populisme et anti pédagogisme. Tant qu’à faire, il aurait mieux valu annuler purement et simplement les épreuves et offrir un BAC bas de gamme à tous les candidats ayant obtenu 9 de moyenne durant l’année scolaire. Cela nous aurait fait des économies en ces temps de crise financière aigue. Auquel cas, ce serait vraiment dommage de se jouer ainsi de l’avenir de nos enfants qu’on bombarde à l’université avec un niveau au ras des pâquerettes. Quoi qu’il en soit et quelque soit le bout par lequel on prend cette mesure, le BAC 2020 est bâclé. Il ne pourra éviter le sobriquet du «BAC Corona» comme le furent le «BAC Al Hamla» de Bab El Oued en 2001, le «BAC Zenzela» en 2003, ou encore le «BAC Mousalaha» en 2006.

    Imane B

    L’Est Républicain, 12 oct 2020

  • Sur le devant de la scène

    Au plan politique, il ne faut évidemment pas s’attendre à des évolutions spectaculaires, en bien comme en mal, pour ce qui est des questions brûlantes à travers le monde, d’ici la tenue de la présidentielle américaine, qui désormais n’est plus qu’à une encablure. On aurait pu d’ailleurs faire la même remarque il y a plusieurs mois déjà, depuis que la campagne électorale aux Etats-Unis a pris le pas sur tout ce qui est susceptible de se produire sur la scène mondiale. A une exception près toutefois : la pandémie de Covid-19 qui elle par contre domine nettement le débat y compris aux Etats-Unis, le pays qu’elle a frappé et qu’elle frappe encore le plus durement. Le fait est qu’il n’y en a aujourd’hui que pour elles deux, la pandémie et l’élection américaine. Tout le reste, dont des crises particulièrement intenses, est en stand-by. Leurs protagonistes en ont profité pour se mettre d’accord sur une trêve, il est vrai pas toujours respectée, mais que néanmoins ils observent dans l’ensemble. Les derniers à s’accorder un répit en attendant que les Américains choisissent entre Donald Trump et Joe Biden, ce sont les belligérants au Haut-Karabagh, les seuls pourtant à se déclarer les hostilités au beau milieu d’une crise sanitaire mondiale d’une ampleur sans précédent. Un répit qui n’a pas tardé à voler en éclats, sans doute, mais il pourrait se renouveler, et vraisemblablement tenir plus longtemps que la première fois.

    En effet, il peut ne servir à rien de se faire la guerre quand la première puissance au monde, dont beaucoup dépend, est elle-même indécise sur son sort immédiat. Il se trouve que sur le front économique non plus il ne faut pas s’attendre à un tournant majeur, dans le bon ou le mauvais sens. Mais cela, ce n’est pas à la crise présidentielle américaine qu’on le doit, mais à la pandémie. La récession actuelle n’étant pas due à une cause endogène, mais à une pandémie, à quelque chose d’extérieur par conséquent, à la différence par exemple de celle de 2008, il ne serait possible d’en sortir que si la pandémie prend fin, ou du moins passe mais sans retour possible sur sa pente décroissante. C’est loin d’être le cas une dizaine de mois après son apparition. Ce serait pourtant une erreur de croire que l’économie mondiale renouerait avec la croissance dès la fin de la pandémie. Comme elle n’était pas déjà florissante au moment où cette dernière est intervenue, elle ne passerait pas directement de la récession à l’expansion dès lors que le Covid-19 se serait essoufflé. Mais jusque-là, l’économie dont il a été question n’est qu’une partie de l’économie, l’économie réelle. Dans un tout autre moment de l’histoire, il n’aurait pas été nécessaire de le signaler. Par le passé, quand il y avait une crise, récession ou dépression, l’une ou l’autre s’étendait à l’économie dans son ensemble. On n’imaginait même pas que les marchés financiers puissent prospérer quand l’économie réelle est plongée dans la récession. La pandémie a fait s’affaisser l’économie réelle, c’est-à-dire la production des biens et services, mais fait grimper les indices boursiers. Un âge d’or pour la Bourse dans la débâcle générale. Or ce découplage, cette scission, ce divorce entre la sphère financière et la sphère réelle n’est pas un produit de la pandémie, il lui est même antérieur de plusieurs années. Il a commencé en 2008, avec la crise de l’immobilier américain, qui en un rien de temps a diffusé dans le monde entier, pour aller ensuite s’élargissant. Rien n’est parvenu depuis à le réduire, pas même la pandémie, qui au contraire l’a amplifié.

    Le Jour d’Algérie, 13 oct 2020

  • Algérie / Santé : vide effarant

    par Abdelkrim Zerzouri


    S’il est admis que la santé en général se porte mal en Algérie, la santé mentale, elle, échapperait à toute évaluation conséquente en l’absence de données sur le nombre exact de personnes atteintes de troubles mentaux, ni même d’un cadre réglementaire adéquat. Même si on tente de rassurer sur le sujet, quand le ministre délégué chargé de la Réforme hospitalière, Smaïl Mesbah, affirme à l’occasion de la de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale, coïncidant avec le samedi 10 octobre, que l’offre de soins en santé mentale a connu, ces dernières années, «une nette amélioration», la situation ne serait pas moins déficiente sur le plan de la prise en charge de ceux qu’on désigne pudiquement sous le nom de patients atteints de déficience mentale.

    D’ailleurs, le ministre avoue dans la foulée que «des défis restent à relever» sur ce plan, dont l’inadéquation des structures existantes, le poids des tabous, l’intégration de la notion de santé mentale comme composante à part entière de la santé et la place de la prévention, par rapport à celle du soin médico-psychologique proprement dit, qui demeure très aléatoire malgré le développement de la science sur ce registre, y compris dans les pays les plus avancés.

    Et les mots restent encore assez tendres pour décrire une situation des plus inquiétantes. Serait-on exagérant si on avance que l’Algérie figure parmi les premiers pays consommateurs de médicaments antidépresseurs ou tranquillisants ? On n’aurait aucune donnée statistique pour le prouver, mais on peut apprécier à travers un recoupement de données parcellaires que la consommation des médicaments en question, acquis sur ordonnance auprès de l’officine pharmaceutique ou sur le marché noir des médicaments psychotropes, bat son plein et touche pratiquement tous les âges et toutes les franges de la société, avec une prévalence de propagation du phénomène dans le milieu juvénile quand il s’agit de se procurer ces médicaments sur le marché noir. Près de deux millions de comprimés psychotropes, destinés à l’écoulement sur le marché noir, ont été saisis par les services de la police judiciaire de la sûreté nationale durant les huit premiers mois de l’année en cours ! Combien en a-t-on vendu légalement et quelles quantités de marchandises sont passées entre les mailles des filets des services de sécurité ? C’est tout simplement alarmant.

    Le nombre des patients atteints de troubles mentaux pris en charge dans les structures psychiatriques n’est pas connu, comme on le reconnaît officiellement, puisque une enquête nationale a été initiée au mois d’avril 2019 pour identifier le nombre des porteurs de ces pathologies, sans parler des addicts aux psychotropes, des malades qui s’ignorent, et qui ferait sauter le compteur si leurs effectifs sont pris en considération. Comment en est-on arrivé à cette déplorable situation ? Est-ce parce qu’il n’y a personne pour défendre les droits des malades mentaux, abandonnés par la société, jusque y compris au sein de leurs propres familles ? Et, justement, quand tout s’effondre autour des franges fragiles de la société, c’est à l’Etat de combler le vide effarant.

    Un sérieux effort devrait être déployé, et en urgence, pour élaborer un cadre réglementaire de l’offre de soins en santé mentale en Algérie, dont l’élaboration des textes d’application de la loi sanitaire en matière de modalités d’hospitalisation, encore inexistants (!), et la mise en place dans ce sillage des conseils juridiques dans les hôpitaux et services de psychiatrie. Ce n’est pas une mince affaire d’hospitaliser ou d’interner (le mot exact) une personne dans un hôpital psychiatrique, qui sera privée de ses facultés mentales et par extension de ses responsabilités civiles et pénales.

    Le Quotidien d’Oran, 13 oct 2020

  • Un site camerounais propose le Maroc pour la retraite de Paul Biya

    Le site Cameroun Magazine prévoit la chute du président Paul Biya et selon ses pronostiques, il se rendra au Maroc pour y écouler ses derniers jours. A ce titre, il rappelle un article publié par le blog Diaspora Saharaui sous le titre « Le Maroc, maison de retraite pour les dictateurs » à l’occasion du décès dans ce pays d’Edith Lucie Bongo Ondimba, l´épouse du défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba.

    « Ainsi, le Maroc prendra soin de tous les dictateurs africains qui l’ont soutenu dans son effort pour annexer le Sahara Occidental : Ahmed Sekou Touré, Paul Biya, Joseph Kabila, Obiang Nguema, Blaise Compaore, etc », dit-il.

    Cet article dévoile l’image du Maroc auprès des africains en tant que soustraitant de la France dans l’accueil et la protection de ses pions en Afrique. Un article qui rappelle la complicité du régime marocain avec les plus grands dictateurs de l’histoire dont Joseph Mobutu Sese Seko décédé au Maroc le 7 septembre 1997, ainsi que le Shah d’Iran lors de sa chute suite à la victoire de la révolution islamique guidée par El Khomeïni.

    Ces anciens dirgeants déchus par les révoltes populaires dans leurs pays respectifs s’installent au Maroc faute de trouver un chez-soi ailleurs. Ils y sont gâtés et ils y trouvent un paradis fiscaux pour garder l’argent qu’ils ont détourné au détriment de la misère et des souffrances de leurs peuples.

    Loin de la portée des tribunaux des droits de la personne, ils vivaient paisiblement avec des succulents repas et les meilleurs soins de santé. Pas mal comme retraite pour des hommes ayant causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

    Tags : Maroc, Cameroun, Paul Biya, Mobutu Sese Seko, Shah d’Iran, Edith Lucie Bongo Ondimba, retraite, dictateurs,

  • La Belgique vue par les algériens

    L’inconsistante Belgique ou l’héroïsme ordinaire

    Par Amine Bouali

    La Belgique est un pays plutôt ennuyeux, elle n’a ni le soleil de l’Italie ni le panache de l’Espagne. Mais c’est aussi un véritable cas d’école : depuis décembre 2018, elle n’a pas de vrai gouvernement mais dans la vie quotidienne, tout fonctionne apparemment normalement, et à côté de sa capitale, la cosmopolite Bruxelles, ses deux régions si dissemblables, la Wallonie et la Flandre, se détestent cordialement, sans se résoudre encore à se déclarer la guerre.

    Le plat pays, à l’inverse de sa voisine du sud, la grandiloquente France, ne se prend pas au sérieux et n’arrête pas de se moquer de lui-même. Ce bout de terre de rien du tout, d’à peine 11 millions d’habitants, est pourtant la patrie de Tintin, du coureur cycliste Eddy Merckx, du peintre René Magritte et de l’immense Jacques Brel.

    Malgré son inconsistance apparente, il est le 24ème plus riche pays de la planète et son PIB a atteint 533 milliards de dollars en 2019. Avec beaucoup moins de ressources naturelles que d’autres pays mais surtout avec beaucoup moins d’esbroufe et de paresse. Le lecteur peut se demander quelle mouche nous a piqués pour faire ce petit éloge insolite de la lointaine Belgique ? D’abord, bien sûr, pour une raison surréaliste, et ensuite parce que ce pays approximatif nous a semblé être l’exemple instructif de l’héroïsme ordinaire et le contraire… de la fanfaronnade !

    Algérie1, 11 oct 2020

    Tags : Belgique, Algérie, Wallonie, Frandre, Tintin, Eddy Merckx, Magritte, Jacques Brel,


  • Algérie : Plaidoyer pour la formation d’une armée africaine

    Toutes les interférences et interventions militaires étrangères en Libye et au Mali « ont été des problèmes plus que des solutions » ce qui augure mal de l’avenir de la région, a fait observé l’ancien diplomate algérien, Hocine Meghlaoui, se prononçant ainsi en faveur de la « formation d’une armée africaine » pour parvenir à préserver la paix dans le continent et mieux lutter contre le terrorisme.

    « Au Mali, au Niger et en Libye, il y a beaucoup d’intervenants mais peu de résultats, malheureusement. Alors, est-ce que ce n’est pas le moment d’indigéniser la lutte contre le terrorisme ? Pourquoi ne pas former une armée totalement africaine, bien équipée et bien entrainée ? », a plaidé hier ce chercheur, auteurs de plusieurs ouvrages, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale. « Est-ce que les Maliens ou les Nigériens ne sont pas capables de lutter par eux-mêmes contre le terrorisme ? », s’interroge également Meghlaoui, dont la conviction est fondée sur l’expérience algérienne.

    « L’Algérie a vaincu le terrorisme toute seule. Nous avons été mis pratiquement sous embargo et nous avons réussi à vaincre le terrorisme. C’est aussi la même chose pour la Libye », a-t-il soutenu.

    L’ancien diplomate a plaidé également pour « l’implication » de l’Algérie dans la résolution des conflits des pays de voisinage, dont le rôle recherché n’est pas d’interférer dans les affaires internes de ces pays, mais pour préserver la stabilité de ces pays frontaliers, qui sont sans un impact sur sa stabilité intérieure, estimant aussi que la situation sécuritaire dans ces pays représente une menace pour l’Algérie « dans la mesure où le terrorisme risque de s’étendre au voisinage ».

    « Il s’agit d’enjeux vitaux même pour la sécurité de l’Algérie. L’Algérie doit être impliquée dans ce qui se passe dans la région, pas uniquement en Libye, mais aussi dans tout le Sahel car n’oublions pas le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad qui sont aussi des pays frontaliers à nous », a-t-il indiqué. Il juge ainsi que l’Algérie, qui partage plus de 6 000 KM avec ces pays, « ne peut pas rester indifférente ». « Il faut stabiliser ces pays. Mais malheureusement ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas permis de les stabiliser. Il y a trop d’interférences étrangères et aussi trop d’inté- rêts. L’Algérie doit aussi défendre ses intérêts. Et ces derniers priment sur tous autres intérêts car il y a d’abord l’intérêt sécuritaire. Nous devons défendre notre sécurité », a estimé Hocine Meghlaoui.

    « L’Algérie doit jouer un rôle important en Libye »

    Cela explique aussi pourquoi l’Algérie doit jouer un rôle important dans la résolution de la crise libyenne, dont la multiplication des interventions des pays occidentaux de la Turquie a transformé le pays en poudrière. « La Libye est un pays voisin. Nous partageons près d’un millier de kilomètres de frontières. Nous avons des tribus issues de mêmes familles qui sont installées dans les deux côtés des frontières. Nous ne pouvons pas tourner le dos à cette question.

    Il s’agit de questions très compliquées et très délicates, nous devons y aller franchement parce que nous avons le droit en tant que pays voisin d’être impliqués, voire même plus que les autres », a-t-il souligné. Évoquant les échecs des opérations militaires étrangères au Mali dans la préservation de la paix et la stabilité dans ce pays, comme Serval, Barkhane (initiées par l’armée française), Minusma (par les Nations unies) et Takuba (une task force européenne ; française et Estonienne), l’ancien diplomate estime que cela démontre l’ampleur des intérêts économiques et géopolitiques dans la région.

    « Prenons l’exemple de la Turquie. Ça a surpris tout le monde que la Turquie soit en Libye, dernier pays africain de l’empire ottoman. La Turquie a quitté la Libye en 1912. Et la Turquie maintenant confirme cette tendance que les anciens colonisateurs reprennent un peu le pied dans leurs anciennes colonies. Ça on le constate très clairement lorsque on est dans les conférences internationales », a-t-il décortiqué.

    Il a cité aussi que la Turquie a trouvé en la Lybie une extension stratégique, économique, militaire, et maritime, soulignant que les entreprises turques dans ce pays ont un portefeuille de 16 milliards de dollars. « Mieux encore, le gouverneur de la Banque centrale libyenne – celle de Tripoli – est allé à Istanbul et même rencontré le président Erdoğan (…) et fait un dépôt de 8 milliards de dollars à la Banque centrale turc pour 4 ans, sans intérêts et sans frais. Cela a permis d’ailleurs de soulager la livre turc qui est en baisse », a-t-il ajouté.

    Meghlaoui arrive ainsi à la conclusion : « les pays ne bougent pas sans qu’il y ait des intérêts ». Estimant que la diplomatie algérienne est « une diplomatie de paix » dont les principes « sont contenues dans la charte de l’ONU », l’ancien diplomate remarque qu’« il y a très peu d’États qui respectent encore les principes de la diplomatie comme c’est le cas actuellement pour l’Algérie. Je pense qu’il est temps de revoir un petit peu notre diplomatie et faire un bilan sérieux pour voir où nous en sommes et définir les objectifs et les moyens ».
    Hamid Mecheri

    Le Courrier d’Algérie, 12 oct 2020

    Tags : Algérie, Libye, Mali, Turquie, colonisation, colonialisme, exploitation, spoliation, pillage, pétrole, richesses, ressources naturelles, Afrique, Union Africaine,

  • Algérie : Hommage au militant mauritanien Moustapha Ould Badreddine

    IL ÉTAIT DE TOUS LES COMBATS JUSTES : Hommage au militant mauritanien Moustapha Ould Badreddine

    Le secrétaire général du parti de l’Union des forces de progrès en Mauritanie, Mohamed El Moustapha Ould Badreddine décédé vendredi dernier des suites d’une longue maladie à l’hôpital de Tizi-Ouzou, où il a été admis il y a trois mois, a été transféré samedi, en Mauritanie, au terme d’une cérémonie de recueillement, au Salon d’honneur de l’Aéroport international d’Alger, Houari-Boumedienne, à la mémoire de ce grand militant maghrébin et africain.

    Engagé depuis son jeune âge pour la justice sociale et le respect des droits des peuples, le défunt Mohamed El Moustapha Ould Badreddine a été dans tous les combats, pour la liberté, la dignité, le progrès, contre le racisme; ce qu’il lui a valu d’être un acteur incontournable sur la scène politique mauritanienne.

    Apprécié et écouté dans les espaces et les réseaux de soutien, aux niveaux régional, africain et international, aux causes justes des peuples en lutte, il a été une voix pour les peuples palestinien et sahraoui opprimés respectivement par le systèmes politique colonial, israélien et marocain. Il était connu sur la scène mauritanienne et ailleurs pour ses positions tranchées et sans ambigüité en faveur de la justice sociale, la démocratie et les droits de l’Homme dès le début de son engagement politique. Il a été un militant déterminé dans son engagement et son soutien politique à la cause du peuple sahraoui.

    Âgé de 82 ans, le défunt Ould Bedreddine faisait partie des personnalités politiques de l’opposition mauritanienne depuis l’indépendance de ce pays, et est considéré comme une figure centrale de la gauche mauritanienne et du mouvement démocratique national. Le militant vient de tirer sa révérence sur une terre qu’il aimait, car étant « la citadelle des révolutionnaires et des militants engagés pour les causes justes, » comme il aimait le dire souvent. Moustapha Ould Badreddine était parmi les hauts cadres du parti de l’Union des Forces de Progrès (UFP), au sein duquel il avait occupé plusieurs fonctions, vice-président et secrétaire général outre que député, en 2006, dans l’institution parlementaire de Mauritanie.

    Dans son parcours de militant, dès sa jeunesse, il a été un acteur clé dans la création du Syndicat des enseignants arabes en 1960 et a été élu à son bureau exécutif avant de d’occuper le poste de président des enseignants de cette organisation syndicale de 1966 à 1969. Après avoir été des années durant un acteur et un soutien indéfectible à la cause palestinienne, il l’a été aussi pour le peuple sahraoui en lutte contre la colonisation espagnole puis l’occupation illégale marocaine des territoires du Sahara occidental, en 1975.

    Convaincu que les justes combats des peuples aboutissent à embrasser le soleil de la liberté et de l’indépendance, lui et tant d’autres Mauritaniens n’ont et ne cessent de faire preuve de solidarité et de soutien à un peuple africain, voisin de surcroît, le peuple sahraoui déterminé à exercer son droit incontournable à l’autodétermination, et à son indépendance, la dernière question de décolonisation en Afrique, ne serait plus une question inscrite sur l’agenda onusien.

    Et pour rendre hommage à la mémoire de ce militant mauritanien, africain et internationaliste, qu’est Mohamed El Moustapha Ould Badreddine, nombreux étaient, samedi dernier, au Salon d’honneur pour le saluer et lui réaffirmer l’engagement renouvelé, à la solidarité agissante et la fraternité en faveur des peuples encore sous l’oppression du pire système politique pour l’homme, le colonialisme, contre lequel l’une des figures du combat africain, maghrébin et de la scène arabe, Moustapha Ould Bedrdine a combattu, à travers notamment son soutien indéfectible à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 12 oct 2020

    Tags : Algérie, Mauritanie, Sahara Occidental, militant,