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  • Amnesty International : Le Maroc a profité de la pandémie pour resserrer l’étau sur les libertés

    La pandémie du COVID-19 a une de nombreuses conséquences sur la population mondiale. Il y a le million de morts déjà dépassés. Les millions de personnes infectées. Les familles brisées. La crise économique qui nous frappe. Les inégalités croissantes. Augmentation des problèmes mentaux. Les priorités, comme la lutte contre le changement climatique, ont été mises de côté … ».

    Cependant, dans cette rivière troublée, il y a des pêcheurs qui ont augmenté leurs gains. Parmi eux, se distinguent les gouvernements de Colombie, Turquie, Inde, Egypte, Arabie Saoudite, Iran, Guinée, Maroc, Biélorussie, Azerbaïdjan, Hongrie, Brésil, Pologne … qui d’une manière ou d’une autre, ont profité de la situation pour développer des politiques qui restreignent les droits de l’homme. Chacun à sa manière, chacun avec une intensité différente, mais coïncidant quand il s’agit de faire taire les voix critiques, celles de ceux qui manifestent contre les abus ou ceux qui remettent en question leurs politiques, les voix inconfortables. Certains ont même continué à remplir leurs prisons ou ont laissé à l’intérieur de celles-ci ceux qui ne méritent pas d’y être: les défenseurs des droits humains », ajoute-t-elle.

    (…)


    Maroc, attaques à la cédibilité

    Cette nouvelle a pratiquement fusionné dans le temps avec les attaques des autorités marocaines contre la crédibilité d’Amnesty International et la campagne de dénigrement orchestrée contre le bureau de l’organisation à Rabat. Cette réponse du gouvernement marocain est intervenue un peu plus d’une semaine après que l’organisation a publié un rapport le 22 juin, révélant que les autorités ont utilisé le logiciel espion du groupe NSO pour soumettre le journaliste indépendant Omar Radi à une surveillance illégale. Ce n’était pas la première fois que le travail d’Amnesty International au Maroc était entravé. En juin 2015, deux membres des équipes d’enquête de l’organisation qui documentaient la situation des migrants et des réfugiés ont été expulsés du pays malgré le fait que le gouvernement avait auparavant garanti leur visite. Les autorités ont également mis sur liste noire un membre du personnel d’Amnesty International qui avait signé un rapport de 2014 sur la torture dans le pays; Il lui était interdit de se rendre au Maroc à la fois pour faire des recherches sur le terrain et à titre personnel. En septembre de la même année, ils ont interdit un camp de jeunes pour encourager l’activisme de l’organisation.

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    Source : Amnesty International, 9 oct 2020

    Tags : Maroc, Amnesty International, Omar Radi, pandémie, coronavirus, covid 19,

  • Enquête sur les biens des présidents africains

    Pendant que leurs peuples vivent dans la misère, trois chefs d’états africains vivraient grand train sur la Côte. La justice ouvre une enquête

    Sous le luxe, le soupçon d’une corruption sans limite ? De Mobutu, en passant par Omar Bongo à Paul Biya, le leader camerounais, ou Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale, la Côte d’Azur fut le théâtre d’une somptuaire saga africa. Comme si les rapports Nord-Sud, ici, s’inversaient.
    Pendant que dans leurs pays, la misère, la violence, voire la famine sont le pain quotidien de leurs administrés, les « rois » de ces états africains vivraient ici grand train. Et c’est cette terre de contraste qui est désormais dans le collimateur de la justice.

    L’histoire des biens « présumés » mal acquis par ces chefs d’état africain a pourtant bien failli être classée. Lorsqu’en 2007, l’ONG Transparency International dépose plainte sur les conditions d’acquisition en France (essentiellement à Paris et sur la Côte d’Azur entre Cannes et Menton) d’un important patrimoine immobilier par trois chefs d’État africains, à savoir Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale et le défunt chef d’état gabonais, Omar Bongo Ondimda, la chambre criminelle de la Cour de cassation juge la requête irrecevable.

    2 000 ans de salaire…

    Transparency International, ainsi que plusieurs autres organisations non gouvernementales ont pourtant recensé une multitude de biens, de comptes bancaires ou de collections de voiture de luxe que ces trois leaders africains n’auraient pas pu s’offrir… au vu de leurs émoluments officiels. Question : comment un homme qui gagne certes 20 000 euros par mois, est-il en mesure de payer rubis sur l’ongle, une des plus belles villas de la Côte d’Azur, évaluée à prés de 240 millions d’euros. Soit l’équivalent de 2 000 ans de son salaire annuel de président ? Comment tel autre peut faire un chèque de 392 000 euros pour payer à sa compagne, son énième coupé sport de l’année ?

    Ce dossier qu’on pensait enterré va finalement, dans les prochains jours, être confié à un juge indépendant après une décision inédite de la Cour de cassation. Et les investigations qui seront fatalement menées sur la Côte d’Azur – qu’elles confirment ou non les soupçons de corruption – vont, à coup sûr, démontrer en revanche que certains leaders africains n’ont rien à envier en terme de fastes et de bling-bling aux nouveaux russes ou aux rois du pétrole.

    Makaila.fr, 22 nov 2020

    Tags : France, Afrique, présidents africains, biens, 

  • Héritage africain de Chirac : Ombres et lumières

    Jacques Chirac, après 12 ans à la tête de l’Etat français, cède sa place à Nicolas Sarkozy, vainqueur au second tour de l’élection présidentielle du 6 mai 2007.

    Il a fait ses adieux en tant que président de la république non seulement aux Français et à la France, mais aussi aux Africains et à une partie non négligeable de l’Afrique. Il s’agira désormais, pour les uns et les autres, de comptabiliser l’héritage qu’il leur aura laissé, et d’en faire le meilleur usage qu’ils pourront.

    Pour les premiers, c’est-à-dire les Français et la France, le règne de Chirac aura été mi-figue, mi-raisin, en termes de résultats. Et pour les derniers ? Quelles leçons tireront-ils du passage à l’Elysée de celui-là même qui se vantait d’être le meilleur continuateur de la politique africaine de De Gaulle, artisan principal de la loi cadre de 1956 et de la décolonisation de l’Afrique francophone des années 60 ? Car, en réalité, l’héritage africain de Chirac ne peut être objectivement établi sans ces références de l’histoire des relations entre la France et l’Afrique.

    Incontestablement, on dira, comme cela est propre à toute oeuvre humaine, qu’il y aura aussi bien des ombres que des lumières. Avant l’Elysée, la formule de Chirac qui a retenu l’attention des africains est : « Les Africains ne sont pas mûrs pour la démocratie » et, de surcroît, quoique gentils, leurs « bruits » et les « odeurs fortes » rendent la cohabitation avec eux difficile !

    Au-delà de ce qui peut paraître anecdotique dans cette formule (dont le fond est loin d’être faux) et qui trahit des survivances racistes sinon coloniales de son auteur, on peut dire que globalement l’héritage africain du chiraquisme se conjugue avec la « France-Afrique », dont l’idéologie sous-jacente a traversé tous les régimes de la Ve République jusqu’à Chirac. Même le « Maître d’ouvrage » de la Baule (1991) n’a pas pu remettre fondamentalement en cause la politique néocoloniale paternaliste qui est, en dernière analyse, contre l’émancipation des peuples africains et pour l’exploitation de l’Afrique.

    Une exploitation qui se déploie avec la complicité plus ou moins consciente des chefs d’Etat africains, à travers le précarré africain de la France. Tous y ont contribué. Tous en ont profité, sauf les peuples de l’Afrique francophone. Depuis De Gaulle et Focart, et au nom des intérêts et de la « grandeur » de la France, la presque totalité des présidents français, à des degrés divers, ont entretenu des amitiés « douteuses » et suspectes dites personnelles avec des tyrans, despotes, empereurs et autres dictateurs africains qu’ils ont maintenus au pouvoir contre la volonté de leur peuple, parfois même en tirant sur ce peuple ou en maintenant une situation de conflit intérieur incompatible avec le développement.

    Jacques Chirac n’y a pas fait exception. Bien au contraire. La politique du précarré et la « cellule africaine » de l’Elysée n’ont guère favorisé le développement réel et authentique des Etats africains : le marasme économique sévit encore aujourd’hui, alors que la démocratie a du mal à prendre dans les faits, malgré la présence effective des institutions formelles censées la créer et la maintenir, et les conditionnalités tout aussi formelles énoncées alors par Mitterrand. Des Etats classés derniers dans les indices de développement du PNUD sont africains et francophones.

    Les crises et les conflits se sont multipliés, voire renforcés sur le continent, comme l’atteste la situation en Côte d’Ivoire, au Tchad, en République Centrafricaine, etc. Autant d’éléments qui illustrent l’échec de la politique française en Afrique sous Chirac, même si celui-ci y a trouvé les germes. La France, tous régimes confondus, s’est toujours « nourrie » de l’Afrique, politiquement, diplomatiquement… et économiquement. « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ». La situation, sous Chirac, n’a pas structurellement changé. Est-ce pour cela que les intentions et la réelle sympathie de Chirac pour l’Afrique n’ont pas réussi à se matérialiser dans des opérations durables pour le développement et la réduction sensible de la pauvreté ?

    Les intentions, Chirac en a eu. De très nobles et dans tous les domaines : santé, environnement, aides publiques au développement… et plusieurs tribunes en France, en Afrique ou ailleurs ont été des lieux de plaidoirie de l’avocat « africain » en faveur de l’Afrique : les sommets France-Afrique, la Francophonie, les sommets de l’ONU, etc. Il a même fait des propositions hardies, parfois osées, parmi lesquelles le relèvement des prix des billets d’avion pour aider au financement du développement de l’Afrique, en particulier. Au moins dans les déclarations et les intentions, dont on peut ne pas douter de la sincérité, Chirac aura été l’avocat de l’Afrique le plus régulier et le plus intrépide, notamment au cours de son second et dernier mandat.

    Comme pour se repentir et laisser des idées favorables dans l’esprit des peuples avant de s’en aller, Chirac a eu des idées généreuses pour le continent et même au-delà : son non ferme à la guerre contre l’Irak, la culture du devoir de mémoire (au sujet de l’esclavage et de la colonisation) qu’il a imposée à la conscience collective française participent de cette volonté qu’il a toujours eue de reconnaître la « dette africaine » de la France. Et ce n’est pas rien, dès lors qu’on reconnaît que le développement des peuples passe aussi et surtout par le développement des idées et la reconnaissance de l’histoire.

    In fine, on peut, sans pour autant absoudre celui qui sera bientôt présenté comme l’ancien président de la France, affirmer qu’aussi bien pour les lumières que pour les ombres, Chirac n’est pas seul responsable : la logique implacable du nouvel ordre économique mondial fait de néolibéralisme intégral, l’Europe, la situation intérieure de la France et surtout l’attitude des chefs d’Etat africains eux-mêmes peuvent et ont pu limiter l’effectivité des rêves chiraquiens pour l’Afrique. On ne répétera jamais assez la responsabilité des pouvoirs africains dans la situation délétère de leurs Etats : pour l’essentiel, ils ont tous « trouvé leur compte » dans la politique africaine de la France de Chirac.

    Les rapports difficiles et mouvementés de Gbagbo et de Paul Kagamé avec la France, au travers des crises qu’ont connues leur pays, sont par ailleurs révélateurs de l’émergence d’un nouvel esprit coïncidant avec l’avènement d’une nouvelle génération de chefs d’Etat africains. Peut-être verrons-nous pointer à l’horizon une nouvelle race de chefs d’Etats qui oseront « tenir tête » à l’ancien maître colonial qui, sous des oripeaux divers, reste congénitalement le même. Vu sous cet angle, le départ de Chirac pourrait être le déclic d’une nouvelle conscience politique de l’Afrique vis-à-vis de la France.

    Source : Bakary Goudiabo, 17 mai 2007

    Tags : France, Afrique, françafrique, Jacques Chirac, Laurent Gbagbo, Paul Kagamé, 

  • Le «Hirak», la «3issaba», les partis, la «vache à traire», la démocratie et la nouvelle Constitution !

    Par Amar DJERRAD

    Certains partis, personnalités dits «opposants», sortent brusquement de leur léthargie pour s’exprimer à propos de la nouvelle Constitution proposée à référendum. Alors que certains la formulent par quelques superficiels «conseils» désordonnés parfois hors sujet, d’autres par des critiques acerbes, délirantes annonçant une catastrophe en débitant des contrevérités afin de saper le moral des populations paisibles. Certains l’ont fait avant même la publication de la mouture ! Des critiques malhonnêtes sur un travail, de plusieurs semaines, de plusieurs experts constitutionnalistes, académiciens et plus de 3000 contributions de partis, d’associations et de personnalités, qui ont répondu à l’appel du Président pour y contribuer ; en se permettant même de donner des … conseils. Il se trouve que ce sont ceux qui ont refusé de contribuer à son enrichissement qui «battent le tambour» !

    Avec eux, aussi parfait que soit le Projet de Constitution (ou autres), il demeure mauvais ou insuffisant tant que l’objectif des détracteurs n’a pas abouti. La partition des «négativistes et oppositionnistes» – refusant paradoxalement et systématiquement tout dans une apparence théâtrale – est connue ! Il s’agit donc plus de slogans politiques stupéfiants que de «propositions » ou «contributions au débat» sérieuses…

    Par leurs réactions, il est parfaitement lisible que leur projet reste cette «phase de transition» inconstitutionnelle, sans vote du peuple (que dirigerait un collège de 3 personnes en lieu et place d’un Président de la République élu par le peuple), dont ils souhaitent étrangement et paradoxalement l’assentiment de … l’Armée qui l’a rejeté d’un revers de la main s’en tenant à l’option légale constitutionnelle ! Parions qu’ils seront les premiers à responsabiliser l’Armée pour cette violation en cas d’échec de ce choix ! Ils imposent cela comme volonté des «forces politiques et sociales» représentant la «volonté du peuple», au travers du Hirak !

    Une «phase de transition» qui n’a jamais été évoquée ou revendiquée par le « Hirak » (originel) ! Cependant, les peudo-hirak déviants, sans envergures, organisés après, çà et là, par ces mêmes «forces politiques et sociales», s’évertuant à les confondre, trompeusement, avec le véritable Hirak qui avait cessé après avoir obtenu l’essentiel – là oui, sans aucun doute !

    Ces «forces politiques et sociales» s’étaient, dit un de leur mentor, «réunis pour œuvrer dans cette direction afin d’aboutir à un accord politique global et inclusif avant les dernières élections présidentielles» ! Ces «forces», en fait, n’ont jamais été significatives ! Il s’agissait donc bien d’une tromperie ! Les quelques partis sans base importante et quelques «associations» ne sont aucunement représentatifs du Hirak ! Tous ont été presque violemment exclus des manifestations y compris les «personnalités» qu’ils représentent !

    Nous pensons principalement à ce groupe «Alternative démocratique» appuyé par quelques «personnalités» et d’autres fervents partisans de cette «phase de transition» équivoque et sans projet ! Nous pensons aussi à ce qu’ils sont devenus après leur échec ; un «Pacte pour une alternative démocratique» regroupant sept partis politiques connus pour leur minorité et leur exclusion des manifestations des débuts !

    Est-ce «démocratique» de la part de «démocrates» d’imposer (en l’évoquant comme exigence du Peuple) une «phase de transition» sans suffrage populaire ? Curieux ! … De mettre sournoisement au-devant de la scène des «personnalités» inconnues que l’on a flanqué du qualificatif «figures de proue du hirak» dont certains emmargent ou ont emmargé à la NED liée à la CIA ? (voir le récent et foudroyant livre de Ahmed Bensaada; «Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien»)… De faire croire au peuple qu’ils sont leurs représentants aidés pour cela par une certaine presse aux ordres de financiers ?…. D’appeler à la démilitarisation de l’Algérie ? … Faire des «alliances» insolites, de circonstances, avec des islamistes trempés dans le terrorisme ; uniquement dans le but de «faire tomber le pouvoir » tout en visant à réduire et discréditer l’Armée » ? Etc. etc… Si c’est cela leur «démocratie», c’est quoi alors la dictature ?

    Leur activisme malsain est devenu plus visible et agressif après la déchéance de ce que l’on appelle la «3issaba» qu’avant ; lorsqu’ils (pour la plupart) étaient dirigeants désignés ou « élus » par quotas dans ce «système» déchu qu’ils feignent aujourd’hui fustiger en le confondant, sournoisement, avec les gouvernants actuels dont ils disent que ce sont les mêmes ou leurs amis ! Ils n’expliquent pas pourquoi et comment cette «3issaba» est, soit en prison, soit poursuivie ou réclamée par la justice ! Ces «forces politiques et sociales» ne se sont pas prononcés, à ce jour, à propos de la pertinence, de la justesse, de la légalité ou l’illégalité de ces poursuites visant les personnalités (civiles ou militaires) jugées, condamnées ou poursuivies) pour principalement «corruption» ! C’est pourtant un événement de grande importance ! Non ?

    Donc, leurs avis et recommandations sur la nouvelle Constitution ou leurs consignes de voter «non» ou boycotter ne peuvent qu’être frappés de suspicion si ce n’est pas des arguments pour les citoyens sceptiques et méfiants d’adopter une attitude inverse !

    Terminons par ceci,

    Un journaliste de leur bord (résidant en Algérie) amateur des expressions «clan du pouvoir», «chasse aux sorcières», «dossier vide» , «pouvoir de fait », «pouvoir réel», «dictature» etc… a produit récemment un commentaire sur son FB, intitulé : «Brisez-moi ce hirak que je ne saurais voir !» paraphrasant Molière dans son «Tartuffe» en remplaçant donc «sein» par «hirak» ; visant l’Armée «pouvoir réel», qui ne voudrait pas voir ce hirak ! Cet auteur se sert hypocritement et faussement, du titre d’une pièce de théâtre sur l’hypocrisie pour convaincre, croit-il, que l’armée était contre le hirak. Si, «hypocritement» on n’aime pas le «sein», franchement qui ne l’aime pas ?

    Selon la «rhétorique» de ce commentateur, on peut déduire que réellement l’Armée aime donc le hirak ! Ceux qui ne l’aiment pas sont ceux qui ont vu ce fameux «hirak» leur arracher pacifiquement (avec le soutien de l’Armée) la «vache à traire» (aux grosses mamelles) et qui s’ingénient, quoiqu’il advienne, à faire soulever le peuple (avec l’appui de forces extérieures hostiles), dans l’objectif caché de réhabiliter leur «système» corrompu déchu, en lui faisant croire qu’il n’y a pas et n’y aura pas de changement avec la nouvelle Loi fondamentale !

    Ils vivent de l’imaginaire et du ridicule !

    A. Djerrad

    Algérie1, 7 oct 2020

  • Algérie : Et donc, Moretti avait une «princesse» !

    Malika Boussouf

    J’adore le Mme Maya ! Il fait très Mme Claude ! La célèbre tenancière de maison close qui avait la mainmise sur des réputations insoupçonnables. Juste que la Française était une proxénète qui, durant de longues années, avait veillé sur l’équilibre sexuel de hauts fonctionnaires de son pays et que la Mme Maya, bien de chez nous, aura, elle, entre autres préoccupations liées à la corruption, servi de banquière à quelques membres de la 3issaba.

    Pour bien faire le job, il lui fallait une villa et des policiers pour la protéger d’hypothétiques agressions ou pour éviter que le pouvoir dont elle se prévalait ne soit trop sollicité. La Madame Maya monnayait ses services auprès de clients friqués d’une partie de la nomenklatura, pas auprès du tout-venant.

    Une ascension vertigineuse assurée par un parrain et pas des moindres. On ne les compte plus celles et ceux dont Bouteflika, l’ex- homme, le plus fort, du régime, aura assuré une promotion sociale aussi rapide. Lorsqu’une progression est éclatante, elle gagne vite en crédibilité, aux yeux de tout ambitieux qui, dès sa prise de fonction, offrira ses services à qui l’aidera à avancer rapidement. Il fallait, absolument, que les comparutions ne soient pas seulement déclinées au masculin pluriel ! Pour veiller sur la fortune de son camp, il fallait une femme. Faire fructifier son bas de laine et celui des siens, c’est dans ce domaine que Mme Maya et ses assistantes de filles, qui auront montré le plus de prédispositions, se seront le mieux illustrées !

    Trois femmes peu scrupuleuses et étonnantes dans leur détermination à enfoncer leurs bienfaiteurs. Quand on pense que les liens étaient devenus quasi familiaux, on ne doute plus de la capacité de nuisance des uns et des autres. Le moindre privilège se protège et, là, il n’y en avait pas qu’un seul. Pour les préserver, ceux qui les alimentent et ceux qui en bénéficient se fabriquent des liens qui ne s’envolent que si l’urgence de sauver sa peau se manifeste. J’ai adoré découvrir qu’on appelait, aussi, la mère Maya, «la princesse de Moretti» ! Comment croire qu’un nom de guerre aussi flatteur puisse, un jour, jouer contre soi ? Jamais !
    M. B.

    Le Soir d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, Mme Maya, princesse de Moretti, Bouteflika, 

  • L’évolution de la Révolution algérienne

    Par Ali Chérif Deroua

    Cher lecteur, chose promise, chose due. J’ai choisi pour vous 3 sujets que vous n’allez pas oublier de sitôt, je l’espère. Ils vous aideront à percevoir mieux l’évolution de la Révolution algérienne, son histoire authentique et surtout vous permettront d’avoir une opinion saine sur notre glorieux passé.

    1 – commentaire sur les livres d’Yves Courrière

    Un ami, lecteur de mes contributions, m’a reproché de ne pas avoir écrit sur les rencontres de Aït Ahmed et Yazid avec les leaders de la Conférence de Bandung en les citant et, en incluant Ho Chi Minh. Je lui promis une réponse à ce sujet, à lui de se faire sa propre opinion après la lecture de cette contribution.

    Yves Courrière est considéré par la majorité des Français, et surtout des Algériens, comme l’une des références de l’écriture de l’Histoire de la Révolution algérienne. En ce qui me concerne, je n’ai aucun a-priori, j’ai lu ses 4 tomes à 3 reprises. La première fois, au fur et mesure de la sortie de ses livres aux éditions Fayard, en soulignant à même les livres, ce qui me paraissait bizarre, anormal.

    La seconde fois, en tirage éditions livres de poche. La troisième lecture dans Casbah Éditions, en vérifiant si certaines corrections avaient été apportées sur les nouvelles éditions.
    Dois-je taire ce qu’il a écrit de négatif parce qu’il est décédé ? Relever une erreur sur ce qu’il a écrit est-il condamnable ? Je pense que non.

    Les livres ont été vendus à plus d’un million d’exemplaires. Personne n’a relevé ou osé les signaler, est-ce ma faute ? Donc les donneurs de leçons de morale doivent voir ailleurs.
    À chaque lecture, je relevais quelques erreurs ou abus d’appréciation, quelques excès et quelques «perles».

    Grand historien, ayant reçu le Prix de Albert Londres et le Prix de l’Académie française est un qualificatif qui l’honore et dont je ne peux discuter.

    Il a été un grand reporter de Radio Luxembourg et de journaux de renom durant la Guerre d’Algérie. À ce titre, il a rencontré et côtoyé la crème des officiers supérieurs de l’armée française de l’époque. A ce titre, il a dû avoir accès à de nombreux documents et archives de très grande importance.

    Mais pour ma part, je me contente de mettre à la disposition du lecteur qui m’a interpellé, et à tous les lecteurs, un paragraphe d’un de ses livres. Je les laisse libres de leur jugement, cela permettra peut-être à certains de revoir leur opinion actuelle.

    Dans le tome 2, Le temps des léopards, La Guerre d’Algérie, éditions Casbah, pages 64 et 65, il écrit textuellement :

    «Yazid et Aït Ahmed avaient à peine la trentaine ! Leur jeunesse et leur fougue firent grande impression. Ho Chi Minh qui connaissait Messali et Ferhat Abbas fit contacter les deux jeunes Algériens. Il discuta longuement avec eux. Les Français… oh les Français, leur dit-il, c’est un problème que nous connaissons bien.»

    Que Yazid et Aït Ahmed aient rencontré Ho Chi Minh, pourquoi pas ? Mais pas à la Conférence de Bandung. Pour la simple et unique raison que ni le Vietminh (Vietnam du Nord) ni Ho Chi Minh n’étaient présents à Bandung. La délégation de l’État du Vietnam avec comme capitale Saigon faisait partie des 29 délégations officielles invitées et présentes. La délégation de ce pays était dirigée par Ngo Dinh Diem, président du Conseil des ministres de ce pays. Ce qui est beaucoup plus grave pour le lecteur algérien, c’est que plusieurs historiens ont repris ce passage et l’ont répercuté sur plusieurs médias.

    Autant dire bonjour les dégâts. Me concernant, je reste confiant. Il y aura toujours un Algérien qui rappellera cette «perle».

    Cher lecteur, il est beaucoup plus facile de le vérifier : si Yazid et Aït Ahmed avaient rencontré Ho Chi Minh, ils en auraient fait une référence et ce, à juste titre, dans leurs écrits. Or, aucun des deux ne l’a fait. Peut-être que certains vont le faire à leur place.

    2- Comité permanent de la Révolution

    Un fait historique majeur, que tous ceux, à de rares exceptions, qui ont écrit sur la Révolution algérienne, ont oublié, ignoré, escamoté, évacué, enterré pour des raisons faciles à comprendre, est : le Comité permanent de la Révolution. Oui, à part Ferhat Abbas et Benyoussef Benkhedda, parmi les responsables de la Révolution et quelques auteurs qui ont signalé son existence.

    Lorsque l’on sait que ce CPR a été pendant plus de deux ans l’autorité suprême de la Révolution, au-dessus du Comité de coordination et d’exécution (CCE), on doit se poser des questions et surtout les poser à d’autres : auteurs, historiens, analystes et chroniqueurs politiques et surtout les acteurs potentiels ou se présentant comme tels, de la Révolution algérienne.

    Ce comité a été désigné lors du deuxième congrès du CNRA qui a eu lieu au Caire en août 1957. Il était composé de Abane Ramdane, Bentobal Lakhdar, Boussouf Abdelhafid, Chérif Mahmoud, Krim Belkacem et Ouamrane Amar (citation par ordre alphabétique).

    Tous ses membres faisaient partie du Comité de coordination et d’exécution, dont les autres membres actifs étaient Abbas Ferhat, Lamine Debaghine, Abdelhamid Mehri et les membres à titre honorifique, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider.

    Il a disparu du lexique mais n’a jamais été officiellement dissous jusqu’à l’indépendance.
    Quel a été son rôle, quels ont été ses responsabilités, ses problèmes, les solutions et leurs conséquences?

    J’en connais un bout dont j’en parlerai plus tard. C’est aux historiens de s’y intéresser et de jouer leur rôle.

    Ce comité avait son siège à Tunis. Abbas et Debaghine étaient au Caire et Mehri à Damas.
    Pour ne pas être traité de fabulateur, voici des extraits des écrits de Ferhat Abbas et Benkhadda à ce sujet, qui, je l’espère, sont considérés comme des témoins crédibles.

    «Le GPRA réunit le comité permanent de la Révolution, compléta le CNRA et nomma les membres de l’Assemblée consultative maghrébine.» (Ferhat Abbas, Autopsie d’une guerre, Alger Livres Éditions, page 239).

    «N’ayant pu faire appel à l’arbitrage du Comité permanent de la Révolution et du CNRA dont la composition est contestée par certains, le gouvernement s’est trouvé paralysé.»

    Benyoucef Benkhedda, l’Algérie à l’indépendance, La crise de 1962 éditions Dahleb page 137.
    Voici un fait historique majeur sur lequel les historiens doivent se pencher et nous faire bénéficier de leur savoir-faire et de leur compétence.

    3- Affaire Jean-Yves Goeau Brissonnière

    Témoignage de Ahmed Boumendjel(1) sur l’affaire Goeau-Brissonnière, avocat, chargé de cours à la Faculté de droit de Paris et attaché simultanément aux cabinets de Pineau, ministre des Affaires étrangères, et Lejeune, ministre de la Défense nationale avec Bissonet, directeur d’école, attaché au cabinet de Lacoste, ministre et gouverneur général en Algérie.

    Après que les autorités françaises eurent contacté maître Ahmed Boumendjel pour arranger un contact entre des délégués officiels français et des représentants du FLN à Tunis au cours d’un congrès de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) dont l’une des personnalités les plus influentes à cette période était Irving Brown, président de American Federation of Labor (AFL) syndicat américain. Il était proche du FLN.

    Ils ont eu des contacts et discussions avec Mouloud Gaïd (connu sous le nom de Rachid Gaïd), secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Aït Ahcene, M’hamed Yazid et Lamine Debbaghine.

    Au retour de la délégation française, les inspecteurs de l’aéroport d’Orly reçurent des instructions du commissaire de l’aéroport et de Abel Thomas, conseiller et homme de confiance de Bourges-Maunoury, chef du gouvernement de la République française, pour fouiller Maître Abdelmadjid Chaker, avocat tunisien des chefs du FLN incarcérés à la prison de la Santé à Paris, arrivé dans le même vol que la délégation française.

    Ils le fouillent et trouvent dans ses documents une lettre fermée portant comme adresse deux consonnes : B. B.

    Devant le refus de Chaker d’ouvrir la lettre, l’un des inspecteurs prend la responsabilité de le faire. À l’intérieur, il y avait le compte-rendu des discussions qui ont eu lieu à Tunis entre les deux délégués français et les responsables du FLN.

    C’est ainsi que le commissaire décréta Chaker coupable de complicité d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État et l’inculpa en présence de Mohamed Masmoudi, ambassadeur de Tunisie à Paris qui attendait Chaker. Cet événement a fait la Une des journaux et le journal le Monde(2) lui a consacré 2 articles. Cet événement a jeté un froid dans les relations entre les deux pays avec la convocation de Gorce, ambassadeur de France à Tunis et protestations et déclaration du Président Bourguiba.

    Ironie de l’histoire, Chaker «inculpé en flagrant délit» d’après la loi fut autorisé à quitter Paris et rejoindre Tunis, après avoir passé la nuit à l’aéroport en attendant l’avion en partance sur Tunis. Quelle belle interprétation de la justice !!!

    Cet incident, de loin le plus médiatisé en ce temps de toutes les rencontres secrètes ou officieuses entre les deux belligérants, a été complètement occulté, effacé de l’Histoire de la Révolution algérienne.

    Pourquoi ? Chacun avait et a encore ses raisons de le faire oublier. J’en connais quelques-unes que je m’interdis d’émettre afin de ne pas influencer le lecteur.

    Mais quelques questions se posent :
    – le but de cette initiative ?
    – le contenu de la lettre ?
    – qui est le destinataire avec B. B. comme adresse ?
    – pourquoi avoir «grillé» côté français cette initiative ? Et surtout pourquoi ce silence sur un pareil événement ?

    Cet événement est très important. Il a permis au FLN de décider que tous les contacts entre les deux parties seront dorénavant officiels. Depuis cette date jusqu’aux entretiens de Melun en juin 1960, il n’y a jamais eu de contacts secrets ou officieux entre la France et le FLN.

    À ceux qui s’intéressent de façon spécifique à cet événement, je leur suggère de lire le livre écrit par le principal acteur et dont le titre est : Mission secrète. Pour la paix en Algérie par Jean-Yves Goeau Brissonnière.1957. Editions Lieu Commun.

    Cher lecteur, j’espère, encore une fois, être à la hauteur de vos attentes.
    A. C. D.

    (1) La Révolution algérienne par Charles Henri Favrod, pages 386, 387 et 388. Editions Dahleb.
    (2) Le Monde du 19 juillet 1957.

    La prochaine contribution portera sur l’Italie et la Révolution algérienne.

    Le Soir d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, révolution, 1er novembre, FLN, guerre de libération, 

  • Maroc: Reportage sur les voisins du roi, les Touarga

    Ils vivent dans un Maroc à part, cernés par une épaisse muraille dont les portes ferment la nuit. Visite guidée à Touarga, cité du palais royal et des esclaves affranchis.

    Par Chadwane Bensalmia

    « Quand j’étais enfant, je pensais que Touarga était le Maroc. Tout y était réuni pour le croire. Le dispensaire, l’école, le marché, la mosquée, la police, les gendarmes, les militaires… enfin tout. Et puis on avait le palais du roi à côté. Pour moi, c’était évident. Je n’osais même pas mettre les pieds dehors, parce que j’étais convaincu que derrière la muraille se trouvait un autre pays ». La confession de cet adolescent touargui se suffit à elle-même. Lui qui a grandi en ayant le roi pour voisin, ne pouvait pas deviner qu’il était, ainsi que ses voisins l’objet de la jalousie ou quelques fois de la commisération de ses concitoyens d’outre-mur.

    À Rabat, Touarga, c’est cette cité singulière aux yeux de tous, qui évolue à quelques mètres du palais royal et qui vit sous son aura protectrice. L’accès y est soumis à un contrôle identitaire et policier. Et il ne suffit pas de le vouloir pour pouvoir en arpenter les ruelles. D’ailleurs, personne n’en ressent le besoin ni l’envie car tout autour, il y a beaucoup plus séduisant…
    Touarga est répartie en deux grands quartiers, faqa (ceux d’en haut) et t’hata (ceux d’en bas). Dans ce dernier, qui commence à l’entrée du Mechouar, une partie porte le nom de Derb Jdid (le nouveau quartier). C’est à l’entrée des t’hata que se construit actuellement le siège de Diwan Al-Madalim. Et c’est à la fin des faqa que se trouve le palais royal. Entre les deux, vivent tous ceux que l’on appelle « Hachiyate al malik » (la cour du roi).

    À Touarga, les rues ne portent pas de noms. À l’exception d’une seule, la rue Mehdi Meniari. On nous dira que c’était un fonctionnaire du palais, mort dans un accident de voiture il y a quelques années et qu’on a voulu honorer. Rien de plus. Les autres rues sont, quant à elles, totalement anonymes. Trois types de bâtiments y cohabitent. Des petites villas sans prétention et à l’architecture peu homogène, des immeubles plutôt jeunes dont les façades vertes et ocres, et les volets en moucharabieh ne laissent pas indifférent, et puis des immeubles blancs de type économique, regroupés en blocs, portant chacun une lettre de l’alphabet.

    À Tourga, la bachaouiya, la « wilaya locale », est une sorte de concentré d’administrations. À l’entrée, sur le comptoir, on peut lire respectivement : « service des livrets de famille », « service des passeports », « bureau d’ordre » puis « direction générale ». Pour une si petite communauté, on a pensé qu’il était plus simple de réunir tous les services dans un même local. Nul besoin de présenter mille et un papiers pour un certificat de résidence ni de subir les files d’attente. Juste derrière, le bureau du caïd. Sur sa porte, une inscription « réservé aux citoyens »… Marocains, ne cherchez plus le guichet unique : il est à Touarga.

    Son chef, le pacha, son bureau n’est pas sous ce toit, mais dans un ruelle mitoyenne. C’est lui qui veille sur l’ordre. Sur les lettres postales que les touarga reçoivent, on peut lire le nom du destinataire ; et en dessous, l’adresse se résume au numéro ou à la lettre correspondant à son bâtiment. En déambulant, on en arrive pourtant à oublier la royale adresse à laquelle on se trouve. Des constructions que l’on rangera naturellement dans « l’habitat anarchique » ont poussé ici et là. Il y a quelques mois encore, des bidonvilles complétaient le décor. Rasés depuis, leurs habitants, des militaires pour leur grande majorité, se sont vus attribuer – « pour quelques 20.000 DH symboliques », nous a-t-on confié – des logements à Hay Salam à Salé. Et le site s’est transformé un parking.

    Au détour d’une ruelle, sur chaque petite place des deux quartiers de la cité, on peut croiser un vieillard, assis sur sa chaise, un verre de thé posé par terre, sondant l’horizon dans un calme curieux. Ce vieillard, c’est probablement un Qajoui, ou un Chtak Atak, des personnages au crépuscule de l’âge, que l’on ne croisera probablement plus jamais dans le Maroc actuel et futur. Ceux que l’on a connu sous le nom de « moâniss assoultan » (compagnon du sultan). Ces vieillards sont aussi souvent des retraités, qui faisaient autrefois partie du personnel du palais. Ils saluent tout le monde, car ils connaissent chacun et sont respectés par tous. « Ce sont nos sages. Ce sont eux qui nous transmettent tout le savoir dont nous avons besoin ». Le savoir, c’est l’art d’être un touargui digne de ce nom.

    Etre touargui

    Quand on est touargui, on « sait » qu’on est le descendant de Moulay Ali Cherif. C’est du moins ce qu’on affirme. Du reste, les recherches socio-historiques sur les esclaves acheminés d’Afrique subsaharienne durant le 19e siècle n’ont pas beaucoup d’adeptes ici bas. Et puis d’ailleurs, nous dit-on, « s’il y a eu du vrai autrefois dans ces études, ce n’est plus le cas aujourd’hui ». Il est vrai que le cliché des dizaines de Noirs, en djellaba blanche, chachiya rouge sur la tête, escortant le roi, peut prêter à une vision à mi-chemin entre l’orientalisme et le folklore. Les touarga ne sont pas tous des Noirs. Le métissage est passé par là. Témoignage d’un touargi anonyme : « À l’origine, certains avaient été mariés à des femmes blanches par le soin des défunts rois Hassan II et Mohammed V, pour ne pas remonter plus loin. Les concubines des sultans étaient parfois données en mariage à des « âabides » (esclaves) ». « Mais l’ère des concubines est révolue, tout le monde le sait. À son intronisation, Mohammed VI a rendu leur liberté à toutes ». Au fil des années, les réalités ont changé et ce déjà sous le règne de Hassan II. Touargui n’est depuis longtemps plus synonyme d’esclave. La vie en quasi-réclusion relève d’un lointain passé. Les touarga sont désormais des citoyens marocains comme les autres… à quelques exceptions et privilèges près. Ils paient un loyer, même si celui-ci demeure symbolique. Ils paient également leur consommation d’eau et d’électricité. Beaucoup travaillent en dehors du Mechouar, d’autres ont changé d’adresse après s’être mariés.

    Quand on est touargui, on fait ses premières classes à l’école du Mechouar, Essaîd (heureux). Après cela, on devra passer de l’autre côté de la muraille, mais on sera quand même un enfant de touarga. Ce qui n’est pas sans perturber les repères de certains. « C’est vrai qu’on se sent un peu supérieur aux autres. Certains peuvent en abuser et en abusent. Mais ça s’est calmé depuis quelques années » concède notre jeune adolescent avant de poursuivre « cependant, il y a toujours la loi pour corriger. Il y a Dar Tarbiya ( la maison de l’éducation) ». Ça, c’est la prison de Touarga. Elle se trouve à son tour dans l’enceinte du Mechouar. Un touargui ne passera pas la nuit dans un cachot de la ville, mais dans cette fameuse Dar Tarbiya, s’il y a lieu de le réprimander.

    Quand on est touargui, on peut se voir payer ses études par le Palais, notamment quand on y a un père en fonction (« il y a une manière de demander »). On peut aussi rejoindre le centre de formation professionnelle en tourisme et hôtellerie du Mechouar ou encore l’atelier de céramique.

    Et puis, on sait que peut-être, plus âgé, on travaillera au palais. Dans ce but, on est préparé dès l’enfance. Une manière de parler qui consiste à peser ses mots avant de les prononcer et de rechercher le non-dit derrière les propos des autres : « Nous pouvons parler pendant des heures sans vraiment rien dire. Et on sait qu’à chaque phrase, on peut trop en dire ». On apprend donc très jeune à maîtriser les conventions et le protocole, surtout si on est promis à une « carrière » au palais. Les « moulay » et « lalla » accompagnent immanquablement les salamaleks. D’ailleurs, presque tout le monde se connaît par ici. Les étrangers aux lieux sont vite repérés et épiés. « Même si on ne travaille pas au palais, on a le devoir de protéger ce qui nous est le plus cher. Ici, l’addition de deux zéros donne un 1. Il n’y a pas de nul. Tout a de l’importance. On a donc le devoir de rapporter ce qui nous semble important ».

    Quand on est touargui et qu’on est employé du palais, une nouvelle donne intervient, selon qu’on soit affecté à une maslaha (service) ou une autre. Et le service le plus proche du roi est la maslaha1. Cependant, tout le monde ici ne fera pas forcément partie du personnel du palais. L’éligibilité est soumise, bien sûr, à l’hérédité… entre autres. « Ensuite, on passe un stage, on fait ses preuves ou pas. On est promu ou non ». On peut aussi toucher le Smig toute sa vie : « Ici, c’est la nature de ton travail qui décide du niveau de vie que tu dois avoir. C’est une sagesse dont la logique peut échapper à beaucoup. En touchant 1800 DH, on ira rarement dehors. Avec de l’argent, on peut sortir d’ici trop souvent, on peut boire, parler plus qu’il n’en faut ». Etre en fonction au palais ne facilite pas toujours la vie « parce que le choix de vie s’impose à nous. Mais on ne peut pas s’en plaindre. Tout ce qu’on fait, on le fait pour notre pays. On peut penser qu’on est plus patriote que la plupart de nos concitoyens. Tout individu rêve d’avoir une maison, une voiture, un bon poste et un compte en banque pour vivre comme il l’entend. Une fois que tout cela lui est fourni, il se fichera pas mal du sort des autres. Le roi, lui, a tout ce dont il peut rêver, mais se soucie de chaque Marocain. Une fois que l’on a compris cela, on n’a plus aucun doute sur la noblesse du moindre petit poste que l’on peut occuper au palais ».

    Cette logique, certains de ces voisins royaux ne la comprennent pas. Pris entre l’opulence et la pauvreté, ceux qui ne veulent pas se poser de questions se réfugient dans le haschisch (dont les dealers touarga sont réputés à Rabat), le maajoun ou l’alcool. En Chine, le palais de l’empereur est dit « cité interdite ». Au Maroc, la cité royale n’est interdite qu’à partir de 21h, heure à laquelle ferment ses imposantes portes.

    Incident : 4 commissaires et un engagement

    Les photos qui illustrent cet article ne sont pas celles que vous auriez dû y voir. Les vraies (un reportage-photo complet) ont été effacées de la mémoire de l’appareil dans l’enceinte du commissariat de Touarga, où Chadwane Bensalmia, reporter de TelQuel, a été retenue 2 heures, jeudi dernier. Le commissaire Gueddar, charmant du reste, lui reprochait d’avoir pris des photos d’innocents immeubles et autres jardinets. Réflexe classique de policier marocain, s’il n’était assorti de l’inquiétante injonction « d’oublier ce reportage ». Le commissaire Touhami Filali, ainsi que deux autres venus en renfort (4 commissaires pour notre envoyée spéciale, quel honneur !), ont alors expliqué qu’il était interdit de publier quoi que ce soit, article ou photos, sur le quartier qui abrite « le palais de Sidna nassarahou llah ». Sauf autorisation expresse du pacha de la commune de Touarga. On a alors enjoint à Chadwane de signer un curieux PV : non seulement elle y avouait que oui, elle était bien journaliste, venue ici en reportage, mais elle s’y « engageait à ne rien écrire au sujet du quartier de Touarga, des gens de Touarga, du palais royal et des administrations y afférentes sans autorisation du pacha ». Chadwane a eu un mal fou à convaincre le(s) commissaire(s) qu’elle ne se sentait en rien tenue d’obéir aux instructions d’un pacha – d’autant qu’elle n’avait rien fait d’illégal.
    Finalement, tout s’est bien terminé : photos effacées, notes confisquées (mais Chadwane a de la mémoire) et l’impétrante gentiment reconduite à la gare de Rabat-ville. De sa courte et plaisante garde à vue, notre journaliste a gardé un excellent souvenir – et beaucoup d’amis. A.R.B

    telquel-online.com, 2010

     

  • Maroc : Le racisme anti-noir implicitement institutionnalisé

    Lors de son premier séjours au Maroc invité par le roi Hassan II, Nelson Mandela, l’icone mondial de la lutte contre le racisme et l’Apartheid, a découvert le visage raciste du Maroc envers la race noire. Il a exprimé son indignation en voyant la Garde Royale composée d’anciens esclaves noirs affranchis qui vivent, jusqu’à présent dans la cité connue sous le nom de Touarga. Mandela a découvert que le racisme est inscrit dans le patrimoine du Makhzen.

    Si les marocains adorent brandir le slogan de « premier pays à avoir reconnu les Etats-Unis d’Amérique », ils cachent un passé rempli d’histoire de marchandage d’esclaves destinés au Nouveau Monde. On dit même que la mère du roi Hassan II était une esclave affranchi du nom de « Abla » qui a été offerte en cadeau à son père Mohammed V par umn de ses Pachas du nom de Leglaoui.

    Au Maroc, on utilise le mot à connotation péjoratif de « azzi » en référence à l’homme noir. Mais le racisme anti-noir a été mise à nu par la présence des migrants africains sur le sol marocain où les violences contre eux se répètent incessament dans toutes les villes marocaines.

    En vue de dissimuler son racisme, le régime marocain incite la population à s’en prendre aux migrants africains. Nombreuses attaques à la machette et au couteau ont eu lieu à Tanger et Rabat. A cela s’ajoute, le traitement que leur réservent la police et la gendarmerie.

    La majorité de ces migrants son originaires du Sénégal, Côte d’Ivoire et Guinée Conakry. Les marocains peuvent continuer à agir ainsi puisque les dirigeants africains ne risquent pas de défendre les leurs tant que Rabat remplit leurs poches.

    Tags : Maroc, Afrique, africains, subsahariens, migration, racisme anti-noir, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry,

  • Maroc : Pourquoi les élites françaises mangent de la main du Makhzen, selon Valérie Trierweiler

    Dans son livre, Merci pour ce moment, publié en 2014, Valérie Trierweiler, ex-épouse du président François Hollande apporte des détails succulents et croustillants sur les méthodes du Makhzen pour apprivoiser les élites françaises quelle que soit leur couleur politique.

    Lors des obsèques funéraires du président sudafricain Nelson Mandela, elle est assise à côté de Nicolas Sarkozy. Celui-ci s’adonne à des confidences révélant les détails de « la somptueuse propriété que le roi du Maroc met à disposition de sa famille ». Un geste du souverain marocain dont Sarkozy est infiniment reconnaissant. Depuis, il est devenu un des premiers lobbistes du Maroc et profite de toutes les occasions pour louer les prétendues qualités de Mohammed VI.

    Une anécdote qui confirme un secret de polichinelle : la collusion entre le Makhzen et les autorités françaises et la prise en charge de la défense des intérêts du Maroc dans le conflit du Sahara Occidental où Rabat jouit de l’impunité pour mater les sahraouis. Une relation basée sur la corruption et des intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux des peuples des deux pays. C’est ainsi que le Maroc est perçue par les élites françaises, toutes couches confondues et quelle que soit leur appartenance partisane, comme un département de la France où ils s’y consuisent comme s’ils étaient chez eux.

    C’est le cas aussi pour le président Jacques Chirac qui a avoué avoir une dette envers le père de Mohammed VI. Hassan II, aurait-il financé sa campagne électorale? En tout cas, ce dernier a défendu le Maroc même dans son conflit avec l’Espagne sur le rocher du Persil, connu par les marocains sous le nom de « île de Leïla ».

    La générosité du souverain marocain va beaucoup plus loin, en acceptant de soutraiter pour leurs protecteur français. C’est ainsi que les sociétés mixtes franco-marocaines lancent leur programme conjoint visant à investir l’Afrique. Attijariwafa Banque, la BMCE et Maroc Telecom constituent font partie des moyens déployés en vue de conquérir le continent noir.

    En retour, la France fais usage de son droit de veto au Conseil de Sécurité pour bloquer toute résolution susceptible d’agacer son allié norafricain. Ainsi, le droit à l’autodétermination et la surveillance des droits de l’homme n’ont aucune chance d’être appliqués dans le cas diu conflit du Sahara Occidental.

    Lorsque l’ancien représentant de la France auprès des Nations Unies, Gérard Araud, a qualifié le Maroc de « maîtresse avec laquelle on couche toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre », les autorités marocaines ont fait semblant d’être contrariés, mais au fond de leurs entrailles, ils sont ravis d’être vus ainsi par leur maître gaullois.

    Tags : Maroc, France, Sahara Occidental, lobbying, Afrique, 

  • Belgique : Les tziganes se font passer pour des arabes

    « Salam Alikom », une expression qui fait partie du vocabulaire qu’une tzigane a appris pour profiter de la générosité des arabes et des musulmans. Ceux-ci, par soucis de religion, ne voient pas d’un bon oeil l’indifférence envers un mendiant, un être humain qui se trouve dans le besoin.

    Elles portent un foulard mais sont trahies par la couleur de leurs yeux. Il ne faut pas être un expert en antropologie pour dénicher les caractères propres des Tziganes de l’Europe de l’Est.

    A Bruxelles, elles se trouvent dans les quartiers à fort densité maghrébine et arabe en général. Pour elles, il s’agit d’un juteux marché qu’il faut exploiter à fond. Pour cela, il faut prendre l’identité d’une Fatima ou d’une Halima. Les potentielles victimes de cette arnaque identitaire sont nombreuses.

    La Zakat (l’aumône) constitue l’un des cinq piliers de l’Islam. Les gitanes en sont conscients. Alors on les entend solliciter la générosité des passants en disant « fi sabilillah » qui veut dire « pour la satisfaction de Dieu ». Si vous être tenté par la conversation, vous allez être déçu. Leur connaissance de l’arabe ne va pas au-delà de quelques mots pour demander une pièce. Elles sont voilées juste pour le rôle qu’elles jouent en vue de ramasser quelques pièces.

    Les musulmans, seraient-ils plus généreux que les chrétiens et les laïques européens?

    Tags : Belgique, tziganesm gitans, l’aumône, mendicité, musulmans, générosité,