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  • Maroc : Fiche Multilatérale sur l’Île Maurice

    Royaume du Maroc
    Ministère des Affaires Etrangères
    et de la Coopération

    Direction des Nations Unies
    et des Organisations Internationales
    Division des Nations Unies

    Fiche Multilatérale sur L’Île Maurice

    A) Question du Sahara marocain

    • L’Île Maurice a retiré sa reconnaissance de la pseudo rasd le 15 janvier 2014.
    • L’Île Maurice avait reconnu la pseudo « rasd » depuis le 01juillet 1982.

    I- Questions multilatérales

    B) Réforme du Conseil de Sécurité

    • L’Île Maurice estime que la réforme du Conseil de Sécurité devrait prendre en compte non seulement les méthodes de travail de l’organe exécutif onusien, mais également un rééquilibrage dans ses centres d’intérêt entre les questions économiques et politiques.
    • L’Île Maurice considère que la réforme du CS devrait porter également sur les membres aussi bien permanents que non permanents.
    • La réforme du Conseil de Sécurité devrait prendre en compte une représentation permanente de l’Afrique.
    • La réforme du Conseil de Sécurité devrait également prendre en compte une représentation permanente de l’Amérique Latine.
    • Pour le pays, la revitalisation de l’ECOSOC conformément aux attributions qui lui sont accordées par la Charte des NU et, en tant que l’un des principaux organes des Nations Unies, est nécessaire pour lui permettre de jouer son rôle dans les questions économiques, sociales et environnementales.

    C) Questions de Développement

    1- Commerce international
    • En tant que pays appartenant à la catégorie des Etats Insulaires en développement, l’Île Maurice (SIDS), a toujours appelé pour un traitement préférentiel dans le cadre de la stratégie mondiale visant à assurer et garantir la sécurité économique.

    • L’Île Maurice regrette que les discussions sur le commerce international se tiennent dans des forums limités. Le pays préconise une approche globale en terme de traitement et de négociation des questions économiques notamment le commerce international

    • L’Île Maurice estime que l’Organisation des Nations Unies est le seul organe qui a la légitimité et le caractère universel requis pour décider de l’ordre économique mondial.

    2- Changements climatiques

    • L’Île Maurice estime que les efforts de la communauté internationale devraient se focaliser sur la sécurité et la durabilité des océans. Cette question est cruciale pour ce pays qui est convaincu que la survie des Etats des petites îles dépend de la sécurité des océans.
    • En tant que pays fait partie des Etats insulaires en développement, l’Île Maurice considère que les effets du changement climatique sont considérables pour le pays aussi bien sur le plan humain qu’économique.
    • L’Île Maurice soutient la proposition du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’organisation d’une réunion au Sommet sur le changement climatique en 2014 et souhaite qu’il en découlera des mesures concrètes, notamment pour remédier à la situation des Etats les plus vulnérables à ce phénomène.

    3- Développement durable

    • Le pays a adopté une stratégie pour le développement durable qui prend en considération les priorités du pays en termes d’énergie, de protection de l’environnement pour une économie durable.
    • Pour l’Île Maurice, les objectifs de développement post-2015 devraient donner un sens nouveau au partenariat mondial au sein des politiques à l’échelle nationale et internationale.
    • L’Île Maurice considère que l’éradication de la pauvreté, l’autonomisation de la femme, la fourniture d’opportunités de travail pour les jeunes, l’amélioration des services de santé, la gestion des ressources en eau et l’alimentation sont autant de défis universels qui exigent la mise en place d’un cadre commun pour le développement durable.

    D) Désarmement

    • L’Île Maurice estime que le désarmement est partie intégrante de la stratégie mondiale pour la sécurité.
    • Pour ce pays, l’échec de la communauté internationale à trouver une issue à la question du désarmement porte préjudice aux efforts visant à assurer le développement et la sécurité de par le monde.
    • L’Île Maurice considère que les efforts de la communauté internationale à élaborer une politique mondiale de l’environnement devraient contribuer à la réalisation des objectifs de désarmement.
    • L’Île Maurice soutient fermement les efforts en vue de la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

    E) Terrorisme

    • L’Île Maurice considère qu’il est nécessaire d’assurer le suivi de la stratégie globale des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et renforcer la coopération dans ce domaine.

    F) Résolution des conflits

    • L’Île Maurice, pays ayant un conflit autour de l’archipel des Chagos avec la Grande Bretagne, appelle à ce que les Nations Unies puissent réexaminer les mécanismes dédiés à la résolution des conflits, y compris à travers les moyens légaux, en vue d’établir des normes de conduite adaptées à tous les Etats en ce qui concerne, la négociation, la médiation, la conciliation et autres formes de résolutions pacifiques des conflits.

    Tags : Maroc, Maurice, Sahara Occidental, RASD,

  • Maroc : Craintes géopolitiques

    Suite à votre courrier Nº614, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance les appréciations et les suggestions suivantes :

    A la lumière des événements internationaux, il semblerait que la diplomatie marocaine soit confrontée, dans un avenir, plus ou moins proche, à des contraintes objectives qui seront autant de menaces directes pour le rayonnement du Royaume dans ses zones traditionnelles d’influence.

    Plusieurs éléments seront indispensables à analyser de manière à permettre une réponse adaptée et un réajustement de nos objectifs.

    Il conviendra de se pencher sur les aspects suivants :

    1) Plus que la réintégration de l’Iran et la fin de son isolement sur la scène internationale, il faudra prendre note du nouveau rôle qui lui semble être dévolu par les Etats-Unis de devenir le nouveau gendarme des pays Arabes et musulmans de la région ;

    2 ) La gestion en conséquence (notamment pour notre question nationale) du déclin de l’Arabie Saoudite dont la marge de manœuvre est appelée à se réduire de plus en plus ;

    3) L gestion du conflit israélo-palestinien pour ce qui concerne la réduction des risques, des actions et du discours extrémistes notamment à l’égard des juifs marocains ;

    4) La montée en puissance de l’Egypte qui se positionne, d’ores et déjà, comme l’interlocuteur solide des américains, d’Israël et des occidentaux pour ce qui concerne le Proche et Moyen Orient ;

    5) Le rapprochement sans précédent qui semble se dessiner entre l’Algérie et l’Egypte. Ledit rapprochement envisage une stratégie conjointe pour amplifier leur influence aussi bien vis-à-vis des américains qu’à l’égard du continent africain ;

    6) Ce rapprochement présenterait également un réel danger pour ce qui concerne l’éventuelle réactivation de l’UMA avec la possibilité d’une Egypte qui, cette fois-ci, deviendrait officiellement membre à part entière de l’Union ;

    7) Pour l’Algérie et l’Egypte, le Maroc représente d’autant plus un danger qu’il est désormais l’unique pays arabe à avoir un Chef de gouvernement islamiste. De même que le Maroc est à combattre en raison du système de sa gouvernance et de ses institutions démocratiques ;

    8) Pour ces deux raisons majeures, il faudra s’attendre à une coordination et à une synchronisation de ces deux Etats pour affaiblir le Royaume en s’attaquant particulièrement à la question nationale (sur le plan intérieur et international) ;

    9) De même, l’éclatement possible (parfois de fait) de certains pays arabes risque de poser la problématique de l’accès à l’indépendance de certaines entités (Kurdistan ou autres) ;

    10) On se rappelle que lorsque le président Obama avait accédé au pouvoir, il ne parlait que de droits de l’homme, démocratie etc… Idem pour le président Hollande, par exemple. Aujourd’hui, confrontés aux menaces intérieures, ce discours est dépassé voire même dérangeant. Désormais, les priorités ne sont plus d’ordre démocratique mais sécuritaire.

    Compte tenu de ces quelques éléments soulevés, je me permets de suggérer ce qui suit :

    1- Il est plus nécessaire que jamais, pour les raisons évoquées, ci-dessus, que le Royaume revoir la structure de son appareil diplomatique pour renforcer et dynamiser sa stratégie en vue de faire face aux multiples défis qui l’attendent ;

    2- Sur le plan culturel, une stratégie globale doit être établie à l’égard de la jeunesse marocaine qui réside à l’étranger et qui est appelée tôt ou tard à retourner au Maroc. Cette jeunesse « handicapée sur le plan culturel et éducatif » est confrontée à la perte (extrêmement dangereuse) de son identité marocaine ;

    3- Au vu du contexte international difficile et de l’évolution négative de certains dossiers (Palestine/Israël notamment) et aux fins d’éviter tout dérapage, la sensibilisation et la mobilisation de notre colonie à l’étranger s’impose. Ceci est d’autant plus nécessaire que le Royaume est à la veille d’élections municipales.

    4- Notre stratégie devrait également reposer sur une coordination étroite entre les Ambassades et les Consulats ;

    5- Pour ce qui concerne la question nationale, plusieurs actions peuvent être engagées, à savoir :

    -Renforcement de la présence du Maroc au sein des organisation internationales (ONU, CDH, CICR, UNESCO etc). Il s’agira, entre autres,d’identifier les postes disponibles à pourvoir et d’établir un fichier actualisé de personnalités et compétences à placer.

    -Au niveau du Conseil de Sécurité : il s’agira, d’une part, de renforcer notre coopération aussi bien avec la Chine que la Russie pour équilibrer le rapport de force au sein des P5 et d’autre part, et dès à présent, cibler et pousser les pays amis à présenter leur candidature au Conseil de Sécurité.

    -Pour ce qui concerne le poste de Secrétaire Général des Nations Unies, il s’agira, dès à présent, « d’encadrer » tous les candidats (déclarés ou non) à ce poste.

    -Au niveau du Département : assurer des briefings réguliers aux Ambassadeurs accrédités de façon qu’ils communiquent à leurs capitales des informations obtenues à la source. De la même manière, informer notre appareil diplomatique de la teneur des comptes et des questions posées.

    6 – Pour ce qui concerne la région Arabe et l’Afrique, les circonstances actuelles nous interpellent quant à l’envoi programmé et régulier de délégations de hauts responsables de notre Département pour assurer un contact permanent et sur place en vue du renforcement de notre présence sur le terrain et pour permettre aussi bien l’évaluation de l’état de notre coopération que celui de l’évolution politique du pays ciblé ;

    7 – Enfin, et pour ce qui concerne la formation des futurs diplômés de notre Académie diplomatique, il serait intéressant que, dans leur cursus, soient intégrés – et avant l’obtention de leurs diplômes- des stages auprès nos postes diplomatiques et consulaires à l’étranger .

    Zohour Alaoui
    Ambassadeur déléguée permanente

    Tags : Maroc, diplomatie, Egypte, Frères musulmans, Arabie Saoudite, Iran,

  • Maroc : Oufkir et Israël

    Oufkir et Israël

    Raouf OUFKIR, Les invités, Vingt ans dans les prisons du Roi, Flammarion, Edition de poche revue et corrigée, J’ai lu, Paris, 2005, pp. 370-373

    Dans son livre Hassan II et les Juifs, Agnès Bensimon affirma que vers la fin décembre 1959 et au début janvier 1960, le Mossad organisa plusieurs rencontres à Paris entre Oufkir et un diplomate israélien en fonction à Paris.

    Cette rencontre a été rendue possible grâce à des Juifs marocains, avec lesquels le colonel Oufkir entretenait de bonnes relations. Il s’agissait à son avis de David Amar, président du Conseil des Communautés Juives, de Robert Assaraf, collaborateur du ministre de l’intérieur de l’époque, Reda Guedira et surtout d’Elie Torjman le frère de lait d’Oufkir. Par la suite, le Mossad, aurait fourni à Oufkir des renseignements sur les comploteurs de février 1960, et mis en garde le Palais contre un coup d’état qui se préparait.

    La plupart des chercheurs considèrent que le complot de février a aussi servi de prétexte par le Palais pour sanctionner ses adversaires politiques afin de préserver l’hégémonie du pouvoir. Sur ordre de Mohamed V, Oufkir se serait rendu à cette époque en Israël pour définir les modalités d’une coopération entre les services secrets des deux pays. Ainsi commencèrent, selon Bensimon, de fructueux contacts entre Oufkir et le Mossad.

    Toujours d’après Bensimon, les intermédiaires qui servirent de passerelles pour établir des négociations entre le roi et Tel-Aviv étaient Robert Assaraf et Sam Benazeraf, membre du PDI (Parti Démocratique pour l’Indépendance) et ancien directeur de cabinet de Abdelkader Benjeloun lorsque ce dernier étais ministre de finances en 1956 et qui en 1961 occupait le poste de ministre du Travail et des questions sociales.

    Grâce à ces deux intimes, explique Agnès Bensimon, le roi appris qu’Israël lui faisait des propositions dignes d’intérêt en vue de négocier le départ de la communauté juive. La deuxième étape s’effectua entre Oufkir et le porte parole de la Misgeret le plus indiqué pour la circonstance Elie Torjman.

    Selon l’historien israélien Yigal Bin-Nun, des relations entre les autorités israéliennes et le Palais marocain ne pouvaient en aucun cas avoir eu lieu en décembre 1959. À cette époque Oufkir était aide de camp de Mohammed V et Mohamed Laghzaoui était directeur de la Sûreté Nationale. Une rencontre entre le chef du Mossad et du Shin Bet Isser Harel et le colonel Oufkir dans le domaine de l’immigration ne pouvait s’éffectuer à cette date. Si non, comment expliquer la poursuite des opérations clandestines du Mossad dans le domaine de l’émigration et aussi le naufrage du Pisces, bateau clandestin, et les arrestations qui en ont découlé.

    Muni de ses sources, il affirme que l’accord entre les deux pays n’a été conclu qu’en août 1961, avec l’avènement de Hassan II. À cet “accord de compromis” précédèrent la mission de Bensalem Guessous à Jérusalem pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères Golda Meir en mars 1960 et les entretiens préliminaires entre Moulay Hassan avec Alexandre Easterman et Jo Golan, délégués du Congrès Juif Mondial, en août de la même année .

    Le 27 février 1961 Isser Harel avait adressé à son homme de confiance à Paris Ephraim Ronel, une lettre où il évoquait l’émigration des Juifs du Maroc et l’attitude du Palais à cet égard: “En conclusion j’estime qu’il est souhaitable et envisageable de trouver un lien direct avec le nouveau monarque. Si nous créons ce lien, nous aurons besoin en premier lieu de lui fournir toutes les informations et les renseignements indispensables qu’il serait intéressé à connaître. Ses principaux ennemis, s’ils prennent le pouvoir, ne manifesteront pas une attitude positive à l’égard des Juifs de leur propre initiative. Ils y ont même fait obstacle. Aujourd’hui, nous ne leur devons rien”. Cette attitude, explique Bin-Nun, marque un virement dans la politique des israéliens, qui jusqu’alors avait entretenu des contacts assidus avec Ben Barka, après que celui-ci demanda par l’intermédiaire d’un délégué du Mossad à Paris, une aide militaire à Israël pour prendre le pouvoir au Maroc par la force des armes.

    Encore à cette époque, une ouverture d’esprit concernant l’émigration des Juifs Maroc suscitait de fortes réticences. Le journal de l’Istitqlal écrivit en effet le 10 mai 1961: « l’émigration des Juifs marocains pour Israël devrait être puni de mort car elle équivaut à un acte de haute trahison. La peine frappant 20 Juifs arrêtés alors qu’ils essayaient de quitter illégalement le pays et récemment condamnés à trois mois de prison par le tribunal de Nador, est insuffisant « .

    Cette date d’octobre-décembre 1959 a été reprise dans plusieurs publications, dont les livres de René Faligot et Remy Kaufer, Jacques Derogy et Hesy Carmel, Stephen Smith, Ahmed Boukhari et d’autres, qui tous citent le livre d’Agnès Bensimon, sans la nommer . Mais Yigal Bin-Nun est formel. Selon ses sources, un « accord de compromis » n’a été conclu dans le domaine de l’immigration qu’en août 1961. En outre, Robert Assaraf, Elie Torjman n’avaient aucun lien avec cet accord qui fut réalisé par l’intermédiaire de deux personnalités juives locales : Isaac Cohen-Olivar et Sam Benazeraf et avec le concours de deux personnalités proches du Palais : le cousin du roi Moulay Ali et le ministre du travail Abdelkader Benjeloun.
    Dans un hôtel à Genève, l’ambassadeur d’Israel à Paris, Walter Eitan, accompagné d’un émissaire du Mossad et du représentant de l’Agence juive remirent le montant d’un demi million de dollars en espèces à Moulay Ali et Benjelloun et s’engagèrent à verser aux Marocains la montant de 250 dollars par émigrant qui serait autorisé à quitter le Maroc à partir du 28 novembre 1961. Ainsi commença l’Opération Yakhin dans le cadre de laquelle les Israélien évacuèrent vers Israël jusqu’à la veille de la Guerre des Six jours, à l’aide de passeports collectives signés par le ministre de l’intérieur Oufkir, un peu moins de 80 000 Juifs .

    Mon père appris avec retard les retombés pécuniaires de ce dossier. Il en fut scandalisé. Il comprenait que le Maroc puisse tirer parti de l’opération mais seulement s’il bénéficiait au développement du pays. Ceci dit, pour moi l’attitude d’Hassan II envers les juifs dans le contexte de l’époque non seulement pragmatique mais aussi audacieuse et courageuse. Quel dommage que ce geste politique fort a été entaché de vils profits. Néanmoins s’il y a une chose qu’on peut mettre à l’active d’Hassan II c’est bien sa politique extérieure, laquelle fut un exemple d’intelligence, d’anticipation, de réalisme. Au cours de 38 années de son règne, le roi a entretenu avec une finesse et un talent rares des relations internationale judicieuse et… hautement rentable. Elles furent la clef de sa longévité politique exceptionnelle.

    Concernant les relations diplomatiques entre Israël et le Maroc, selon Bin-Nun, elles ne commencèrent qu’en début février 1963. L’historien a réussi à identifier la personne qui a servi d’intermédiaire entre Oufkir et le bras droit d’Isser Harel. Il s’agit du commissaire français Emile Benhamou, ami d’Oufkir de l’époque de leur service militaire en Algérie, qui plus tard représenta son pays à l’Interpol. Cette rencontre s’effectua au domicile de la famille Benhamou à la rue Victor Hugo à Paris. Ce n’est qu’à cette date que débuta une coopération étroite et assidue entre le Palais marocain et Israël dans divers domaines : la formation de la garde royal, les techniques du renseignement, la formation d’officiers, les projet d’irrigation et de coopération rurale et autres.

    L’historien israélien affirme aussi que le premier voyage d’Oufkir en Israël ne s’est effectué que le 3 janvier 1964. Les documents israéliens provenant du gouvernement et du Mossad sont unanime à affirmer : “Oufkir est incorruptible”, ce qui ne fut pas le cas de plusieurs ministres et hauts fonctionnaires marocains qui ont travaillé avec les émissaires israéliens. Quand à Harel, il n’a jamais effectué un voyage autorisé au Maroc et n’a jamais rencontré Oufkir étant donné qu’il avait démissionné de ses fonctions en mars 1963. Par contre, il avait effectivement effectué un voyage au Maroc en octobre 1959, à la suite de trois visites précédentes, mais tous ces voyages étaient clandestins, à l’insu d’autorités marocaines. Leur but n’était que de vérifier la sécurité de voies de départs clandestins du nord du Maroc.

    Notes

    A. Ben Simon, Hassan II et les juifs, Histoire d’une émigration secrète, pp. 129-131, 161-162.

    Y. Bin-Nun, « La quête d’un compromis pour l’évacuation des Juifs du Maroc », L’exclusion des Juifs des pays arabes, Pardes nº 34, (In press éditions 2003)

    R. Faligot & R. Kauffer, Les maîtres espions, Histoire mondiale du rensegnement. tome 2, De la Guerre froide à nos jours. pp. 277. 290-291. J. Derogy & H. Carmel, Le siècle d’Israël 1895-1995 Les secrets d’une épopée, p. 538. A. Boukhari, Le secret, Ben Barka et le Maroc, un ancien agent des services speciaux parle, pp. 53-54, 103-105.

    Inès Bel Aiba, Younes Alami, Ali Amar et Aboubaker Jamai, « Le Maroc et le Mossad », Dossier, Le Journal Hebdomadaire, N°167, (Casablanca, 3 au 9 juillet 2004)

    Y. Bin-Nun, Les relations secrètes entre le Maroc et Israël, 1955-1967, manuscrit et cycle de conférences au Centre Communautaire de Paris, 2004

    Tiré du livre de son fils Raouf Oufkir: Les invités, Edition de Poche J’ai Lu, Paris 2005, Edition revue et corrigée, pp.370-373.

    Source 

    Tags : Maroc, Israël, Mossad,

  • Sahara Occidental : Le coronavirus chasse les colons marocains

    Selon la presse marocaine, des centaines de colons marocains occupent les gares routières de Dakhla et El Aaiun, les deux principales villes du Sahara Occidental occupées par le Maroc.

    Samedi dernier, des centaines de marocains qui travaillent dans les villages de pêche qui se trouvent le long des côtes sahraouies riches en poissons, se sont retrouvés coincés dans les gares dans l’attente de bus pour rejoindre leurs familles au Maroc après l’arrêt des activités de pêche à cause de la pandémie.

    Selon les dernières mesures de prévention contre le coronavirus, 27 est le nombre maximal de passagers autorisés à voyager dans un bus et le nombre de bus n’est pas suffisant pour la multitude qui veut passer la période de confinement avec les leurs.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Dakhla El Aaiun, colons marocains, coronavirus,

  • Maroc : Coronavirus ! Les Familles des détenus du dossier Belliraj lancent un appel urgent au Roi Mohammed VI (français/arabe)

    Appel urgent à l’intention de sa Majesté le Roi Mohammed VI

    Dans le contexte de l’épidémie mondiale du Coronavirus, Nous, familles des détenus politiques dans le dossier Belliraj, incarcérés dans les prisons marocaines depuis plus de 12 ans, nous prions et implorons son altesse royale de libérer nos maris, frères et pères.

    Leur incarcération dans les conditions actuelles et futures de la propagation de la maladie est équivalente à une exécution martiale que l’histoire n’oubliera ni ne pardonnera pas.

    Nous supplions son altesse royale d’intervenir pour éviter une tragédie certaine.

    Familles des détenus du dossier Belliraj.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Abdelkader Belliraj, coronavirus,

  • Maroc : Note sur la mise en place d’un Conseil Stratégique pour les intérêts économiques du Maroc en Afrique

    Note

    Objet : Mise en place d’un Conseil Stratégique pour les intérêts économiques du Maroc en Afrique

    Dans le cadre du renouveau diplomatique du Maroc en Afrique, la dimension économique devra occuper une place importante, de par les possibilités qu’elle offre en matière de renforcement du positionnement et des interdépendances auprès des pays africains partenaires.

    Ce renouveau diplomatique est certes dicté par les grands défis qui pèsent sur l’Afrique (sécurité, changements climatiques, migration, développement…), par le jeu de puissance et d’influence auquel se prêtent les « puissances locales » africaines, ainsi que par les convoitises que suscite l’Afrique auprès de puissances étrangères (anciennes et émergentes). Il n’en demeure pas moins qu’il permet de repositionner le Maroc à l’avant-garde d’un agenda africain moderne et de promouvoir sa vision d’un partenariat Sud-Sud, agissant et solidaire.

    Le renforcement de la dimension économique de la diplomatie du Maroc en Afrique passe fondamentalement par la mise en place d’une sorte de Conseil Stratégique informel pour accompagner la projection d’intérêts économiques et commerciaux en Afrique.

    Ce Conseil Stratégique qui pourra être placé sous l’autorité du Ministre des affaires Etrangères, pourra associer les départements ministériels concernés (Finances, Commerce et Industrie, Agriculture, Santé, Enseignement Supérieur, Transport, Energie et Mines), les établissements publics (Maroc Export, Office des Foires, ONEE, OCP, RAM, OFPPT), les représentants du secteur privé (CGEM, Groupement bancaire, grandes entreprises nationales), les universitaires (Centre d’études africaines).

    Il aura pour missions principales :

    (i) La définition d’une stratégie économique du Maroc en Afrique
    (ii) L’examen des possibilités de coopération avec les entreprises françaises, espagnoles et européennes pour intervenir de façon conjointe et coordonnée en Afrique ;
    (iii) La capitalisation sur les multiples possibilités de financements offertes par les bailleurs de fonds internationaux ( BAD, Banque Mondiale, UE, BEI …)
    (iv) Le suivi des actions engagées pour renforcer la présence économique en Afrique
    (v) L’accompagnement des entreprises marocaines
    (vi) La promotion des instruments de coopération et des facilités

    Source : Maroc Leaks

    Tags : Maroc, Afrique, Union Africaine, lobbying,

  • Quand un ambassadeur à Bruxelles espérait que la Belgique souffrira du terrorisme

    «Inchallah, ça leur arrivera un jour. C’est là qu’ils comprendront ce qu’est le terrorisme», déclare Fuat Tanlay, ambassadeur de Turquie en Belgique, dans un article publié le 16/07/2009 par le quotidien turc Hürriyet. Exprimant ainsi sa colère contre la Belgique suite à la décision des magistrats de la Cour d’appel de Bruxelles de postposer leur verdict du 14 juillet 2009 au mois d’octobre 2009 dans le cadre de l’affaire DHKP-C, Fuat Tanlay estime que « la Belgique tente à présent de classer l’affaire via diverses explications » et ajoute que « leur discussion sur le fait de juger des membres de l’organisation terroriste arrêtés en 1999 sur base d’une loi réformée en 2005 est vraiment bidon. »

    Ces propos tenus en langue turque par l’ambassadeur Fuat Tanlay contrastent sensiblement avec son style plus diplomatique utilisé dans une carte blanche publiée par le quotidien bruxellois Le Soir. L’ambassadeur turc, qui était présent à l’audience le 25/05/09 lors de la reprise des débats devant la Cour d’appel, se contentait en français de préciser certains faits à l’attention de l’opinion publique belge « quelle que soit la décision de la Cour d’Appel de Bruxelles en l’affaire« .

    Parmi les éléments constitutifs d’un acte terroriste, l’ambassadeur de Turquie rappelle pourtant lui-même que « le terrorisme, par définition, n’existe que s’il est accompagné de propagande » et que « c’est par son annonce et son explication à l’opinion publique qu’un acte violent quelconque peut devenir un acte terroriste. L’acte violent en soi ne suffit pas. On ne peut dissocier ceux qui posent les bombes de ceux qui expliquent pourquoi les bombes ont été posées. Les derniers sont aussi complices du crime terroriste. Il suffit de se rendre compte du soin apporté à la médiatisation des attentats, même ceux qui échouent, par les organisations terroristes. Or aujourd’hui, on le sait, la propagande et les actes terroristes sont souvent faits dans des pays différents.«

    Compte tenu de cette acception, il convient de savoir s’il y a lieu ou non d’ouvrir une quelconque instruction judiciaire à l’encontre du diplomate turc en poste à Bruxelles au motif qu’il a « annoncé » ou « incité » la population à commettre des attentats terroristes contre la Belgique. Le Parquet fédéral n’a pas encore communiqué à ce sujet.

    A noter que ce n’est pas la première fois que Fuat Tanlay tient des propos très agressifs en turc envers les autorités belges. Lors d’un entretien publié le 21/04/07 par le quotidien Hürriyet, l’ambassadeur turc accusait le bourgmestre de Saint-Josse, Jean Demannez (PS), d’encourager le terrorisme du PKK et le séparatisme ethnique tout en lui interdisant d’utiliser les termes de « Turcs, Kurdes, Arméniens et Assyriens » car cela encouragerait la division ethnique. Le bourgmestre socialiste lui avait répondu, en envoyant copie de sa correspondance au gouverneur, au SPF Intérieur et SPF Affaires étrangères, pour dénoncer un cas d’ »ingérence » de la part d’un représentant d’un Etat étranger.

    Source : Parlemento, 20 jui 2009

    Tags : Belgique, Turquie, terrorisme, PKK, Fuat Tanlay,

  • Le colonialisme et le néocolonialisme

    On peut faire l’hypothèse qu’il existe une relation entre colonisation et sous-développement puisque les pays jadis colonisés sont les les plus pauvres de la planète

    Par Guy Bajoit

    S’il faut commencer par parler du colonialisme, c’est parce que les pays qui furent colonisés sont, encore aujourd’hui, à quelques rares exceptions près, les pays les plus pauvres de la planète. On peut donc, au moins, faire l’hypothèse qu’il existe une relation entre colonisation et sous-développement. Je me limiterai ici, aux grandes étapes de l’histoire coloniale et post (ou néo) coloniale, au cours des cinq derniers siècles.

    L’hégémonie du Portugal et de l’Espagne

    Déjà, ce sont les besoins de l’économie des pays les plus puissants, combinés avec la conjoncture politique du moment, avec les découvertes scientifiques et, bien sûr, avec beaucoup d’audace, d’imagination et de chance, qui expliquent la découverte et la colonisation de ce que l’on a appelé « l’Amérique ». Les bourgeoisies du sud de l’Europe avaient grand besoin de développer le commerce, surtout avec l’Asie (la Chine, les Indes) : elles cherchaient des épices, des soieries et surtout des métaux précieux. Mais il fallait, pour cela, faire la concurrence aux Vénitiens et aux Génois, et s’arranger avec les Turcs, qui contrôlaient le Moyen-Orient. Les Portugais et les Espagnols cherchèrent donc une voie maritime pour se rendre en Asie : les premiers en contournant l’Afrique (dès 1485 et surtout, à partir de 1497, avec Vasco de Gama) ; les seconds, en naviguant vers l’Ouest (dès 1492, après le succès de Christophe Colomb). Or, justement, les progrès de la navigation (connaissances géographiques, pilotes expérimentés, bons bateaux — la caravelle, le galion — et nouveaux instruments comme l’astrolabe nautique et l’arbalète) rendaient possible de tels projets. Le Portugal et l’Espagne financèrent de nombreuses expéditions, qui aboutirent à trouver un continent qu’ils ne cherchaient pas puisqu’ils ignoraient son existence. Et Christophe Colomb put réaliser pleinement les promesses de son nom : il porta le Christ (Christophe) en terre colonisée (Colomb) !

    Dès 1493, mais surtout en 1494, avec le Traité de Tordesillas, le Pape Alexandre VI (un Espagnol) confirme le partage du « nouveau monde » entre le Portugal et l’Espagne. Et la colonisation commence : les populations indigènes sont christianisées, mais aussi réduites au servage dans les encomiendas ; des tonnes d’or et d’argent (les mines de Potosí produisent, à elles seules, cinq fois plus d’argent que toute la production européenne) sont ramenées à Séville par les galions espagnols ; les guerres, les maladies et les conditions de travail déciment la population autochtone (elle serait passée de 80 à 10 millions au cours du XVIe siècle) ; la traite des noirs, à laquelle prennent part non seulement les Portugais et les Espagnols, mais aussi les Français, les Anglais et les Hollandais, introduit une main-d’œuvre nouvelle ; des populations d’origine européenne vont y chercher fortune.

    Cette « œuvre » coloniale fut légitimée par la christianisation. L’Église, après avoir douté de l’humanité des « indiens » (voir la controverse de Valladolid, où Bartolomé de las Casas plaida leur cause), admit qu’il s’agissait bien d’hommes et de femmes, et, par conséquent, justifia l’entreprise par son devoir de sauver leurs âmes, de lutter contre leur idolâtrie, leur ignorance, leur infantilisme et contre les sacrifices humains ! Ils étaient hommes, c’était entendu, mais d’un niveau inférieur : il y a, pensait-on, des hommes que Dieu à condamnés à rester esclaves, qui sont serviles par nature ! S’ils manifestaient quelque résistance (ce qu’ils ont fait), la guerre ne pouvait être que juste : c’était pour leur bien… Pour ceux que ces arguments ne convainquaient pas, on en invoquait d’autres : le droit de chacun de circuler et de s’établir partout sur la terre, la propriété commune des richesses naturelles (du sol, du sous-sol et de la mer)… Dès le départ, l’Espagne et le Portugal se heurtèrent à la concurrence des Anglais, des Hollandais et des Français, les puissances montantes de l’époque qui, elles aussi, se mirent à chercher une route vers l’Asie, et des territoires pour promouvoir leurs activités commerciales.

    L’or et l’argent faciles, provenant du pillage de l’Amérique du Sud, a permis à la noblesse espagnole et portugaise de vivre dans le luxe, en achetant, notamment, des produits fabriqués dans d’autres pays européens et, paradoxalement, chez ses rivaux. La hausse des prix stimula fortement l’économie, surtout anglaise, hollandaise et française. On le sait, Marx a vu dans cette dilapidation, l’origine de ce qu’il appelait « l’accumulation primitive du capital », qui a été l’une des conditions de l’essor du capitalisme industriel, mettant fin à l’hégémonie des Espagnols et des Portugais et consacrant, du même coup, celle des Anglais et des Français.

    Après environ trois siècles de résistance contre ces puissances montantes et de lutte contre des rébellions internes à leurs colonies, l’Espagne et le Portugal durent lâcher prise. Des mouvements de décolonisation, conduits par des dirigeants créoles, aidés par des Européens, finirent par l’emporter, et, au début du XIXe siècle (vers 1810-1830), les États latino-américains se constituèrent, et jouirent, au moins formellement, de leur indépendance politique, et de l’aide « protectrice » de leurs nouveaux « amis » (l’Angleterre, la France, et plus tard, les États-Unis).

    L’hégémonie de la Grande Bretagne et de la France

    Leur rivalité avec les Espagnols et les Portugais mena les Anglais, les Français et les Hollandais, au moins en partie, vers d’autres rivages : le nord du nouveau continent, que l’on appelait maintenant l’Amérique, ainsi que l’Afrique et l’Asie. Ils bourlinguaient depuis longtemps sur toutes les mers du monde, mais n’avaient pas, à proprement parler, installé de colonies. Ils avaient plutôt coutume d’établir des comptoirs, comme l’avaient fait aussi les Portugais, sans pénétrer profondément dans les terres, se limitant à installer des ports et à faire du commerce. Ils confiaient cette activité à des « compagnies à charte » (chaque pays avait la sienne : par exemple les Compagnies des Indes). Bien sûr, les comptoirs constituaient bien une forme de colonisation, mais très limitée, si l’on considère les méthodes des Espagnols en Amérique latine, et celles que pratiqueront ensuite les autres puissances européennes.

    En Amérique du Nord, les Français et les Anglais rivalisèrent, entre eux et avec les « Indiens », pendant au moins un siècle (de la moitié du XVIIe jusqu’en 1763), pour s’approprier des territoires. Les Français arrivèrent les premiers : après les expéditions de Jacques Cartier (1534-1536), Samuel de Champlain, le père de la Nouvelle-France, fonda la ville de Québec (1608) et quelques colons commencèrent à s’installer dans la vallée du Saint-Laurent. Leurs commanditaires, cependant, furent déçus : ils cherchaient une route vers l’Asie, des métaux précieux et ils trouvèrent des fourrures, du poisson et un climat plutôt hostile ! Un peu plus bas, les Anglais s’installèrent d’abord en Virginie (1607) et en Nouvelle-Angleterre (1620 : le Mayflower). Un siècle et demi plus tard, ils occupaient de nombreuses colonies, qui se répartissaient sur toute la côte Est du sous-continent et, déjà, à l’intérieur des terres, sur la moitié Est des États-Unis et du Canada actuels. Après quelques décennies de querelles et de guerres locales, les Anglais s’imposèrent et éliminèrent les Français (Traité de Paris, 1763).

    Néanmoins, les colons, d’origine anglaise principalement, jugèrent que la pression fiscale exercée par la Couronne britannique était excessive. Ils commencèrent à s’organiser pour revendiquer leur indépendance. Ils l’obtinrent, après plusieurs affrontements violents, et avec l’aide de l’armée française (victoire de Yorktown, 1781). À l’exception du Canada (qui gagna progressivement son autonomie par rapport à l’Angleterre et ne fut vraiment indépendant qu’après la Première Guerre mondiale) et de quelques autres petits territoires, on peut dire qu’au cours des trois premières décennies du XIXe siècle, le continent américain — les États-Unis d’abord, les pays latino-américains ensuite — se libérèrent de la colonisation, au moins formellement (car, dans les faits, les Anglais, principalement, prirent la relève des Espagnols et des Portugais en Amérique Latine). La colonisation se poursuivit donc sous d’autres latitudes : en Asie, en Afrique, et dans le monde arabe, sous l’égide de la Grande-Bretagne, de la France et, secondairement, de quelques autres pays européens.

    Les Anglais surtout construisirent un empire colonial énorme : « Vers 1914, alors que le Royaume-Uni compte 45 millions d’habitants, regroupés sur 310 mille kilomètres carrés, il régit le destin d’une Inde peuplée de 322 millions d’habitants et vaste de ses 5 millions de kilomètres carrés, gouverne directement soixante colonies dépendantes, peuplées de 5,2 millions d’habitants dispersés sur plus de 8 millions de kilomètres carrés et conserve des droits étendus dans cinq dominions, où 24 millions d’hommes, la plupart de race blanche, occupent 19 millions de kilomètres carrés » [1]. Cet empire comportait principalement le Canada, l’Inde, l’Australie et pratiquement tout l’Est de l’Afrique (une continuité territoriale s’étendant du nord au sud du continent, de l’Égypte à l’Afrique du Sud). Il s’agrandit encore, après le premier conflit mondial, lorsque certaines possessions coloniales allemandes (Traité de Versailles, 1919) et une partie de l’Empire ottoman furent confiées à la Grande-Bretagne.

    Bien que plus modeste, l’empire colonial français fut lui aussi très vaste. En Afrique du Nord, la conquête de l’Algérie, commencée en 1830, se heurta à la résistance du sultan Abd-el-Kader, qui dura jusqu’en 1847 ; la Tunisie devint protectorat en 1883 ; le Maroc, très disputé par les autres puissances, ne le devint qu’en 1912. « En 1914, l’influence française s’étend à l’Afrique du Nord […], à l’Afrique occidentale et à l’Afrique équatoriale placées sous l’autorité de gouverneurs, à l’Indochine (Cochinchine, Annam, Tonkin, Cambodge, Laos) […], à Madagascar, aux Antilles, à l’Océanie et aux comptoirs de l’Inde » [2]. Comme les Britanniques, les Français profitèrent du dépècement de l’empire ottoman et de la fin de la colonisation allemande.

    D’autres pays européens participèrent, beaucoup plus modestement, à la colonisation : la Belgique eut le Congo (qu’elle considérait comme sa dixième province, 86 fois plus grand qu’elle !), puis le Ruanda-Urundi ; l’Italie eut la Libye et l’Éthiopie (qu’elle arracha de haute lutte en 1936) ; la Hollande, qui avait participé à la première phase de la colonisation (avec ses compagnies à charte et ses comptoirs), participa aussi à la seconde, avec l’Indonésie et la Guyane ; il en fut de même pour l’Espagne, qui eut une partie du Maroc et du Sahara, et pour le Portugal, qui garda l’Angola, la Mozambique et les Îles du Cap Vert jusqu’en 1974.

    La course aux matières premières et aux produits alimentaires était la raison principale de cette seconde phase : le développement du capitalisme industriel en Europe occidentale en avait le plus grand besoin. Mais il fallait aussi trouver des débouchés pour investir des capitaux et des marchés pour les produits de l’industrie. En outre, au tournant du XXe siècle, de nombreux émigrants européens cherchaient à s’installer ailleurs pour fuir le chômage et la pauvreté.

    Le régime dit « de l’exclusif » s’imposait : chaque métropole s’assurait le monopole du commerce avec ses colonies. Seuls les Anglais étaient un peu plus souples que les autres dans l’application de cette règle : ils pouvaient se le permettre parce qu’ils craignaient moins la concurrence, étant donné les performances de leurs industries. Déjà, entre colonisateur et colonisé, la division du travail s’appliquait : les colonisés devaient se contenter de produire des matières premières (du coton, par exemple), alors que les métropoles se réservaient les produits manufacturés (comme le tissu). Toute tentative d’une colonie pour produire et vendre des produits finis était systématiquement détruite, par n’importe quel moyen (l’Inde et l’Égypte l’apprirent à leurs dépens), afin d’éviter toute concurrence avec l’industrie européenne.

    La justification idéologique de cette seconde étape de l’entreprise coloniale ne se faisait plus tellement au nom de la christianisation (même si cette préoccupation ne fut pas oubliée), mais plutôt au nom de la civilisation moderne : il s’agissait d’apporter la culture et la technologie à des populations arriérées, ignorantes et souvent barbares, et de leur apprendre, (très) progressivement, à se gouverner seules.

    L’hégémonie des États-Unis et de l’Union Soviétique

    Le régime colonial européen dura jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci, en effet, modifia fondamentalement la répartition des cartes de l’hégémonie entre les États : les Soviétiques avaient gagné la guerre sur le front de l’Est et les États-Unis, avec l’aide des Alliés, l’avaient gagnée sur le front de l’Ouest ; tous les autres États, notamment la France, n’avaient plus qu’à reconnaître, modestement, ces faits. La Conférence de Yalta (1945) réunit donc les vainqueurs — Staline, Roosevelt (puis Truman) et Churchill — et confirma l’hégémonie des deux nouvelles puissances.

    Fondamentalement, les nouveaux maîtres du monde avaient besoin, pour l’expansion de leur économie, de briser les frontières des marchés exclusifs instaurés par les métropoles coloniales européennes, et de construire des zones d’influence, aussi vastes que possible. Puisqu’ils étaient deux prétendants à vouloir se partager le monde, leur entente initiale n’a pas tardé à se dégrader et fut bientôt remplacée par les relations tendues, que l’on a appelé guerre froide. Ils se partagèrent d’abord l’hégémonie sur les pays européens, qu’ils venaient de libérer du fascisme : un rideau de fer et, à Berlin, un mur séparèrent le monde de l’Est de celui de l’Ouest. L’ingérence était pratique courante. Elle passait par des pressions économiques, politiques et militaires : plus négociées à l’Ouest (le Plan Marshall, les investissements des multinationales, la participation à l’Otan) ; plus imposées et, au besoin, violentes, à l’Est (Pacte de Varsovie, Comecon, interventions à Berlin, Varsovie, Budapest, Prague…).

    Dans le « troisième » monde (que l’on commençait à appeler le tiers monde), la constitution de zones d’influence passait par la destruction du système colonial européen. Le but des États-Unis et de l’URSS fut donc de favoriser les indépendances nationales des pays colonisés, comme le voulait déjà, après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations, et comme l’avait confirmé, après la Seconde, l’ONU. L’heure était à la décolonisation, et de nombreux dirigeants politiques du tiers monde ont su saisir cette occasion historique. Dès la fin des années 1940, l’Indonésie, l’Inde, la Chine lancèrent le processus de libération nationale, qui fut suivi, dans les années cinquante, par plusieurs autres pays, surtout asiatiques et arabes, et qui se généralisa au cours de la décennie suivante. Parfois, le processus se déroula sans trop de heurts (le cas du Congo belge, par exemple) ; d’autres fois, l’ancienne métropole résista longtemps et il fallu arracher l’indépendance par la lutte armée (le cas de l’Algérie, notamment).

    Dans beaucoup de pays du tiers monde, les grandes puissances réussirent à s’allier avec des dirigeants nationaux qui contrôlaient fermement le pouvoir et se situaient clairement dans l’un ou l’autre camp ; parfois cependant, le contrôle du pouvoir resta incertain, passant d’un camp à l’autre, avec des guerres civiles incessantes ; certains encore tentèrent, avec des succès très divers, de rester neutres (le mouvement des non-alignés), de jouer sur la rivalité entre les puissances, avec l’aide des anciennes métropoles.

    Il s’ensuivit la mise en place d’un « nouvel ordre politique et économique international ». On a dit de cet ordre qu’il était néocolonial, parce que, dans beaucoup de cas, l’indépendance des nouveaux États était plus formelle que réelle. Même si le discours disait exactement le contraire, le système reposait, en effet, sur l’ingérence, dont le but était de mettre au pouvoir des « amis », et de les aider à s’y maintenir (notamment par une coopération militaro-industrielle), en éliminant les forces contraires. Outre l’ingérence politique, cet ordre reposait aussi sur l’endoctrinement idéologique et, bien entendu, sur la dépendance économique.

    L’endoctrinement consistait à convaincre les populations de ces nouvelles nations de la légitimité de cet ordre. Après avoir voulu les christianiser, on a voulu les civiliser, et voici que maintenant, on voulait les développer, c’est-à-dire les industrialiser, en les modernisant. Mais, pour atteindre ce but, chaque camp imposait sa méthode, son modèle : le capitalisme versus le communisme. Les courants d’opposition étaient étroitement surveillés par des services de sécurité (aidés soit par la CIA, soit par le KGB), et plus ou moins durement réprimés.

    Malgré les beaux discours sur le développement et l’industrialisation, la dépendance économique a été généralement maintenue par les grandes puissances, avec l’aide de leurs « complices » locaux souvent corrompus. Rares sont les États qui ont réussi à y échapper : il fallait, pour cela, des circonstances exceptionnelles, comme celles que connaissent la Corée du Sud ou Taiwan, à cause de leur position géostratégique. La coopération, même quand elle a été conçue et réalisée avec les meilleures intentions, n’a pas suffi à relever un tel défi. On peut même penser qu’une partie de cette aide (pas toute, heureusement) a surtout servi à huiler les engrenages de ce système, et ce, de plusieurs manières : soit en facilitant les transferts du Sud vers le Nord (pour rembourser les dettes, pour rapatrier des bénéfices, pour importer des produits manufacturés) ; soit en ouvrant la voie aux investissements des multinationales ; soit encore en favorisant le maintien au pouvoir de dirigeants locaux complices (dépenses de répression, de prestige) ou même, en s’en servant pour les corrompre. Ce n’est donc pas sans raison que l’on a dit de cet impérialisme qu’il était « néocolonial » : il reprenait et poursuivait, ce qui avait fait l’essence du colonialisme.

    Certains s’étonneront de nous voir traiter de la même manière la domination des États-Unis et celle de l’URSS. C’est que, même si chaque puissance avait évidemment sa manière de mener ses relations avec les nouveaux États, l’idée centrale était la même : constituer, grâce à une ingérence politique et militaire, une zone d’influence, économiquement exploitable et/ou stratégiquement utile, en maintenant dans la dépendance des gouvernements et des peuples étrangers. Que les uns aient fait cela au nom du capitalisme et les autres au nom du communisme n’y change, tout compte fait, pas grand-chose !

    La domination des grandes organisations supranationales

    Le système néocolonial que nous venons de décrire est encore bien vivant. Pourtant, depuis la fin de l’empire soviétique, il est en train de changer suffisamment pour que l’on puisse déjà augurer de la mise en place d’un nouvel ordre politique et économique mondial. Voyons cela de plus près.
    Après quarante ans de rivalité, de guerres indirectes, l’URSS s’effondre, les États-Unis triomphent, et du même coup, ils imposent au monde entier la légitimité de leur modèle, le capitalisme néolibéral. Toutefois, pendant la même période, beaucoup d’autres choses ont changé, qui concernent notre propos. Nous observons trois mouvements de fond.

    • Premier mouvement : l’organisation d’un système dans lequel les acteurs qui exercent l’hégémonie ne sont plus (ou en tout cas, plus seulement) des États, où la base territoriale d’exercice de l’hégémonie n’est plus la nation et où le droit d’ingérence est de plus en plus reconnu. Beaucoup d’organisations internationales (les Nations Unies et toutes les instances qui en dérivent ; le FMI ; la Banque mondiale ; l’OMC ; les unions économiques et politiques régionales, etc.), cherchent à imposer leurs décisions à toutes les nations du monde ou, tout au moins, à une grande partie d’entre elles. Ces organisations cherchent à faire prendre aux États nationaux des engagements qu’ils doivent respecter (même s’ils se font parfois tirer l’oreille) et qui réduisent leur autonomie de décision : après d’innombrables tractations, ils ont signé une multitude de chartes, d’accords, de règlements… Progressivement, un droit et une jurisprudence se constituent ; des tribunaux internationaux interviennent dans les affaires intérieures des États nationaux et prononcent des jugements, des condamnations auxquelles ceux-ci sont obligés de se plier. Peu à peu – avec peine il est vrai, car c’est sans doute le niveau le plus difficile –, on observe des tentatives visant à mettre en place une force militaire agissant au niveau mondial.

    • Second mouvement : le phénomène de mondialisation des échanges économiques, selon la logique néolibérale. Les barrières économiques qui protégeaient les nations s’affaiblissent ou tendent à disparaître ; le commerce international s’accroît ; les investissements directs étrangers sont en pleine expansion ; le volume des transactions financières augmente de façon effrénée ; les coûts de transport se réduisent de plus en plus ; les nouvelles technologies dans le domaine des communications se diffusent partout ; les informations circulent avec une très grande fluidité sur toute la surface du globe…

    • Troisième mouvement : le déplacement vers les pays du Sud de certaines des activités du capitalisme industriel. On peut penser que ce déplacement est une des conséquences du passage des pays du Nord à une nouvelle étape du développement technologique et économique. En effet, leur nouveau modèle repose plus sur l’accumulation de profits commerciaux que sur l’extraction de la plus-value du travail, du moins, celle de leurs propres travailleurs. Il est donc vital que cette plus-value salariée soit produite ailleurs. Du coup, les pays du Sud et de l’Est sont invités, par les grandes organisations du pilotage économique mondial, à s’industrialiser. Quelques-uns semblent être en bonne voie : la Russie, certains anciens satellites de l’URSS, les « dragons » asiatiques, la Chine, l’Inde, le Brésil et certains pays d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient. Pour piloter cette évolution – entendez, pour imposer cette nouvelle division du travail –, il n’y a plus qu’un seul modèle : le néolibéralisme, installé dans les pays dépendants à grands coups d’ajustements structurels.

    Ces trois mouvements essentiels indiquent clairement, nous semble-t-il, qu’un nouveau mode d’exercice de l’hégémonie est en train de se mettre en place. Il ne repose plus sur la base territoriale des nations, mais bien sur des réseaux d’échange d’informations et de capitaux, contrôlés par des organisations internationales et par les États les plus puissants (G8). Quant aux légitimations idéologiques, elles suivent cette évolution. Après la christianisation, la civilisation et le développement, c’est maintenant au nom de la lutte contre la pauvreté et contre le terrorisme que les pays hégémoniques prétendent imposer leurs vues. Le développement est peu à peu remplacé par l’aide alimentaire, et le terrorisme prend la place du communisme pour former le nouvel « axe du mal ». Ainsi, quand on bombarde l’Afghanistan pour en chasser les Talibans, des avions y déversent aussi des rations alimentaires !

    De la même manière que, jadis, le Nord avait intérêt, pour mieux justifier le colonialisme, à croire et à faire croire à la répugnante impiété et à la monstrueuse barbarie des peuples du Sud, aujourd’hui il a intérêt à croire et à faire croire que le Sud constitue pour le Nord une épouvantable menace terroriste. Après avoir inspiré la pitié, voici que les pauvres font peur : on ne peut pas laisser traîner des « armes de destruction massive » en Irak, ni laisser l’Iran ou la Corée du Nord fabriquer tranquillement la bombe atomique ! Ainsi, au nom de la répression, soigneusement légitimée, dudit terrorisme, les États impérialistes peuvent, en invoquant la démocratie et les droits de l’homme, justifier toutes leurs ingérences dans les pays du Sud. Et, du même coup, créer dans le Sud exactement les conditions qui… y font progresser plus de terrorisme encore ! Car il est évident que la manière dont les Etats-Unis, la Russie, la Chine ou Israël gèrent la menace terroriste ne fait que la renforcer en Afghanistan ou en Irak, en Tchétchénie, au Tibet ou en Palestine ! Remarquable mystification idéologique (on cache des intérêts sordides derrière des idéaux pleinement légitimes) et cercle terriblement vicieux : les États hégémoniques entretiennent ou accentuent un phénomène néfaste, qu’ils ont intérêt à maintenir pour pouvoir le réprimer, et du même coup, justifier leurs ingérences à finalités économiques ou politiques. Cependant, rien de nouveau sous le soleil : les Espagnols et les Portugais faisaient déjà cela avec le « nouveau Monde » !
    par Guy Bajoit

    [1] Encyclopaedia Universalis, vol. 4, 1993 p. 547.

    [2] Encyclopaedia Universalis, vol. 9, 1993, p. 846.

    Source: Iteco.be

    Tags : Colonialisme, colonisation, décolonisation, guerre froide, impérialisme, ressources naturelles,

  • Maroc : Quand un WikiLeaks marocain déshabillait le Makhzen

    Le WikiLeaks marocain « déshabille » le Makhzen

    COMPLAISANCE AVEC ISRAËL, TRAFIC D’INFLUENCE, VERITABLES AGISSEMENTS AU SAHARA OCCIDENTAL…

    Walid AIT SAID

    Des transferts de fonds illégaux du clan Alaoui font également partie des révélations.

    Le «snowden» marocain a mis à nu les agissements du royaume qui est prêt à tout pour nuire à l’Algérie et continuer son processus de colonisation du Sahara occidental!

    Depuis le 3 octobre dernier, le Maroc a son WikiLeaks! En effet, «Chris_Coleman24» est un compte Twitter révélant des documents confidentiels, qui fait sensation sur le Web. Il vise, notamment, des responsables de la diplomatie marocaine et la Dged (les services de contre-espionnage marocain, Ndlr). Ce Julien Assange marocain révèle, documents à l’appui, les pratiques machiavéliques du Makhzen. Du trafic d’influence jusqu’à la complaisance avec Israël, rien n’arrête le royaume pour nuire à l’Algérie et continuer son processus de colonisation du Sahara occidental.

    «Chris_Coleman24» nous révèle par exemple, dans un document publié lundi dernier, la collaboration marocaine avec l’entité sioniste. Il publie des échanges d’e-mails entre des responsables marocains et israéliens sur une demande de survol de l’espace aérien marocain. Chose qui a naturellement été acceptée et cela afin de permettre à l’Etat sioniste d’espionner l’ennemi commun qui est… l’Algérie. Chose que confirme le Makhzen dans un tweet avec un faux compte. «Le Maroc doit collaborer avec Satan si nécessaire pour garantir ses intérêts supérieurs et neutraliser ses ennemis de l’Est», est-il posté par ce compte du Makhzen.

    Le WikiLeaks marocain révèle également la coopération existant entre la Dged (Direction générale des études et de la documentation) et les services secrets israéliens. Une délégation du Mossad serait venue au Maroc sur invitation de la Dged. En guise de preuve, Coleman a publié deux copies de passeports israéliens. Pour appuyer ces propos sur les liens intimes liant le Maroc et Israël, Chris Coleman, révèle l’information qui fait état d’un dépôt de plainte du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre tous les pays arabes…sauf le Maroc!

    Le trafic d’influence mené par le Maroc pour acheter des soutiens dans sa colonisation du Sahara occidental est également mis à nu. Tout en faisant part des états de crispation entre Rabat et l’ONU (et l’envoyé personnel de Ban Ki-moon, le médiateur de ce conflit, Christopher Ross), voire même de certaines tensions avec l’administration Obama, Coleman sort des correspondances bancaires et des fac-similés de pièces d’identités qui démontrent ce trafic d’influence. Certaines correspondances montrent que des responsables marocains ont soudoyé des diplomates et des journalistes étrangers, dont des Français, pour qu’ils défendent avec vigueur la position de Rabat concernant la question du Sahara occidental.

    La Dged a même monté de faux sites Internet d’information algériens. Il est aussi mis en lumière le financement du lobby pro-marocain aux Etats-Unis et en France tel que le think tank Global Intelligence Partners, qui est qualifié «d’arrière-boutique de la Dged». Ce compte tweeter démontre aussi comment le Maroc pille les ressources naturelles du peuple sahraoui et précise qu’il [le Maroc, ndlr] livre gracieusement des phosphates à plusieurs pays de la Caraïbe et du Pacifique en échange d’un soutien sur le dossier du Sahara occidental.

    Les malversations du ministre des Affaires étrangères marocains sont montrées noir sur blanc. Le secrétaire général du Rassemblement national des indépendants a «engagé la société McKinsey pour réaliser une étude destinée à relancer l’économie marocaine». Le cabinet de conseil américain emploie, selon Coleman, la fille du responsable de la diplomatie marocaine, ce qui permettrait «des versements de commission» pour une étude qui «coûtera certainement aux contribuables marocains des millions de dollars».

    Des transferts de fond illégaux du clan Alaoui font également partie des révélations. Tout comme les relais marocains à l’étranger, notamment en France. Un bâtonnier français exerçant à Paris est présenté comme l’avocat «particulier» du Makhzen. Il s’occuperait de toute la sale besogne du royaume… Les Marocains n’ont pas réagi officiellement à ces graves révélations, mis à part leur chef de la diplomatie qui est tombé dans son délire habituel, accusant Alger d’être à l’origine de ces fuites.

    Néanmoins, le Makhzen tente d’attaquer Coleman sur son propre terrain c’est-à-dire la Toile en créant de faux comptes qui l’accusent de distiller de faux documents. Il tente de toucher à sa crédibilité. Toutefois, «Chris_Coleman24» a intelligemment prouvé la véracité de ces documents en publiant la base de données du personnel du ministère des Affaires étrangères. La liste de tous les fonctionnaires de ce ministère, diplomates, agents techniques et employés, etc., avec leurs noms, prénoms, date de naissance, état civil, nombre d’enfants, matricules, numéros de la carte d’identité nationale et date de recrutement, ont été rendus publics. Même des fonctionnaires, dont des ambassadeurs, partis en retraite, sont signalés. Une manière donc de répondre au Palais. Et de lui promettre que les révélations ne font que commencer… Affaire à suivre!

    L’Expression, 10 – 12 – 2014

    Tags : Maroc, Chris Coleman, Sahara Occidental, lobbying,

  • Maroc : Marie-Claire célèbre le 18ème anniversaire du mariage de Lalla Salma

    Salma Bennani, 18 ans après son mariage avec Mohamed VI

    La vie de Lalla Salma est pleine de clair-obscurs typiques d’une monarchie opaque comme celle du Maroc

    Marie Claire, 21/03/2020

    Ce samedi 21 mars marque le 18e anniversaire du mariage entre Mohamed VI, roi du Maroc, avec une jeune roturière nommée Salma Bennani, orpheline de mère, élevée sous la baguette de sa grand-mère, Fatima, dans la ville de Fès. Leur mariage a été une révolution, non seulement dans son pays, mais dans le monde arabe, en raison de nombreux ingrédients qui vont bien au-delà de la condition de la jeune femme.

    Le fait que l’élu était un roturier était un sujet de débat dans le royaume alaouite. La cour et les monarchistes les plus conservateurs n’ont pas compris que le jeune roi n’optait pas pour une femme de la famille traditionnelle, de la classe dirigeante et influente du pays. Une femme préparée pour le monde du travail occidental, mais pas pour occuper le trône avec un roi. Et la nouveauté y résidait également. Mohamed VI a accordé à son épouse un agenda et un statut qu’aucun autre consort marocain n’avait. Salma a cessé d’être l’une des femmes du roi – jusqu’à Hassan II, les rois du pays jouissaient d’un harem – pour être la princesse Lalla Salma du Maroc, avec le titre et le traitement d’altesse royale.

    Salma a vécu 10 ans de splendeur. En 2003, elle a donné naissance à son premier fils et héritier du trône, Moulay Hassan, et en 2007, la deuxième fille du couple, Lalla Khadija, est née, dont elle est très proche. Jusqu’en 2012, elle a été le visage vivant de la modernisation du pays, des réformes imposées sous le commandement de son mari. Avec son propre programme, Lalla Salma a ouvert des hôpitaux, des écoles, des ONG et est même allée jusqu’à représenter son mari à l’étranger lors de mariages, d’événements institutionnels et même dans des cérémonies d’investiture de présidents. Son style, respectant toujours les traditions de son pays, a été salué par les grands titres de la mode dans le monde. Tout semblait aller pour le mieux, jusqu’à ce que la presse se fasse l’écho des problèmes que le mariage avait traversés et de la cage dorée dans laquelle vivait la princesse.

    Ennemi numéro 1 de la cour

    La cour alaouite n’a jamais compris le choix de leur roi. Bien qu’au Maroc, les monarques soient vus et traités comme des dieux, représentants vivants d’Allah sur terre, nombreux sont ceux qui ont été contrariés par l’entrée de la roturière au palais de Rabat. Les sœurs du roi ne l’ont pas non plus accueillie. Dès le début de son mariage, Salma a dû naviguer dans des eaux hostiles. Elle était l’ennemi numéro un d’une cour de moins en moins influente, très opposée aux mesures occidentales prises dans le pays.

    De 2012 à 2017, le mariage n’a fait que survivre difficilement. Cela n’a pas empêché la princesse d’être isolée. Nombreuses sont les fois où elle alterna avec les reines d’Espagne, Sofia et Letizia, celles de Jordanie, Noor et Rania, ainsi que le reste des têtes royales d’Europe. C’était son dernier chant de cygne. En 2018, les Marocains se sont réveillés avec une photo de toute la famille royale à Paris, dans une chambre d’hôpital, faisant un Mohamed VI optimiste mais malade. Ils étaient tous là: enfants, sœurs … tout le monde sauf Salma.

    Cela a été interprété comme un divorce consommé ou en instance. Dès lors, celle qui était une jeune roturière ayant du pouvoir au palais a disparu de la vie publique et s’est retrouvée sans agenda. En 2019, après près de deux ans d’ostracisme, Salma est réapparue en visitant un marché aux puces avec sa fille, Lalla Khadija. L’année se terminerait par une déclaration du roi et de la princesse niant qu’il y ait eu un problème entre eux concernant la garde de leurs enfants, chose très étrange étant donné que le divorce n’a jamais été confirmé. Cependant, toutes les questions restent sans réponse: où vit la princesse, quel genre de vie elle mène et quel avenir l’attend en tant qu’ancienne épouse du roi qui continue de faire de l’opacité son mode de vie.

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