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  • Algérie : Abdelaziz Djerad veut regagner la confiance du peuple

    Le nouveau Premier ministre Abdelaziz Djerad aura certainement la lourde tâche de rétablir la confiance qui se trouve en rupture entre le peuple et son gouvernement depuis plusieurs années.

    D’ailleurs, en tant que politologue, Abdelaziz Djerad a eu déjà s’exprimer sur la crise que traverse le pays, en estimant nécessaire «la levée des verrous constitutionnels qui empêchent la satisfaction des revendications du Hirak» et «la mise en place de mécanismes permettant l’organisation d’une élection ouverte». Il était également contre le maintien du gouvernement Bedoui.

    Aussitôt après sa nomination, le nouveau Premier ministre affirme vouloir regagner la «confiance» du peuple algérien. Dans sa première déclaration, il a insisté sur la nécessité de «travailler ensemble pour relever les défis socioéconomiques auxquels se heurte le pays». «J’ai été reçu par le président de la République qui m’a chargé de former le gouvernement et je le remercie infiniment pour la confiance qu’il a placée en ma personne», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Nous sommes aujourd’hui devant un défi majeur qui consiste en le recouvrement de la confiance en notre société».

    Abdelaziz Djerad émet le souhait de travailler avec l’ensemble des compétences nationales, des cadres du pays et des citoyens et citoyennes en vue de «relever les défis socioéconomiques et sortir de cette période délicate que traverse notre pays.» «La situation que traverse le pays nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations»

    Selon de nombreux observateurs, l’Algérie, à travers ses différentes composantes sociales, ne sera plus jamais comme avant malgré quelques turbulences. Djerad a plaidé, à ce propos, pour un climat apaisé, du fait des importants défis économiques, sociales et géostratégiques qui attendent l’Algérie, saluant au passage la grande maturité de l’ANP et des forces de sécurité pour la protection des biens et personnes sans compter la défense des frontières. Dans ce sens, Tebboune s’était engagé à ouvrir de nombreux chantiers impératifs à l’édification d’une Algérie nouvelle et à la satisfaction des profondes aspirations du peuple.

    A travers son programme, Tebboune prône une nouvelle politique de développement hors hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale. Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement, notamment extérieur direct sont aussi prévus dans ce programme.

    Le chef de l’Etat avait, d’autre part, relevé que l’Algérie avait besoin en cette période délicate de classer ses priorités pour éviter des lendemains incertains, assurant que l’Etat «sera à l’écoute des aspirations profondes et légitimes de notre peuple au changement radical du mode de gouvernance et à l’avènement d’une nouvelle ère, fondée sur le respect des principes de la démocratie, de l’Etat de droit, de la justice sociale et Droits de l’Homme».

    Il avait également souligné que la situation que traverse le pays «nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations». Le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des Droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation

    Dans l’objectif de lever ces défis, «nous devons dépasser, le plus vite possible, la situation politique actuelle pour entamer l’examen des questions essentielles pour le pays, à travers l’adoption d’une stratégie globale fondée sur une vision politique claire à même de rétablir la confiance du peuple en son Etat et assurer sa mobilisation (peuple) afin de garantir sa stabilité et son avenir», a-t-il estimé, soulignant que cette stratégie vise à «restaurer l’autorité de l’Etat, à travers la poursuite de la lutte contre la corruption, la politique d’impunité et les pratiques relatives à la distribution anarchique des recettes pétrolières». Il avait, en outre, mis l’accent sur l’impérative relance du développement économique à travers de grands projets et infrastructures de base, en sus de l’encouragement de l’investissement productif, la diversification du tissu industriel à travers la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’activité économique créatrice de postes d’emploi.

    Dans cette perspective, Tebboune a souligné que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités. Parmi les points figurant sur sa feuille de route, le président de la République a cité la lutte contre la corruption et l’esprit de distribution anarchique de la rente. Rappelant ses engagements contractés durant la campagne électorale, le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des Droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation.

    Le chef de l’Etat se fixe également pour priorité de moraliser la vie politique et de restituer la crédibilité aux institutions élues à travers la révision de la loi électorale, notamment les conditions relatives à l’éligibilité. Sur un autre chapitre, Tebboune devrait prendre des mesures d’urgence pour sauver les entreprises algériennes en difficulté et, dans cette optique plus précisément, il a été interpellé récemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a mis l’accent sur la gravité de la crise économique qui s’est installée dans la plupart des filières en Algérie, notamment le BTPH, l’industrie pharmaceutique, les services, les TPE/PME. Selon lui, 60% du tissu économique algérien est sinistré avec plus de 650 000 emplois perdus dans les différents secteurs d’activités.

    Cette situation exige «un engagement de très haut niveau, rompre avec les pratiques du passé et écouter ce que la communauté d’affaires réclame», selon le FCE qui a invité le nouveau président à «porter un message d’espoir aux entreprises pour la préservation des postes d’emploi et le maintien du processus de création de richesse». Dans ce sens, il a plaidé pour des «actions courageuses destinées à réformer profondément l’ensemble de l’encadrement juridique de l’économie et à faciliter davantage l’acte d’investir, tout en associant les acteurs économiques dans la prise de décisions ».

    L’Echo d’Algérie, 1 jan 2020

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, gouvernement, Abdelaziz Djerad,

  • Algérie/Anarchie politique et Hirak populaire: « Un lourd héritage » sur le bureau de Tebboune (Analyse)

    AA / Alger / Abbès Mimouni

    Le président algérien, nouvellement élu, Abdelmedjid Tebboune, entamera ses fonctions avec comme lourd héritage sur son bureau une série de dossiers, au premier rang desquels figurent l’anarchie de la vie politique et la tension sociale générée par la dégradation des conditions de vie.

    Tebboune a fixé trois priorités sur lesquelles il commencera à travailler, immédiatement après son investiture, en l’occurrence, l’amendement de la constitution, la révision de la loi électorale et le rétablissement de la réputation de ceux qu’il a qualifié de « victimes de la Bande ».

    Le commandement de l’armée algérienne avait étiqueté, au début du mois d’avril dernier, de « Bande » les plus puissants parmi les hommes du régime du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, dont des hommes d’affaires, des chefs sécuritaires et des hommes politiques.

    Victorieux au premier tour de la Présidentielle avec 58,13%, Tebboune a prêté serment jeudi dernier.

    ** Organisation de la vie politique

    Le président élu a placé l’amendement de la présente constitution comme étant une des priorités de son programme électoral.

    Lors d’un point de presse animé, le samedi 14 décembre, Tebboune a dit qu’il discutera avec des universitaires et des spécialistes du droit constitutionnel le brouillon d’une profonde révision du texte de la Loi fondamentale. Le draft final sera soumis, a-t-il ajouté, à l’approbation populaire via un référendum qui sera organisé à cet effet.

    Tebboune n’a pas précisé la nature des changements qu’il envisage d’introduire sur le texte e la constitution. Néanmoins, il se dégage de son intention de soumettre cette révision au référendum populaire la possibilité de changer le régime de gouvernance de «présidentiel » voire « présidentialiste » actuellement à « semi-présidentiel », soit le retour à la formule d’un Chef de gouvernement avec de larges prérogatives, en remplacement d’un Premier ministre, coordinateur de l’appareil exécutif, ou encore au régime parlementaire.

    Tebboune avait déclaré, lors de la campagne électorale qu’il veut un discours qui réduit les larges prérogatives attribuées en vertu de l’actuelle Loi fondamentale au président de la République, et qui traite les déséquilibres existants entre les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire.

    Le dernier amendement de la Constitution algérienne date de l’année 2016. Cet amendement avait été approuvé par voie parlementaire seulement et non pas référendaire. Ledit amendement, qui n’a pas connu de modifications depuis, a renforcé les prérogatives du président de la République sans pour autant contenir des modalités de reddition de comptes ou de contrôle du chef de l’Etat dans l’accomplissement de ses missions.

    Le président algérien élu a annoncé, également, son intention de réviser la loi électorale, dans le but affiché de « consolider la séparation des mondes des affaires et de l’argent de celui de la politique ».

    Il a menacé d’infliger des sanctions exemplaires à l’endroit de « quiconque contre qui est prouvé l’achat de voix pour parvenir à occuper un poste élu », considérant que la prédominance de l’argent sur la pratique politique a privé les jeunes d’adhérer aux partis et d’occuper des fonctions, « dès lors que tout s’achète par l’argent», selon lui.

    ** Aménagement de la situation

    L’atelier politique qu’envisage de lancer le président algérien passera par l’aménagement des conditions nécessaires. Le premier défi auquel il fait face dans ce domaine consiste en le traitement réservé aux marches populaires qui se poursuivent chaque mardi et vendredi depuis plus de dix mois.

    Le Mouvement populaire a rejeté le processus électoral qui a acheminé Tebboune à la présidence de la République et insiste sur un changement radical du régime.

    De son côté, Tebboune a rassuré le Hirak dans un discours prononcé après sa victoire, en lançant : « Mon élection n’est pas un cinquième mandat. Rassurez-vous, il n’y aura pas de continuité de l’ancien régime ».

    Il a annoncé son intention de dialoguer avec le Mouvement populaire. Notre main, a-t-il dit, est « tendue au Hirak pour que l’on discute sans exclusion, pour que l’on s’écoute mutuellement, afin d’aboutir à ce qui sert les intérêts de l’Algérie nouvelle ».

    L’analyste politique, Abdelali Rezzaki, a estimé que les marches hostiles au maintien du régime actuel se poursuivront.

    Dans une déclaration faite à Anadolu, Rezzaki a souligné : « Le Hirak n’est pas un parti politique ou des associations structurées disposant de programmes. Il s’agit d’un Mouvement revendicatif de simples citoyens qui ont rejeté en bloc les cinq candidats, dès lors qu’ils sont considérés comme étant à la solde du régime ».

    Il a ajouté que les « protestataires veulent le départ du Chef du gouvernement Noureddine Bédoui et le président de la République, Abdelkader Ben Salah ainsi que la dissolution du Parlement avec ses deux chambres, composées de députés des partis qui ont soutenu Bouteflika ».

    « L’esprit du défi auprès des manifestants dans la rue est alimenté par certaines pratiques, telles que les pressions exercées par des éléments de la police, ce qui accentue leur détermination à manifester », a-t-il encore dit.

    De son côté, le sociologue Mohamed Kara prévoit une « baisse progressive des marches populaires et un retour à la vie normale ».

    Kara a indiqué à Anadolu que « l’Algérie dispose désormais d’un président de la République, élu par le peuple, dans un scrutin présidentiel dont rien n’a entaché la probité et la transparence et dès le début de l’application de son programme, cela se croisera avec les réclamations et aspirations populaires au changement et à l’amélioration de la condition économique ».

    ** Un lourd héritage

    La troisième priorité du président Tebboune est celle de « rétablir la réputation de ceux injustement traités par la Bande », selon la terminologie qu’il a utilisé, et qui vise les hommes d’affaires et les différentes énergies nationales qui ont subi l’exclusion et les sanctions à l’époque de la cour de l’ancien président.

    L’analyste politique Mohamed Tibi a relevé que cette priorité croise « le Mouvement populaire revendicatif et non pas le Hirak politisé fond sur projets mis en échec avec l’organisation des élections ».

    « Ces élections ont fondé une légitimité constitutionnelle et populaire du nouveau président qui devrait se débarrasser de la rente, de la corruption et des forces occultes et douteuses qui ont gangrené l’économique et la politique », a-t-il poursuivi.

    « Le traitement du Mouvement populaire ne sera pas en soi un défi s’il sera procédé à une séparation entre les forces revendicatives constructives et critiques pour un projet de changement national inclusif des forces qui se sont infiltrées et qui n’ont aucune relation avec les revendications légitimes », a encore argumenté l’observateur.

    « Le nouveau président ne peut pas ignorer les forces revendicatives propres », a-t-il conclu. (Anadolou)

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, Hirak, dialogue,

  • Algérie : Idée sans levain

    » L’Etat, qui dépense des milliards de dollars pour ses subventions, en effet, ne donne pas plus de quelques dinars à chaque citoyen, qui ne peut quand même pas manger plus d’une baguette de pain par jour, ou boire un litre de lait durant ce même laps de temps « .

    Par Mohamed Abdoun

    Aussi loin que je me souvienne, les Algériens ont toujours été friands de pain. Grand consommateur de ce produit bon marché, mais qui vous cale bien l’estomac. Avec ce produit, qui ne mange pas de pain « , serais-je tenté de dire, n’importe qui peut en quelque sorte manger à sa faim sans (presque) rien dépenser. Et, comme les Algériens sont très prévoyants, et que les années de disettes – surtout du temps de la France coloniale- sont encore gravés dans les mémoires, il n’est pas rare que chaque foyer achète presque le double de ses besoins en consommation quotidienne.

    Cela provoque, comme de juste, un gaspillage énorme. On parle carrément de millions de de baguettes jetées au quotidien. L’un dans l’autre, cela peut donner lieu à des quantités astronomiques de farine, achetée en devise, que l’on jette ainsi par les fenêtres. Scandaleuse attitude ! Inacceptable gâchis !

    Le président Tebboune a donc totalement raison de s’indigner de la sorte, et de s’écrier, en marge de sa tournée à la foire de la production locale, que cette terrible situation ne peut franchement pas durer plus longtemps. Or, il n’en demeure pas moins vrai que le plus gros de ce gâchis, de ce pillage systématique de nos richesses, a trait surtout à la contrebande, et non pas aux baguettes de pain que l’on jette chaque matin, parfois même en les laissant carrément inentamées.

    Un rapport très détaillé sur la question, consécutif aux émeutes dites de l’huile et du sucre, daté donc de presque une dizaine d’années, avait clairement touché du doigt cette problématique, sans jamais être pris en ligne de compte. Je m’explique. Revenir à la réalité des prix, cesser ces subventions sociales qui ruinent le trésor public, mettrait automatiquement un terme à ces pratiques mafieuses.

    La contrebande, en effet, se base sur cela pour proliférer. Celle-ci alimente aussi de facto le trafic de drogue, le grand banditisme et même le terrorisme. Le patron de Cevital, par exemple, avait reconnu dans ce rapport avoir racheté trois plus d’huile non raffinée -mais subventionnée- qu’il ne lui est nécessaire pour l’année.

    Je laisse les lecteurs deviner où va ce surplus. Il ne va de même pour le blé, le lait en poudre… le seul moyen d’y mettre un terme, donc, est d’aller vers des subventions directes et cibles, couplées au retour vers la réalité des prix. L’Etat, qui dépense des milliards de dollars pour ses subventions, en effet, ne donne pas plus de quelques dinars à chaque citoyen, qui ne peut quand même pas manger plus d’une baguette de pain par jour, ou boire un litre de lait durant ce même laps de temps. Les transformateurs et industriels, eux, en consomment par milliers de tonnes, sur le dos du trésor public.

    Aller vers ces subventions ciblées, donc, mettrait également un terme immédiat à ce gaspillage puisque le citoyen prendrait enfin conscience de la valeur financière réelle de cette baguette de pain qu’il paie, aujourd’hui, contre une… bouchée de pain ! L’Etat économisait sans doute plus de la moitié de ses subventions sociales. Mais à charge pour lui de trouver la formule idoine pour l’attribution de ces subventions ciblées, sans qu’il y ait abus, ou détournement des fonds alloués. Il est donc plus que temps de passer à l’acte, et de ne plus s’en tenir aux simples déclarations d’intention.

    M. A.

    La Tribune des lecteurs, 23 déc 2019

    Tags : Algérie, contrabande, Abdelmajid Tebboune, subventions, produits alimentaires,