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  • Quand le Maroc rêvait d’avoir une bombe nucléaire

    Le rêve nucléaire « Une bombe atomique marocaine mort-née »

    Le Maroc a envisagé de se doter de la bombe atomique au début des années 80. Selon les révélations de l’hebdomadaire marocain Tel Quel, le projet baptisé «Gazogène» était nettement avancé grâce à la coopération des services secrets marocains et français et avait pour but de neutraliser militairement l’Algérie.

    Déjà évoqué par «Le Canard Enchaîné» au début des années 80, le projet nucléaire marocain rebondit suite aux révélations de l’hebdo marocain. C’est un Français, Lucien Becker, président de l’institut international des innovations (III), basé à Paris, qui avait proposé aux Marocains, et précisément à la DGED (services de renseignements extérieurs) du général Ahmed Dlimi, ce projet dont le coût a été évalué à 30 millions de dollars.

    Après avoir échoué sur le projet «Méduse», un mur électronique pour isoler le Sahara-Occidental qui a été remplacé, sur les conseils des experts militaires israéliens, par le fameux mur de sable qui sépare les territoires sahraouis occupés du reste du territoire contrôlé par le Front Polisario, les militaires marocains se sont rabattus sur l’idée de se doter de cette bombe H face au voisin algérien.

    Ainsi, le projet proposé par cette entreprise française, qui servait de société-écran aux services français de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), a fait mouche du moment qu’il considérait qu’il allait donner à Rabat «une supériorité militaire stratégique face à l’Algérie».

    De ce fait, le processus d’acquisition de la bombe atomique a été mené dans le secret le plus total, même si le journal marocain minimise le rôle du roi Hassan II qui n’aurait pas été au courant de cette démarche qui, dans le Maroc des années 80, est un non-sens. Les Marocains ont chargé l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Moussa Sâadi, de suivre le dossier du fait qu’il était le premier gestionnaire des mines de phosphate dont les déchets peuvent «être transformés, après traitements multiples, en uranium enrichi, indispensable à la fabrication d’une bombe».

    Les espions de la DGED se chargeant pour leur part de réunir les divers autres matériaux nécessaires sur le marché noir des matières atomiques, notamment en Angleterre. L’institut français va plus loin en indiquant dans sa présentation du projet aux autorités marocaines emballées par cette idée, que: «la bombe ne serait qu’une première étape, la seule que le royaume confierait à des mains étrangères, avant de se doter lui-même d’un programme nucléaire en bonne et due forme».

    Les services marocains font venir en décembre 1980 à Rabat, Lucien Becker et ses collaborateurs, lequel arrive à les convaincre de financer les études de faisabilité. La mise sur écoute de la délégation française dans leur chambre d’hôtel, pratique où excellent les Marocains, fait capoter le projet puisque les services du royaume découvrent la surenchère financière des Français qui veulent tirer un maximum d’argent de cette opération illégale. Les contacts, gelés, reprendront à l’initiative du ministère marocain des Affaires étrangères pour relancer «Gazogène».

    Dans sa lettre, le MAE marocain indique que: «j’ai l’honneur de vous informer que les autorités marocaines désirent aboutir dans ce projet dans les meilleurs délais. En conséquence, je vous saurais gré de bien vouloir préparer un contrat définitif. Il nous avantagerait, sans qu’une impossibilité à ce sujet remette en cause la réalisation du projet Gazogène, que vous puissiez nous trouver un crédit bancaire». Les ambitions marocaines de dominer militairement le Maghreb et d’entrer dans le cercle des puissances nucléaires bute sur un impondérable de taille avec la liquidation en France de l’institut sous-traitant.

    A deux doigts d’aboutir, les Marocains mettront leur prétention en sourdine après avoir découvert que les puissances occidentales suivaient ce processus de près.

    Reste à savoir pourquoi le Maroc, qui s’évertue toujours à pointer du doigt l’Algérie, soit au niveau de l’AIEA, l’agence atomique de Vienne, ou dans le concert international, sous prétexte qu’Alger voulait se doter de l’arme nucléaire à travers l’achat du réacteur de Aïn Oussara, a poussé sa logique jusqu’au bout ? Il faut dire que Hassan II, face à ses difficultés militaires au Sahara-Occidental et n’ayant pas digéré les conflits sahariens avec l’Algérie, voulait certainement se doter d’une capacité de dissuasion à même de neutraliser le voisin algérien.

    Cette approche n’a pas pour autant disparu, même si le Maroc semble actuellement ligoté par une promesse faite aux Etats-Unis et à Israël de ne pas chercher à se doter de l’arme nucléaire. Ne possédant aucune centrale nucléaire, du fait de la suspicion internationale, notamment espagnole qui voyait d’un mauvais oeil l’installation d’une centrale à Tantan, à portée d’un missile des îles Canaries, le Maroc a-t-il pour autant abandonné son rêve de dominer militairement un Maghreb où la position algérienne est prédominante, notamment dans la période actuelle ?

    Mohammed VI a promis une base militaire aux Américains qui, eux, veulent la négocier avec Alger. Sur le nucléaire, aucun pays du Maghreb n’est capable de se doter d’une arme stratégique et l’exemple libyen, très avancé dans la fabrication des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques, a eu à faire l’amère expérience de se désarmer et d’expédier son arsenal aux… Etats-Unis.

    Source

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, bombe nucléaire, France, bombe H

  • Les révélations de Wikileaks sur les rapports entre l’Algérie et le Maroc

    www.tsa-algerie.com – 2 décembre 2010

    L’obsession algérienne, propagande contre le Front Polisario et un alignement total sur les Américains

    par Lounes Guemache

    Soixante-dix pages de mémos diplomatiques émanant essentiellement de l’ambassade américaine à Rabat et couvrant la période entre 2005 et 2009. TSA s’est procuré les notes de la diplomatie américaine sur le Maroc, avant leur publication sur le site américain Wikileaks. Ces documents relatent notamment les conversations entre des responsables américains et des officiels marocains à Rabat : les ministres de l’intérieur et des affaires étrangères, les chefs des renseignements intérieurs et du contre-espionnage, de hauts cadres de l’Etat…

    On y trouve un peu de tout mais certains sujets reviennent régulièrement dans les échanges entre les Américains et leurs interlocuteurs marocains : la lutte contre le terrorisme islamiste au Maghreb et dans la région du Sahel, l’Algérie, la gestion de l’islam dans le Royaume ainsi que des sujets internationaux comme le nucléaire iranien -on apprend par exemple que Rabat était opposé à la bombe dès 2006 bien avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2009.

    Les documents mettent au jour l’obsession algérienne chez les responsables marocains. Dans leurs conversations avec les responsables américains, les Marocains mettent souvent en avant « le manque de coopération » des Algériens en matière de lutte contre le terrorisme dans la région. Ils imputent l’émergence d’Aqmi aux « échecs » d’Alger en matière de lutte contre le terrorisme. Une analyse que les Américains ne partagent pas. Selon eux, c’est au contraire grâce aux succès de l’Algérie que l’ex-GSPC a été contraint de s’associer avec Al-Qaïda pour créer Aqmi.

    Des responsables ont suggéré un lien direct entre le Front Polisario et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). On découvre aussi une implication plus importante qu’on pouvait l’imaginer de Rabat au Sahel. On apprend par exemple qu’en 2007, le Niger avait sollicité l’appui militaire du Maroc contre un groupe terroriste qui a pénétré depuis son territoire depuis l’Algérie. Pourquoi une telle demande n’avait-elle pas été adressée directement à l’Algérie ? Mystère.

    TSA- Algérie

    Quand les responsables marocains parlent de l’Algérie comme d’une menace

    par Yazid Slimani

    Dans leurs entretiens avec les diplomates et les responsables américains en visite à Rabat, les officiels marocains accusent les Algériens de mettre de la mauvaise volonté pour coopérer avec eux dans la lutte anti-terroriste. C’est par exemple le cas du Directeur général pour la surveillance du territoire (services de renseignements intérieurs), Abdelatif Hammouchi, Lors de la visite à Rabat de l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend. « La coopération avec les Algériens est erratique affirme Hammouchi. Parfois ils nous fournissent de très bonnes informations et parfois on dirait qu’il s’agit d’impasse. Ces sont des partenaires difficiles, ajoute Yassine Mansouri (chef de la Direction générale des études et de la documentation, le service de contre-espionnage marocain, ndlr) », rapporte une note diplomatique du 31 juillet 2007, obtenue par TSA avant sa publication sur Wikileaks.

    Plus tôt la même année, le Directeur général des affaires bilatérales au ministère marocain des Affaires étrangères Youssef Amrani, avait ainsi « suggéré que l’émergence d’AQMI était principalement due aux échecs du gouvernement algérien », rapporte une note du 18 mai. Une position que ne partagent visiblement pas les Etats-Unis qui défendent la politique anti-terroriste de l’Algérie. A l’accusation de Amrani, un diplomate américain répond en effet que « le GSPC a été forcé de s’associer avec AQMI parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser ».

    Dans la même note, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur «s’est hérissé » lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme « un modèle » dans la lutte anti-terroriste en Afrique du Nord. Pour Zerouali, « le Maroc est beaucoup plus stable et sûr alors que je ne peux pas voyager d’Alger à Oran sans crainte ».

    Les documents de Wikileaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire. Une inquiétude rapportée notamment dans une note diplomatique américaine du 21 novembre 2006 transmise cinq jours après un entretien entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Omar Hilale et l’ambassadeur américain à Rabat au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Hilale affirme ainsi qu’ « un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc. Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire même s’il n’est que naissant ». « Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après, a-t-il dit », précise la note.

    Enfin, selon Rabat, si les relations bilatérales avec Alger ne s’arrangent pas, la responsabilité serait entièrement algérienne. Dans le mémo du 31 juillet 2007, les diplomates américains rapportent qu’après une visite à Alger, Fouad Ali Himma, adjoint au ministre de l’Intérieur leur a affirmé que « les efforts marocains répétés pour réduire l’abîme diplomatique ont été rejetés. Il a assuré avoir dit aux Algériens que le Maroc était prêt à rouvrir sa frontière et à prendre d’autres mesures pour rétablir la confiance, mais les Algériens ne nous ont jamais dit ce qu’ils voulaient », citent-ils. Il a attribué ce qu’il décrit comme l’intransigeance algérienne à l’écart générationnel et de mentalités entre les dirigeants des deux pays », rapporte la note américaine qui précise que Himma est un proche du roi Mohammed VI souvent considéré comme plus puissant que le ministre de l’Intérieur lui-même.

    TSA-Algérie

    En proie à de nombreux problèmes, l’armée marocaine est préoccupée par le Front Polisario et l’Algérie

    par Samir Allam

    C’est un portrait peu flatteur que les diplomates américains dressent de l’armée marocaine. Dans un câble classé « secret » daté d’août 2008 et révélé par le site Wikileaks, les diplomates américains en poste à Rabat évoquent une armée marocaine en proie à des problèmes de corruption, une bureaucratie inefficace, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, des menaces récurrentes de radicalisation de certains de ses soldats, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental.

    Les effectifs de l’armée marocaine sont estimés à 218.000 soldats, selon le mémo de l’ambassade américaine à Rabat. L’armée de terre compte 175.000 soldats, 13.000 militaires composent la force aérienne est 7.800 sont dans la marine. La gendarmerie, qui « dépend directement du roi », compte 22.000 éléments. Le salaire moyen pour les militaires soldats est d’environ 2.000 dirhams (270 USD) par mois, note le mémo. Les officiers sont mieux rémunérés, avec un salaire de départ d’environ 6.000 dirhams (USD 850) par mois. « Avec des avantages tels que le logement gratuit, ces (salaires) sont raisonnablement compétitifs dans le contexte marocain », souligne le document.

    Le Sahara occidental constitue la principale préoccupation de l’armée marocaine. A une certaine période –que la note ne précise pas–, entre 50% et 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental.

    Sans surprise, l’autre préoccupation majeure de l’armée marocaine concerne l’Algérie. Selon le document américain, l’armée marocaine possède des « plans d’urgence » et effectue des simulations stratégiques pour contrer une possible attaque algérienne. Toutefois, l’armée marocaine ne dispose pas de troupes déployées le long de la frontière algérienne, selon le mémo. Les militaires marocains sont stationnés dans des garnisons situées à des centaines de kilomètres de la frontière algérienne d’où ils pourraient se déployer en cas d’incursion algérienne.

    Selon les diplomates américains, bien que la frontière entre les deux pays soit fermée et les relations froides, l’Algérie ne constitue pas une menace imminente pour le Maroc. Dans le cas d’une confrontation entre les deux pays, celle-ci aurait lieu via le Front Polisario, estiment-ils.

    Enfin, les Américains évoquent une solide coopération militaire entre les Etats-Unis et le Maroc. Mais les rédacteurs du document doutent des capacités du Maroc à acquérir des équipements militaires haut de gamme pour moderniser son armée. La cause ? Les coûts élevés de ces équipements ne sont pas à la portée des modestes moyens du royaume.

    TSA-Algérie

    Pour Bouteflika, la France tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc»

    par Sonia Lyes

    Les documents de Wikileaks, révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par les quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), montrent des divergences de vues importantes entre Alger et Rabat au sujet du conflit au Sahara occidental. Des divergences qui viennent s’ajouter à la mésentente totale entre le président Bouteflika et le roi Mohamed VI.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis » . Ce qu’il faut, c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains », a déclaré le président algérien lors d’une rencontre ». C’est ce qu’a déclaré en 2007 à Alger le président Bouteflika à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend.

    Les Français, confiera le président Bouteflika lors d’une autre rencontre relatée par des diplomates américains, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». Selon lui, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Elle tente aujourd’hui de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    En février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination au Sahara occidental. Pour lui, la proposition marocaine n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes ont d’avantage d’autonomie vis-à-vis d’Alger que ce que propose Rabat pour le Sahara occidental, a fait remarquer le président algérien.

    Une position réaffirmée, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental ».

    TSA-Algérie

    A Alger, la CIA dispose de sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes

    par Yazid Slimani

    Pour les Etats-Unis, l’Algérie est devenue ces dernières années le partenaire numéro 1 dans la lutte anti-terroriste au Sahel contre Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). C’est ce qui ressort des derniers documents diplomatiques révélés par Wikileaks. « Aucun pays n’est plus important que l’Algérie dans la lutte contre Al Qaida au Sahel et au Maghreb », affirme ainsi l’ambassadeur américain à Alger David Pearce dans une note du 6 janvier 2010, soit juste après l’inscription de l’Algérie sur une liste des pays à risque par l’Administration américaine pour la sécurité dans les transports.

    Les diplomates américains saluent l’intensité grandissante de la coopération politique, sécuritaire et économique avec l’Algérie. Mais ils se disent frustrés de la réticence des autorités algériennes pour partager leurs renseignements sur les groupes terroristes qui activent dans le pays et reprochent aux forces de sécurité de ne pas avoir transmis les informations qui auraient pu éviter les attentats de décembre 2007 contre les Nations Unies à Alger.

    La coopération dans le domaine du renseignement se fait aussi par l’intermédiaire d’une base active de la CIA qui possède sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes armés sur le territoire algérien via l’Africom. Cette présence de la CIA en Algérie n’a été publiquement révélée qu’en 2009 après l’affaire Warren, l’espion qui avait violé deux algériennes après les avoir droguées.

    D’ailleurs un câble datant du 1er février 2009 publié ces derniers jours par le quotidien libanais Al Akhbar, révèle que l’Etat algérien a fait pression sur la presse pour qu’elle cesse de couvrir cette affaire. Deux jours après la révélation du scandale, « il avait complètement disparu de la presse. L’absence quasi totale de couverture dans la presse publique montre bien que le gouvernement préfère que cette histoire s’apaise », est-il rapporté dans le même mémo.

    TSA-ALgérie

    Bouteflika méprise Mohamed VI à qui il ne serrera jamais la main

    par Samir Allam

    Abdelaziz Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. Et il l’a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia, selon des documents du site WikiLeaks révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par le quotidien espagnol El Pais. Mais le président algérien a assuré à ses interlocuteurs que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Sahara occidental, a expliqué le président Bouteflika.

    « Je ne serrerai pas la main du roi ». Le président Bouteflika a fait cette déclaration en juin 2006 à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger. Avant de décrire le monarque marocain comme « pas ouvert » et « sans expérience », selon la même source. Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, son plus ouverts. Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. « Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour », a-t-il déploré.

    Selon un document daté du 1er juillet 2006, le président Boutelika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à Alger, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc. Mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI.

    Les présidents Bush et Chirac ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard du roi. Le président algérien a rappelé que le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie. Mais le roi a fait subir un affront au président Bouteflika en annulant à la dernière minute une visite du premier ministre à Rabat. «Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue», avait alors déclaré Bouteflika.

    Tags : Maroc, Algérie, Wikileaks, Boutreflika, Mohammed VI, Sahara Occidental, France, Etats-Unis,

  • Algérie : Gaïd Salah dans la lignée des « 22 » historiques

    AMMAR KHELIFA

    Le contexte ne ressemble pas à celui d’octobre 1954, mais la révolte pacifique du peuple algérien en 2019 et l’insurrection armée déclenchée par un groupe révolutionnaire contre le colonialisme français, présentent beaucoup de similitudes.

    Si la veille du déclenchement de la lutte armée contre l’ordre colonial, avait été endossé par des militants nationalistes, déçus par le « jeu stérile des partis politiques de l’époque, dont la majorité ont été compromis par l’administration française, aujourd’hui, c’est l’ANP, digne héritière de l’ALN, qui pris la responsabilité de combler le vide laissé par une élite dépassée par les événements, et une classe politique, dont les intérêts ne sont plus compatibles avec les aspirations des masses.

    A l’instar des « 22 » historiques, qui avaient décidé de passer à l’acte, un certain 1er novembre 1954, en lançant un appel solennel au peuple soumis par le feu et par le fer, à les suivre, l’ANP, et partant de son ancrage populaire, n’a nullement hésité à s’inscrire dans le mouvement populaire né le 22 février.

    En tant qu’institution républicaine, elle s’est gardée d’intervenir, et s’est contenté de suivre la situation avec une attention accrue, jugeant le moment inopportun pour intervenir directement, tant que le pouvoir politique n’a pas encore dévoilé ses intentions et formulé des réponses concrètes aux manifestions populaires.

    A vrai dire, elle a laissé le soin aux politiques de gérer la situation dans un cadre constitutionnelle, mais devant leur incapacité à trouver des solutions acceptables par tous, elle a été obligée d’intervenir pour mettre chacun devant ses responsabilités. D’autant plus que les forces anticonstitutionnelles, que le chef d’Etat-major de l’ANP n’a pas cessé à dénoncer, jusque là tapies à l’ombre, sont sorties au grand jour, pour manœuvrer contre la patrie et le peuple.

    Conscient qu’il est devant une phase historique, Ahmed Gaïd Salah n’avait aucun choix que de hausser le ton, sans tenir compte des noms et des personnes. Pour le Haut commandement de l’armée, l’Algérie est guetté par les périls par ceux qui font la sourde oreille aux revendications du peuple, il n’est donc plus question de laisser une « bande de malfrats » « contourner ses revendications légitimes en fomentant des plans douteux, tendant à déstabiliser le pays et l’entrainer dans le piège du vide constitutionnel ».

    « J’ai confirmé à maintes fois qu’en ma qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile, je ne saurai me taire aujourd’hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation. Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, comme je le fus par le passé, et je m’engage devant Allah et devant la patrie et le peuple que je n’épargnerai aucun effort à cette fin, quoi qu’il m’en coûtera ».

    Ces propos sont extraits du dernier communiqué signé par Ahmed Gaïd Salah. Ils sont clairs et irrévocables ; et ont le mérite de sceller cette communion sacrée entre le peuple et son armée. « Nous soutiendrons le peuple jusqu’à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites », a affirmé le chef d’état-major, au moment où la classe politique se terre ou se prépare à quitter le pays.

    « Djeich-Chaâb khawa, khawa », les Algériens ne sont pas trompés !

    AMMAR KHELIF

    Aamar.khelifa@eldjazaircom.dz

    El Djazair.com

    Tags : Algérie, armée, Gaïd Salah, Hirak,

  • Le Maroc est devenu indépendant grâce à l’Algérie

    LA RÉVOLUTION ALGÉRIENNE EST LA CAUSE DE L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AU MAROC AVEC LA TUNISIE EN 1956 AINSI QUE PLUS DE VINGT AUTRES COLONIE AFRICAINE, DONT 13 PAYS EN UNE SEULE JOURNÉE EN 1960 …

    Les raisons de la haine de nos voisins…ouest et..sud…

    Les raisons de la haine du Maroc ….et les autres envers l’Algérie: Leur histoire est fausses… leur histoire est fausse pauvre et vide. C’est pour cela qu’ils n’agissent que pour voler et usurper l’histoire de l’Algérie et de toute la région de l’Afrique du Nord.

    Le complexe d’infériorité de ces pays devant l’Algérie est ancien et éternel et ce n’est nullement le résultat de la guerre des sables et Amgala. Ils ont honte de leur histoire honteuse depuis l’époque des royaumes Numides et Maures, ainsi que la trahison de leur roi Bokhus le mauritanien de son beau frère, le roi Jugurtha.

    Ils sont jaloux de l’histoire d’Algérie qui s’étend à 3000 ans, alors que leur histoire n’a commencé que depuis 1200 ans, date de la venue des Idrisides de l’orient qui les ont commandés par les mythes.

    Ils sont jaloux du fait que les Algériens ont été en Andalousie, à leur tête Tariq ibn Ziyad, Algérien de Tlemcen, et qui lui aussi n’a pas été épargné de leur énième tentative d‘usurpation et de vol.

    Ils sont aussi jaloux de la dynastie almohade dont les rois et les soldats sont tous des Algériens et descendants de la tribu Koumia de Nedroma à Tlemcen, une branche de la tribu berebere algérienne Zenata.

    Ils ont usurpé l’histoire des Mauritaniens, les descendants des Almoravides et Yussuf Ibn Tachfine Chenguiti, le Mauritanien qui a occupé le Maroc et y a fondé la ville de Marrakech et a vaincu les croisés Espagnols dans la bataille de « Zellaka ».

    Ils ont aussi été vaincus par Abu Yaaqoub El Mansour l’almohade dans la bataille « Alarak », un petit-fils du sultan Abd al-Mu’min le Koumi Nédroméen de Tlemcen.

    Ils falsifient l’histoire et prétendent que le Maroc était indépendant, mais si nous faisons nos recherches nous ne pouvons trouver aucun état fondé par des marocains depuis la Mauritanie. Il y a seulement le petit état enseveli des Berghouata qui a été battue par les Almoravides.

    Les Mérinides et les Wattassides sont des descendants d’algériens, de tribus algériennes, ils étaient donc aussi commandés par les Almohades algériens pendant 150 ans. Les Idrisides Alaouites (venus d’orient) les ont aussi commandés pendant 190 ans, qui ont été vaincus par le commandant Amazigh algérien Abu Elfottouh Belkin Ibn Ziri Es Senhadji, fatimide, et les a soumis à son ordre.

    Les Assadites et les Alaouites qui les gouvernent sont des descendants de la race des Idrissides creep qui sont venus de l’orient, contrairement aux états qui ont gouverné en Algérie comme les Hamadites et les Zirides ainsi que les Almohades et les Zianides qui sont tous des Amazighs Algériens.

    Ils doivent une fière chandelle aux Algériens et aux Othomans car c’est grâce à eux que les marocains ont pu rester indépendants après être intervenu dans la bataille de l’Oued Elmakhazine contre les Portugais en 1578 et ont sauvé les marocains de l’occupation. Une bataille dont se vantent les marocains et ont oublié qui étaient la cause de la victoire sur les « Trois Rois ».

    Et même l’histoire récente n’a pas été épargnée par la fraude et l’usurpation marocaine. L’Émir Abdel Kader a subi une grande trahison de la part du sultan de Fès Abdul Rahman ibn Hisham, qui l’a pourchassé suivant le traité Lala Maghnia en 1845 avec la France, mais la perspicacité et l’intelligence dont possédaient l’Émir ont fait que ce dernier a donné une leçon inoubliable à ce sultan dans la bataille de « Silwan » en Novembre 1847. Puis, assiégé de tous côtés, a été forcé de se rendre pour éviter un grand massacre de tout l’ouest Algérien par la France.

    Cela n’a pas été la dernière trahison, mais les trahisons ont été renouvelés sous le règne de Hassan II quand il était prince héritier, qui a informé la France au sujet de l’avion transportant les cinq dirigeants de la Révolution algérienne qui s’est soldé par un vrai piratage en air.

    Aussi, même la résistance au Maroc a été en grande partie dûe à un Algérien, le moudjahid et docteur Abdelkrim El khatib de Mascara. C’est lui, en fait, le fondateur de « l’Armée de libération marocaine ». Abdelkrim Elkhatib et son cousin Yousef al-Khatib. Il a aussi fondé le mouvement populaire dans les années soixante qui est devenu après un parti islamiste appelé « le Parti de la Justice et du Développement ».

    Et les marocains oublient que la résistance en Algérie contre le colonialisme français, qui a duré environ 75 ans, a été la cause du retard de l’occupation du Maroc, qui n’a commencé qu’en 1907 et a été achevée en 1912. L’occupation française du maroc n’a duré que 5 ans finalement.

    Certains fabulateurs sont allé jusqu’à dire que l’origine du Cheikh Bouamama est marocaine !? Ce qui est une usurpation parce Cheikh Bouamama (Muhyiddin bin Arabi), descendant d’Abu Bakr dit-on qui est de Ouled Sid Echikh d’El Bayadh, sa grand-mère est «marocaine » de « zone Figuig » qui était une terre algérienne avant le traité « Lala Maghnia » en 1845.

    Et ces marocains oublient toujours que la révolution algérienne est la cause de l’octroi de l’indépendance au Maroc avec la Tunisie en 1956 ainsi que plus de vingt autres colonie africaines, dont 13 pays en une seule journée en 1960.

    Et ces marocains font semblant d’oublier avec leurs dirigeants que ce sont les Algériens qui ont fait l’histoire de la région alors que ces marocains étaient serviteurs du colonialisme.

    Lakhdar Bahlouli

    Source : Pour une 2ème République

    Tags: Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie, France, colonialisme, indépendance,

  • Maroc, la maîtresse docile et soumise de la France

    Selon l’ancien ambassadeur de France aux Nations Unies et à Washington, Gérard Araud, le Maroc est une «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre».

    Le diplomate français, aujourd’hui à la retraite, a fait cette déclaration en 2011 lors d’une rencontre avec le célèbre acteur espagnol Javier Bardem qui réalisait à l’époque son documentaire sur le Sahara Occidental titré « Enfants des nuages, la dernière colonie ».

    Le dictionnaire définit le mot maîtresse comme « femme qui s’est donnée à un homme hors mariage ». Cet homme est son amant, un homme généralement marié qui n’entretient pas des sentiments d’amour à l’égard de sa maîtresse.

    Autrefois, le mariage se constituait sur des bases économiques ou politiques, où l’amour était souvent absent. Alors, l’homme cherchait une maîtresse comme un prolongement naturel du mariage et un exutoire de sexualité masculine parfaitement toléré. Mais pas de symétrie pour l’épouse qui était dénigrée et ostracisée, si elle prenait un amant.

    Dans un couple marié, les liens entre l’homme et la femme sont profonds notamment s’ils partagent des enfants. Alors, leur relation devient une relation de dépendance. L’homme ne sait plus se passer de son épouse et viceversa. Mais, dans cette relation, la sexualité perd en intensité, ce qui entraine une situation corrosive, irritante et inconfortable. C’est à ce moment-là qu’il commence à penser qu’une maîtresse est indispensable pour assouvir ses instincts animaux.

    Ces aspects caractérisent les relations entretenues entre la France et le Maroc. Paris étant obligé à défendre ses milliers d’entreprises installées au royaume de Mohammed VI, mais qui ne prend plus son pieds en raison de l’économie moribonde du royaume et le Maroc qui a besoin du soutien de la France au Conseil de Sécurité pour s’épargner toute résolution qui ne lui offre pas le territoire du Sahara Occidental sur un plateau d’argent.

    Leur relation est telle que lorsqu’un président français visite l’Algérie, l’état d’alerte est déclaré au Maroc. Une situation qui a poussé le premier ministre français Jean-Marc Ayrault à rassurer ses alliés marocains en rappellant que toute relation de la France avec le Maroc n’est pas forcément au détriment des relations avec Rabat.

    La dépendance de la France est arrivé au point que le roi du Maroc, après chaque élection française, s’installe dans son cháteau de Betz dans le but d’arracher une rencontre avec le nouveau locataire de l’Elysée. Ce dernier doit rassurer la maîtresse pour éviter des scènes de jalousie.

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Algérie, Macron, François Hollande, maîtresse, Gérard Araud,

  • Un Algérien se fait passer pour un français et enceinte 14 filles en côte d’ivoire !

    De son vrai nom Sofiane Boudjelah, un Algérien de 27 ans qui a vécu en côte d’ivoire pendant 8 ans et dont par simple curiosité, ce dernier a constaté avec pertinence que les jeunes filles ivoiriennes comme toutes d’ailleurs en Afrique sub-saharienne avaient un faible pour les européens en général et les français en particulier.

    Ayant constaté cet intérêt trop élevé de celles-ci vis-à-vis des français et grâce a sa couleur de peau très similaire des français, Sofiane était conscient du fait que les filles ivoiriennes n’aiment pas trop les Arabes, se fait donc rapidement passer pour en français et en plus il se fera même appelé Luis Dupont pour mieux confirmer son originalité française.

    Comme sur les roulettes, le plan de Sofiane va fonctionner à merveille et ce dernier se fera le plaisir d’enceinter environ 14 jeunes filles ivoiriennes promettant à chacune d’elles de l’amener en France puisqu’il savait bien que c’était l’objectif principal de celles-ci.

    Le plan de Sofiane sera malheureusement découvert grâce à un cousin de l’une de ces filles qui connaissait très bien ce dernier et donc son origine Algérienne et par la suite après avoir su que son plan a été détecté, il prendra fuite et réussi tout de même à se réfugier dans son pays et les filles victimes de son plan n’auront que leurs yeux pour pleurer.

    Source

    Tags : Algérie, côte d’ivoire, France, visa, migration,

  • Hicham Alaoui : « L’exception marocaine » est une idée française pour faire échec à l’aspiration démocratique au Maroc

    Source : Alifpost, 29/04/2019

    De l’exceptionnalisme à la singularité: L’expérience maghrébine dans une perspective contemporaine/ Hicham Alaui

    Aujourd’hui sera un jour de débat délibératif, je ne vous accablerai donc pas de discussions académiques excessives. Par-dessus tout, je voudrais vous souhaiter à tous la bienvenue à cet atelier, qui représente l’aboutissement d’un riche voyage intellectuel. Ce voyage a commencé en 2015, lorsque le professeur Stephen King, le professeur Abdeslam Maghraoui et d’autres interlocuteurs ont commencé à organiser une conférence pour explorer la politique contemporaine en Afrique du Nord.

    L’effort qui en a résulté en avril 2016 a rassemblé un cercle impressionnant d’universitaires dans un atelier chargé pour engager les courants sociaux, économiques et politiques du Maghreb. Les contributeurs à ce projet sont devenus les auteurs de divers chapitres de ce nouvel ouvrage, que nous sommes tous heureux de voir se concrétiser. En même temps, je suis intimidé par les connaissances dans cette salle. Beaucoup d’entre vous connaissent mieux que moi les nuances empiriques et les contours théoriques de la région. C’est pourquoi, dans cet esprit, permettez-moi de ne présenter qu’une seule idée en guise de réflexion dans le cadre de nos discussions. Je présente cette idée non pas comme un technicien académique mais comme un citoyen privé marocain qui, d’un point de vue unique en tant que chercheur et témoin, a vu cette région évoluer au fil des décennies.

    Il y a longtemps eu une idée qui se cache dans le discours politique au sein du monde arabe, et même dans les milieux universitaires, sur l’exceptionnalisme maghrébin. Par ” exceptionnalisme “, j’entends l’idée que les États d’Afrique du Nord ne suivent pas le modèle général du Moyen-Orient ou d’autres pays en voie de modernisation. Au contraire, les pays du Maghreb évoluent à leur propre rythme en raison de leur spécificité culturelle.

    Dans le passé, l’argument en faveur de l’exceptionnalisme maghrébin a été mis à profit par divers acteurs au service de projets antidémocratiques. La France a invoqué cette croyance pour justifier sa domination coloniale. Il l’exploiterait à nouveau au cours des décennies suivantes en insistant sur le fait que c’était la stabilité et l’ordre, et non la transformation politique, qui étaient recherchés par les sociétés de l’Afrique du Nord. N’oublions pas la quintessence de la déclaration de l’ancien président français Jacques Chirac, qui, dix ans avant le printemps arabe, proclamait que les Tunisiens voulaient du pain et de la nourriture, et non la liberté et les droits humains. Une telle déclaration est venue du président du lieu de naissance de l’illumination.

    Ironiquement, de nombreux analystes ont réagi à la démocratisation tunisienne en affirmant que c’est le caractère exceptionnellement tolérant et libéral du pays qui a présidé à la révolution jasminienne. Il semble que l’exceptionnalisme ne meurt jamais. De même, pendant et après le printemps arabe, alors même que la Tunisie subissait ses changements révolutionnaires, les régimes marocains et algériens ont insisté sur le fait qu’ils restaient uniques par leur résistance et leur durabilité face aux troubles régionaux. La version algérienne de l’exceptionnalisme implique qu’une économie planifiée centralisée, une position géopolitiquement neutre et un tiers-mondisme d’origine révolutionnaire font du pays un candidat improbable à l’agitation révolutionnaire.

    L’exceptionnalisme au Maroc a reposé sur la persistance du monarchisme. Le régime royal est présenté comme une panacée essentielle, mystérieuse et même orientaliste aux besoins de la société marocaine, ce qui rend le pays résistant au changement. Autre exemple, des observateurs ont parfois suggéré que l’islam et l’islamisme en Afrique du Nord sont exceptionnels par leur caractère modéré et leur pratique historique.

    Cette notion plus large d’exceptionnalisme maghrébin peut aussi provenir en partie du discours postcolonial, qui a profondément imprégné la façon dont des générations d’Occidentaux sympathisent avec les luttes du monde arabe. Elle a été à son tour instrumentalisée par certaines élites françaises et leurs homologues autocratiques du Maghreb. Pourtant, aujourd’hui, près d’une décennie après le printemps arabe et alors que nous assistons à la dernière vague de changements politiques en Algérie, il est devenu évident que l’exceptionnalisme maghrébin est une idée qui doit être recalibrée.
    Ce que je propose, c’est que l’Afrique du Nord ne soit pas considérée comme exceptionnelle, mais comme singulière. Il y a une singularité maghrébine que l’on peut observer aujourd’hui, une singularité qui ne se définit pas par son insularité par rapport à d’autres événements ou traits immuables arabes, mais plutôt par la manière dont les forces structurelles se combinent et se recombinent d’une manière dynamique. En effet, le Maghreb est un microcosme du monde arabe. C’est là que réside sa singularité.

    Dans les seuls États d’Afrique du Nord, nous pouvons saisir les variations transversales spectaculaires qui caractérisent les tendances régionales plus larges. Nous voyons à la fois le monarchisme contre le républicanisme, la démocratie contre l’autoritarisme, l’ordre politique centralisé contre l’effondrement des États, la laïcité contre l’islamisme, et le rentierisme pétrolier contre le développement pauvre en ressources. La liste est longue : au sein de cette sous-région, nous avons une diversité extraordinaire. Le seul point commun entre les pays du Maghreb est peut-être la langue : tout le monde dans le monde arabe s’accorde à dire que nos différents dialectes nationaux sont tout aussi inintelligibles !

    Il y a beaucoup à déballer ici, au carrefour de la singularité maghrébine. Je voudrais me concentrer sur un seul aspect, à savoir les possibilités de changement démocratique au niveau macroanalytique. Permettez-moi de considérer un sous-ensemble du Maghreb, à savoir le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, que je connais bien. En Tunisie, comme nous le savons, il y a une démocratie électorale qui est en train de se consolider et qui lutte pour institutionnaliser l’État de droit. Sa démocratisation en 2011 n’était pas censée avoir lieu, étant donné les revendications répétées de l’exceptionnalisme maghrébin ou tunisien utilisé par les élites françaises dans leur soutien aux Ben Ali.

    Tout comme la Troisième Vague de la Démocratie, la démocratie tunisienne a été conçue à travers des pactes entre acteurs politiques concurrents. En l’espèce, ces acteurs concurrents étaient des islamistes et des laïcs. Divisés par une discorde idéologique mais incapables de se conquérir mutuellement, les partis islamistes et non islamistes tunisiens ont coopéré à travers une gouvernance houillère pour jeter les bases de leur transition démocratique, y compris les élections et le constitutionnalisme. Ce chemin n’était ni facile ni parfait. Les négociations islamo-sécularistes ont été marquées par des tensions et ont failli s’effondrer à plusieurs reprises. De plus, les luttes économiques, les questions de justice transitionnelle et la corruption ont accablé l’Etat tunisien.

    Pourtant, la Tunisie pourrait bien révéler que le mode de transition politique le plus avantageux au Moyen-Orient est la démocratie paritaire. Par conséquent, il peut être intellectuellement bénéfique de réengager l’étude comparative du pacting et des transitions pactées. Les acquis de la Tunisie ont également produit un fait extraordinaire qui n’a pas été mentionné dans les médias arabes. Lorsque Tunis a accueilli le 30e sommet de la Ligue arabe le mois dernier, c’était la première fois que la Ligue arabe se réunissait dans une démocratie arabe fonctionnelle.

    L’Algérie, aujourd’hui, présente une dynamique différente. Comme le montrent les événements qui se déroulent encore, les Algériens se rebellent depuis des années contre deux contraintes politiques. Le premier est le fantôme de la guerre civile des années 1990 et le long effet paralysant que son héritage a eu sur la mobilisation populaire et le pluralisme politique. A bien des égards, le soulèvement d’aujourd’hui montre que le pays “rattrape” le Maroc et la Tunisie pour ce qui est d’avoir son printemps arabe. Plus profondément, elle “rattrape” son propre passé en reprenant là où elle s’était arrêtée en 1988. La deuxième contrainte est l’autoritarisme militarisé qui caractérise l’Algérie depuis son indépendance, un autoritarisme où les forces armées gouvernent derrière une façade de pouvoir civil. L’ère Bouteflika a été une modeste reconfiguration, car l’ancien président Bouteflika s’est taillé un petit royaume d’autonomie exécutive en faisant appel à de nouvelles élites commerciales et en réorganisant les services de sécurité.

    En rejetant Bouteflika et le système autocratique au sens large, les Algériens rejettent également les trois formes d’évasion qui ont longtemps façonné la politique. Il s’agit de l’émigration vers l’Europe, du virage vers l’islamisme, de la déconnexion totale et de la marginalisation. Les Algériens appellent ceux qui ont fait ce dernier comme des hittistes, c’est-à-dire ceux qui s’appuient sur le mur. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est le renversement de la tendance hittiste, dans laquelle de nombreux citoyens ont cherché à sortir du traumatisme politique par un désengagement existentiel.

    Ce moment politique marque la chute de Bouteflika aujourd’hui mais aussi le retour des militaires. Il s’agit d’une transition, mais pas nécessairement démocratique, car les manifestants continuent de faire pression contre l’État. En réponse, l’armée algérienne tente d’apprendre de son ennemi juré, le makhzen marocain. Il reflète le makhzen. Face à la contestation populaire, sa réaction sera de recycler le système afin de le pérenniser avec une nouvelle façade civile.

    Cela nous amène au Maroc, où le makhzen observe avec appréhension les événements en Algérie. Si le soulèvement algérien aboutit à une véritable transformation politique, il se trouvera dans une position délicate, car il sera seul à s’accrocher à l’ordre ancien. La politique marocaine dégage un stéréotype différent de l’exceptionnalisme maghrébin. Ici, la monarchie et ses institutions ont été justifiées en tant que piliers de l’ordre marocain, qui est par conséquent imperméable aux courants révolutionnaires et aux exigences démocratiques.

    Comme nous le savons, c’est trompeur. Le Maroc a connu des émeutes de grande ampleur dans les années 1960, deux coups d’État militaires qui ont failli renverser la monarchie, une mobilisation politique dans les années 1980 et 1990 et, au printemps arabe, une nouvelle vague de manifestations populaires. Plus récemment, avec l’atomisation de la société, les soulèvements se sont localisés. Le mouvement du Rif en est le dernier exemple, car les vives protestations qui y ont eu lieu depuis 2016 reflètent la colère politique, la marginalisation régionale et les exigences de dignité de la base.

    D’une part, l’Etat marocain conserve des outils familiers de maintien du pouvoir. Contre les partis politiques, elle s’est longtemps engagée dans la cooptation politique ou dans la marginalisation juridique. Entre-temps, contre la société civile marocaine, qui est devenue la véritable source de changement politique, l’État est devenu plus intolérant. Bien qu’il n’ait pas encore adopté une mentalité purement contre-révolutionnaire comme ses homologues monarchiques du Golfe, le régime est devenu plus rigide et rigide dans ses attitudes répressives envers la dissidence civique. Il a également déployé un nouvel outil au sein de son répertoire de contrôle, à savoir l’utilisation du pouvoir judiciaire lui-même pour faire taire ses détracteurs les plus ardents.

    Le sort de nombreuses ONG et organisations sociales qui sont victimes de la instrumentalization de la justice por la part de l Etat, telles que le mouvement de protestation Rif, Freedom Now o bien Racines, montre que le makhzen marocain reste implacable dans sa répression des opinions dissidentes.

    D’autre part, la société marocaine est aussi résiliente que l’Etat. Sa génération de jeunes ainsi que la société civile sont toujours en mesure de se recalibrer continuellement en réponse aux pressions exercées d’en haut. Ils savent qu’historiquement, le monarchisme n’est pas insensible au changement. Comment interpréter ces marées changeantes qui minent la notion d’exceptionnalisme marocain ? J’invoquerais les deux optiques académiques les plus célèbres selon lesquelles les spécialistes des sciences sociales ont considéré l’ordre politique dans le royaume.

    La première est la théorie de John Waterbury sur la segmentation de l’élite, qui met l’accent sur le fait que la création institutionnelle de réseaux de dépendance, de favoritisme et de clientélisme a été une stratégie délibérée par laquelle l’appareil royal maintient la classe politique enchaînée. La seconde est la théorie du maître et disciple d’Abdellah Hammoudi, qui suggère d’anciens fondements culturels et religieux sur lesquels les Marocains sont censés soumettre leur obéissance et leur autorité aux détenteurs du pouvoir absolu.

    -Aujourd’hui, les deux optiques ont besoin d’être retouchées. Le sous-développement économique a fait en sorte qu’il reste très peu de mécénat pour alimenter la segmentation des élites en réseaux de dépendance clientéliste. Pourtant, les institutions politiques créées pour consacrer l’obéissance culturelle et religieuse sont incapables de se reproduire sous la pression populaire.

    – En résumé, les règles de l’engagement politique au Maroc sont en train de changer.

    -Ces trois vignettes de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc présentent un fil conducteur. Avant le printemps arabe, ils avaient tous des États de type “jacobin”, définis par un degré élevé d’autoritarisme centralisateur. Dans le même temps, ils ont également permis un pluralisme très limité, qui a été exploité en cas de besoin.

    -Aujourd hui, ces vieilles stratégies de survie ne fonctionnent plus. En effet, la question intelligente n’est peut-être pas tant de savoir si les changemant prevue à grande échelle se produit, mais quand, comment et à quel prix, sur la base des tendances tunisiennes et algériennes.

    Mon sentiment, enraciné dans la singularité maghrébine et sa représentation de la politique arabe au sens large, est que la démocratisation peut venir si elle se fait par un pacte. La démocratie sera poussée d’en bas, mais en fin de compte, elle devra être façonnée et institutionnalisée par le biais de compromis entre des acteurs concurrents. Il existe de nombreux groupes et forces en compétition qui revendiquent le pouvoir au Maghreb. Certains ont été historiquement réprimés, tandis que d’autres sont restés au pouvoir pendant des décennies. S’il y a une rupture populaire, il appartiendra à ces concurrents de forger une compréhension mutuelle afin de créer un ordre politique commun.

    Si nous voyons de tels changements positifs catalysés de cette manière, nous parlerons peut-être dans quelques années non pas d’exceptionnalisme maghrébin, ou de singularité maghrébine, mais plutôt de leadership maghrébin pour le monde arabe en termes de son caractère démocratique. Et c’est une réalité qui mérite d’être étudiée.

    Tags : Printemps Arabe, Printemps marocain, Maroc, Algérie, démocratie, exception maghrébine, exception marocaine, répression, dictature, despotisme,

  • Algérie : Ali Benflis appuie l’appel de Gaid Salah à propos du dialogue Politique

    Ali Benflis a réagi jeudi à l’appel au dialogue défendu par le chef d’état-major de l’Armée Ahmed Gaid Salah, en vue de dépasser l’impasse politique actuelle.

    « Le dialogue constitue l’essence de toute action politique responsable et constructive. Il est, aussi et surtout, l’instrument devant être toujours privilégié dans le règlement des crises. », écrit Ali Benflis.

    « Face à la crise exceptionnellement grave que connait notre pays, cette conviction est partagée par tous et nul ne doute de sa nécessité impérieuse et urgente. », insiste le président de Talaie El Hourriet pour qui « tout l’enjeu du moment est de permettre au dialogue de s’enclencher en réunissant les conditions les plus favorables à son bon déroulement et à son succès.

    La situation actuelle du pays est marquée par une crise politique , constitutionnelle et institutionnelle, décrit encore Benflis dans sa déclaration. Mais il y a plus grave pour lui : « il se heurte actuellement à une impasse totale qui se dresse sur le chemin du règlement de cette crise. »

    Du coup, la priorité de l’heure à ses yeux « est donc surmonter cette impasse pour ouvrir la voie à une entente sur le contenu d’un tel règlement. »Cette impasse, explique Benflis est identifiée :« Elle est la résultante d’une divergence profonde entre le processus actuellement conduit dans le cadre strict, intégral et exclusif de l’article 102 de la Constitution et les demandes légitimes de la révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays. »

    Il s’agit donc pour lui « de travailler au dépassement de cette divergence. », estimant que « Tout dialogue véritablement orienté vers la recherche d’un règlement effectif et rapide de la crise actuelle doit impérativement en faire son objet et sa raison d’être. »

    « Ce dialogue suppose des interlocuteurs valables et crédibles, un cadre précis et connu ainsi que des objectifs bien identifiés. », conclut le patron de Talaie El Hourriet.

    Source : Algérie1

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaïd Salah, armée, Ali Benflis,

  • Maroc : Opération d’intox en vue de déstabiliser la France en Algérie

    Il semble que la France a lâché le Maroc au Conseil de Sécurité. Le dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU n’a pas été clément envers le Maroc.

    Pour la deuxième fois, le chef de l’ONU montre du doigt les autorités marocaines autant sur le plan des violations de l’Accord Nº1 que sur les mesures des restrictions imposées au territoire du Sahara Occidental que le Maroc a converti en prison à ciel ouvert.

    Le dernier rapport d’Antonio Guterres sur le Sahara Occidental dévoile que l’ONU continue d’être en conflit avec le Maroc à cause de la MINURSO, une mission qui non seulement n’a pas droit de porter des plaques onusiennes mais empêchée aussi de faire son travail concernant la situation de la population.

    La première fois que l’ONU a critiqué le Maroc pour ses actions contre la MINURSO était en 2012 lorsque Ban Ki-moon a dénoncé, entre autres, les activités d’espionnage auxquelles se livrent les autorités marocaines en vue de contrôler les mouvements des officiels onusiens. La réaction de Rabat a été le désavouement de l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, l’américain Christipher Ross.

    A l’époque, François Hollande venait d’être élu à l’Elysée après avoir gagné la bataille d’une campagne électorale où les marocains ont soutenu Nicolas Sarkozy. Hollande n’était pas des accoutumes de bienfaits de La Mamounia et il faisait peur aux marocains et le fait que son premier déplacement à l’étranger se fasse en Algérie a été la goutte qui a débordé la vase.

    En lisant le dernier rapport de Guterres, il y a lieu de se demander si la France n’a pas tourné, une nouvelle fois, le dos aux marocains au sein du Conseil de Sécurité.

    Le Makhzen, convaincu que ses alliés occidentaux, la France et les Etats-Unis, même si leur soutien au plan d’autonomie n’est plus à nier, n’ont pas l’intention de l’imposer aux sahraouis, s’agite dans tous les sens tellement la douleur est épouvantable. La douleur de se sentirimpuissant face au combat d’un peuple que les marocains, régime et citoyens, méprisent et villipendent.

    Ainsi les autorités marocaines, déçus par la France et par leurs mauvais calculs, ne savent plus à quel saint se vouer. Alors, ils annoncent l’implication de sahraouis dans des prétendues cellules supposément liées au terrorisme, multiplient les gestes envers les sionistes…. Et surtout se tournent vers leurs services secrets en vue de faire profit de la difficile situation en Algérie.

    C’est ainsi que la DGED monte des opérations des déstabilisation des relations franco-algériennes. Dans ce cadre, le site Maghreb Intelligence, une création des services de Yassine Mansouri, a publié le 23 avril 2019 une information censée être exclusive indiquant que l’Elysée avait demandé des explications après l’arrestation de Isaad Rebrab.

    Dans un communiqué transmis à la rédaction du site DIA, l’Ambassade de France en Algérie dément formellement les allégations du site Maghreb Intelligence selon lesquelles elle aurait « pris attache avec le ministère des Affaires étrangères algérien pour lui demander des renseignements sur les éléments du dossier judiciaire » de l’homme d’affaires Issad Rebrab.

    L’Ambassade de France en Algérie rappelle, une nouvelle fois, que la France respecte la souveraineté de l’Algérie et celle de son peuple ami, qu’elle ne s’ingère pas dans ses affaires intérieures et qu’elle n’a aucune volonté de le faire.

     Juste après le démenti de l’Ambassade de France, l’article a été supprimé.

    Le Maroc n’a plus rien à offrir à la France, son « amant » dont il n’est « pas particulièrement amoureux » mais qu’elle est « obligée à défendre », selon les mots de l’ancien ambassadeur français Gérard Araud. Rabat craint qu’à cause de l’épuisement des ressources marocaines, la France ne se tourne vers l’Algérie, un terrain encore fertile à exploiter et parasyté par les sociétés chinoises.

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, France, ONU. MINURSO, DGED, Maghreb Intelligence,

  • La guerre des sables vue par un histoien français

    J’ai numérisé un chapitre concernant le conflit frontalier entre l’Algérie et le Maroc.
     
    Source : Histoire des Alaouites 
     
    Auteur : BENOIT-Méchin 
     
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994 

    LES FRONTIÈRES ALGÉRO-MAROCAINES

    Bien que nous nous soyons efforcés dans ces pages de nous placer avant tout d’un point de vue psychologique et moral, dépeindre l’action de Hassan II sans parler de sa politique étrangère serait l’amputer de ce qu’elle offre de plus intéressant.

    Décidé à pratiquer une politique de « non-engagement », Hassan II a effectué de nombreux voyages à l’étranger, soit pour y régler des contentieux consécutifs à la décolonisation, soit pour y obtenir une aide économique susceptible d’accélérer le développement du pays, soit encore pour expliquer aux gouvernements étrangers les raisons pour lesquelles le Maroc ne tenait pas à s’associer à une « politique de blocs » : voyage à Washington, voyage à Bruxelles où il a été l’hôte du roi Baudouin et de la reine Fabiola; voyage à Moscou où il a établi des contacts fructueux avec MM. Podgorny, Brejnev et Kossyguine ; voyage à Madrid; enfin voyage à Paris.
     
    Mais c’est surtout dans le domaine de la politique africaine que son action s’est manifestée avec le plus de bonheur.
     
    Mohammed V, comme nous l’avons vu, était mort sans avoir pu régler le problème des frontières méridionales du royaume. Il avait refusé, à plusieurs reprises l, de discuter cette question avec les autorités françaises (Pour plus de détail voir l’annexe à la fin de cet article) en déclarant qu’à ses yeux elle relevait exclusivement de l’Algérie et qu’il attendrait que celle-ci ait accédé à l’indépendance pour fixer par des conversations directes les limites définitives entre les deux pays. La mort prématurée de Mohamrned V et le prolongement de la guerre d’Algérie n’avaient pas permis de pousser les choses plus loin. Le 6 juillet 1961, c’est-à-dire quatre mois après son accession au trône, Hassan II avait conclu un accord avec Ferhat Abbas, alors président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Par une lettre ; adressée au roi du Maroc, le représentant de l’Algérie reconnaissait « le caractère arbitraire de la délimitation imposée par la France aux deux pays » et spécifiait que « les accords qui pourraient intervenir à la suite de négociations franco-algériennes ne sauraient être opposables au Maroc, quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines ». L’accord stipulait en outre que la question serait résolue par voie de négociations et qu’une commission paritaire serait constituée à cet effet, dès que l’Algérie aurait accédé à l’indépendance.
     
    En juillet 1962, au lendemain de la signature des accords d’Évian qui faisaient de l’Algérie un État indépendant, Ferhat Abbas avait été évincé du pouvoir et tous les engagements pris antérieurement par lui considérés comme nuls et non avenus. Lorsque le gouvernement marocain s’était tourné vers Alger pour demander la constitution de la commission chargée de régler le problème des frontières, il s’était vu opposer une fin de non-recevoir catégorique. Ben Bella, qui avait succédé à Ferhat Abbas, et les chefs du nouveau gouvernement algérien affirmaient: 
     
    1) Qu’au vu des traités internationaux conclus avant l’instauration du protectorat et dont le plus ancien remontait à 1767, jamais aucun souverain chérifien n’avait prétendu exercer sa souveraineté au-delà de ; »!’Oued Noun, situé bien au nord de la ligne frontalière «actuelle».
     
    2) Que l’Algérie aurait pu mettre fin beaucoup plus tôt aux combats qui l’avaient ensanglantée pendant six ans si elle s’était contentée de la partie septentrionale du territoire et avait renoncé au Sahara.
     
    3) Que c’était seulement lorsque la France avait consenti à inclure le Sahara dans son territoire national que l’Algérie avait déposé les armes et qu’en conséquence de nombreux Algériens étaient morts pour atteindre cet objectif.
     
    4) Que la République algérienne étant « une et indivisible » il n’était pas question de céder un seul pouce de son territoire et que, au surplus, le chef de l’État algérien ayant juré sur le Coran – c’est-à-dire sur ce que les Arabes avaient de plus sacré – de maintenir envers et contre tout l’intégrité du patrimoine national, il était impossible de violer cet engagement sans commettre un parjure.
     
    Comme on le voit, les successeurs de Ferhat Abbas faisaient montre d’une intransigeance inentamable et fermaient résolument la porte à tout règlement négocié. « Quand a-t-on jamais vu un État faire don d’une partie de son territoire à un autre État? demandaient-ils. Le Maroc veut s’annexer une portion de l’Algérie ? Eh bien, qu’il vienne la prendre ! Il verra comment il y sera reçu… »
     
    Ulcéré par cette attitude si peu conforme aux scrupules qui avaient empêché son père de régler le problème avec le gouvernement français, Hassan II crut pouvoir trancher la question par lui-même. Dans la dernière quinzaine d’octobre 1963, il fit occuper par de petits détachements symboliques des Forces armées royales certains points de garde situés dans la zone désertique qui s’étendait entre la Hamada du Draa et Colomb-Béchar. Comme cette région avait été de tout temps dans la mouvance de l’Empire chérifien, il n’avait nullement l’impression de pénétrer dans un pays étranger. L’opération s’effectua sans difficulté, car les postes étaient vides et il n’y avait aucune unité algérienne dans les parages.
     
    Lorsque le gouvernement algérien apprit cette nouvelle, sa réaction fut immédiate. Il ameuta son opinion publique en annonçant à la radio que l’armée maro*caine avait franchi la frontière et occupait indûment une portion du territoire national. Quarante-huit heures plus tard, des formations de l’ALN3 débou*chaient dans la région. Au lieu de rester l’arme au pied en face des postes marocains, en attendant un arbi*trage, elles les attaquèrent nuitamment et massa*crèrent leurs chefs. Les soldats répliquèrent par un feu nourri. Le sang commença à couler de part et d’autre. De nouvelles formations de l’ALN accoururent à la res*cousse.
     
    Durant toute la journée suivante et le surlende*main, les Algériens renouvelèrent leurs attaques, mais sans pouvoir entamer la ligne de défense des Maro*cains, qui avaient reçu eux aussi des renforts. Finale*ment, ils s’essoufflèrent. L’ALN était constituée de groupes de volontaires habitués à la guérilla. Elle était insuffisamment rompue à la guerre classique pour pouvoir tenir tête à l’armée marocaine, bien encadrée et dotée d’un armement supérieur. Lorsque les Forces armées royales passèrent à la contre-attaque, elles culbutèrent les formations algériennes, qui se disper*sèrent dans toutes les directions. « II n’y avait plus rien devant nous, devait déclarer plus tard un officier maro*cain. La voie était libre. Si Sa Majesté nous avait donné l’ordre d’aller de l’avant, nous aurions pu marcher sur Alger sans rencontrer d’obstacle. »
     
    Mais cet ordre, le roi ne le donna pas. Il n’avait jamais été dans ses intentions de déclencher une guerre algéro-marocaine. Il avait simplement voulu occuper une position favorable pour amener les Algé*riens à accepter la négociation. Il savait que la partie était loin d’être gagnée. Les meilleures unités algé*riennes étaient retenues en Kabylie, où l’opposition à Ben Bella avait voulu profiter de la situation pour fomenter une révolte. Lorsque ce soulèvement aurait été maté – ce qui ne tarderait guère -, ces unités se retourneraient vers l’ouest pour affronter les Marcains. Comme leurs effectifs étaient très supérieurs à ceux des Forces armées royales, celles-ci risquaient d’être écrasées sous le nombre.
     
    De plus, cet affrontement armé entre deux pays frères avait soulevé une émotion intense dans toutes les capitales arabes. La situation était si tendue que la Mauritanie se sentit en danger et se tourna vers Alger pour lui demander son assistance. En quelques jours, Hassan II se trouva isolé. C’est pourquoi il trouva préférable de ne pas exploiter à fond l’avantage initial qu’il avait remporté sur le terrain. Toute nouvelle avance de ses troupes aurait débouché sur le chaos.
     
    Convoquée d’urgence par l’empereur d’Ethiopie, agissant en tant que président de l’Organisation de l’unité africaine, une conférence quadripartite se réunit à Bamako (29-30 octobre 1963). Elle comprenait, outre Haïlé Sélassié, le roi du Maroc, le président Ben Bella et M. Modibo Keita, président de la République du Mali. A l’issue des entretiens qui prirent par moments un caractère orageux, les quatre chefs d’État africains décidèrent :
     
    1) L’arrêt effectif des hostilités et l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, à compter du 2 novembre, à zéro heure.
     
    2) La constitution d’une commission composée d’officiers marocains, algériens, éthiopiens et maliens, qui déterminerait une zone au-delà de laquelle les troupes engagées seraient retirées.
     
    3) La constitution d’un corps d’observateurs maliens et éthiopiens chargés de veiller à la sécurité et à la neutralité de la zone démilitarisée.
     
    4) La réunion, dans les plus brefs délais, des ministres des Affaires étrangères des États-membres de l’Organisation de l’unité africaine, afin de constituer une commission spéciale qui aurait pour mission : 
    a) de situer les responsabilités dans le déclenchement des hostilités4;
    b) d’étudier le problème des frontières et de soumettre aux deux parties des propositions concrètes pour le règlement définitif de cette affaire.
     
    Les quatre chefs d’État décidèrent en outre :
     
    1) La cessation par l’Algérie et par le Maroc de toute attaque publique, par voie de presse ou de radio, à compter du 1er novembre 1963, à zéro heure.
     
    2) L’observation stricte du principe de non-ingérence dans les affaires des autres États;
     
    3) Le règlement par voie de négociation de tout différend susceptible de survenir entre États africains.
     
    Pour bien marquer qu’il n’y avait ni vainqueurs ni vaincus, le protocole final tint à souligner que les conversations s’étaient déroulées « dans une atmosphère amicale ».
     
    Mais lorsque la commission spéciale prévue à Bamako voulut se réunir pour apporter un règlement définitif au problème frontalier, elle n’aboutit à rien. Les avis se partagèrent et le litige demeura entier. L’opération militaire avait failli déboucher sur le chaos; l’action diplomatique débouchait sur le vide.
     
    Alors Hassan II se dit que, pour sortir de cette impasse, il fallait repenser le problème de fond en comble et le transposer sur un autre plan. On ne peut qu’admirer la largeur de vues avec laquelle il procéda à cette révision. Il paria que l’intelligence et la raison finiraient par l’emporter sur l’esprit de revendication territoriale et que les nécessités de la coopération économique remplaceraient « les vieux rêves de grandeur et de sable ». C’était un pari risqué et d’autant plus méritoire que le jugement que l’Histoire porterait sur son règne dépendrait, en fin de compte, de son échec ou de sa réussite. Pourtant, il n’hésita pas. Il avait pris conscience des dimensions du problème. De par sa nature et sa complexité, il n’était pas un de ceux que l’on pouvait résoudre à coups de canon. En revanche, lui apporter une solution durable assurerait à l’Algérie et au Maroc un avenir lumineux.
     
    Réduit à l’essentiel, il pouvait se formuler comme suit : nul ne pouvait contester que le territoire revendiqué à la fois par le Maroc et l’Algérie n’ait entretenu depuis le XIe siècle des liens beaucoup plus étroits avec l’Empire chérifien qu’avec l’Algérie, ne serait-ce que parce qu’à cette époque l’Algérie ne formait pas encore un État organisé. Mais il était non moins indéniable que le partage des territoires pratiqué par la puissance colonisatrice – et qui se trouvait concrétisé par les accords d’Évian – avait placé cette région à l’intérieur des frontières algériennes. Modifier cet état de choses par la force était impensable. Chaque fois qu’on le tenterait, les instances internationales interviendraient pour imposer un cessez-le-feu aux belligérants. Qu’en recueillerait-on pour finir? Rien que des ressentiments supplémentaires et des morts inutiles…
     
    À côté de ces ombres, les éléments positifs : le bassin de Tindouf contenait dans son sous-sol d’énormes richesses minières. On y trouvait du fer d’excellente qualité, notamment le gisement de Gara-Djebilet, un des plus riches du monde, puisque les experts évaluent ses réserves à deux milliards de tonnes et que la teneur en fer du minerai est de 65 pour cent (contre 35 pour cent pour le minerai de Lorraine). Ce gisement était suffisant, à lui seul, pour assurer la prospérité de l’Algérie et du Maroc, à condition d’être exploité d’une façon rationnelle. Les techniciens voyaient déjà surgir, aux lisières du Sahara, une « Ruhr nord-africaine » susceptible de fournir du travail à plusieurs générations.
     
    Ces projets ne relevaient pas de la fantasmagorie. On pouvait en chiffrer les résultats sur le papier. Comme le volume de ces minerais était beaucoup trop élevé pour pouvoir être consommé sur place, il fallait en prévoir l’exportation. Ceci posait le problème d’un débouché sur la mer. Or les ports algériens les plus proches, Arzew et Ghazaouet ‘, étaient à 1 300 kilomètres, Port-Étienne 2, en Mauritanie 3, à 1 400 kilomètres, alors que les ports marocains de La Gazelle et de Tarfaya4 se trouvaient respectivement à 400 et 515 kilomètres. (Une voie rejoignant directement la côte en traversant le territoire d’Ifni serait encore plus courte, mais elle posait le problème de l’enclave espagnole 5.) Or le coût du transport de la tonne de minerai de fer avait une incidence directe sur son prix de revient. En comparant ces diverses données, on obtenait le tableau suivant :
    _____________
    COÛT DE PRODUCTION PAR TONNE, SUR LA BASE DE 15 MILLIONS DE TONNES/AN

     

    Variante de tracé
    Distance en km
    Coût Coût d’extraction du transport en dollars en dollars
    Coût total en dollars

    Arzew
    1300
    1,10 4,40
    7,05

    (Algérie)

    Ghazaouet
    1300
    3,30
    5,60

     

    (Algérie)

    La Gazelle
    400
    2,00
    4,40

    (Maroc)

    Tarfaya (Maroc)
    515
    1,75
    4,05

    Port-Étienne (Mauritanie)
    1400
    NOP
    5,15

    D’où il résulterait que le coût du transport représente*rait :

     
    – 4 fois le coût de l’extraction, en passant par Arzew;
     
    – 3,3 fois le coût de l’extraction, en passant par Gha*zaouet;
     
    – 2 fois le coût de l’extraction, en passant par La Gazelle ;
     
    – 1, 75 fois le coût de l’extraction, en passant par Tar*faya.
    En le faisant transiter par les ports algériens, le minerai de Tindouf n’était plus compétitif, alors qu’il le demeurait largement en transitant par les ports marocains. Pour tenter d’échapper à cette obligation, la Sonarem, ou « Société nationale de recherches et d’exploitations minières », dépendant du ministère algérien de l’Industrie et de l’Énergie, avait étudié quatre-vingt-quatre variantes du tracé, portant sur toutes les possibilités d’évacuation. Or toutes avaient abouti à la même conclusion; l’exploitation des richesses de Tindouf n’était rentable qu’à condition d’emprunter le territoire marocain. L’avenir n’était-il pas clairement inscrit dans ces chiffres?
     
    Puisqu’il en est ainsi, s’était dit Hassan II, pourquoi continuer à nous disputer des richesses qu’aucun de nous n’est capable d’exploiter à lui seul ? Pourquoi ne pas nous mettre d’accord pour constituer un orga*nisme équivalant à ce qu’est pour l’Europe la Commu*nauté du charbon et de l’acier? Au lieu de nous épuiser dans des luttes stériles, pourquoi ne pas faire de ces territoires une sorte de condominium économique algéro-marocain, auquel on pourrait associer par la suite la Mauritanie6 et le Rio de Oro 7, le jour où il aurait été évacué par les Espagnols ? Ainsi se constitue*rait au nord-ouest de l’Afrique une vaste zone de coprospérité trois fois grande comme la France, au regard de laquelle les problèmes posés par le tracé des frontières perdrait, sinon toute signification, du moins beaucoup de leur acuité.
     
    Reléguer à l’arrière-plan les litiges territoriaux, les laisser se dissoudre au fil des années ; donner, pendant une période à déterminer, la primauté à la coopération économique ; imprimer à cette coopération une impul*sion assez forte pour qu’elle puisse porter des fruits avant l’achèvement de la période prévue, telles furent les grandes lignes du plan que se traça Hassan II ; et à la mise en œuvre duquel il décida de consacrer tous ses efforts. Mais pour pouvoir se concrétiser, ces prin*cipes directeurs avaient besoin de l’accord de tous. D’où une question préalable : les autres chefs d’État seraient-ils assez clairvoyants pour comprendre à quel point ces conceptions répondaient aux exigences de notre époque, à son besoin de faire peau neuve, à son refus de se laisser enfermer dans les cadres trop étroits légués par le passé? Rien n’était moins certain, car les relations entre Rabat et Alger étaient restées tendues.
     
    L’affrontement d’octobre 1963 avait laissé de part et d’autre des séquelles douloureuses. Il y avait une pente difficile à remonter. Mais, là encore, les événements favorisèrent le jeune roi et montrèrent à quel point la chance était de son côté. Avec Ben Bella, un rapprochement eut été impos*sible. Celui-ci n’avait pas digéré les circonstances dans lesquelles son avion avait été détourné, ni la facilité avec laquelle Mohammed V s’était accommodé de sa longue détention 8. Durant la durée de son incarcéra*tion à l’île d’Aix et à Aulnoye, Khider, qui était son compagnon de cellule, n’avait cessé d’attiser sa méfiance envers Mohammed V et la dynastie alaouite.
     
    Or, le 19 juin 1965, un coup d’État militaire avait évincé Ben Bella du pouvoir. Un homme nouveau l’avait remplacé à la tête du gouvernement algérien : le colonel Houari Boumédienne. Tempérament éner*gique et réalisateur, dont le laconisme tranchait sur le verbalisme démagogique de son prédécesseur, l’ancien commandant de la Wilaya V était bien trop perspicace pour ne pas voir tous les avantages qu’apporteraient à son pays un désamorçage du différend algéro-marocain et son remplacement par une formule de coopération économique. Ayant étudié le problème sous tous ses aspects, il était parvenu à des conclusions qui rejoignaient celles de
    Hassan II. Dès lors, il ne res*tait plus qu’à les mettre en pratique.
     
    Aussitôt, les ambassadeurs se mirent au travail pour créer une atmosphère favorable à la détente. Ces efforts convergents reçurent une première consécra*tion le 15 janvier 1969, quand fut signé à Ifrane, dans la résidence d’hiver du roi, un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération entre le royaume du Maroc et la République algérienne. Date capitale dans l’his*toire du Maghreb! Un esprit amical, annonciateur du renouveau, semblait avoir balayé jusqu’au souvenir de la discorde. Pour apprécier l’importance de ce rap*prochement, il faut se référer au texte même du traité :
     
    Art. I : Une paix permanente, une amitié solide et un voisinage fructueux, découlant naturellement de la fraternité séculaire liant les deux peuples frères, régne*ront entre la République algérienne démocratique et populaire et le royaume du Maroc, et viseront à l’édifi*cation d’un avenir commun et prospère.
     
    Art. II : Les Parties contractantes s’engagent à renfor*cer leurs relations communes dans tous les domaines et notamment dans les domaines économique et cultu*rel, afin de contribuer à l’élargissement du champ de la compréhension mutuelle entre les peuples frères d’Algérie et du Maroc et au renforcement de l’amitié et du bon voisinage entre eux.
     
    Art. III : Considérant que la coopération économique constitue une base solide pour leurs relations paci*fiques et amicales et vise à la promotion de leurs pays, les Parties contractantes apporteront leur participation réciproque au développement de cette coopération dans tous les domaines.
     
    Art. IV : En cas de litige ou de différend, sous quel*que forme que ce soit, les Parties contractantes s’inter*disent de recourir à l’emploi de la violence entre elles et s’emploieront à régler leur différend par des moyens pacifiques […], en application des principes et des résolutions de l’Organisation des Nations Unies, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de l’Unité africaine.
     
    Art. VIII : Le présent traité restera en vigueur pen*dant une durée de vingt ans à compter de la date de sa mise en exécution9. Il est renouvelable, par tacite reconduction, pour une période de vingt ans, tant qu’il n’est pas dénoncé par l’une des Parties contractantes, par écrit, un an avant son expiration.
     
    Pour le Royaume du Maroc
     
    Le Ministre des Affaires étrangères
     
    Ahmed laraki
     
    Pour la République algérienne
     
    Le Ministre des Affaires étrangères
     
    Abdelaziz bouteflika
     
    Je voudrais souligner deux points qui donnent à ce traité une signification particulière, devait dire Hassan II peu de temps après sa signature. D’abord, il a été contracté pour vingt ans – ce qui est un délai inhabi*tuel pour une convention de ce genre ; ensuite, il asso*cie étroitement la coopération culturelle à la coopéra*tion économique. Pourquoi? Parce qu’il est vain de vouloir faire avancer les choses si l’on ne s’occupe pas, en même temps, de faire progresser les esprits. J’ai souhaité que les écoles marocaines, algériennes – et pourquoi pas tunisiennes ? – dispensent à nos enfants un enseignement qui les rende plus conscients de leurs liens de parenté et leur apprenne à voir les choses sous un angle plus large que cela n’a été le cas jusqu’ici. Dans vingt ans, une nouvelle génération aura grandi, pour laquelle les problèmes de frontières n’existeront plus, ou, du moins, s’ils se posent, ce sera dans des termes très différents d’aujourd’hui. Entre-temps, le traité d’Ifrane aura fait ses preuves et sa reconduction ne soulèvera aucun problème, car chacun aura compris que le Maghreb tout entier est le plus petit espace géographique dans lequel nous puissions vivre. Songez qu’en l’an 2000 le Maroc, l’Algérie et la Tunisie auront, à eux trois, quatre-vingts millions d’habitants. Ces conceptions sont caractéristiques de la manière de penser de Hassan II. Ce n’est pas à lui qu’il faut apprendre que ce qui paralyse la vie, ce ne sont pas les contraintes, c’est le manque de hardiesse.
     
    Fin
     
    Annexe:
     
    Durant les négociations de Paris, les autorités françaises ont proposé au roi Mohamed V de fixer le tracé des frontières dans les confins sahariens, afin d’éviter toute contestation ultérieur. Elles se sont même déclarées prêtes à inclure la région de Tindouf et la Hamada du Draa dans le territoire marocain. Mais Mohamed V leur a opposé un refus catégorique. A ses yeux, la question des frontières méridionales du royaume relève exclusivement du Maroc et de l’Algérie : elle doit être réglée d’un commun accord entre les deux pays. Or l’Algérie, dans l’état actuel, n’a pas voix au chapitre. Elle est engagée dans des combats dont dépend son avenir. Le roi répugne à profiter de cette situation pour lui porter un coup bas.« Aucun avantage moral ou matériel, déclare-t-il, ne saurait justifier un acte de félonie. Nous réglerons cette affaire plus tard, entre voisins. Je n’ai pas voulu accabler la France lorsqu’elle était à terre ce n’est pas pour frapper un pays frère lorsqu’il se trouve en difficulté.» 
     
    Chacun rend hommage à son élévation morale. Mais comme ses interlocuteurs français lui font observer que la France n’a nullement l’intention de quitter l’Algérie et que cette situation risque de se prolonger longtemps, il répond, imperturbable :« Eh bien!nous attendrons!» 
     
    Source : Histoire des Alaouites 
     
    Auteur : BENOIT-Méchin 
     
    Éditeur : Librairie Académique PERRIN 1994 
     
    Page 165
     
     
     
    Tags : Maroc, Algérie, guerre des sables,