Étiquette : Ali Aarrass

  • Maroc : Ali Aarrass, c’est mon frère, un documentaire de Julie Jaroszewski

    AUJOURD’HUI, JEUDI 2 AVRIL 2020, ALI AARRASS EST LIBÉRÉ

    Episode 1. Ali Aarrass c’est mon frère.

    Depuis Bruxelles, Farida Aarrass, la sœur d’Ali Aarrass, retrace les dix dernières années de lutte pour la libération de son frère. Arpentant les rues de la capitale belge, elle se souvient de la constitution du Choeur et du Comité Free Ali Aarrass.

    Avec Luk Veraet, membre fondateur de celui-ci, elle visite l’avocate d’Ali, Dounia Alamat, Amnesty International et repositionne le cas de son frère dans le contexte plus large des dérives de la lutte anti-terroriste et des mobilisations citoyennes du Riff.

    En coulisse, le Choeur des femmes répète et continue de raconter par le biais du théâtre et de la musique.

    Le Choeur d’Ali Aarrass est constitué d’une vingtaine de femmes, toutes actrices de la lutte pour la libération du prisonnier belge-marocain, enfermé depuis onze ans au Maroc, accusé de terrorisme et condamné sur base d’aveux obtenus sous la torture. Créé il y a quatre ans, dans la lignée du Comité Free Ali Aarrass, le Choeur s’est produit en avril 2018 dans une forme théâtrale longue au Théâtre National.

    Source : Radio Panik, 2 avr 2020

    Tags : Maroc, Ali Aarrass, terrorisme, 

  • Maroc : “ Rappelez-moi comment c’est à l’extérieur (Ali Aarrass)

    “ Rappelez-moi comment c’est à l’extérieur.0148 Un texte inédit d’Ali Aarrass

    « … Un désir profond de serrer ma fille dans mes bras… »

    Ce texte inédit d’Ali Aarrass, avec ses Lettres de prison, publiées en 2016, a sa place à côté des plus beaux textes de prison du Palestinien Mahmoud Darwish, de l’Américaine Assata Shakur ou de l’Allemande Rosa Luxembourg.

    Il y a quelque temps j’avais demandé à Ali d’écrire la préface d’un livre que j’avais l’intention d’écrire, regroupant des textes parus sur le site Free Ali pendant ses années de détention. Pour de multiples raisons ce livre ne s’est pas fait. La préface d’Ali, je l’ai gardée pour moi comme un précieux cadeau. Aujourd’hui, deux mois avant sa libération (le 2 avril 2020), j’en partage quelques extraits avec vous. Ce texte est un message d’humanité, aussi poétique et émouvant que bouleversant. Une réflexion profonde sur la liberté et la dignité, que seuls ceux qui ont dû traverser l’enfer, sont capables d’écrire. Que tout le monde en puise des forces pour continuer son combat pour la justice et l’égalité. Merci de faire connaître les paroles d’Ali et de les partager autour de vous.

    Luk Vervaet

    « … Demain, je serai honoré de vous connaître sur le terrain. Vous, le Comité de soutien et tous les sympathisants. Si je sors un jour à la vie, ma maison n’aura pas de clés. Elle sera toujours ouverte, comme la mer, le soleil et l’air. Qu’ils entrent : les oiseaux, le jour, la nuit, la pluie bleue, et la lune, ma douce amante… Mais avant, rappelez-moi comment c’est le monde à l’extérieur ? Parce que la prison, c’est comme un insatiable vampire, qui peu à peu absorbe mes souvenirs. Dites-moi aussi comment est la justice, car là où je me trouve entre ses quatre murs maudits, la justice est une caricature, une mascarade ! Mais ne me dites pas ce qu’est la dignité. Parce que je l’ai connu intimement. C’est avec elle que je me couche, avec elle je me lève, je mange à sa table, je lui offre ma faim, elle est la pure essence de la liberté. C’est elle qui m’a fait comprendre que j’étais incarcéré, mais libre. Aujourd’hui, je me dois un grand respect vers ceux qui croient et voient en elle la sincérité, la cohérence, un compromis d’amour actif envers les autres, en particulier envers les plus humiliés, les offensés. Vous comprendrez que l’homme n’est homme que s’il se convertit à l’humanité.
    Luk, en dépit des circonstances souvent désastreuses, a-t-on le droit de rêver ? Car un de mes rêves, c’est de voir un monde sans faim, sans guerres, sans inégalités sociales, où le soleil sort et nous réchauffe tous. Mais sommes-nous prêts à tout accepter, quoi qu’il arrive ? Il faut avoir confiance en soi, connaître ses capacités, avoir la volonté d’arriver au but. Se réaliser que toutes les expériences négatives qu’on vît, doivent être perçues comme de véritables opportunités pour se remettre en question, et jamais, à aucun moment, permettre aux échecs apparents de nous décourager.

    Si nous tombons, relevons-nous tout simplement. Et essayons encore. Et ne soyons à aucun moment satisfaits de rester statiques. Il faut aller en avant, toujours en avant ! Nous devons être parmi ses hommes qui pendant des siècles ont été à l’image de l’arbre privé à la fois d’air et de racines. Ce n’est pas la première fois que des hommes auront joué ce rôle dans la cristallisation de la conscience, de l’espoir et de souvenirs. Et cela malgré la répression, la prison ou le bannissement quand ils n’ont pas choisi l’exil. Aujourd’hui, plus que jamais, l’être humain doit être solidaire, il doit simplement défendre la paix, la liberté et la sécurité des siens.

    Luk, alors que je suis plongé dans l’écriture, mon stylo s’arrête de lui-même et observe une minute de silence. Que se passe-t-il ? Y-at-t-il un opprimé qui meurt quelque part ? Oui, nombreuses sont les lampes qui ont honte de ce qui se passe autour d’elles. Elles détournent le regard vers le plafond… Quant à moi, je me sens toujours prisonnier de celui qui me tend la main. Durant toutes ces années en prison, au lieu d’être angoissé, ça a donné plus de valeur à mon existence, dans une dimension spéciale, avec un désir profond de sentir un jour la liberté, de pouvoir marcher sur l’herbe, de regarder le grand ciel bleu, les étoiles, et de serrer ma fille dans mes bras. Ce sentiment de pouvoir découvrir, de posséder à nouveau un jour, me rendait heureux.

    Oui, je sais parfaitement encaisser les chocs, en me serrant les dents, en mobilisant mes ressources pour affronter et traverser les épreuves pendant les tempêtes. Il fallait que je reste concentré sur mon objectif pour arriver à bon port, sain et sauf. Je dois reconnaître aussi que le recours à l’endurance provient d’un long entrainement. Qui prend très souvent une source dans l’enfance. C’est là, que j’ai dû apprendre à ne compter que sur moi pour m’en sortir des situations difficiles. Le choc de l’épreuve non seulement ne provoque pas l’effondrement, mais il met celui qui le subit en contact direct avec ses ressources et ses compétences de survie. C’est pour cela que nous devons savoir que la volonté et la possession d’une boîte à outils personnelle nous permet de ne pas se sentir démuni face à adversité. De se programmer pour résister dans le temps. Aide-toi, le ciel t’aidera !

    Celui qui doit endurer ne quitte pas son armure. Il vît comme s’il fallait être prêt à tout moment à affronter une épreuve. Aujourd’hui, toutes ces épreuves ne m’ont pas broyé ! Je suis toujours là, ici. Ils ont voulu me briser dans des conditions de détention inhumaines, mais au contraire je suis resté debout et bien raide avec ma dignité inséparable. Je les remercie d’avoir fait de moi un homme plus fort encore, avec ma conscience et ma dignité d’homme libre toujours dans mon esprit. Je dois dire que j’ai pleinement conscience d’être un privilégié, Dieu merci, de toutes ces années dures et difficiles. Je sais de quoi je parle.

    Je me pose cette question : peut-on faire un grand pas dans la vie sans avoir des garanties ? Ou devons-nous prendre le taureau par les cornes et s’engager très vite sur une autre voie, si ce n’est que pour éviter cette catastrophe ou au moins tenter de l’atténuer.

    Luk, au nom de tous les opprimés du monde, je vous remercie, et tout le Comité de soutien, ainsi que tous les hommes et toutes les femmes dont l’aide nous a été précieuse pour mener à bien votre combat. Et surtout de ne jamais avoir baissé les bras… ».

    Ali Aarrass

    Solidarité Maroc, 22 jan 2020

    Tags : Maroc, Ali Aarrass, répression, terrorisme, Belgique, Belliraj,

  • Le PTB répond au Comité Free Ali Aarrass concernant les 3lois ciblant les binationaux

    Le PTB répond à la lettre du Comité Free Ali Aarrass

    Le Comité Free Ali Aarrass a interpellé des têtes de liste des partis pour les élections fédérales à Bruxelles concernant les 3 lois votées ces dernières années ciblant les citoyens binationaux.

    Deux questions ont été posées aux candidats Didier Reynders (MR); Georges Dallemagne (CDH); François De Smet (Défi); Ahmed Laaouej (PS); Zakia Khattabi Abtoy (Ecolo); Maria Vindevoghel Merlier (PTB), Dyab Abou Jahjah (Be.One)

    1) Quelle est la position de votre parti sur ces trois lois ; 2) Votre parti compte-t-il demander leur abrogation s’il participe au prochain gouvernement fédéral ? «

    Voici la réponse du PTB

    Notre position de base est la suivante : nous sommes pour l’égalité des droits et nous nous battons pour protéger la citoyenneté des enfants nés en Belgique ou ayant grandi en Belgique, ainsi que pour tous les citoyens ayant la double nationalité.

    Nous ne voulons pas qu’il y ait des citoyens de première et de seconde zone.
    Et c’est au quotidien que nous nous battons dans les entreprises, dans les quartiers, contre le racisme et les discriminations structurelles qui touchent nos compatriotes. Il est inacceptable qu’en 2019, en Belgique, une partie importante de la population porte un double fardeau, exclusion sociale et racisme, et n’a pas les mêmes chances de décrocher un emploi correct, une bonne école, un logement abordable, etc.

    Ces 3 lois (déchéance nationalité, déportation, assistance consulaire) ciblant les citoyens binationaux renforcent un statut de sous-citoyens et instituent une double (et même triple) peine. Il faut que cela cesse. Ce combat concerne d’ailleurs l’ensemble du monde du travail. Où va s’arrêter la logique de créer des citoyens de seconde zone ? Ces mesures peuvent toucher à terme tous les travailleurs, tous les activistes, etc. On commence par attaquer les droits des minorités nationales comme banc d’essai pour réduire ensuite les droits de la population tout entière.

    Nous exprimons notre solidarité avec le combat du Comité et avec Ali Aarrass, devenu l’une des victimes et symbole vivant des dérives de la lutte anti-terroriste.

    Le PTB demande l’abrogation de ces lois. Il serait impossible pour le PTB de participer à un gouvernement alors que de telles lois sont en vigueur.

    Solidarité Maroc

    Tags : Maroc, Belgique, Ali Aarrass, répression, torture, double nationalité, PTB,

  • Extraditado por España, torturado por Marruecos

    « Ali me explicó que le colgaron durante horas por las muñecas. Ya de por sí era doloroso, pero además le golpeaban. También tiraban de sus brazos y de sus piernas como si quisieran desmembrarle. Simulaban ahogarle reiteradamente y cada vez que perdía el conocimiento le reanimaban. Le inyectaban productos que le daban la sensación de enloquecer. Le violaron con botellas. Le colocaron pinzas de metal en sus partes más íntimas para propiciarle descargas eléctricas ».

    Farida Aarras, nacida en Melilla pero con nacionalidad belga, hizo el mes pasado al mensual Le Courrier du Maghreb et de l’Orient esta descripción de las torturas que, según ella, sufrió su hermano Ali, de 52 años, en Temara, la sede de la policía antiterrorista marroquí. Las padeció justo después de ser extraditado a Marruecos en marzo de 2010. El Gobierno español le entregó a las autoridades de Rabat que lo reclamaban.

    Aministía Internacional, el Gobierno local y las fuerzas vivas de Melilla lo advirtieron una y otra vez antes de que fuese extraditado: Ali Aarras puede no tener un juicio justo en Marruecos y corre el riesgo de ser torturado. El Consejo de Ministros español, presidido por José Luis Rodríguez Zapatero, hizo oídos sordos y Bélgica, el país cuya nacionalidad ostenta Ali Aarras, tampoco movió un dedo. Fue necesaria una sentencia judicial para que le brindase protección consular. La prioridad era la lucha antiterrorista.

    Tres años después de que España tomase esa decisión se han levantado tantas voces en apoyo de Aarras, incluida la de la ONU, que el Ministerio de Justicia marroquí anunció el 21 de mayo una iniciativa nada frecuente: la apertura de una investigación sobre las denuncias que formula el reo melillense.

    Educado por las monjas en Melilla, Aarras tenía 15 años cuando emigró a Bruselas. Desde pequeño era residente legal en Melilla, pero solo ostentaba la nacionalidad marroquí hasta que en 1989 adquirió la belga e hizo allí la ‘mili’. En Bélgica hizo otras muchas cosas, desde trabajar en la construcción hasta abrir una papelería, además de casarse con la marroquí Houria. Poco antes de regresar a Melilla, en 2005, se convirtió también en un musulmán piadoso. En su ciudad abrió primero una bocatería, pero como el negocio no iba bien acabó conduciendo camiones.

    Investigado en 2006 por sus supuestas vinculaciones terroristas por el entonces juez de la Audiencia Nacional, Baltasar Garzón, Aarras no llegó a ser juzgado porque el magistrado archivó el asunto. Fue de nuevo detenido en 2008, a instancias de la Justicia marroquí, y extraditado dos años más tarde. En octubre de 2011 fue condenado a 12 años por pertenencia a banda terrorista y tráficos de armas. La única ‘prueba’ que avala esa sentencia es, según su abogado melillense Nayim Mohamed, la confesión del preso obtenida bajo la tortura. Los letrados han recurrido la sentencia.

    Ya en diciembre de 2012 el relator de la ONU para la tortura, Juan Méndez, daba crédito, en una carta que remitió a las autoridades de Marruecos, a las denuncias de Aarras sobre las torturas padecidas. Hace cuatro meses el grupo de trabajo sobre detenciones arbitrarias del Comité de Derechos Humanos de la ONU hizo otro tanto. Amnistía Internacional convirtió a Aarras en un símbolo el pasado 26 de junio, día internacional contra la tortura. Organizó pequeñas concentraciones ante el Parlamento marroquí y las embajadas de Marruecos en Bruselas y Madrid. En esta última entregó 40.000 firmas pidiendo que se investigue a fondo lo sucedido.

    Ali Aarras no es el primer caso -fue precedido por el sirio Basel Ghalyoun, el checheno Murat Gasayev, etcétera-, ni probablemente el último, de personas extraditadas por España y presuntamente torturadas en el país al que se les envía. Es, sin embargo, el único en el que ha intervenido la ONU. Ningún responsable de aquel Gobierno de Zapatero que le entregó a Marruecos se ha preguntado si no se incumplieron entonces las obligaciones internacionales de España.

    El Reino Unido ha intentado negociar memorándums de entendimiento con una decena de países no europeos a los que suele extraditar reos para que sus gobiernos se comprometan, además de no condenarles a muerte, a no torturarles. En otros lugares de Europa se estudia que los cónsules del país que extradita puedan hacer un seguimiento de la suerte que corre el reo una vez trasladado al país que solicitó su extradición. España fue pionera a la hora de introducir en 2009 la justicia universal, pero en este otro apartado va con mucho retraso.

    Y, sin embargo, como escribía en un editorial, en vísperas de la extradición del reo belga, un diario tan prudente y conservador como El Faro de Melilla: « La defensa de Ali Aarras alcanza y afecta a todos los demócratas que creen en un Estado de Derecho con garantías judiciales que, hoy por hoy, no se dan en Marruecos ».

    Fuente : Orilla Sur, 01/07/2014

    Tags : Marruecos, España, represión, terrorismo, amenaza terrorista, instrumentalisación de la amenaza terrorista, Ali Aarrass, Bélgica, tortura,

  • Ali Aarrass : torturé au Maroc et abandonné par la Belgique

    Ali Aarrass : quand la Belgique abandonne certains de ses citoyens…

    Abdellah BOUDAMI

    Source: Politique, 6/01/2012

    Jeudi 24 novembre 2011, Ali Aarrass se tient seul devant ses juges. C’est alors la neuvième audience de son procès, au Tribunal de Rabat. Et c’est à ce moment, alors que ses avocats et ses proches se sont retiré le temps d’une pause, que le verdict est prononcé : il est condamné à quinze ans de prison. Ne comprenant pas l’arabe, ce n’est que lorsque ses avocats le rencontrent qu’il prend la mesure de l’injustice de la peine. En effet, Ali Aarrass est innocent… Rappelons les faits qui jalonnent cette saga politico-judiciaire et qui ont mené Ali Aarrass de la prison espagnole à la torture marocaine, en passant par l’indifférence belge.

    Arrestations et non-lieu

    Ali Aarrass est né en 1962 à Melilla, une des deux enclaves espagnoles au Maroc (avec Ceùta), et est arrivé en Belgique en 1977, où il obtient la nationalité belge La nationalité marocaine étant inaliénable, tout Marocain qui acquiert la nationalité belge devient automatiquement belgo-marocain, indépendamment de sa propre volonté. Ce n’est qu’en 2005 qu’il retourna vivre auprès de son père, à Melilla.

    Durant ces longues années passées en Belgique, Ali effectua son service militaire et travailla dans plusieurs secteurs avant d’ouvrir son propre commerce, une papeterie à Bruxelles. Très apprécié, honnête et généreux, c’était un homme respecté dans le quartier. C’est donc comme un coup de tonnerre que sonna l’annonce de son arrestation en Espagne, en novembre 2006. Relâché sous caution, et faisant l’objet d’une enquête pour trafic d’armes, il fut arrêté à nouveau, en avril 2008, sur base d’éléments provenant de la justice marocaine.

    “Absolument rien n’a été fait au niveau du ministère des Affaires étrangères pour sauver le citoyen belge.”

    Cette dernière lança plusieurs mandats d’arrêts internationaux, et les justifia en invoquant des preuves émanant d’interrogatoires dans le cadre de l’affaire Belliraj, un Belgo-Marocain comme Ali Aarass, qui est accusé d’avoir commandité des attentats.

    Le procès Belliraj ayant été cette farce que l’on sait (on a pu voir dans les câbles Wikileaks que, aussi bien du côté américain que belge, il n’y avait pas de doutes quant au caractère inique du procès Belliraj, sans compter les accusations de torture), la justice belge refusa d’extrader les hommes arrêtés en Belgique. L’Espagne diligenta une enquête sous la direction du célèbre juge Baltazar Garzon, connu pour sa rigueur et son inflexibilité. Il ne trouva absolument aucun fait à charge de Ali Aarrass et délivra un non-lieu en mars 2009.

    Pourtant, et c’est ce qui causait la perplexité de ses proches et de ses avocats, Ali Aarrass était maintenu en détention, en isolement, et la justice espagnole délégua au Conseil espagnol des ministres la décision de l’extrader ou pas vers le Maroc. Le Conseil postposa cette décision jusqu’en novembre 2010.

    Extradition et torture

    Malgré les grèves de la faim et les protestations (la campagne « Free Ali » se mit doucement en place et tenta de sensibiliser citoyens, médias et politiques à propos de l’affaire), le Conseil des ministres en Espagne décida, le 19 novembre 2010, d’accepter d’extrader Ali Aarrass vers le Maroc. Tout de suite, ses avocats portèrent l’affaire au niveau de l’ONU, laquelle décida, via son Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, de demander la suspension de l’avis d’extradition.

    Passant outre, l’Espagne extrada Ali Aarrass le 14 décembre 2010, sans même que sa famille ou ses avocats ne soient prévenus. En effet, c’est par la presse qu’ils furent mis au courant. Ali Aarrass disparut de longues semaines, sans que personne ne sache où il se trouvait… L’attitude du gouvernement belge est sidérante. Absolument rien n’a été fait au niveau du ministère des Affaires étrangères pour sauver le citoyen belge.

    Dans un premier temps, lorsqu’Ali Aarrass était en Espagne, la Belgique justifiait son inaction dans le dossier par le fait que l’Espagne est un État démocratique et qu’il fallait donc lui faire entière confiance. Dans un second temps, après l’extradition au Maroc, l’État belge invoqua la loi selon laquelle un citoyen ayant la double nationalité, lorsqu’il met les pieds dans le pays de son autre nationalité, ne reçoit aucune aide consulaire ou action particulière du gouvernement belge. Les réponses (ou non-réponses, le plus souvent) de Steven Vanackere sont restées cohérentes tout au long des interpellations (à l’instar de celle de Zoé Genot du groupe Ecolo- Groen !) : il refusa d’agir.

    “Et c’est cette question de la double nationalité que soulève avec encore plus d’acuité l’affaire Aarrass.

    Dans la mesure où il était certain que Ali Aarrass allait subir des tortures au Maroc, et que par conséquent des droits humains fondamentaux allaient être bafoués, on peut se poser la question de la pertinence, dans le chef de l’État belge, à mettre en balance d’une part une loi sur l’aide consulaire qui date du XIXe siècle, et d’autre part des droits humains élémentaires. Tabassages en règle, viols à l’aide de bouteille, chocs électriques, privations de sommeil, injections de produits chimiques, rien ne sera épargné à Ali Aarrass. Il sera forcé et contraint de signer des aveux (en arabe !) dans lesquels il est censé reconnaître, après quelques jours d’interrogatoires, des faits qu’il avait pourtant niés pendant plus de trois ans.

    En avril 2011, commença alors un procès-farce parsemé de vices de procédure et de manquements flagrants aux droits de la défense : les pièces du dossier qui sont à sa décharge seront escamotées, les plaintes pour torture n’aboutiront pas, la conversation téléphonique dans laquelle Belliraj innocente Ali Aarrass n’apparaîtra jamais, la confrontation d’Ali Aarrass avec un autre accusé censé avoir prononcé son nom lors des interrogatoires, confrontation durant laquelle cet accusé nie le connaître, sera écartée sans plus de détails… Et les plaidoiries pourtant brillantes des avocats d’Ali Aarrass resteront lettre morte. Ainsi, après être passé par la sinistre DST marocaine, Ali Aarrass vécut aussi la triste réalité des procès politiques au Maroc : des juges d’instruction à la botte du pouvoir et des audiences de procès toujours reportées, afin de fatiguer la campagne « Free Ali » et de saper les ressources – financières et morales – des amis solidaires d’Ali Aarrass. Tout ceci, sous l’oeil complice des autorités belges et européennes…

    L’indifférence des autorités

    Parmi les quelques soutiens qu’a reçus Ali Aarrass au long de son calvaire figure l’appel du citoyen belgo-turc Bahar Kimyongür. Ce dernier sait fort bien de quoi il parle, puisqu’il a souffert également du piège de la double nationalité. En effet, pour permettre l’extradition vers la Turquie de Bahar Kimyongür, les autorités belges avaient orchestré en 2006 une machination visant à le faire arrêter aux Pays-Bas, où il n’aurait plus pu bénéficier de la protection que lui conférait en Belgique sa nationalité belge. Et c’est cette question de la double nationalité que soulève avec encore plus d’acuité l’affaire Aarrass.

    En effet, chez nombre de Belgo-Marocains, on a le sentiment prégnant d’être traité comme des citoyens de seconde zone, ne bénéficiant pas des mêmes droits que les Belges « de souche ». Dans un contexte marqué par une islamophobie rampante, par des thèses racistes de plus en plus assumées et relayées, par une guerre « antiterroriste » qui justifie les lois d’exception, la figure du bouc émissaire arabo-musulman qui ne peut pas jouir pleinement de sa citoyenneté interpelle nombre de Belges, notamment ceux qui sont issus de l’immigration. L’indifférence des autorités belges depuis le début des événements ne peut que conforter cette impression.

    Tags : Maroc, Belgique, Ali Aarrass, torture, terrorisme, Belliraj, Espagne,

  • BD : Nouvelle édition sur Ali Aarrass, détenu au Maroc

    C’est avec un immense honneur et joie que je vous annonce l’arrivée de la toute dernière BD Ali Aarrass de Manu Scordia.

    Cette BD est l’un des plus beaux outils crées durant la campagne freeali. Je remercie en passant notre cher ami Manu Scordia qui a su mettre à la fois l’aspect informatif sur l’affaire, ainsi que toute l’émotion requise pour la faire ressentir au plus profond de soi. Vivre chaque passage comme si vous y étiez. Ce qui est sûr et certain c’est que vous ne serez plus la même personne une fois que vous l’aurez lue.
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    Pour continuer les visites mensuelles à Ali Aarrass. Un immense merci pour votre généreuse participation.(Je fais un virement aux avocats chaque fois qu’on atteint les 500€ au minimum)

    Ali sent le temps passer plus vite. Nous allons pouvoir préparer la prochaine visite vers la fin du mois d’avril et il restera à coup sur de quoi organiser deux prochaines visites.

    Ce projet consistant à casser l’isolement se déroule bien, puisque maintenant Ali s’attend à recevoir quelqu’un au moins une fois par mois. Ce qui n’était pas réalisable pour nous du fait de son coût, le devient parce que vous y avez contribué. Pour votre aide, pour votre confiance, pour votre magnifique soutien, je ne vous remercierai jamais assez. Ali a été fort surpris lorsqu’on lui a fait savoir que c’était grâce à l’aide de personnes qui le soutiennent que ces voyages ont lieu. Il se morfondait dans sa cellule d’où il refusait de sortir (vous vous rappelez, nous étions sans nouvelles). L’impact horrible de l’isolement ainsi que de tous les mauvais traitements subis. Nous allions le perdre et le voilà qu’il reprend motivation. Il ne reçoit plus son courrier depuis novembre 2018, et il ignore les raisons de ce refus. Son courrier lui permettait de s’évader imaginairement de ces lieux immondes, de toute cette solitude on ne peut plus punitive.

    Mais n’arrêtez pas de lui écrire, parce que s’ils refusent de lui remettre son courrier, il faut que le corps pénitencier apprenne que nous ne l’oublions pas et qu’il ne sera jamais abandonné.

    J’ai eu très peur pour lui. Nous avons appelé à l’aide et vous avez répondu. Je ne l’oublierai jamais.

    Farida Aarrass BE69 0016 7484 8678

    Source : Solidarité Maroc

    Tags : Maroc, Ali Aarrass, répression, Belliraj, terrorisme,

  • Bettina De Graeve, secrétaire générale du parti BeOne, au Maroc pour visiter Ali Aarrass

    Candice Vanhecke : nous sommes en route pour Rabat (avec Betty De Graeve et Houria, la femme d’Ali Aarrass)

    » Nous sommes en route pour Rabat avec Houria, l’épouse d’Ali Aarrass, et Bettina De Graeve, secrétaire générale du parti BeOne.

    Nous accompagnons Houria qui se rendra demain à la prison de Tiflet, où est emprisonné son mari suite à des aveux obtenus sous la torture.

    Par notre présence, Bettina et moi souhaitons témoigner notre solidarité à Ali Aarrass et à sa famille. De nationalité belge et marocaine, Ali a été totalement abandonné par la Belgique qui lui refuse tout soutien.

    Ce refus a été condamné par les tribunaux belges. Mais la Belgique a ensuite pris différentes lois qui retirent des droits aux #binationaux, faisant d’eux des citoyens de seconde zone.

    #BeOne se bat pour supprimer ces lois et rétablir l’égalité entre tous les citoyens.

    Pour soutenir Ali Aarrass et lui permettre de recevoir la visite de ses proches une fois par mois, n’hésitez pas à faire un don sur le site www.freeali.eu. «

    Candice Vanhecke

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    Tags : Maroc, Ali Aarrass, Bettina De Graeve, BeOne,