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  • Pour Driss Basri, « l’indépendance du Sahara est une question de temps »

    Ali Lmrabet (Journaliste indépendant marocain)
    Pour Driss Basri, « l’indépendance du Sahara est une question de temps »

    Abdelhamid Benhamla

    Ali Lmrabet, le journaliste marocain, qui se trouve actuellement chez lui au Maroc, est passé à Alger, avant l’Aïd, après avoir interviewé le Président sahraoui, pour le quotidien espagnol El Mundo. Le journaliste, dont les hebdomadaires Demain et Doumane avaient été fermés par les autorités marocaines, va déposer, au courant de cette semaine, un dossier pour la mise sur le marché marocain d’un nouvel hebdomadaire politico-satirique qui s’appellera Après-demain. Cette appellation, suggérée par son ami Plantu, le caricaturiste du quotidien français Le Monde, consacrera une autre phase dans sa lutte « pour une réelle démocratie au Maroc ». Ali Lmrabet avait tenu, avant cette interview, à apporter une précision sur la couverture de sa rencontre avec la presse algérienne, à la veille de l’Aïd. Il réitère sa position sur la question sahraouie et tient à faire éviter l’amalgame entre son opposition à la politique du royaume et à son attachement à son pays, le Maroc.

    Vous venez d’interviewer le Président sahraoui pour le quotidien El Mundo. Comment était ce premier contact ?

    Très bien. Je l’ai mis à l’aise et il en a fait de même. Il n’a esquivé aucune question et il ne m’a même pas demandé de lire l’interview avant sa parution. J’ai beaucoup apprécié. Je lui ai demandé de rencontrer les prisonniers marocains et il avait accepté, non sans insistance de ma part. J’ai demandé à tous les Sahraouis que j’ai rencontrés de faire un geste humanitaire et de les libérer. Les Sahraouis me disent que le Maroc nous a massacrés et je leur ai dit qu’il n’y a pas que vous. Je leur ai donné l’exemple des émeutes de la faim où la police et l’armée tiraient à bout portant sur les manifestants, sans distinction. J’observe, en tout cas, que les prisonniers marocains ne peuvent pas être une monnaie d’échange parce que le gouvernement marocain les a abandonnés.

    Voulez-vous nous rappeler vos démêlés avec la justice marocaine ?

    La première affaire importante a eu lieu en 2001, lorsque j’avais révélé que le palais royal de Skhirat, près de Rabat, pourrait être vendu. J’avais pour cela des documents prouvant les négociations qui allaient être entamées, en dehors du Maroc, avec de richissimes personnes venant d’un pays du Golfe. L’accusation était l’atteinte à la sacralité d’une résidence royale. Lors du procès, le procureur du roi, un jeune formé à Strasbourg, se lève de son siège et tire une grosse pierre qui était sous l’estrade. Il reprend sa place et la montre à l’assistance, en prenant un ton très sérieux et avec un arabe châtié, il dit : regardez cette pierre, si on la laisse comme ça, c’est une pierre, si on la met dans une mosquée ou dans une résidence royale, elle acquiert la sacralité. C’était en 2001, ce n’est pas de la préhistoire. A la fin de cette parodie de justice, j’ai été condamné à quatre mois de prison ferme et à la fermeture de mon journal.

    Vous avez été en prison pour cela ?

    Non, je n’avais pas fait de prison pour cette affaire bien que je m’y attendais un peu puisque je n’avais pas fait appel.

    Pourquoi ?

    J’avais des voies de recours que je n’avais pas utilisées, alors c’est le procureur lui-même qui avait fait appel. J’ai appris par la suite que le pouvoir ne voulait pas m’emprisonner mais juste me faire peur. Par la suite, il y a eu des menaces de mort, le fisc, la sécurité sociale, les écoutes téléphoniques… Bref, toute la panoplie.

    Pourquoi avez-vous fait de la prison alors ?

    Il y avait plusieurs procès, mais c’est un article qui m’a valu une accusation d’outrage au roi, d’atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc et d’atteinte à la monarchie. La totale. En première instance, j’ai eu pour quatre ans et l’équivalent de 3000 euros d’amende ; et en appel, j’en ai eu pour trois ans. J’ai passé, en tout, sept mois et demi en prison. C’était une expérience très riche pour moi parce que j’avais découvert le miroir obscur de la société. Les prisonniers d’opinion sont normalement emprisonnés ensemble, mais pour moi, j’ai « bénéficié » d’une exception, j’étais avec les prisonniers de droit commun.

    Vous aviez fait une grève de la faim qui a été très médiatisée, en Algérie et en Europe…

    J’en ai fait deux, la première a duré 55 jours et la deuxième 32 jours. Je dois dire une vérité que j’ai constatée dans cette affaire : le soutien des journalistes algériens a été largement plus important que celui des journalistes marocains.

    Après 7 mois et demi, vous avez bénéficié d’une grâce royale…

    Je ne l’avais pas demandée. Ce sont les pressions des médias, de l’opinion publique régionale et internationale et l’intervention personnelle du Secrétaire d’Etat américain, Collin Powel, qui aurait menacé le Maroc de ne pas signer l’accord de libre-échange. J’avais appris cela dans un article du Financial Time.

    Le gouvernement marocain refuse encore d’admettre le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui…

    L’autodétermination du peuple sahraoui est une position que Hassan II avait exprimée en 1981, à Nairobi. Cette position a été dénoncée, en son temps, par le premier secrétaire de l’USFP, Abderrahim Bouabid, que le roi a assigné, pour cette raison, en résidence surveillée, pendant un an au sud du Maroc. Ce n’est donc pas une approche nouvelle, ni une position imposée par une quelconque partie et encore moins l’Algérie ou James Baker.

    Quelle analyse faites-vous des dernières sorties de Driss Basri ?

    Driss Basri m’a dit, en aparté, après son éviction, que ce qui gênait le pouvoir marocain dans le plan Baker, c’est le retour des réfugiés. Ils seront, dit-il, d’une manière ou d’une autre, sous tutelle des Nations unies et, en cas de troubles, la police et l’armée ne peuvent sévir parce que la région focalisera les regards de toute la communauté internationale. Il y avait réellement des risques de « dérives » qui pouvaient précipiter des décisions contraires aux intérêts du Maroc appelé, en plus, à démilitariser la zone. Driss Basri est conscient que le Front Polisario est très bien structuré et très bien politisé. Sans répression, il fera ce qu’il voudra, une fois que sa direction pénètre les territoires. Sa revendication plaide pour lui ; il demande la terre de son peuple pour y édifier son Etat. Ce n’est pas une mince affaire.

    Mais Driss Basri déclare avoir toujours soutenu le plan Baker…

    Oui, parce que, en son temps, disait-il, c’était gérable ; mais plus maintenant. Il m’a dit que les jeux sont faits ; l’indépendance du Sahara est une question de temps ; elle est inévitable. Ce ne sont pas les Sahraouis de service qui vont changer la donne ; ils sont exploités, comme d’ailleurs les transfuges du Polisario, jusqu’à l’usure. Moi, je souhaite très sincèrement que le Sahara soit marocain mais c’est aux Sahraouis d’en décider.

    Des projets ?

    Oui, je termine deux livres et je lance, au Maroc, un nouvel hebdomadaire politico-satirique qui remplacera Demain. Je vais l’appeler Après-demain. Et par honnêteté intellectuelle, je vous dis que ce n’est pas mon idée mais celle de Plantu, le caricaturiste du quotidien français Le Monde. Il était venu me voir en prison et comme la visite lui a été refusée, alors il m’a laissé un de ses livres qu’il avait pris le soin de dédicacer, en me suggérant cette idée.

    El Watan, 20 nov 2004

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Driss Basri, Front Polisario, Ali Lmrabet,

  • Maroc : guéguerre entre Lmrabet et Anouzla

    Un article qui met en exergue un conflit entre les journalistes Ali Lmrabet et Ali Anouzla a attiré l’attention de la DGED. Il a été envoyé par la fidèle Hasna Daoudi.

    Il y a lieu de rappeler qu’Ali Lmrabet a attiré la foudre de beaucoup de pseudo-démocrates marocains à cause de sa position humaniste vis-à-vis du conflit du Sahara Occidental. Il est le seul intellectuel marocain qui dénonce clairement les pratiques de répression du Makhzen contre les sahraouis. Même l’AMDH et Annahj Addimocrati n’y osent pas. Au Maroc, le pouvoir se vante d’une « unanimité » sur la question sahraouie. Cette unanimité est appliquée lorsqu’il s’agit de mater les sahraouis.

    Les fantaisies qui alimentaient cette unanimité ont été pulvérisées par les dernières révélations sur la prétendue « marche verte ». Elle était une idée d’Henry Kissinger.

    Si quelqu’un se demande pourquoi les marocains n’arrivent pas à vaincre la dictature, la réponse est là, dans cet article. A cause de leur conflictivité, ils n’arrivent pas à s’entendre entre eux. Leur mentalité a été bâtie sous la violence, la bagarre, le mépris, la trahison, le tberguig et la jalousie. C’est peut-être ça la fameuse « exception marocaine » dont se vante le Makhzen.

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    Une réponse à Lakome

    (Demainonline)

    Rabat.- Dans un article paru sur le site Lakome daté du 2 mars 2012, un courageux auteur anonyme appelé Handala, qui est en fait le petit Ali Anouzla, accuse à demi-mots Demain d’avoir censuré le livre de Catherine Graciet et Eric Laurent sur le roi Mohamed VI, « Le roi prédateur ».

    Avant de publier cette information, ce site aurait dû nous contacter pour s’enquérir de la raison de cette censure. Avons-nous eu peur du Makhzen ? Avons-nous été achetés pour ne pas en parler ? Rien de cela nous a été demandé.

    Pourtant, notre réponse aurait sûrement éclairé nos lumineux camarades de Lakome.

    Premièrement, le site de Demain est chargé de références sur le livre. Par exemple, le 29 février, c’est-à-dire deux jours avant le papier de Handala-Anouzla nous avons publié une longue dépêche de l’AFP sur le livre.

    Deuxièmement, si Lakome veut que Demain parle du livre de Graciet & Laurent plus en détail, il n’a qu’à nous donner un exemplaire du livre, puisque nous n’en avons aucun.

    Dans un échange de courriels entre nous et Catherine Graciet, daté du 10 février, cette dernière n’a pas voulu nous faciliter la version PDF du livre, ni même nous donner des extraits par peur, s’est-elle justifiée, qu’ils soient interceptés.

    Pourtant, la même Graciet n’a fait aucune difficulté pour envoyer le livre au quotidien espagnol El Pais. Un livre écrit en français qui parle du Maroc et qui est expédié en premier à un journal espagnol… Quelle délicatesse envers les journalistes marocains qui ont toujours pris des risques pour parler des livres sensibles sur le Maroc et ses gouvernants.

    D’ailleurs, Ignacio Cembrero du journal El Pais, à qui Graciet a envoyé le livre en premier, l’a drôlement récompensé en massacrant le contenu de l’ouvrage sur son blog.

    Graciet a aussi envoyé son livre à ses différentes sources, dont Lakome, laissant Demain pour la fin, puisque le livre n’est arrivé, cachet de la poste faisant foi, dans une adresse hors du Maroc, que le … 5 mars. C’est-à-dire trois jours après le courageux papier de Handala-Anouzla …

    Demain va-t-il parler du livre de Graciet & Laurent ? Bien sûr, mais ce n’est pas Lakome qui décide de notre agenda. On en parlera en temps opportun. C’est-à-dire quand on l’aura lu.

    Pour finir, cher Handala-Anouzla, avant de conter des fariboles, consulte un peu mieux Demain et renseigne-toi. Si tu as des difficultés avec le français, nous sommes là pour te traduire.

    Et comme nous sommes dans la traduction, le « roi prédateur » ne se traduit pas comme « الملك المستحوذ », comme le fait Lakome, mais plutôt comme « الملك المفترس ».

    Mais bon, nous pouvons comprendre que cette dernière traduction, plus fidèle, puisse avoir fait craindre à nos confrères un retour de bâton.

    Hamdallah

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    “Le Roi prédateur”: Une bonne idée mal mise en pratique

    Por: Ignacio Cembrero

    Orilla Sur, 02 de marzo de 2012

    L’idée est excellente, sa mise en pratique laisse à désirer. L’idée du livre « Le Roi prédateur » (Le Seuil), écrit par les journalistes français Catherine Graciet et Eric Laurent, est d’expliquer pourquoi Mohamed VI a doublé, selon la revue Forbes, sa fortune en cinq ans, pourquoi il s’est hissé au septième rang des monarques plus fortunés devançant les émirs du Qatar et du Koweït.ImageRoi

    Les auteurs commencent par décrire le train de vie du souverain et de ses courtisans en faisant une bonne synthèse de que ce qui a été publié ces dernières années par la presse marocaine et plus spécialement Le Journal hebdomadaire, Tel Quel, Nichane ou des sites d’information comme Lakome. C’est ce résumé que le quotidien espagnol EL PAÍS a publié, le dimanche 26 février, et qui lui a valu d’être interdit au Maroc. Pourtant, pour le lecteur marocain, il n’y avait là rien de nouveau, rien qu’il n’ait déjà pu lire dans son propre pays. L’interdiction d’EL PAÍS n’a donc aucun sens.

    Ensuite vient l’enquête pour aboutir à une conclusion : « Au Maroc, c’est le peuple qui, chaque jour que Dieu fait, enrichit le roi en achetant les produits de ses entreprises ». Le roi est, en effet, « le premier banquier, le premier assureur, le premier agriculteur » de son royaume.

    Mais l’enquête n’est pas à la hauteur. Elle est un peu bâclée. Sans doute n’est-elle guère facile à faire dans un pays ou tout ce qui touche au palais royal baigne dans l’opacité. Il n’y a même pas un porte-parole ou un directeur de communication de l’institution comme le possèdent les maisons royales européennes. Pour ceux qui ont pu approcher le roi et ses courtisans, parler après à des journalistes est un exercice risqué. Cela explique, entre autres, que très souvent les sources du livre sont anonymes.

    En quoi l’enquête n’est-elles pas à la hauteur ? Sur la forme il n’est, par exemple, guère raisonnable de donner des chiffres en euros, dollars ou livres sterling sans les convertir à une même monnaie. Sur le fond les anecdotes ou les données rapportées ne sont pas suffisamment étayées. Un exemple parmi tant d’autres : Peut-on raconter que Mohamed VI a inauguré, dans le sud du pays, un hôpital dont le matériel médical qui lui a été montré avait été loué pour l’occasion sans préciser la date, le lieu et le nom de l’établissement ? Les six questions clefs du journalisme (qui, quoi, où, quand, comment et pourquoi) n’obtiennent pas toujours des réponses dans le livre.

    Il y a cependant des chapitres qui valent bien le détour à commencer par celui intitulé « Comment on fabrique un coupable » consacré à la descente aux enfers de Khalid Oudghiri, celui qui fut le patron de la plus grande banque du pays, Attijariwafa Bank. Il osa proposer de désengager les entreprises de la famille royale de l’économie marocaine. Mal lui en prit. Trainé dans la boue et humilié il finit par être condamné par contumace à 20 ans de prison et ses biens au Maroc furent saisis. De son exil en France il a parlé aux auteurs du livre.

    Mohamed VI a érigé sa fortune, et c’est là le dernier défaut du livre, dans un Maroc qui a vécu son « printemps arabe » très spécial, ou les islamistes ont, pour la première fois, gagné les élections, en novembre dernier, et formé le gouvernement. Tout au loin des 216 pages de l’ouvrage il n’y a que quelques paragraphes, à la fin du livre, sur ce contexte politique qui aiderait pourtant à mieux comprendre l’enrichissement royal.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, le roi prédateur, Ali Lmrabet, Ali Anouzla,

  • Maroc : Abdelmalek Alaoui critique un article d’Ali Lmrabet

    Le dernier d’entre tous !

    Le dernier édito de Demainonline nous offre une palette d’affirmations intéressantes à bien des égards !

    Elle nous permet de mesurer la gravité de la confusion des « penseurs » d’aujourd’hui !

    Nous ne reviendrons pas sur les accusations de vol et de malversations à l’encontre de certaines personnalités du Royaume, habitués que nous sommes au refrain « stop à la corruption ! » dont regorgent les colonnes des journaux occidentaux ou occidentalisés depuis des années sans que cela ne change presque en rien l’état des choses dans quelque État que ce soit.

    Certes la corruption est une décadence qui touche tout le monde, mais ici seul son aspect matériel est perçu. Exit la corruption au sens philosophique. Mais c’est là une toute autre question.

    Nous ne reviendrons pas non plus sur l’analyse psychologique proposée par l’éditorialiste à propos des intentions enfouies dans les subconscients des manifestants du 20 février. Ils ne déclameraient selon lui qu’une partie de ce qu’ils pensent réellement ! Très journalistique ! Assurément ! De la réalité des faits Mr. Lmbrabet fait basculer son lecteur en une seule ligne au cas psychique. En faisant un procès d’intention et en ayant la prétention de tout englober dans un savoir imaginaire, il se révèle tel qu’il est, un prométhéen volant le feu de la connaissance.

    Nous ne reviendrons pas non plus sur le manque de respect dont fait preuve Mr. Lmrabet envers la Fonction du Roi. Total irrespect dû à un déficit de connaissance sur l’homme/roi et la Fonction, autrement dit les « Deux corps du roi », titre d’une étude magistrale sur le sujet de l’historien Ernst Kantorowicz  à laquelle nous renvoyons l’éditorialiste.

    En revanche, ce qui est étonnant au regard de ce dernier point c’est que l’homme se dit en faveur d’un État de Droit. Or comment peut-on prétendre défendre une grande idée comme celle-ci tout en méprisant ce qui la constitue à savoir un système institutionnel soumis au droit , le vrai droit, avec une hiérarchie des normes et des fonctions, non les interprétations fantaisistes du premier venu sur l’aire des contestations.

    Nous pardonnons à Mr. Lmrabet son total irrespect des institutions, nous ne jugerons pas, quant à nous, ses intentions, l’ignorance de l’esprit des lois est du reste à l’origine de beaucoup de bruits de nos jours.

    Peut-on vraiment se faire porte-parole du droit sans le moindre respect des institutions ? Car l’humain considéré seulement en tant que tel relève du sentimentalisme quant au citoyen lui, il relève du droit. C’est dans ce sens que Montesquieu a distingué « les lois qui forment la liberté politique dans son rapport avec la constitution de celles qui la forment dans son rapport avec le citoyen ». Et c’est dans ce sens également que Rousseau a affirmé que seule « la force de l’État fait la liberté de ses membres »

    Partant de là les choses paraissent plus claires. L’on saisit  alors les raisons pour lesquelles l’économique est le seul aspect accessible à la compréhension de Mr. Lmrabet à propos de la gouvernance au Maroc.
    Ce qui l’amène à commettre une comparaison des plus farfelues : l’institution monarchique avec ce qui la constitue à une banale entreprise !

    De là à reléguer la légitimité historique à un « passe-droit », et à ne plus voir en la vénérable monarchie que le cérémonial et « les fastes », il n’y avait plus qu’un petit pas, que Mr. Lmbrabet a fait en ricanant.

    Et c’est avec ce rictus aux lèvres qu’il a projeté sa propre ignorance sur la pauvre Rama Yade parce qu’elle a eu la sagacité (ou le malheur ?) d’indiquer à juste titre la nuance entre un État républicain et un État monarchique en précisant que le peuple marocain avait un Commandeur des croyants, statut respecté par la majorité des malékites dans le monde.
    Á notre tour donc de sourire (car on ne ricane pas nous autres !) de la méconnaissance du journaliste de la propre histoire de son propre pays ! L’irrespect total de Mr. Lmbrabet à l’égard des institutions de son pays est dû en grande partie à l’ignorance (dont il n’est pas le seul à souffrir) alimentée par une certaine amertume due elle, à certaines circonstances liées à son métier de journaliste, et qui a fait de lui, chose fort déplorable, un homme dépossédé de l’amour pour son pays,

    Ceci dit, après tout peut-être que l’ex-ministre française n’aimerait pas voir le Maroc vivre le même sort que celui du Royaume de France déchu ?

    Il semble que Mr. Lmrabet souffre de cette certitude selon laquelle l’Histoire doit suivre le même sens partout ! A cet égard rappelons à sa mémoire que si la décapitation de Louis XVI marqua la fin de la monarchie française, cela ne fut en réalité qu’une conséquence de la révolte de la royauté contre l’Autorité spirituelle et ce, quatre siècles avant la révolution!

    Quelques précisions propres à guérir notre éditorialiste un peu « aigri » par les circonstances liées à l’interdiction de son canard, et dont les conséquences dépassent de loin les « griefs » de l’Etat à son égard:

    Dans le cas de la France, Philippe Le Bel fut le premier roi occidental depuis le Baptême de Clovis à rompre avec ce qui l’a fondé : le sacerdoce. Le Sacre des Rois est précisément le rituel qui permet la délégation par l’Autorité spirituelle du pouvoir temporel. Une sorte de Bay‘a à l’occidentale.

    En inversant les pouvoirs et en nommant lui-même les Papes, Philippe Le Bel s’est révolté par ignorance composite (ce « jahlun murakkab » qui mène immanquablement ceux qui en sont atteints à la dérive) contre l’origine même de son pouvoir. Or rien ne peut durer sans son principe fondateur, la monarchie française était ainsi condamnée à s’éteindre un jour ! Et ce jour vint.

    C’est à ce même titre que le Maroc constitue une Exception, il est en effet le dernier État au monde dont le pouvoir temporel est officiellement soumis à l’Autorité spirituelle, et c’est cela précisément le sens véritable de la Commanderie des croyants et du pacte entre le Peuple et le Roi.

    Le fondement de l’État marocain depuis Idrîs Ier, c’est l’allégeance au Principe Suprême de toute chose. « Ceux qui te font allégeance font allégeance à Dieu, la Main d’Allah est sur leurs mains ».

    La chaîne dynastique marocaine, confortée par la chaîne chérifienne constitue le véhicule à travers les âges et au-delà des âges de la bénédiction de Dieu, rituellement offerte « sous l’arbre » lorsque la communauté islamique naissante fit allégeance au Prophète (sur lui la paix). Ce rituel, essentiel à la circulation de cette bénédiction (la fameuse Baraka dont parlent également les titres français et espagnols qui vous sont si sympathiques Mr. Lmbrabet) est actualisé chaque année lors de la cérémonie de la Bay’a.

    Mais ce sont là certainement des choses étrangères à des esprits enfermés dans des idéologies purement matérialistes et par là même dénuées de toute intellectualité réelle.

    Le Christ (paix sur lui) a affirmé que « Les derniers seront les premiers ». Si le Roi est le Premier d’entre nous, le Royaume du Maroc lui, est le dernier État encore fidèle au spirituel qui le fonde.

    « Les gens du Couchant ne cesseront d’assumer la défense de la Vérité jusqu’à l’Heure dernière » disait Sidna Muhammad (sur lui le salut et la paix d’Allâh), l’ancêtre des Chorfas Alaouites, et de bien d’autres marocains, une grande majorité du peuple.

    C’était écrit…

    Tags : Maroc, Abdelmalek Alaoui, Ali Lmrabet, Mohammed VI, monarchie marocaine,

  • Maroc : Quand Abdelmalek Alaoui traite Ali Lmrabet de « traître »

    Dans cet email, Abdelmalek Alaoui, directeur de Global Partnership Intelligence, traite Ali Lmrabt de « traître » en raison d’un article sur Hicham Alaoui.

    Voici l’article :

    Ali Lmrabet

    J’ai accroché ce matin sur ce mur l’interview du prince Hicham El Alaoui dans le quotidien espagnol El Pais. L’idée était de donner l’information mais aussi d’étudier certaines réactions.

    Voilà un prince alaouite, petit-fils de roi, neveu de roi et cousin de roi, et de surcroît troisième dans la ligne de succession au trône, qui assur…e à contrecourant de tout ce qui s’écrit et se dit au Maroc, que notre pays n’est pas une « exception » dans la région, et que s’il n’introduit pas des réformes urgentes et profondes il y aura inévitablement des troubles autrement plus graves que ceux de Tunisie.

    Son analyse appelle à un débat. Parce que c’est un intellectuel, parce qu’il n’est pas n’importe qui et enfin par le sérieux, ou la gravité, des choses qu’il avance.

    Qu’il ait raison ou pas c’est une autre histoire. Chacun est libre d’interpréter à sa manière ces déclarations et s’il a des arguments contraires à ceux du prince il peut les présenter dans un débat d’idées comme dans tout pays civilisé. Le Maroc est bien un pays civilisé, n’est-ce pas ?

    Or, depuis une bonne dizaine d’heures depuis que j’ai accroché cette interview aucun cybermakhzenien, aucun « flic dans sa tête », aucun vrai flic de la DST, de la DGED, des RG, des renseignements de la gendarmerie ou des bureaux de l’armée, ne s’est manifesté, ni n’a osé critiquer ce qui normalement, pour infiniment moins que ça, vaut à ce mur un tombereau d’injures et d’accusations malveillantes de la part des services, des désaxés et des ignorants.

    Si je peux comprendre qu’un « nihiliste » ou qu’un citoyen marocain qui espère le vrai changement n’ait rien à redire de ce qu’avance ce prince, si je peux comprendre qu’un cyberchékam de l’Etat doive attendre des instructions pour oser (sinon ikazbou babah) émettre une critique au cousin du roi, par contre ce que je ne comprends vraiment pas c’est l’édifiant silence des cybermakhzeniens ou autres « flics dans leur tête ».

    Alors que normalement cette meute est aux avant-postes pour veiller au grain, surveiller la moindre déviation et protéger la patrie en danger, là face à Hicham El Alaoui ils se taisent. Ils fuient. Ils font comme s’il n’y avait rien.

    J’avais vraiment espéré que ces courageux patriotes, flics vrais ou simulés, ou en apprentissage, se lancent à l’attaque du prince : « Combien l’Espagne vous a payé a Moulay pour faire cette interview dans un quotidien espagnol ennemi du Maroc ? », « Etes-vous un traître Moulay Hicham ? », « Pourquoi vous versez de l’huile sur le feu avec cette interview ? », etc… La littérature habituelle.

    Et pourtant, à part une ébauche de remarques assez ternes, il n’y eu aucune attaque contre Hicham El Alaoui, aucun battement d’aile de mouche. Rien.

    Mais pourquoi donc ? Si comme nous le chantent ces cybermakhzeniens, ainsi que ces écervelés de la monarchie, le Maroc est en train de changer et que c’est le pays de la démocratie et de la liberté d’expression, pourquoi ne peut-on pas critiquer un prince ? Pourquoi ne pas le contredire dans un débat démocratique ? Pourquoi ne pas s’en prendre à lui comme on le fait souvent, « courageusement », derrière un ordinateur ?

    La vérité, c’est que cette bande de lâches et de serviles, je parle de ces cybermakhzeniens et de ces monarchistes de la dernière heure, ces amoureux du baisemain et des marches de « l’amour », ces « naâmistes», cette tribu d’habitués de la prosternation, ont peur. Oui, ils ont peur que l’article 179 du code pénal qui punit toute critique à un membre de la famille royale leur tombe sur la gueule.

    Et oui, On est courageux jusqu’à une certaine limite. Au delà, rien n’est sûr.

    Mais alors que fait-on des convictions ? Quand on aime sa patrie on doit être prêt à se sacrifier pour elle, aller en prison et même, dans les cas extrêmes, à mourir. Ce prince, ce « Moulay Hicham » s’en prend à la stabilité de notre patrie, croit-on ? Attaquons-le, donc ! Et tant pis pour l’article 179 du code pénal. Sur ce mur nous l’avons critiqué maintes fois, mais sans jamais l’injurier ou porter atteinte à sa dignité comme le fait une certaine presse téléguidée par qui de droit.

    Triste réalité de ce monde, le patriotisme s’éteint quand on éteint son ordinateur ou quand il y a risque de se retrouver privé de liberté, convoqué devant un tribunal, sans son précieux portable et sans le net. Défendre la monarchie avec un ordinateur relié à un router, et au chaud chez soi, oui, oui et oui, aller en taule pour des idées, des convictions, fréquenter des taulards qui ne viennent pas des beaux quartiers, subir les humiliations des gardiens, « la khouya ». Mali ana ?

    Quel beau patriotisme, quel beau nationalisme, sincère et vigoureux…

    Je n’ai donc que mépris pour ces makhzeniens qui vont d’un mur à un autre en criant « vive le roi !», sans connaître le sens de ce mot, « parce que c’est comme ça », « parce que tout le monde le dit », et « parce que si on ne le dit pas on peut aller en prison ». Sans faire fonctionner leur tête, sans lire l’histoire et les histoires de ce pays.

    Cher amis, le Maroc que nous voulons est celui où tout le monde pourra critiquer, émettre des doutes, des opinions différentes et même anachroniques, sans qu’on le menace, de prison ou de stigmatisation. Un Maroc éloigné de la peur du Makhen, débarrassé de la pensée unique et où chacun cultive ses propres convictions dans le respect d’autrui.Dans le respect mutuel.

    Si certains veulent vivre éternellement dans la servitude et la prosternation perpétuelle, libres à eux, mais ils n’ont pas le droit de nous empêcher d’aspirer à la liberté.

    Vive le Maroc et vive la liberté !

    Source : mail confidentiel (voir image ci-jointe)

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Ali Lmrabet, Abdelmalek Alaoui, Hicham Alaoui,

  • Lmrabet: «La libertad de expresión total no existe en España porque no existe en ningún país»

    La Universitat Jaume I de Castellón ha acogido la conferencia de Ali Lmrabet, periodista, escritor y diplomático marroquí residente en Barcelona, aprovechando su visita a la Comunitat Valenciana para recibir el premio Veu Llibre otorgado por parte de PEN Català. Con una ponencia titulada «La lucha por la libertad de expresión desde el periodismo independiente en Marruecos», el periodista, quien fue condenado y encarcelado en su país de origen por textos publicados en su revista, ha explicado la realidad de la prensa marroquí y su contexto social y religioso, analizando la libertad de expresión y su situación actual.

    Tras explicar sus vínculos con España y alguna de las investigaciones históricas que está realizando, Lmrabet ha recordado su experiencia como periodista en Marruecos: «Desde allí tenía en alta estima la prensa y la comunicación occidental, sobre todo la francesa y la americana. Sin embargo, tras salir de mi país mi estima bajó muchísimo. Especialmente en el caso de la Guerra de Irak y la prensa americana». En relación a la española, ha confesado: «Aquí también me ocurrió algo parecido. Hay algunos temas en este país que no se pueden tocar. Es difícil trabajarlos. La libertad de expresión total y completa no existe aquí en España porque no existe en ningún país».

    «Cuando empecé a ejercer como periodista pensé que en Marruecos había muchas cosas que debían ser contadas. Sin ofender a nadie, sin ponerse partidarios. Solo queríamos tratar temas importantes», ha declarado el periodista, que apostilla: «Sin embargo, no pudimos. En Marruecos hay tres grandes temas que no pueden ser tratados ni analizados por la prensa: la monarquía, el conflicto del Sáhara occidental y la religión». En relación al primer tema prohibido, la monarquía, ha afirmado: «La realidad es que el presupuesto de la familia real marroquí es 27 veces más importante que el de la española. Entonces, nos preguntamos la razón por la que la comisión de finanzas del parlamento no discute el presupuesto real. Nada más. Al final tuvimos que ir a juicio».

    Lmrabet ha recorrido su pasado profesional en Marruecos y ha enumerado los casos y juicios más relevantes. Entre todos ha destacado las relacionadas con los refugiados de la ONU, el conflicto del Sáhara y los de temática religiosa. En este sentido, ha remarcado: «El problema es que, resulta, que yo tengo un cerebro. Todo el mundo tiene uno. Hay muchos conflictos y circunstancias que son un sinsentido. Por ejemplo, ¿cómo justifica el rey Mohamed VI ser el califa, el sucesor de Mahoma? ¿O qué lógica tiene que Marruecos o, incluso, el propio rey, posea destilerías y un gran negocio relacionado con el alcohol si está prohibido en el islam?»

    Para finalizar, tras ser preguntado sobre el racismo de occidente, Lmrabet ha concluido: «Es cierto que existe un racismo importante. Yo lo he visto en muchas ocasiones, pero he de admitir que no lo he vivido. Si hablas su lengua o te vistes como ellos, un occidental no ve al mismo inmigrante». Además, ha querido destacar que el racismo en España «no es tan terrible como lo hay en Francia, por ejemplo. Aunque es indudable que existe. Es todo debido al gran desconocimiento que hay del mundo musulmán».

    Fuente : UJI, 18 nov 2019

    Tags : España, liberta de expresión, Cataluña, Catalunya, Ali Lmrabet,

  • ‘Mohamed VI confinó a su madre por tener un amante’

    El personaje del que habla el artículo acaba de ser víctima de una tentativa de asesinato. El viernes pasado, cuando se disponía a bajar de su coche para ir a la mezquita, fue abordado por 7 hombres armados. Se libró por milagro.

    UN ESPÍA MARROQUÍ DESVELA LA ‘GUERRA SUCIA’ CONTRA LOS ISLAMISTAS

    ALI LMRABET (CORRESPONSAL)

    RABAT.- « Cuando no tienen un nombre de guerra, los agentes secretos marroquíes se hacen llamar entre ellos Hach o Cherif. ( ) Los limpiabotas que llevan un tablero azul trabajan para nosotros y Marruecos está construyendo la más grande academia militar de Africa en Guercif [sur del país] ».

    El que vierte estas informaciones pretende haber trabajado en un servicio de espionaje del reino alauí. « No era un James Bond, pero hice y vi cosas moralmente inaceptables ». Para que no haya duda sobre su identidad o su anterior trabajo acepta revelar su nombre y apellido y dejar que le tomen fotos.

    Hicham Bouchti, es su nombre, era secretario en el Estado Mayor de las Fuerzas Auxiliares, una fuerza paramilitar con mandos militares que depende del Ministerio de Interior. Hombre de confianza de sus superiores, Bouchti tenía acceso a mucha información reservada: movimiento de tropas, puntos de los depósitos de armas, y desplazamientos del rey Mohamed VI.

    Aunque, obviamente, no está prevista en su reglamento, una de las principales tareas de estas Fuerzas es la discreta vigilancia de los militares. Una de las labores de Bouchti era justamente la recogida y tratamiento de los informes de las comandancias provinciales.

    Una vez, uno de sus jefes le susurró en un pasillo que Mohamed VI había sufrido un « intento de asesinato » en Ifrane, una concurrida estación de esquí. « Tuve mis dudas, pero cuando pasó entre mis manos la copia de la orden de arresto durante cuatro meses en la Academia de Policía de Kenitra de uno de los guardaespaldas del rey supe que algo había ocurrido ».

    En la nota se informaba del castigo del guardaespaldas, un tal Jaidi, « por grave negligencia ». Otro día, Bouchti se topó con un documento reservado donde se informaba que Latifa, viuda de Hassan II y madre del actual monarca, había sido confinada bajo la vigilancia de la DGED (Dirección General de Estudios y Documentación, servicios secretos exteriores) en la residencia real de Sjirat.El soberano castigaba así a su madre por seguir manteniendo una relación sentimental con el ex guardaespaldas de su padre Mohamed Mediouri.

    En 2001, sus superiores jerárquicos prestan a Bouchti al Deuxième Bureau (uno de los servicios de inteligencia del Ejército), que lo envía a Oujda, su ciudad natal. Su misión: vigilar e informar sobre los movimientos integristas de ese bastión del islamismo radical. El joven espía se dará rápidamente cuenta de que su trabajo no consistía solamente en una labor de inteligencia.Una semana después de llegar a Oujda, una multitudinaria manifestación islamista de solidaridad con el pueblo palestino, organizada por la poderosa asociación Al Adl Wal Ihsan (Justicia y Caridad) de Abdesalam Yasín, fue violentamente reprimida por las fuerzas del orden. Un grupo de la policía secreta atacó una mezquita, zarandeó y golpeó a los fieles y, suprema humillación, arrancó el velo a las mujeres. Por la noche, otro grupo de agentes asaltó varias viviendas y llevó presos a un lugar desconocido a los responsables locales de la asociación islamista.El Mundo

    « Les llevamos con los ojos vendados a un centro secreto de detención llamado Mehalla », explica Bouchti mostrando en un plano de la ciudad de Oujda la ubicación exacta de esa cárcel clandestina. Allí asegura que presenció cómo varios compañeros molían a patadas a un barbudo, y cómo otros hundían la cabeza de un joven en un urinario. Pero lo que más le molestó fue cuando vio cómo sus colegas desnudaban a una mujer delante de su marido. « Comenzaron a tocarle las partes íntimas y a amenazar con violarla colectivamente hasta que el marido comenzó a dar alaridos como un loco ».

    Una noche, Bouchti dirigió directamente un secuestro. Al mando de dos agentes, capturó en plena calle de un líder islamista. « Esperamos que saliera de la mezquita Hamza. Lo empujamos en un Renault 18, le vendamos los ojos y le entregamos a un grupo de agentes de la DGST (policía política) que vino a buscarlo ».

    Después de su misión en Oujda, el espía volvió a Rabat para otros trabajos. La primera le llevó a infiltrarse en el grupo salafista de Hassan Kettani, un joven jeque que luego fue condenado a 20 años de cárcel tras los atentados de Casablanca (2003). Hicham informó a sus jefes de que una milicia islamista se entrenaba en un campamento del extenso Bosque de la Mamora, junto a Rabat.Su segundo trabajo consistió en afiliarse a otro grupo salafista, el de Abdeluahed Rafiki, alias Abu Hafs, que la justicia condenó a 30 años en el mismo juicio que Kettani.

    La vida de espía de Hicham Bouchti hubiera seguido por estos senderos si sus jefes no le hubieran acusado de falsificación de documentos administrativos y mandado al tribunal militar que lo condenó a dos años de cárcel.

    El ex agente lo explica así: « Me quisieron acallar porque mi posición en el Estado Mayor me había permitido descubrir que mis jefes se repartían beneficios económicos resultantes de operaciones mercantiles ficticias, apropiaciones indebidas, falseamiento de datos y tráfico de droga ».

    Tras su liberación, Hicham fue desterrado a Oujda y, después de escribir montañas de cartas de protesta al rey, optó por el exilio. Una noche llegó a Melilla y de allí salto a un centro de acogida para refugiados de Alcobendas (Madrid) donde espera la respuesta de las autoridades españolas para su petición de asilo político.

    Fuente: El Mundo, 03/02/2006

    Tags : Marruecos, Mohamed VI, Mohamed Mediouri, Makhzen, Ali Lmrabet, Hicham Bouchti, Latifa,

  • L’histoire d’un journal qui déplaisait au roi du Maroc

    Le Journal hebdomadaire, vous connaissez? Mais oui, cette publication marocaine qui eut ses heures de gloire, entre sa naissance en 1997 et son décès en 2010… Un journal pas comme les autres, au Maroc. Indépendant et compétent. Gênant, donc. Qui devait mourir, et qui est mort.

    Une conférence originale s’est tenue à Bruxelles, à l’Espace Magh, le samedi 16 février dernier. De nombreux acteurs de cette expérience originale se sont en effet retrouvés pour l’évoquer, à l’initiative de Radouane Baroudi(1).

    Pourquoi donc des hommes et des femmes ont-ils un jour lancé un organe que Hassan Bousetta, admiratif, a appelé « une voix critique dans un contexte d’unanimisme imposé, un travail de transgression de l’ordre politique balisé par des lignes rouges »? Les anciens du Journal en conviennent: c’est Hassan II qui, dans un souci d’ouverture, a permis en fin de règne que l’expérience prenne son envol. Quitte à le regretter? En tout cas, a avancé Aboubakr Jamaï, directeur du Journal, «c’était une des premières fois qu’une entreprise privée marocaine appuyait un projet éditorial respectant la déontologie d’une presse libre tout en ayant le souci de faire du bénéfice. C’est original car, au Maroc, c’est l’un ou l’autre… ».

    De quoi une presse libre devrait-elle donc parler? « Nous avons assumé notre « naïveté », a .expliqué Jamaï. Nous considérions que si la Constitution dit que le pouvoir c’est le roi, notre contrat était de parler de celui ou de ceux qui ont un impact sur la vie des gens, de là où le pouvoir se trouve. On nous a accusés de « vendre » en mettant le roi en scène (il est vrai qu’un quart des couvertures lui était consacrée), mais pourquoi les Marocains achètent-ils un journal qui fait de l’investigation à propos du roi? Les gens s’intéressent à la politique quand on les prend pour des adultes. »

    « On a cru que c’était le dernier numéro! »

    Ali Lmrabet, rédacteur en chef peu après la période initiale, en 98-99, raconte: « On a essayé de faire “autre chose”, sous Hassan II. En se demandant comment asticoter le régime. On a écrit des dossiers. Sur Ben Barka (assassiné à Paris en 1965), sur Abraham Serfaty (juif marocain d’extrême gauche longtemps exilé). A l’époque, ces choses-là étaient en principe impossibles! On essayait des sujets que les autres n’osaient pas traiter. Comme les droits de l’homme. Lorsque nous avons publié l’interview que j’avais faite à Paris de Malika Oufkir (fille aînée du général qui avait tenté un coup d’Etat contre Hassan II en 1972, le roi se vengeant ensuite sur toute sa famille), on a cru que c’était le dernier numéro! »

    Fadel Iraki, assureur de son état et, surtout, principal actionnaire du Journal hebdomadaire, confirme l’anecdote. « Je ne me suis jamais mêlé du contenu éditorial, c’était même une condition que j’avais posée pour mettre de l’argent dans cette expérience. La seule fois que Aboubakr Jamaï m’a appelé, c’était pour la une sur Malika Oufkir. Il m’a dit qu’on risquait de se faire interdire une fois pour toutes. J’ai lui ai dit, vas-y si c’est ce que tu veux. »

    Ces péripéties funestes qui datent de Hassan II auraient pu – dû – s’arrêter avec Mohammed VI, qui a succédé à son père en juillet 1999. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit! « Nos vrais ennuis ont commencé avec « M6 » en 2000, a souligné Aboubakr Jamaï. Avec notre interview de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario (les indépendantistes du Sahara occidental, pestiférés au Maroc), et un dossier sur la connivence entre une partie de la classe politique et les putschistes des années 70. On a été interdit deux fois, puis on a subi une répression judiciaire basée sur des dossiers fabriqués de diffamation. Mon exil est dû à un Français de Bruxelles qui nous a fait un procès. Je suis parti quand un huissier est venu frapper à ma porte, je devais 250.000 euros… Et je ne parle pas du boycott économique (la pub…) pratiqué par les entreprises publiques mais aussi par la plupart des privées qui craignaient pour leurs contrats. Finalement, notre modèle économique a vécu car le roi l’a souhaité »…

    « On m’a dit: ”Aboubakr doit partir” »

    Mais le combat a été plutôt long car le Journal a fait de la résistance. Ali Lmrabet quittait certes l’hebdo en 1999 car il estimait, contrairement à Jamaï, que le « makhzen » (le système de pouvoir pyramidal à partir du roi) ne se réformerait pas avec le nouveau roi. L’histoire lui donna raison. « On m’a dit: ”Aboubakr doit partir”, a raconté Fadel Irak; c’était mon seul pouvoir, celui de décider qui était directeur; j’ai refusé. Il y a ensuite eu la censure à propos du Sahraoui Abdelaziz: on a publié des pages blanches et atteint un record de 70.000 exemplaires vendus au lieu de 25.000, on a dû refuser de la pub! Mais cela a vite changé: l’interdiction de décembre 2000 dura cinq à six semaines en raison du papier sur la gauche des années 70 en phase avec les putschistes. En fait, personne ne voulait qu’il soit su que la gauche et les militaires avaient pactisé contre Hassan II ! Il a fallu une brève grève de la faim d’Aboubakr à Paris pour qu’on puisse reparaître mais la pub s’est réduite comme peau de chagrin et on a commencé des procès en cascade. Jusqu’au moment où cela ne fut plus possible, et que survienne une décision de justice de liquidation. »

    Omar Brouksy, qui participa à l’aventure entre 2001 et 2010, n’a pas donné une explication très différente, au contraire. « Aboubakr misait sur le lectorat: on allait parler du vrai pouvoir; ce qui était ressenti comme une menace par le régime car on était vraiment indépendant, ce qui suffisait pour déranger. Notre second point fort: nous n’étions pas un tract antirégime; on partait de l’info, on donnait la parole à toutes les sensibilités, surtout les minorités. Car le Maroc n’est pas une démocratie, l’accès aux infos fiables n’est guère aisé, c’était notre force avec aussi des infos recoupées, démontrées. »

    Et d’ailleurs, conclura-t-il, rien n’a vraiment changé. « Actuellement, les thématiques restent les mêmes, malgré la nouvelle constitution, malgré le printemps arabe: l’autoritarisme, la prééminence de la monarchie, la non-indépendance de la justice, les détentions politiques (plus de cent militants du 20 février sont encore en prison), les atteintes à la liberté d’expression, les pressions économiques qui continuent, tout est toujours là. »

    « On en a pris plein la gueule »

    Que deviennent les journalistes courageux? (2) Ils ont le loisir de méditer: après un séjour en prison, Lmrabet a été condamné en 2005 à une peine inconnue au code pénal, une interdiction d’exercer le métier de journaliste pour dix ans; Aboubakr Jamaï doit toujours payer des centaines de milliers d’euros d’amendes et vit en Espagne; Omar Brouksy, reconverti à l’Agence France Presse, s’est vu retirer son accréditation il y a quelques mois pour avoir écrit dans un reportage que les candidats du PAM (Parti authenticité et modernité) étaient « proches du palais royal », ce qui est pourtant une banalité bien connue au Maroc; quant à l’assureur Fadel Iraki, il a subi un redressement fiscal énorme pour prix de son engagement dans le Journal hebdomadaire.

    Il fallait que ces choses soient dites. Comme l’a précisé mi-figue mi-raisin Aboubakr Jamaï, « on a été utilisé comme punching-ball, pour faire un exemple, et on en a pris plein la gueule. La presse marocaine fonctionne avec le bâton et la carotte, on a subi le bâton, d’autres profitent de très grosses carottes, il y a beaucoup de directeurs de publication qui en profitent bien ». Il n’est pas étonnant, dès lors, que le même homme lâche ce jugement amer: « Maintenant, on peut dire que l’état de la presse marocaine est pire que dans les années 90 ». BAUDOUIN LOOS

    (1) Il est symptomatique que la rencontre ait eu lieu en Belgique et non au Maroc, mais il est vrai qu’elle n’a pu se tenir qu’en raison de la volonté et de la ténacité du réalisateur Radouane Baroudi, fils de l’exilé politique Mohamed el-Baroudi, qui avait quitté son pays en 1963 et est mort en Belgique en 2007 sans avoir jamais revu son pays. Les efforts de Radouane Baroudi ont été récompensés: le public, plus d’une centaine de personnes, a répondu présent, ainsi que la plupart de ses invités, passionnants. Mais parmi les plus de cent vingt élus belges d’origine marocaine de tous niveaux politiques, seuls trois ont assisté aux travaux: les sénateurs PS Hassan Bousetta (qui a même présidé une partie de la conférence) et Ahmed Laaouej, président de l’Espace Magh, ainsi que le député Ecolo Fouad Lahssaini.

    (2) Ali Lmrabet dirige un journal en ligne: www.demainonline.com et Aboubakr Jamaï participe à l’expérience journalistique de fr.lakome.com/

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  • Maroc : Le Makhzen empêche Ali Lmrabet de participer à un débat sur « les droits des femmes »

    Je viens d’apprendre qu’en début de semaine, M. Noureddine Mouaddib, le président de l’Université internationale de Rabat, université dite  » innovante « , a censuré ma présence dans un débat intitulé  » Les droits des Femmes : Progrès et Perspectives « , qui devait avoir lieu le 15 Mars 2019 à la Bibliothèque nationale de Rabat.

    Ce débat est organisé en partenariat avec le programme ARMA du Global Campus of Human Rights ( » Human Rights  » veut dire en français  » droits de l’homme « .)

    Pour m’empêcher de parler, tout le panel des journalistes marocains qui allait participer au débat a été arbitrairement retiré.

    C’est un professeur de l’Université internationale, M. Jean-Noël Ferrié, qui a été chargé de la sale besogne de censurer mon nom.

    Pour M. Ferrié, je serais un dangereux journaliste et activiste des droits de l’homme, dont la présence est bannie dans les universités marocaines. Alors que, pourtant, aucune condamnation de ce genre ne pèse sur moi.

    Les étudiants qui m’ont invité disent avoir été humiliés par cette décision. Ils assurent avoir été confrontés à une réalité qu’ils ne percevaient que partiellement auparavant.

    Comme je suis coincé entre deux avions, je reviendrai plus longuement dans un prochain communiqué.

    Ali Lmrabet, 15 mars 2019

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