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  • Les tribus amazighs d’Algerie

    C’est désolant de voir l’histoire de l’Algérie telle qu’elle est enseignée à l’école ne fait pas de place à l’histoire des amazighs algériens.

    L’histoire des amazighs nous apprend que le berceau des amazighs se trouve dans l’Est algérien notamment les Aurès, d’où sont sorties la plus part des tribus berbères

    Les Grandes Confédérations de Tribus Amazighs

    A- Zenâtas:

    Probablement la plus grande confédération Amazighe (sédentaires et nomades à la fois), les Zenâtas sont issus de l’est algérien, se sont d’abord répandu entre Tripoli et Cherchell (Ouest d’Alger), le déplacement des Zenâtas au Sud et vers l’Ouest est le produit de la défaite des Zénètes face au Kotama et au Houaras suite à cela les Zenâtas ont occupé l’ouest de l’Algérie et le nord du Maroc.

    D’après Poitiron « Les Zenâtas disparaitront vers VIIIe siècle et qui couvraient le quart de l’Afrique du Nord, est un des faits les plus extraordinaires qu’ait connus le Maghreb. La similitude de vie et de domaine amène une arabisation rapide, accélérée par le désir des Zenâtas de s’anoblir, de paraitre Arabes »

    Les Zenâtas étaient les premiers berbères à s’arabiser au 8eme siècle.

    – Les Maghrawas

    Les Maghrawas sont des Zenatas, probablement les plus nombreux parmi les Zénatas, ils descendent de la branche de Madghis ( Medghassen).

    Les Maghrawas sont les frères des Banou Ifren et des Irnyan.

    Ifren, Irnyan sont les frères de Maghra. Le pluriel de Maghra est Aimgharen en berbère (qui veut dire « quelqu’un qui a vendu sa part » et aussi « vieux »).

    Les Maghrawas sont issus des Aurès, La grande partie des habitants des Aurès sont issus de cette ancienne tribu.

    L’Ouarsenis abrite les Maghrawas, ainsi que les habitants du massif de la Dahra à Tipaza, Cherchell, Alger, Chlef, Aïn-Defla, Mostaganem, Relizane.

    Vers le début du premier siècle. Les Maghrawas étaient très nombreux dans les environs d’Icosium (Alger) et Ptolémée de Maurétanie devait les contenir. Ptolémée de Maurétanie, fera transférer une partie des Maghrawas vers le chlef.

    Parmi le plus noble de la tribu Maghrawa, le chef berbère Ouezmar Ibn Saclab qui a été le 1er ambassadeur berbère auprès du Kalif Uthman ben Affan.

    les Maghrawas fondent Oujda. Cette dernière sera la capitale principale de leur règne. Ils établiront leur pouvoir dans la région pendant 80 ans. Les Maghraouas seront massacrés par les Almoravides. Cela achèvera leur règne au Maghreb

    – Les Banou Ifren:

    Tribus berbères de la confédération Zenatas, valeureux guerriers et experts en cavalerie ils se sont battus contre romains, byzantins et vandales.

    Les Banou Ifren (en Tamazight : At Yefren) sont Zenâtas , Ifri a eu un enfant du nom Izliten.

    Ce dernier a eu plusieurs enfants dont Ifren, Maghrawa et Irnyan. Les Banou Ifren descendent d’Ifri et forment une tribu nomade et sédentaire berbère. On les retrouve dans les villes, les plaines et les montagnes au Moyen Âge.

    Les Ifrens étaient concentrés dans la région des Aurès méridionale et dans la Hodna et dans le Mzab. Au nord du Maghreb, les Ifren (Hodna, Mzab, Aurès), les Merendjisa, les Beni Wargu (Hodna) sont également apparentés aux Ifrens.

    Les Beni Wassin (Wasin ou Ouacine) (Les Aurès), Les Maghrawas, les Irnyan sont les frères des Ifren.

    Les Beni Yala (Ouest et centre de l’Algérie), etc, font parties des Beni Ifren. Certains Chawiyas sont des banou Ifren.

    Au sud, plusieurs tribus Touaregs font parties des Banou Ifren.

    La grande tribu Azguez est formée par les Banou Ifren. De plus, les Banou Ifren du Hoggar sont divisés en trois souches : les N’Oukiren, les N’Irdad (oiseaux), les N’Ettedel (tambours).

    Tlemcen fut fondé par Abou Qurra Imam et chef des Banou Ifren en 790.

    Abou Qurra des Banou Ifren de Tlemcen a été le chef de la tribu des Banou Ifren. Il est le fondateur de l’opposition des Berbères d’Afrique du Nord à la dynastie des Omeyyades née d’impôts trop élevés.

    Abou Qurra est fondateur du kharidjisme sufrite en Afrique du Nord. Vers 736, Abou Qurra professe cette doctrine aux Zénètes et aux Berbères et se voit désigner comme imam et comme chef. Entre 767 à 776, il parvient à reprendre aux Arabes toute l’Ifriqiya à la tête d’une armée de plus de 350 000 cavaliers. Ibn Khaldoun le décrit dans son livre Kitab al-Ibar.

    Au Xe siècle, les Banou Ifren et leurs cousins Maghrawas étaient opposés à tous les gouvernants Omeyyades et Abbassides. Les Banou Ifren régnaient sur l’ouest de l’Algérie. Et après la conquête des Zirides vassaux Fatimides, les Banou Ifren occuperont presque la totalité du Maroc actuel aux côtés des Maghrawas jusqu’à l’arrivée des Almoravides

    L’Emir Abdelkader disait descendre des Banou Ifren.

    – Les Jerawas:

    Zénatas, ancêtre des Chawiyas, originaire des Aurès (Khenchala), tribu de la reine Dihya appelée en arabe el Kahina (prêtresse)

    – Les Wassin :

    Font partie des Zenâtas, originaires de l’est algerien (sud des Aurès) un groupe des Wassins nomades, les Banu Mérine, originaire de Biskra, suites aux batailles contre les Banu Hilal, les Banu Mérine se sont établie dans l’Oranie, ensuite les Banu Mérine ont fondé la dynastie (les Mérinides) avec Fès comme capitale.

    – Les Nefzawas:

    Apparentés aux Zenâtas, tribus issues du sud algero-tunisien, parmi les Nefzawas se trouvait la tribu des Ulhassa, tribu de Traik Ibn Ziad. Le groupe des Ulhassa de l’est de l’Algérie est situé à la limite des bornes des wilayas de Constantine et de Béjaia ainsi que les bordures des Aurès.

    De nos jours, les descendants des Ulhassa vivent dans la wilaya de Tiaret Algérie.


    B- les Branis

    Les Baranis (les Abranis) sont les enfants de Bornos ben Borre ben Mazigh ben Canaan ben hem.(Fils de Noé).

    Les Branis forment une branche berbère ayant le même ancêtre que les Zenâtas

    Les confédération des Branis est formée par :

    1- les Kotamas

    La plus importantes branche des Branis, les Kotamas, formaient la plus importante des tribus berbères en Algérie au moyen âge de par le nombre et la renommée. Le territoire des Kotamas englobait au moyen-âge les actuelles Wilayas de Setif, Jijel, Skikda, Constantine, Mila, Annaba, Guelma, soit la toute Numidie du nord.

    – Les Amazighs d’Egypte de l’Oasis de Siwa sont apparentés aux Kotamas.

    L’arabisation des Kotamas a été progressive et a été facilitée par le fait que les Kotams étaient les fideles alliés des fatimides, et sont allés jusqu’à Damas combattre les abbassides. Les Kotamas ont contribué à la fondation du Caire,Il existe toujours au Caire « Hay el Kotamiyins »

    2-Les Awarbas : apparentés aux Branis

    Originaires de la région allant de la Lybie jusqu’aux Aurès. Cette confédération regroupait plusieurs tribus dont celle de Koceila, les Awarbas ont combattu avec Koceila les musulmans, à la mort de Koceila à Tlemcen, les Awarbas se sont dispersés dans l’Ouest algerien et au Maroc.

    3- les Zwawas

    Ancêtres des Kabyles d’aujourd’hui, voisins de l’ouest des kotamas, confédération de plusieurs tribus bèrebes de l’Atlas algerien.

    Certains historiens disent que les Zwawas sont des Kotamas restés berbérophones et d’autres les dissocient des Kotamas. Comme les Kotamas les Zwawas etaient les alliés des Fatimides.

    Les Zwawas avaient pour voisins à l’Ouest les Sanhadjas

    4- Les Sanhajas

    Les tribus Sanhad ja/Iznagen sont originaires du nord-ouest saharien mais, après l’arrivée de l’islam, des tribus émigrent vers le nord en remontant jusqu’au Moyen Atlas (près des côtes atlantiques de l’actuel Maroc) et continuant sur l’Atlas saharien (actuel Algérie) et jusqu’à Alger.

    Certains Touaregs seraient les descendants des Sanhadja
    Les Sanhadja sont à l’origine du nom Sénégal, par l’intermédiaire du portugais Sanaga.

    Les Beni Mezghenna : tribu des Sanhadjas. Ils occupaient la région d’Alger, qui ont donné la dynastie des Zirides

    5- Les Meknassas

    Meknassa serait une tribu Zenâtas qui aurait fondé la ville actuelle de Meknès, Originaire de l’est entre l’Algerie et la Tunisie et etablie au Maroc et dans l’Ouest algérien.

    C- Autres Tribus et confédération berbères

    1-Houaras

    Tribu berbère originaire de la tripolitaine en Libye. Voisins des Sanhadja et des Zénètes. On les trouve dans les régions chaoui des Aurès et dans le Sud de l’Algérie.

    – Les Hraktas, les Nmemchas, les Henanchas, les Goumri, entre autres, font parties de cette tribu.

    Une partie des Touaregs sont originaire des Houaras, Les Kel Ahaggar du Hoggar (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hoggar) proviennent des Houaras, on les trouve aussi à Adrar Ils sont voisins des Sanhadja et des Zénètes généralement.

    D- Masmoudas

    Confédérations de berbères distinctes des Branis et des Zénatas issues du Maroc actuel, les fondateurs des dynasties des Almohades et des Hafsides sont issus de cette confederation.

    Source : Algérie-dz.com

    Tags : Algérie, amazigh, tribus, amazighes, berbères, Kabylie, 

  • Yennayer, le retour aux sources des banu mazigh: l’Algérie retrouve ses repères amazighs

    par Boudjemâa Haichour*

    Voilà consacré enfin dans les textes officiels en Conseil des ministres, Yennayer, Nouvel An amazigh le 12 janvier de chaque année, comme journée chômée et payée. Cette décision historique confirme l’attachement de notre Nation aux sources plusieurs fois millénaires de notre amazighité. Elle met fin à une situation qui a duré depuis la crise berbère de 1949 appelant les dirigeants du Mouvement national de libération à reconnaître les éléments de notre identité nationale. Le temps a fini par reconnaître cette légitime revendication grâce à la clairvoyance et au sens des responsabilités de tout un chacun.

    Depuis la ville de Constantine, ville de Massinissa, l’imam Abdelhamid Ibn Badis ne signait-il pas ses contributions dans les journaux de l’époque El Mountaqid, Echiheb et El Bassaïr sous la plume d’Ibn Badis le Senhadji, une des tribus berbères de notre arbre généalogique et socle identitaire de l’Algérie en lutte contre toute forme d’oppression et d’atteinte à sa personnalité ? Abdelhamid Ibn Badis, cet infatigable messager de la foi, qui a scruté de son temps les pages de notre histoire, sait combien nous devrions revenir à nos sources, lui qui a trouvé cette Nation formée et existante, qui a sa propre culture, ses habitudes, ses rites, ses mythes et ses mœurs.

    YENNAYER AU PALMARES DE NOTRE HISTOIRE MILLENAIRE

    Et si l’Algérie vient d’inscrire dans le palmarès de notre histoire pluriséculaire une des revendications légitimes de notre peuple en effaçant d’une manière irréversible ce déni aux racines amazighes de notre peuple, elle tire aussi sa généalogie des référents identitaires qu’a énoncés Ibn Badis dans son tryptique doctrinal. Après avoir constitutionalisé la langue amazighe et son officialisation, l’Algérie vient de réhabiliter un des fondements de sa personnalité nationale.

    Et pour exprimer aux générations futures cette appartenance généalogique, se confirme en plus l’entrée en vigueur de Yennayer comme jour de l’An amazigh, avec les préparatifs pour la création d’une Académie de la langue amazighe en plus du Commissariat à l’amazighité qui existe déjà depuis plus de trois décennies.

    Ainsi, aux confluences des grandes civilisations qui ont marqué notre histoire, notre pays est l’un des rares dans le monde à célébrer trois fois le nouvel an, marquant à la fois notre attachement à nos valeurs mais également s’inscrivant dans l’humanité. Nous venons de fêter le nouvel an dit grégorien le 1er janvier du calendrier grégorien devenant universel ou civil, institué par le pape Grégoire XIII en 1582. Evidemment, avec l’arrivée des Romains, l’empereur Jules César avait instauré le calendrier Julien dès l’an 45 av. J.-C.

    YENNAYER CELEBRE DANS LA CONVIVIALITE FAMILIALE

    Tout ceci a fait que le calendrier amazigh qui intervient chaque année le 12 janvier, avait été gommé pour laisser place au nouvel an grégorien. Presque partout dans nos régions, Yennayer, qui est le nouvel an amazigh, a été toujours célébré dans la convivialité familiale.

    S’il faut revenir à l’histoire, on note que l’avènement de Yennayer est intervenu en l’an 951 av. J.-C. En effet, les Imazighen ont eu à s’affirmer aux rois pharaons, notamment le rite organisé à la mort de Namart, père de Sheshanq I, fondateur de la 22e Dynastie des Pharaons. Il faut dire qu’en l’an 950 av. J.-C., à la mort du pharaon Psoussenses, un Amazigh nommé Sheshnaq a été élevé au rang de Pharaon d’Egypte. Il devient la première autorité de toute la région du Nil en fondant sa capitale Bubastis. Yennayer est une fête qui plonge ses racines au profond des millénaires d’histoire. Comme toute fête, les gens se soumettent à des rites.

    YENNAYER SYMBOLE DE LA RICHESSE ET DE LA FERTILITE

    Yennayar est symbole de la richesse. Le rituel « asfel » purifie les lieux et expulse les forces maléfiques. A ce jour en Kabylie, chez les Beni Snous dans la région du Khemis, région de Tlemcen, dans les Aurès, Yennayer est célébré avec un couscous à la viande provenant d’un animal sacrifié dans le strict respect des croyances marquant l’événement. Un bon signe des retrouvailles d’une bonne année qui commence. Des sept légumes cuits avec de la viande et les pieds de l’animal égorgé, la nouvelle année apporte son lot de moissons. Mais on prépare des crêpes (sfendj) et des trids dans certaines localités. En ce jour, on casse les noix, les amandes et on fabrique des gâteaux avec des œufs. Toute cette tradition plusieurs fois séculaire est suivie dans les hauts lieux de notre pays où la population reste attachée à cette pratique rituelle.

    AZUL YENNAYER-ASSUGAZ AMAGAZ

    YENNAYER-2970- LA KABYLIE

    AU FIRMAMENT DES ZAOUIAS

    Dans ce moment du nouvel an amazigh, nombreux sont ceux qui se rendent dans les zaouïas qui sont nombreuses dans la région de la Kabylie telles que : zaouiat Ben Abderrahmane d’Aït Smaïl, de Sidi-Sahnoun de Djamaâ Saharidj, celle du cheikh Mohand Ould Hocine d’Aïn El-Hammam ou de Sidi-Ali Moussa des Maâtkas, de Sidi Mansour de Timizart, de Sidi-Bahloul d’Azazga, de Sidi Khelifa d’Azefoun, de Cheikh Ouhadj de Djemaâ Saharidj, de Sidi-Beloua de Tizi-Ouzou, la Zaouia de Ouled Ouali Cherif d’Akbou, de Sidi M’hand Ouhedad de Tifra, de Sidi Ahmed Ouyahia d’Amalou, de Sidi Saïd de Seddouk, de Sidi-El-Djoudi dans la contrée du Guergour et d’Amizour, Zaouia Boukharouba des Ouled Rachid, Zaouiat El-Amoura de Sour El-Ghozlèn, etc.

    En ce nouvel an, il y a beaucoup de chants, de medhs. Le peuple qui fêtera l’année hégirienne, considère Yennayer comme une fête qui s’inspire de nos valeurs ancestrales, de l’amour de la terre depuis la Numidie. Signe de prospérité et de renouveau, Yennayer apportera avec l’aide de Dieu, paix et sérénité de l’âme. Une pieuse pensée à tous ceux de nos morts qui ont milité pour l’avènement de cette reconnaissance par la Nation. Ainsi se construisent les Nations qui fondent leur existence au respect de leur histoire et de leurs héros.

    YENNAYER PREMIER MOIS DE L’ANNEE DANS LE CALENDRIER AMAZIGH

    Enfin les douze mois du calendrier amazigh : Yennair, Forar, Meghras, Ibrir, Mayyou, Yunyou, Ghuchit, Chtember, Ktober, Wambarr, Djember. Tout cela correspond aux activités agricoles, à la fertilité et aux moissons. Ceci pour exprimer que le Nouvel An est une symbolique annonciatrice de l’abondance. Yennair est un retour aux sources, un ressourcement au profond de nos origines amazighes.

    Le peuple algérien fête le Nouvel An Hégirien en tant que musulman selon le cycle lunaire, c’est l’avènement de l’ère musulmane appelée Awwal Mouharam.

    Que cette nouvelle année amazighe soit pour notre peuple, l’année de la prospérité, toujours dans la réconciliation nationale et le grand pardon.

    RESSOURCEMENT RENOUVELE DE NOS RACINES

    Des Béni Snous aux confins de la Kabylie en passant par les Aurès et la région Sud de notre pays, les familles algériennes fêtent Yennayer en guise de ressourcement renouvelé à nos racines. Une fête où on remet au goût du jour les plats de l’art culinaire lié avec le rituel ancestral qui l’entoure dans toute la spiritualité, la baraqa des saints et l’allégresse. Yennayer ce premier mois du calendrier amazigh remonte ses origines depuis les millénaires dans cette contrée nord-africaine.

    Il faut dire que le calendrier Julien officialisé à Rome par Jules César en l’an 45 avant J.C, inventé par l’astronome et philosophe grec Sogicène d’Alexandrie, s’inspirant partiellement de l’antique calendrier égyptien, qui organise l’année civile en tentant de l’identifier à la seule année tropique ou année solaire. Au 2ème siècle avant J.C l’année se compose d’environ 365,242 jours et l’année julien en compte 365,25 jours lesquels se décomposent en 12 mois de 28, 30 et 31 jours ainsi qu’un jour intercalaire tous les quatre ans (année bissextile).

    Le calendrier julien est le premier construit selon une observation fine de l’écliptique solaire. Il est considéré aujourd’hui comme calendrier universel ou calendrier grégorien né d’une réforme par le pape Grégoire XIII le O4 octobre 1582.

    1- (Pour d’amples détails se référer aux computs calendaires, leurs histoires, leurs modes de calcul, leurs correspondances dans l’ouvrage complet de Dershowitz Nachum, Edward M. Reingold Cambridge Université Press 2007).

    2-Henri Genevois « Le calendrier agraire et sa composition » Le Fichier périodique Alger 1975.

    3- Jeannine Droein « Calendriers berbères » études berbères et chamito-sémitiques Louvain 2000.

    Il faut dire que Rome projeta sa puissance en Afrique du Nord dans le cadre d’une politique d’expansion impériale de colonisation de la conquête de Carthage (146 avant J.C) au démembrement du royaume numide de Juba 1er (46 avant J.C) et enfin l’administration directe de la Maurétanie suite à la mort du roi Bocchus 2 (33 avant J.C), Rome établit son empire à travers toute l’Afrique du Nord.

    Cette conquête est restée cinq siècles jusqu’à la prise de Carthage par le roi vandale Genséric (439 après J.C). Donc il existe en Afrique du Nord des traces anciennes de la célébration de la fête du Nouvel An Yennaer appelé calendes de janvier chez les romains.

    C’est Tertulien de souche africaine qui nous fournit cet élément, né et mort à Carthage dans son ouvrage « De l’Idolâtrie » composé en 212 après J.C a éprouvé le besoin de décrire ces réjouissances.

    Cette illustration concrète de la célébration des calendes d’Ianiarius se trouve parmi les mosaïques du calendrier mural retrouvé sur le site de l’antique Thysdrus (El Jem Tunisie) daté entre 222 et 235 remarquablement bien conservé, représente les quatre saisons et les mois.

    La figure symbolisait Ianiarius qui représente deux hommes se donnant l’accolade. A l’arrière-plan on distingue une «galette, le reste étant des fruits». (Voir Christophe Hugoniot dans «Rome en Afrique» Paris Flammarion 2000) et «Œuvres de Tertulien, tome deuxième d’Eugène Antoine Genoude Louis Vives Paris 1852 ainsi que le «calendrier de Thysdrus» de Louis Foucher Paris CNRS 2000).

    Enfin une troisième attestation de l’ancrage des célébrations de la fête de Ianus dans l’Afrique du Nord de l’époque romaine, nous est donnée un siècle et demi plus tard par Saint Augustin d’Hippone 354/430) qui condamne les Calendes de Janvier en tant que fête du Nouvel An comme étant des survivances de cultes paiens à éradiquer dans «la Cité de Dieu».

    IANIARIUS EST’IL L’ANCETRE DE YENNAYER ?

    Il s’avère donc que durant plusieurs siècles d’occupation romaine, les fêtes d’Ianiarus, ancêtre de Yennayer, ont été célébrées en Afrique du Nord. Saint Augustin est la dernière source latine africaine évoquant les calendres de Janvier.

    Avec les «Fatihines», les adeptes de la «Rissala mohamadia» ramènent avec eux le calendrier dit de «l’Hégire» dont l’An 1 correspond à l’An 622 de l’ère chrétienne. Le calendrier musulman exclusivement lunaire correspond à 12 mois soit 354 jours ou 355 jours tous les dix ans, soit 11 de moins que l’année tropique. Ce calendrier est déconnecté du rythme des saisons, qui dépendent du soleil.

    Le premier jour du premier mois de l’année sont appelés « Al Mouharam ». Mais la première trace systématique de la transmission du calendrier julien latin chez les lettrés arabophones musulmans se rencontre dans le célèbre calendrier de Cordoue (Voir l’ouvrage de Charles Pellat « le calendrier de Cordoue » Leiden, Brill 1961) connu sous le nom arabe de Rabi Ibn Zayd conseiller dans la cour des califes cordouans Abd Rahman III et Al Hakam II, traduit en latin au XIIème siècle par Gérard de Crémone.

    Contrairement au calendrier lunaire, c’est le calendrier solaire qui est le plus utilisé par les agronomes musulmans d’El Andalous qui permet de suivre les saisons déterminées par la révolution de la Terre autour du Soleil.

    Qu’en est-il alors du vocable ‘Yennayar» ? Ce dernier apparait pour la 1ère fois dans les poèmes rédigés par Mohamed Ibn Quzman (1078/1116), considéré comme le maître du genre poétique « zajal » par opposition à la prosodie ou le Mouwachah.

    IBN QUZMAN LE MAITRE POETIQUE DU ZAJAL ET YANNAYER

    Ibn Quzman n’hésite pas de puiser dans l’arabe populaire andalous d’où il utilisa le terme « Aïd Yannayar » pour évoquer la célébration Yannayer et décrit les différents fruits consommés par les Cordouans pour l’occasion. Il faut dire qu’à partir du XI siècle l’Andalousie est intégrée aux grands empires amazighs almoghavid puis almohad.

    Pour contredire la contribution publiée en ligne par Yidir Plantad sur le site «Tamazgha.fr» (Yennayer-histoire d’un mot), il faut qu’il sache que le terme Yennayar qui intervient le 12 Janvier de l’ère grégorienne est bel et bien d’origine et de filiation amazighe dont les premiers fatihines partis sous le commandement de Tarek Ibn Ziad étaient comme lui des Imazighen.

    Cette fête de Yennayar ne peut être que berbère depuis 950 avant J.C, date à laquelle Chechnaq aurait remporté la bataille décisive contre les pharaons, soit la 22ème dynastie, pour faire correspondre le 1er jour de Yennayer.

    * Chercheur Universitaire – Ancien ministre

    Le Quotidien d’Oran, 19 jan 2020

    Tags : Algérie, amazigh, yennayar, culture berbère,

  • Algérie / Charité bien ordonnée

    « Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison ».

    Par Mohamed Abdoun

    Le ministère de la Culture a ordonné, manu militari, le limogeage du directeur de la culture de M’sila. Le dénommé Rabah Drif, via son compte Facebook, a gravement porté atteinte à une grande figure de notre guerre de libération nationale, Abane Ramdane en l’occurrence.

    Cette décision, radicale et très rapide, vient peut-être mettre un terme définitif à cet inexplicable et éternel règne de l’impunité. Beaucoup d’individus, n’occupant pas forcément de hauts postes au sein de l’administration algérienne, se livrent en effet aux écarts de langage les plus outranciers qui soient sans jamais en être inquiétés.

    L’exemple le plus flagrant et le plus grossier qui me vient immédiatement à l’esprit est bien celui de Naima Salhi. Celle-ci avait déjà menacé de tuer sa fille si elle osait un jour s’exprimer en tamazight. Il n’est pas seulement question d’intolérance et de racisme ici. Il est carrément question de crime. D’assassinat. Cette personne, qui n’en est pas à un dépassement prêt, a également menacé tous ceux qui n’ont pas fait semblant –comme elle- de pleurer à la suite du décès de Gaïd Salah. Impossible, non plus, de ne pas penser à ce tristement célèbre « ministre insulteur ».

    Lui, en revanche, n’a pas du tout inquiété. Mais, l’on pourrait nous rétorquer que ses « écarts de langage » étaient antérieurs à sa promotion. Notre réponse serait que cela représente une raison de plus de ne jamais faire appel à un pareil individu, quelles que soient ses compétences, si le pouvoir, dans son acceptation la plus large, était vraiment sincère dans sa démarche.

    En tous cas, autant je me félicite de la célérité et de la radicalité de la décision prise à l’encontre de ce Rabah Drif, autant je me demande si la Salhi and co vont continuer de bénéficier d’une quasi-totale impunité. Elle n’est pas la seule, du reste. Les réseaux sociaux, où l’on croise le meilleur comme le pire, sont un terreau très favorable à la prolifération de toutes les formes d’écarts et de dépassements. Y mettre bon ordre passe peut-être par la loi à laquelle a appelé Tebboune le même jour.

    Il s’agit, indique un communiqué officiel émanant de la Présidence de la République, « d’élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine dans le pays ». Deux questions de taille se posent cependant. Est-ce qu’il n’y pas de risque que cette future loi soit utilisée comme alibi afin de procéder à de la censure bien ciblée au sein des réseaux sociaux ?

    En outre, le fait de criminaliser une déclaration, une parole, un mot, ne porte-t-il pas atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression ? Le fait de « criminaliser » des déclarations, des avis, des messages, me semble être une mesure par trop radicale, alors qu’il eut surtout fallu qualifier de « délits » ce genre d’attitude ou de sorties publiques, au même titre que la fonction de journalisme.

    Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison.

    Pour le cas qui nous intéresse, on est à la lisière de la violence, du rejet de l’autre et du recours à la force qui sont, eux, des crimes parfaitement qualifiés. L’idéal serait donc d’arriver à distinguer entre une déclaration, un avis, qui relève strictement du simple délit, et un appel à l’acte, à la violence, même soufflé à mots couverts que je qualifierais, moi, de crime pur et simple.

    Et, puisqu’il est question ici de « liberté d’expression », il serait bon au passage que des instructions soient données afin que les sites d’information bloqués chez nous ne le soient plus. Ce serait un gage de changement et de bonne volonté à l’adresse du hirak, lequel attend par ailleurs que tous les détenus d’opinion soient libérés…
    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 14 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, racisme, régionalisme, amazigh,

  • L’Alliance Ferhat-Maroc ne divisera pas l’Algérie

    L’alliance Ferhat-Mohammed VI ne divisera pas l’Algérie.

    « L’Anavad adresse, au nom de la Kabylie [personnellement, étant natif de la région, je ne m’associe pas à ses remerciements], ses remerciements au Royaume du Maroc, à son peuple et à leur tête, Sa Majesté le Roi Mohammed VI », déclare le chef autoproclamé de la Kabylie, Ferhat Mehenni.

    Ça y est ! Les masques sont désormais tombés. Le régime marocain –à ne pas confondre avec le peuple marocain, une remarque qui vaut pour l’Algérie –affiche ses intentions de diviser l’Algérie. En tout état de cause, depuis la campagne de Troie, on sait que la puissance extérieure utilise des complicités intérieures.

    De toute évidence, bien que le soutien du royaume chérifien aux séparatistes, dont le chef de fil est Ferhat Mehenni, soit un secret de polichinelle, la déclaration du diplomate marocain, en marge de la célébration du 70eme anniversaire de la naissance de l’ONU, révèle le degré d’animosité caractérisant la relation entre Rabat et Alger.

    Mais, cette fois-ci, le régime marocain franchit le rubican. En déclarant que la Kabylie est « l’un des plus anciens peuples de l’Afrique qui continue à être privé de son droit à l’autodétermination », le diplomate marocain se trompe lourdement en feignant d’ignorer les conditions dans lesquelles l’Algérie a recouvré sa souveraineté.

    Par ailleurs, ne se contentant pas se substituer aux Algériens de la région de Kabylie, le diplomate exhorte l’ONU « à réparer cette injustice historique à l’égard des Kabyles ». A-t-on besoin de sa compassion ? Sans doute non. D’ailleurs, ce que ce diplomate ignore, c’est que les Kabyles se sont toujours battus pour l’unité nationale, et ce, bien qu’ils puissent afficher sans ambages leur désaccord sur la conduite des affaires de leur pays.

    Pour remonter jusqu’à la guerre d’indépendance, l’un des plus illustres habitants de la région, Krim Belkacem, a refusé, en tant que chef de la délégation algérienne, la tentative française d’ethniciser le problème algérien. Pour lui, il n’y avait qu’un seul peuple, en l’occurrence le peuple algérien.

    Cette ligne politique a évidemment triomphé, puisque le 1er juillet 1962, le peuple algérien s’est prononcé massivement –comme un seul home –pour l’indépendance de l’Algérie. Comme toutes les régions d’Algérie, la Kabylie a participé massivement au scrutin d’autodétermination.

    Enfin, alors que des habitants de la région de Kabylie s’offusquent de l’immixtion du Maroc dans les affaires internes du pays, le chef autoproclamé de la Kabylie s’identifie à la région en adressant ses remerciements au roi du Maroc. En balayant d’un revers de la main l’existence de plusieurs sensibilités dans la région, Ferhat commet une erreur grave. D’ailleurs, si jamais son projet aboutissait, son règne serait tyrannique, comme l’ont été tous les chefs qui s’identifiaient à leur population.

    Et si le Maroc croit réellement à la séparation du pays entre arabophones et berbérophones, pourquoi le royaume ne commencera pas par donner l’indépendance aux Rifains, aux chleuhs, etc. Mais, quand il s’agit de défendre la souveraineté de son territoire, il soutiendra le contraire. C’est pour cette raison que l’attitude du royaume chérifien est condamnable.

    Pour conclure, il va de soi que la rivalité entre les deux régimes débouche sur des excès. Cependant, cette rivalité ne doit pas entamer la fraternité des deux peuples, marocain et algérien. Quant à la démarche de Ferhat, il faudra que les habitants de la région se démarquent de son projet. Car, celui-ci n’est pas politique, mais dicté par un esprit de revanche.

    Et l’histoire nous a enseigné qu’à chaque fois que le projet s’est construit sur la revanche, le résultat était catastrophique. Trois exemples peuvent étayer ce propos. La revanche des militaires contre les politiques en 1962 a conduit à la dictature. La revanche contre la langue française a conduit à une école sinistrée. Et enfin le vote sanction contre l’ancien parti unique en 1991 a conduit à la tragédie nationale.

    Aït Benali Boubekeur

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