Étiquette : armée

  • Algérie : Un message brouillé

    par Kharroubi Habib

    En déclarant lors de sa très attendue allocution de mardi que «toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les plus brefs délais », le commandant en chef de l’armée à voulu faire comprendre que si l’institution militaire à initialement privilégié l’option de la transition dans le cadre constitutionnel, elle ne fait plus de cette démarche un dogme sur lequel elle ne transigerait pas.

    Le message de Gaid Salah aurait pu atteindre son objectif d’autant qu’il a été précédé par l’annonce de la démission du controversé président du Conseil constitutionnel qui était appelé à jouer un rôle clef durant cette transition. Il a été toutefois incontestablement brouillé par l’autre annonce faite que le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah avait procédé à la nomination du remplaçant de Tayeb Belaiz.

    La célérité avec laquelle il a été procédé au remplacement de ce dernier et au-delà de la pertinence ou non du choix de la personnalité désignée, a été perçue comme le signe que le pouvoir maintiendrait en réalité le cap dans la mise en œuvre de la transition constitutionnelle.

    Il parait en effet évident qu’en s’empressant de nommer un nouveau président du Conseil constitutionnel, ceux qui en ont pris la décision se sont préoccupés d’assurer la poursuite des opérations ayant été enclenchées dans le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle censée avoir lieu le 4 juillet prochain.

    Du moment que Gaid Salah a soutenu que toutes les perspectives possibles restent ouvertes dont il peut en résulter une démarche pour une transition faisant consensus entre l’armée et le mouvement citoyen, il aurait pu « suggérer » au président de l’Etat de surseoir à la nomination du nouveau président du Conseil constitutionnel.

    Dans le même allocution au cours de laquelle il a tenu des propos qu’ils voulait rassurants sur l’engagement de l’armée à rester au côté du peuple afin que se réalisent ses revendications et aspirations légitimes, le chef de l’état-major de l’ANP s’en est pris à des milieux qui selon lui seraient encore à la manœuvre et gardent une capacité de nuisance.

    Il peut être déduit de cette affirmation que la guerre des clans qui a ponctué le règne de Bouteflika n’a pas pris fin avec la démission de celui-ci et que le pouvoir de fait qui s’est substitué à lui en vit lui aussi une dont l’enjeu est le pilotage de la période de transition et l’élection présidentielle qui va en être l’ultime séquence.

    C’est la raison pour laquelle la mobilisation populaire ne doit pas fléchir et que le mouvement citoyen doit rester vigilant à ne pas s’en tenir aux proclamations d’adhésion à ses revendications et aspirations qui lui promettent qu’elles seront réalisées et à ne pas succomber aux manœuvres visant à lui faire prendre parti dans la guerre entre clans du pouvoir visant leur recyclage dans l’ère post-Bouteflika.

    Le quotidien d’Oran, 19 avr 2019

    Tags : Algérie, Transition, Gaid Salah, armée, article 102,

  • Algérie: La dernière tentation des retardataires

    La révolution continue sa marche, gaiement dans son expression, sale et haineuse dans ses coulisses. De plus en plus, les positions se radicalisent et les hypocrisies se cristallisent. Il faut dire que la nouvelle mode en ces temps de Révolution, ce sont ces selfies pris par les uns et les autres dans les marches pour clamer son positionnement et sa nouvelle légitimité pour aller envahir les réseaux sociaux et se refaire une virginité.

    Mais plus qu’une virginité, ces opportunistes de tout bord, se permettent aujourd’hui de dérouler leurs propositions de sortie de crise. Des propositions qui n’ont rien d’innovants sinon reprendre les différents slogans affichés par les jeunes du «hirak», en clamer la paternité, et se positionner dans cette nouvelle Algérie qui se dessine.

    La nouvelle mode en ces temps de Révolution, c’est de s’en prendre à tout ce qui est Etat, en mélangeant sciemment, ou tout bonnement, par ignorance Etat et pouvoir. Des agissements de loubards qui veulent prendre le train en marche. Ainsi, alors que des millions d’Algériens marchent et manifestent pour une nouvelle Algérie, certains, toute honte bue, veulent se positionner pour de basses ambitions personnelles. Et pour ce, ils se veulent plus virulents que ne le sont ces formidables jeunes qui rêvent de lendemains meilleurs. Un opportunisme de bas étage qui renseigne sur ces révolutionnaires du dernier quart d’heure qui infestent les plateaux de télévisions et les pages des réseaux sociaux.

    Le drame de cette Révolution du sourire est bien là. Il est dans ces énergumènes qui ne pensent qu’à eux ou qui ne pensent qu’à mettre en pratique les visées de leurs maîtres qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Et le danger est bien là. Voir cette Révolution pacifique prendre les chemins dangereux de l’affrontement et de la violence qui ne menacent pas uniquement ce magnifique élan d’un peuple assoiffé de démocratie et de liberté, mais surtout la paix et l’avenir de tout un pays.

    Ces pyromanes de la dernière minute qui n’ont pas fini de traire l’Algérie jusqu’au sang, et qui sont dans tous les clans et tous les râteliers, doivent être débusqués et neutralisés, car, pour satisfaire leurs démesurées ambitions, ils n’hésiteront pas à manœuvrer pour l’effondrement de l’Etat bien avant le seul pouvoir. Ils n’hésiteront pas à faire de nos jeunes des chairs à canons et à marcher sur leurs corps pour atteindre leurs objectifs et épancher leur soif du pouvoir. Mais il ne fait aucun doute que le «hirak» vaincra et sûrement sans ces opportunistes.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 17 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Gaïd Salah insiste sur la préservation de l’indépendance de l’Algérie

    Au 4e jour de sa visite dans la 4e Région militaire, le général de Corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah a insisté sur la nécessité de relever plusieurs défis, essentiellement ceux ayant trait à la “sauvegarde de l’indépendance de l’Algérie, la consolidation des fondements de sa souveraineté nationale, son intégrité territoriale et la préservation de la force et la solidité des liens de son unité populaire… “.

    Le chef d’état major de l’Armée a réitéré les missions nobles dont l’Armée nationale populaire s’honore toujours de les exécuter de la manière la plus appropriée et la plus judicieuse, entre autres au “peuple algérien le droit de vivre dans la sécurité et la paix”.

    Des grandes puissances veulent refaire la carte du monde suivant leurs intérêts

    Le vice-ministre de la Défense nationale a, par ailleurs, accusé “des parties et des grandes puissances qui œuvrent à refaire la carte du monde suivant leurs intérêts, même si cela devait se faire au dépens de la liberté, de la sécurité, de l’indépendance et de la souveraineté nationale des peuples”.

    Mise à l’échec de toutes les tentatives visant la sécurité du pays
    Gaïd Salah a déclaré également que “Toutes les tentatives désespérées ciblant la sécurité et la stabilité de notre pays ont échoué, et vont encore échouer dans l’avenir grâce à l’aide d’Allah Le Tout-Puissant, puis grâce aux efforts laborieux et fructueux, que l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, ne cesse de consentir, en s’inspirant de son dévouement aux valeurs de novembre et son message éternel afin que l’Algérie demeure unie et indivisible conformément au serment prêté au service de la patrie”.

    Echoroukonline, 18 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaid Salah, armée,

  • L’armée marocaine, selon Wikileaks

    Dans toutes les révolutions et mouvements de la région MENA, la position des forces armées a été un facteur déterminant des résultats. D’abord en Tunisie, Ben Ali savait qu’il était temps de fuir lorsque le général Rachid Ammar a rejoint le peuple au moment où la police était en train de tirer sur les foules. Aujourd’hui, les loyautés de l’armée continuent d’influencer la lutte pour le pouvoir en Algérie et au Soudan. Mais qu’en est-il du Maroc ? De quel côté vont les FAR le moment venu ? Il est presque impossible de savoir avec certitude puisque ces questions sont gardées secrètes. Mais grâce à Chelsea Manning et Julian Assange, Wikileaks donne un aperçu de l’armée marocaine: corruption, pots de vin et méthodes d’enrichissement illégales.

    L’armée reste en proie à la corruption, à une bureaucratie inefficace, au faible niveau d’instruction dans les rangs, aux menaces périodiques de radicalisation de certains de ses soldats, à la marginalisation politique et au déploiement de la plupart de ses forces au Sahara Occidental.

    En tant que commandant en chef des forces armées royales marocaines et ministre de la Défense, le roi Mohammed VI conserve un rôle hautement centralisé sur l’armée. Aucun mouvement de troupes, aucun exercice ni même aucun déplacement d’officiers au pays ou à l’étranger ne se fait sans l’approbation du roi. À la suite des tentatives de coup d’État de 1971 et de 1972, respectivement par l’armée de terre et l’armée de l’air marocaines, le Palais renforça son contrôle sur l’armée, le marginalisa à l’égard de l’élaboration des politiques et restreignit ses relations avec les interlocuteurs militaires étrangers et la presse. La dynastie alaouite s’appuie, entre autres, sur une armée forte, dont le leadership doit cependant rester suffisamment docile pour ne pas éveiller les soupçons de déloyauté.

    Selon une anecdote crédible, les gendarmes de rang inférieur affectés à des patrouilles routières devraient payer environ 4 000 dirhams (540 USD) à leurs supérieurs immédiats avec des gains extralégaux d’auto-automobilistes au-dessus desquels ils peuvent se garder.

    La corruption est répandue à tous les niveaux de la société marocaine et l’armée en pâtit également, en particulier aux plus hauts niveaux. Cela peut en partie refléter une grande affaire conclue par le roi Hassan II à la suite d’au moins deux coups d’État presque réussis dans les années 1970: restez fidèles et vous pourrez en tirer profit. (Des personnes dont la loyauté était en question ont fait l’objet de peines de prison sévères parfois.) Des rapports crédibles indiquent que le général Benanni utilise son poste de commandant du secteur sud pour dégager de l’argent des contrats militaires et influencer les décisions commerciales. Selon une rumeur largement répandue, il possède une grande partie des ressources halieutiques du Sahara occidental.

    Benanni, comme de nombreux officiers supérieurs de l’armée, possède une somptueuse maison familiale construite probablement avec de l’argent provenant de pots-de-vin. Les postes de direction dans les secteurs régionaux constituent une source importante de revenus extrajudiciaires pour les chefs militaires. Il a même été rapporté que des étudiants de l’académie militaire marocaine payaient de l’argent pour améliorer leur classement dans la classe afin d’obtenir des postes dans des postes militaires lucratifs.

    Le commandement dans le secteur sud, c’est-à-dire le Sahara occidental, compte tenu de la prédominance de l’activité militaire dans ce pays, est considéré comme le plus lucratif des secteurs à cet égard. Étant donné que le commandement dans le secteur sud est également considéré comme essentiel à l’avancement au plus haut niveau dans les FAR, les postes dans cette région sont très recherchés. En conséquence, les positions dans ce secteur sont souvent jalousement « gardées » par un certain nombre de familles influentes au sein de l’armée. Le GOM semble chercher des moyens de mettre un terme à la corruption, en particulier parmi les rangs militaires formateurs de colonel et de rang inférieur, mais rien n’est fait pour enrayer la corruption dans les rangs des officiers généraux.

    Les officiers supérieurs refusant de prendre leur retraite pour permettre aux plus jeunes officiers de gravir les échelons sont devenus un problème majeur pour les FAR. Les officiers qui approchent de l’âge de la retraite obligatoire ne veulent pas prendre leur retraite, car cela impliquerait l’abandon de pots-de-vin, d’économies d’argent et de certaines sources de revenus connexes. Même pour les officiers qui ne sont pas sur le marché, il est économiquement difficile de renoncer aux postes gouvernementaux et aux salaires pour une retraite soutenue. Ce problème de « gérontocratie », associé à la micro-gestion notoire du roi par l’armée, a eu un impact négatif sur le moral des chefs militaires de niveau intermédiaire.

    Source: Courrier du Rif

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Wikileaks, armée, corruption, trafics, drogue,

  • Algérie : Sale temps pour les fraudeurs en transfert de devises vers l’étranger

    Depuis le début du mouvement populaire contre le système politique, des soupçons ont pesé sur des hommes d’affaires quant à des opérations de transfert illicite de devises vers l’étranger.

    Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – A la fin du mois de mars, alors que la polémique faisait rage sur cette question, la Banque d’Algérie, dirigée par Mohamed Loukal, a affirmé que les informations relatives aux transferts de capitaux, par le canal bancaire, « sont dénuées de tout fondement ». Mais avant-hier, dans la soirée, le ministère des Finances, dirigé par le même Mohamed Loukal, entre-temps promu ministre dans le gouvernement de Bedoui, a annoncé la mise en place d’un comité de veille et de suivi, chargé de suivre l’évolution des transferts en devises vers l’étranger.

    Son objectif ? Renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde et débusquer les fraudeurs. Ce comité est composé de hauts fonctionnaires du ministère des Finances, de représentants de la Banque d’Algérie (BA) et de représentants de la communauté bancaire (Abef).

    Le comité a pour mission de s’assurer que les opérations de transferts en devises par les banques, en tant qu’intermédiaires agréés, sont exécutées dans le strict respect de la réglementation des changes édictée par la Banque d’Algérie, a expliqué le ministère des Finances.

    Que s’est-il alors passé entre-temps pour que M. Loukal passe d’un homme qui « dément des rumeurs » à un homme qui « donne du crédit aux mêmes rumeurs » ?

    Il y a d’abord sa promotion au poste de ministre. Mais il y a surtout ce communiqué du chef d’état-major de l’APN qui a parlé ouvertement de tentatives de faire fuir des capitaux volés et s’enfuir vers l’étranger.

    Le 2 avril, jour de la démission de Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah a parlé de « vastes opérations de pillage et de dilapidation qu’a connues notre pays, ciblant ses potentiels et ressources économiques et financières ». Il s’est interrogé sur « les moyens qui ont permis à cette poignée de personnes d’amasser des richesses immenses par des voies illégales et dans un court laps de temps, en toute impunité, profitant de leur accointance avec certains centres de décision douteux, et qui tentent ces derniers jours de faire fuir ces capitaux volés et s’enfuir vers l’étranger ».

    Dans son communiqué, le ministère des Finances a expliqué que les opérations de transferts en devises par les banques sont classées en trois catégories. Il s’agit du règlement des opérations d’importation de biens et services, conformément à la législation et à la réglementation régissant le commerce extérieur et des changes en vigueur, des transferts dans le cadre d’investissements à l’étranger effectués par un opérateur résident en Algérie et les transferts des dividendes liés à des investissements directs en Algérie.

    En tout cas, l’annonce du ministère des Finances confirme les soupçons sur des opérations de transferts illicites de devises à l’étranger.

    Mais la décision semble avoir des objectifs politiques destinés, au même titre que la décision relative à l’interdiction de sortie de territoire national pour plusieurs hommes d’affaires, à calmer la rue qui demande des comptes aux « voleurs ». C’est une réponse au slogan « Vous avez dévoré le pays, espèce de voleurs ». « C’est destiné à calmer le peuple en lui disant qu’on est en train de surveiller le mouvement des capitaux », soutient l’expert économique Ferhat Aït Ali, contacté par Le Soir d’Algérie.

    Il affirme que le ministère des Finances n’a pas le droit d’installer un tel comité qui relève des prérogatives de la Banque centrale.

    « C’est une compétence de la Banque d’Algérie de contrôler a posteriori la régularité des opérations de transfert de devises. Il s’agit donc d’un empiétement des prérogatives de la Banque centrale », souligne notre interlocuteur.

    K. A.

    Le Soir d’Algérie, 15 avr 2019

    Tags : Algérie, Transition, Article 102, armée, Bensalah, Bedoui, Gaid Salah,

  • Algérie : Et maintenant, après le huitième vendredi de mobilisation?

    Oui et maintenant que le peuple algérien est sorti massivement dans toutes les willayas du pays pour dire bruyamment son rejet de Bensalah comme Président, Bedoui comme Premier ministre et naturellement l’élection présidentielle qu’ils prévoient pour le 4 juillet prochain ?

    Le verdict rendu hier par des millions de citoyens sur un ton ferme mais dans une ambiance pacifique, ne fait pas l’ombre d’un doute. Plus que jamais, les algériens ne s’inscrivent plus dans l’agenda du pouvoir fut-il soutenu par l’état-major de l’armée.

    Pour la huitième fois de suite, la mobilisation citoyenne ne faiblit pas malgré la fermeture des «frontières» de la capitale aux manifestants en provenance d’autres régions du pays.

    La répression policière à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau, le quadrillage de tous les accès à Alger ainsi que le filtrage de tous les axes routiers et autoroutiers n’ont pu entamer la volonté des centaines de milliers de personnes à forcer le barrage.

    Et comme il fallait s’y attendre, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah qui a soutenu l’option Bensalah en tournant le dos aux revendications du peuple, a été copieusement arrosé de slogans hostiles. «Les généraux ne représentent pas l’armée ! » proclame notamment une banderole, avec la photo de Gaid Salah barrée du rouge, et bien en vue devant la Grande Poste.

    Mais c’est le nouveau chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah qui a ravi la «vedette» en termes de noms d’oiseaux et autres quolibets. Il était aisé de saisir politiquement le message du peuple algérien au-delà des foules qui étaient au rendez-vous.

    La feuille de route déclinée autour des trois «B» Bensalah, Bedoui et Belaiz soutenu par Gaid Salah pour mener la transition politique est perçue par les manifestants comme un recyclage du Bouteflikisme sans Bouteflika.

    L’immense mobilisation constitue déjà une réponse claire que le peuple est déterminé à ne rien lâcher tant que les trois «B» trônent à la tête des institutions.

    De fait, la seule voie constitutionnelle choisie par le chef de l’armée pour régler la crise politique est catégoriquement rejetée par le peuple. Ce dernier a crié haut et fort qu’il ne quitterait pas la rue tant que sa principale revendication à savoir la restauration de sa souveraineté en vertu de l’article 7 de la Constitution n’est pas satisfaite.

    Encore une fois, il renvoie la balle dans le camp du commandement de l’armée pour lui signifier que les solutions proposées ne sont que des diversions destinées à réinstaller le système avec de nouvelles têtes.

    La démonstration de force populaire d’hier dans les quatre coins du pays constitue une piqure de rappel à l’état-major que les algériens qui ont usé leurs chaussures depuis le 22 février, ne se suffiront pas de demi mesures et encore moins de fausses mesures. Leur message sera-t-il reçu cinq sur cinq? Réponse dans quelques jours.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 13 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 103, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Que va sortir de sa manche étoilée Gaïd Salah ?

    par Kharroubi Habib

    Apparemment, Gaïd Salah devenu l’homme fort du pays s’en tient à son choix d’une transition dans le cadre constitutionnel même après le rejet de cette option exprimé de façon catégorique par les millions d’Algériens lors des marches de vendredi dernier.

    Le silence qu’il a observé après le refus de cette démarche que la rue lui a signifié et les préparatifs qui ont commencé au Parlement pour l’inauguration de cette transition dans le cadre constitutionnel, il peut en effet paraître que le chef de l’état-major de l’armée n’a nullement l’intention de changer son fusil d’épaule et va laisser aller à son terme la procédure constitutionnelle afférente à l’investiture de l’intérimaire de la présidence de la République.

    D’autres indices montrent toutefois que tout en persistant à ne pas vouloir sortir du cadre constitutionnel il ne soutiendrait plus l’application stricto sensu de ses dispositions qui ferait du très controversé président du Sénat le pilote de la période de transition. Ils sont dans le fait que les réunions parlementaires destinées à donner une suite à la démission de Bouteflika se sont déroulées sous le sceau de la confidentialité et d’un embargo médiatique total. Ce qui peut être le signe que les parlementaires auraient reçu consigne d’explorer la piste d’une autre solution que celle de l’investiture du controversé Abdelkader Bensalah.

    Des confrères ont fait état de rumeurs qui bruissent dans les travées des deux chambres agitant le spectre d’un bon nombre de députés et sénateurs qui a décidé de boycotter le congrès de ce mardi.

    Si cela se confirme et sachant que nos parlementaires incapables de défier l’autorité détentrice du pouvoir, il y aurait à déduire que leur supposée fronde n’a rien de spontané et de dicté par leur conviction que l’investiture de Bensalah engagerait le pays sur une voie à haut risque.

    Une fronde parlementaire ayant pour cause cette investiture pourrait être le prétexte sur lequel Gaïd Salah s’appuierait pour sortir la transition du « tout constitutionnel » qui mobilise le peuple contre elle et lui vaut défiance de sa part. Il se peut alors que l’option Bensalah sera abandonnée en raison de ce prétexte de la fronde parlementaire qui permettrait au chef de l’état-major de ne pas apparaître avoir cédé à l’injonction de la rue.

    Il n’est pas sûr pourtant que ce scénario contribuera à apaiser la contestation populaire nourrie et entretenue par l’exigence d’une transition en dehors du cadre constitutionnel excluant la prise part à sa mise en œuvre des figures vomies du régime de Bouteflika.

    Le Quotidien d’Oran, 9 avr 2019

    Tags : Algérie, Gaid Salah, armée, transition, intérim,

  • Algérie : S’adapter à l’article 102 ?

    « Sans perdre de vue le fait que l’on traine encore de conjecture en conjecture, ce scénario, même s’il était bel et bien retenu, pourrait quand même faire long feu au cas où la riposte du vendredi venait à en rejeter le résultat… » globalement et dans le détail ».

    Par Mohamed Abdoun

    Le Parlement doit donc se réunir, en assemblée générale, ce mardi afin de constater la vacance du poste de président de la République, et de permettre la désignation du président du Sénat en qualité d’intérimaire pour gérer une phase de transition de trois mois, avant lesquels une élection présidentielle devrait avoir lieu. Il s’agit là du scénario le plus conforme à ce que prévoit la constitution, de par son article 102.

    Ainsi, si l’on devait poursuivre sur cette voie, il est plus que probable que le président du Sénat va déposer sa démission afin de permettre à une figure moins » grillée » de prendre sa place.

    Abdelkader Bensalah, en effet, est unanimement rejeté par les millions de manifestants qui battent le pavé chaque vendredi. Ces derniers, au reste, ont concentré l’essentiel de leurs revendications et de leurs slogans, vendredi passé, à la nécessité de se défaire de Bensalah et, accessoirement de Belaïz et Bedoui.

    Le » minimum syndical » consisterait, donc, à donner suite ne serait qu’à une partie de cette revendication en se délestant de Bensalah dès ce mardi, ou même avant, en attendant le verdict de la rue vendredi prochain.

    Le fait que le journal El Moudjahid ait décidé d’explorer cette piste dans son éditorial de la veille me semble être un indice assez sérieux concernant le fait que c’est ce choix qui aurait été retenu, dans l’espoir que la rue s’en satisfera aussi. Il devient clair, en tous cas, que les décideurs, qui se contentent de réagir aux imposantes marches du vendredi, lâchent à chaque fois un peu plus de lest à mesure que les manifestations grossissent en nombre et placent plus haut la barre des revendications. Il est, par exemple, bien loin ce temps où le peuple se serait satisfait du départ du président, sans que tout le système ne le suive dans sa chute.

    Sans perdre de vue le fait que l’on traine encore de conjecture en conjecture, ce scénario, même s’il était bel et bien retenu, pourrait quand même faire long feu au cas où la riposte du vendredi venait à en rejeter le résultat… » globalement et dans le détail « .

    Dans ce cas, et comme le suggèrent déjà plusieurs acteurs politiques, qui donnent plus ou moins l’air d’être dans le » secret des dieux « , il deviendrait plus que nécessaire de briser le carcan inhibiteur de cette constitution, en s’appuyant sur cet article 7 qui veut que toute souveraineté et tout pouvoir soit l’émanation du peuple, et de lui seul.

    Ici, plusieurs questions resteront quand même en suspens. La première, et la plus importante sans doute, sera celle de savoir qui en prendra le premier l’initiative, en sachant par avance que l’écrasante majorité des acteurs politiques et figures de proue de la société civile sont favorable à un pareil scénario.

    La première réponse qui vient à l’esprit sera bien entendu l’ANP. Celleci, et en ces moments particulièrement délicats et cruciaux pour l’avenir de l’Algérie, est en quelque sorte la garante que la transition se fera sans heurts. Le chef d’état-major, en outre, a maintes fois souligné le fait que l’armée partage l’intégralité des revendications soulevées par la rue. L’armée ne saurait dès lors se soustraire à ce rôle historique, dont la finalité servirait à mener le pays à bon port, en le dotant des institutions et des responsables librement et démocratiquement choisis par le peuple.

    Une pareille phase de transition, la plus courte possible, doit en revanche recueillir l’adhésion d’une écrasante majorité, et laisser émerger des figures que ni la rue, ni les acteurs politiques, ne sauraient logiquement rejeter.

    Mais, dans tous les cas de figures, les quelques jours à venir s’annoncent cruciaux pour la suite des évènements. L’Algérie, qui se trouve bel et bien à la croisée des chemins, n’a absolument pas droit à l’erreur.
    M. A.

    Tribune des Lecteurs, 7 avr 2019

    Tags : Algérie, Article 102, Abdelkader Bensalah, transition, armée,

  • Algérie : Jusqu’où ira Gaïd Salah ?

    Les messages politiques fondamentaux exprimés ce vendredi par la rue s’adressaient en substance à un seul homme : Gaïd Salah. Par la force des événements, le chef d’état-major focalise l’attention de tout un peuple à la recherche d’une rupture réelle.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Gaïd Salah n’est ni adulé, ni acclamé, ni foncièrement rejeté ou décrié. Son nom ne figure ni parmi la liste des personnes appelées à être «jugées» pour avoir conduit le pays à l’impasse ni parmi ceux des héros dont les portraits sont portés par les manifestants. Dans les quatre coins du territoire national, les Algériens observent, attendent, et savent surtout ce qu’ils veulent.

    Unis autour d’un mot d’ordre principal «dégagez tous», ils n’ont pas laissé l’impatience des jeunes entraver un processus dans lequel le chef d’état-major a été amené à jouer le rôle central. Il affirme avoir su capter les messages de fraternité lancés par des millions de citoyens à l’ANP lorsque ces derniers sont descendus dans les rues réclamer l’annulation du cinquième mandat, la démission immédiate de Abdelaziz Bouteflika, et désigner les responsables du «pillage du pays».

    Alors que la tension atteignait son paroxysme, en raison de la résistance du président de la République et de sa détermination à conduire l’étape de transition à venir, Gaïd Salah entre en jeu de manière inattendue et se propose de répondre aux aspirations populaires en appliquant l’article 102. La première annonce qu’il en fait n’engendre pas de liesse au sein des foules. Les avis sont partagés : «ANP et peuple sont frères» et «Article 102, mais sans eux», scandent les manifestants le vendredi qui suit le premier discours fait à partir de Ouargla. Un grand scepticisme règne.

    Les Algériens sont surtout conscients qu’arracher Bouteflika de son siège présidentiel et chasser son clan n’est pas chose facile. Au cours des deux vendredis suivants, ils exigent «l’application de l’article 102, 7 et 8». La «souveraineté populaire» est un élément central, indiscutable. Le mouvement qui s’est mis en place le 22 février dernier s’est fixé le «changement» radical, fondamental comme objectif et entend mener la transition selon les règles qu’il s’est fixées.

    Dans le contexte actuel, sa soudaine arrivée sur la scène politique a poussé plusieurs acteurs politiques figurant dans l’opposition à émettre de sérieuses réserves essentiellement basées sur la crainte de voir le processus en cours se transformer en scénario à l’égyptienne. Comme tous, ils attendent aujourd’hui d’être fixés, puis, en quelque sorte, rassurés sur les intentions de Gaïd Salah.

    Chaque fait, ou terme prononcé est analysé, décortiqué. Pour l’heure, celui-ci répond par des engagements, qui se veulent aussi être des assurances, basés sur le strict respect des textes et laisse entendre que le scénario à l’égyptienne ne fait pas partie de ses intentions. Mais Gaïd Salah n’attire pas que des critiques. Au sein des sphères ayant gravité de longues années autour du clan présidentiel, des voix s’élèvent déjà pour chanter la gloire du nouvel homme du moment. Se laissera-t-il griser par les anciens soutiens de Bouteflika ?

    Dans ses engagements, le chef d’état-major affirme être entré en scène en réponse aux aspirations des Algériens. Sachant que l’application de l’article 102 n’en est qu’à sa première étape, il lui faudra, de ce fait, aller encore plus loin dans sa démarche.

    Vendredi, les manifestants ont rejeté par avance l’arrivée de Bensalah à la tête de l’État pour une période déterminée. Ils n’ont laissé aucune chance non plus à Belaïz, Bedoui et tous les membres du nouveau gouvernement car étant impossibles à associer à une véritable transition. Mais une transition menée par le chef d’état-major est-elle aussi possible ? Jusqu’où ira la réponse de Gaïd Salah à la rue ?

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 7 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, armée, Gaid Salah, article 102,

  • Algérie – Marches, manifs et militantisme virtuel : L’œuvre inachevée des Algériens

    Chaouki Mechakra

    Révolution, Hirak, Mouvement Populaire, marches pacifiques… L’exemplarité des manifestations qui se déroulent en Algérie depuis le 16 février à Kherrata avant de s’élargir, une semaine plus tard, à l’ensemble du territoire national, ont subjugués au-delà du pays, les observateurs les plus avertis du monde.

    Pas une goutte de sang n’a coulée, ni une vitrine saccagée, encore moins un décès enregistré. Magistrale leçon de pacifisme retransmise en mondovision.

    Des acquis ont été actés, dont la démission du président de la République, suivie de celle du patron des services secrets.

    En ce septième acte du mouvement, la liste des revendications s’étend aux 3 B à la tête des plus importantes institutions de la République. La pression de la rue est telle qu’il faille surfer sur la loi fondamentale pour habiller légalement ces desirata du « peuple », quitte à contourner voire, détourner les textes de la constitution. Un détail dirait, à juste titre, le citoyen lambda, vu que le président sortant en a fait son « cahier de brouillon », gommant par-ci et raturant par-là, ce qu’il ne lui convenait pas dans ce texte remanié à chacun de ses caprices.

    Jusque-là, l’ANP a accompli sa part du « boulot » en réponse aux revendications populaires, en déverrouillant les portes les mieux gardées du système. Faut-il qu’elle en fasse davantage, surtout que des voix s’élèvent ici et là, pour l’accuser d’un scénario à l’égyptienne ?

    Rafraichissons les mémoires

    Comment est-il possible qu’un peuple qui, il n’y a pas si longtemps, a porté aux cimes un Rachid Nekkaz et un Ghani Mehdi, deux comiques politiques, avant de se raviser, puisse aujourd’hui se laisser berner par ceux qui appellent au retour de l’armée à ses casernes ?

    Comment est-il possible qu’un peuple puisse, au nom d’un article 7 de la constitution, vouloir se substituer à des institutions sans être structuré et physiquement représenté ?

    Si, de son côté, l’ANP a fait le plus gros du « boulot », ne se peut-il pas aujourd’hui que le peuple en fasse autant en réalisant sur le terrain le reste de ses revendications ?

    Au-delà des marches et de l’activisme des claviers, dont l’impact est considérable, rappelons que sur les vingt millions de manifestants, figurent des militants encartés FLN, RND, MPA, TEJ… dont les directions, tant nationales que locales, se sont faites complices et relais du pouvoir décrié. Ces partis ne doivent plus faire partie du futur de l’Algérie et des Algériens, même s’ils venaient à changer leurs responsables.

    Il appartient aux militants sincères de se désolidariser de ces sigles trompeurs en empruntant aux parlementaires leur méthode, c’est-à-dire en cadenassant kasmas, mouhafadas et représentations locales. Ces partis sont à euthanasier par leurs plus proches affiliés. Ce n’est que par des actions de ce type, que l’on pourra tourner la page de la soumission et de la Hogra. D’ailleurs, en attendant que l’ébauche des prochaines institutions se dessine, il serait souhaitable d’inclure en bonne place de la longue liste des revendications, l’interdiction à ces partis d’être partie prenante de la vie politique nationale pendant les cinq années à venir.

    C.Mechakra

    Le Provincial, 6 avr 2019

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