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  • Algérie : La Kabylie dans la révolte algérienne : et maintenant ?

    Les évènements qui secouent le pays depuis le 22 février et les manifestations impressionnantes qui font battre le pavé à des millions d’Algériens ont fini par réveiller le peuple en entier de sa léthargie.
    L’incroyable arrogance et la cécité du cabinet occulte au pouvoir a poussé son outrecuidance jusqu’à présenter le président Bouteflika pour qu’il rempile avec un cinquième mandat malgré une incapacité physique absolue et évidente à diriger le pays. Un geste qui avait fait de l’Algérie la risée des médias internationaux et considéré par l’écrasante majorité des Algériens comme l’humiliation de trop. Une décision qui a fini par exploser à la figure du gouvernement qui voit comment depuis le 22 février 2019, des millions d’Algériens réclament chaque vendredi le départ du système en entier et une deuxième République digne de ce nom.

    Les marées humaines des manifestants ont pris de court le gouvernement actuel mais aussi tous les observateurs, car depuis l’indépendance et mis à part quelques cas de révoltes dans d’autres régions comme le Sud algérien, les manifestations massives venaient plutôt de la Kabylie. Même les mal nommés « Printemps arabes » sont passés en catimini sans grands chamboulements.

    Les Algériens, échaudés par les évènements de 1988 et avec les massacres et les atrocités de la décennie noire à l’esprit, étaient disposés à supporter beaucoup de dépassements en contrepartie de la paix. C’est là-dessus qu’a joué Bouteflika avec sa politique de réconciliation nationale dont il a usé et abusé au point d’en faire une constante nationale et de son auteur un demi-Dieu, un Fakhamatouhou ! C’est donc avec une grande surprise que la gérontocratie au pouvoir voit cette colère – encore pacifique et très civilisée – toucher toutes les régions d’Algérie avec néanmoins certaines différences notables en Kabylie, qui est probablement la seule région du pays où les appels à la révolte ont été perçus de manière différenciée et peu homogène.

    Il est bien entendu, que le souhait de faire tomber ce pouvoir est également partagé par la Kabylie. Le nouveau système qui en ressortirait ne saurait être pire que l’actuel. Demeurer en marge de cette véritable révolution reviendrait, en outre, à se mettre hors-jeu et perdre des atouts pour placer des revendications propres. La Kabylie n’a donc rien à perdre à s’impliquer et à participer au formidable mouvement citoyen. Il ne fait pas de doute, par ailleurs, que le succès de cette révolte « du sourire » a donné une image très positive du pays, avec des manifestants pacifiques, créatifs, solidaires et qui ont surtout fait preuve d’une très grande dose d’humour dans leurs slogans.

    Une révolution dans l’état d’âme des Algériens qui semblent soudain se réconcilier avec eux-mêmes et leur pays. «C’est la première fois depuis longtemps que je n’ai plus envie de quitter mon pays » proclame une des nombreuses pancartes portées par les manifestants. Ce mouvement et les milliers de drapeaux algériens brandis tous les vendredis depuis le 22 février contribuent à la renaissance de l’amour de la patrie et au renouveau d’un nationalisme algérien qui souffre depuis longtemps de la gabegie, la corruption et la médiocrité des dirigeants du pays. Un nationalisme qui appelle à la constitution d’un front uni d’abord contre le cinquième mandat et ensuite contre le système et tout ce qu’il représente.

    Algérie vs Kabylie : lutte pour l’occupation emblématique des espaces symboliques

    Il ne fait pas de doute que la généralisation de ce mouvement à tout le pays n’a pas manqué d’affecter la longue tradition d’opposition kabyle contre le « pouvoir ». Un regard sur les réseaux sociaux et leur rôle fondamental dans ces évènements laisse facilement apparaitre des positionnements différents et qui coïncident globalement avec les tendances politiques qui traversent actuellement le paysage politique kabyle. La formidable réaction du peuple algérien contre le cinquième mandat, la maturité politique des manifestants et le retour d’une Algérie belle et rebelle exigeant la fin du système a provoqué une véritable euphorie de nature à pouvoir désactiver les revendications kabyles dans la mesure où celles-ci se justifient fondamentalement par une absence de liberté et de reconnaissance de la diversité en Algérie et particulièrement des revendications en Kabylie. L’impact du mouvement pourrait donc se traduire par une démobilisation ou une diminution de l’adhésion aux idées autonomistes ou souverainistes. Dans ce sens, des appels ont été lancés pour ne pas porter le drapeau kabyle ou amazigh pendant les manifestations sous prétexte qu’il fallait « reporter » ces revendications à plus tard, une fois le système dégagé.

    Beaucoup en Kabylie ont suivi ce raisonnement. La conviction d’être « un Algérien comme tous les autres », certains complexes de culpabilisation (mauvais ‘arabe’ ou ‘mauvais musulman’) ou une certaine haine de soi font que certains kabyles veulent «démontrer » leur algérianité en assumant le seul drapeau algérien comme symbole identitaire et s’opposant à tout autre emblème comme menace au front unitaire.

    Pourtant, l’amazigh étant langue officielle en Algérie, l’emblème qui le représente devrait être partagé par le reste de Algériens, or, on ne voit jamais ou pratiquement jamais ce drapeau amazigh arboré dans les régions d’Algérie non berbérophones, même si, selon le discours officiel, elles seraient également toutes amazighes.

    D’autres voix dont surtout celles des autonomistes du Rassemblement Pour la Kabylie (RPK) ou leurs sympathisants n’ont pas tardé à se faire entendre pour avertir du danger d’un tel comportement et demander, au contraire, d’aller aux manifestations mais avec des drapeaux algériens et amazighs,

    Il y a enfin ceux qui appellent à manifester avec l’anay aqbayli – le drapeau spécifiquement kabyle – qu’ils soient du MAK ou pas – et qui considèrent que les militants pour l’indépendance de la Kabylie devraient occuper des espaces avec leurs propres symboles afin de se donner plus de visibilité.

    Relevons aussi que si le drapeau– dit aussi fédéral – des Amazighs est dorénavant toléré en public même s’il est pratiquement inexistant en dehors de la Kabylie et des régions berbérophones comme les Aurès ou Ghardaia, il n’en va pas de même pour le drapeau kabyle. Ce drapeau connaît l’exclusion et la prohibition qu’avait connues en son temps l’actuel drapeau amazigh. Son outrage : être assimilé avec le séparatisme et les souverainistes. Comme si l’autodétermination était un délit. Faire flotter ce drapeau durant les manifestations de ces dernières semaines inclut des risques pour son auteur de se faire huer ou d’être empêché de le brandir dans certaines villes du pays mais aussi au sein de la diaspora algérienne. Les premières escarmouches dans ce sens se sont déjà produites aussi bien en Kabylie qu’au sein de la diaspora en France ou au Canada par exemple, où les manifestants ont tenté d’expulser ou d’interdire le drapeau « kabyle », assimilé au « séparatisme » du MAK. Cet emblème ne peut-être d’ailleurs brandi qu’en Kabylie. L’exhiber dans le reste de l’Algérie, à fortiori, dans la capitale algérienne ferait courir à son auteur le risque d’être lynché ou emprisonné. Nous sommes loin, très loin, de l’Espagne par exemple, où des milliers d’indépendantistes catalans sont allés manifester ce dimanche 17 mars à Madrid, pour couvrir de leurs couleurs et drapeaux la ville de Madrid, la capitale, au cœur même du pays…

    Les questions de représentation dans une hypothétique conférence nationale

    À ces différences dans le rapport aux emblèmes symboliques s’ajoutent une série d’autres questions sur une hypothétique conférence nationale pensée comme un préalable pour une sortie de crise et à la fin du système. Proposée comme formule pour introduire « les changements profonds » promis par Bouteflika au cas où il serait élu pour un cinquième mandat, cette conférence bute dès le départ sur de grandes confusions. Des listes de personnalités ‘nationales’ non impliquées dans la gestion politique commencent à circuler dans les réseaux mais sans que le gouvernement actuel donne le moindre indice sur des questions fondamentales, d’abord, autour de l’institution en tant que telle comme son indépendance, sa liberté d’action, sa composition ou ses critères de fonctionnement. Ensuite sur la forme de désignation de ses composantes. Quels en seraient les critères de choix ou les mécanismes de représentation de ses membres ? Sont-ils géographiques, démographiques, linguistiques et culturels ? Serait-ce l’appartenance à des tendances politiques ou religieuses ?

    Faudrait-il, comme le rappellent certains internautes, revenir aux structures des régions pendant la guerre de libération nationale avec les six wilayas historiques (Aurès, Nord-constantinois, Kabylie, Alger/Algérois ; Oran et Sahara) ?

    Même l’idée même du choix d’interlocuteurs ou de représentants du mouvement citoyen risque d’être un écueil important. Elle pose, en effet, un certain nombre de problèmes: de quelle légitimité les personnes élues et/ou désignées peuvent-elles se prévaloir ? Une fois élues, ces personnes ne risquent-elles pas de faire l’objet soit de manipulation, d’influence ou de pression de la part des autorités ? Comment se prémunir des risques de corruption ou de récupération ? Enfin, la désignation d’un comité, conseil ou groupe pour négocier avec l’État l’avenir du pays ne risquerait-elle pas de détourner le focus et l’attention – actuellement braquée sur le peuple – vers des individus alors que la puissance actuelle du mouvement citoyen réside justement dans la force et la créativité, la solidarité et la dynamique du peuple qui manifeste de manière solidaire son rejet du pouvoir ?

    Faudrait-il s’appuyer sur l’expérience de laεrac et penser à une représentation concentrique et évolutive : par village, daïra et wilaya ? Ce mouvement qui avait mobilisé de très grandes masses en 2001 pourrait-il transcender les villages et les daïras ?

    Après l’euphorie et la gueule de bois : poser les véritables problèmes
    Les critères de représentation clarifiés et adoptés l’objectif serait alors d’arriver enfin à un consensus. Mais avant, certaines questions se profilent déjà comme des os durs à ronger : les divergences idéologiques profondes qui peuvent exister entre la Kabylie et d’autres régions d’Algérie et qu’il ne conviendrait surtout pas de balayer sous le tapis. Les problèmes seront donc redoutables et il faudrait alors une bonne dose de patience, de tolérance, de capacité d’écoute et de dialogue pour les affronter.

    – Le type ou la forme de gouvernance à choisir : Le système jacobin extrêmement centralisé suivi et adopté par les gouvernements successifs a permis de concentrer et d’accaparer tous ces pouvoirs entre les mains d’un groupe de personnes et de clans depuis l’indépendance.

    Ce centralisme a engendré une politique d’homogénéisation uniciste construite sur des piliers idéologiques monolithiques et exclusifs: une langue : l’arabe, une religion : l’islam ; un gouvernement : le FLN et ses dérivés. Ces choix ont servis aux clans au pouvoir à faire l’impasse sur la diversité culturelle, religieuse et linguistique et en même temps à faire main basse sur les richesses du pays. Des sommes colossales ont été dépensées pour des projets aussi pharaoniques qu’absurdes. Le tout dans un contexte de corruption généralisée et systématisée qui fera le lit de l’injustice, des conflits identitaires mais aussi des problèmes économiques et de représentation démocratique de la population : les libertés individuelles et collectives seront désormais mises sous le boisseau des fameuses « constantes nationales » et des non moins célèbres « valeurs de Novembre » comme la défense de l’ «unité de la nation », la langue arabe et l’islam comme langue et religion de l’état post-indépendant.

    S’il y a unanimité pour rejeter en bloc tout le système et tout le personnel politique et son discours, les Algériens – tous les Algériens – seraient-ils disposés à accepter de remettre en cause ces constantes nationales sur lesquels se fondent ce système pourtant honni et maudit? Seraient-ils disposés à dépasser les schémas unicistes du formatage nationaliste pour refondre le système de gouvernance afin d’évoluer, par exemple, vers un système fédéral des régions tel qu’il est demandé par une bonne partie des forces politiques en Kabylie ? La réaction franchement opposée du candidat à la présidence – le Général Major Ali Ghediri, pourtant présenté comme « le candidat du changement » – en dit long sur la profondeur du problème et de la phobie que provoque une telle idée dans d’amples secteurs de l’opinion nationale. Comment compenser l’évidente disparité régionale sur ce point ?

    – L’islam e comme religion d’État : le reste de l’Algérie serait-il disposé à accepter le débat sur le rôle de l’islam en Algérie et son corollaire, la laïcité comme le demande de grands pans de la société kabyle où cette revendication transversale et reprise par l’ensemble des agents politiques de la région (RCD, FFS ; MAK ; RPK ; MCB ; URK) ?

    – Le reste de l’Algérie accepterait-il la diversité religieuse et les mêmes droits et obligations aux autres religions que l’islam (christianisme), voire même à d’autres tendances musulmanes qui ne soient pas le sunnisme malikite officiel (l’ibadisme, Ahmadis etc..)? .

    – Accepterait-il de revenir sur la fameuse triade des Oulémas l’Islam est notre religion, la langue arabe est notre langue, l’Algérie est notre patrie) pour supprimer de la future constitution l’article qui proclame l’Islam comme religion d’État? Serait-il disponible à accepter un système de gouvernement qui assurerait la diversité religieuse?

    – La majorité des Algériens accepterait-elle de revenir sur le code de la famille pour tout simplement le supprimer pour ne laisser qu’une seule loi et égale en droits et en obligations aussi bien pour les hommes que les femmes?

    – Le rôle des langues : les Algériens seraient-ils disposés à accepter que les langues autochtones comme le kabyle aient vraiment le même statut que l’arabe en Algérie ou du moins dans les territoires dont elles constituent la langue propre ? Accepteraient-ils même le concept de langue kabyle ? Accepteraient-ils de territorialiser les usages linguistiques et de reconnaître le kabyle comme langue propre de la région si une majorité de sa population le demande comme semblent le démontrer toutes les statistiques de l’enseignement de « l’amazigh » en Kabylie?

    Ce ne sont que quelques points qu’il faudrait absolument débattre et ne pas « reporter » à « plus tard » comme le demandent certains appels de nationalistes algériens. Il faudrait, cette foi, savoir tirer des leçons de l’Histoire – pourtant bien récente du pays – pour mettre sur le tapis la question de la définition identitaire de l’Algérie. L’éviter ou la reporter « à des jours meilleurs » nous ferait revivre un autre épisode de la crise dite « berbériste » de 1949 et tout ce qui en découlerait par la suite. Tenir compte du fait, que cette fois, toutes les priorités sont des priorités.

    Imposer ou construire ensemble l’unité ?

    Si la Kabylie veut continuer à vivre dans une Algérie unie – et l’écrasante majorité y serait prête, pour peu qu’elle s’y sente à l’aise – les forces politiques kabyles doivent d’abord trouver et proposer des solutions où chaque entité sociolinguistique, chaque région, évoluera selon ses spécificités. Le monde a connu plusieurs modèles d’État. Il est possible d’en adapter un aux besoins du pays. Les avantages en seraient incommensurables et l’impact formidable en terme de débauche d’énergies et de créativité. Le slogan « Un peuple, une langue, une religion » est périmé. Il est même dangereux et liberticide pour la diversité et la tolérance. Cette jeunesse assoiffée de changement et de vie osera-t-elle franchir le Rubicon et en finir avec l’unanimisme euphorique et idéologique ? Osera-t-elle la diversité ? Verra-t-on des pays où le drapeau d’une idéologie acceptera d’autres emblèmes pour exprimer la diversité des régions, des cultures, des langues et des peuples ? Osera-t-elle, cette jeunesse, la mixité, le respect total des femmes dans tous leurs droits, le renvoi de la religion aux espaces privés ? Finiront-ils, un jour, cette jeunesse et ce peuple, par cesser de confondre diversité avec division, uniformité avec unité, libertés individuelles et collectives avec la fameuse main de l’étranger ?

    Les revendications berbères et kabyles en particulier sont une réalité intangible de l’Algérie. La prise de conscience identitaire est irréversible et ne peut aller que de l’avant. L’inflexibilité des pouvoirs, la répression, le déni ou la force ne sont pas et n’ont jamais été la solution ni éliminé les conflits. L’histoire de l’Algérie et des peuples l’a largement démontré.

    Oui, mettre tout cela sur la table … tout de suite et maintenant ! Méditer cette phrase visionnaire de Mouloud Feraoun – ignoré et exclu comme tant d’autres créateurs kabyles – par l’idéologie jusqu’à présent dominante : « Pauvres montagnards, pauvres étudiants, pauvres jeunes gens, vos ennemis de demain seront pires que ceux d’hier. » (M. Feraoun; Journal 1955-1962, 12 janvier 1957).

    Voilà pourquoi, les forces vives kabyles doivent déjà penser à réfléchir et à se concerter. Elles doivent le faire dans un respect absolu de toutes les idées et toutes les propositions sans exception pour peu qu’elles s’appuient sur des arguments pacifiques. L’autodétermination est également une idée politique qui a une existence réelle en Kabylie et qui – à ce titre – devrait être respectée. En Kabylie, en Algérie, comme ailleurs. Dans le sens opposé, il est également nécessaire que les souverainistes kabyles acceptent le fait qu’un Kabyle puisse refuser cette idée sans être taxé de traître ou de mauvais kabyle. Seul un système de représentation politique ouvert, libre et indépendant peut juger du poids réel de telle ou telle idée politique.

    En attendant, le respect devrait régner entre les différentes tendances politiques. À cet égard, les dernières manifestations ont laissé les images prometteuses d’une tolérance qui semble s’installer peu-à peu dans la région : des représentants de différentes forces politiques, ensembles dans des marches et derrière des banderoles affichant ouvertement l’objectif d’une Algérie fédérale des régions. Une belle perspective qui pourrait rapprocher – pour peu que la raison s’y mette – toutes les forces politiques kabyles.

    Si jusqu’à présent l’appartenance à un parti faisait des membres du RCD, du FFS, du MAK, du RPK ou de l’URK des ennemis politiques, la nouvelle conjoncture pourrait les faire converger autour d’un patrimoine partagé: l’amour de la Kabylie et plus particulièrement la défense de ce qui les unit tous : la langue, la culture et le pays. Et ça, les Catalans ou les Basques, des nations qui ont réussi, l’ont bien compris. Les Kabyles peuvent aussi y arriver et ouvrir la voie aux autres régions d’Algérie voire de l’Afrique du Nord. Une Afrique du Nord des régions et de peuples enfin réconciliées avec elles-mêmes.

    Auteur

    Mohand Tilmatine

    Le Matin d’Algérie, 19 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, Kabylie, tamazight, berbère,

  • Editorial – Le peuple algérien ne lâche rien face aux manoeuvres du pouvoir

    La dernière manœuvre du clan Bouteflika a consisté à renoncer au cinquième mandat d’un président impotent… pour mieux prolonger le quatrième. Elle n’a en rien entamé la détermination des contestataires. Vendredi 15 mars, les manifestants étaient plus nombreux que jamais, peut-être 15 millions dans tout le pays. « Système dégage », scandent-ils : la colère contre les affairistes qui accaparent les ressources du pays est générale. Elle touche toutes les régions de ce pays immense, et jusqu’aux Algériens en France. Elle mobilise les femmes, que les islamistes avaient voulu cloîtrer à la maison. De nombreuses couches sociales, y compris des catégories privilégiées comme les juges, sont mobilisées. La jeunesse scolarisée est en pointe dans la mobilisation.

    Les Algériens ont de quoi être révoltés par ce système qui les condamne à la précarité, au dénuement, pendant que les privilégiés liés au pouvoir se gavent, tout en affichant leur mépris pour les classes populaires. En Algérie, le salaire minimum ne dépasse pas 130 euros mensuels. Quand on sait qu’Issad Redrab, le patron du conglomérat de l’agroalimentaire, de la distribution et de l’industrie Cevital, a accumulé une fortune de 3,7 milliards de dollars, on mesure l’exploitation féroce réalisée par les capitalistes.

    Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour le peuple algérien ? Pour l’instant, l’armée se tient en retrait. Mais le passé a montré que ses dirigeants n’hésitaient pas à tirer sur la population. En 1988, l’armée a tué des centaines de jeunes manifestants. Durant les années 1990, elle répondit aux massacres des islamistes par d’autres massacres. En 2001 encore, elle a réprimé en Kabylie en faisant 125 morts au bas mot. Les islamistes sont eux aussi en embuscade, même si certains se sont discrédités en participant au pouvoir. Enfin, il est possible que les dignitaires du régime finissent par accéder à la demande d’élections sans Bouteflika et se reportent sur un autre homme qui garantirait leurs privilèges.

    Si les médias français ne rapportent que les manifestations du vendredi, toute une agitation traverse en permanence l’Algérie. Des grèves éclatent dans de nombreuses entreprises publiques ou privées : dans les chemins de fer, les hydrocarbures, les chantiers, l’industrie, etc. Les travailleurs réclament le départ de Bouteflika et parfois aussi des augmentations de salaires. Il est à espérer que ces grèves se multiplient et que les travailleurs réalisent ainsi le rôle qu’ils jouent dans la société. Produisant toutes les richesses accaparées par les privilégiés, ils détiennent un levier incomparable. S’organiser dans leurs entreprises peut leur permettre de se constituer en une force sociale et collective qui compte.

    Les travailleurs rejettent le système en place. Mais ils ont intérêt à imposer que le changement ne soit pas seulement un ravalement de façade. S’il se réduit au remplacement de Bouteflika par un autre dignitaire, en quoi la vie des jeunes chômeurs si nombreux, des travailleurs si précaires et si mal payés, en serait-elle transformée ? Il faut espérer que ces derniers exercent leur contrôle sur les événements. Ils ne doivent pas accepter un changement qui se réduirait à changer les têtes sans remettre en cause l’accaparement des richesses tant dénoncé.

    Les manifestants ciblent également Macron, qui soutient la clique en place. Pendant 132 ans, la France a pillé l’Algérie après l’avoir colonisée dans des violences atroces. Aujourd’hui, les capitalistes français liés au régime de Bouteflika continuent de piller les ressources et le travail des Algériens. Alors que de plus en plus de jeunes risquent leur vie pour franchir la Méditerranée, le gouvernement français réduit le nombre de visas accordés aux Algériens. Le Pen, elle, voudrait carrément les supprimer ! Elle est la digne héritière de son père, ancien de l’Algérie française et officier tortionnaire pendant la guerre d’Algérie.

    Ces politiciens français défendent les intérêts des possédants des deux pays. Les travailleurs de France ont, eux, toutes les raisons d’être solidaires de la lutte des travailleurs d’Algérie. Les capitalistes qui les exploitent sont parfois les mêmes : Renault, Total, Lafarge, Sanofi et consorts. Leurs intérêts de travailleurs sont les mêmes aussi.

    Alors, tous nos espoirs se portent vers les femmes et les hommes qui, de l’autre côté de la Méditerranée, se battent pour avoir un travail et pouvoir en vivre correctement, pour la liberté et pour la dignité. Vive la lutte des travailleuses et des travailleurs d’Algérie !

    Lutte Ouvrière, 18 mars 2019

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  • Algérie – Le Hirak ravive la vie publique : Le peuple revient sur sa démission

    Ainsi donc, l’on apprend que 72 Mouhafed (commissaire du parti) sur les 120 compte le parti FLN, se sont réunis hier à Lakhdaria, pour dénoncer la direction collégiale et provisoire de leur appareil, et annoncer dans la foulée, leur ralliement au mouvement populaire.

    Ces lionceaux de l’ex Palestro, dont tout le monde sait de quelle manière ils ont été parachutés, chacun dans sa circonscription, se trompent d’époque et de peuple. Comment est-il possible, que des personnes qui sont un peu la partie visible du système, puissent pousser l’indélicatesse jusqu’à vouloir rejoindre un peuple dont ils n’ont jamais fait partie, si ce n’est par leur appartenance administrative. Avec la permission des lecteurs, j’abuserais d’un «je» que je sais haïssable, pour rappeler à ces «illustres» personnages, que de tous temps, ils ont incarné, l’arrogance, l’ignorance, la hogra, la prédation, les passe-droits, le clientélisme, la corruption et comme de bien entendu «l’aplaventrisme» devant leurs maîtres du moment. Cela va de Saïdani à Ould Abbès en passant par l’actuel patron de la SARL FLN. Car, ce n’est plus un parti politique depuis le décès de feu Abdelhamid Mehri.

    Le tribunal de l’Histoire ne vous ratera pas

    Rejoindre le mouvement populaire en ce mois de mars 2019, à la veille de la date historique du 19 mars, n’est pas de votre gabarit. En effet, que connaissez-vous réellement de «la rue», vous qui n’êtes habitués pour tout exercice militant, qu’à faire du petit business en choisissant les transporteurs et les patrons de fast-food, pour organiser «vos» rencontres politiques (sic) en abusant des gros plans de caméras corrompues, honteusement braquées sur le petit peuple et les badauds que vous ramenez de très loin avant de les abandonner à la fin de vos meetings.

    Quel crédit avez-vous alors que nul n’ignore que la «chkara» est votre unique programme politique et que la cooptation, votre unique mode d’élection.

    Comment vous admettre dans ce sublime mouvement populaire qui vous demande de décamper et de partir loin de sa vie et de sa vue ?

    N’êtes-vous pas les relais locaux de ce système vomi, honni et publiquement rejeté par les Algériens et les Algériennes ?

    N’êtes-vous pas, avec la complicité d’une administration aux ordres, les artisans de toutes les fausses élections que l’Algérie a connues ?

    Vous avez usé et abusé d’un nom prestigieux, détourné au lendemain de l’indépendance en vous appropriant illégalement et illégitimement du sigle FLN. Un patrimoine commun immatériel que vous avez outragé et honteusement malmené, jusqu’à faire fuir les jeunes générations, de l’Histoire de leur pays et de ses martyrs. Ne vont-ils pas festoyer à Paris le 14 juillet, parce que le 5 juillet pour eux, n’est qu’un…stade de football au mieux, sinon une cité dortoir ?

    La récréation est finie

    Aujourd’hui, le blanchiment de conscience que vous entamez ne concerne que vous et n’engage que ceux qui vous croient. Sachez vous retirer de l’espace public et partez, vous êtes répudiés.

    Toutefois, sachez également, que le peuple que vous avez berné près de 60 ans durant et notamment vingt ces dernières années, s’est ravisé et a retiré sa démission. Une démission sur laquelle vous-avez fondé d’énormes espoirs pour pérenniser votre règne.

    Ironie du sort, le peuple et a retiré sa démission et est en passe de vous délivrer votre solde de tout compte.

    Courage, fuyez !

    Le Provincial, 17 mars 2019

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  • Algérie : Victoire du courant islamiste après le départ du régime de Bouteflika : les précisions de Mourad Dhina

    A la suite de notre article sur les propositions formulées par l’activiste exilé à l’étranger, plus exactement en Suisse, Mourad Dhina, ce dernier a fait parvenir à notre Rédaction quelques précisions pour compléter nos informations. Nous les publions comme le dicte notre déontologie et notre éthique :

    « Je n’ai pas dit que « [Mourad Dhina] estime que le courant islamiste, notamment celui de l’ex-FIS, est celui qui pourra remporter une large victoire lors des prochaines élections présidentielles indépendantes et transparentes qui doivent être organisées pour tourner la page du long règne d’Abdelaziz Bouteflika » –

    Lors de l’émission , j’ai dit qu’il était préférable de repousser les élections d’au moins quelques mois après avoir entamé la phase de transition pour éviter une polarisation de la société, car j’estime que ce serait le courant islamiste qui remporterait une majorité de voix étant donné que les autres forces n’auront pas eu le temps de s’organiser.

    Cette analyse est basée sur des réalités socio-politiques et ne doit pas être comprise comme un souhait ou l’entame d’une campagne pour un courant donné. Bien au contraire, mon souhait est de voir une dose de proportionnalité représentative de tout le spectre politique qui accompagnerait la transition. Une polarisation, surtout pendant la transition, mènera vers l’échec du processus de refondation de la république.

    Par ailleurs, et avec tout le respect dû au courant dit islamiste ainsi qu’aux autres courants, je ne vois nullement dans la ligne politique, ni dans les textes ou déclarations du mouvement Rachad (www.rachad.org) ce qui peut permettre de le cataloguer comme « islamiste ».

    Cordiales salutations, Mourad Dhina

    Algérie Part

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  • Algérie : Pourquoi les ministres du cabinet Ouyahia activent-ils encore?

    Djamel Zerrouk

    « C’est la véritable cacophonie qui règne au niveau du gouvernement ». C’est en ces termes que les analystes qualifient le cabinet actuel qui aurait dû, selon la Constitution, partir dans le sillage de la démission d’Ahmed Ouyahia.

    En effet, nombre de ministres censés être rentrés chez eux car faisant partie de l’ancien gouvernement continuent de diriger « leurs » ministères comme si de rien n’était.

    Citons, entre autres, Nouria Benghabrit (Education nationale), Mohamed Aïssa (Affaires religieuses), Mustapha Guitouni (Energie), ou encore Azzedine Mihoubi (Culture) qui poursuivent leurs activités en sortant sur le terrain et en s’exprimant en tant que ministres.

    En s’affichant dans les médias lourds, ceux que l’opinion publique désigne d’ex-ministres » assument-ils ces missions avec l’aval de Noureddine Bédoui, nouveau Premier ministre ? Oui certainement, mais toujours est-il que le fait de rejoindre chaque matin leurs bureaux, ces anciens ministres ne s’inscrivent absolument pas dans les lois de la République, particulièrement les articles 95, 98 et 100 de la Constitution.

    « Le Premier ministre peut présenter au Président de la République la démission du Gouvernement », souligne l’article 100 de la Loi fondamentale qui signifie clairement que lorsque le Premier ministre part c’est tout le Cabinet qui doit suivre. L’article 95 de la Constitution, mais ce cas de figure rappelant qu’en cas de non-approbation du plan d’action du Gouvernement par l’Assemblée populaire nationale, le Premier ministre présente la démission du Gouvernement au Président de la République.

    « Celui-ci nomme à nouveau un Premier ministre selon les mêmes modalités », est-il énoncé dans la Loi fondamentale du pays. « Le Premier ministre Ahmed Ouyahia étant parti le 11 mars, les ministres n’ont donc plus rien à faire au sein du gouvernement Bedoui qui, lui, est chargé d’en modifier la composante », souligne un enseignant à la faculté de droit d’Alger.

    Les constitutionnalistes rappellent le fait qu’en réalité ce sont les secrétaires généraux des ministères qui devront gérer les affaires courantes, en attendant la composition du nouveau gouvernement. Alors pourquoi les ministres sortants continuent-ils à prendre des décisions, donner des instructions et surtout assister à des cérémonies officielles ? Pourquoi Bedoui, un énarque rompu dans les affaires de l’Etat, n’a rien dit à ce sujet sauf l’annonce, hier, que « des consultations » étaient en cours pour la mise sur pied d’une nouvelle équipe gouvernementale ? Existe-t-il un canal décisionnel parallèle qui serait derrière le « maintien informel » en activité des ministres du gouvernement Ouyahia ?

    En l’absence d’un porte-parole de la « transition », ces questions ne trouveront malheureusement aucun écho

    Le Jeune Indépendant, 17 mars 2019

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  • Algérie : Ali Benflis met en garde contre l’internationalisation de la crise

    Des informations médiatiques font état d’un déploiement diplomatique du régime politique en place.

    Il est manifeste que ce régime a été alarmé par les déclarations de certains partenaires étrangers sur le droit du peuple algérien à manifester pacifiquement et l’élan de sympathie manifesté par l’opinion publique internationale, notamment occidentale, à l’égard du mouvement de contestation pacifique, dans notre pays.

    En réaction, le pouvoir politique en place semble s’engager dans une campagne auprès des partenaires étrangers pour plaider sa propre cause, promouvoir la feuille de route du Président de la République, déclarée nulle et non avenue par le peuple algérien, et solliciter la compréhension des uns, particulièrement les Occidentaux plus sensibles aux pressions de leur opinion publique, et le soutien des autres, notamment la Russie et la Chine.

    N’est-il pas étonnant de voir un régime politique qui stigmatise l’ingérence étrangère lorsque certaines voix dans le monde s’élèvent pour soutenir le droit constitutionnel des algériens à manifester pacifiquement et qui prend, lui-même, des initiatives qui vont dans le sens de l’internationalisation de la crise lorsqu’il se sent menacé dans sa survie ?

    La solution de l’impasse politique actuelle est entre les mains des algériens et doit le rester. L’internationalisation de la crise se traduira nécessairement par l’ouverture de notre pays aux luttes d’influence entre puissances étrangères dont on sait l’effet ravageur sur les pays qui les subissent.

    La main étrangère n’est pas venue du côté que le régime politique en place s’est longtemps et injustement plu à dénoncer, celui de ses opposants, et des dénonciations de ses critiques et de ses dérives. Le régime politique actuel trouve des vertus à la main étrangère. Il ne se retient plus et ne s’interdit rien et plus aucun tabou ne lui résiste. La main étrangère semble devenue, pour lui, une main secourable.

    Le peuple algérien est résolument contre toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires internes de notre pays. Il a crié haut et fort le rejet qu’il leur oppose dès les premières marches. Il ne tolèrera pas l’ingérence étrangère d’où qu’elle vienne et en aucune circonstance.

    Le Matin d’Algérie

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, gouvernement, transition, constitution,

  • Algérie : Elle ne comprend pas pourquoi il a accepté sa nouvelle mission : La population d’Amizour remontée contre Ramtane Lamamra

    Rencontrées lors de la mainifesation de vendredi à Alger, de nombreuses personnes d’Amizour, d’où est originaire Ramtane Lamamra sont en colère contre lui.

    Elles lui reprochent d’avoir accepté de revenir au pouvoir « après avoir été humilié » par le président Bouteflika qui lui avait préféré Abdelkader Messahel.

    L’élan de sympathie dont il bénéficie, après son limogeage du Ministere des Affaires étrangères, se transforme aujourd’hui en colère de la part des gens de son patelin.

    « S’il n’avait pas accepté cette mission Lamamra aurait pu être un des hommes-clé dans la prochaine phase de transition politique, vu sa maîtrise des rouages de la diplomatie » soulignent nos interlocuteurs.

    Algérie1

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  • Algérie : Un Etat combattu par ses propres citoyens risque un effondrement à tout moment

    En Algérie, les scrutins se succèdent et se ressemblent. Il s’agit de répondre à des échéances sans aucun impact positif sur le vécu des algériens.
    Les droits politiques, économiques, sociaux et culturels au cœur des revendications des citoyens sont ignorés.

    Les élections constituent une simple formalité technique que le pouvoir organise pour se légitimer et pour la consommation internationale malgré le désintérêt manifeste des populations. En effet, après de nombreux scrutins, qu’est ce qui a changé pour notre peuple ?

    Le discours officiel triomphant et les normes proclamées sont loin de refléter une réalité amère vécue quotidiennement par les algériens et les algériens.

    Cela explique les rapports entre la société et l’Etat qui sont faits d’agressivité et de conflits permanents.

    Les aspirations de démocratie, de liberté et de progrès social se voient toujours contrariées et étouffées. L’absence de gouvernance et les choix désastreux ont poussé des pans entiers dans le désarroi. Le phénomène des « harraga » est une parfaite illustration du désespoir qui prend de plus en plus d’ampleur avec de nombreux candidats au suicide collectif en mer.
    A juste titre, pour les algériens, l’Etat n’est pas protecteur mais dictateur.
    Tous les grands choix engageant la nation toute entière se sont faits de manière unilatérale et autoritaire pendant que les forces politiques, syndicales et sociales se voient ignorées et exclues de toute décision.

    Les simulacres de dialogues ou de négociations sur les questions nationales regroupent toujours les mêmes acteurs, à savoir le pouvoir et ses relais.

    Les professions de foi, à l’occasion d’échéances électorales, concernant la relance économique et une vie meilleure s’avèrent être des promesses sans lendemain malgré l’injection de masses importantes d’argent qui servent en fait à l’entretien d’une clientèle et à des relais liés à des sphères du pouvoir.
    Avec le temps, ces pratiques anachroniques ont développée dans la société une méfiance puis une haine contre l’Etat et tous ceux qui le représentent ou l’incarnent.

    Ainsi, tout conflit aussi minime soit-il peut se transformer en révolte, en émeutes, voire en drame.

    Un Etat combattu par ses propres citoyens risque un effondrement à tout moment.

    Ce type de pratiques a des effets désastreux sur l’ensemble des institutions qui ne sont pas reconnues comme siennes par les citoyens.

    L’éradication de ces pratiques est vitale pour l’existence même de la nation algérienne car elles la menacent dans ses fondements. La concentration de toutes les décisions au niveau central a élargi encore plus le fossé entre l’Etat et les citoyens

    La priorité aujourd’hui est d’apporter une solution ou des solutions à ce désastre national.
    Quelle est la solution ou quelles sont les solutions à la hauteur de cette crise?

    Qu’elle soit locale ou nationale, un scrutin ou une élection à elle seule peut-elle constituer une réponse à cette faillite nationale ? Ou s’agit-il de rechercher une solution globale dont les élections sont un aboutissement d’un processus ?

    La cacophonie orchestrée durant de longs mois autour de la tenue dans les délais ou du report du scrutin relève d’une manifeste fuite en avant. C’est une autre diversion visant à détourner l’opinion sur le blocage du pays et le remue-ménage au sommet sur fonds de règlements de compte. Aussi, au lieu de discuter des besoins du pays, les dirigeants semblent privilégier les négociations au sein du sérail afin de trouver un candidat à même de garantir leurs intérêts et la pérennité de leur système rentier.

    Le pouvoir et ses soutiens semblent ignorer la dimension et la profondeur de la crise.

    Une élection organisée par les hommes du système et au sein du système ne peut que reproduire les mêmes résultats que ceux du passé. C’est un scrutin qui ne sera ni libre ni honnête. La seule préoccupation des organisateurs demeure le taux de participation qu’ils savent bien moduler.

    Participer à cette dangereuse et inutile démarche d’une manière ou d’une autre c’est renforcer une politique anti nationale.

    Aujourd’hui, une échéance électorale n’est pas une priorité. Il n’existe pas de messie pour sortir notre pays du gouffre ou il a été plongé. L’enjeu va au-delà de l’intronisation d’un homme ou d’une femme. Le débat national doit s’articuler autour d’un changement de fond qui garantit les droits politiques, économiques, sociaux et culturels au peuple algériens.

    La priorité est la construction démocratique d’un Etat crédible au service du citoyen, respectueux et respectable sur la base de l’application des normes proclamées, reconnues et appliquées par tous

    C’est cela un Etat de droit qui incarne des valeurs au service du citoyen et non un Etat incarné par des clans ou des individus.

    Libre Algerie

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  • Algérie: Inspirer la confiance et la réussite

    Mourad Boukhelifa

    C’est tout à fait le contraire qu’inspire le pouvoir Algérien et la plupart des dirigeants. Ces deux paramètres vont ensemble et ne peuvent s’exclure car si vous pouvez inspirer la confiance et non pas la réussite on se détache de vous rapidement et si la réussite est dans votre parcours et dans votre chance et que vous n’inspirez pas la confiance alors attendez vous qu’un jour on vous débarque à défaut de vous embarquer. La confiance impose la vérité et la réussite a besoin de morale. Quand on inspire la confiance la porte vous est ouverte, la cause est acquise. La réussite suivra très souvent. Mais la réussite ne s’obtient pas seulement grâce à la confiance. Elle s’obtient quand on sait déléguer, qu’on arrive à rassembler, à motiver et mobiliser.

    Pour se mobiliser les gens ont besoin d’être motivés et d’avoir des objectifs réalisables, motivants et mesurables. Il ne suffit pas de crier à haute voix comme le font les populistes de tous bord qui très souvent finissent par détruire leur pays à l’instar d’Hitler et Mussolini ou comme l’ont fait certains qui nous ont entraîné vers la décennie noire ou d’autres encore présents, dans des chaines de télévision grotesques à l’instar d’Ennahar, qui se ridiculisent en criant à tue tête des paroles d’un autre âge à des jeunes connectés dans des réseaux sociaux libérateurs loin de ce cirque fixe qui n’en finit pas de nous ramener des grossièretés que même un zoo ne pourra pas accepter.

    La réussite c’est des programmes censés, qui sont discutés, débattus, approuvés, adoptés, partagés avec des gens qui les étudient, les mettent en oeuvre comme dans un algorithme informatique. Ce n’est pas du copie-collé ou le ciseau et la colle remplace Ctrl C et Ctrl V avec comme possibilité de commenter, de souligner, de corriger et de proposer des versions qui vont crescendo vers le parfait, l’utile, le suffisant, le nécessaire et surtout le praticable et bien sûr le maîtrisable.

    La confiance et la réussite fonctionnent avec des mots mais aussi avec des concepts. Ne dit-on pas que “gouverner c’est rétablir le sens des mots ?” Démocratie, peuple, stabilité. Au delà, ces mots sont aussi des concepts parce qu’ils sont consistants et qu’ils ont une intensité particulière, alors que pour le pouvoir c’est simplement des mots et des mots qui ne se conjuguent jamais.

    Démocratie, ce n’est pas simplement de l’expression c’est surtout une organisation de la vie à partir de règles juridiques précises soutenues par des procédures claires qui permettent à chacun d’assumer ses droits et ses obligations sans référer à un réseau ou à une appartenance familiale, régionale ou de pouvoir.

    L’exception confirme la règle c’est vrai et c’est pour cela que nous avons crée la jurisprudence. La règle doit être le dénominateur commun à tous avec les mêmes conditions d’accès pour tous. Quand la règle est juste alors que dans notre pays la règle n’est que l’élément de mise à niveau d’un fait contestable et contesté, qui rend la règle inopérante, inexploitable et non applicable.

    Lorsque certaines personnes de l’opposition parlent de rétablir l’indépendance de la justice, il ne faut croire que c’est ça qui fait défaut c’est plutôt parce qu’il y a des dysfonctionnements, des errances et des manquements, quand il ne s’agit pas de procédés rusés dans la loi. Une loi a pour objectif de créer la cohésion et la sérénité dans la société et non de permettre à quelqu’un ou quelques uns de bénéficier de ces dysfonctionnements.

    Dans la santé, par exemple, deux ex premiers ministres et deux ex ministres se sont arrangés pour imposer à plus de 200 hôpitaux un logiciel de comptabilité pour un montant qui donne le vertige et cela de gré à gré avec la complicité d’un expert comptable qui a donné sa bénédiction pour “quelques dollars de plus”. La société (SARL à 1000 Euros ) créée par deux personnes à Vincli, quelque part en France, a même eu droit à un décret particulier imposant à tous les hôpitaux d’appliquer ce système. Un décret signé par Sellal en 2014, soutenu par le ministre Boudiaf sous l’œil amusé du Directeur de cabinet Ouyahia, maître d’oeuvre de l’opération entamée en 2008 alors qu’il était ministre.

    Si ce n’était que l’argent qu’on a perdu dans cette opération d’”enfoirés” ça pourrait passer mais c’est pire que ça. Gaid Salah passe son temps à nous parler de stabilité, mais il ne sait pas que la guerre d’aujourd’hui passe par la clé USB et le mail. Les fichiers contenant la liste des employés, médecins et infirmiers, stocks de médicaments, équipements spécialisés ont tous rejoint les ordinateurs de cette société dirigée par un Algéro-Canadien et cela Mr Gaid Salah ne le sait pas lui qui approuvé la mise à mort du DRS.

    Imaginons un instant que le Canada puisse disposer de ce fichier de médecins de diverses disciplines et de divers niveaux et que le Canada envoie des visas à ces médecins à leur adresse personnelle puisque dans ces fichiers se trouve aussi l’adresse, qu’arrivera-t-il demain ? Pourra-t-il nous protéger de ce désastre avec ses avions et ses chars quand les médecins seront tous partis et que les hôpitaux se retrouveront vidés de leur sang avec comme clients des zombies qui errent comme dans “Triller” de Michael Jackson.

    Que dire alors du peuple ? Bien sûr ce n’est pas la somme des parties et si c’était cela ça aurait été simple pour Ouyahia. Malheureusement c’est plus que ça. C’est un vomissement d’abord et une vision ensuite. Un vomissement car nous avons été abusé, par abus de confiance. En plus vous n’avez pas réussi là ou d’autres pays plus petits dominent le monde et jouent à égalité avec ceux qui les dominaient.

    Enfin que voulez vous qu’on vous dise maintenant, sûr que vous ne savez pas encore travailler. Anticonstitutionnel, deux premiers ministres et des affaires étrangères pour seul rempart. Des vieux en face de jeunes. Même si on perd, on a gagné car chez nous la confiance s’est installée de nouveau. Il nous reste la réussite de notre projet. Allez oust DÉGAGEZ.

    Algérie Network, 16 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, gouvernement, transition, constitution,

  • Algérie : Annoncées hier – Consultations pour un gouvernement de transition

    par Mahdi Boukhalfa

    Les consultations pour la formation d’un gouvernement de transition, chargé notamment de préparer une conférence nationale inclusive, devant ouvrir la voie à l’élection présidentielle, dans au moins une année, ont débuté, a annoncé hier dimanche, une source officielle, citée par l’APS.

    Le Premier ministre Noureddine Bedoui et le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra ont entamé les consultations pour la formation du nouveau gouvernement, dit de «compétences nationales», rapporte l’APS, citant une source bien informée. Selon la même source, «la nouvelle équipe gouvernementale sera composée de compétences nationales avec ou sans affiliation politique et reflétant de manière significative les caractéristiques démographiques de la société algérienne».

    Le Premier ministre et le vice-Premier ministre ont déjà tenu une première séance de travail, centrée sur la structure de la composante du prochain gouvernement, précise-t-on.

    Les deux chefs du prochain exécutif, qui ne sera que transitoire, doivent étendre ces consultations, qui sont en cours, aux représentants de la société civile, aux formations et personnalités politiques qui «en exprimeraient le souhait en vue d’aboutir à la mise en place d’un gouvernement de large ouverture», précise la même source, citée par l’APS.

    Lors de sa première conférence de presse, jeudi dernier, après sa nomination par le Président Bouteflika, en remplacement de M. Ahmed Ouyahia, pour diriger ce «gouvernement de larges compétences», M. Bédoui avait, notamment, expliqué que -le nouveau gouvernement- sera de nature «technocrate» et «représentatif» de toutes les forces et compétences de la Nation, en particulier les jeunes et «ouvert» à tous les courants politiques. «Concernant la composante du nouveau gouvernement, nous sommes en période de concertation et le prochain exécutif sera composé de technocrates, représentatif des forces et compétences nationales, à même de contribuer à gérer la période de transition, qui ne devrait pas dépasser une année pour répondre aux aspirations du citoyen algérien», a expliqué le nouveau Premier ministre à la presse, lors d’une conférence animée conjointement avec Ramtane Lamamra.» «Le travail du prochain gouvernement consistera à mettre tous les moyens pour permettre le bon fonctionnement des différents services et institutions du pays», a-t-il ajouté, soulignant que ce gouvernement, «qui sera ouvert à tous les courants politiques, s’attellera, dès son installation, à préparer la Conférence nationale indépendante et inclusive de consensus à laquelle avait appelé le président de la République». Selon M. Bédoui, «les portes du dialogue sont ouvertes pour tout le monde, sans exception et sans exclusion».

    Dans son message aux Algériens au lendemain de son retour en Algérie, après un séjour médical de deux semaines, en Suisse, le président avait annoncé «des changements importants au sein du gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m’avez saisi, ainsi qu’une illustration de ma réceptivité à l’exigence de reddition de comptes et d’évaluation rigoureuse dans l’exercice des responsabilités, à tous les niveaux et dans tous les secteurs». Des noms de personnalités politiques consultées, en prévision de la formation de ce gouvernement de transition, circulent déjà sur les réseaux sociaux, alors que d’autres sont proposés pour faire partie de cet exécutif qui devra plancher sur l’organisation de la conférence nationale inclusive, proposée par le président Bouteflika.

    Une seule chose est, pour le moment sûre: l’opposition veut que la période transitoire, avec ou sans nouveau gouvernement, soit la plus courte possible pour mettre en place les nouvelles institutions élues. Autrement, plusieurs voix dans l’opposition, ont dénoncé cette démarche du pouvoir pour «gagner du temps». L’ancien président du RCD Said Sadi, le président de Talaie El Hourryet Ali Benflis, ou la SG du PT Louisa Hanoune, et beaucoup d’acteurs de la société civile, ont déjà rejeté cette démarche du pouvoir et appelé le président Bouteflika à partir, à la fin de son mandat, le 28 avril prochain. «Et tant qu’il est encore temps, avant qu’il ne soit trop tard, que la présidence annonce le retrait de Bouteflika à la fin de son 4e mandat, la démission du gouvernement actuel, la dissolution du parlement et désigner un gouvernement technique provisoire, composé de femmes et d’hommes intègres, compétents et patriotes, chargé des affaires courantes», a annoncé, hier, dimanche Louisa Hanoune à l’ouverture d’une réunion des cadres du parti. «Il y va de l’existence même de la nation algérienne», a-t-elle ajouté.

    Le Quotidien d’Oran, 18 mars 2019

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