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  • Algérie: Le pouvoir algérien tente de convaincre à la veille d’un vendredi test

    Le pouvoir en Algérie tente, avec difficulté, de convaincre la rue du bien-fondé de la prolongation sine die du mandat du président Abdelaziz Bouteflika et de son plan de réformes, à la veille d’un vendredi décisif pour le mouvement de contestation populaire.

    Le pays est le théâtre depuis le 22 février de manifestations contre M. Bouteflika, d’une ampleur inédite depuis son arrivée au pouvoir il y a 20 ans, déclenchées par sa décision de briguer un 5e mandat malgré une santé défaillante.

    Sous la pression de la rue, le chef de l’Etat, 82 ans, a renoncé lundi à se présenter et reporté la présidentielle prévue initialement le 18 avril, prolongeant de fait son mandat actuel jusqu’à la fin d’une « Conférence nationale » chargée de réformer le pays et d’élaborer une nouvelle Constitution. Aucune date n’a été fixée pour cette conférence.

    Jeudi, face à la presse, le nouveau Premier ministre Noureddine Bedoui -qui a remplacé lundi le très impopulaire Ahmed Ouyahia- et son vice-Premier ministre Ramtane Lamamra ont tenté de promouvoir les décisions du chef de l’Etat, qui n’ont pas calmé la colère.

    – « Jeunes compétences » –

    « Nous avons entendu le message de la jeunesse algérienne » et « les revendications de la rue » fixeront le cap du futur gouvernement, a assuré M. Bedoui.

    Sa composition sera dévoilée « au plus tard la semaine prochaine » et il s’agira d’une équipe de « technocrates », puisant dans les « jeunes compétences, hommes et femmes », a-t-il précisé.

    « La situation générale du pays est sensible et marquée parfois par des tensions ne permettant pas de parvenir à un consensus à même de répondre aux revendications » immédiatement, a argué M. Bedoui en ouvrant la conférence de presse.

    « Il faut sortir de cette crise de manière calme et en veillant à la stabilité du pays », a-t-il poursuivi, en appelant à plusieurs reprises au « dialogue ».

    M. Bedoui, préfet de carrière jusqu’ici ministre de l’Intérieur -que le quotidien El Watan qualifiait il y a quelques mois de « ministre de la Répression »-, est souvent apparu à la peine pour répondre concrètement aux questions des journalistes.

    Il a justifié par la « volonté du peuple » le report de la présidentielle et l’extension par le chef de l’Etat de son mandat -des décisions jugées illégales voire inconstitutionnelles par de nombreux observateurs.

    Il n’a pas donné de date pour la future présidentielle à l’issue de laquelle M. Bouteflika s’est engagé à se retirer.

    Il a simplement indiqué que le mandat du gouvernement, qui n’aura qu’un rôle « de soutien et d’appui » de la Conférence nationale, « ne dépassera pas une année », laissant entendre que la Conférence elle-même pourrait avoir fini ses travaux en un an, ce dont doutent de nombreux observateurs.

    MM. Bedoui et Lamamra ont au final peiné à convaincre. « A quoi sert cette conférence de presse? », leur a demandé un journaliste: « vos réponses ont jusqu’ici été hors sujet, vous ne donnez pas l’impression de vouloir répondre aux questions (…) du peuple ».

    – Derby largement boycotté –

    Les réactions ont également paru négatives sur les réseaux sociaux, où se multiplient les appels pour un 4e vendredi consécutif de grandes manifestations à travers le pays.

    Cette journée-test, pour les contestataires comme pour le pouvoir, permettra de savoir si M. Bouteflika a réussi à apaiser la contestation qu’étudiants et universitaires, puis enseignants et lycéens, ont maintenu vivace en défilant en nombre mardi et mercredi.

    Mercredi, M. Lamamra, chargé de « vendre » le « plan de travail » présidentiel à l’étranger selon les observateurs, avait vanté les mérites des annonces du chef de l’Etat.

    Pour M. Bouteflika, « il ne s’agit pas de rester au pouvoir pendant quelques semaines ou quelques mois de plus », a-t-il assuré. « La priorité absolue est de réunir les Algériens et leur permettre d’aller ensemble vers un avenir meilleur ».

    Un autre ancien diplomate, Lakhdar Brahimi, réputé proche de M. Bouteflika, a défendu aussi les solutions proposées par le chef de l’Etat, prônant le « dialogue » et mettant en garde contre tout « changement radical ».

    Mais, selon le quotidien Liberté, ces « interventions médiatiques ont eu le mérite de confirmer le profond décalage entre les solutions (…) proposées par le régime et celles défendues par le peuple ».

    Dans ce contexte, le derby entre le Mouloudia et l’USM -clubs rivaux d’Alger-, avancé d’un jour pour ne pas coïncider avec les manifestations de vendredi, a été largement boycotté, en réponse à un appel aux supporteurs à ne pas assister à la rencontre en raison de craintes de violences qui pourraient mettre au pas la contestation.

    TV5MONDE

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, Lamamra, Bédoui, transition,

  • Algérie : Le peuple algérien reste mobilisé

    Face à la pression populaire, Abdelaziz Bouteflika a annoncé lundi 11 mars qu’il ne briguerait pas un 5ème mandat.

    Pour le peuple algérien, mobilisé depuis près d’un mois contre l’oligarchie au pouvoir, c’est une première victoire historique. Historique parce qu’un tel recul était parfaitement impensable il y a encore trois semaines. Historique parce qu’elle résulte d’une mobilisation exemplaire, massive et sans effusion de sang. Historique parce qu’elle démontre que la structure même de l’oligarchie au pouvoir ces vingt dernières années, et qui semblait intouchable, est désormais profondément atteinte.

    Pour autant, la nouvelle n’a pas suscité la joie tant attendue dans les rues d’Algérie. Bien au contraire.

    Derrière l’apparent effacement d’Abdelaziz Bouteflika se cache l’ultime tentative du clan Bouteflika de conserver le pouvoir en proposant d’organiser lui-même la transition exigée par les Algériens pour mieux la contrôler et parvenir, in fine, à préserver ses intérêts et maintenir le statu quo.

    Si Abdelaziz Bouteflika a bien affirmé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat – poussant le ridicule à déclarer que cela n’a jamais été son intention, malgré le dépôt officiel d’une candidature en son nom auprès du Conseil constitutionnel algérien -, il vient de s’arroger, en toute illégalité, le droit de prolonger d’un an son mandat actuel, censé s’achever le 26 avril prochain. Les élections prévues le 18 avril se retrouvent ainsi, sous le seul effet d’un communiqué de M. Bouteflika, reportées sine die, au mépris de la Constitution, du Conseil constitutionnel et du Parlement.

    Abdelaziz Bouteflika est apparu lundi soir à la télévision, amorphe, prostré, immobile, l’œil hagard. Une nouvelle mise en scène pitoyable pour annoncer la démission du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, remplacé par Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur depuis 2015, dont la nomination est vécue par les Algériens comme le signe évident d’un tournant autoritaire.

    Homme-clé du clan Bouteflika, il a violemment réprimé les manifestations des médecins résidents en janvier 2017, s’illustrant également par de nombreuses atteintes aux droits syndicaux et à la liberté de la presse (plaintes contre des journalistes et des bloggeurs, refus de visas à des journalistes lors de la révélation des Panama Papers).

    Espérant faire passer la pilule, le clan au pouvoir a choisi d’adjoindre au premier ministre un vice-premier ministre, Ramtane Lamamra, ancien ministre des affaires étrangères (2013-2017), qui a derrière lui une longue carrière diplomatique, notamment passée par l’Union Africaine et l’ONU et de nombreuses missions de médiation lors de conflits dans des pays africains.

    Mais les Algériens ne sont pas dupes de la manœuvre.

    L’insurrection engagée le 22 février s’enracine jour après jour dans le pays. Elle s’est poursuivie mardi 12 mars donnant à nouveau lieu à d’immenses rassemblements.

    Partout dans le pays, les grèves se multiplient. Dans les universités, les étudiants et les enseignants, accompagnés par quelques recteurs courageux, ont choisi de braver la décision du ministre de l’Enseignement d’avancer les vacances de 10 jours dans l’espoir de fermer des campus transformés en foyers de contestation contre l’oligarchie.

    Tous les jours, le pouvoir enregistre de lourdes défections. Elles ne sont plus le fait de quelques responsables locaux mais d’organisations entières, comme l’influente organisation nationale des moudjahidine (première association des anciens combattants de la guerre de libération), jusqu’alors très proche du pouvoir, qui se déclare désormais solidaire des « aspirations légitimes du peuple ».

    Après les avocats, mobilisés depuis le début, les médecins, les étudiants, les lycées, les journalistes, ce sont les magistrats algériens, pourtant tenus aux devoirs de réserve et de neutralité, qui se sont joints au mouvement. Lundi 11 mars, ce sont de plus de 1 000 juges à travers le pays, qui menaçaient de ne pas encadrer l’élection présidentielle si Abdelaziz Bouteflika maintenait sa candidature. Une mobilisation inédite dans l’histoire de la magistrature en Algérie.

    Trois jours plus tôt, le vendredi 8 mars, jour mondial de lutte pour les droits des femmes, ce sont les Algériennes, belles et rebelles, qui ont marché en tête des cortèges immenses qui ont défilé dans les rues des 48 wilayas du pays. Plusieurs millions de manifestants à travers le pays ont répondu présent, toutes générations confondues, pour poursuivre et amplifier le mouvement populaire que nul n’attendait.

    Chaque mobilisation populaire est un moment de création collective spontanée. Le soulèvement des Algériens n’y déroge pas : dès les premiers rassemblements, une pratique, encore jamais observée auparavant, est née de l’initiative de jeunes manifestants : le nettoyage des rues arpentées par les défilés.

    Des citoyens, armés de sacs poubelles, qui manifestent et ramassent les détritus sur leur passage, laissant les rues parfaitement propres, plus propres qu’elles ne l’étaient avant leur passage.

    La scène a suscité beaucoup de sympathie, avant de s’établir en pratique générale, observée dans tout le pays, et de devenir l’un des marqueurs originaux de cette mobilisation inédite.

    Au-delà du geste, l’exercice est porteur d’une affirmation politique pleine de maturité, qui va de pair avec la dimension résolument pacifique du mouvement depuis ses premières heures. Il procède de la volonté des Algériens d’affirmer qu’ils représentent, face à ce pouvoir corrompu, les véritables garants du bien commun.

    C’est la raison pour laquelle la mobilisation ne faiblira pas. L’ultime « ruse » de l’oligarchie ne sera pas l’épilogue du mouvement. Les rassemblements du mardi 12 mars le démontrent déjà. Loin d’éteindre ou d’affaiblir le désir d’émancipation porté par le peuple algérien, elle n’a fait que renforcer sa détermination.

    Ali Seriani

    L’Heure du Peuple, 13 mars 2019

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  • Algérie : «Le peuple algérien sait faire face aux crises» (Gaïd Salah)

    Le chef d’état-major de l’ANP a souligné hier, que la sécurité et la stabilité de l’Algérie sont un « legs précieux », qui dérange « énormément les ennemis du peuple algérien ».

    «Dans ce contexte, j’ai eu à le dire à maintes reprises, et je le répèterai encore une fois, car je ne me lasserai jamais de répéter et de m’enorgueillir de la grandeur de la relation et de la confiance qui lie le peuple à son armée en toutes circonstances.

    Ainsi et partant de la grandeur de cet excellent capital relationnel, je me suis engagé en toute sincérité et abnégation, conscient même de la profondeur de mes propos que la sécurité de l’Algérie, sa stabilité, sa souveraineté nationale et son unité populaire et territoriale sont un legs précieux et inestimable qui incombe aux éléments de l’ANP, digne héritière de l’ALN », a déclaré Gaïd Salah à l’Ecole Supérieure de Guerre (ESG), alors qu’il présidait la 12e Session du Conseil d’Orientation de l’ESG, en présence des commandants de Forces, du commandant de la 1ère Région militaire et des Directeurs centraux membres du Conseil d’Orientation de l’Ecole.

    « Ce précieux legs que nos forces armées font de sa préservation, leur préoccupation majeure et leur mission fondamentale, et que notre Armée s’engage à s’en acquitter de la manière la plus judicieuse et la plus correcte, en toutes conditions et circonstances, dérange énormément les ennemis du peuple algérien à l’intérieur comme à l’extérieur », indique un communiqué du ministère de la Défense nationale.

    « Ces ennemis qui excellent dans la saisie des opportunités et qui pêchent dans des eaux troubles et maîtrisent l’art des interprétations fausses et tendancieuses, ignorent que le peuple algérien sait de fait et de par les dures expériences qu’il a vécues, durant la période du colonialisme français, ensuite durant la décennie noire du terrorisme, de par son sens de patriotisme comment faire face aux crises que connait son pays et comment contribuer avec un patriotisme élevé à déjouer les plans de ceux qui guettent son pays », a-t-il averti.

    Il a fait savoir, en outre, que le peuple algérien est « un grand peuple qui ne craint guère les crises quelle que soit leur ampleur et son sort demeurera de tout temps le triomphe et la victoire ».

    Le général de corps d’Armée a rappelé également « l’importance » accordée aux différents établissements de formation et d’enseignement de l’ANP, à leur tête, l’ESG qui « recèle désormais d’expériences confirmées dans le domaine de la formation et de l’enseignement supérieur, permettant d’optimiser le niveau de performance et d’aboutir à des résultats favorables dans le processus global de développement de l’ANP ».

    « Notre démarche active et notre ambition légitime que nous avons œuvré avec persévérance à concrétiser sur le terrain, est de permettre à l’ESG d’atteindre de hauts rangs, afin de mériter à juste titre la considération et la gratitude dans les missions qui lui sont dévolues, pour devenir, de fait, la source d’élites, de compétences et d’aptitudes aux cerveaux fertiles, capables d’anticiper les défis qui pourraient se profiler dans les horizons proches voire lointains et d’analyser les indicateurs des évènements et des évolutions, avec toutes leurs constantes et variables, afin de fournir une lecture correcte et appropriée », a-t-il souligné.

    Mohamed Mebarki

    L’Est Républicain, 14 mars 2019

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  • Algérie : « Il prolonge son mandat, nous prolongeons notre combat » (collectif franco-algérie, Perpignan)

    Perpignan/ Collectif franco-algérien’66 : « Il prolonge son mandat, nous prolongeons notre combat »

    Communiqué du collectif franco-algérien’66 :

    « Au nom du collectif franco-algérien’66, je voulais remercier tous les Algériennes et Algériens présent hier soir à Perpignan et tous les militants progressistes qui soutiennent le combat que nous menons aujourd’hui. C est une page de l’histoire de l Algérie que nous sommes en train d’écrire ensemble. Une 2ème révolution qui j’en suis sûr, rendrait fier nos anciens qui se sont battus pour l indépendance. Aujourd’hui, nous nous battons pour la liberté, celle de vivre dignement, démocratiquement. Nos armes ne sont que nos paroles et notre solidarité qui nous rassemblent par millions à travers le monde.

    BOUTEFLIKA est âgé et doit partir aujourd’hui. Le vieil homme a fait son temps. Ce système doit céder la place à une nouvelle ère.

    Aujourd’hui, face à la mobilisation de la rue, ce pouvoir répond par la ruse et la manipulation. Nous lui disons aujourd’hui que nous ne sommes dupes.
    Ce pouvoir enfonce notre pays dans la médiocrité, dans la pauvreté et le chômage de masse. Notre pays est riche alors battons nous pour une réelle démocratie, une juste répartition des richesses, mettons fin à ce code de la famille qui place la femme au rang de mineur. Cette société patriarcale archaïque doit laisser place à une société algérienne moderne où la place et l’égalité de chaque femme et homme doit être garantie.

    Aujourd’hui, nous devons exiger le départ de ce président et mettre fin à cette supercherie d’État qui joue les prolongations pour mieux asseoir son autorité.

    Notre pays mérite mieux que des vautours qui ne cessent de piller ses richesses. Ces transformations économiques et sociales nous voulons et devons les mener dans la concertation et la paix. Notre combat est légitime et pacifique. Le peuple algérien a montré qu’il était attaché à la stabilité et à la paix après avoir connu l’enfer du terrorisme mais ce peuple veut aujourd’hui être heureux et vivre.

    Nous pouvons changer les choses ensemble dans le respect de chacune et chacun.

    Maintenons la pression et restons solidaires.

    Vive l’Algérie démocratique et populaire ! ».

    Farid MELLAL, porte parole collectif franco-algérien’66

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  • Macron – algérie: la stabilité pour les affaires !

    Macron et le pouvoir algérien : la stabilité pour les affaires !

    Au lendemain du renoncement à un cinquième mandat du président algérien Bouteflika, le 12 mars, Macron a salué « la décision du président Bouteflika, qui signe une nouvelle page » de l’histoire algérienne, appelant à « une transition d’une durée raisonnable ». Qu’en termes choisis ces choses-là sont dites !

    Depuis le début des manifestations en Algérie, les représentants de l’État français, Macron, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian et autres, étaient restés particulièrement silencieux. Il n’y a pas eu de déclarations enthousiastes comparables à celles faites à propos des manifestations contre le pouvoir du président vénézuélien Maduro.

    La raison officiellement avancée à cette prudence serait le souci de ne pas s’ingérer dans les affaires d’un pays ami, ce qui pourrait être mal interprété venant de l’ancienne puissance coloniale. Comme si les représentants de l’impérialisme français se gênaient pour intervenir dans les affaires de leurs anciennes colonies !

    Les dirigeants français ne veulent surtout pas mettre de l’huile sur le feu de la révolte. Ils savent que même si la guerre d’Algérie s’est terminée il y a presque soixante ans, les années de guerre, les ratissages, les tortures n’ont pas été oubliés par la population algérienne. « Nous ferons tout pour accompagner l’Algérie dans cette transition, avec amitié et avec respect », a déclaré Macron. Les termes sont choisis, mais ils signifient quand même que les autorités françaises vont œuvrer à leur manière, en s’assurant que les changements n’affectent pas la « paix et la stabilité » du pays, comme dit Le Drian. Mais elles vont le faire discrètement, dans les coulisses, car elles savent qu’il vaut mieux éviter que le pouvoir algérien apparaisse trop ouvertement inféodé à l’impérialisme, français en particulier.

    Beaucoup de capitalistes français font des affaires en Algérie. Elles ont besoin pour être fructueuses d’un pouvoir stable et d’une population qui lui soit soumise. Les dirigeants politiques français espèrent en fait la même chose que les dirigeants algériens : qu’un changement de personnel politique suffise à calmer la rue, pour que les affaires des uns et des autres puissent continuer à prospérer – à l’opposé des aspirations des centaines de milliers de manifestants algériens qui crient « Système dégage ».

    Lutte Ouvrière

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  • L’Algérie vue du Togo : Un exemple à suivre

    Selon Jean-Pierre Fabre, le peuple algérien a réussi parce-que tout le monde s’est senti concerné

    Pour le président national de l’ANC (parti membre de la Coalition des 14 partis de l’opposition togolaise), « Rigueur et discipline » sont les maîtres mots qui ont guidé la lutte du peuple algérien pour faire obstacle au 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Jean-Pierre Fabre, pour sa part, a tiré une leçon de cet évènement.

    « Ils ont empêché ce cinquième mandat dans la rigueur, dans la discipline. Certains ne sont pas restés à la maison en disant que c’est l’affaire des marcheurs, et que nous nous sommes des intellectuels, des avocats, magistrats, etc. Tout le monde a mis la main à la pâte », a relevé ce responsable de la Coalition des 14 pour qui la situation sociopolitique de l’Algérie a beaucoup de similitudes avec celle du Togo.

    Contrairement au Togo où certains composants de la société ne se sentent pas concernés par la lutte populaire, en Algérie des élites aux fonctionnaires, des journalistes aux étudiants, en passant par des populations lambda se sont massivement mobilisés et sont descendus dans la rue. Par conséquent, l’homme politique a saisi cette occasion pour inviter l’élite togolaise à s’engager davantage dans la lutte pour la démocratie et l’alternance dans le pays.

    Source

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  • Algérie : Yasmina Khadra solidaire du peuple algérien

    Le choix de l’Algérien Yasmina Khadra à titre de président d’honneur du Salon international du livre de Québec coïncide avec une période mouvementée que traverse son pays.

    Depuis quelques semaines, l’Algérie est le théâtre de plusieurs manifestations d’envergure réclamant le départ du controversé président Abdelaziz Bouteflika. La décision du chef d’État de 82 ans de renoncer à briguer un cinquième mandat et de reporter sine die l’élection présidentielle n’est pas parvenue à faire taire la grogne de la rue.

    Khadra, auteur de la trilogie Les hirondelles de Kaboul, L’attentat et Ce que le jour doit à la nuit croit que le peuple algérien, en perte de repères, «a déjà trop attendu et laissé pourrir les choses». Pour lui, il est hors de question de «négocier avec le diable», a laissé entendre la directrice des communications du SILQ, Johanne Mongeau, qui s’est fait mercredi le porte-voix du célèbre écrivain.

    «Je suis soulagé qu’on ait évité le pire, mais il faudrait que les gens comprennent que le rejet de ce cinquième mandat [de Bouteflika], c’est le rejet de tout un système. Il faudrait que les Algériens exigent une nouvelle république et surtout de nouveaux dirigeants», a ajouté Kadhra.

    Le Soleil

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  • Algérie : La dictature, la révolution et le France

    A RFI (radio France internationale) Le tout nouveau vice-premier algérien déclarait : « Une conférence nationale inclusive indépendante, qui adoptera la nouvelle constitution et fixera souverainement la date de l’élection présidentielle, sera mise en place» et «qu’un gouvernement de compétences nationales sera créé, qui bénéficiera de la confiance de la composante de la conférence nationale».

    Ignorant superbement les conditions révolutionnaires qui animent la rue algérienne d’Est en Ouest et du Nord au Sud, le vice premier ministre discoure sur ‘‘l’organisation’’ d’une conférence nationale inclusive. S’il insiste pompeusement sur son côté ‘‘indépendant’’, il occulte totalement toute allusion à la ‘‘souveraineté’’ de ce qui ne pourrait être alors qu’un simple show. Il affirme tout autant, comble de la supercherie, que cette conférence sera gratifiée du pouvoir ‘‘d’adopter’’ la nouvelle constitution, observant un silence complet sur les concepteurs, rédacteurs et du lieu de l’élaboration de cette nouvelle constitution.

    Dans la foulée, et sauf un dérapage verbal, la durée de vie du gouvernement Bedoui devrait être donc éphémère puisque un gouvernement de compétences nationales sera créé. Le vice-ministre sait déjà que ce gouvernement bénéficiera aussi de la confiance de la composante de la conférence en question.

    Question de faisabilité, serait-il possible d’organiser dans la sérénité cette conférence ‘‘nationale inclusive’’ (compte tenu de la renaissance populaire en cours) ? Auquel cas, qu’elle serait dans les conditions actuelles, ou toute l’opposition épouse les revendications populaires, la composante de cette conférence (nomenklatura et apparatchiks mis à part) ? Quand aura lieu cette conférence sachant que, les juristes sont unanimes sur la question, le 19 avril prochain l’Algérie baignera dans une inconstitutionnalité institutionnelle réelle ? A moins que, et faudrait-il encore croire ce nouveau membre du conseil constitutionnel français, ancien maire de la ville de Bordeaux, très proche des cercles du pouvoir algérien parait-il, qui affirmait que la situation algérienne serait sous contrôle dès la fin du mois de mars conseillant dans la foulée aux autorités de son pays de continuer à soutenir le président Bouteflika.

    Le soutien des autorités françaises à leurs homologues algériens est tout ce qu’il y a de plus explicite lorsque dans un communiqué le ministre des affaires étrangères français soulignait solennellement : « Je salue la déclaration du président Bouteflika par laquelle il annonce ne pas solliciter un cinquième mandat et prendre des mesures pour rénover le système politique algérien ».

    Il y a lieu de remarquer avec force que l’injonction porte sur les mesures qui devront être prises et qui devront avoir pour vocation la rénovation du système. Le système à vieillit, il faut donc le rénover par une réfection de la façade et c’est dans ce registre qu’il y a lieu d’inscrire cette volonté manifeste du pouvoir algérien à ne permettre aucun partage sur la conception et la gestion d’une transition dont l’inéluctabilité est imposée par le peuple. Les algériens insistent et ne cèderont pas. Ils revendiquent justement et absolument un changement systémique total et entier. Les Algériens revendiquent la liberté, revendiquent la vie, revendiquent le développement, ce qui ne peut se faire que simplement et uniquement à travers l’instauration pleine et entière de l’état de droit.

    De son côté, le président français affirmait dans un tweet que : « La jeunesse algérienne a su exprimer son espoir de changement avec dignité. La décision du Président Bouteflika ouvre une nouvelle page pour la démocratie algérienne. Nous serons aux côtés des Algériens dans cette période nouvelle, avec amitié et avec respect. »

    Cette grossière supercherie qui consiste à rénover la dictature par un subterfuge cosmétique est considérée donc par le président français comme étant une nouvelle page pour la démocratie algérienne. Il serait à nos côtés dit-il dans cette période nouvelle semblant lui aussi ignorer une jeunesse algérienne ‘‘post indépendance’’ faut-il bien le souligner qui scandait entre autre dans les manifestations des vendredis : ‘‘France, il n’y aura pas de cinquième mandat (ya frança makache 3ohda khamssa) dénonçant avec force une tutelle vampirique comme l’a si bien souligné le vice-président du conseil italien ou encore cet homme politique belge. Ici aussi, il y a lieu de rendre un hommage prononcé à la maturité politique de la jeunesse algérienne qui dénonce ainsi avec force le néocolonialisme avéré de l’ancienne puissance coloniale et forcément donc en parallèle cette étrange et pleine soumission à peine voilée des tenants du système politique en exercice dans notre pays et dont les autorités françaises craignent la chute.

    Les Algériens n’ont aucun doute sur le sujet. Ils savent que pour s’affranchir de la tutelle française et donc se réapproprier leur indépendance, ils sont dans l’obligation préalable de s’affranchir du système répressif, corrompu, opaque et sclérosant (ainsi décrit par le journal londonien ‘‘The Guardian’’) qui gouverne le pays. Les manifestations en cours, d’algériens de toutes catégories et de toutes tendances confondues à travers l’ensemble du pays et par millions ont un sens profond et une légitimité indéniable. Elles s’exercent malgré toutes les provocations, pacifiquement et dans le calme, appréhendant néanmoins l’alignement et peut être tout autant l’avertissement de cet ‘‘ami’’ du président algérien (ainsi se définit-il lui-même) qui dans le sillage de l’ancien premier ministre Ouyahia ose la comparaison entre les événements en cours en Algérie et le drame syrien. Ce dernier aurait commencé avec des roses avant de finir dans le sang faisant et taisant étrangement l’impasse sur l’entière responsabilité et l’entêtement du pouvoir syrien à garder le pouvoir à l’encontre de la volonté populaire au prix de 300 000 morts et de la destruction de la Syrie.

    Lakhdar Brahimi commence mal son retour aux affaires et sera tout autant comptable d’un dérapage sécuritaire éventuel en Algérie que la communauté internationale ne saurait accepter elle qui soutient le droit du peuple algérien à l’expression libre à travers ses manifestations pacifiques.

    BARKAT Rachid

    DJEDDOU Mayara

    Le Quotidien d’Algérie, 14 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika,

  • L’Algérie donne une leçon de civisme à Macron

    La police algérienne ne suit pas la méthode de celle française

    Longtemps le récit médiatique dominant a insinué que les institutions étatiques occidentales dont l’armée ne juraient que par les principes démocratiques : pas de recours à la violence face aux manifestations pacifiques, les gens sont libres d’exprimer leur revendication. Ce poncif est rudement mis à l’épreuve depuis que les Algériens descendent massivement dans la rue contre un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Un mois de manifestations en Algérie, pas de morts, pas d’éborgnés, pas de main arrachée, pas de flashball. Le président « honni » des Algériens a même salué ces derniers bien au contraire de Macron qui ne cesse de se railler des Gilets jaunes. Alors que la Macronie a activé les commandos de l’armée, le chef d’état-major algérien lui salue ses compatriotes…

    Les contestations sociales auxquelles sont confrontées la France et l’Algérie ont donné lieu à une comparaison entre le comportement des forces de l’ordre françaises et algériennes lors des manifestations pacifiques du peuple.

    Dans un contexte marqué par une vague de contestations sociales dont font face la France et l’Algérie, il ne manque pas d’intérêt de jeter un coup d’œil sur le déroulement des manifestations pacifiques dans les deux pays.

    Alors que les manifestations pacifiques des Gilets jaunes sont marquées chaque samedi depuis presque quatre mois par la violence des forces de l’ordre françaises qui a fait plusieurs victimes, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major et vice-ministre algérien de la Défense, a fait l’éloge, hier dimanche 10 mars, de la relation liant le peuple algérien à son armée.

    « L’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale s’enorgueillit de son appartenance à ce peuple brave et authentique, et partage avec lui les mêmes valeurs et principes, ainsi que les mêmes fondements nobles et prestigieux de l’identité nationale, et a l’intime conviction et avec grande fierté qu’un peuple avec ces valeurs et ces qualités ne peut que donner naissance à une armée ayant les mêmes principes et les mêmes spécificités », a affirmé Gaïd Salah, cité par Alterinfo, dans une allocution prononcée en marge de sa visite de l’École nationale préparatoire aux études d’ingéniorat (ENPEI) à Rouiba.

    Cela n’a évidemment pas été le cas en France. Loin de faire preuve de lucidité, les forces de l’ordre françaises ont encore une fois recouru à des actes de violence extrêmes pour réprimer l’acte XVII des Gilets jaunes, le samedi 9 mars.

    En France, trois fonctionnaires de police se sont suicidés en l’espace de 48 heures. Afin de le dénoncer, plusieurs syndicats de police appellent à manifester à Paris le 12 mars prochain.

    L’agression de la police à l’encontre de ces manifestants qui contestent le libéralisme et la capitalisation du système en France, a amené un nombre d’ophtalmologues à rédiger une lettre publiée par l’hebdomadaire le Journal du dimanche, le 10 mars, pour demander au président Emmanuel Macron un moratoire sur l’usage du LBD dans le cadre du maintien de l’ordre ayant éborgné 22 personnes.

    Or, pour mieux illustrer la brutalité dont font preuve les forces de l’ordre, il convient de détailler le cas d’un Gilet jaune handicapé qui avait pris part à l’acte XVII.

    L’acte 17 des Gilets jaunes a lieu ce samedi 9 mars 2019 et, nouveauté, il pourrait à présent commencer dès le vendredi pour durer jusqu’au dimanche.

    Tournée à Quimper, selon Sputnik, une vidéo montre une scène de jet de lacrymogènes et le tir d’une lance à incendie sur un groupe de manifestants parmi lesquels se trouve un handicapé en fauteuil roulant. Vêtu d’un gilet jaune, il reçoit du gaz lacrymogène et un tir de lance à incendie.

    L’auteur de la vidéo qui a déjà recueilli près de 33.000 vues sur Facebook, n’exclut pas qu’un manifestant ait lancé quelque chose en direction des forces de l’ordre, mais il explique que la police a alors arrosé et lancé sur l’homme en fauteuil des lacrymogènes.

    Taghrib

    Tags : Algérie, France, Macron, Bouteflika, Gilets Jaunes, Présidentielles 2019,

  • Algérie – Manifestations pour un changement radical: Un autre vendredi test

    par Mahdi Boukhalfa

      Beaucoup s’interrogent sur l’ampleur que vont prendre, ce vendredi à travers le pays, les manifestations des Algériens pour un changement politique radical et la fin du système.

    Pour ce vendredi 15 mars, les appels à manifester pour le changement et la fin du système politique actuel seraient certainement entendus, et des Algériens devraient sortir dans la rue pour refuser le plan de sortie de crise proposé par le président Bouteflika, lundi, au lendemain de son retour au pays après un séjour médical de deux semaines en Suisse. Durant les trois précédents vendredis, il y a eu des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes villes du pays, des centaines de milliers à Alger.

    Mais le record du nombre de manifestants a été battu vendredi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, avec plus d’un million de manifestants à Alger et des centaines de milliers dans les autres grandes villes algériennes, et jusqu’aux petits villages, il y a eu des milliers de marcheurs contre le 5e mandat. Pour ce vendredi, la donne a changé dans la forme, mais pas dans le fond, puisque le 5e mandat est passé à la trappe, mais pas le système qui veut jouer les prolongations du 4e mandat.

    Dans sa lettre aux Algériens, le président Bouteflika avait annoncé qu’il « n’a jamais été question pour lui d’un 5e mandat », que la présidentielle est reportée et qu’une conférence nationale « inclusive » sera mise en place pour décider de l’organisation d’une élection présidentielle transparente. Entre-temps, et c’est ce qui a poussé les Algériens et en particulier les étudiants à réinvestir la rue dès le lendemain de la diffusion de ce « message » du président, le « 4e mandat » continue, et ce seront les hommes du système qui sont chargés de faire partie d’un nouveau gouvernement.

    La rue, nouveau domicile de la «protesta»

    La « protesta » a donc repris le chemin de la rue pour dénoncer les mesures préconisées par le président Bouteflika pour répondre à la revendication principale des centaines de milliers d’Algériens, qui sont sortis manifester pacifiquement contre le 5e mandat et pour le changement de régime. Et, depuis ce mardi, les grandes villes du pays, en particulier Alger, ne désemplissent pas, occupées majoritairement par les étudiants, qui ont été maladroitement envoyés en vacances anticipées par un ministre dépassé par les événements. Et comme l’intervention du président ne semble pas avoir convaincu, il est fort probable que la mobilisation citoyenne sera ce vendredi importante.

    Le caractère pacifique, souvent festif et joyeux de ces marches avec des familles entières qui y ont participé, va inciter encore cette fois-ci les Algériens à occuper la rue pour se faire bien comprendre quant à leurs revendications. Et, plus particulièrement, que leur mouvement de protestation et pour le changement politique dans le pays ne soit ni détourné, encore moins mal compris.

    Ce sera, demain vendredi, une prolongation mais grandeur nature des manifestations qui se sont déroulées, hier mercredi, à travers les grandes villes du pays, animées par les enseignants, les fonctionnaires de l’éducation nationale et les élèves, tous paliers confondus.

    D’autre part, les déclarations de personnalités politiques sur les «erreurs» d’appréciation des événements par le président Bouteflika, ainsi que son erreur de « casting » dans la désignation unilatérale d’un gouvernement chargé de gérer la période de transition, alors qu’il aurait dû, selon des observateurs, aller à la rencontre de l’opposition et les acteurs de la société civile pour faire le point sur la situation et décider démocratiquement ce qu’il faut faire, pourraient également drainer la grande foule ce vendredi.

    Saïd Abada, qui a claqué la porte du FLN, a déclaré hier sur un site électronique que le président Bouteflika « a pris des décisions non satisfaisantes. Sa réponse aux revendications populaires n’est pas à la hauteur des revendications exprimées par la rue. Ces décisions sont inacceptables et sont de nature à ne pas satisfaire le mouvement populaire ».

    Le Quotidien d’Oran

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika,