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  • Le colonialisme et le néocolonialisme

    On peut faire l’hypothèse qu’il existe une relation entre colonisation et sous-développement puisque les pays jadis colonisés sont les les plus pauvres de la planète

    Par Guy Bajoit

    S’il faut commencer par parler du colonialisme, c’est parce que les pays qui furent colonisés sont, encore aujourd’hui, à quelques rares exceptions près, les pays les plus pauvres de la planète. On peut donc, au moins, faire l’hypothèse qu’il existe une relation entre colonisation et sous-développement. Je me limiterai ici, aux grandes étapes de l’histoire coloniale et post (ou néo) coloniale, au cours des cinq derniers siècles.

    L’hégémonie du Portugal et de l’Espagne

    Déjà, ce sont les besoins de l’économie des pays les plus puissants, combinés avec la conjoncture politique du moment, avec les découvertes scientifiques et, bien sûr, avec beaucoup d’audace, d’imagination et de chance, qui expliquent la découverte et la colonisation de ce que l’on a appelé « l’Amérique ». Les bourgeoisies du sud de l’Europe avaient grand besoin de développer le commerce, surtout avec l’Asie (la Chine, les Indes) : elles cherchaient des épices, des soieries et surtout des métaux précieux. Mais il fallait, pour cela, faire la concurrence aux Vénitiens et aux Génois, et s’arranger avec les Turcs, qui contrôlaient le Moyen-Orient. Les Portugais et les Espagnols cherchèrent donc une voie maritime pour se rendre en Asie : les premiers en contournant l’Afrique (dès 1485 et surtout, à partir de 1497, avec Vasco de Gama) ; les seconds, en naviguant vers l’Ouest (dès 1492, après le succès de Christophe Colomb). Or, justement, les progrès de la navigation (connaissances géographiques, pilotes expérimentés, bons bateaux — la caravelle, le galion — et nouveaux instruments comme l’astrolabe nautique et l’arbalète) rendaient possible de tels projets. Le Portugal et l’Espagne financèrent de nombreuses expéditions, qui aboutirent à trouver un continent qu’ils ne cherchaient pas puisqu’ils ignoraient son existence. Et Christophe Colomb put réaliser pleinement les promesses de son nom : il porta le Christ (Christophe) en terre colonisée (Colomb) !

    Dès 1493, mais surtout en 1494, avec le Traité de Tordesillas, le Pape Alexandre VI (un Espagnol) confirme le partage du « nouveau monde » entre le Portugal et l’Espagne. Et la colonisation commence : les populations indigènes sont christianisées, mais aussi réduites au servage dans les encomiendas ; des tonnes d’or et d’argent (les mines de Potosí produisent, à elles seules, cinq fois plus d’argent que toute la production européenne) sont ramenées à Séville par les galions espagnols ; les guerres, les maladies et les conditions de travail déciment la population autochtone (elle serait passée de 80 à 10 millions au cours du XVIe siècle) ; la traite des noirs, à laquelle prennent part non seulement les Portugais et les Espagnols, mais aussi les Français, les Anglais et les Hollandais, introduit une main-d’œuvre nouvelle ; des populations d’origine européenne vont y chercher fortune.

    Cette « œuvre » coloniale fut légitimée par la christianisation. L’Église, après avoir douté de l’humanité des « indiens » (voir la controverse de Valladolid, où Bartolomé de las Casas plaida leur cause), admit qu’il s’agissait bien d’hommes et de femmes, et, par conséquent, justifia l’entreprise par son devoir de sauver leurs âmes, de lutter contre leur idolâtrie, leur ignorance, leur infantilisme et contre les sacrifices humains ! Ils étaient hommes, c’était entendu, mais d’un niveau inférieur : il y a, pensait-on, des hommes que Dieu à condamnés à rester esclaves, qui sont serviles par nature ! S’ils manifestaient quelque résistance (ce qu’ils ont fait), la guerre ne pouvait être que juste : c’était pour leur bien… Pour ceux que ces arguments ne convainquaient pas, on en invoquait d’autres : le droit de chacun de circuler et de s’établir partout sur la terre, la propriété commune des richesses naturelles (du sol, du sous-sol et de la mer)… Dès le départ, l’Espagne et le Portugal se heurtèrent à la concurrence des Anglais, des Hollandais et des Français, les puissances montantes de l’époque qui, elles aussi, se mirent à chercher une route vers l’Asie, et des territoires pour promouvoir leurs activités commerciales.

    L’or et l’argent faciles, provenant du pillage de l’Amérique du Sud, a permis à la noblesse espagnole et portugaise de vivre dans le luxe, en achetant, notamment, des produits fabriqués dans d’autres pays européens et, paradoxalement, chez ses rivaux. La hausse des prix stimula fortement l’économie, surtout anglaise, hollandaise et française. On le sait, Marx a vu dans cette dilapidation, l’origine de ce qu’il appelait « l’accumulation primitive du capital », qui a été l’une des conditions de l’essor du capitalisme industriel, mettant fin à l’hégémonie des Espagnols et des Portugais et consacrant, du même coup, celle des Anglais et des Français.

    Après environ trois siècles de résistance contre ces puissances montantes et de lutte contre des rébellions internes à leurs colonies, l’Espagne et le Portugal durent lâcher prise. Des mouvements de décolonisation, conduits par des dirigeants créoles, aidés par des Européens, finirent par l’emporter, et, au début du XIXe siècle (vers 1810-1830), les États latino-américains se constituèrent, et jouirent, au moins formellement, de leur indépendance politique, et de l’aide « protectrice » de leurs nouveaux « amis » (l’Angleterre, la France, et plus tard, les États-Unis).

    L’hégémonie de la Grande Bretagne et de la France

    Leur rivalité avec les Espagnols et les Portugais mena les Anglais, les Français et les Hollandais, au moins en partie, vers d’autres rivages : le nord du nouveau continent, que l’on appelait maintenant l’Amérique, ainsi que l’Afrique et l’Asie. Ils bourlinguaient depuis longtemps sur toutes les mers du monde, mais n’avaient pas, à proprement parler, installé de colonies. Ils avaient plutôt coutume d’établir des comptoirs, comme l’avaient fait aussi les Portugais, sans pénétrer profondément dans les terres, se limitant à installer des ports et à faire du commerce. Ils confiaient cette activité à des « compagnies à charte » (chaque pays avait la sienne : par exemple les Compagnies des Indes). Bien sûr, les comptoirs constituaient bien une forme de colonisation, mais très limitée, si l’on considère les méthodes des Espagnols en Amérique latine, et celles que pratiqueront ensuite les autres puissances européennes.

    En Amérique du Nord, les Français et les Anglais rivalisèrent, entre eux et avec les « Indiens », pendant au moins un siècle (de la moitié du XVIIe jusqu’en 1763), pour s’approprier des territoires. Les Français arrivèrent les premiers : après les expéditions de Jacques Cartier (1534-1536), Samuel de Champlain, le père de la Nouvelle-France, fonda la ville de Québec (1608) et quelques colons commencèrent à s’installer dans la vallée du Saint-Laurent. Leurs commanditaires, cependant, furent déçus : ils cherchaient une route vers l’Asie, des métaux précieux et ils trouvèrent des fourrures, du poisson et un climat plutôt hostile ! Un peu plus bas, les Anglais s’installèrent d’abord en Virginie (1607) et en Nouvelle-Angleterre (1620 : le Mayflower). Un siècle et demi plus tard, ils occupaient de nombreuses colonies, qui se répartissaient sur toute la côte Est du sous-continent et, déjà, à l’intérieur des terres, sur la moitié Est des États-Unis et du Canada actuels. Après quelques décennies de querelles et de guerres locales, les Anglais s’imposèrent et éliminèrent les Français (Traité de Paris, 1763).

    Néanmoins, les colons, d’origine anglaise principalement, jugèrent que la pression fiscale exercée par la Couronne britannique était excessive. Ils commencèrent à s’organiser pour revendiquer leur indépendance. Ils l’obtinrent, après plusieurs affrontements violents, et avec l’aide de l’armée française (victoire de Yorktown, 1781). À l’exception du Canada (qui gagna progressivement son autonomie par rapport à l’Angleterre et ne fut vraiment indépendant qu’après la Première Guerre mondiale) et de quelques autres petits territoires, on peut dire qu’au cours des trois premières décennies du XIXe siècle, le continent américain — les États-Unis d’abord, les pays latino-américains ensuite — se libérèrent de la colonisation, au moins formellement (car, dans les faits, les Anglais, principalement, prirent la relève des Espagnols et des Portugais en Amérique Latine). La colonisation se poursuivit donc sous d’autres latitudes : en Asie, en Afrique, et dans le monde arabe, sous l’égide de la Grande-Bretagne, de la France et, secondairement, de quelques autres pays européens.

    Les Anglais surtout construisirent un empire colonial énorme : « Vers 1914, alors que le Royaume-Uni compte 45 millions d’habitants, regroupés sur 310 mille kilomètres carrés, il régit le destin d’une Inde peuplée de 322 millions d’habitants et vaste de ses 5 millions de kilomètres carrés, gouverne directement soixante colonies dépendantes, peuplées de 5,2 millions d’habitants dispersés sur plus de 8 millions de kilomètres carrés et conserve des droits étendus dans cinq dominions, où 24 millions d’hommes, la plupart de race blanche, occupent 19 millions de kilomètres carrés » [1]. Cet empire comportait principalement le Canada, l’Inde, l’Australie et pratiquement tout l’Est de l’Afrique (une continuité territoriale s’étendant du nord au sud du continent, de l’Égypte à l’Afrique du Sud). Il s’agrandit encore, après le premier conflit mondial, lorsque certaines possessions coloniales allemandes (Traité de Versailles, 1919) et une partie de l’Empire ottoman furent confiées à la Grande-Bretagne.

    Bien que plus modeste, l’empire colonial français fut lui aussi très vaste. En Afrique du Nord, la conquête de l’Algérie, commencée en 1830, se heurta à la résistance du sultan Abd-el-Kader, qui dura jusqu’en 1847 ; la Tunisie devint protectorat en 1883 ; le Maroc, très disputé par les autres puissances, ne le devint qu’en 1912. « En 1914, l’influence française s’étend à l’Afrique du Nord […], à l’Afrique occidentale et à l’Afrique équatoriale placées sous l’autorité de gouverneurs, à l’Indochine (Cochinchine, Annam, Tonkin, Cambodge, Laos) […], à Madagascar, aux Antilles, à l’Océanie et aux comptoirs de l’Inde » [2]. Comme les Britanniques, les Français profitèrent du dépècement de l’empire ottoman et de la fin de la colonisation allemande.

    D’autres pays européens participèrent, beaucoup plus modestement, à la colonisation : la Belgique eut le Congo (qu’elle considérait comme sa dixième province, 86 fois plus grand qu’elle !), puis le Ruanda-Urundi ; l’Italie eut la Libye et l’Éthiopie (qu’elle arracha de haute lutte en 1936) ; la Hollande, qui avait participé à la première phase de la colonisation (avec ses compagnies à charte et ses comptoirs), participa aussi à la seconde, avec l’Indonésie et la Guyane ; il en fut de même pour l’Espagne, qui eut une partie du Maroc et du Sahara, et pour le Portugal, qui garda l’Angola, la Mozambique et les Îles du Cap Vert jusqu’en 1974.

    La course aux matières premières et aux produits alimentaires était la raison principale de cette seconde phase : le développement du capitalisme industriel en Europe occidentale en avait le plus grand besoin. Mais il fallait aussi trouver des débouchés pour investir des capitaux et des marchés pour les produits de l’industrie. En outre, au tournant du XXe siècle, de nombreux émigrants européens cherchaient à s’installer ailleurs pour fuir le chômage et la pauvreté.

    Le régime dit « de l’exclusif » s’imposait : chaque métropole s’assurait le monopole du commerce avec ses colonies. Seuls les Anglais étaient un peu plus souples que les autres dans l’application de cette règle : ils pouvaient se le permettre parce qu’ils craignaient moins la concurrence, étant donné les performances de leurs industries. Déjà, entre colonisateur et colonisé, la division du travail s’appliquait : les colonisés devaient se contenter de produire des matières premières (du coton, par exemple), alors que les métropoles se réservaient les produits manufacturés (comme le tissu). Toute tentative d’une colonie pour produire et vendre des produits finis était systématiquement détruite, par n’importe quel moyen (l’Inde et l’Égypte l’apprirent à leurs dépens), afin d’éviter toute concurrence avec l’industrie européenne.

    La justification idéologique de cette seconde étape de l’entreprise coloniale ne se faisait plus tellement au nom de la christianisation (même si cette préoccupation ne fut pas oubliée), mais plutôt au nom de la civilisation moderne : il s’agissait d’apporter la culture et la technologie à des populations arriérées, ignorantes et souvent barbares, et de leur apprendre, (très) progressivement, à se gouverner seules.

    L’hégémonie des États-Unis et de l’Union Soviétique

    Le régime colonial européen dura jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci, en effet, modifia fondamentalement la répartition des cartes de l’hégémonie entre les États : les Soviétiques avaient gagné la guerre sur le front de l’Est et les États-Unis, avec l’aide des Alliés, l’avaient gagnée sur le front de l’Ouest ; tous les autres États, notamment la France, n’avaient plus qu’à reconnaître, modestement, ces faits. La Conférence de Yalta (1945) réunit donc les vainqueurs — Staline, Roosevelt (puis Truman) et Churchill — et confirma l’hégémonie des deux nouvelles puissances.

    Fondamentalement, les nouveaux maîtres du monde avaient besoin, pour l’expansion de leur économie, de briser les frontières des marchés exclusifs instaurés par les métropoles coloniales européennes, et de construire des zones d’influence, aussi vastes que possible. Puisqu’ils étaient deux prétendants à vouloir se partager le monde, leur entente initiale n’a pas tardé à se dégrader et fut bientôt remplacée par les relations tendues, que l’on a appelé guerre froide. Ils se partagèrent d’abord l’hégémonie sur les pays européens, qu’ils venaient de libérer du fascisme : un rideau de fer et, à Berlin, un mur séparèrent le monde de l’Est de celui de l’Ouest. L’ingérence était pratique courante. Elle passait par des pressions économiques, politiques et militaires : plus négociées à l’Ouest (le Plan Marshall, les investissements des multinationales, la participation à l’Otan) ; plus imposées et, au besoin, violentes, à l’Est (Pacte de Varsovie, Comecon, interventions à Berlin, Varsovie, Budapest, Prague…).

    Dans le « troisième » monde (que l’on commençait à appeler le tiers monde), la constitution de zones d’influence passait par la destruction du système colonial européen. Le but des États-Unis et de l’URSS fut donc de favoriser les indépendances nationales des pays colonisés, comme le voulait déjà, après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations, et comme l’avait confirmé, après la Seconde, l’ONU. L’heure était à la décolonisation, et de nombreux dirigeants politiques du tiers monde ont su saisir cette occasion historique. Dès la fin des années 1940, l’Indonésie, l’Inde, la Chine lancèrent le processus de libération nationale, qui fut suivi, dans les années cinquante, par plusieurs autres pays, surtout asiatiques et arabes, et qui se généralisa au cours de la décennie suivante. Parfois, le processus se déroula sans trop de heurts (le cas du Congo belge, par exemple) ; d’autres fois, l’ancienne métropole résista longtemps et il fallu arracher l’indépendance par la lutte armée (le cas de l’Algérie, notamment).

    Dans beaucoup de pays du tiers monde, les grandes puissances réussirent à s’allier avec des dirigeants nationaux qui contrôlaient fermement le pouvoir et se situaient clairement dans l’un ou l’autre camp ; parfois cependant, le contrôle du pouvoir resta incertain, passant d’un camp à l’autre, avec des guerres civiles incessantes ; certains encore tentèrent, avec des succès très divers, de rester neutres (le mouvement des non-alignés), de jouer sur la rivalité entre les puissances, avec l’aide des anciennes métropoles.

    Il s’ensuivit la mise en place d’un « nouvel ordre politique et économique international ». On a dit de cet ordre qu’il était néocolonial, parce que, dans beaucoup de cas, l’indépendance des nouveaux États était plus formelle que réelle. Même si le discours disait exactement le contraire, le système reposait, en effet, sur l’ingérence, dont le but était de mettre au pouvoir des « amis », et de les aider à s’y maintenir (notamment par une coopération militaro-industrielle), en éliminant les forces contraires. Outre l’ingérence politique, cet ordre reposait aussi sur l’endoctrinement idéologique et, bien entendu, sur la dépendance économique.

    L’endoctrinement consistait à convaincre les populations de ces nouvelles nations de la légitimité de cet ordre. Après avoir voulu les christianiser, on a voulu les civiliser, et voici que maintenant, on voulait les développer, c’est-à-dire les industrialiser, en les modernisant. Mais, pour atteindre ce but, chaque camp imposait sa méthode, son modèle : le capitalisme versus le communisme. Les courants d’opposition étaient étroitement surveillés par des services de sécurité (aidés soit par la CIA, soit par le KGB), et plus ou moins durement réprimés.

    Malgré les beaux discours sur le développement et l’industrialisation, la dépendance économique a été généralement maintenue par les grandes puissances, avec l’aide de leurs « complices » locaux souvent corrompus. Rares sont les États qui ont réussi à y échapper : il fallait, pour cela, des circonstances exceptionnelles, comme celles que connaissent la Corée du Sud ou Taiwan, à cause de leur position géostratégique. La coopération, même quand elle a été conçue et réalisée avec les meilleures intentions, n’a pas suffi à relever un tel défi. On peut même penser qu’une partie de cette aide (pas toute, heureusement) a surtout servi à huiler les engrenages de ce système, et ce, de plusieurs manières : soit en facilitant les transferts du Sud vers le Nord (pour rembourser les dettes, pour rapatrier des bénéfices, pour importer des produits manufacturés) ; soit en ouvrant la voie aux investissements des multinationales ; soit encore en favorisant le maintien au pouvoir de dirigeants locaux complices (dépenses de répression, de prestige) ou même, en s’en servant pour les corrompre. Ce n’est donc pas sans raison que l’on a dit de cet impérialisme qu’il était « néocolonial » : il reprenait et poursuivait, ce qui avait fait l’essence du colonialisme.

    Certains s’étonneront de nous voir traiter de la même manière la domination des États-Unis et celle de l’URSS. C’est que, même si chaque puissance avait évidemment sa manière de mener ses relations avec les nouveaux États, l’idée centrale était la même : constituer, grâce à une ingérence politique et militaire, une zone d’influence, économiquement exploitable et/ou stratégiquement utile, en maintenant dans la dépendance des gouvernements et des peuples étrangers. Que les uns aient fait cela au nom du capitalisme et les autres au nom du communisme n’y change, tout compte fait, pas grand-chose !

    La domination des grandes organisations supranationales

    Le système néocolonial que nous venons de décrire est encore bien vivant. Pourtant, depuis la fin de l’empire soviétique, il est en train de changer suffisamment pour que l’on puisse déjà augurer de la mise en place d’un nouvel ordre politique et économique mondial. Voyons cela de plus près.
    Après quarante ans de rivalité, de guerres indirectes, l’URSS s’effondre, les États-Unis triomphent, et du même coup, ils imposent au monde entier la légitimité de leur modèle, le capitalisme néolibéral. Toutefois, pendant la même période, beaucoup d’autres choses ont changé, qui concernent notre propos. Nous observons trois mouvements de fond.

    • Premier mouvement : l’organisation d’un système dans lequel les acteurs qui exercent l’hégémonie ne sont plus (ou en tout cas, plus seulement) des États, où la base territoriale d’exercice de l’hégémonie n’est plus la nation et où le droit d’ingérence est de plus en plus reconnu. Beaucoup d’organisations internationales (les Nations Unies et toutes les instances qui en dérivent ; le FMI ; la Banque mondiale ; l’OMC ; les unions économiques et politiques régionales, etc.), cherchent à imposer leurs décisions à toutes les nations du monde ou, tout au moins, à une grande partie d’entre elles. Ces organisations cherchent à faire prendre aux États nationaux des engagements qu’ils doivent respecter (même s’ils se font parfois tirer l’oreille) et qui réduisent leur autonomie de décision : après d’innombrables tractations, ils ont signé une multitude de chartes, d’accords, de règlements… Progressivement, un droit et une jurisprudence se constituent ; des tribunaux internationaux interviennent dans les affaires intérieures des États nationaux et prononcent des jugements, des condamnations auxquelles ceux-ci sont obligés de se plier. Peu à peu – avec peine il est vrai, car c’est sans doute le niveau le plus difficile –, on observe des tentatives visant à mettre en place une force militaire agissant au niveau mondial.

    • Second mouvement : le phénomène de mondialisation des échanges économiques, selon la logique néolibérale. Les barrières économiques qui protégeaient les nations s’affaiblissent ou tendent à disparaître ; le commerce international s’accroît ; les investissements directs étrangers sont en pleine expansion ; le volume des transactions financières augmente de façon effrénée ; les coûts de transport se réduisent de plus en plus ; les nouvelles technologies dans le domaine des communications se diffusent partout ; les informations circulent avec une très grande fluidité sur toute la surface du globe…

    • Troisième mouvement : le déplacement vers les pays du Sud de certaines des activités du capitalisme industriel. On peut penser que ce déplacement est une des conséquences du passage des pays du Nord à une nouvelle étape du développement technologique et économique. En effet, leur nouveau modèle repose plus sur l’accumulation de profits commerciaux que sur l’extraction de la plus-value du travail, du moins, celle de leurs propres travailleurs. Il est donc vital que cette plus-value salariée soit produite ailleurs. Du coup, les pays du Sud et de l’Est sont invités, par les grandes organisations du pilotage économique mondial, à s’industrialiser. Quelques-uns semblent être en bonne voie : la Russie, certains anciens satellites de l’URSS, les « dragons » asiatiques, la Chine, l’Inde, le Brésil et certains pays d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient. Pour piloter cette évolution – entendez, pour imposer cette nouvelle division du travail –, il n’y a plus qu’un seul modèle : le néolibéralisme, installé dans les pays dépendants à grands coups d’ajustements structurels.

    Ces trois mouvements essentiels indiquent clairement, nous semble-t-il, qu’un nouveau mode d’exercice de l’hégémonie est en train de se mettre en place. Il ne repose plus sur la base territoriale des nations, mais bien sur des réseaux d’échange d’informations et de capitaux, contrôlés par des organisations internationales et par les États les plus puissants (G8). Quant aux légitimations idéologiques, elles suivent cette évolution. Après la christianisation, la civilisation et le développement, c’est maintenant au nom de la lutte contre la pauvreté et contre le terrorisme que les pays hégémoniques prétendent imposer leurs vues. Le développement est peu à peu remplacé par l’aide alimentaire, et le terrorisme prend la place du communisme pour former le nouvel « axe du mal ». Ainsi, quand on bombarde l’Afghanistan pour en chasser les Talibans, des avions y déversent aussi des rations alimentaires !

    De la même manière que, jadis, le Nord avait intérêt, pour mieux justifier le colonialisme, à croire et à faire croire à la répugnante impiété et à la monstrueuse barbarie des peuples du Sud, aujourd’hui il a intérêt à croire et à faire croire que le Sud constitue pour le Nord une épouvantable menace terroriste. Après avoir inspiré la pitié, voici que les pauvres font peur : on ne peut pas laisser traîner des « armes de destruction massive » en Irak, ni laisser l’Iran ou la Corée du Nord fabriquer tranquillement la bombe atomique ! Ainsi, au nom de la répression, soigneusement légitimée, dudit terrorisme, les États impérialistes peuvent, en invoquant la démocratie et les droits de l’homme, justifier toutes leurs ingérences dans les pays du Sud. Et, du même coup, créer dans le Sud exactement les conditions qui… y font progresser plus de terrorisme encore ! Car il est évident que la manière dont les Etats-Unis, la Russie, la Chine ou Israël gèrent la menace terroriste ne fait que la renforcer en Afghanistan ou en Irak, en Tchétchénie, au Tibet ou en Palestine ! Remarquable mystification idéologique (on cache des intérêts sordides derrière des idéaux pleinement légitimes) et cercle terriblement vicieux : les États hégémoniques entretiennent ou accentuent un phénomène néfaste, qu’ils ont intérêt à maintenir pour pouvoir le réprimer, et du même coup, justifier leurs ingérences à finalités économiques ou politiques. Cependant, rien de nouveau sous le soleil : les Espagnols et les Portugais faisaient déjà cela avec le « nouveau Monde » !
    par Guy Bajoit

    [1] Encyclopaedia Universalis, vol. 4, 1993 p. 547.

    [2] Encyclopaedia Universalis, vol. 9, 1993, p. 846.

    Source: Iteco.be

    Tags : Colonialisme, colonisation, décolonisation, guerre froide, impérialisme, ressources naturelles,

  • Du franc CFA à l’ECO-CFA: changer de symboles, garder le système?

    Après avoir affirmé à Ouagadougou en novembre 2017 que le franc CFA était une « monnaie africaine » et donc un « non-sujet » pour la France, le président Emmanuel Macron est récemment revenu à la réalité sous la pression des mouvements panafricanistes, impatients de voir L’Afrique francophone a rompu les liens coloniaux avec l’ancienne métropole.

    Macron a décidé souverainement de réformer la dernière monnaie coloniale encore en circulation sur le continent africain. « C’est en écoutant votre jeunesse que j’ai voulu entamer cette réforme », a-t-il déclaré à Abidjan, le 21 décembre 2019, avec le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, à ses côtés.

    Premièrement, le nom du franc CFA, qui porte l’empreinte de ses origines coloniales (« colonies françaises franc en Afrique »), sera renommé « ECO », apparemment à partir de juillet 2020 pour les huit pays de l’Union économique et monétaire Afrique de l’Ouest (UEMOA).

    Deuxièmement, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne sera plus tenue de déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français. Troisièmement, le gouvernement français ne sera plus représenté dans les instances de la BCEAO. Ce sont les annonces du duo Macron-Ouattara.

    Au cours des dernières décennies, la logique des réformes du franc CFA a toujours été de rendre la surveillance monétaire française moins visible. Au début des années 70, la France, portée par une forte demande de décolonisation monétaire, a accepté le transfert des bureaux des banques centrales à Dakar et Yaoundé et l’africanisation de leur personnel.

    Malgré cette «africanisation» des institutions de la zone franc, la France a maintenu le contrôle du système puisque ses représentants disposaient d’un droit de veto dans les organes de la BCEAO et de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) et contrôlaient au moins 65% ses réserves de change, déposées sur un compte spécial ouvert dans les livres du Trésor français, le compte d’opérations.

    Dans les années 2000, le taux de dépôt obligatoire des réserves extérieures a été abaissé à 50%. Les banques centrales de la zone franc sont devenues juridiquement indépendantes de leurs États membres. Cependant, ils sont restés sous le contrôle du Trésor français, dont la réduction du nombre de représentants a été « rééquilibrée » avec la fermeture de leurs statuts. A ce jour, aucune décision statutaire ne peut être prise par la BCEAO et la BEAC sans l’accord du gouvernement français.

    Les réformes annoncées par Macron ne s’écartent pas de cette logique historique. La fermeture du compte de gestion et le retrait du gouvernement français des organes de la BCEAO équivalent à une transition d’un système de contrôle direct vers une forme de contrôle indirect. La politique monétaire et de change en tant que telle n’est pas affectée par ces évolutions.

    Tant que la parité fixe avec l’euro est maintenue, les réserves de change, quelle que soit la forme ou le lieu dans lequel elles sont détenues, serviront principalement à défendre cette parité. Ces réformes ne rendent donc pas la BCEAO plus autonome: elle reste une annexe à la Banque de France, liée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne.

    Il convient de souligner que l’absence d’obligation de dépôt de réserves de change auprès du Trésor français n’implique pas nécessairement une rupture des relations financières entre ce dernier et la BCEAO. Dans le cas de la BEAC, la partie non obligatoire des réserves de change était souvent investie en titres du Trésor français.

    Si la France avait vraiment voulu « casser les amarres », le mettre à Macron, et mettre fin au franc CFA, elle aurait pu tout simplement abolir l’accord de coopération monétaire qui le lie aux pays de l’UEMOA. Mais il a choisi de la renouveler et de conserver son rôle de «garant». Cela implique qu’il reste de facto souverain sur la gestion du franc CFA rebaptisé ECO. Il s’ensuit également que les pays de l’UEMOA restent sous le contrôle indirect des autorités de la zone euro dans la mesure où ils contrôlent la « garantie » de convertibilité censée être fournie par la France.

    Que signifie cette « garantie »? La France promet de jouer le rôle du Fonds monétaire international (FMI) pour les pays qui utilisent le franc CFA en leur fournissant des liquidités en cas de problèmes de paiement extérieur. En particulier, chaque fois que la BCEAO se trouve dans une situation de réserves de change nulles, le Trésor français s’engage à lui prêter les montants souhaités en monnaie française (d’abord le franc français, maintenant l’euro).

    Cependant, le fonctionnement de la BCEAO (et de la BEAC) est mis en place pour que cette situation ne se reproduise que rarement, voire jamais. Dès que ses réserves de change atteignent un niveau critique, il adopte des mesures restrictives – limitant les possibilités de financement des économies de la zone – pour reconstituer ses actifs extérieurs. Grâce à ce mode de gestion, la garantie a rarement été activée pour les pays de l’UEMOA entre 1960 et aujourd’hui.

    La France n’a honoré sa promesse de « garantie » que dans la période 1980-1993. Il l’a fait pour permettre aux entreprises françaises, qui envisageaient une dévaluation du franc CFA, de rapatrier leur capital et leurs revenus. Selon la BCEAO, la « garantie » française à l’époque était d’un montant annuel de 32 milliards de francs CFA, un chiffre relativement négligeable par rapport à une fuite de capitaux estimée en zone franc à 750 milliards de francs CFA uniquement pour les années 1988 -1989.

    Faut-il s’étonner que le montant « zéro » soit systématiquement inscrit en droit financier français sous la « garantie » de convertibilité? Dans un document publié en 2018, intitulé « Gestion des réserves internationales de la CEMAC », le FMI a noté qu ‘ »il existe des incertitudes sur la capacité du Trésor français, qui à son tour doit se conformer aux règles plus larges de la zone euro. offrir ce type de garantie à grande échelle pour une durée indéterminée ».

    Dans ces conditions, comment la France, qui ne respecte pas ses engagements budgétaires au niveau européen, pourrait-elle jouer le rôle de «garant»? Lorsque les pays africains ont des difficultés économiques, comme c’est le cas actuellement dans la zone CEMAC, c’est le FMI qui est appelé par Paris à venir à la rescousse et à imposer des politiques d’austérité qui produisent toujours et partout les mêmes résultats: misère et désolation.

    Lorsque le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, affirme que la « garantie » française permet aux pays de l’UEMA de s’assurer qu’ils pourront toujours financer leurs importations, il montre à Nolens volens son manque de considération pour l’intelligence collective des peuples et des économistes africains. La volonté de maintenir un lien monétaire formel – et donc de garantir les intérêts économiques français – pourrait se passer d’une justification paternaliste ou malhonnête.

    Pourquoi 14 pays de plus de 160 millions d’habitants auraient-ils besoin de la France pour leurs paiements extérieurs alors qu’un petit pays comme la Gambie bat sa monnaie nationale sans chercher la « garantie » d’une puissance extérieure?

    Le concept de «garantie» de convertibilité utilisé par les responsables et partisans français de la relique coloniale est d’autant plus absurde que nous vivons depuis les années 1970 dans une ère post-Gold Standard, dans laquelle la monnaie émise par les États est essentiellement de nature fiduciaire . Force est de constater que la France et les flatteurs du franc CFA peinent encore à sortir du paradigme monétaire du XIXe siècle, le siècle colonial par excellence!

    Les réformes de Macron ne portent que sur certains aspects visibles du colonialisme du franc CFA qui sont devenus particulièrement embarrassants pour la France. Ils ne fournissent pas une base crédible pour parler de la fin du franc CFA. Tant qu’il existe un lien formel de subordination monétaire, tant que le franc CFA / ECO est fermement ancré à l’euro et tant que la Banque de France détient 90% des réserves d’or monétaire de la BCE, le colonialisme monétaire aura encore de beaux jours devant lui. .

    Cependant, ce serait une erreur analytique de croire que les motifs du président Macron sont exclusivement populistes. Ses réformes visent également à contourner le projet d’intégration monétaire tel qu’il a été conçu jusqu’à présent au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

    Les 15 pays de la CEDEAO, dont les huit qui utilisent le franc CFA, avaient choisi le nom ECO pour leur future monnaie unique et avaient accepté de l’appuyer avec un panier de devises. Avant de pouvoir adopter l’ECO, chacun d’eux devait répondre à une série de critères d’entrée (les « critères de convergence »).

    Cependant, selon une récente déclaration du ministre nigérian des Finances, Zainab Ahmed, aucun pays du COEEA n’est éligible à l’ECO en 2020, à l’exception du Togo, qui n’est manifestement pas assez grand pour réaliser seul le projet.

    Au moment où Macron, en présence d’Ouattara, annonçait ses réformes, les chefs d’État de la CEDEAO clôturaient une réunion à Abuja, où ils devaient décider de l’avenir du projet régional de monnaie unique. La libération définitive de la CEDEAO devait accepter le fait accompli: « Cette réforme de la zone monétaire de l’UMAA facilitera son intégration dans la future zone monétaire de la CEDEAO (ECO) », lit-on dans le communiqué.

    En s’appropriant indûment le nom ECO sans répondre aux critères d’entrée de la zone du même nom, Macron et les pays de l’UEMOA, avec Ouattara en tête, indiquent clairement qu’ils ne se soucient pas de l’intégration monétaire telle qu’envisagée dans le cadre de la CEDEAO. À Abidjan, Macron a appelé par son nom presque tous les pays ouest-africains qui n’utilisent pas le franc CFA pour rejoindre l’UEMOA, à l’exception du Nigeria et du Ghana. Le message est clair: il s’agit d’isoler le géant nigérian et même le Ghana.

    Ce projet n’a rien de nouveau. On le retrouve dans un rapport sur la zone franche de l’ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn, publié en 2018. Dans les années 1970, la Côte d’Ivoire et le Sénégal s’étaient déjà alliés à la France pour faire dérailler un projet de réforme monétaire guidée du président nigérian Hamani Diori, destiné à renforcer la coopération monétaire entre les pays de l’Afrique de l’Ouest. Près de cinquante ans plus tard, rien n’a changé visiblement.

    Il faut souligner au passage que le sabotage de la Côte d’Ivoire ne se limite pas au domaine monétaire. En ratifiant un accord de libre-échange intérimaire avec l’Union européenne en 2016, alors que la CEDEAO fonctionne déjà dans le cadre d’une union douanière, elle a également mis en péril l’intégration commerciale régionale.

    Le « kidnapping » de l’ECO par la France et les pays de l’UEMOA a au moins un « mérite »: celui d’avoir mis fin au report récurrent du lancement de la monnaie unique de la CEDEAO. La passivité des chefs d’État de la CEDEAO face à ce détournement d’objectifs est sans doute une conséquence logique du fait qu’ils n’ont jamais pris la peine d’impliquer leurs peuples dans le débat sur l’ECO et de faire un discours véridique.

    Ils ont toujours affirmé que l’ECO – une copie grossière de l’euro qui pose des problèmes similaires au franc CFA en tant que monnaie unique – était faisable et qu’ils faisaient les meilleurs efforts au monde pour le lancer, alors qu’ils auraient dû savoir que la méthodologie des critères de convergence , importé de l’Union européenne, était le meilleur moyen de perpétuer l’immobilité monétaire. Macron et Ouattara, ayant compris l’impasse du CEDEAO, ont profité de la situation.

    Et, bien que triste pour les partisans de la version CEDEAO, le couple franco-ivoirien a rendu un service partiel aux chefs d’Etat de la CEDEAO qui ont logiquement dû annoncer un nouveau report du lancement de l’ECO. Au moins, certains peuvent avoir l’illusion / l’espoir que les choses « bougent » dans la bonne direction pour une fois.

    Dans la mesure où les pays de l’UEMA ont adopté l’ECO sans remplir les critères d’adhésion requis, quel sens aurait-il de demander aux sept autres pays de l’ECOW de les respecter pour faire partie de la zone monétaire de l’ECO? Il est difficile de voir comment le projet de monnaie unique de la CEDEAO se remettra de ce coup de marteau.

    Au revoir franc CFA, longue vie à l’ECO CFA!

    Sans aucun doute, une telle entreprise poussera le gouvernement français à envisager avec bonne volonté les ambitions éventuelles d’un troisième mandat de certains dirigeants actuels des pays de l’UEMOA.

    Les réformes de Macron n’entraîneront aucun changement significatif dans la conduite de la politique économique ou la situation matérielle de la population. Il est cependant ironique que des réformes ayant une signification essentiellement symbolique aient échoué précisément au niveau des symboles. Car Macron et Ouattara n’étaient pas les bonnes personnes pour annoncer « la fin du franc CFA ».

    L’annonce aurait eu plus de crédibilité si elle était venue, par exemple, des chefs d’État de la CEDEAO et, peut-être, si elle avait oint le peuple. Voir le président de l’ancienne métropole coloniale « décider » de la fin d’une relique coloniale lors d’une revue des troupes françaises stationnées en Côte d’Ivoire n’est pas le moyen le plus convaincant de décréter la nouvelle mort de la résistante « Françafrique ».

    Cela dit, les nombreux mouvements panafricanistes, intellectuels, économistes, simples citoyens qui se battent pour une deuxième indépendance de l’Afrique peuvent savourer une petite victoire. Ces réformes symboliques sont des concessions qui doivent être pleinement appréciées. La forteresse CFA commence à faiblir. Une bataille vient d’être gagnée. D’autres devront être combattus.

    Sur le plan économique et monétaire, il faudra viser à doter le continent de monnaies souveraines garantissant son indépendance financière. Outre la nécessité de regagner leur souveraineté monétaire formelle vis-à-vis du gouvernement français et du FMI, les pays africains devront également mettre en œuvre des réformes de grande ampleur dans le secteur bancaire et financier, qui continue de fonctionner de manière coloniale malgré le déclin des banques françaises. Ils devront mettre en place des banques centrales «d’agents de développement» avec lesquelles travailler en étroite collaboration pour faciliter le financement des économies, les projets d’industrialisation, la création d’emplois et la transformation écologique. Ils devront essayer d’éviter les emprunts en devises en s’appuyant autant que possible sur la mobilisation des ressources internes.

    Cela implique une rupture avec l’attitude d’organisation de toute politique économique autour de la nécessité d’attirer des «financements extérieurs». Bien sûr, tout cela ne sera pas possible sans une mobilisation permanente des peuples pour demander aux «représentants» / «élus» de garantir un cadre politique plus égalitaire.

    Nous aurions tort de nous arrêter aux symboles et seulement à la réforme monétaire.

    * Economiste et chercheur à la Fondation Rosa Luxemburg à Dakar. Traduction par Andrea Mencarelli (Potere al Popolo) de la note publiée ici.

    Source 

    (Traduction non officielle)

    Tags : Afrique, Franc CFA, FCFA, françafrique, colonialisme, colonisation, ECO,

  • Quand Bokassa accusait la France de voler l’uranium et le diamant de la Centrafrique

    L’EMPEREUR BOKASSA EXPLIQUE COMMENT LA FRANCE ET LA SUISSE ONT VOLÉ L’URANIUM ET LE DIAMANT DE LA CENTRAFRIQUE
    Dans une interview explosive qui fera date dans l’histoire des relations entre la France et l’Afrique, L’ancien Empereur de la Centrafrique Jean Bedel Bokassa, dénonçait déjà les pratiques coloniales dont la France infligeait à son pays.
    L’exploitation abusive des ressources naturelles de la Centrafrique par la France coloniale sans versé une seule pièce de monnaie au gouvernement Centrafricain de l’époque avait suscitée et animée déjà un sentiment anti-français.
    La récente intervention militaire française en Centrafrique, est motivée par les mêmes raisons qu’hier.
    Lire la suite depuis la source 


    Tags : France, françafrique, RCA, République Centrafricaine, pillage, Bokassa, colonialisme, 
  • La France pille encore l’Afrique en 2019 : chaque année 440 milliards d’euros de taxes !

    « Je suis d’une génération qui ne dit pas aux Africains ce qu’ils doivent faire. » — Emmanuel Macron, 2017

    Le masque est tombé, lorsqu’une jeune fille africaine, l’interroge lors d’un forum public au Burkina Faso, sur la présence de l’armée française en Afrique… Macron répond alors hystériquement:” qu’ils (les africains) devraient applaudir les soldats français dans les rues africaines.

    Les Allemands se mêlent du franc CFA , et les plumes se délient ces jours-ci…

    Un journal économique allemand accuse la France de piller chaque année 440 milliards d’euros aux africains à travers le Franc CFA. (Franc pour les colonies françaises en Afrique)

    « Le gouvernement français recueille auprès de ses anciennes colonies chaque année 440 milliards d’euros de taxes. La France repose sur les recettes venant d’Afrique, pour ne pas sombrer dans l’insignifiance économique ».

    Et aussi…Pour justifier sa présence militaire, pour contrôler le sous-sol très riche en matières premières, dans toute l’Afrique La France crée des conflits, sous de bannières purement ethniques et religieux dans l’ombre évidemment.

    Rappelons que sur son territoire Européen, la France n’a pas de ressources en matières premières, pour faire fonctionner son industrie et son économie…

    La déstabilisation de ses anciennes colonies africaines, reste son nerf de guerre, avec l’assentiment, voir la complicité des chefs de tribus africaines, des USA, et leurs affidés, et bien sur les membres de l’onu de l’otan, l’Union Européenne…

    La France divise les africains dans ses armées, avec la manipulation des masses, par que sont les médias français et faux médias africains, comme jeune Afrique et tous les médias et les ” intellectuels, qui se font les relais de l’AFP Agence France Presse, organe qui dicte sa désinformation, sa propagande impérialiste, ce que les africains et le reste du monde doit comprendre concernant l’Afrique et la France …

    La France est dans ces pays pour :

    1. Liban: Pétrole et gaz naturel

    2. Mali: Or, pétrole et uranium

    3. Irak: Pétrole

    4. Syrie: Gaz, pétrole

    5. Tchad: Pétrole et uranium ..

    Mais officiellement sous le fallacieux prétexte, de combattre des groupes armés venus de Libye, pour qui, cette même France fourni les armes…

    Rebecca Bourahla

    Algérie Network

    Tags : France, Afrique, françafrique, pillage, spoliation, colonialisme,

  • Ce que pensent certains algériens du Maroc…

    Les marocains sont des traîtres

    L’Histoire contemporaine de l’Algérie est une source de fierté démesurée. C’est aussi un espace qui a tôt dévoilé la traîtrise du pays voisin qui est le Maroc Les moudjahidines algériens avaient déclenché la guerre de libération pour libérer tous les pays du Maghreb mais les rois et les opportunistes marocains avaient préféré obtenir l’indépendance à Ex-Les –Bains et laissaient l’Algérie affronter seul la France. Les marocain avaient signé alors le pacte de leur servitude éternelle.

    Le Maroc va rester sous le protectorat français jusqu’à la fin du monde . En témoigne la participation du roi du Maroc en 1999 à la célébration du deuxième centenaire de la révolution française .

    Le Maroc est un pur produit français

    C’était la France qui a libéré son nord des mains des espagnoles. Elle l’ a baptisé et lui a donné son nom « Maroc », l’a pourvu d’un drapeau et d’un hymne national.90 %de son économie est entre de la France.

    L’enlèvement des leaders algériens en 1956 a montré clairement l’étroitesse de cette relation et l’engagement mutuels entre eux . De même , il ne faut pas oublier qu’en

    1975, la France avait mis en alerte ses têtes nucléaires pour le défendre en cas de guerre contre l’Algérie En plus de ses bases militaires sur ses terres : « en général ,leur relation directe ne nous intéressent pas , ils sont ceux qu’entretiennent un fils et sa mère, mais ce qui est vraiment étrange c’est le fait selon lequel l’Algérie serait en attente d’un bien qui pourrait provenir du de la France ».

    Maroc résigné /Algérie révoltée : comparer l’incomparable

    Le Maroc ne peut pas vivre sans la France , non plus il ne peut exercer sa liberté , il passe son temps à singer ,voire à espionner l’ Algérie , il a exigé de la France une présentation d’excuses pour les drames du passé .Mais il s’agit là d’ une proposition algérienne Une telle demande servirait a lui donner davantage de poids , de valeur et de consistance .Il ose , le Maroc, mettre son sal nez au même endroit que celui de ses seigneurs les algériens . Partout dans le monde , on sait que la relation de la France avec le Maroc est celle d’un maitre avec un esclave …Quand Hollande fut élu , M6 a s’est précipité o pour aller le féliciter .

    « Nous somme un grand pays, indépendant »

    Des centaines de marocains sont exilé chez nous pour travailler .Les marocains n’ont jamais eu de dignité, ils ne se sont jamais révoltés contre leur roi sauf pour Khattabi .Il faut aller sur Youtube pour s’assurer que le Maroc est considéré comme le fils gâté de la France , la Tunisie comme une proie facile alors que l’Algérie est difficile.

    L’Algérien a une personnalité et un style spécifiques . IL n’est pas prêt a les abandonner même au prix de sa vie Il s’agit de la dignité et l’orgueil . Car ils ne sont jamais prêts à a se vendre en contre partie de quelques francs . La vérité c’est que la guerre contre la France n’est pas encore terminée. Contrairement au Makhzen qui ne s’était jamais révolté contre la France et n’à point-en de problème avec elle depuis la genèse. Donc on peut pas comparer l’incomparable .Si les marocains expérimentent l’esprit algérien , ils en seront fiers et souhaiteront porter sa nationalité

    Pourquoi les ottomans, malgré leur puissance, n’ont pas envahi le Maroc

    Hollande a satisfait le Maroc sous la pression du lobby juif marocain et non pas par

    amour au Maroc. Il ya également une autre raison parfaitement secrète. Pourquoi le Maroc était le seul pays non occupé par les ottomans alors que Ceuta et Mellilia étaient entre les mains des espagnoles depuis le Xème siècle ? Quel en est le secret alors que les turcs étaient capables »المغرب مسكيين لهواء لي يجي يديه ومزال مستعمر من طرف اسبانيا والله عار عليكم يا لمغاربة انتم غير تاع دعارةبصح يعجبوني

    … غير نساكم de libérer ces deux villes et même en Espagne ?

    La réponse est que, Malgré leur force, les turcs ont été leurrés et détournés de leur objectif jihadi unioniste par les ruses et les astuces des marocains

    L’Algérie avait la chance d’appartenir aux ottomans, de libérer Oran des espagnoles et de contrer les harcèlements européens

    L’occupation turque était bénéfique à l’Algérie sur le plan civilisationnel et culturel. IL est étrange que beaucoup de marocains ignorent la verité de leur Histoire. Ils ne savent pas que la France est entré au Maroc pour répondre à l’appel du sultan assiégé à Fès Par les tribus. Et c’était l’occasion pour le makhzen de signer le contrat du protectorat كثييييير من أفراد الشعب المغربي لتاريخ بلد qui s’est transformé par la suite en un pacte avec satan. Quand elle a quitté le Maroc, elle a placé ses enfants les plus fidèles dans des postes de responsabilité pour garder le Maroc sous son protectoratم،

    En résumé

    Le Saboteur/saboté : l’accord d’ex-les- Bains ; protectorat et tutelle français
    المخرب =معاهدة اكس ليبان = الحماية و الوصاية الفرنسية
    هذا
    – الجزائر يجب ان تواصل دعمها للاشقاء الصحراويين
    – مراقبة الحدود مع المخرب لقطع الطريق على مهربي المخزن
    – لن نفتح الحدود مع المحمية اما باقي الحدود مفتوحة (تونس ,الصحراء الغربية,ليبيا,موريتانيا)
    VIVE RASD
    و رغم كل

    المغرب مسكيين لهواء لي يجي يديه ومزال مستعمر من طرف اسبانيا والله عار عليكم يا لمغاربة انتم غير تاع دعارة بصح يعجبوني غير نساكم 05

    L’ECONOMIE

    Nous devons rompre avec la France , devenue la poubelle de l’Europe .C’est un pays incapable de subvenir aux besoins élémentaires de son peuple. Ce coup de poignard dans le dos de l’Algérie porté par Hollande doit sonner le glas pour cette relation stérile et pathologique. Il faut aller voir du côté de l’Allemagne et de la Chine. Dans le même sens , c’est l’occasion de la faire fermer à ce Maroc qui nous rebat les oreilles en pleurnichant au sujet des frontières qui doivent restées closes définitivement

    Il ne faut pas que les algériens se fâchent face à l’avalanche de traités et contrats signés entre le Maroc et la France .En fait, ce sont des contrats et des accords français français. Les secteurs stratégiques de l’économie marocaine telles les banques , l’électricité ,les télécommunications sont majoritairement françaises . Donc les frères marocains ont vendu toute leur économie à la France pour satisfaire les maîtres de l’Elisée

    Par contre l’Algérie est un pays très riche d’un million et demi de martyrs et de deux cents milliards de dollars qui dorment dans les

    caisses de l’état . Les algériens n’ont pas d’intérêt à coopérer avec leurs bourreaux de jadis

    Tous les taux de croissance de l’économie marocaine ne sont pas valides car elles sont en réalité l’expression de la croissance de l’économie française.

    Les marocains sont réprimés et écrasés sans couverture sociale ni avenir .Le taux des propriétaires de leur logement au Maroc ne dépasse guère 20% . c’est-à-dire 80% sont menacés d’ être exclu et de se trouver du jour au lendemain dans la rue

    Il ne faut pas se surprendre de cela car le Maroc a offert aux français le droit de propriété et d’ investir . Leurs présidents ont reçu comme cadeau des palais et des châteaux.

    Le Maroc est considéré par la France comme un agneau paisible ,un enfant gâté

    SAHARA

    Si la France ne soutenait pas le Maroc , le peuple sahraoui serait déjà libre

    – الجزائر يجب ان تواصل دعمها للاشقاء الصحراويين
    – مراقبة الحدود مع المخرب لقطع الطريق على مهربي المخزن
    – لن نفتح الحدود مع المحمية اما باقي الحدود مفتوحة (تونس ,الصحراء الغربية,ليبيا,موريتانيا)
    VIVE RASD

    Le régime algérien est beaucoup plus fort que le Maroc et ses alliés. L’affaire du Sahara est devenue une affaire de refugiés. Et l’Algérie grâce à sa propriété des refugiés est invincible Les marocains savent ces choses là. Pour réagir ,ils mènent des guerres médiatiques et électroniquesو الجزائر مادامت تمتلك لاجئي؟
    savent que leur guerre au Sahara est inhumaine. Ils oublient souvent qu’ils occupent une place très médiocre en ce qui concerne les droits de l’homme au Sahara contrairement à l’Algérie qui avance à pas sûrs

    Hollande avait trahi les algériens. Lors de sa visite en Algérie, il n’a pas évoqué le problème du Sahara aussi éloquemment qu’il l’a fait au Maroc. Ceci démontre que Hollande préfère appuyer l’occupation coloniale du Sahara par le Maroc à l’encontre des appels de l’Algérie et de l’ ONU
    Il faut dire au Makhoc /saboteur :saboté للمخرب et à sa maman la France : La France est pour la colonisation du Sahara et nous en Algérie, nous appuyons et nous soutenons la libération du Sahara , nous ne voulons ni union arabe , ni ouverture des frontières ni rien de rien.

    Source : Le Maroc sans teint, 8 avr 2013

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, France, colonialisme, protectorat,

  • ANALYSE: Le cauchemar français en Afrique – I : Contexte historique

    – Aujourd’hui, le continent africain est divisé par les frontières coloniales, les langues coloniales, et l’idéologie coloniale. Notamment, les frontières d’aujourd’hui ont émergé en grande partie de la conférence de Berlin de 1884-1885.

    Ümit Dönmez | 06.02.2020

    AA – Istanbul

    Par Mustafa Efe

    Le passé colonial français, et les motivations économiques, religieuses, sociales et politiques aux procédés assimilationnistes et jacobins, ont façonné le passé du continent africain. Il sera donc utile de jeter un bref regard sur le passé colonial de la France, notamment en Afrique. Si cette période n’est pas prise en compte, on ne pourra pas évaluer la situation actuelle, à la lumière seule des actions françaises présentes.
    Avec le début de la période d’indépendance, les administrations étatiques africaines ont été transférées à des administrateurs qui étaient députés au parlement français pendant la période coloniale, ou à d’autres personnes travaillant pour l’administration coloniale, ou ayant été éduquées dans le pays colonisateur. Cela a assuré la poursuite du colonialisme français.

    – Historique du colonialisme français

    La domination française sur l’Afrique a une histoire qui remonte au 17ème siècle. La France a planté les graines du mouvement d’occupation et d’exploitation sur le continent en 1624 en établissant des centres commerciaux au Sénégal. Avec la création de la Compagnie française des Indes orientales en 1664, le colonialisme est devenu plus systématique. L’Empire colonial français, qui s’étendait sur une superficie de 3,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1670, atteignait 11,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1920.

    Malgré le fait que le roi de France, François Ier, qui avait été fait prisonnier par l’empereur Charles Quint du Saint-Empire romain germanique en 1525 lors de la bataille de Pavie avait appelé à l’aide de [l’empereur ottoman] Soliman le Législateur (ou Soliman le Magnifique), et malgré le fait que de bonnes relations aient été établies entre les deux nations, et que la France doive sa survie à l’Empire ottoman; la France, après s’être renforcée, s’est attaquée à l’Empire ottoman. En 1799, Napoléon a attaqué Acre pour prendre le contrôle de l’Égypte et de Damas, et a connu sa première défaite. Napoléon a dit: « Si je n’avais pas été arrêté à Acre, j’aurais pu conquérir tout l’Orient ». Cela montre que si l’État ottoman n’avait pas arrêté la France, de nombreux pays du monde islamique, et même du continent asiatique jusqu’à à l’Extrême-Orient, auraient pu devenir des colonies françaises, comme ce fut le cas en Afrique.

    Alors que l’État ottoman avait commencé à perdre de son pouvoir, la France a occupé l’Algérie en 1830. Cette invasion marque le début des invasions de la France en Afrique du Nord.

    Pendant la Première Guerre mondiale, 1 million de soldats africains ont combattu dans l’armée française.

    Pierre Savorgnan de Brazza, un citoyen français d’origine italienne, fondateur de la colonie française ouest-africaine moderne, était un explorateur de l’ère coloniale. Brazzaville, la capitale de la République du Congo, porte notamment son nom.

    Élargissant l’arrière-pays algérien avec le traité franco-britannique de 1890, la France l’a transformé en une région où se rejoignent la région du bassin du Lac Tchad et le territoire français-africain. Avec la note du 30 octobre 1890, l’État ottoman a tracé les limites du Sahara turc. La Libye, qui est à l’ordre du jour actuellement, était en fait au centre de la lutte franco-ottomane à cette époque. Selon la note turque du 30 octobre 1890, l’arrière-pays libyen ottoman incluait la Libye, le Soudan, l’Égypte, le Tchad, l’ouest de l’Éthiopie, le Soudan du Sud, la région centrafricaine, le nord du Cameroun, le nord et à l’est du Nigéria et une région constituée du Niger pour sa moitié. L’État ottoman, en réaction aux attitudes agressives de la France, a fait état de ses droits au nord du Congo et à l’est du Niger en 1885. La note remise à la France le 12 mars 1902 confirme cette situation. Malgré toutes les luttes que l’Ottoman a menées, il n’a pas pu empêcher les activités coloniales de la France sur le continent africain.

    Pendant la traite transatlantique des esclaves, environ 5 300 000 Africains ont été réduits en esclaves en Sénégambie, en Afrique occidentale et centrale, et emmenés dans les Caraïbes, en Haïti, c’est-à-dire dans les colonies françaises du nouveau monde, dans des navires français. Les puissances coloniales ont convenu de ne pas se battre entre elles. De plus, elles ont collaboré pour qu’une possession perdue par une puissance coloniale puisse être récupérée par une autre puissance coloniale. Elles ont, par exemple, forcé les pays qu’ils avaient exploités afin de les faire enseigner en anglais dans les anciennes colonies françaises et en français dans les anciennes colonies anglaises. Cette situation perdure aujourd’hui. Par exemple, quelle langue le Rwanda remplace-t-il en prenant des mesures pour se débarrasser du français? L’anglais, qui est aussi une langue coloniale …

    – Colonialisme français et génocides en Afrique

    Les Français ont exploité une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et centrale pendant des siècles. La France a établi des formes d’administration directes pendant la période coloniale et a suivi des politiques d’assimilation en essayant d’établir son propre système de culture et de valeurs. Elle a structuré les colonies d’Afrique de l’Ouest en « Afrique occidentale française (AOF) » et celles d’Afrique centrale en « Afrique équatoriale française (AEF) ». La France a poursuivi une stratégie visant à mettre en conflit les tribus pour gérer plus facilement leurs colonies en Afrique. De plus, pour briser la résistance des peuples, comme par exemple avec le drapeau du Congo français, la France a utilisé un drapeau similaire au drapeau ottoman, constitué d’un « croissant et une étoile ».

    Les élites africaines, qui ont grandi dans les anciennes colonies françaises, ont soutenu que le colonialisme était bon et que les colonies ne devaient pas être indépendantes. Le colonialisme avait pénétré jusqu’à dans l’âme des Africains et un « EuroAfricisme » avait émergé, qui s’opposait à l’indépendance. Ce concept a été introduit en 1927 par un Français du nom de Guernier, auteur du livre « L’Afrique, champ d’expansion de l’Europe », (publié en 1933, ndlr].

    Blaise Diagne, président du premier congrès panafricain en 1919 et député sénégalais à l’Assemblée nationale française, avait déclaré: « Nous, autochtones […] voulons rester français. Parce que la France nous a donné toutes sortes de libertés et nous a traités comme ses propres enfants sans aucune discrimination. Personne ne veut que l’Afrique française soit laissée aux seuls Africains, comme certains le souhaiteraient. L’élite française ne permettrait pas les théories révolutionnaires qui exigent la séparation et l’indépendance, ce qui contreviendrait au calme et à l’ordre, qui sont essentiels pour la sécurité de tous ».

    Léopold Sedar Senghor, qui était le [premier] président du Sénégal entre 1960 et 1980, a également soutenu que la voie la plus appropriée et souhaitée pour son pays était une union au sein de l’Empire français et que les problèmes de l’empire était également ceux des colonies. Parmi l’élite africaine certains siégeaient à l’Assemblée nationale française.

    Les membres d’une même tribu ont été séparés entre différents États avec des frontières artificielles établies par les États coloniaux. Cette situation a provoqué des conflits entre de nombreux pays africains après l’indépendance. Par conséquent, d’autres dirigeants, à l’exception d’Ahmed Sekou Touré, ont accepté une indépendance au sein de l’Union française, que Frantz Fanon (1925-1961) a qualifiée de « fausse indépendance ».

    Comme exigence du nouveau monde capitaliste fondé après la Seconde Guerre mondiale, la France n’a accepté que « l’indépendance sur papier » de ses colonies, et à certaines conditions . La Guinée a rejeté l’indépendance conditionnelle; d’autres pays africains ont accepté. Mais la France a sécurisé ses relations avec les pays africains et signé des « accords de coopération » contraignants notamment sur la monnaie coloniale française (franc africain), le système éducatif français, le cadre des relations militaires et commerciales. De plus, elle a obligé les nouveaux pays «indépendants» à payer les infrastructures construites par la France pendant la période coloniale. 14 pays africains, anciennes colonies françaises, paient des impôts coloniaux à la France depuis leur indépendance. Alors que la France a dû s’excuser pour les richesses qu’elle a pillées en Afrique, et malgré les millions qu’elle a asservis ou tués, le chaos social sans fin qu’elle a provoqué et les génocides qu’elle a causés, elle continue de percevoir des impôts pour ce qu’elle fait.

    La France a en effet joué un rôle dans de nombreux génocides sur le continent africain, et coopéré ou fourni des armes à des forces génocidaires. La France a tué des millions d’Algériens pendant la période d’exploitation et d’occupation en Algérie, qui a duré 132 ans depuis 1830, indirectement par déportation, directement par balle ou par le feu dans des fours à chaux. Plus d’un million de personnes ont été tuées entre 1945 et l’indépendance.

    Les unités militaires françaises qui ont participé aux «opérations d’aide humanitaire (!)», lors du génocide des Tutsis par des Hutus au Rwanda en 1994, ont directement soutenu ce génocide. En outre, la France a fourni des armes, des renseignements, une stratégie, un soutien à la formation militaire au génocide et a déterminé la « liste des personnes à tuer ». Les massacres ont fait près d’un million de morts.

    Le nombre de personnes tuées en Tunisie, au Sénégal, au Niger, en Mauritanie, au Cameroun, au Burkina Faso, au Gabon, en Guinée et au Bénin reste encore inconnu.

    La France, comme d’autres puissances coloniales, a visé les leaders et les universitaires qui dirigeaient la société. Elle a, par exemple, tué 400 érudits lors d’un symposium islamique en 1917 au Tchad.

    [Mustafa Efe est président du Centre africain d’études stratégiques (AFSAM)]

    Anadolou

    Tags : France, Afrique, françafrique, colonialisme, néo-colonialisme, spoliation, esclavage, pillage,

  • La France tente une nouvelle tactique après avoir perdu son influence en Afrique de l’Ouest

    ISTANBUL

    Les problèmes économiques et sociaux dans les pays africains qui ont accédé à l’indépendance juste après leurs périodes colonialistes ont fourni une opportunité et un environnement pour le néocolonialisme pour progresser. En incluant notamment la France et l’Angleterre, les puissances coloniales possédaient la plupart des ressources précieuses du continent telles que les réserves d’hydrocarbures, les télécommunications, la gestion portuaire, l’administration des chemins de fer, les systèmes de commerce de détail et même les entreprises contractantes qui assurent la production de la sous-structure. Pour cette raison, les puissances coloniales qui ont accordé l’indépendance aux pays en question ont facilement comblé les lacunes de pouvoir résultant des crises de gouvernance des pays du continent. Les paroles de Doudou Thiam, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, rendent la situation plus significative: «Assez! L’indépendance qui ne peut aller au-delà de la forme… Si nous n’essayons pas d’obtenir nos droits de souveraineté économique et sociale, nous ne pouvons pas atteindre une véritable indépendance. »

    La conjoncture actuelle indiquant un changement en Afrique de l’Ouest, qui est également le principal sujet de cet article, on peut affirmer que la crainte de la France de perdre un territoire l’oblige à appliquer des méthodes contraires à l’éthique et mises à jour avec des stratégies néocoloniales. Par conséquent, nous pouvons affirmer que cette affaire se produit de deux manières.

    La première direction fait l’objet du franc CFA, qui est la monnaie coloniale. Les réserves du franc CFA et des États régionaux d’Afrique de l’Ouest (la totalité durant les premières années de fondation, dont la moitié dans la situation actuelle) ont été déposées à la Banque centrale française. Dans cette situation, il est également assez clair que bon nombre des présidents qui souhaitaient quitter la région CFA ces dernières années ont été frappés par des forces soutenues par la France. Dans ce contexte, il a été exprimé que les États de la région CFA abandonneraient l’héritage colonial et que l ‘«Eco», la monnaie du continent déterminée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), entrerait en vigueur dans 2020. En revanche, il a été signalé que le Nigéria, la Sierra Leone, le Libéria, la Gambie, le Ghana et la Guinée ont refusé d’utiliser le «Eco» comme monnaie lors de la réunion organisée par les États en cause le 17 janvier. En fait, avant lors de la réunion susmentionnée, des discussions avaient eu lieu sur les préparatifs de la CEDEAO sur la monnaie « éco » développée après des années d’études, et sur la manière dont la France allait utiliser « éco » et essayer de mettre en œuvre un nouveau type de système colonial. Ainsi, on peut penser que cette explication est liée au sujet et non à une surprise.

    La deuxième direction est que l’augmentation récente des activités terroristes en Afrique de l’Ouest constitue une base pour la France de garder des soldats dans les régions connexes. Contre le cas d’espèce, tant la société africaine, y compris l’initiative financière dans un premier temps, que la diaspora africaine en Europe réagissent sérieusement à l’attitude française et protestent. Les communautés en cause pensent que la puissance militaire de la France, dont 4 500 soldats dans le cadre de l’opération « Barkhane » que la France maintient depuis 2014 dans la région du Sahel, n’a provoqué qu’une augmentation de la terreur et de l’incapacité régionale.

    Les explications incalculables de Macron, qui a dit qu’il interrogerait les dirigeants sur «l’incertitude sur l’opposition accrue contre la France dans la région du Sahel» et «les dirigeants des États que la France a en leur pouvoir militaire lui doivent» une «explication» lors de la réunion de l’OTAN qui a eu lieu le 4 décembre 2019 a attiré une réaction significative de l’Afrique même. Dans ce contexte, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore, a indiqué que le ton de Macron est problématique et que Macron n’ira nulle part avec ce ton. Les présidents du Sénégal, du Mali, du Nigéria et de la Côte d’Ivoire ont également réagi contre le ton et les paroles de Macron. À la suite de tout cela, les bases françaises ont été protestées dans de nombreux pays africains, et les manifestations ont été interdites dans certaines autres villes avant la visite de Macron en Côte d’Ivoire et au Nigéria entre le 20 et le 22 décembre.

    Sommet Pau Sahel et préoccupation française

    À l’appel de Macron, les dirigeants de la Mauritanie, du Tchad, du Mali, du Nigéria et du Burkina Faso en tant qu’États d’Afrique de l’Ouest se sont réunis dans le cadre du sommet du G5 Sahel le 14 janvier dans la ville de Pau dans le sud de la France. Lors du sommet du Sahel organisé par Macron, la lutte contre le terrorisme, la légitimité de la France dans cette région, les nouvelles stratégies et la restructuration des opérations ont été discutées avec la participation du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du président du Conseil européen Charles Michel et du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. Même si Macron fait confiance à cette structure, on sait que l’Amérique a adouci son soutien en diminuant le nombre de soldats qu’elle a en Afrique de l’Ouest concernant le processus de transformation de la politique internationale. Pour cette raison, les circonstances données inquiètent la France de jour en jour, et la France augmentera sa politique immorale dans la région avec la crainte de perdre le pouvoir dans les prochains jours.

    Le président français Emmanuel Macron attend des explications politiquement favorables des dirigeants africains à la réaction de la société contre la montée en puissance militaire récente de la France dans les pays en cause. Paris attend non seulement une répétition forte et claire de la demande et du soutien à l’existence française sur le territoire des autres États du Sahel, mais souhaite également que ses alliés européens jouent un rôle actif dans la région du Sahel si nécessaire. De plus, même ces alliés européens agissent avec hésitation sur la réalisation de la mise en scène d’une force de 500 soldats appelée «Takuba». On sait que cette demande n’est pas encore venue des Etats du Sahel.

    Que signifie l’existence militaire française en Afrique de l’Ouest?

    Même si seulement quatre bases militaires de la France sont permanentes dans toute l’Afrique dans la situation actuelle, comme dans l’opération Barkhane, qui est la portée de la région du Sahel, les bases temporaires deviennent également permanentes dans le temps. Bien que Macron affirme que l’existence militaire française dans la région dans le cadre des opérations mentionnées n’est que pour la sécurité de l’Afrique, il n’est pas difficile de remarquer la réalité que la France opprime en fait les pays en cause tout comme une relation carotte-bâton, et de cette manière, il vise à maintenir ses gains économiques grâce aux précieuses ressources de la région. Pour cette raison, la France tente de profiter des activités terroristes en Afrique pour protéger et maintenir la légitimité de son existence dans la région, notamment dans le domaine militaire. En fait, cette circonstance démontre que la France viole remarquablement la sécurité, la stabilité et la souveraineté des États régionaux, et dans cette conjoncture, les anciennes puissances néocoloniales comme la France continueront de piller les ressources africaines. Les protestations de la diaspora à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique sont sérieusement précieuses pour avoir conscience de ce pillage. À ce stade, l’équation à plusieurs variables sur la rivalité entre la France et l’Angleterre en est le cas.

    En conséquence, comme l’a souligné l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Doudou Thiam, il est temps que les États africains consolident leurs acquis dans les domaines économique et social et arrêtent ce pillage. Il faut frapper quand le fer est chaud car la nouvelle et dynamique nouvelle génération d’Afrique a le potentiel nécessaire pour réaliser ces idéaux.

    * Le Vice-Coordinateur du Centre Africain de Coordination et d’Education (AKEM), Kaan Devecioglu poursuit ses études concentrées sur l’économie politique et les sujets africains, notamment sur le Soudan, à l’Association des Chercheurs sur l’Afrique (AFAM).

    * Traduit par Merve Dastan

    Source : fr24news.com, 31 jan 2020

    Lire l’article en anglais

    Tags : Afrique, France, colonialisme, françafrique, franc cfa, FCFA, afrique de l’Ouest,

  • Il est temps que l’Afrique se réveille!

    L’Afrique traverse une époque qui mérite que l’on se met au travail pour engager des réformes. Réformer ne signifie nullement imiter ou copier la manière de vivre de l’autre. L’autre n’est que le reflet de ce que l’on n’est pas, de ce que l’on déteste être et de ce l’on aspire être. Cependant, les réformes africaines ne seraient pragmatiques et effectives que dans la mesure où les africains, dans la substance de leurs richesses culturelles, se recentrent dans la finalité de notre lutte ; celle de faire apparaître une Autre Afrique.

    Une Afrique débarrassée de la violence de l’impérialisme et de l’immobilisme. C’est vrai, tout ça n’est qu’un rêve. La création de l’Union Européenne n’était qu’un rêve. La création d’Etat d’Israël n’était qu’un rêve. Et même la destruction de l’Afrique pharaonique n’était qu’un rêve.

    En revanche, nos rêves ne sont ni pour la soumission de l’autre encore moins de sa destruction. La philosophie de la vie africaine est une philosophie sacrée, puisée dans la sagesse de la Maat et dans la substance de la création. Toute vie est sacrée et mérite d’être protégée. C’est la substance de cette sacralité de la vie que constituera le socle de nos réformes. En revanche, une réforme sans aucune base idéologique ne serait qu’un poids pour la société et un élément perturbateur très nocif. C’est dans cette conscience qu’une lutte ne pourrait aboutir qu’en se basant sur une idéologie, un corpus de propositions et une sincérité sans faille que nous jugeons impératif de s’armer de science afin que ce rêve d’Unité de l’Afrique se réalise.

    Ce rêve de l’Unité africaine, à notre avis, ne serait réalisable qu’en trouvant ce lien qui réunifiera le peuple noir. Ce lien pourrait être notre misérable condition sociale, politique et économique. Il pourrait être aussi pour l’honneur de la dignité de l’africain. La couleur de notre peau pourrait permettre aussi à l’avènement d’une Afrique Unie.

    Cette urgente nécessité de trouver le cordon qui reliera tous les africains doit être le combat de chacun d’entre nous. Nous sommes qu’un seul peuple. Un peuple qui se noie dans la misère et dans le mépris de l’Occident. L’Occident, avec tout le mal qu’il eu à faire soumettre les africains, n’aidera ni les africains à se développer ni à se libérer.

    Maintenant, il nous reste qu’a chercher ce lien pour qu’enfin, l’Afrique devienne ce qu’elle était ; une Afrique libre et prospère.

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    Tags : Afrique, africains, colonialisme, colonisation, libération, lutte, impérialisme,

  • Il y a 55 ans, la CIA a assassiné Patrice Lumumba, leader révolutionnaire congolais

    Il y a 58 ans, des agents des services secrets belges et de la CIA ont introduit le corps de Patrice Lumumba dans un baril d’acide et l’ont fait disparaître. Le Congo est peut-être allé vers une démocratie et, au contraire, c’était vers l’une des pires dictatures africaines du XXe siècle.

    Il a été le premier chef de gouvernement de la République démocratique du Congo. Il a cherché la décolonisation de son pays entre les mains de la Belgique et détruit totalement la puissance colonialiste européenne présente en Afrique, éradique l’indignation et le pillage que le continent a subis pendant des siècles.

    En 1958, il se concentre résolument sur la lutte pour la décolonisation du Congo pour les rares possibilités d’action sociale permises par les autorités coloniales belges et fonde ainsi le Mouvement national congolais, en faveur de la création d’un État indépendant et laïc, dont les structures politiques unitaires aideront surmonter les différences tribales en créant un sentiment national.

    Après l’indépendance de la Belgique, en 1960, le Congo a tenu des élections et Patricio Lumumba, leader de la lutte pour l’indépendance, est arrivé à la présidence avec un programme nationaliste et de gauche.

    Lumumba n’a pas pu empêcher le retrait de l’armée belge de céder la place à un conflit politique avec des déclarations militaires, des attaques contre la population blanche et des troubles généralisés.

    La rébellion a été particulièrement grave dans la région minière du Katanga, qui s’est déclarée indépendante sous la direction de Tschombé; Lumumba a dénoncé que cette sécession avait été encouragée par le gouvernement belge pour défendre les intérêts de la société minière qui exploitait les gisements dans la région.

    Lumumba a demandé l’aide de l’ONU, qui a envoyé un petit contingent de «casques bleus» incapable de rétablir l’ordre, et a donc appelé au soutien de l’Union soviétique, menaçant ainsi directement les intérêts occidentaux.
    Le président américain, Eisenhower, a alors donné l’ordre de l’éliminer. Et il a envoyé l’agent de la CIA Frank Carlucci, qui serait plus tard le secrétaire à la défense de Ronald Reagan.

    Un coup d’État a renversé Lumumba en septembre 1960. Il a été brutalement torturé et abattu par des mercenaires belges, qui ont dissous son corps dans de l’acide et dispersé sa dépouille pour qu’il ne soit pas reconnu.

    Récemment, en novembre 2001, le Parlement belge a reconnu la responsabilité de son État dans la mort de Patricio Lumumba.

    Il a été tué de cette façon par la grande lutte politique et idéologique qu’il a menée pour faire connaître l’unité en tant qu’instrument et moyen de libération des peuples africains, les jougs coloniaux qui étaient maintenus au moment où il a combattu. leur lutte et qu’ils maintiennent toujours, y compris parmi eux le néocolonialisme naissant et l’impérialisme américain qui commençait déjà à pénétrer dans les pays africains pour rejoindre les pillards de la richesse de ce continent.

    La pensée de Patrice Lumumba constituait un danger pour l’exploitation des puissances occidentales des peuples africains. Un demi-siècle plus tard, les autorités américaines ont reconnu leur implication dans le renversement et le meurtre du dirigeant congolais.

    Vu de loin, son combat était le même que celui mené dans Notre Amérique aujourd’hui pour lui donner une véritable indépendance.

    Tags : RDC, Congo, Patrice Lumumba, Belgique, France, colonialisme,

  • France / Afrique : les intérêts économiques refont surface

    Et pour cause, Emmanuel Macron a été particulièrement irrité par les récentes déclarations de certains dirigeants africains, qu’il accuse de distiller un sentiment antifrançais au cœur des populations et de la jeunesse africaine.

    Lassaad Ben Ahmed | 13.01.2020

    AA / France / Fawzia Azzouz

    Le 25 novembre au Mali, périssaient 13 militaires français dans un crash aérien alors qu’ils participaient à une opération antiterroriste de la force Barkhane. Très vite, les débats se sont cristallisés sur la légitimité de la présence de l’armée française en Afrique et sur ses intérêts cachées. Nombreuses ont été les critiques qui considèrent que l’Etat français maintient sa mainmise sur l’économie africaine par une présence militaire sous couvert de lutte antiterroriste.

    Le sommet du G5 Sahel, convoqué à l’initiative du président français Emmanuel Macron, s’ouvre ce lundi à Pau. Au programme des discussions, figurent évidemment les opérations antiterroristes au Sahel via l’opération Barkhane, qui mobilise 4500 militaires français dans la zone mais aussi, une quête de ce que le chef de l’Etat appelle « la clarté ».

    Et pour cause, Emmanuel Macron a été particulièrement irrité par les récentes déclarations de certains dirigeants africains, qu’il accuse de distiller un sentiment antifrançais au cœur des populations et de la jeunesse africaine.

    Après la mort de 13 soldats français au Mali fin novembre, nombreux ont été les observateurs à s’interroger sur la légitimité de la présence de la France dans la région et ont notamment pointé du doigt le fait que si Paris se justifie en invoquant la nécessaire lutte contre le terrorisme, il n’en demeure pas moins qu’elle y possède d’indéniables intérêts économiques.

    Le 26 novembre, tandis qu’Emmanuel Macron rendait hommage à ces 13 militaires tombés au Mali via son compte Twitter, le sociologue Mathieu Rigouste lui avait répondu en lui demandant si les victimes étaient mortes pour « protéger » le pays ou pour « protéger les intérêts de l’Etat et des industries françaises ».

    Dans une analyse de la situation, publiée sur le média indépendant « l’Orient XXI », le spécialiste explique que « la concurrence chinoise menace les intérêts énergétiques et commerciaux occidentaux en Afrique depuis le début des années 2000 ». Il précise que « le Sahel abrite de grandes réserves pétrolières ainsi que des gisements d’uranium et d’or, mais aussi de gaz, de coltan, de cuivre, de grenats, de manganèse et de lithium, de minerais magnétiques et de terres rares ».

    Il rappelle, par ailleurs, dans son écrit, que le chercheur à l’institut stratégique de l’école militaire de Paris, Mahdi Taje, assumait ce positionnement dans les colonnes d’un média malien en 2017, en affirmant que « la réalité géographique de cette zone permettrait à certains États, s’ils se positionnent économiquement et militairement, de mieux contrôler les richesses des États du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest ».

    A noter également que dans le rapport du Sénat français de 2013, les parlementaires évoquaient la volonté française d’assurer « un accès sécurisé aux ressources énergétiques et minières » de l’Afrique, à travers l’opération Serval (devenue Barkhane en 2014).

    S’agissant de l’activité des entreprises françaises sur le continent africain, Mathieu Rigouste rappelle qu’elles sont au nombre de 40 mille dont 14 multinationales d’envergure, comme les géants Total, Areva ou encore Vinci.

    Les vendeurs d’armes comme Dassault figurent également sur la liste des entreprises ayant très clairement un profit à tirer des opérations françaises au Sahel. « Serval puis Barkhane ont été l’occasion de tester et de promouvoir les avions de chasse de Dassault et les missiles de la société aéronautique MBDA » note le sociologue qui mentionne également les « exportations de Rafale au Mali ».

    Dans un rapport publié en avril 2019 par Hervé Gaymard, mandaté par la diplomatie française pour « relancer la présence française en Afrique », on apprend qu’en « vingt ans, les exportations françaises ont doublé sur un marché qui a quadruplé, d’où une division par deux de nos parts de marché ».

    Sur cette période, « les exportations françaises vers le continent africain ont doublé (d’environ 13 à 28 milliards de dollars, en 2000 puis 2017), sur un marché dont la taille a quadruplé (d’environ 100 à environ 400 milliards de dollars d’exportations) ».

    Le stock d’investissement direct étranger français sur le continent africain «sont passés d’environ 5,9 milliards d’euros en 2000 à 52,6 milliards d’euros en 2017 (avec un pic à plus de 56 Md EUR en 2016) », selon ce même rapport.

    Les importations, elles, concernent principalement l’uranium, le cacao, les fruits tropicaux ou encore l’huile.

    Pour le géopolitologue Pascal Boniface, interrogé par Anadolu, « la France doit faire face à la concurrence d’autres acteurs dans la région dont la Chine et la Russie », illustrée par « la réussite des sommets Chine/Afrique et Russie/Afrique ».

    Il estime que la France « sait très bien qu’elle ne peut pas rester éternellement dans le Mali et au Sahel sauf à susciter une grogne » où elle serait qualifiée « non pas d’armée d’occupation mais sa présence sera de moins en moins bien acceptée ».

    C’est le cas, d’ailleurs, ces jours-ci, à la faveur de manifestations demandant le départ des forces françaises, devenues fréquentes, la dernière en date a eu lieu vendredi 10 janvier à Bamako.

    Boniface, par ailleurs directeur de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques), considère que la France et l’Afrique doivent « trouver une relation où chacun gagne à coopérer avec l’autre ».

    Pour le sociologue Saïd Bouamama, cité par le journal « Jeune Afrique », le néocolonialisme trouve sa source dans « l’instauration de nouveaux mécanismes de dépendance qui ne nécessitent pas l’occupation militaire des pays ».

    Il met ainsi en lumière « le double processus d’un encouragement à l’endettement suivi d’une exigence sous condition pour pouvoir continuer à bénéficier des crédits », opérés, entre autres, par l’Etat français.

    Le sociologue estime, enfin, que « la décolonisation n’a pas été poussée jusqu’aux domaines économiques et culturels » et que « les imaginaires sont restés ceux du dominant », notamment sur le continent africain.

    « Les politiques de coopération, d’aide soi-disant technique, les ONG, la francophonie, etc., ont été des outils de cette mise en dépendance culturelle et psychologique », conclut-il.

    À ce propos, le « pacte colonial » imposé par les pays européens à leurs anciennes colonies et selon lequel ces dernières ne peuvent importer que des produits provenant de la métropole et ne doivent exporter que vers celle-ci, a très longtemps pénalisé les pays africains.

    Fin décembre, le président Macron annonçait en grande pompe depuis Abidjan, la fin programmée du franc CFA qu’il considère comme l’un des derniers « vestiges de la françafrique » ainsi que la fin du dépôt des réserves de change en France pour les 8 pays d’Afrique de l’Ouest francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

    Il n’en demeure pas moins que jusqu’à aujourd’hui, ces réserves sont toujours détenues par le trésor français.

    Anadolou

    Tags : Afrique, France, françafrique, colonisation, colonialisme, Franc CFA, FCFA,