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  • L’Elysée et la Françafrique : De Foccart à Macron

    Mise en place sous le général de Gaulle, la Françafrique – réseau d’influence informel, de nature politique, diplomatique, économique et militaire – est accusée par ses détracteurs de maintenir l’Afrique francophone sous la coupe du néocolonialisme français. Les présidents français successifs proclament sa disparition, tout en veillant à ce qu’elle demeure intacte. Retour sur ce réseau d’influence occulte qui croît depuis soixante ans au sein de la Vème République, jusqu’à en dévorer son hôte.

    Selon l’expression de Francois-Xavier Verschave, la Françafrique est « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement… ». Il ajoute : « ce système auto-dégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». (La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, 1998).

    NAISSANCE DE LA FRANÇAFRIQUE

    Au moment de son accession au pouvoir en 1958, le général de Gaulle trouve un monde colonial en ébullition. La France peine à se remettre de son humiliation militaire à Dien Bien Phû (1954), de son humiliation diplomatique après la crise de Suez (1956), et subit une instabilité politique en Algérie qui précipite la IVème République vers l’abîme. Face aux mouvements politiques en faveur de l’indépendance qui émaillent l’Afrique du Nord, le général est conscient de l’incapacité de la France à tenir indéfiniment ses anciennes colonies. Souhaitant installer sa Vème République sur les décombres de la quatrième, de Gaulle s’engage donc vers le chemin de l’indépendance des anciennes colonies françaises sur toute la décennie des années 1960.

    Dans ses Mémoires d’espoir, le général de Gaulle parle d’une relation « d’amitié » et de coopération avec des chefs d’État qu’il considère comme ses « amis », afin d’ouvrir « le progrès » au continent africain. En réalité, il s’agit pour la France de garder les pays nouvellement indépendants sous tutelle économique, politique et militaire. L’ancien colonisateur ne souhaite pas voir laisser les anciennes positions géopolitiques et les fabuleuses richesses de l’Afrique sortir du giron d’une économie française en plein essor.

    Dans son entreprise, la France peut se targuer de contribuer à la lutte contre le communisme, en garantissant des pouvoirs qui resteront globalement réticents aux avances de l’URSS, qui fait de l’Afrique noire une priorité dans le cadre de la guerre froide –soutien à Patrice Lumumba en RDC, espoirs envers Modibo Keita au Mali ou encore Sékou Touré en Guinée. De même, le soutien des pays africains à la France dans les institutions internationales tout comme l’entretien de nombreuses bases militaires françaises en Afrique garantissent à l’armée française une projection opérationnelle sur tout le continent. En définitive, on en revient au désir du général de Gaulle de conserver la position mondiale de la France dans un monde dominé par les puissances américaines et soviétiques.

    Afin de matérialiser le vœu gaullien, Jacques Foccart est nommé à la tête du Secrétariat général des affaires africaines et malgaches en 1959. Mais Foccart est déjà un vieux baroudeur de l’Afrique : il gravite dans les réseaux gaullistes dès 1952 dans le cadre de l’Union française, cette institution voulue par la IVème République afin de garder les territoires africains dans le giron colonial français. Devenu rapidement intime du vieux général, Foccart le suit naturellement lorsque de Gaulle arrive au pouvoir en 1958.

    Très vite, Foccart organise un réseau d’amitié entre politiques, militaires et hommes d’affaires afin de maintenir l’emprise de la France sur le continent tout en organisant un véritable pillage de ses ressources. Celles-ci bénéficieront soit aux entreprises françaises (on pense à son ami, Pierre Guillaumat, dirigeant d’Elf), soit aux politiques français, soit aux potentats africains qui ne feront nullement, ou si peu, ruisseler leurs bénéfices vers la population. Afin de maintenir l’ensemble cohérent, Foccart s’appuie sur son grand ami Felix Houphouët-Boigny, Président ivoirien, avec un entretien téléphonique tous les mercredis. De même, le général de Gaulle se tenait informé quasiment en temps réel des évolutions politiques du continent africain par l’intermédiaire de Foccart. Mieux encore, c’est par ce secrétaire que passe les relations diplomatiques entre les chefs d’États africains et la France.

    Pour Foccart, la stabilité d’une Afrique dans le giron de la France passe par le soutien des chefs d’État dociles et la déstabilisation de ceux qui sont considérés comme hostiles à l’emprise française. Ainsi, en 1964, le Gabonais Léon Mba essuie un coup d’État militaire dans l’indifférence totale de la population. Très vite, les réseaux Foccart s’activent et, après de brefs combats, Mba est réintégré dans ses fonctions, avec comme vice-président un jeune prometteur : Omar Bongo. À l’inverse, Foccart soutien les opposants des chefs d’États hostiles à la Françafrique : Ahmed Sékou Touré a constamment dû subir les tentatives de déstabilisation de Foccart, tandis que le maréchal Mobutu bénéficie de sa bienveillance en République démocratique du Congo.

    Face à une telle violence, le pouvoir politique français doit être protégé, sous peine de passer sous les fourches caudines des institutions internationales. Il incombe donc à Foccart d’être en première ligne des coups d’États, assassinats ou arrestations qui émaillent l’Afrique, souvent à son instigation. Le principe est de garder le général de Gaulle hors de tout soupçon afin de conserver son aura historique de héros national et d’homme d’État à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Foccart était donc conscient d’être en première ligne, comme il le confiait à Alain Pierrefitte, porte-parole du gouvernement après l’épisode du coup d’État manqué contre Léon Mba : « Il ne faut jamais que le Général soit en première ligne pour ce genre de coups durs. Il faut les régler sans lui en parler. On parle en son nom. On le met au courant quand c’est fini. Il peut toujours nous désavouer si ça rate. » (in Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir, Turpin Frédéric, CNRS éditions, 2018).

    L’APRÈS DE GAULLE

    Les convulsions du régime gaullien avec les événements de mai-juin 1968 ne changent pas grand-chose concernant le monde africain. Foccart continue d’officier sous Pompidou, avant d’être remplacé, sous Giscard, par son adjoint, René Journiac. Sous Giscard, Journiac s’est illustré par une empoignade mémorable avec « l’empereur » de Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa, qui, de colère, lui a asséné un coup de canne sur la tête. Cette offense à la Françafrique lui a rapidement coûté son trône, avec une expédition militaire aéroportée mémorable de l’armée française vers Bangui. Après la prise de la ville, David Dacko proclame la chute de l’empire et l’avènement d’une République qui abandonne la volonté de Bokassa de se doter de la bombe atomique et de se rapprocher du colonel Kadhafi en Libye.

    En 1981, un vent d’inquiétude souffle sur la Françafrique : quelle sera l’attitude de François Mitterrand, candidat socialiste, face à l’Afrique ? Que cela n’en tienne, le « monsieur Afrique » de Mitterrand, Guy Penne, se comporte exactement comme ses prédécesseurs. D’emblée le nouveau conseiller va jusqu’à organiser un entretien entre le président et Foccart lui-même grâce à un ami commun, l’omniprésent Felix Houphouët-Boigny. Le travail de Guy Penne est tellement efficace que Foccart, s’exprimait dans une biographie peu avant son décès : « nous n’avions aucun désaccords profonds » (in Foccart parle).

    Car Guy Penne a dû s’occuper d’un des plus grands adversaires de la Françafrique : Thomas Sankara. Adversaire déclaré du système, le président Burkinabé s’exprimait sur la dette comme arme de la domination occidentale sur l’Afrique lors d’un discours à Addis-Addeba lors d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 29 juillet 1987 :

    « La dette sous sa forme actuelle, est une reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n’est pas une question morale. Ce n’est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser ».

    Cette remise en question de l’hégémonie monétaire de la France et du franc CFA, monnaie des États africains dont la valeur est fixée en France, est intolérable pour le système, qui cherchera, de 1983 à 1987, à détruire Sankara par tous les moyens. Bien sûr, cette dureté est bien peu visible puisque l’on qualifiait à l’époque les relations entre le Burkina Faso et la France de « cordiale ».

    Car Thomas Sankara a bien des raisons de considérer la Françafrique comme un adversaire hostile. En 1983, Guy Penne est considéré comme un acteur essentiel de l’arrestation puis de l’emprisonnement du militaire. Son passage par la prison renforce son image de héros populaire, et contribue à la révolution qui renversera l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo. Mais cet épisode montre, aussi, que la Françafrique ne tolérera pas un homme d’État hors de ses réseaux, et, surtout, un idéaliste souhaitant débarrasser l’Afrique de la tutelle occidentale, et en particulier française.

    À l’instar de Foccart avec Guillaumat, Guy Penne sait s’entourer d’hommes capables de maintenir la cohésion du système malgré l’alternance. En particulier, Michel Roussin, ancien des services de renseignements, passé ensuite dans le cabinet de Jacques Chirac durant la cohabitation, pour terminer, aujourd’hui, dans le groupe Bolloré. De même, il a été à l’origine de l’éviction du jeune ministre de la Coopération, Jean Pierre Cot, qui fut le premier à remettre en question la politique africaine de la France. Il quitte le gouvernement en 1982.

    En 1986, suite à une affaire de détournement de fonds publics, Guy Penne doit quitter le navire pour laisser la place au fils aîné de François Mitterrand, Jean-Christophe. En prenant en compte le calendrier politique, l’éviction de Penne obéit plutôt à une volonté d’éviter un « mélange des genres ». En effet, 1986 est l’année de la cohabitation et Guy Penne est trop lié avec les milieux foccardiens, qui trustent les places auprès de Jacques Chirac, nouveau Premier ministre à Matignon. Mais l’éviction de Penne ne signifie pas la fin de sa carrière politique : dès septembre 1986, il est élu sénateur.

    Bien loin d’être vaincus par l’alternance, les réseaux foccardiens ont pu prospérer grâce à l’oreille des nouveaux acteurs au pouvoir. Mieux encore, les grandes lignes de la politique de Penne trouveront leur aboutissement avec la cohabitation. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné par un coup d’État monté contre lui par Blaise Compaoré, qui gouvernera le Burkina Faso jusqu’en 2014. Gauche ou droite, la défense des intérêts de la Françafrique sur tout le reste prime. En ce sens, il est avéré aujourd’hui que les services de renseignement français ont participé de près ou de loin à l’élimination de Sankara.

    LA MISE EN PLACE DES NOUVEAUX RÉSEAUX DE LA FRANÇAFRIQUE APRÈS 1986

    Très vite, la droite, à présent aux portes du pouvoir fait fructifier ses relations. Ainsi, Foccart promeut rapidement ses amis du Service d’action civique (SAC), une organisation paramilitaire, qualifiée de « police parallèle » qu’il a contribué à fonder en 1960 et qui a terminé ses activités en 1981. Parmi eux, nous retrouvons Charles Pasqua, dont Foccart fut le mentor à la fois au sein de la SAC et de la Françafrique. Le truculent deux fois ministre sous la cohabitation (à l’intérieur entre 1986 et 1988, puis entre 1993 et 1995) comprend le système de la Françafrique et y installe ses amis corses. Parmi eux, nous comptons Michel Tomi, ou encore la famille Feliciaggi, qui couvraient les chefs d’État africains de cadeaux, avec, en retour, l’accès à des marchés publics sans concurrence. La puissance des réseaux Pasqua était telle qu’on peut même parler d’une « Corsafrique » à l’intérieur de la Françafrique, ce que l’intéressé ne dément même pas en disant : « J’ai des amis corses, et alors ? Ce n’est pas un délit ». Mieux, il ne renie pas sa vision d’un homme au-dessus des lois, avec une phrase restée célèbre : « Je préfère qu’on me prenne pour un voyou que pour un con ».

    L’action de Pasqua amène indéniablement une dimension mafieuse à la Françafrique que Foccart et ses successeurs avaient subordonné aux intérêts de la présidence de la République. Dans le cas des réseaux de « Môssieur Charles », on assiste, pour la première fois à une autonomisation des réseaux de la Françafrique. Si ce vieux crocodile de la politique tient ses réseaux d’une main de fer, sa rupture avec Jacques Chirac et l’échec de ses ambitions présidentielles indique une première faille dans une Françafrique soumise à la direction de l’Élysée. En effet, après 1995, Pasqua continue d’entretenir ses relations avec l’Afrique en usant 1 % du budget du conseil général des Hauts-de-Seine (il en fut président de 1988 à 2004), pour la « coopération » avec l’Afrique. Ses mandats de sénateur, puis au parlement européen, ne le permettent pas de constituer une menace pour Jacques Chirac lors de l’élection présidentielle en 2002.

    La rupture avec Jacques Chirac amène une guerre des clans qui aura raison de la Françafrique telle que l’avait imaginée Foccart. Dans les couloirs feutrés de l’Élysée, une guerre sans merci s’engage entre :

    -D’un côté, un Foccart vieillissant et ses héritiers : Pasqua, Wibaux, et un nouveau venu, l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, qui se distinguera pour avoir trahi de Villepin, et plus tard, participera à la chute de François Fillon lors de la campagne présidentielle de 2017.

    -De l’autre, une équipe composée de diplomates sous la houlette de Dominique de Villepin, avec, entre autres, Michel Dulpuch, qui sera le « monsieur Afrique » de l’Élysée entre 1995 et 2002. Foccart, lui, sera relégué à un rôle de « représentant personnel du Président » soit l’équivalent d’une disgrâce à ses yeux.

    Le président de la République, Jacques Chirac, soutient largement le second groupe, qui exile rapidement Bourgi, attend que Foccart veuille bien mourir, et consomme sa rupture avec Pasqua. Lorsque le fondateur de la Françafrique meurt le 19 mars 1997, de Villepin tente de faire transiter par lui tout ce qui a trait à l’Afrique, via le Secrétariat général de l’Élysée. Mais n’est pas Foccart qui veut. Son autorité sera constamment battu en brèche par le camp adverse et ne trouvera son salut que par la tutelle de Chirac.

    C’est dans ce contexte fratricide que le livre de Francois-Xavier Verschave sort. La Françafrique, le plus long scandale de la République met chaque camp face à ses responsabilités, bien que le camp Pasqua soit le plus touché, du fait même de sa nature fondamentalement mafieuse. Cependant, si les réseaux Foccart ne s’étaient pas entretués sur fond de lutte de pouvoir à l’intérieur du RPR, il aurait été peu probable que Verschave ait eu la matière suffisante pour son entreprise de dénonciation de ce système. De même, un réseau uni aurait eu tôt fait de minorer voire de passer sous silence son travail.

    LA FRANÇAFRIQUE AU XXIÈME SIÈCLE

    La division entre la Françafrique « mafieuse » et la Françafrique « des diplomates » n’est pas aussi binaire qu’on ne croit. Les liens entre les différents protagonistes plongent dans les deux camps et les chefs d’États africains, à l’image d’Omar Bongo, savent cultiver leurs relations. Afin que les deux faces de la même pièce se réunissent à nouveau, il faut un homme qui soit à la foi proche de Pasqua et dans les allées du pouvoir, un homme qui n’hésite pas à être impitoyable tout en laissant une bonne part aux activités mafieuses, et, surtout, un homme capable de détruire Dominique de Villepin et ses affidés, tout en imposant le retour des copains de Pasqua à Jacques Chirac. Cet homme, c’est Nicolas Sarkozy.

    Très vite, après l’élection de Sarkozy à la présidence, une nouvelle génération de descendants de Pasqua gravite autour du président de la République.

    Très vite, après l’élection de Sarkozy à la présidence, une nouvelle génération de descendants de Pasqua gravite autour du président de la République. Mais les deux camps de la Françafrique sont à présent irréconciliables : de Villepin est empêtré dans les affaires et ne peut ralentir sa chute, Juppé est relégué à sa mairie de Bordeaux tandis que Robert Bourgi signe son grand retour. Parmi les noms à retenir de cette nouvelle Françafrique, nous pouvons citer Vincent Miclet, passé à l’école de Charles Pasqua, Pierre Haïk, avocat de Xavière Tiberi, de Charles Pasqua, de Laurent Gbagbo (lorsqu’il était président), ou encore de Jean Marie Messier. D’autres noms apparaissent, comme le clan Djourhi, impliqué jusqu’au cou dans l’affaire des financements libyens de la campagne de 2007 de Sarkozy, et, bien sûr, Claude Guéant, le sulfureux secrétaire général de l’Élysée. Le tandem qu’il forme avec Bourgi sera à l’origine de la chute de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.

    DE HOLLANDE À MACRON, UNE FRANÇAFRIQUE TOUJOURS LIÉE AU POUVOIR

    L’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 s’accompagne d’une prétendue volonté de prendre ses distances avec la Françafrique qui est devenue, par l’entremise des réseaux Pasqua/Sarkozy, une véritable organisation mafieuse autonome qui déploie ses activités en dehors du giron français, à l’instar du clan Djourhi basé à Londres. Sans poigne forte pour tenir ces hommes d’affaires, sans homme providentiel capable de se réclamer de Pasqua ou de Foccart, la Françafrique est vouée à une autonomie qui frise l’indépendance face à l’Élysée. Souhaitant mettre ses distances vis-à-vis de cet encombrant héritage, François Hollande nomme comme conseillère Afrique Hélène Le Gal, qui tente une première mise à distance avec ce réseau. Cependant cette politique se heurte rapidement au ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, qualifié par Serge Dassault de « meilleur ministre de la Défense qu’on n’ait jamais eu ». Déjà vampirisé par Claude Guéant et Robert Bourgi sous le mandat de Sarkozy, le poste de conseiller « Afrique » se vide totalement de sa substance. Néanmoins, sans ces réseaux, la France doit trouver un nouveau moyen de conserver son hégémonie dans la région.

    Sous François Hollande, la France, débarrassée des reliquats des réseaux Pasqua/Sarkozy, trouve un nouveau moyen de pérenniser son emprise sur ses anciennes colonies à présent cibles des appétits américains ou chinois : la lutte contre le djihadisme. Par l’opération Serval, qui a refoulé les djihadistes au plus profond du désert, la France renforce sa présence au niveau sécuritaire, et contribue à la formation des armées maliennes et tchadiennes. Face à la résilience du djihadisme et à l’apparition de Daesh en Afrique via la Libye en 2014/2015, la France se dote de nouvelles bases militaires, notamment en Côte d’Ivoire en 2014. De même, l’opération Serval est remplacée par l’opération Barkhane qui continue la lutte contre le djihadisme. Or actuellement, les djihadistes trouvent de nouveaux terrain où se développer vers le Burkina Faso alors que Boko Haram monte en puissance au Nigéria. L’ère Jean-Yves le Drian est donc profondément marquée par cette évolution sécuritaire et stratégique de la France dans son emprise envers ses anciennes colonies. Là encore, des vieux briscards de la Françafrique sont mobilisés dans cette nouvelle orientation, comme le Président tchadien Idriss Deby, dont la longévité au pouvoir depuis 1990 lui a fait connaître les années Pasqua.

    Emmanuel Macron, annonce, lui aussi, sa prétendue volonté de s’écarter des années de la Françafrique, et nomme, après sa victoire à la présidentielle de 2017, Franck Paris au poste de conseiller pour l’Afrique. L’idée de Macron serait de remplacer les réseaux d’influence français en Afrique par un « soft power », permettant à la France de se blanchir tout en conservant son influence dans les anciennes colonies. En ce sens, Franck Paris travaille donc à la création d’un « conseil présidentiel pour l’Afrique », composé d’entrepreneurs, chercheurs, journalistes etc, qui appartiennent à la diaspora africaine en France et qui agiraient en relais entre une diplomatie élyséenne rénovée et la société civile africaine.

    Au final, personne n’est dupe : la nomination du Franck Paris comme la création de ce « conseil présidentiel » n’est qu’un paravent qui cache mal la pérennisation de ces réseaux d’influence.

    Mais c’est sans compter Le Drian et son influence. De la même façon qu’avec Hélène le Gal, Le Drian reprend la main sur la politique africaine et par son approche sécuritaire. De même, la nomination d’Édouard Philippe, directeur des affaires publiques d’Areva de 2007 à 2010 laisse un mauvais signal pour ceux qui voulaient enterrer la Françafrique. Durant cette période, Philippe protège les intérêts d’Areva auprès de l’Assemblée nationale, en particulier sur le sujet des mines d’uranium au Niger. Finalement, personne n’est dupe : la nomination du Franck Paris comme la création de ce « conseil présidentiel » n’est qu’un paravent qui cache mal la pérennisation de ces réseaux d’influence.

    L’année 2017-2018 voit Macron entamer un « règne personnel » sur les sujets africains. Il débute une tournée africaine où il s’adresse directement à la jeunesse. Il vante le « défi civilisationnel de l’Afrique », s’emploie à charmer ses interlocuteurs via des discussions « sans filtre », et ouvre les archives françaises sur l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. De même, en mai 2018, Macron reçoit les deux potentats libyens les plus influents, Fayez Al Sarraj et Khalifa Haftar, et initie les accords de Paris, qui annoncent la tenue d’élections présidentielles pour le 10 décembre 2018 en Libye. C’est sans compter sur la situation locale explosive. L’organisation d’un scrutin est impossible, alors que les Italiens ne souhaitent pas voir la France s’immiscer davantage dans leur ancienne colonie. Donald Trump s’est empressé de soutenir l’Italie, réduisant à néant le poids diplomatique français et entraînant logiquement une humiliation lors de la conférence de Palerme en novembre dernier. Après cette déconvenue lourde de sens pour la position française en Afrique, Le Drian, à nouveau, reprend la main sur la question africaine.

    « Désireux de peser à nouveau dans le jeu libyen et souhaitant stopper l’hémorragie causée par la perte de ces juteux marchés africains, Macron se tourne vers les seuls hommes capables de lui prodiguer l’un comme l’autre : les réseaux Pasqua/Sarkozy ».

    Humilié diplomatiquement et sans poids de premier ordre, Macron doit donc se rallier à l’approche sécuritaire de Le Drian, dont la nomination au quai d’Orsay ne remet pas en question ce tropisme. Sa grande entourloupe de « soft power » est remise aux calendes grecques, et le « conseil présidentiel de l’Afrique » parqué dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD). De plus, la mise au ban des réseaux Pasqua/Sarkozy de la Françafrique a conduit à une quasi indépendance de ces hommes d’affaires. Ils n’hésitent plus à travailler pour des investisseurs étrangers, comme le Qatar, la Turquie, l’Arabie Saoudite, etc… Il en résulte une ouverture des marchés africains qui attirent les investisseurs et que la Chine comme la Russie ne mettent pas longtemps à en voir le potentiel. Or sans ces hommes d’affaires ayant l’oreille des dirigeants africains, la France, mécaniquement, à moins de poids pour faire valoir ses arguments face à ses concurrents. Il en résulte donc une pénétration de la Chine et de la Russie, très visible en Centrafrique, et qui bouscule sérieusement la suprématie française traditionnelle dans la région. Doit-on voir dans le rapprochement entre Macron et Sarkozy le désir de la part du Président de peser à nouveau dans le jeu libyen et de stopper l’hémorragie causée par la perte de ces juteux marchés africains – l’ex-président étant l’un des seuls à même de lui fournir le réseau suffisant pour y parvenir ?

    L’indépendance accrue des réseaux françafricains se matérialise par l’émergence d’une troisième génération de la Françafrique, après les bébés Foccart et les réseaux Pasqua/Sarkozy. Ces nouveaux réseaux, constitués de jeunes loups comme Charki, Djourhi junior ou encore Julien Balkany (le jeune frère du maire de Levallois), qui inaugurent de nouvelles pratiques et de nouvelles méthodes vers une organisation hors-sol qui sera de plus en plus mondialisée.

    Non content de tremper avec les pires réseaux que le milieu d’affaires français est capable de produire pour réparer les erreurs de son aventurisme diplomatique puéril, Emmanuel Macron doit, aujourd’hui, courir après ces personnes afin de les réintégrer dans le giron élyséen.

    Non content de tremper avec les pires réseaux que le milieu d’affaires français est capable de produire pour réparer les erreurs de son aventurisme diplomatique puéril, Emmanuel Macron doit, aujourd’hui, courir après ces personnes afin de les réintégrer dans le giron élyséen. Au prix, probablement, de davantage de révélations dans cette collusion entre le milieu macronien et la Françafrique. Plus largement, ces milieux de la Françafrique ont toujours su graviter autour du pouvoir et se sont réinventés avec une très grande adaptabilité à chaque alternance. Cette force de ces réseaux, tout comme son étendue et sa profondeur au sein des institutions et de l’Histoire de la Vème République, amène une question : sera-t-il possible de tuer le pouvoir de la Françafrique sur l’exécutif sans abolir la Vème République ? Mais le problème peut aussi se poser en sens inverse : serait-il concevable d’abolir la Vème République sans d’abord tuer le pouvoir de la Françafrique ? Finalement, les deux se confondent tant, et partagent une histoire commune au point qu’il est quasiment impossible de les distinguer.

    Pour aller plus loin :

    Beau Nicolas, La maison Pasqua, Paris, Plon, 2002

    Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, 2 tomes, Paris, Fayard-Jeune Afrique, 1995-1997

    Pigeaud Fanny, Ndongo Sylla, L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, la découverte « cahiers libres », 2018

    Turpin Frédéric, Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir,CNRS éditions, 2018.

    Verschave François-Xavier, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, 1998

    Le documentaire de Silvestro Montanaro : « Thomas Sankara…et ce jour là ils ont tués la félicité ». https://www.youtube.com/watch?v=94hBLBThVdo

    Sur la Françafrique version Sarkozy :      https://survie.org/themes/francafrique/article/nicolas-sarkozy-et-la-francafrique

    Un article du monde sur la Françafrique version Hollande : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/07/la-francafrique-ressuscitee-d-hollande-l-africain_4993714_3212.html

    Un article sur les débuts de la Françafrique version Macron : https://survie.org/themes/francafrique/article/emmanuel-macron-en-chef-militaire-au-mali-le-symbole-d-une-francafrique

    Un article sur les amitiés louches de Benalla : https://www.liberation.fr/france/2019/01/06/info-libe-les-amities-louches-de-benalla_1701361

    Source : Le Vent Se Lève, 29 mars 2019

    Tags : France, Afrique, Françafrique, spoliation, colonialisme, pillage,

  • El abecedario de Frantz Fanon

    El pensamiento y acción del escritor, pensador y activista Frantz Fanon es crucial para entender los movimientos emancipadores a partir de los años 60 y 70.

    “Cada vez que la libertad y la dignidad humana se ponen en cuestión, nos concierne a todos, blancos, negros o amarillos (1)”, afirmaba este nativo de Fort-de-France (Martinica) para explicar su compromiso, en 1943, con el Ejército francés de liberación. Pero el joven soldado —herido de gravedad en el pecho por el estallido de un obús— no tardaría en confesar su desilusión: el racismo perduraba en las filas republicanas. Una década más tarde, siendo ya psiquiatra, se incorporó a la lucha por la independencia de Argelia, hasta el punto de presentarse como uno de sus conciudadanos y con el deseo de ser enterrado allí —como así se hizo a principios de los años 60, con tres de sus libros a su lado—. El autor de los ya clásicos Los condenados de la tierra y Piel negra, máscaras blancas consideraba que los análisis marxistas debían ser “ligeramente ajustados” cuando se trataba de pensar el colonialismo: un viaje, en 26 letras, sobre una de las grandes figuras revolucionarias del siglo XX.

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    Antisemitismo: “El antisemitismo me toca de lleno, me conmueve, me provoca un increíble rechazo que me debilita, me niega la posibilidad de ser humano. No puedo desolidarizarme de la suerte reservada a mi hermano. Cada uno de mis actos compromete a la humanidad. Cada una de mis reticencias, de mis miedos, expresa humanidad”. (Piel negra, máscaras blancas)

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    Burguesía nacional: “En el seno de esta burguesía nacional no se encuentran ni industriales ni inversores. La burguesía nacional de los países subdesarrollados no se orienta hacia la producción, la invención, la construcción o el trabajo. Se canaliza por completo hacia actividades de tipo intermedio. Estar en el circuito, en el entramado, tal parece ser su vocación profunda. La burguesía nacional tiene una psicología de hombre de negocios, no de patrón industrial”. (Los condenados de la tierra)

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    Colonialismo: “Reiterémoslo, todo grupo colonialista es racista”. (“Racisme et Culture”, Présence Africaine, junio-noviembre 1956)

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    Deshumanización: “Así pues, durante una primera fase, el invasor instala su dominación, afirma masivamente su superioridad. El grupo social subyugado militar y económicamente es deshumanizado según un método polidimensional”. (“Racisme et Culture”, Présence Africaine, junio-noviembre 1956)

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    Europa: “Es preciso que el tercer mundo retome la historia de la humanidad teniendo en cuenta, al mismo tiempo, las tesis, en ocasiones prodigiosas, defendidas por Europa y, también, los crímenes de Europa, de los cuales los más abominables habrían sido: sobre la persona, la dislocación patológica de sus funciones y el despiece de su unidad. En el marco de una colectividad, la ruptura, la estratificación y las tensiones brutales alimentadas por las clases. Finalmente, en la escala más amplia de la humanidad, los odios raciales, la esclavitud, la explotación y, sobre todo, el genocidio exangüe que supone la marginalización de la mitad de la humanidad”. (Los condenados de la tierra)

    * * *

    FLN: “El FLN interpela a la izquierda francesa y a los demócratas franceses pidiéndoles que apoyen toda huelga iniciada por el pueblo francés en contra del aumento del coste de la vida, contra los nuevos impuestos, las restricciones a las libertades democráticas en Francia, consecuencias directas de la Guerra de Argelia”. («Les Intellectuels et les démocrates français devant la révolution algérienne», El Moudjahid, diciembre 1957)

    * * *

    Genio: “Los nuevos vínculos no deben pasar por la sustitución de una barbarie por otra, ni por una nueva aniquilación del hombre por el hombre. Lo que queremos nosotros, argelinos, es descubrir al hombre tras el colonizador; ese hombre que es, a la vez, agente y víctima de un sistema que le asfixiaba y le reducía al silencio. Por nuestra parte, desde hace varios meses hemos rehabilitado al colonizado argelino. Hemos arrancado al argelino de la opresión secular e implacable. Nos hemos puesto en pie y avanzamos. ¿Quién puede retrotraernos a la servidumbre? Queremos una Argelia abierta a todos, propicia al genio. Así lo deseamos y así lo haremos”. ( L’An V de la révolution algérienne , Maspero, 1959)

    * * *

    Guardia: “El colonizado se mantiene siempre en guardia, descifrando con dificultad los múltiples códigos del mundo colonial. Ya que nunca sabe si ha traspasado o no el límite”. ( Los condenados de la tierra )

    * * *

    Historia: “El colono hace la Historia y es consciente de que la está haciendo. Y como se refiere constantemente a la historia de su metrópolis, deja claro que él es la extensión de esta metrópolis. La historia que escribe no es, por lo tanto, la historia del país que él saquea, sino que es la historia de su nación devastando, violando y matando de hambre”. (Los condenados de la tierra).

    * * *

    Invención: “Serán desalienados los negros y blancos que no se hayan dejado encerrar en la Torre sustancializada del Pasado. Yo soy un hombre, y tengo que llevar conmigo todo el pasado del mundo. De ninguna manera debo extraer del pasado de los pueblos de color mi vocación original. No es el mundo negro quien dicta mi conducta. […] En todas partes del mundo hay gente que se busca. Yo debo recordar en cada instante que el verdadero cambio consiste en introducir la invención en la existencia. Me creo interminablemente en este mundo hacia el que me encamino”. (Piel negra, máscaras blancas)

    * * *

    Jornada: “Es suficiente, para entender esta sensibilidad, con estudiar, con calcular simplemente, la cantidad y la profundidad de las heridas sufridas por el colonizado durante una sola jornada bajo el régimen colonial. En todo caso, hay que recordar que un pueblo colonizado no es simplemente un pueblo dominado. Durante la ocupación alemana, los franceses siguieron siendo hombres”. (Los condenados de la tierra)

    * * *

    Kenia: “En las colonias de poblamiento del tipo Kenia, Argelia o Sudáfrica se ha logrado la unanimidad: solamente la lucha armada provocará la derrota de la nación invasora”. (“Accra: l’Afrique affirme son unité et définit sa stratégie”, El Moudjahid, diciembre 1958)

    * * *

    Liberación: “La verdadera liberación no es esta seudoindependencia en la cual los ministros con responsabilidad limitada compadrean con la economía dirigida por el pacto colonial. La liberación es el fin del sistema colonial, desde la prevalencia del lenguaje del opresor y la transformación en provincias, hasta la unión aduanera que conserva, en realidad, al antiguo colonizado entre las redes de la cultura, la moda y las imágenes del colonialista”. (“Décolonisation et indépendance”, El Moudjahid, abril 1958)

    * * *

    Momificación: “La puesta en marcha del régimen colonial no conlleva de por sí la muerte de la cultura autóctona. Al contrario, a partir del análisis histórico se concluye que el objetivo pretendido es más una agonía continuada que la desaparición total de la cultura preexistente. Esa cultura, antaño viva y abierta hacia el futuro, se encierra, paralizada por el estatuto colonial, atrapada por el yugo de la opresión. A la vez presente y momificada, declara contra sus integrantes. Les define, de hecho, de manera irrevocable. La momificación cultural provoca una momificación del pensamiento individual. La apatía que se aprecia de forma global en los pueblos coloniales no es más que la consecuencia lógica de esta operación”. (“Racisme et Culture”, Présence Africaine, junio-noviembre 1956)

    * * *

    Negociación: “Durante las negociaciones sobre la independencia, se trataron en primer lugar las cuestiones ligadas a los intereses económicos: bancos, zonas monetarias, permisos de exploración, concesiones de explotación, inviolabilidad de las propiedades robadas a los campesinos durante la conquista, etc. De la empresa civilizadora, evangélica o cultural no se dijo una palabra”. (“Vérités premières à propos du problème colonial”, El Moudjahid, julio 1958)

    * * *

    Operación mágica: “Desde hace cuatro años no paramos de repetir a aquellos que ocupan el Parlamento francés que el colonialismo francés no será objeto de ninguna operación mágica y que, por lo tanto, resulta inútil esperar una desaparición progresiva”. (“Lettre à la jeunesse Africaine”, El Moudjahid, mayo 1958)

    * * *

    Pueblo negro: “Existen las mismas diferencias entre un antillano y un dakariano que entre un brasileño y un madrileño. Lo que se busca al englobar a todos los negros bajo el término de ‘pueblo negro’ es arrebatarles cualquier posibilidad de una expresión individual. Para así obligarles a responder de la idea que nos hacemos de ellos”. (“Antillais et Africains”, Esprit, febrero 1955)

    * * *

    Racismo: “El racismo vulgar, en su forma biológica, corresponde al periodo de la explotación brutal de los brazos y piernas del hombre. El perfeccionamiento de los medios de producción provoca el fatal camuflaje de las técnicas de explotación del hombre y, por lo tanto, de esas formas de racismo”. (“Racisme et Culture”, Présence Africaine, junio-noviembre 1958)

    * * *

    Siglo XIX: “Asimismo, frente al extraordinario poder de los hacendados blancos, la abolición de la esclavitud en el siglo XIX se mostró ineficaz para crear una mejora real de la situación de los trabajadores negros. Estos tuvieron que seguir trabajando como jornaleros en las plantaciones y, todavía hoy en día, sus miserables cabañas se levantan junto a la lujosa casa del propietario”. (“Aux Antilles, naissance d’une nation?”, El Moudjahid 1958)

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    Síndrome: “Síndrome norteafricano. Hoy en día, el norteafricano que se presenta a una consulta soporta el lastre de todos sus compatriotas. El de todos aquellos que no tenían más que síntomas, todos aquellos de los que decían: Nada a lo que agarrarse (entiéndase: sin lesión). Pero el enfermo que tengo aquí, frente a mí, cuyo cuerpo me obligo a suponer atravesado por una consciencia, un cuerpo que ya no es un cuerpo completo, o es al menos doblemente cuerpo por el desconcierto y el horror –este cuerpo me pide que le escuche sin demora– me provoca indignación”. (“Le syndrome nord africain”, Esprit, febrero 1952)

    * * *

    Tortura: “La tortura en Argelia no es un accidente, un error o una falta. El colonialismo no se entiende sin la posibilidad de la tortura, la violación o la masacre. La tortura es una modalidad en las relaciones ocupante-ocupado”. (“L’Algérie face aux tortionnaires français”, El Moudjahid, septiembre 1957)

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    Unidad: “La Unidad africana es una base a partir de la cual nos proponemos realizar los Estados Unidos de África sin pasar por la fase nacional chovinista burguesa con su comparsa de guerras y lutos”. (“Cette Afrique à venir”, Por la Revolución africana)

    * * *

    Voz: “Quiero que mi voz sea brutal, no que sea agradable, no la quiero pura, no la quiero transcendente. La quiero rasgada por todas partes, no quiero que se distraiga porque, en resumen, hablo del hombre y de su negación, de la podredumbre cotidiana de la humanidad, de su espantosa renuncia”. (Lettre à un français”, Por la Revolución africana)

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    Wright: “El hombre objeto, sin medios para existir, sin razón de ser, quebrado en lo más profundo de su esencia. Donde el deseo de vivir, de continuar, se hacen cada vez más borrosos, cada vez más fantasmagóricos. Es en ese momento en que aparece el famoso complejo de culpabilidad. Wright en sus primeras novelas da una descripción muy detallada”. (“Racisme et Culture”, Présence Africaine, junio-noviembre 1956)

    * * *

    Youssef: “Con [el bombardeo de] Sakiet Sidi Youssef el pueblo tunecino se ha convencido de que no solamente los franceses pretenden castigarlos por su solidaridad hacia el pueblo argelino sino de que también piensan tomar como pretexto esta solidaridad para reconquistar Túnez, demostrando así, de una vez por todas, que el Magreb es uno y que debe ser dominado por el imperialismo francés”. (“Le sang maghrébin ne coulera pas en vain”, El Moudjahid, febrero 1958)

    * * *

    Zona: “Una conferencia en Berlín pudo repartir el África desmembrada en tres o cuatro banderas. Actualmente, lo que importa no es que tal o tal región de África sea territorio de soberanía francesa o belga: lo que importa es que las zonas económicas estén protegidas”. (Los condenados de la tierra).

    1. Citado por Alice Cherki en Frantz Fanon, portrait, Seuil, 2011.

    El Salto Diario, 23 feb 2019

    Tags : Algérie, Frantz Fanon, colonialisme, peuple oprimmés, lutte de libération, France,

  • Algérie : L’apport des femmes dans le mouvement national de la Révolution – Edification du mouvement national algérien : les oubliées de l’histoire (Exrait Revue Babzman)

    L’histoire de l’Algérie contemporaine a été écrite par des hommes et – nous l’oublions souvent – par des femmes. Elles étaient minoritaires, durant la période qui a précédé le déclenchement de la guerre de Libération mais leurs actions ont été remarquables.

    Par Tarek Hafid

    Elles s’appellent Aldjia, Mamia, Emilie, Nafissa, Fatima et Isa. Des femmes qui ont fait le choix de s’engager en politique durant la première moitié du XXe siècle. Elles ont participé à l’édification du mouvement national algérien, devenant ainsi les premières vraies héritières de la résistante Lalla Fatma N’soumer.

    Ces femmes avaient pour dénominateur commun l’amour de l’Algérie, la jeunesse et la volonté de démontrer qu’elles sont capables de s’affirmer autant que les hommes en politique.

    Emilie, l’anarchiste

    Pourtant, une des premières militantes à lutter contre l’administration coloniale n’était pas algérienne mais française. Fille d’un mineur lorrain, Emilie Busquant a été l’épouse de Messali Hadj, un des pères du mouvement national algérien. Ses biographes la présentent comme une «militante anarcho-syndicaliste, féministe et anticolonialiste».

    Douée d’une grande culture politique, elle a joué un rôle important dans la création de l’Etoile Nord-Africaine, première grande formation algérienne porteuse de revendications indépendantistes. Emilie Busquant est également présentée comme étant la créatrice du drapeau algérien que nous connaissons aujourd’hui. L’emblème avait été présenté en 1934 à des cadres de l’Etoile Nord-Africaine lors d’une réunion tenue au domicile des Messali à Paris. Emilie Busquant décède en 1953, soit une année avant le déclenchement de la Révolution. Son engagement a permis d’ouvrir la voie à d’autres femmes.

    Les six pionnières

    Dans son livre Des Femmes dans la guerre d’Algérie, Danièle Djamila Amrane-Minne explique que durant les années quarante et cinquante, les femmes algériennes «sont absentes de la vie politique». Seul le Parti du peuple algérien, formation fondée par Messali Hadj après l’interdiction de l’Etoile Nord-Africaine, intègre des femmes dans ses structures. «Le PPA a attiré l’élite intellectuelle féminine. En 1946, de jeunes enseignantes et étudiantes adhèrent à ce parti. Cependant, elles ne militent pas avec les hommes. Alger en compte cinq à la fin de cette même année. Conscientes que leurs actions doivent être dirigées vers les femmes, et profitant de l’ouverture du mouvement nationaliste à la légalité, elles imposent, en 1947, la création d’une Association des femmes musulmanes d’Algérie (AFMA). Il leur est plus facile dans ce cadre légal, et uniquement féminin, de toucher les femmes mais leurs activités deviennent surtout socioculturelles», écrit Danièle Djamila Amrane-Minne. L’auteure cite des statistiques du ministère des Anciens Moudjahidine de 1978 : «Sur les 10 949 anciennes combattantes enregistrées, seules 6 ont eu une activité politique avant la guerre.» Il faut cependant reconnaître que l’exclusion n’était pas uniquement le fait des nationalistes algériens, elle était également provoquée par les autorités françaises qui voyaient d’un mauvais œil l’émancipation des femmes.

    Briseuses de tabous

    Dans ce club très restreint figurent des femmes qui ont eu la chance de suivre des études supérieures. Aldjia Benallegue-Nourredine et Nafissa Hamoud ont brisé une série de tabous en devenant docteur en médecine. A la Faculté d’Alger, il y avait très peu d’étudiants «indigènes», alors des étudiantes ! Toutes deux étaient militantes du Parti du peuple algérien au début des années 1940. Elles se sont également impliquées activement sur le terrain, notamment lors des manifestations qui ont conduit aux massacres des civils en 1945.

    Première femme médecin d’Algérie et d’Afrique, Aldjia Benallegue-Nourredine a montré une abnégation sans faille dans le combat qu’elle a mené sur le terrain politique. Vice-présidente du Comité de soutien à l’étudiant maghrébin, elle avait prononcé un discours ouvertement indépendantiste lors d’une réunion à laquelle ont participé plusieurs cadres du Parti du peuple algérien, en faisant référence «au drapeau algérien et à sa flamme sacrée qu’est la jeunesse» ! Les paroles, prononcées en public et reprises par la presse algéroise, avaient provoqué l’étonnement de M’hamed Yazid et de Cheikh Ibrahimi, présents dans la salle.

    Durant la guerre de Libération, aux côtés de son époux, le pharmacien Abdelkrim Benallegue, elle a alimenté les maquis de l’Armée de libération nationale en médicaments et produits pharmaceutiques. Menacée par les ultras de l’Algérie française, elle a dû quitter l’Algérie jusqu’à l’indépendance du pays. Durant les années 1960, elle initie le service de pédiatrie de l’hôpital Parnet d’Alger, établissement qui porte depuis 2002 le nom de sa consœur et militante Nafissa Hamoud.

    Connue à travers le monde pour ses travaux sur la santé de l’enfant, Aldjia Benallegue-Nourredine est décédée comme elle a vécu : dans la plus totale discrétion. Elle a passé les dernières années de sa vie auprès de sa fille en Syrie. Le professeur Benallegue a rendu son dernier souffle le 31 décembre 2015 à Tartous, où elle a été inhumée.

    En participant activement à l’édification du mouvement national algérien, ces femmes – héritières de Lalla Fatma N’soumer – ont permis à des milliers de combattantes de prendre part à la guerre de Libération. Mais à l’indépendance, les moudjahidate ont été les premières victimes «politiques» du système qui s’est installé dès 1962.

    A part quelques sièges à l’Assemblée constituante (seulement 10 sur les 195), elles n’ont eu accès à aucun poste politique. Aucune n’a réussi à obtenir le statut d’officier de la jeune Armée nationale populaire. Pas une seule gradée dans les rangs, alors que nombre d’entre elles étaient, armes à la main, dans les maquis, au sein des structures combattantes de l’OCFLN et des cellules d’espionnage du MALG. Comme une victoire qui laisse un goût amer de défaite.

    T.H.

    Babzman, 7 mars 2017

    Tags : Algérie, Guerre d’Algérie, FLN, Bataille d’Alger,

  • Algérie : « Les filles de la révolution » (Documentaire)

    « Les filles de la révolution », est un documentaire français, réalisé en 1968. Il tend à rendre compte de la situation de la femme dans l’Algérie post-indépendante, au travers de témoignages d’Algériennes engagées dans la lutte pour l’émancipation féminine et qui ont participé à la révolution.

    Ce reportage est très riche en témoignages. Si le ton du journaliste est parfois méprisant, les questions dirigées, et ses remarques douteuses, on demeure fasciné et admiratif à la vue de ces jeunes femmes modernes, militantes et conscientes de la place qu’elles occupent.

    L’une d’elle marque particulièrement les esprits…Un visage angélique, une voix charmeuse et enjouée, de grands yeux pleins de malice et d’espoir… Zohra Sellami (future madame Ben Bella) s’exprime, du haut de ses 24 ans, en toute sagesse et lucidité, face au journaliste français qui l’interviewe…

    Source : Babzman, 28 mars 2019

    Tags : Algérie, Guerre d’Algérie, Bataille d’Alger, Zohra Sellami, révolution, guerre de libération, colonialisme, 

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=SiKPaJgAnZ8&w=560&h=315]
  • Maroc – Rif : Biographie de l’Emir Abdelkrim El Khattabi

    INTRODUCTION

    Abdelkrim El Khattabi (né vers 1882 à Ajdir au Maroc et décédé le 6 février 1963 au Caire en Égypte), de son nom complet Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, était un chef militaire rifain, du Rif, zone berbère au nord-est du Maroc. Il est devenu le chef d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc, puis l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme. Il prendra le flambeau de la résistance après la défaite de Mouha ou Hammou Zayani, son compagnon le fqih Belarbi Alaoui dit Cheikh Elislam se rallia à la cause d’Abdelkrim pour continuer la lutte contre les espagnols et les français.

    BIOGRAPHIE

    Né à Ajdir au Maroc, fils d’un cadi (juge en arabe) du clan Ait Yusuf de la tribu Aït Ouriaghel (ou Waryaghal), Abd el-Krim a été instruit dans des zaouïas traditionnelles et des écoles espagnoles, finalement son éducation à l’ancienne université de Quaraouiyine à Fès, suivit de trois ans en Espagne où il étudia la mine et la technologie militaire. Entre 1908 et 1915 il fut journaliste au quotidien de Melilla, où il préconisait la laïcité et la coopération avec les occidentaux afin de libérer la Oumma de l’ignorance et du sous développement.

    Il entra dans l’administration espagnole, et fut nommé Cadi chef de Melilla en 1915. À cette époque-là, il commença à s’opposer à la domination espagnole, et en 1917 il fut emprisonné pour avoir dit que l’Espagne ne devrait pas s’étendre au-delà des territoires déjà occupés (qui en pratique excluait la plupart des zones incontrôlées du Rif) et exprimant sa sympathie pour la cause allemande pendant la Première Guerre Mondiale. Peu après s’être échappé, il revint à Ajdir en 1919 et, avec son frère, il commença à unir les tribus du Rif dans une République du Rif indépendante. Pour cette cause, il essaya d’apaiser les inimitiés entre les tribus existantes.

    En 1921, comme une retombée inattendue de leurs efforts pour détruire la puissance de Raisuni, un brigand local, les troupes espagnoles approchent des secteurs inoccupés du Rif. Abdelkrim envoie à leur général Manuel Fernández Silvestre un avertissement : s’ils franchissent le fleuve Amekran, il le considérerait comme un acte de guerre. Fernández Silvestre aurait ri en prenant connaissance du message. Le général installe un poste militaire sur le fleuve à Abarrán. Le même jour au milieu de l’après-midi mille rifains l’avait encerclé ; 179 militaires espagnols furent tués, forçant le reste à la retraite. Les jours qui suivirent après plusieurs escarmouches sanglantes pour les troupes de Fernández Silvestre un événement inattendu se produisit. En effet méprisant Abdelkrim, Fernández Silvestre décide de le défier, et avec 3 000 hommes Abdelkrim parvient en deux jours, grâce à la ruse, à vaincre l’Espagne. Pour l’Espagne, la bataille d’Anoual a été un véritable désastre. Elle y a perdu près de 16.000 soldats, récupéra 24.000 blessés 150 canons et 25.000 fusils. En outre, 700 soldats espagnols ont été faits prisonniers. Il s’agit aussi de la première défaite d’une puissance coloniale européenne, disposant d’une armée moderne et bien équipée devant des résistants sans ressources, sans organisation, sans logistique ni intendance.

    La victoire d’Anoual a eu un immense retentissement non seulement au Maroc mais aussi dans le monde entier. Elle a eu d’immenses conséquences psychologiques et politiques, puisqu’elle allait prouver qu’avec des effectifs réduits, un armement léger, mais aussi une importante mobilité, il était possible de vaincre des armées classiques.

    Fort de son succès, Abdelkrim proclame en 1922 la République confédérée des Tribus du Rif, un embryon d’État berbère. Cette république eut un impact crucial sur l’opinion internationale, car ce fut la première république issue d’une guerre de décolonisation au XXe siècle. Il créa un parlement constitué des chefs de tribus qui lui vota un gouvernement.

    En 1924, l’Espagne retire ses troupes dans ses possessions le long de la côte marocaine. La France, qui de toute façon avait des prétentions sur le Rif méridional, se rendit compte que laisser une autre puissance coloniale se faire vaincre en Afrique du Nord par des indigènes créerait un dangereux précédent pour ses propres territoires, et rentra dans le conflit. Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines pour constituer le noyau d’un mouvement de libération marocain préalable à un vaste mouvement de décolonisation, Abdelkrim demanda au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, en raison de la pression de la résidence générale française à Rabat, refusa de lutter contre les puissances coloniales.

    L’entrée de la France en guerre ne se fait pas attendre mais la pression de l’opinion publique aussi bien européenne qu’internationale, subjuguée par cette résistance rifaine, rend la tâche plus ardue et conduit au renvoi du résident général le maréchal Hubert Lyautey.

    À partir de 1925, Abdelkrim combat les forces françaises dirigées par Philippe Pétain à la tête de 200 000 hommes et une armée espagnole commandée personnellement par Miguel Primo de Rivera, soit au total de 450 000 soldats, commença des opérations contre la République du Rif. Le combat intense dura une année, mais par la suite les armées françaises et espagnoles combinées – utilisant, entre autres armes, l’ypérite – furent victorieuses des forces d’Abdelkrim.

    Après la menace de génocide, Abdelkrim se rend comme prisonnier de guerre, demandant à ce que les civils soient épargnés. Il n’en sera rien, les puissances coloniales ne peuvent tolérer qu’un tel soulèvement reste impuni. Ainsi dès 1926 des avions munis de gaz moutarde bombarderont des villages entiers faisant des marocains du Rifs les premiers civils gazés massivement dans l’Histoire, à côté des kurdes iraqiens gazés par les britanniques. On estime à plus de 150 000 le nombre de morts civil durant les années 1925-1926, mais aucun chiffre crédible ne peut être avancé.

    En 1926, Abd el-Krim est exilé à la Réunion, où on l’installe d’abord jusqu’en 1929 au Château Morange, dans les hauteurs de Saint-Denis. Quelques années passent. Il devient habitant de la commune rurale de Trois-Bassins, dans l’ouest de l’île, où il achète des terres et construit une belle propriété. Il y vit douze à quinze ans. En mai 1947, ayant finalement eu l’autorisation de s’installer dans le sud de la France, il embarque à bord d’un navire des Messageries Maritimes en provenance d’Afrique du Sud et à destination de Marseille avec 52 personnes de son entourage et le cercueil de sa grand-mère, le Katoomba.

    Arrivé à Suez où le bateau fait escale, il réussit à s’échapper et passa la fin de sa vie en Égypte, où il présidera le « Comité de libération pour le Maghreb arabe ». Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi meurt en 1963 au Caire où sa dépouille repose encore. Au sortir de l’indépendance, la répression d’une révolte du Rif fait plus de 8 000 morts entre 1958 et 1961. Il refusa de rentrer au Maroc après l’indépendance, mais sa dépouille y fut ramenée à la demande du roi Hassan II.

    Source : Blog L’Emir Abdelkrim El Khattabi, 12 fév 2017

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Abdelkrim El Khattabi, Republique du Rif, colonialisme, guerre de libération, guerre de guérrilla,

  • Le jour où Abdelkrim El Khattabi a créé la polémique au Liban

    Histoire : La vérité sur l’hymne national libanais

    Alain Hardane

    Une grande polémique a débuté au Liban après la diffusion d’un reportage à la télévision basé sur le documentaire de Simone Bitton produit en 2001, Ben Berka : l’équation marocaine.

    On voit le roi marocain Mohamed V Ben Youssef (1909-1961) et non Ben Berka, sur un tracteur entouré de paysans avec une musique de fond: un hymne et non pas lequel !

    Ce qui a attiré l’attention du grand public était la ressemblance totale entre l’hymne national libanais et cette musique dans le documentaire. D’après un reportage télévisé et plusieurs articles dans la presse libanaise, la première analyse réfère cette musique à l’hymne de la République du Rif Amazigh (Berbère) dont le texte est écrit en 1924 par le poète palestinien Ibrahim Toqan (1905-1941) qui a vécu à Beyrouth alors que la composition musicale est signée par le libanais Mohamed Flayfel (1899-1985).

    Le choc c’est que l’hymne national libanais écrit par Rachid Nakhlé et composé par Wadih Sabra date de 1927 alors il a vu le jour selon cette hypothèse après celui du Rif berbère « non arabe » ! Cette découverte est considérée comme une affaire nationale au Liban.

    Pourquoi ne pas penser à une autre hypothèse ! L’inverse !!!

    Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, né vers 1882 à Ajdir au Maroc, mort le 6 février 1963 au Caire en Égypte, est un résistant marocain du Rif, au nord-est du Maroc dit espagnol, car le Maroc actuel fut partagé à l’époque entre les deux puissances française et espagnole en quatre zones : Tanger l’internationale, Le Maroc Espagnol du Nord et du Sud et le Maroc Français.
    Il est devenu le chef d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc, lors de la Guerre du Rif, puis l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme.

    Abdelkrim El Khattabi avait établi la République du Rif berbère (la région du nord du Maroc) en 1921 alors que sa chute a eu lieu après une offensive militaire franco-espagnole en 1927.
    Les Berbères se caractérisent par des spécificités linguistiques, culturelles et ethniques. On distingue plusieurs formes de langues berbères : chaoui, chleuh, rifain, chenoui, kabyle, mzabi, zenati, tamasheq sont les plus importantes composantes du Tamazight (c’est-à-dire « langues des Imazighen »).

    En 1926, Abdelkrim El Khattabi le leader berbère de la République du Rif est exilé et en mai 1947, il a eu l’autorisation de s’installer au sud de la France. Arrivé à Suez où le bateau fait escale, les nationalistes maghrébins l’ont convaincu de descendre en Egypte, après trois jours de négociations ! Il accepta et passa la fin de sa vie en Égypte. Il meurt en 1963 au Caire.

    Alors c’est simple comme bonjour !

    Conclusion première, même si quelqu’un a composé le texte et la mélodie, Abdelkrim El Khattabi n’en n’avait pas besoin et ne l’avait et ne l’aurait jamais adopté comme hymne officiel pour la République du Rif surtout que les rifains ne comprennent rien de la langue arabe courante « Al-darij » et encore beaucoup moins l’arabe littéraire!!! Si on compare la situation caricaturalement, c’est comme s’il y avait un hymne national pour le Liban mais en persan ou en turc !!!

    Donc dans tous les cas, cet hymne n’avait aucune utilité et en plus on peut affirmer l’impossibilité de son adoption par Abdelkrim El Khattabi à cause de la différence culturelle, linguistique et idéologique entre l’arabe et le tamazight.

    Ce qui est sûr à ce stade, c’est que la République du Rif n’avait pas d’hymne national, reconnu comme tel. Elle avait un drapeau, une monnaie, (symbolique surtout) et un gouvernement.

    Du côté espagnol, des chercheurs ont consulté leurs archives, personne n’a mentionné d’hymne! En plus, après la lecture de beaucoup de rapports des officiers français, aucun n’a jamais prononcé un mot sur l’existence d’un hymne. Même l’officier français (et grand sociologue du protectorat), Robert Montagne, qui a passé 24 heures avec Abdelkrim El Khattabi avant sa reddition, n’a jamais parlé d’hymne !!!

    D’autre part, les Marocains, socialistes arabistes et nationalistes arabes ont essayé tout le temps de singer le Moyen-Orient. Donc à part le texte, la musique date de l’euphorie de l’indépendance marocaine en 1956 avec le roi, et ça vient de la télévision marocaine !

    C’est vrai que Ibrahim Tawqan (1905- 1941) a écrit « Nachid Batal al Rif, Abdelkrim El Khattabi » mais ça revient probablement à un marocain qui a « volé » quelques vers du poème de Ibrahim Toqan et les a habillés avec la musique de l’hymne national libanais puisque c’est la télévision marocaine qui passe le chant avec l’image du roi Mohamed V, donc à sa gloire.

    Aussi c’est clair que le chant ne parle pas de Ben Berka, ni de près ni de loin ! Il paraît que les gens ont cru que Ben Berka est la continuité de Abdelkrim El Khattabi, et bien non, entre les deux c’est le ciel et la terre.

    Ajoutons que le compositeur libanais Mohamed Flayfel (1899-1985) n’avait pas émis aucune objection contre Wadih Sabra et n’a jamais déclaré qu’il a signé lui-même cet hymne et que ça revient à lui! En plus toutes les compositions étaient signées par « les frères Flayfel » et jamais par Mohamed Flayfel tout seul.

    Finalement ce n’est pas logique que les Français du mandat au Liban acceptent la musique du même hymne du Rif berbère révolutionnaire et anticolonial pour l’adopter dans le « Grand Liban » de 1920 qui était en très bons termes et en relation hyper étroite avec la France connue par la « Tendre mère » à l’époque.

    Reste à savoir où le documentaire sur Ben Berka a trouvé la bande son, et dans quelles archives. C’est cela qui va éclairer la chose. D’ici il faut demander à la télévision marocaine ou au réalisateur du film de Ben Berka les origines des images et la musique pour voir la note qui l’accompagne afin de connaître le « cloneur » de cet hymne à l’époque de l’indépendance du Maroc en 1956 dans le but d’avoir la preuve…c’est tout !

    Il y a une impossibilité que cet hymne revient au Rif Amazighe. L’hymne national libanais de 1927 est sans doute « Libanais » et point à la ligne.

    Alain Hardane (Libanais)
    Géographe- chercheur

    Source

    Tags : Maroc, Liban, Abdelkrim El Khattabi, Rif, Hirak, hymne national, protectorat, colonialisme,

  • Maroc: Biographie d’Abdelkrim Al Khattabi

    Né vers 1882 à Ajdir, Maroc et mort le 6 février 1963 au Caire, Egypte. Membre du Rif et icône de la lutte anticolonialiste marocaine contre la France et l’Espagne, notamment lors de la Guerre du Rif1.

    Jeunesse et parcours éducatif.

    – Fils d’un cadi(2) rifain, Abdelkrim a passé sa jeunesse dans les zaouïas traditionnelles, les écoles espagnoles puis l’université de Fès, pour terminer son éducation en Espagne (études des mines et technologie militaire). Il devient un temps journaliste au quotidien de Melilla où il « prêchait » pour la laïcité et la coopération avec les occidentaux. Il est finalement nommé cadi chef de Melilla en 1915.

    Vers la guerre du Rif.

    – Malgré ses positions pro-occidentales, il s’oppose à la domination espagnole, ce qui lui vaut l’emprisonnement dès 1917. Dès 1919, après son évasion, il travaille à apaiser les tensions entre tribus du Rif afin de
    former une République du Rif indépendante.

    – Mais ce n’est qu’en 1921 que le combat armé débute. Il informe les troupes espagnoles que franchir le fleuve rifain Arnekran serait considéré comme acte de guerre, ce que le général espagnol préfère ignorer ; 179 Espagnols sont ainsi tués, les autres menés en retraite. Malgré d’autres escarmouches, le général continue de défier le Marocain qui vainc les troupes espagnoles à la tête de 3000 hommes à la bataille d’Anoual3.

    – Fort de son succès, Abdelkrim proclame en 1922 la République confédérée des Tribus du Rif. Cette république eut un impact crucial sur l’opinion internationale, car ce fut la première république issue d’une guerre de
    décolonisation au XXe siècle. Il créa un parlement constitué des chefs de tribus qui lui vota un gouvernement (création monnaie, banque d’état, justice moderne et indépendante, infrastructures routières, téléphoniques, télégraphiques, irrigation, sécurité, écoles).

    – En 1924, l’Espagne retire ses troupes de ses possessions de la côte marocaine. La France, voulant s’emparer du Rif méridional, entre dans le conflit. Abdelkrim demande au sultan Moulay Youssef de se joindre à lui, mais sans succès, du fait des pressions françaises.

    – Dès 1925, Abdelkrim combat les forces françaises dirigées par Philippe Pétain et une armée espagnole commandée personnellement par Miguel Primo de Rivera. Au bout d’un an, ces troupes furent victorieuses.

    Abdelkrim se constitue alors prisonnier, voulant épargner ainsi les civils, mais les Occidentaux, voulant punir un tel soulèvement, bombardent les villages à l’ypérite4.

    L’exil.

    – En 1926, Abd el-Krim est exilé à la Réunion. Il reste jusqu’en 1929 à Saint-Denis, puis se rend dans l’ouest de l’île.

    – En mai 1947, il reçoit l’autorisation de s’installer dans le sud de la France, et embarque à bord d’un navire des Messageries Maritimes à destination de Marseille. Arrivé à Suez où le bateau fait escale, il réussit à s’échapper etpassa la fin de sa vie en Égypte, où il présidera le « Comité de libération pour le Maghreb arabe ».

    Bibliographie :

    Courcelle-Labrousse V. et Marmié N., La guerre du Rif : Maroc 1921-1926, Seuil, Paris, 2009.

    1921-1926 : guerre coloniale opposant les tribus rifaines contre les armées espagnoles (et français dès 1925).

    2) Juge islamique.

    3) Juillet 1921 : première défaite d’une puissance coloniale depuis la fin du XIXe siècle. Pertes espagnoles : 16 000 soldats, 150 canons, 25 000 fusils, 24 000 blessés et 700 prisonniers.

    4) Gaz moutarde, du nom de la ville d’Ypres en Belgique.

    Tags: Maroc, Hirak, Rif, Guerre du Rif, France, Protéctorat, colonialisme,

  • Maroc-Rif: Lettre adressée par Abdelkrim aux Chefs d’Etat des grandes puissances européennes et à la Société des Nations à Genève le 6 septembre 1922.

    Aux nations civilisées

    Nous avons déjà adressé des communications aux ambassadeurs de certaines puissances à Tanger, en leur exprimant nos griefs à l’égard de l’Espagne et nous ignorons si notre correspondance vous est parvenue. Aujourd’hui, nous faisons appel encore une fois à vos sentiments humanitaires et nous vous demandons d’agir pour le bien-être de l’humanité entière indépendamment de toute religion ou de toute croyance. Il est temps que l’Europe, qui a proclamé au XXème siècle sa volonté de défendre la civilisation et d’élever l’humanité, fasse passer ces nobles principes du domaine de la théorie à celui de la pratique ; il est temps qu’elle se dresse pour défendre les humiliés contre les agresseurs et qu’elle défende, face aux puissants, les droits des faibles que leur sens traditionnel de la dignité ne peut mener, sans apport de secours extérieurs, qu’à une seule fin : l’autodestruction.

    Le Rif est actuellement le théâtre d’une guerre, une guerre injustifiée aux yeux du seigneur, qui causera la destruction inutile de beaucoup d’Espagnols et de Rifains.

    Les Espagnols croient que l’Europe les a chargés de réformer et de civiliser le Rif. Mais les Rifains demandent : » Est-ce que la réforme consiste à détruire des maisons en utilisant des armes interdites, est-ce qu’elle consiste à s’ingérer dans la religion d’autrui ou à usurper ses droits ? Ou bien n’est-elle qu’un mot pour désigner l’annexion de la terre des autres sous couvert de protection ? L’objectif de la protection est de préserver les droits et de protéger les sujets en question, et l’Europe peut constater à l’heure actuelle que nous avons besoin de quelqu’un qui nous protège contre l’agression de ce pouvoir qui s’attaque à notre liberté, notre indépendance, notre honneur et nos femmes.

    Le soulèvement du Rif est le résultat de l’oppression et des abus de pouvoir par des jeunes Espagnols placés ici à des postes de commande. Ils ont autorité même sur les grands docteurs Musulmans, les fonctionnaires civils et les troupes indigènes ; c’est ainsi qu’ils ont commencé à prendre possession de la terre et des gens – ce qui nous rappelle les temps de la barbarie -, mais par le simple fait de porter le nom d’Européens, ils prétendent être des gens civilisés, alors qu’en réalité, loin d’être des réformateurs ou des protecteurs, ils ne sont que des conquérants aveugles.

    Le Rif a mené une existence libre et ses hommes sont sacrifiés actuellement dans la défense de leur liberté et de leur religion.

    Le Rif ne s’oppose pas à la civilisation moderne ; il n’est pas non plus opposé aux projets de réforme ni aux échanges commerciaux avec l’Europe. Le Rif aspire à l’établissement d’un gouvernement local : c’est un point fondamental pour la protection de ses propres droits ainsi que des droits des étrangers, conformément aux clauses des accords commerciaux qui lient les puissances européennes aux puissances d’Afrique occidentale. Mais le Rif ne veut pas que les rênes du pouvoir soient aux mains d’hommes qui reçoivent de l’or étranger en paiement de leur autorité et de leur patriotisme, qui livrent la terre et ses habitants à ceux qui leur offrent de l’argent et qui ne se soucient que de veiller à leurs seuls intérêts personnels. Ces hommes, sous le couvert de titres divers qui leur ont été conférés, ne sont à l’heure actuelle que les instruments des intérêts des Espagnols, et n’ont aucun égard pour la loi islamique et pour les coutumes nationales.

    Le Rif est soucieux d’établir un système de gouvernement pour lui seul, qui dépende uniquement de sa propre volonté ; il veut établir ses propres lois et ses traités commerciaux afin d’être le protecteur de ses droits sur le plan intérieur et international. L’Europe ne peut refuser un gouvernement de ce genre, tant qu’il ne s’oppose en aucune façon aux droits des Européens ou aux réformes ou à la civilisation.

    L’Europe entend qu’il existe au Rif un soi-disant « Khalife » avec un « Protectorat espagnol » et des « Protecteurs ». Elle peut donc penser que ceux-ci sont établis constitutionnellement et qu’ils gouvernent en toute justice. Il n’en est rien.

    Le Rif a déjà fait appel à l’aide de ceux qui en Europe ont un sens de la justice, il a adressé une communication aux représentants des puissances, et il se trouve encore en armes pour chasser les destructeurs, dans l’attente d’une réponse des nations civilisées. Si celles-ci interviennent, et règlent le problème d’une manière satisfaisante pour le Rif et protègent les droits des deux parties, le Rif aurait alors la certitude que ces réclamations en faveur de l’humanité et de la civilisation étaient bien fondées; mais si elles se tiennent à l’écart et ne convoquent pas une conférence à laquelle les chefs du Rif seraient invités pour établir le bien-fondé de leurs déclarations et se charger d’exécuter tout accord conclu, il sera clair que l’Europe ne cherche qu’à lutter contre tout le monde Musulman avec n’importe quelles armes et par n’importe quel moyen.

    Cependant, nous ne pouvons pas penser que la conscience de ceux qui tiennent les rênes politiques du monde civilisé, qu’ils soient Présidents ou Princes, puisse accepter avec sérénité une telle ignominie ; nous entendons ici particulièrement les pays que des liens solides unissent au monde de l’Islam. C’est le temps lui-même qui comblera ou détruira nos espoirs et l’opinion des justes estimant le moment venu nos espoirs à leur vraie valeur.

    Quel était le but de l’Europe en réunissant la conférence d’Algésiras ?

    Cherchait-elle à établir la loi et l’ordre, à promouvoir le bien public et garantir la prospérité économique ? Si le motif était bon et exempt de toute convoitise ou de toute visée politique ou militaire (comme nous croyons qu’il le fut sans aucun doute), il répond exactement aux vœux du Rif. Le Rif n’a aucune objection d’aucune sorte à ces conditions. Tout ce qu’il veut est de se débarrasser de l’oppression espagnole, de l’agression militaire et établir son propre gouvernement local, avec une administration qu’il contrôlera lui-même.

    Est-ce que l’Europe trouve dans ce souhait quoi que ce soit de nuisible à ses intérêts ou une atteinte aux droits de ses communautés ? Y a-t-il quelque préjugé racial ou national qui l’oblige à fermer les portes de ses cercles politiques à ceux qui souffrent sous le joug espagnol ? Si l’Europe n’est pas prête à entendre les doléances du Rif et si elle considère que celles-ci sont loin de la vérité, laissons-la découvrir la vérité par la bouche des Espagnols mêmes, par ceux qui ont déclaré à leur parlement qu’il était nécessaire de se retirer à cause de leur échec et des outrages commis par les soldats et d’autres éléments, qui ne leur ont pas permis d’apaiser l’indignation et la colère du Rif.

    Voici les doléances que nous vous adressons ouvertement, ô, nations civilisées de l’Europe ! Que la paix soit sur vous !

    Source: Espana y el Rif, Maria Rosa de Madariaga.

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  • Pourquoi les pays africains payent un impôt colonial en France malgré leur indépendance?

    Le saviez-vous? Aujourd’hui encore, beaucoup de pays africains continuent de payer un impôt colonial en France, et ce malgré l’indépendance !

    Pour les pays nouvellement indépendant il fallut trouver des compromis avec la France. Sylvanus Olympio, le premier président de la République du Togo, un petit pays d’ Afrique de l’Ouest, trouva une solution susceptible de calmer les Français :

    Ne voulant pas continuer à subir une domination française, il refusa de signer le pacte colonisation proposé par De Gaule, mais accepta en contrepartie de payer une dette annuelle à la France pour les soi-disant avantages obtenus lors de la colonisation française.

    Ce furent les seules conditions de la France pour ne pas détruire le pays avant de partir. Toutefois, le montant estimé par la France était si grand que le remboursement de la soi-disant « dette coloniale » était proche de 40 % du budget du pays en 1963.

    Dès lors, la situation financière du Togo tout juste indépendant fut très instable, et afin de se sortir de cette situation, Olympio décida de sortir du système monétaire mis en place par la France coloniale le FCFA ( franc des colonies françaises d’Afrique ), et créa la monnaie du pays.

    Le 13 Janvier 1963, trois jours après , qu’il ai commencé à imprimer les nouveaux billets, une escouade de soldats (soutenus par la France) s’empara et tua le premier président élu de l’Afrique indépendante : Olympio fut exécuté par un ex Légionnaire français, le sergent de l’armée Etienne Gnassingbé qui, au passage, reçu à ce moment une prime de 612 dollars de l’ambassade française locale pour le succès de sa mission.

    Le rêve de Olympio était de construire un pays indépendant et autonome. Mais l’idée ne correspondait pas aux volontés françaises.

    Le 30 Juin 1962, Modiba Keita, le premier président de la République du Mali , décida également de se retirer du système monétaire FCFA ( imposé à 12 pays africains nouvellement indépendants ).

    En effet, pour le président malien, qui se penchait plus vers une économie socialiste, il était clair que la colonisation qui perdurait avec ce pacte avec la France, devenait un piège, un fardeau pour le développement du pays.

    Le 19 Novembre 1968, comme, Olympio, Keita sera victime d’ un coup d’état menée par un autre ex légionnaire français des Affaires étrangères, le lieutenant Moussa Traoré.

    De fait, durant cette période turbulente où l’Afrique combattait à se libérer du joug de la colonisation européenne, la France usera à nombreuse reprises de mercenaire anciennement affiliés à la légion étrangère pour réaliser des opérations coup de poings contre les présidents nouvellement élus :

    Au 1er Janvier 1966, Jean- Bedel Bokassa, ex légionnaire français, portait un coup d’état contre David Dacko, le premier président de la République centrafricaine.

    Le 3 Janvier 1966, Maurice Yaméogo, le premier président de la République de Haute-Volta, aujourd’hui appelé Burkina Faso, a été victime d’un coup porté par Aboubacar Sangoulé Lamizana, un ex légionnaire français qui a combattu avec les troupes françaises en Indonésie et en Algérie contre ces pays l’indépendance

    Le 26 Octobre 1972 Mathieu Kérékou qui était un garde de sécurité au président Hubert Maga, le premier président de la République du Bénin, a porté un coup d’état contre le président, après avoir fréquenté les écoles militaires françaises de 1968 à 1970.

    En fait , au cours des 50 dernières années, un total de 67 coups état qui se sont passés dans 26 pays en Afrique, 16 de ces pays sont des ex- colonies françaises, ce qui signifie que 61 % des coups d’états en Afrique ont été initiés dans d’anciennes colonies françaises.

    Nombre De Coups En Afrique Par Pays
    Ex colonies françaises

    Autres pays africains

    Pays                                  Nombre de coup d’état

    Togo                                   1

    Egypte                                1

    Tunisia                               1

    Libye                                  1

    Cote d’Ivoire                      1

    Equatorial Guinea            1

    Madagascar                        1

    Guinea Bissau                  2

    Rwanda                              1

    Liberia                                2

    Algeria                                2

    Nigeria                                3

    Congo – RDC                      2

    Ethiopia                             3

    Mali                                     2

    Ouganda                            4

    Guinea Conakry               2

    Soudan                              5

    Congo                                3

    Tchad                                3

    Burundi                            4

    Central Africa                 4

    Niger                                4

    Mauritania                      4

    Burkina Faso                   5

    Comores                           5

    Comme ces chiffres le démontrent, la France est tout à fait désespérée, mais active à conserver une forte emprise sur ses colonies peu importe comment, peu importe le prix.

    En Mars 2008, l’ancien président français Jacques Chirac a déclaré:

    «Sans l’Afrique, la France va glisser vers le bas dans le rang de troisième puissance [ du monde ] “

    Le prédécesseur de Jacques Chirac François Mitterrand déjà prophétisé en 1957 que : «Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’ histoire au 21e siècle”

    En ce moment même où j’écris cet article , 14 pays africains sont obligés par la France , à travers le pacte colonial , de mettre 85% de leurs réserves à la banque centrale de France sous le contrôle du ministère des finances français. Jusqu’à maintenant , en 2014, le Togo et environ 13 autres pays africains doivent encore payer la dette coloniale en France . Les dirigeants africains qui refusent sont tués ou victimes de coup d’état . Ceux qui obéissent sont soutenus et récompensés par la France grâce à style de vie somptueux, tandis que leurs populations endurent la misère et le désespoir.

    Un tel système maléfique, est dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se passer de ce système colonial qui lui offre une trésorerie d’environ 500 milliards de dollars en provenance de l’Afrique, et ce par année.

    Nous accusons souvent les dirigeants africains de corruption et de servir les intérêts des nations occidentales, mais il y a une explication claire de ce comportement . Ils se comportent ainsi parce qu’ils ont peur d’être tués ou d’être la victime d’un coup d’état. Ils veulent s’allier à une nation puissante pour se sauvegarder en cas d’agression ou de difficultés. Mais, contrairement à une protection amicale, la protection de l’Ouest est souvent offert en échange du renoncement à servir leur propre peuple ou les intérêts des nations.

    Les dirigeants africains travailleraient dans l’intérêt de leur peuple s’ils n’étaient pas constamment harcelés et intimidés par les pays coloniaux.

    En 1958 , effrayé des conséquences de son choix d’indépendance face à la France , Léopold Sédar Senghor a déclaré: « Le choix du peuple sénégalais, c’est l’indépendance, ils veulent qu’elle ait lieu seulement dans l’amitié avec la France , pas en litige. “

    Dès lors la France a accepté qu’une « indépendance sur le papier” pour ses colonies , mais a signé en parallèle des ” accords de coopération “, précisant la nature de leurs relations avec la France, en particulier les attaches envers la monnaie ( le Franc ), le système éducatif français, les ententes militaires et les préférences commerciales.

    Voici les 11 principales composantes de la poursuite du pacte de colonisation depuis les années 1950 :

    1 . La Dette Coloniale Pour Les Avantages De La France Colonisation
    Les pays nouvellement «indépendants» doivent payer pour l’infrastructure construite par la France dans le pays pendant la colonisation.

    Je dois encore trouver les détails sur les montants, l’évaluation des avantages coloniaux et les conditions de paiement imposées aux pays africains, mais nous y travaillons ( nous aider avec des informations ).

    2 . Confiscation Automatique Des Réserves Nationales
    Les pays africains doivent déposer leurs réserves monétaires nationales en France à la banque centrale.

    La France a tenu des réserves nationales de quatorze pays africains depuis 1961 : Bénin, Burkina Faso, Guinée- Bissau, Côte-d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo -Brazzaville, la Guinée équatoriale et le Gabon.

    La politique monétaire régissant un tel regroupement diversifié de pays est simple car il est, géré par le Trésor français , sans en référer aux autorités fiscales centrales comme l’UEMOA ou de la CEMAC. Selon les termes de l’accord qui a été mis en place par la banque centrale du CFA, chaque Banque centrale de chaque pays africain est obligée de garder au moins 65 % de ses réserves de change dans un « compte d’opérations » tenu au Trésor français, ainsi qu’un autre 20 % pour couvrir les passifs financiers.

    Les banques centrales CFA imposent aussi un plafond sur le crédit accordé à chaque pays membre à l’équivalent de 20 % des recettes publiques de ce pays sur l’année précédente. Même si la BEAC et la BCEAO ont une facilité de découvert auprès du Trésor français, les traites sur les facilités de découvert sont sous réserve du consentement du Trésor français. Le dernier mot est celui de la Trésorerie française qui a investi les réserves étrangères des pays africains en son propre nom à la Bourse de Paris.

    En bref , plus de 80% des réserves de change de ces pays africains sont déposées dans les « comptes d’opérations » contrôlés par le Trésor français . Les deux banques CFA sont africaines de nom, mais n’ont pas de politiques monétaires propres. Les pays eux-mêmes ne savent pas, ne sont pas informés, à hauteur de combien la réserve de change détenues par le Trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement.

    Les gains de l’investissement de ces fonds du Trésor français sont censés être ajouté à la réserve de change, mais il n’y a pas de comptabilité transmise aux banques ou aux pays, ni les détails de ces modifications. « Seul un groupe restreint de hauts fonctionnaires du Trésor français connaissent les montants figurant dans les « comptes d’opérations » où ces fonds sont investis ; si il y a un bénéfice sur ces investissements ; ils ont interdiction de divulguer ces informations aux banques CFA ou aux banques centrales des états africains. ” écrit le Dr Gary K. Busch

    Il est estimé que la France gère près de 500 milliards d’argent africain dans sa trésorerie, et ne fait rien pour mettre un peu de lumière sur ce côté sombre de l’ancien empire.

    La finalité reste : Les pays africains n’ont pas accès à cet argent.

    La France leur permet d’accéder à seulement 15 % de leur argent par an. S’ils ont besoin de plus, les pays africains doivent emprunter, à des taux commerciaux, sur les 65% de leur argents détenu au Trésor français.

    Pour rendre les choses plus tragiques , la France impose un plafond sur le montant de l’argent que les pays peuvent emprunter à la réserve . Le plafond est fixé à 20 % de leurs recettes publiques de l’année précédente. Si les pays ont besoin d’emprunter plus de 20% de leur propre argent, la France a un droit de veto.

    L’ancien président français Jacques Chirac a récemment parlé de l’argent des pays africains dans les banques en France. Voici une vidéo qui parle du système d’exploitation français. Voici une courte transcription de l’extrait : “Nous devons être honnêtes et reconnaître qu’une grande partie de l’argent dans nos banques viennent précisément de l’exploitation du continent africain”.

    3 . Droit De Priorité Sur Toute Ressource Brute Ou Naturel Découvert Dans Le Pays

    La France a la priorité en matière d’achats de toutes les ressources naturelles de la terre de ses ex- colonies. C’est seulement un refus de celle-ci que les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires.

    4 . Priorité Aux Intérêts Et Aux Entreprises Françaises Dans Les Marchés Publics Et Constructions Publiques

    Dans l’attribution des marchés publics , les entreprises françaises doivent être considérées en premier lieu, et seulement après les marché étrangers sont considérés. Le fait que les pays africains pourraient obtenir une meilleure offres financière ailleurs n’est pas prit en compte.

    En conséquence, dans la plupart des ex- colonies françaises, toutes les plus grosses compagnies et acteurs économiques sont dans la main des expatriés français. En Côte d’Ivoire, par exemple, les entreprises françaises possèdent et contrôlent tous les grands services publics – eau, électricité, téléphone, transports, ports et les grandes banques. Idem dans le commerce, la construction et l’agriculture.

    En fin de compte, comme je l’ai écrit dans un précédent article, les Africains vivent maintenant sur un continent possédé par les Européens !

    5 . Droit Exclusif De Fournir Des Équipements Militaires Et De Former Les Officiers Militaires Des Pays

    Grâce à un système sophistiqué de bourses, de subventions, et les « accords de défense » attachés au pacte colonial, les africains doivent envoyer leurs officiers supérieurs de formation en France ou dans des infrastructures militaires françaises.

    La situation sur le continent est telle que la France a formé et nourris des centaines, voire des milliers de traîtres. Ils sont en sommeil tant qu’ils ne sont pas nécessaires, et activés en cas de besoin pour un coup d’état ou à d’autres fins !

    6 . Droit Pour La France De Pré-Déployer Des Troupes Et Intervenir Militairement Dans Le Pays Pour Défendre Ses Intérêts

    Sous la dénomination « Accords de défense » attachés au pacte colonial. La France a le droit d’intervenir militairement dans les pays africains, et aussi de stationner des troupes en permanence dans des bases et installations militaires, entièrement géré par les Français.

    Les bases militaires françaises en Afrique

    Lorsque le président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire a tenté de mettre fin à l’exploitation française du pays, la France a organisé un coup d’état. Durant le long processus pour chasser Gbagbo du pouvoir, les tanks français, les hélicoptères de combat et les forces spéciales sont intervenues directement dans le conflit, ont tiré sur des civils et tué beaucoup d’entre eux.

    Pour ajouter l’injure à l’insulte, la France estime que la communauté d’affaires française a perdu alors plusieurs millions de dollars lors de la ruée pour quitter Abidjan en 2006 (où l’armée française a massacré 65 civils non armés et blessé 1200 autres.)

    Après la réussite du coup d’état par la France, et le transfère de pouvoir à Alassane Ouattara, la France a demandé au gouvernement Ouattara de verser une indemnité à la communauté d’affaires française pour les pertes pendant la guerre civile.

    Du fait, le gouvernement Ouattara leur a payé le double de ce qu’ils ont dit qu’ils avaient perdu en quittant.

    7 . Obligation De Faire Du Français La Langue Officielle Du Pays Et De La Langue Pour L’éducation

    Oui , monsieur. Vous Devez parler français, la langue de Molière ! La langue française et une organisation de la diffusion de la culture a été créé. Appelé «Francophonie» qui regroupe avec plusieurs branches et organisations affiliées toutes contrôlées par le ministre français des Affaires étrangères.

    Comme démontré dans cet article, si le français est la seule langue que vous parlez, vous auriez accès à moins de 4% de la connaissance de l’humanité et des idées. C’est très limitant.

    8 . Obligation D’utiliser La L’argent De La France Coloniale Le FCFA

    C’est la véritable vache à lait pour la France, un tel système maléfique, est dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se passer de ce système colonial qui lui offre une trésorerie d’environ 500 milliards de dollars en provenance de l’Afrique, et ce par année.

    Lors de l’introduction de la monnaie euro en Europe, d’autres pays européens ont découvert le système d’exploitation français . Beaucoup, en particulier les pays nordiques, ont été consternés et ont suggéré à la France se débarrasser du système, mais sans succès.

    9 . Obligation D’envoyer Le Rapport Annuel France Du Solde Et De Réserve
    Sans le rapport, pas d’argent. Quoi qu’il en soit le secrétaire des banques centrales des ex- colonies, et le secrétaire de la réunion bi-annuelle des ministres des Finances des ex- colonies est effectué par la France banque centrale / du Trésor.

    10 . Renonciation À Entrer En Alliance Militaire Avec Tout Autre Pays , Sauf Autorisation Par La France

    Les Pays africains en général sont ceux avec le moins d’alliance militaires inter-etat. La plupart des pays ne disposent que d’alliances militaires avec leurs ex- colonisateurs ! ( drôle, mais vous ne pouvez pas faire mieux! ).

    Dans les cas où ils souhaiteraient une autre alliance, la France les gardent bien de le faire.

    11 . Obligation De S’allier Avec La France En Situation De Guerre Ou De Crise Mondiale

    Plus d’un million de soldats africains se sont battus pour la défaite du nazisme et du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.

    Leur contribution est souvent ignorée ou minimisée, mais quand vous pensez que cela a pris seulement 6 semaines pour l’Allemagne pour vaincre la France en 1940, la France sait que les Africains pourraient être utiles pour conserver la « Grandeur de la France ” à l’avenir.

    Il y a quelque chose de quasiment psychopathe dans la relation de la France avec l’Afrique.

    Tout d’abord, la France est gravement accro au pillage et à l’exploitation de l’Afrique depuis l’époque de l’esclavage. Ensuite, il y a ce manque complet de la créativité et de l’imagination de l’élite française à penser au-delà du passé et de la tradition.

    Enfin, la France dispose de 2 institutions qui sont complètement gelés dans le passé , habitées par des paranoïaques et psychopathes ” les hauts fonctionnaires ” qui répandent la crainte l’apocalypse si la France devait être amenée à changer, et dont la référence idéologique vient toujours du romantisme du 19ème siècle. Ils sont : le ministre de la Finances et du Budget de la France et le ministre des affaires étrangères de la France.

    Ces deux institutions ne sont pas seulement une menace pour l’Afrique, mais pour les Français eux-mêmes.

    C’est à nous que revient de libérer l’Afrique, sans demander la permission, parce que je ne peux toujours pas comprendre par exemple comment 450 soldats français en Côte d’Ivoire pourraient contrôler une population de 20 millions de personnes?

    La première réaction des personnes lorsqu’ils apprennent l’existence de l’impôt colonial français est souvent une question: « Jusqu’à quand “

    A titre de comparaison historique, la France a fait payer à Haïti l’équivalent moderne de 21 milliards de dollars de 1804 à 1947 (près d’un siècle et demi) pour les pertes causées aux marchands d’esclaves français suite à l’abolition de l’esclavage et à la libération des esclaves haïtiens.

    Les Pays africains paient la taxe coloniale depuis les 50 dernières années, donc je pense un siècle de paiement pourrait être de trop.

    “Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage”. SEKOU TOURE

    Mawuna Remarque Koutonin

    Article original : http://www.siliconafrica.com/france-colonial-tax/

    Traduit par l’équipe communication du Collectif Map

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    Source : Afrikhepri

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  • Algérie: Les manifestants disent non à la culture du Makhzen marocain

    Manifestation en Algérie, le slogan : Non aux Marocains ?

    Lorsque l’Algérien dit « non aux Marocains », il ne faut pas y voir un sens péjoratif désobligeant envers nos frères les Maghrébins.

    Il dit non à la marocanisation de l’Algérie dans le sens de refus de l’influence sioniste, française et américaine sur les élites autochtones.

    Il dit non au renouvellement de la prise de pouvoir par le clan de Oujda et l’irruption de l’armée des frontières qui a confisqué la révolution algérienne et éradiqué les Moudjahidines.

    Les Maghrébins et les Algériens partagent le même esprit berbère, arabe et musulman et partagent la même zone géographique. Ils partagent aussi le même respect pour les grandes figures de lutte contre le colonialisme telles que Abdelkrim Khattabi et leur désir d’unification du grand Maghreb. Ils disent non à la « monarchisation » de l’Algérie par les rentiers et les cabinets de l’ombre qui ont importé la culture du Makhzen marocain. Le Makhzen ne désigne pas le peuple maghrébin, mais l’appareil étatique de la monarchie marocaine vieillissante, non seulement avec sa cour, ses courtisans et ses privilèges, mais avec le mépris et la répression des populations de l’Atlas. Par « Marocain » on entend le système de népotisme, d’enrichissement et de privilège reposant sur la proximité avec le pouvoir monarchique. Ce système a été importé en Algérie.

    Le peuple algérien, sait de mémoire collective, que le Makhzen marocain est l’œuvre du Protectorat français. Il a tenté en vain la même chose en Algérie avant la guerre de libération, pendant et après. Le peuple algérien est un cactus réfractaire à la « civilisation » d’importation, à l’ordre établi par la force et à la culture de la servitude.

    Le peuple algérien n’est pas stupide pour dire n’importe quoi. Ses mots, ses slogans, ses blagues, ses dictions sont lourds de sens et hautement paraboliques.

    Les Algériens, ont toujours cultivé l’espoir de l’édification d’un grand Maghreb. Sociologiquement, historiquement, culturellement et religieusement, ce Maghreb existe dans nos cœurs et dans nos esprits. Il reste à lui donner une configuration politique, une dimension économique et un déploiement diplomatique. Nous devons régler nos contentieux, mais auparavant reconquérir notre liberté qui passe par l’instauration de la République en Algérie. Dans le cadre du droit à l’autodétermination des peuples que la Révolution algérienne a fait sien, nos frères maghrébins sont libres de choisir la forme institutionnelle de gouvernement qui convient le mieux à leurs coutumes et à leurs aspirations.

    Contrairement à ce que certains journalistes et commentateurs algériens et étrangers, offensés comme des pucelles par les cris du peuple algérien « Non à Bouteflika le marocain », les Algériens ont de l’affection pour le peuple frère maghrébin et souhaitent l’ouverture des frontières, la libre circulation des idées, des hommes, des biens et services entre les deux pays. Ces élites en rupture avec le peuple algérien ne comprennent pas le langage du peuple. Ce langage est le même que les jeunes officiers et sous-officiers de l’ANP disent lorsqu’ils savent qu’ils ne sont pas espionnés : Non aux marocains voulant dire non au Makhzen et signifiant souvent avec beaucoup de réalisme l’appartenance d’un homme à la culture du Makhzen, même s’il est né dans le Constantinois ou dans la Kabylie. Les mots doivent garder leur sens et leur contexte. En contestant le langage populaire, les élites qui sévissent sur l’Internet et les médias traditionnels font de la désinformation.

    Mes amis Maghrébins rient très fort lorsqu’on leur explique ce que le terme « marocain » signifie pour nous, ils nous comprennent parfaitement et ne se sentent pas insultés.

    Personnellement j’ai effectué plusieurs voyages au Maroc et je trouve regrettable que les produits algériens et les entreprises algériennes soient absents dans les villes et les campagnes. Le contentieux légué par Boumediene en expulsant les Maghrébins et la question du Sahara occidental doivent être dépassés le plus rapidement et de la manière la plus judicieuse. La France et la mondialisation ne veulent ni de l’unité maghrébine ni de l’unité africaine ni de l’unité arabe, ni de l’unité islamique. Ils nous veulent comme comptoirs commerciaux, bases militaires et pourvoyeurs de main d’œuvre à bon marché. Il nous appartient de décider de notre vouloir et de l’imposer par l’engagement de nos peuples.

    ALGERIE RUPTURE

    Tags : Algérie, Maroc, Makhzen, protectorat, France, colonialisme,