Déclaration d’Abdelkrim El Khattabi dans un une gazette française:
» Je déclare que, lorsqu’on me reproche de faire la guerre sainte, on commet une erreur, pour ne pas dire plus. Le temps des guerres saintes est passé; nous ne sommes plus au Moyens-Age ou au temps des Croisades. Nous voulons simplement être et vivre indépendants et n’être gouvernés que par Dieu.
Nous avons un vif désir de vivre en paix avec tout le monde et avoir de bonnes relations avec, car nous n’aimons pas faire tuer nos enfants. Mais pour arriver à ce but désiré, à ces aspirations, à cette indépendance enfin, nous sommes prêts à lutter contre le monde entier s’il le faut. (…) Il n’est pas douteux pour moi que la France désire faire la conquête du Rif; immédiatement peut-être, peut-être encore dans un délai quelconque, mais telle est sa volonté.
La France attendra une occasion mais, je le répète, je suis convaincu qu’elle a un vif désir de conquérir le Rif. (…) Le Parti colonial veut nous asservir, sans tenir compte des droits d’un peuple à disposer de lui-même et à l’époque où l’on prétend être arrivé au summum de la civilisation. Cette civilisation devrait tendre à libérer les peuples au lieu de les asservir (…).
(…) En vous parlant du Rif comme je le fais, j’ai voulu vous montrer que nous avions conscience de nous-même et que nous avons toujours manifesté le vif désir de vivre en paix, surtout avec la France. Je lisais dernièrement dans un journal français une interview de Primo de Rivera qui s’exprimait ainsi : « Abd-el-Krim n’est ni fanatique, ni partisan de la guerre, ni nationaliste. » C’est en partie exact. Je ne suis pas fanatique, car, tout en étant fier d’être musulman, la religion que professent les autres ne m’intéresse pas.
Il est exact aussi que je n’aime pas la guerre, mais par, nationaliste, je le suis. La seule chose qui nous importe aujourd’hui, ce n’est pas l’existence d’un Sultan au Maroc, mais l’indépendance entière, sans réserve, du malheureux peuple rifain qui est prêt à se sacrifier avec honneur pour la réalisation de ce but.
Personnellement, je n’ai aucune ambition, je n’aspire ni au sultanat, ni au pouvoir absolu. Si je suis une gêne, je suis prêt à disparaître pour laisser la place à un autre. Je le déclare solennellement, mon plus grand désir, mes aspirations les plus élevées tendent vers la paix et, pour arriver à ce résultat, il n’y a qu’un seul moyen logique : Que la France reconnaisse l’indépendance du Rif. »
Déclaration d’Abdelkrim dans L. Gabrielli, Abd-el-Krim et les Evénements du Rif, pp. 85-89, Editions Atlantides, Casablanca, 1953, Plon, Paris.
Tags : Maroc, Rif, Hirak, Abdelkrim El Khattabi, colonialisme, protectorat,
Bonjour à tous et bienvenue sur mon blog. Je m’appelle Jonas, j’ai 21 ans et je suis inscrit à la KU Leuven pour suivre un master en communication multilingue. Dans le cadre du cours français, communication professionnelle, on m’a demandé d’enqûeter l’économie dans une région francophone du choix. Après mon voyage au Burkina Faso pendant les grandes vacances de 2018 (fortement recommandé), j’ai su immédiatement que je voulais traiter L’Afrique. Tout ce qu’il me restait était de trouver un sujet économique…
Quand on pense à l’économie, on pense à l’argent, et celui qui pense à l’argent, pense à la monnaie. Par coïncidence, la monnaie du Burkina Faso et ces pays voisins, le franc CFA (FCFA), est soumise à de fortes pressions. Ainsi, mon choix était rapidement fait.
Pour ceux qui pensent que j’ai probablement choisi un des sujets les plus ennuyeux du monde : vous avez tort ! Cette série de billets de blog ne couvrira pas seulement la monnaie elle-même, mais aussi l’histoire et surtout le passé colonial de L’Afrique, des démonstrations, le président français, la politique européenne, etc. Il y en a pour tous les goûts.
Les problèmes entourant le FCFA sont essentiellement de nature économico-politique. Cette fois-ci je vais commencer par parler de la Françafrique, un terme qui nécessite sans doute quelques explications. Ce terme se compose de deux parties, la France et l’Afrique, et décrit la relation longue et très complexe entre l’Hexagone et des pays africains et surtout ces anciennes colonies.
Cependant, certains disent que Françafrique représente France-à-fric, ou bien l’exploitation française de l’Afrique. (Pour ceux qui aiment le rap français, il y a un clip de Rockin’ Squat avec le même nom fourni d’un texte politique intéressant. Je mettrai un lien YouTube tout en bas !)
L’expression Françafrique date de 1955, quand elle est utilisée pour la première fois par le président ivoirien Felix Houphouët-Boigny. La Côte d’Ivoire était en marche vers l’indépendance, mais souhaitait garder une forte relation avec son colonisateur, la France. Cinq ans plus tard, lorsque la Côte d’Ivoire est devenue indépendante, elle a en effet connu un grand progrès économique, en partie grâce aux Français.
A cette époque, un homme important pour la France était Jacques Foccart. Comme secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, il a été un personnage centrale dans la création du concept Françafrique (Wikipedia). A la demande du président de Gaulle, il a négocié l’indépendance de nombreux états africains. On dit souvent que de Gaulle et Foccart sont les pères fondateurs du néocolonialisme français.
L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant. (Omar Bongo – Libération, 1996)
Mais aussi après la présidence de de Gaulle, ce règne autoritaire poursuivit. Ainsi, le terme de la Françafrique resurface en 1998 dans un ouvrage réalisé par l’économiste François-Xavier Verschave, critiquant les relations franco-africaines. Selon lui, plusieurs présidents, comme par exemple Omar Bongo, ancien président du Gabon, ont été instaurés par la France, étouffant la démocratie.
Ce sont surtout les pays riches en matières premières, comme le Gabon, qui intéressent la France. L’entreprise française Total y est responsable de 60 % de la production pétrolière, la plus grande source des revenus pour le pays. Le fait que la puissance française soit d’une grande portée ressort également de l’affaire Elf, en 1994, dans laquelle le Gabon était impliqué (Elf est l’ancien Total). Selon The Guardian : « Le plus grand scandale de corruption politique et d’entreprise à frapper une démocratie occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale. »
À l’époque de l’affaire, Elf appartenait encore au gouvernement français quand l’entreprise a été condamnée pour avoir détourné une somme extraordinaire de 350 millions d’euros afin de corrompre des politiciens en France et à l’étranger pour en obtenir des faveurs. De ce montant, 10 millions d’euros ont été versés au président gabonais, Omar Bongo. Avec cet argent et d’autres paiements scandaleux, il a acheté pas mal de de biens immobiliers en France, surtout à Paris.
De plus, la France a négocié un accord de défense avec le Gabon pour y installer une base navale, qui permet à la France d’occuper un endroit stratégique pour mieux contrôler l’Afrique centrale. Même si cette défense bénificie aussi le Gabon, c’est surtout la France qui en profite.
Ce que je voulais démontrer en traitant le cas du Gabon en profondeur, c’est que la France influence toujours, plus de 50 ans après l’indépendance des états africains, le monde africain, d’une façon directe et indirecte. On ne peut pas le nier. La question qui se pose est si le FCFA joue un rôle dans cette Françafrique.
Pour en savoir plus, dans le prochain billet de blog, la semaine prochaine, j’irai plus en profondeur sur la monnaie elle-même et sur la façon dont elle a été installée.
LE FCFA pour les nuls
Le deuxième message et vous n’avez toujours pas abandonné. Il doit y avoir quelque chose d’intéressant dans le néocolonialisme français. Aujourd’hui, c’est exactement ce passé colonial qui sera abordé, car je parlerai de l’origine du FCFA, un des deux monnaies coloniales encore en service. L’autre est le franc comorien, une autre monnaie installée par les Français.
La naissance du FCFA, à cette époque appelé le franc des colonies françaises d’Afrique, date du 26 décembre 1945, lorsque le décret numéro 45-0136 était signé par le président du gouvernement provisoire, de Gaulle, le ministre des Finances, Pleven, et le ministre des Colonies, Soustelle. Le franc métropolitain qui était en vigueur dans toutes les colonies depuis 1939, avait perdu sa valeur après la Seconde Guerre mondiale par dévaluation.
C’était donc par générosité que les Français avaient décidé d’arrêter l’unité monétaire entre le Hexagone et les colonies, ou c’est bien ça que Pleven a prétendu. Pleven ne voulait pas que les colonies étaient influencées par la pauvreté française, comme c’est attentif!
Au cours de l’année précédente, en 1944, lors de la conférence Bretton Woods, le fonds monétaire internationale (FMI) était né, ce qui dévaluait la valeur des monnaies les plus importantes. On voulait garantir une stabilité monétaire et éviter des crises économiques comme c’était le cas dans les années trente. Surtout la position dominante du dollar américain profitait de ce système. « Chaque État devait définir sa monnaie par rapport à l’or, ou au dollar américain lui-même convertible en or. Il en découlait pour chaque monnaie une parité officielle en or ou en dollar » (Wikipedia).
La nouvelle parité du franc français avec le dollar était 1 dollar contre 119.10 francs, contre 49,6 francs auparavant. La France était donc bien dans les beaux draps et elle avait un bon argument pour créer le FCFA, mais déjà dès le début, tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes.
Un problème majeur, ce sont les deux zones africaines différentes : la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC, ici en rouge) et l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA, ici en vert). Quoique ces deux zones sont économiquement différentes, la France y a instauré une monnaie avec la même valeur, au lieu d’en créer deux.
De plus, le franc CFA est fortement surévalué. À cette époque, 1 FCFA s’échangeait contre 1.70 franc métropolitain. Ainsi, la valeur du CFA était supérieur à celle du franc métropolitain, sans aucune raison. On peut penser que c’est intéressant d’avoir une monnaie forte, mais ceci n’est pas vrai. Pour l’exportation des produits, c’est mieux d’avoir une monnaie faible pour rivaliser avec l’Asie par exemple.
En effet, il n’y a qu’une partie qui en profite, la France bien sûr ! « Le FCFA a en réalité été conçu afin de permettre à la France de reprendre le contrôle de ses colonies après les deux zones africains avaient diversifié leurs relations commerciales durant la guerre. Le franc CFA surévalué était intéressant pour Paris, puisqu’il permettait de rendre les produits de la métropole meilleur marché. De cette façon, les colonies devaient importer des produits de la métropole. À l’inverse, un franc CFA fort avait pour effet d’augmenter le prix des productions des colonies destinées à l’exportation, et ainsi, de les rendre plus chères par rapport à celles de leurs concurrents d’Asie et d’Amérique latine » (l’arme invisible de la Françafrique). Donc, de nouveau, les colonies devaient compter sur les Français pour l’importation ainsi que pour l’exportation.
En général, le système du FCFA est basé sur quatre principes :
1) la centralisation des réserves de change au Trésor public français.
2) la fixité de la parité franc CFA/euro
3) la convertibilité du franc CFA à l’euro
4) la libre circulation des capitaux entre la France et les pays assujettis de la zone franc
Selon l’Africa Europe Faith and Justice Network, « L’avantage de la stabilité monétaire (la ‘garantie française’) est contrebalancé par l’impossibilité pour les pays africains membres de jouer sur la fluctuation du taux de change (libre convertibilité) en temps que levier de politique monétaire ; de plus, le franc CFA est complètement dépendant de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). » Quoique le CEMAC et l’UEMOA ont des bancs centrals, c’est toujours la France qui fait des décisions sur l’arrière-plan.
Professeur Nicolas Agbohou, université du Gabon, en dit le suivant: « La libre convertibilité s’applique des pays africains de la zone franc à la France et inversement, mais ne concerne pas les échanges entre les trois zones du système CFA. Ce principe facilite les investissements français en Afrique, le rapatriement des capitaux, et l’importation par la France de matières premières, mais bloque les échanges interafricains freinant ainsi le développement économique sous regional.Les principes de libre convertibilité et libre circulation des capitaux favorisent également la fuite des capitaux de l’Afrique vers la France. Les entreprises françaises installées dans les pays africains de la zone franc peuvent rapatrier librement leurs liquidités vers la France. »
Dans les années soixante, lorsque les colonies devenaient indépendants, la France n’a pas voulu abandonner le FCFA. Pour votre information, le rand, par exemple, la monnaie officielle de l’Afrique du Sud, a été créée 3 mois avant la fondation de la République de l’Afrique de Sud, remplacant la livre sud-africaine.
Dans les années qui suivent, quelques pays ont décidé d’abolir le FCFA et de commencer par émettre une propre monnaie. La Guinée était le premier en 1960, suivi par le Mali en 1962, Madagascar en 1963, la Mauritanie en 1973, la Réunion en 1975 et la Mayotte en 1976. Cettes trois îles dernières ont changé vers le franc français qui deviendra l’euro plus tard.
Par contre, il y a aussi quelques pays qui ont décidé de rejoindre.
Bizarrement, en 1984, le Mali, qui avait quitté en 1962 re-rejoint. La Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau, les deux colonisés par les Portugais, rejoignent respectivement en 1985 et 1997.
Aujourd’hui, d’autres pays membres pensent aussi à se débarrasser du FCFA, je traiterai leurs opinion dans l’article suivant !
Lorsqu’on entend le mot « négrier » on a tendance à faire le lien avec les blancs, alors qu’en Afrique il ya, depuis les années 1969, des négriers noirs et ils sont pires que les blancs. Ce sont les leaders imposés par la France en vue de défendre son système de pillage en Afrique de l’Ouest. Ceux qui se sont rebellés contre Paris ont trouvé la mort. Patrice Lumumba (RDC), Thomas Sankara (Burkina Fasso), Barthélemy Boganda (RCA), Sylvanus Olympio (Togo), François Tobalbaye (Tchad), Mouamar Kadhafi (Libye).
Ce que l’Elysée désire c’est que l’Afrique de l’Ouest, l’arrière-cour de la françafrique, soient dirigés par des marionnettes telles qu’Alassane Ouattara, Idriss Déby, Macky Sall, et Ibrahim Keïta pour garder sa mainmise sur les recettes du Franc CFA, cette injustice historique qui fait honte aux africains.
Au Sénégal, le pseudo-processus démocratique a accouché d’une souris appelé Macky Sall. Pseudo-processus parce qu’en Françafrique il n’a jamais existé de processus électoral transparent, équitable et cŕedible. Autrement dit, tous les satrapes, corrompus et usurpateurs, les nouveau négriers de l’Afrique ne seront pas sur leurs trônes.
Ceux qui l’ont félicité, ont félicité une « victoire » découlant d’une ĺection instrumentalisée au résultat connu d’avance. Ils ont félicité un négrier.
Depuis le Traité de Berlin du 26 février 1885, l’Occident vit dans l’opulence grâce au pillage des ressources africaines. Cela n’a pas cessé grâce à la trahison des leaders africains. Ces derniers devraient suivre l’exemple de président rwandais Paul Kagamé. Depuis qu’il a coupé les liens avec la France, son pays a décollé sur la voie du progrès et du développement.