Étiquette : dépenses militaires

  • Maroc-leaks : Note sur les dépenses militaires Algérie/Maroc, à partir d’une compilation de rapports

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine (février 2014)


    NOTE

    Dépenses militaires Algérie/Maroc, à partir d’une compilation de rapports

    Classement, comparaison, données chiffrées



    Le dernier rapport de l’IHS Jane’s1, a récemment établit un classement des dépenses militaires de 77 pays sur l’année 2013. A la lecture dudit document, il ressort les éléments suivants :

    • En 2013 : l’Algérie a dépensé 10,8 milliards de dollars en armements et le Maroc 4 milliards.

    • L’Algérie se place au 20ème rang mondial juste devant Israël, et le Maroc occupe la 46ème place.

    • En 2012 : l’Algérie occupait le 24ème rang et le Maroc le 48ème rang

    • La hausse de 2013 «peut être en partie expliquée par le passage sous l’autorité du ministère de la défense algérien de la Garde communale auparavant sous les ordres du ministère de l’intérieur. Ce rang devrait se maintenir en 2014.

    • Sur les tendances du budget algérien de la défense, «les dépenses militaires ont fortement augmenté durant la dernière décennie, la croissance du budget militaire algérien devrait se situer autour de 5% par an entre 2014 et 2020. Ceci devrait porter l’Algérie à la 17ème place en 2020, dépassant l’Espagne et Israël ».

    • Pour ce qui est des autres pays du classement : les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, le Japon et l’Arabie saoudite, constituent les pays qui dépensent le plus en armements avec près de 40% du total mondial pour les Américains.

    • Le budget US en 2013 est estimé à 582 milliards de dollars.

    D’autres rapports font également état de la progression algérienne, confirmant les tendances et données énoncées par le rapport susmentionné :

    • Selon le Strategic Defence Intelligence (SDI)2:l’Algérie est le 9ème importateur d’armes dans le monde avec 46% du total des importations d’armes en Afrique, durant la période 2006-2010.

    • Selon une étude rendue publique par le SIPRI3 , les dépenses militaires ont évolué ainsi : 3152 millions de dollars en 200, (3,3% du PB), 6045 en 2010(3,5% du PIB), 8652 en 2011(4,4% du PIB), 9104 en 2012 (4,5% du PIB) et 10,8 milliards de dollars US de dépenses militaires en 2013

    • L’Institut international des études stratégiques, basé à Washington, a classé en 2011, l’Algérie parmi les 10 pays au monde qui dépensent le plus sur le volet Défense, à la 8e place dans le classement, après l’Arabie saoudite, le Sultanat d’Oman, Israël, le Yémen, les États-Unis et la Jordanie. Le Maroc ne figure pas dans ledit classement.

    • Pour sa part, le rapport intitulé «AMI International 2011 World Naval Market Forecast Highlights Continued Growth, Continuity in the Mena Region»4, a souligné que, d’une manière générale, les pays de la région Mena n’ont cessé de multiplier les investissements pour acquérir des navires, afin de protéger leurs eaux territoriales, et ce, depuis 2008.

    • Dans ce rapport, le Maroc, est devancé de peu par l’Algérie, en matière d’acquisition d’armement naval. En effet, le Maroc occupe la 6ème position avec un budget prévu de 2.47 milliards de dollars pour l’achat de 31 navires (fournisseurs : Pays-Bas, France).

    • Objectif du Royaume: mieux surveiller le détroit de Gibraltar et plus largement la Méditerranée occidentale contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue. Sur le plan militaire, cette force navale tend également à mieux contrôler la berge sud-ouest de la Méditerranée.

    • L’Algérie, quant à elle, se place à la 4ème position avec un budget de 2.780 milliard de dollars dédiés ces 20 prochaines années à l’achat de bateaux (fournisseur principal : Russie).


    Conclusion :

    • Selon la partie algérienne, les principaux moteurs de l’évolution du marché algérien de l’armement se résumeraient comme suit :

    * la lutte contre le terrorisme et la contre-insurrection

    * la nécessaire modernisation des équipements de défense

    • Cette recrudescence des dépenses militaires algériennes répondrait prétendument au souci de professionnalisation autour des nouvelles technologies et à l’importance de faire face aux problèmes sécuritaires auxquels est confronté le pays (cf. à l’instar de l’attaque terroriste du complexe gazier d’In Amenas et pour contrer la porosité des frontières aux trafics en tous genres).

    • Mais il semblerait plutôt que l’Algérie se soit engagée seule dans une course à l’armement, imposant et entretenant, par son surarmement frénétique, un climat de méfiance et de fermeture (à l’image de ses frontières) au sein de la région.

    Tags : Maroc, Algérie, armement, armée, dépenses militaires,


  • La chute de l’aigle est proche

    Bruno Guigue

    Aurions-nous atteint ce moment crucial où l’hyperpuissance en déclin se met à douter d’elle-même ? La presse américaine vient de relater ce que l’ancien président Jimmy Carter a dit à Donald Trump lors de leur récente entrevue. Le locataire de la Maison-Blanche avait invité son prédécesseur à lui parler de la Chine, et Jimmy Carter a rapporté publiquement la teneur de cet entretien lors d’une assemblée baptiste en Géorgie. C’est une véritable pépite.

    “Vous craignez que la Chine nous passe devant, et je suis d’accord avec vous. Mais savez-vous pourquoi la Chine est en train de nous dépasser ? J’ai normalisé les relations diplomatiques avec Pékin en 1979. Depuis cette date, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec qui que ce soit ? Pas une seule fois. Et nous, nous sommes constamment restés en guerre. Les États-Unis sont la nation la plus belliqueuse de l’histoire du monde, parce qu’ils désirent imposer des valeurs américaines aux autres pays. La Chine, elle, investit ses ressources dans des projets tels que les chemins de fer à grande vitesse au lieu de les consacrer aux dépenses militaires.

    Combien de kilomètres de chemin de fer à grande vitesse avons-nous dans ce pays ? Nous avons gaspillé 3 000 milliards de dollars en dépenses militaires. La Chine n’a pas gaspillé un centime pour la guerre, et c’est pourquoi elle est en avance sur nous dans presque tous les domaines. Et si nous avions pris 3000 milliards pour les mettre dans les infrastructures américaines, nous aurions un chemin de fer à grande vitesse. Nous aurions des ponts qui ne s’effondrent pas. Nous aurions des routes qui sont maintenues correctement. Notre système éducatif serait aussi bon que celui de la Corée du Sud ou de Hong Kong.”

    Qu’un tel bon sens n’ait jamais effleuré l’esprit d’un dirigeant américain en dit long sur la nature du pouvoir dans ce pays. Il est sans doute difficile, pour un Etat qui représente 45% des dépenses militaires mondiales et dispose de 725 bases militaires à l’étranger, où les industriels de l’armement contrôlent l’Etat profond et déterminent une politique étrangère responsable de 20 millions de morts depuis 1945, d’interroger son rapport pathologique avec la violence armée. “La guerre au Vietnam, disait déjà Martin Luther King, est le symptôme d’une maladie de l’esprit américain dont les piliers sont le racisme, le matérialisme et le militarisme”.

    Mais cette question concerne surtout l’avenir. Par la faute de leurs dirigeants, les USA sont-ils condamnés à connaître le sort de ces empires qui ont sombré à cause de leurs ambitions démesurées, littéralement asphyxiés par le poids exorbitant des dépenses militaires ? A la fin de son mandat, en 1961, le président Eisenhower dénonçait avec des accents prophétiques un complexe militaro-industriel qui faisait peser une chape de plomb sur la société américaine. Pas plus que Donald Trump ou Barack Obama, il ne se souciait du sort des populations affamées, envahies ou bombardées par l’Oncle Sam au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Mais comme Jimmy Carter aujourd’hui, il pressentait sans doute que la course aux armements serait la principale cause du déclin de l’empire.

    Car les néoconservateurs et autres « Docteur Folamour » du Pentagone, depuis plusieurs décennies, n’ont pas seulement fait rimer démocratie libérale et massacre de masse au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, sans oublier les tueries orchestrées dans l’ombre par la CIA et ses succursales, de l’extermination de la gauche indonésienne (500 000 morts) aux exploits des escadrons de la mort guatémaltèques (200 000 morts) en passant par les bains de sang exécutés pour le compte de l’empire par les lobotomisés du djihad planétaire. Les stratèges de l’endiguement du communisme à coups de napalm, puis les apprentis-sorciers du chaos constructif par importation de la terreur, en effet, n’ont pas seulement mis la planète à feu et à sang.

    Marionnettes de l’État profond américain, ces bellicistes qui ont pignon sur rue au Congrès, à la Maison-Blanche et dans les think tanks néocons ont également plongé la société américaine dans un marasme intérieur que masque à peine l’usage frénétique de la planche à billets. Car si le bellicisme des Etats-Unis est l’expression de leur déclin, il en est aussi la cause. Il en est l’expression, lorsque pour enrayer ce déclin, la brutalité des interventions militaires, des sabotages économiques et des opérations sous fausse bannière est la marque de fabrique de la politique étrangère américaine. Il en est la cause, lorsque l’inflation démentielle des dépenses militaires sacrifie le développement d’un pays où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus nombreux.

    Alors que la Chine investit dans les infrastructures civiles, les Etats-Unis laissent les leurs à l’abandon au profit des industries de l’armement. Washington fait des rodomontades à l’extérieur, mais laisse le pays se déliter à l’intérieur. Le PIB par habitant est colossal, mais 20% de la population croupit dans la pauvreté. Les prisons sont pleines : les détenus américains représentent 25% des prisonniers de la planète. 40% de la population est frappée par l’obésité. L’espérance de vie des Américains (79,6 ans) est passée derrière celle des Cubains (80 ans). Comment un petit pays socialiste, soumis à l’embargo, peut-il faire mieux qu’une gigantesque puissance capitaliste auréolée de son hégémonie planétaire ? Il faut croire qu’aux USA la santé de la plèbe n’est pas la préoccupation majeure des élites.

    Habile compétiteur, Donald Trump a gagné les élections en 2016 en promettant de restaurer la grandeur des Etats-Unis et en s’engageant à rétablir les emplois perdus à cause d’une mondialisation débridée. Mais les résultats obtenus, faute de réformes structurelles, infligent une douche froide à ses ardeurs incantatoires. Le déficit commercial avec le reste du monde a explosé en 2018, battant un record historique (891 milliards de dollars) qui pulvérise celui de 2017 (795 milliards). Donald Trump a complètement échoué à inverser la tendance, et les deux premières années de son administration sont les pires, en matière commerciale, de l’histoire des États-Unis.

    Dans ce déficit global, le déséquilibre des échanges avec la Chine pèse lourd. Il a atteint en 2018 un record historique (419 milliards) qui dépasse le bilan désastreux de l’année 2017 (375 milliards). La guerre commerciale engagée par Donald Trump a surtout aggravé le déficit commercial américain. Alors que les importations de produits chinois vers les USA continuaient de croître (+7%), la Chine a réduit ses importations en provenance des Etats-Unis. Donald Trump a voulu utiliser l’arme tarifaire pour rééquilibrer le bilan commercial des Etats-Unis. Ce n’était pas illégitime, mais irréaliste pour un pays qui a lié son destin à celui d’une mondialisation dictée par des firmes transnationales made in USA.
    Si l’on ajoute que le déficit commercial avec l’Europe, le Mexique, le Canada et la Russie s’est également aggravé, on mesure les difficultés qui assaillent l’hyperpuissance en déclin. Mais ce n’est pas tout. Outre le déficit commercial, le déficit budgétaire fédéral s’est creusé (779 milliards de dollars, contre 666 milliards en 2017). Il est vrai que l’envol des dépenses militaires est impressionnant. Le budget du Pentagone pour 2019 est le plus élevé de l’histoire des Etats-Unis : 686 milliards de dollars. La même année, la Chine a dépensé 175 milliards, avec une population quatre fois supérieure. Rien d’étonnant à ce que la dette fédérale ait battu un nouveau record, atteignant 22 175 milliards de dollars. Quant à la dette privée, celle des entreprises et des particuliers, elle donne le vertige (73 000 milliards).
    Certes, les USA bénéficient d’une rente de situation exceptionnelle. Le dollar est encore la monnaie de référence pour les échanges internationaux et pour les réserves des banques centrales. Mais ce privilège n’est pas éternel. La Chine et la Russie remplacent leurs réserves en dollars par des lingots d’or et une part croissante des échanges est désormais libellée en yuans. Les Etats-Unis vivent à crédit aux dépens du reste du monde, mais pour combien de temps ? Selon la dernière étude du cabinet d’audit PwC (“Le monde en 2050 : comment l’économie mondiale va changer ces 30 prochaines année”), les “pays émergents” (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie) pourraient peser 50% du PIB mondial en 2050, tandis que la part des pays du G7 (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon) descendrait à 20%. La chute de l’aigle est proche.

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    Tags : Etats-Unis, Chine, économie, guerres, armée, dépenses militaires,