Décembre sahraoui : de l’abandon du PSOE à la présence d’Unidas Podemos au gouvernement espagnol
Le gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos ouvre un scénario sans précédent en ce qui concerne la position de l’Espagne sur le problème du Sahara Occidental occupé par le Maroc.
Le PSOE n’a pas la défense de la cause sahraouie à son programme, et celle-ci ne figure pas dans l’accord de coalition.
Unidas Podemos défend le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et plaide pour la reconnaissance de la RASD.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol, avec à sa tête son secrétaire général, Pedro Sanchez, a ouvertement abandonné la cause sahraouie en décembre 2019 et a poursuivi sa démarche de ne pas s’opposer au régime marocain, qui occupe militairement le Sahara occidental et refuse de réaliser le référendum d’autodétermination qu’il avait convenu avec le Front POLISARIO en 1991.
L’abandon de la cause sahraouie par le PSOE coïncide avec la formation d’un gouvernement de coalition avec Unidas Podemos, un parti qui soutient l’autodétermination du peuple sahraoui et prône la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
L’organisation dirigée par Pablo Iglesias, qui sera vice-président du nouvel exécutif, a spécifié dans son programme électoral que si elle se retrouvait gouvernement, elle mettrait en œuvre l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur les ressources naturelles du Sahara occidental, ouvrant ainsi un scénario sans précédent en ce qui concerne la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental.
Une bataille a été livrée ce matin à coup de cailloux entre des migrants marocains et les forces de l’ordre espagnoles dans le port de Ceuta a laissé au moins 40 prisonniers dont des mineurs marocains.
Les bagarreurs font partie d’un groupe de plus de 60 personnes qui se cachent dans les embarcadères pour embarquer illégalement dans les bateaux amarrés qui partent en direction de l’Espagne.
La confrontation a duré près de trois selon EFE qui cite des sources de la Garde Civile espagnole.
Quatre des personnes détenues vont être présentés à la justice pour répondre à des « crimes d’attaque, de désobéissance et d’incendie. 36 autres personnes seront transférées à la frontière marocaine, dans le cas d’adultes, ou au centre d’accueil dans le cas de mineurs ayant participé à cet acte criminel.
Pendant les actes de violence, les migrants, tous originaires du Maroc, ont brûlé des conteneurs et jeté des pierres de grandes dimensions, ce qui était nécessaire à la présence des pompiers pour pouvoir contenir les flammes et les empêcher de se répandre dans les commerces voisins.
Les affrontements ont commencé après 2 heures du matin lundi, lorsque plus de 60 immigrants sont entrés dans la course jusqu’au secteur restreint du port de Ceuta et ont surpris le seul agent de l’autorité portuaire, qui a immédiatement porté les faits à l’attention de la garde civile.
Dans l’intervention, qui a duré jusqu’à 5 heures du matin environ, avec la participation d’agents du GRS de la Garde civile, avec l’aide d’un hélicoptère et des groupes spéciaux d’activités sous-marines (GEAS) du service maritime quarante immigrants ont été arrêtés, tous marocains et parmi eux plusieurs mineurs qui se cachent également dans cet endroit.
Il s’agit du troisième combat depuis une semaine, tous menés par des groupes d’immigrés marocains pour le contrôle des digues de la région, dans le but de s’y installer et d’entrer illégalement dans les bateaux qui accostent dans la ville ainsi que pour se cacher des force de sécurité.
Avec El Español
Tags : Maroc, Ceuta, Melilla, Espagne, migration, port de Ceuta,
Une enquête judiciaire en Espagne révèle que l’argent de la DGED pour payer ses informateurs en Europe a été détourné par ses propres agents.
Un dossier d’instruction ouvert au parquet d’Igualada, une ville du centre de la Catalogne, a mis à découvert un vaste réseau de détournement de fonds publics marocains opéré par plusieurs responsables et agents de la DGED (service de renseignements et de contre-espionnage marocain).
Sous couvert de subventions de l’Etat marocain pour ses communautés installées à l’étranger, la DGED envoyait de l’argent pour payer ses informateurs (chekamas) en Espagne. Or, une partie de cette manne financière a été détournée et a fini dans les poches de ceux qui avaient la charge de la distribuer.
Selon le quotidien « El Mundo » qui a publié cet info, cet argent a été déposé sur les comptes bancaires des épouses de ces agents, qui l’ont blanchi en l’investissant dans des agences de voyage et des sociétés fantômes en Catalogne.
L’enquête ouverte après la plainte de Mimon Jalich, responsable d’une association qui s’est depuis retirée de l’accusation après sa convocation par la DGED à Rabat (ce qui n’a pas empêché le parquet de continuer ses investigations), a identifié plusieurs noms de bénéficiaires :
1. La dentiste Naïma Lamalmi, épouse d’un chef de la DGED à Rabat : Mohamed Belahrech, le responsable chargé des mosquées et des imams en Europe dans ce service de renseignement.
2. Naziha El Montasser, épouse d’Abdellah Boussouf, « historien » et secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Selon « El Mundo », c’est lui qui se chargeait de la distribution d’une partie de l’argent en Espagne.
3. Atiqa Bouhouria, épouse de Noureddine Ziani, espion marocain de la DGED, débusqué et expulsé d’Espagne en urgence absolue en 2013 parce qu’il constituait « une menace pour la sécurité du pays ».
Naïma Lamalni et Naziha El Montasser apparaissent dans des documents administratifs espagnols comme résidant au domicile de Atiqa Bouhouria ep. Ziani, rue Generalitat de Catalunya à Barcelone, alors qu’elles n’habitent pas en Espagne.
Curieusement, selon « El Mundo », les noms de Belahrech, de Boussouf et de l’espion Ziani apparaissent comme « enregistrés » comme propriétaires d’une agence de voyage de Rabat, « Elysées Travels ».
Au delà de ce détournement de fonds publics, cette affaire a permis de dévoiler plusieurs autres noms du monde obscur des services secrets. Celui de Mustapha El Mouahidi, colonel de la DGED, en poste au consulat général du Maroc à Barcelone (antenne très importante de la DGED en Espagne) jusqu’en 2009. Cette escroquerie n’a pu être menée à bien sans qu’il ne soit tenu au courant. El Mouahidi est l’officier marocain qui a monté un réseau d’espions et d’informateurs en Catalogne, une toile d’araignée qui s’est élargie par la suite dans le reste de l’Espagne.
L’autre nom qui apparait dans le dossier est celui de l’Espagnol musulman de Melilla, Mohamed Khalifa. « El Gordo Jalifa », comme l’appellent certains, est un homme d’Ilias El Omari dans l’enclave espagnole. Les Espagnols le considèrent comme un agent intermédiaire entre la DGED et les Marocains d’Espagne. C’est Khalifa qui a exigé de Mimon Jalich de se rendre immédiatement à Rabat.
Enfin, un effet collatéral de cette affaire : l’implication du secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, dans ce détournement de fonds pose quelques interrogations sur la nature exacte de cet organisme étatique dirigé par l’ancien opposant Driss El Yazami, et dont on ne sait plus s’il est contrôlé ou simplement noyauté par la DGED.
Une publication qui est en train de faire un tabas. Ignacio Cembrero vient de publier « El agente oscuro » (l’agent obscur. En fait, il n’a écrit que le prologue, mais c’est le seul nom que vous trouverez en couverture.
Avec le sous-titre de « Mémoires d’un espion infiltré par le CNI », les services de renseignements espagnols.
El Agente oscuro est un document de première importance pour comprendre les méandres de l’histoire de l’ombre mais il peut être lui aussi comme un véritanle roman. Dans un comme dans l’autres, il est à lire absolument.
RABAT, 3 juin (Reuters) – L’Espagne a demandé lundi à l’Union européenne d’accroître son aide financière au Maroc afin d’aider le pays nord-africain à contenir les départs de migrants vers l’Europe.
« Le Maroc nous aide », a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrell, lors d’une visite à Rabat.
L’UE a promis l’an dernier de verser 140 millions d’euros au Maroc, dont 30 millions ont été déboursés cette année.
Depuis le début de l’année, le Maroc a empêché quelque 30.000 personnes de franchir illégalement la frontière avec l’Espagne et démantelé une soixantaine de réseaux de passeurs, a dit le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita.
Durant les cinq premiers mois de l’année, 7.876 migrants clandestins sont arrivés en Espagne par la mer, soit 3% de moins que l’an dernier pour la même période, selon les statistiques établies par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les chiffres de l’OIM pour le mois de mai font état d’une chute de 67% des arrivées par la mer, par rapport à mai 2018, avec 1.160 arrivées.
Environ 57.000 personnes sont arrivées illégalement en Espagne l’an dernier, alors que le Maroc dit avoir bloqué quelque 89.000 départs vers l’Europe. (Ahmed Eljechtimi Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
Comme à son habitude, mal conseillé, le roi du Maroc croyait punir l’Espagne à cause de sa position sur le Sahara Occidental, il donne l’ordre à son armée d’occuper l’Ilôt Persil ( Jazirate Laïla).
Le 17/07/2002, un peloton des Forces Auxiliaires, investit l’îlot et hisse le drapeau du Maroc sur le rocher.
Le même jour, un commando de l’armée espagnole prend l’îlot dans une opération militaire qui a duré 20 minutes et ne manque pas d’immortaliser l’action dans une vidéo qui a été publiée exclusivement par le magazine espagnol Interviu. On y voit les membres du commando espagnol avec des peintures de camouflage au moment où ils débarquent sur le rocher et capturent les soldats marocains qui se sont rendus sans tirer une balle.
Le roi du Maroc a dú invoquer le président français pour le sortir du guêpier dans lequel il s’est jeté.
Celui qui a donné l’ordre d’attaque est José María Aznar. Le Maroc a essayé de se venger de lui en lui imputant la paternité de la fille de Rachida Dati. selon la justice française, son père est le milliardaire Dominique Desseigne.
Tags : Maroc, Espagne, Laïla, rocher, ilôt de Persil, Aznar,
L’image du Marocain dans l’Espagne actuelle est le fruit de siècles d’affrontements et, tout particulièrement d’un XXème siècle fécond en guerres et en contentieux de toutes sortes entre les deux pays. En effet, le long siècle d’aventure coloniale espagnole au Maroc, entre 1859 et 1975, a fortement marqué les mentalités et l’inconscient collectif espagnols. De cette « rencontre » entre colonisateur et colonisé est issue une abondante iconographie pour représenter « l’Autre », en l’occurrence le Marocain. En nous appuyant sur le large corpus iconographique recueilli par le professeur Eloy Martin Corrales dans son ouvrage « La imagen del magrebí en España »[1], nous allons nous attacher à identifier les différentes approches de la représentation du Marocain en Espagne, avant et après la décolonisation. Enfin nous pourrons répondre à la question suivante : la décolonisation a-t-elle marqué une transition dans la représentation du « voisin du sud » ?
I – La pénétration pacifique [1880-1909] : une représentation du Marocain entre exotisme, paternalisme et stéréotypes L’élan de patriotisme qui accompagne la Guerra de Africa (1859-1860) et la découverte du Maroc que cette guerre engendre, vont induire en Espagne, et pour longtemps, une représentation du Maroc à la fois exotique et romantique. Ce pays représente alors pour les Espagnols, un Orient proche et néanmoins méconnu.
La représentation iconographique du Marocain va donc osciller entre exotisme et paternalisme [illustration n°1];
II – Le Protectorat : du Barranco del Lobo à la pacification [1909-1936] Très vite, la volonté de pénétration pacifique va s’échouer sur l’écueil de la résistance marocaine : ce sont les épisodes de la guerra de Melilla de 1893 et surtout la défaite du Barranco del Lobo en 1909, lorsque le capitalisme espagnol tente de commencer l’exploitation du gisement de fer de Beni-bu-Ifrur dans les environs de Melilla.
Cette évolution politique vers la guerre provoque donc une modification de la représentation du Marocain : après 1909 et le Barranco del Lobo, le désir de vengeance devient alors prépondérant dans la société espagnole et l’image caricaturale qui en découle va chercher à souligner la violence, la cruauté et la traîtrise des Marocains lors des affrontements avec les troupes espagnoles.
L’image sympathique et ingénue du Marocain est une constante des années qui suivent la pacification totale de la zone nord du Protectorat [après 1927] ; l’aimable caricature du Marocain est complétée par la (fausse ?) reproduction de l’espagnol parlé par les Marocains. On se trouve ici en
présence du même ton condescendant employé dans certaines publicités françaises [pensons par exemple au fameux slogan publicitaire :
y’a bon Banania] : en France comme en Espagne, le colonisateur ne recule pas devant l’emploi d’un langage « petit nègre » pour faire sourire sur le dos du colonisé mais on trouve également une présentation deshumanisée du marocain plus féroce [illustration n°2].
Après 1927, année officielle de la Pacification du Protectorat, nous nous trouvons donc en présence d’une triple image du Marocain dans l’iconographie espagnole, plus ou moins féroce, dévalorisante ou stéréotypée mais toujours manipulée par l’idéologie du colonisateur.
III – De la guerre civile à l’Indépendance du Maroc [1936-1956] : une vision contrastée
Au cours de la Guerre Civile, l’image du Marocain devient un élément de propagande ; en effet chaque camp fabrique sa propre vision du Marocain et s’en sert, soit pour le disqualifier, soit, au contraire, pour rendre hommage à un allié.
Pendant la dictature franquiste et peut-être sous l’effet de la censure , voit-on disparaître alors les cartes postales caricaturales qui avaient foisonné durant l’étape précédente.
Néanmoins, derrière cette image tolérante du Marocain, fruit de la « Croisade » commune contre les athées, persistent les anciens traits qui avaient caractérisé l’image du Marocain depuis le début de l’aventure coloniale espagnole. Preuve de cette « double » tendance, la multiplication des films sur les guerres du Maroc. Mais c’est essentiellement sur le terrain de la bande dessinée que l’image officielle et respectueuse du nouvel « allié » n’arrive pas à s’imposer : les clichés et stéréotypes à l’encontre du Marocain réapparaissent dans les B.D. bon marché de l’époque, peut-être parce que cette expression populaire est plus libre face à la censure qui règne sur la vie culturelle de l’Espagne d’alors.
La bande dessinée la plus connue est sans aucun doute El Guerrero del antifaz qui paraît entre 1944 et 1966 et qui raconte les aventures d’un héros espagnol du Moyen Age en lutte contre les « infidèles » sur les côtes de l’Afrique du Nord. Bien évidemment, les termes péjoratifs qui étaient employés à l’égard des maures lors de la Reconquista sont copieusement repris dans les dialogues de ces B.D. et nourrissent ainsi des générations d’Espagnols de ce mépris du moro [illustration n°4].
Avec cette représentation issue de la B.D, nous sommes bien en présence d’une transgression de l’image officielle du Marocain que voulait transmettre l’idéologie franquiste. Pourtant cette image volontairement positive et tolérante ne résistera pas longtemps aux aléas de l’histoire et sera profondément altérée par les revendications du mouvement nationaliste marocain.
IV – L’ère de la décolonisation : une image plus uniforme dans la caricature [1956-1975]
L’indépendance du Maroc en 1956 surprend le régime franquiste qui pensait que ses « colonisés » souhaiteraient encore longtemps « profiter » de la protection de l’Espagne.
Les rêves impériaux espagnols se déplacent alors vers le sud, et le souhait espagnol de rester au Sahara [déclaré province espagnole en 1958] a sûrement eu une incidence sur la nouvelle tendance de l’iconographie espagnole autour de cette colonie.
Par ailleurs, les revendications territoriales marocaines entre 1956 et 1975 contribuent largement à la dégradation l’image du Marocain. La décolonisation par étapes des différentes zones du Maroc occupées par l’Espagne [1956, 1958, 1969, 1975] génère une représentation fortement négative de l’Autre ; les points d’affrontements sont nombreux : nous ne citerons, pour illustrer la détérioration de l’image du Marocain au cours de ces deux décennies, que la décolonisation ratée du Sahara, la pression marocaine sur Ceuta et Melilla ainsi que le conflit, récurrent entre les deux pays, de la pêche.
Les revues humoristiques ainsi que les dessins humoristiques publiés dans les grands quotidiens espagnols se sont faits l’écho de cette représentation altérée du « voisin du sud » : le précédent souverain marocain, Hassan II, a souvent fait les frais de l’irritation espagnole contre le Maroc et le problème de la pêche est revenu, à maintes reprises, dans les dessins humoristiques espagnols ; mais arrêtons-nous plus longuement sur les revendications marocaines sur Ceuta et Melilla qui marquent encore négativement les relations hispano-marocaines [illustration n°6].
Après le retrait précipité des troupes espagnoles du Sahara en 1975, Ceuta et Melilla deviennent la cible suivante des revendications marocaines : la défense de la españolidad des deux villes va produire en Espagne un fort sentiment anti-marocain accompagné d’une véritable crainte pour l’avenir des deux villes.
Enfin, en 1985, au moment où, en opposition à la Ley de Extranjeria que vient de faire voter le Gouvernement socialiste, les habitants musulmans des deux villes espagnoles s’organisent pour défendre leur droit à résider sur le sol espagnol, le leader musulman de Melilla, Aommar Mohamedi Duddu, est présenté comme l’agent d’une cinquième colonne marocaine à l’intérieur de la ville. Il est caricaturé dans la presse espagnole selon des traits proches de ceux qui avaient servi pour présenter Abd-el-Krim lors de la Guerre du Rif ou Hassan II au cours des années qui ont suivi la décolonisation.
Ainsi perçoit-on mieux l’assimilation faite entre le rebelle d’avant-hier, le monarque Marocain d’hier et le citoyen espagnol musulman d’aujourd’hui à Ceuta ou à Melilla.
Preuve évidente que la décolonisation n’a pas généré de transition dans l’image du Marocain ni dans celle du « pays ami » en question. Il convient plutôt de parler d’une persistance de l’image négative issue des conflits du XXème siècle [illustration n°7].
En conclusion, nous pouvons affirmer que la représentation du Marocain en Espagne a été et reste encore soumise aux aléas des relations entre les deux pays ; pas plus l’Indépendance du Maroc que le traité d’Amitié et de Coopération signé entre les deux pays en 1991 n’ont eu d’effets positifs dans la représentation espagnole du Marocain puisqu’une enquête d’opinion de 1995 estimait que « le nord de l’Afrique est la zone que les Espagnols considèrent comme la principale source de possibles menaces pour la sécurité de leur pays »[2]. Gageons que la récente crise de juillet 2002 autour de l’occupation marocaine de l’îlot de Perejil et les attentats de mars 2004 perpétrés à Madrid par un commando marocain lié à Al Qaida, n’auront fait que renforcer cette appréciation.
Ilustrations tirées de l’ouvrage de Eloy Martin Corrales
[1] Eloy Martín Corrales, La imagen del magrebí en España, una perspectiva histórica siglos XVI-XX, Barcelona, 2002.
[2] S. del Campo, La opinion publica española y la politica exterior, Informe INCIPE, 1995
Entretien avec Pablo Escobar du Maroc: il gagne 180 000 euros par mois avec des médicaments espagnols
Il ne révèle pas son nom et il est très difficile d’y accéder. Au Maroc, il est considéré comme un roi capable de défier quotidiennement les lois en vue de fournir de la drogue à un pays entier. Il vit à Tanger, gagne plus de 180.000 euros par mois et crée sa drogue, le karkobi, avec des tranquillisants provenant de la santé espagnole.
Le visiter n’est pas à la portée de n’importe qui, il faut traverser plusieurs filtres, car il est toujours accompagné d’un cordon de sécurité qui impose et, en même temps, garantit que tout ce qui se passe autour de lui est sous son contrôle, transformant le journaliste en un simple pion dans son échiquier. Il ne révèle pas son nom devant la caméra, mais tout le Maroc le connaît sous le pseudonyme du « Pablo Escobar » arabe.
Dans une zone de la banlieue de Tanger, près d’un cimetière, le narcotrafiquant nous donne rendez-vous dans une maison abandonnée. « Je vends mille boîtes (clonazépan) par mois, chacune contient 36 comprimés et je vends chaque comprimé à 5 euros », explique le roi de la drogue. Autrement dit, le narcotrafiquant gagne 180.000 euros par mois. Le Karkobi est la drogue à la mode dans le pays et a été créé grâce à des tranquillisants importés illégalement de notre pays: « Les meilleurs tranquillisants sont espagnols, ils sont très précieux et chauds ».
A tout moment, le journaliste est en danger, la police peut arriver et arrêter tout le monde. Par conséquent, lorsque la caméra fait un étrange mouvement, le journaliste et Pablo Escobar sont effrayés et inquiets. Toutefois, en montrant la dureté de la drogue, la personne interviewée sniffe une ligne pendant qu’il parle avec le journaliste pour faire faire passer la peur: « Du calme, c’est mon endroit, il est sûr, rien ne se passera ».
Le Pablo Escobar reconnaît que sa drogue est consommée par « des garçons et des filles de l’école et dans la chicha », des personnes avec des problèmes qui « viennent de tuer des amis ou qui s’autoblessent ». D’ailleurs, le narcotrafiquant en personne reconnaît que, après avoir consommé une bonne dose de Karkobi, il s’est auto-blessé au bras et ne se souvient pas de comment il l’a fait.
Le journaliste et la personne interviewée étaient dans une pièce sombre où ils pouvaient voir, à première vue, plusieurs types de drogues. La question était directe: « Combien d’années de prison pouvez-vous chopper si vous êtes arrêté par la police tout de suite? ». Pablo Escobar, presque ironique, répond: « Avec ce qui est ici maintenant … environ cinq ans, mais pas de problème, ici la police prend l’argent, j’appelle mon avocat et il le paye. » Un roi sans aucune contrainte, qui campe librement sur le côté de l’illégalité.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) déclare dans son programme électoral pour les élections du 28 avril qu’il encouragera l’autodétermination du peuple sahraoui et s’emploiera à encourager la surveillance des droits humains.
Ne vous laissez pas berner. Non seulement le PSOE n’a rien fait pour le peuple sahraoui, mais il a travaillé dur, et dans l’ombre, contre ses droits et ses intérêts.
La cause sahraouie a servi à Felipe Gonzalez pour arriver au pouvoir avec de fausses promesses, avec lesquelles il a réussi à mobiliser une bonne partie de l’électorat. Le 14 novembre 1976 (premier anniversaire de la signature des fameux Accords tripartites de Madrid), il se rendait dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, où il déclarait : « notre parti sera avec vous jusqu’à la victoire finale ». Il a vite oublié ces mots. Et Mariem Hassan pleura amèrement sa trahison dans « Shouka » (L’Épine). Finies les manifestations socialistes avec des drapeaux sahraouis.
Alors qu’Alfonso Guerra déclarait à un journaliste qui l’interviewait que le Front Polisario avait « perdu des appuis », il tut, cependant, que c’était précisément le PSOE qui lui avait retiré le sien.
Et Felipe González – pour autant que l’on sache – s’est rendu en Amérique latine pour empêcher plusieurs gouvernements sud-américains de reconnaître la République Sahraouie (RASD).
Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Miguel Ángel Moratinos, a eu un contact direct avec le monarque alaouite (comme l’a déclaré Ali Lmrabet lui-même) et a cédé sans problème au chantage alaouite, permettant la déportation d’Aminetu Haidar aux îles Canaries, au lieu de demander son retour dans sa patrie sahraouie.
Trinidad Jiménez, également récompensée par le ministère des Affaires étrangères, s’est cyniquement abstenue de condamner le démantèlement brutal du campement sahraoui de Gdeim Izik par les forces d’occupation marocaines, en terre sahraouie même, à quelques kilomètres d’El Ayoun, la capitale, sous les yeux du monde entier malgré la stricte censure des médias imposée par l’occupant marocain. Et elle a honteusement justifié l’invasion et l’occupation du Sahara occidental par le Maroc au motif qu’elles avaient été menées par « un traité légal » (les accords tripartites illégaux et illégitimes de 1975).
L’ancien président du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero s’est rendu dans la ville occupée de Dakhla pour se faire photographier devant la photo du roi occupant Mohamed VI et la carte du Sahara occidental annexée au Maroc derrière son dos, lors du Forum de Crans Montana, une propagande boycottée par l’Union européenne, l’Unesco, l’Union africaine et même l’ONU elle-même, qui, comme on le sait, maintient la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) au Sahara occidental depuis 1991. Les sessions du Forum susmentionné à Dakhla occupé servent au monarque alaouite à attirer et à divertir des agents d’influence, des universitaires, des stars, des (non)experts et des présumés corrompus pour tenter effrontément de blanchir et de légitimer l’occupation coloniale illégale. Même le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo, du Parti populaire (droite) devait rappeler à Rodríguez Zapatero que la tenue de « réunions internationales dans les territoires occupés est illégale selon le droit international » et « en contradiction avec les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit au Sahara occidental ». Mais bon, il est aussi illégal d’envahir et d’occuper les territoires d’autres peuples ; et une fois qu’ils sont au pouvoir,… Qu’ils n’essaient pas alors de nous tromper avec leurs promesses électorales. En fin de compte, le PSOE et le PP, lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, se sont tous deux désengagés de la cause sahraouie.
Et avec le gouvernement de Pedro Sánchez, son ministre Josep Borrell a fait l’impossible pour que le Parlement espagnol interdise à ses députés – représentants de la souveraineté populaire – de débattre de la situation du Sahara occidental – ex-colonie et ancienne province espagnole encore à décoloniser – afin de ne pas déchaîner la colère du tout-puissant roi du Maroc.
Le PSOE n’a jamais dit un mot sur les farces judiciaires contre les prisonniers sahraouis de Gdeim Izik (huit condamnés à la prison à vie et d’autres à vingt ans de prison) – sans parler de leur participation en tant qu’observateurs impartiaux-, n’a ni élevé la voix contre la répression systématique des manifestations sahraouies dans les territoires occupés, ni protesté contre la situation des prisonniers politiques sahraouis et la violation permanente de tous les droits usurpés de ce peuple (que le roi émérite Juan Carlos a dit vouloir protéger parce que c’était une obligation pour l’Espagne !). Il ne s’est même pas plaint publiquement de l’invasion de pateras avec laquelle le Makhzen fait chanter l’Espagne et l’Europe entière.
Bien au contraire, les dirigeants du PSOE n’ont pas mùanqué de bénir ici et là le plan d’annexion marocain et de se précipiter à Bruxelles pour soutenir le pillage continu des ressources naturelles sahraouies, qui va à l’encontre d’ arrêts répétés de la Cour européenne de justice (CEJ).
Par ailleurs, à l’occasion de la récente visite du roi Philippe VI au Maroc, ils ont non seulement caché à l’opinion publique espagnole et internationale la gravité des exactions commises par les forces d’occupation marocaines sur la population et le territoire sahraouis, mais ils ont également consacré leurs efforts, du Conseil d’Etat, à flatter avec des flagorneries le responsable principal de cette situation.
Voilà grosso modo l’apport du PSOE à la cause sahraouie. Comment osent-ils dire que ce parti va promouvoir l’autodétermination du peuple sahraoui et œuvrer à la promotion de la surveillance des droits humains ? Il n’a même pas sorti ses militants ou sympathisants pour la manifestation annuelle du 14 novembre (anniversaire de la signature des accords tripartites) à Madrid ! Où, dans quels événements, dans quels médias, avec quels supports, dans quels débats, dans quels centres de décision le PSOE a-t-il soutenu la liberté et la justice pour le peuple sahraoui ?
« On reconnaît l’arbre à ses fruits », dit l’Évangile, ce à quoi on pourrait ajouter : « Les actes valent mieux que les paroles ».
Ainsi, lors des élections générales du 28 avril, le geste cohérent sera de voter pour les partis* qui, par leur action (et non par de fausses promesses) ont montré qu’ils soutiennent et continueront à soutenir la noble et légitime cause sahraouie ; une cause qui a la sympathie et la reconnaissance d’une majorité de la population consciente et solidaire et dans laquelle l’Espagne a une énorme responsabilité historique, politique, juridique et éthique.
NdT
*Un examen des programmes des six listes en lice à l’échelle de tout l’État espagnol montre qu’une seule exprime un appui clair et net à la cause sahraouie, celle d’Unidas Podemos.
*Luis Portillo Pasqual del Riquelme es doctor en Ciencias Económicas, ex profesor de Estructura e Instituciones Económicas en la Universidad Autónoma de Madrid, ex jefe de Redacción del Boletín Económico de ICE y ex responsable de Estudios Económicos e Investigación en Información Comercial Española. Revista de Economía (España). Autor de ¿Alimentos para la Paz? La “ayuda” de Estados Unidos (IEPALA, Madrid, 1987). Miembro de Comisiones obreras y de ATTAC Madrid. Incansable defensor de la causa del pueblo saharaui.
Le gendre du roi d’Espagne a tenté d’arnaquer Mohamed VI
POUR SOUTIRER DE L’ARGENT AU GEANT DE L’INDUSTRIE TEXTILE INDITEX A TANGER
Le duc Iñaki Urdangarin, mari de la princesse Christine de Bourbon et gendre du roi Juan Carlos d’Espagne, a monté une opération d’escroquerie en 2007 pour soutirer de l’argent au géant de l’industrie textile Inditex, propriétaire des firmes Zara, Massimo Dutti et Pull & Bear.
Iñaki Urdangarin a demandé à un responsable d’Inditex, qui concentre une bonne partie de sa production d’Afrique du nord à Tanger, 100 000 euros pour construire des terrains de football dans des quartiers défavorisés de la cité du Détroit de Gibraltar,d’ installer, pour quelques dirhams, 4 ou 6 poteaux, et verser le reste de l’argent dans des comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux.
Selon le site espagnol El Confidencial, qui rapporte l’ information, le gendre de Juan Carlos aurait affirmé lors d’une réunion avec un haut responsable d’Inditex, que cette « opération avait reçue l’aval du roi Mohamed VI et l’appui du gouverneur de Tanger », en fait le wali Mohamed Hassad.
« Urdangarin a offert des garanties personnelles au directeur de la Responsabilité corporative (son interlocuteur) que l’entrée d’Inditex dans le projet lui ouvrirait à l’avenir les portes d’une relation privilégiée avec la monarchie marocaine », écrit El Confidencial.
Finalement, Inditex a considéré que le projet du gendre de Juan Carlos, qui est soupçonné par la justice de son pays de s’être enrichi avec de l’argent récolté par des associations à but non lucratif, n’était pas « viable ». Ce projet n’avait « ni queue ni tête », a expliqué à El Confidencial le responsable qui avait été approché par Urdangarin.
Le gendre du roi d’Espagne, poursuivi dans un scandale de corruption, devait déposer avant minuit mercredi une caution de 8,2 millions d’euros qu’il doit verser à la justice avec un ex-associé, et a intenté un recours pour éviter la saisie préventive de ses biens. Le duc de Palma, époux de la fille cadette du roi Juan Carlos, l’infante Cristina, et Diego Torres, son ex-associé, se sont vu imposer par la justice, le 30 janvier, une caution de 8,189 millions d’euros, à verser dans un délai de cinq jours maximum.
Ce montant, correspond à la somme d’argent public que le juge chargé du dossier Palma Arena, une vaste affaire de corruption aux Baléares, estime pouvoir avoir été détournée, notamment via l’institut Noos, une société de mécénat dirigée de 2004 à 2006 par le mis en cause.
La décision reprend l’argumentation du parquet qui estime que les personnes mises en cause avaient «pour seul objectif de détourner des fonds publics pour leur propre bénéfice ou celui d’autrui».
Le montant de quelque 8 millions d’euros correspond à des sommes perçues par Noos, une organisation à but non lucratif, lors de contrats passés avec des organismes publics des Baléares ou de la région de Valence et dont les factures apportées pour les justifier ont été rejetées.
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