Au plus fort de la pandémie, alors que celle-ci provoquait des milliers de décès par jour, la conviction prévalait malgré tout que le mal n’était qu’un mauvais moment à passer, et que l’année en cours ne serait pas finie qu’il se serait dissipé. Ne parlons pas de la foule appréciable de ceux qui doutaient même que tous les décès enregistrés soient à mettre sur le compte de la maladie.
Dans le tas, des scientifiques de renom, des dirigeants politiques de premier plan, mais aussi monsieur-tout-le-monde, d’instinct réfractaire aux mesures de confinement, de barrière, ou même seulement de précaution ou de bon sens. Tant qu’il n’est pas atteint, l’homme de la rue, comme on l’appelle également, demande à voir avant d’admettre qu’il est en grand danger lui aussi. Mais, maintenant que l’année tire vraiment à sa fin, plus personne ne s’aventure à faire ce genre de prédiction.
Dans sa dernière déclaration, en forme de mise en garde comme à son habitude désormais, l’OMS indique qu’à ce jour seulement 10 % de la population mondiale a été contaminée. A ce rythme de circulation du virus, il lui reste pas mal de chemin à parcourir, et ce faisant bien des vies à prendre. Le compte est d’ailleurs vite fait : il n’y a qu’à multiplier par 6 ou 7 son bilan actuel, pour que la population mondiale soit enfin parée contre lui. Et encore, pour autant que l’immunité collective soit une réalité, et non pas un mythe.
C’est là certes le pire des scénarios, et pour autant que la science ne parvienne pas à mettre au point l’antidote, ni sous la forme d’un vaccin ni sous celle d’un traitement. Un tour des événements qui à première vue semble exclu, puisqu’il est question et depuis déjà un certain temps de progrès notable dans l’élaboration de plusieurs vaccins, dont certains, assure-t-on, seraient fin prêts dans pas longtemps. Autant dire demain ; ou, au plus tard, après-demain.
A peine sorti de l’hôpital, Donald Trump a réitéré sa promesse d’un vaccin imminent. Dans un premier temps réservé aux Américains, sans doute. Qu’à cela ne tienne, car s’il y en a pour des millions, il y en aura pour des milliards, d’autant qu’il y aura au passage beaucoup d’argent à se faire. N’empêche, Trump lui-même n’a parlé que du vaccin tant attendu, nullement d’un traitement pour ceux qui sont déjà infectés ou qui le seront d’ici là.
A bien l’entendre, d’ailleurs, le traitement spécifiquement anti-Covid 19 n’est même pas à trouver, il existe déjà, lui-même l’ayant pris, et comme il se doit il est américain. En supposant qu’il dise vrai, encore faut-il qu’il s’en produise en quantités suffisantes pour qu’en plus des Américains tout le monde puisse en disposer. Ce qui, on l’imagine bien, prendra du temps, au cours duquel le virus ne sera pas resté inactif. De sorte que même dans le meilleur des scénarios, la probabilité que l’année prochaine soit elle aussi placée sous le signe de l’épidémie se renforce chaque jour davantage.
S’il n’y a plus personne pour prédire sa fin toute prochaine, c’est sans doute qu’à peu près tout le monde a fini par se faire à l’idée qu’elle était là pour plus de temps qu’on avait d’abord cru. Un sentiment que traduit d’ailleurs bien le précepte désormais répété comme un leitmotiv, exhortant tout un chacun à vivre avec le virus.
Hier, le président Donald Trump a révélé cette intéressante stratégie de réélection :
Agrandir – Je vais sortir du centre médical Walter Reed aujourd’hui à 18h00. Je me sens vraiment bien ! N’ayez pas peur de la Covid. Ne la laissez pas dominer votre vie. Nous avons développé, sous l’administration Trump, d’excellents médicaments et de l’expérience. Je me sens mieux qu’il y a 20 ans.
Il s’agit d’un pari de la dernière chance, pris à un risque personnel élevé.
Trump n’était certainement pas assez bien pour sortir de l’hôpital.
On ne sait pas vraiment quand Trump a été infecté par le virus SARS-CoV-2 et quand il est tombé malade de la Covid-19. Les traitements que ses médecins ont dit avoir utilisés avec lui sont quelque peu contradictoires. Après le diagnostic de la Covid-19, Trump a reçu une forte dose d’anticorps monoclonaux qui attaquent directement le virus et réduisent la croissance globale des virus. Le remdesivir, un médicament antiviral qui réduit la production d’ARN viral, a également été administré :
Il semblerait que si vous donnez des anticorps monoclonaux, il vaut mieux les administrer tôt dans le cours de la maladie, lorsque le traitement est encore en mode antiviral. L'ajout d'une cure de remdesivir de cinq jours au schéma thérapeutique convient également à cela : les deux sont conçus pour réduire la quantité de virus présente et (en théorie) empêcher la maladie de progresser vers un stade plus sévère.
Les deux thérapies ont plus de sens dans la première phase d’une infection virale alors qu’elle ne se situe encore que dans la partie supérieure du système respiratoire. Dans cette phase, le système immunitaire normal est toujours en train de renforcer ses défenses. Mais Trump semble avoir déjà été dans la deuxième phase de l’infection où le virus est dans les poumons et lorsque le système immunitaire commence à attaquer le corps. Il a, au moins deux fois, manqué d’oxygène dans le sang, probablement sans le ressentir. Cette «hypoxémie heureuse» est typique de la Covid-19 :
L'adéquation de l'échange gazeux est principalement déterminée par l'équilibre entre la ventilation pulmonaire et le flux sanguin capillaire, appelé appariement ventilation / perfusion (V / Q). Dans la phase initiale de la COVID-19, plusieurs mécanismes contribuent au développement de l'hypoxémie artérielle, sans augmentation concomitante du travail respiratoire. Une détérioration clinique rapide peut survenir.
À ce stade, Trump a été amené à l’hôpital Walter Reed et a commencé la thérapie antivirale. Mais sa maladie a dû s’aggraver. Après son deuxième jour à l’hôpital, ses médecins ont annoncé qu’il avait reçu le corticostéroïde dexaméthasone :
Le stade sévère se manifeste par une réponse immunitaire hyperactive menant à la fameuse «tempête de cytokines», et potentiellement de gros problèmes. La dexaméthasone semble vraiment être la meilleure thérapie que nous ayons pour le moment. J'ai donc trouvé intéressant - et pas dans le bon sens - que l’équipe médicale du président l’ait effectivement mis sous dexaméthasone, car son mode d’action consiste à atténuer la réaction inflammatoire. Et si une personne en est encore aux premiers stades de l’infection, c’est le contraire de ce que vous voulez faire.
Les médecins ont également déclaré que le scanner thoracique de Trump montrait ce à quoi ils s’ « attendaient » sans décrire ce que c’était. Cela signifie probablement que le virus avait commencé à attaquer les poumons :
En raison d'un œdème pulmonaire accru (conduisant à des opacités de verre dépoli et à une consolidation sur l'imagerie thoracique), à une perte de surfactant et à une pression surimposée, un collapsus alvéolaire s'ensuit et une fraction substantielle du débit cardiaque perfuse les tissus pulmonaires non aérés, entraînant un shunt intra-pulmonaire.
Cela a augmenté le besoin de donner de l’oxygène supplémentaire et de commencer par le stéroïde anti-inflammatoire.
Si la maladie ne peut pas être arrêtée à ce stade, les prochaines conséquences dangereuses, de petits caillots sanguins (microthrombi) sont susceptibles de se produire. Trump devra prendre une sorte d’anticoagulant pour empêcher ceux-ci de provoquer un accident vasculaire cérébral.
Aucun médecin sain d’esprit ne libérerait à ce moment là un patient de l’hôpital.
Mais Trump voulait être de retour à la Maison Blanche. Il a calculé qu’il devait montrer que le virus pouvait être vaincu.
Il n’a aucune autre chance de gagner les élections. Les gens croient à juste titre qu’il a foiré la réponse américaine à la pandémie. Même les électeurs plus âgés qui ont voté pour Trump en 2016 disent maintenant qu’ils voteront contre lui :
Dans un récent sondage Washington Post-ABC, 52% des électeurs de plus de 65 ans ont probablement soutenu Biden, contre 47% pour le président Trump. Il y a quatre ans, Trump a gagné ces électeurs sur Hillary Clinton.
Trump en a été averti très tôt. Comme Tomas Pueyo l’a écrit en avril :
Plus vous êtes âgé, plus vous avez de chances de voter républicain et de mourir du coronavirus. Les électeurs âgés de 80 ans et plus sont 80 fois plus susceptibles de mourir du coronavirus que ceux de moins de 40 ans (taux de mortalité de 16% contre environ 0,2%).
Cet effet est suffisamment fort pour que les personnes qui ont voté pour Trump lors des élections de 2016 soient environ 30% plus susceptibles de mourir du coronavirus que les Démocrates. Dans certains États en ballottage de l'élection de 2016, comme la Pennsylvanie, si le coronavirus était devenu incontrôlé, cet effet à lui seul aurait pu éliminer jusqu'à 30% de l'écart entre les républicains et les démocrates lors de l'élection de 2016.
Trump ne peut plus convaincre les électeurs, en particulier les plus âgés, qu’il a tout fait pour les protéger du virus. Ce qu’il peut probablement encore faire est de les convaincre que cela n’a pas d’importance parce que le virus peut être vaincu.
Pour ce faire, Trump devait se mettre en scène.
Je ne veux pas suggérer que Trump s’est infecté intentionnellement. Mais il a fait à peu près tout ce que l’on ne devrait pas faire si l’on veut empêcher l’infection.
Trump est relativement vieux, il a des facteurs de risque supplémentaires et malgré cela, il peut maintenant dire qu’il a vaincu le virus. S’il ne lui arrivait plus rien, personne ne pourrait en douter.
Son vrai message dans cette vidéo de la Maison Blanche est : « Je l’ai battu. Vous pouvez le battre. Le virus n’a pas vraiment d’importance. Ignorez-le. »
Ce message, dans diverses variantes, sera désormais répété tous les jours. Certaines personnes commenceront à y croire et cela pourrait en effet aider Trump à gagner les prochaines élections.
Il y a des risques dans cette stratégie. Certains de ceux qui ont récemment été infectés à la Maison Blanche peuvent mourir. Cela conduirait à des accusations selon lesquelles Trump a causé cela par son imprudence.
Un autre risque, personnel celui-la, que prend Trump, est le fait qu’il n’a pas encore vaincu le virus. Il peut encore avoir besoin d’oxygène. Ses poumons sont toujours touchés et mettront plusieurs semaines à guérir. Ce virus est insidieux. Il y a un risque qu’il y ait une sorte de rechute ou de complication qui nécessitera un traitement supplémentaire chez Walter Reed. La Maison Blanche est équipée pour les urgences médicales mais pas pour les soins intensifs qui s’ensuivent souvent. Si Trump doit retourner à l’hôpital, sa stratégie échouera probablement.
Trump recevra toujours de la dexaméthasone. Ce médicament a des effets secondaires et son abandon peut être délicat :
La production de corticostéroïdes est contrôlée par un «mécanisme de rétroaction», impliquant les glandes surrénales, l’hypophyse et le cerveau, appelé «axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien» (HPAA).
L’utilisation de doses importantes pendant quelques jours ou de doses plus petites pendant plus de deux semaines entraîne une diminution prolongée de la fonction HPAA.
L’utilisation de stéroïdes ne peut pas être interrompue brusquement ; la réduction progressive du médicament donne aux glandes surrénales le temps de revenir à leurs schémas normaux de sécrétion.
Les symptômes et signes de sevrage (faiblesse, fatigue, perte d’appétit, perte de poids, nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales) peuvent masquer de nombreux autres problèmes médicaux. Certains peuvent mettre la vie en danger.
Il est peu probable que Trump revienne bientôt sur la scène électorale. Il pourra être heureux s’il a assez d’énergie pour le prochain débat télévisé avec Joe Biden. Il aura probablement besoin de médicaments supplémentaires pour le soutenir.
Lorsque le Premier ministre britannique Boris Johnson est tombé malade avec la Covid-19, son approbation dans les sondages a augmenté. Nous n’avons pas vu cet effet pour Trump. Mais les sondages peuvent être erronés. Ils se sont trompés en 2016 parce que beaucoup de ceux qui ont été interrogés ne voulaient pas admettre qu’ils voteraient pour Trump. Cet effet peut maintenant être encore plus fort qu’il ne l’était à l’époque.
Le retour de Trump à la Maison Blanche envoie un message de confiance. Il est probable que cela lui apportera des voix supplémentaires.
En décidant de quitter l’hôpital tôt, Trump a montré sa volonté de prendre un risque personnel important pour obtenir sa réélection. On peut détester le bâtard mais l’admirer pourtant pour cela.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
Christopher Harnisch, le coordinateur adjoint du Bureau de lutte contre le terrorisme du Département d’État américain, se rendra à Nouakchott, en Mauritanie, pour discuter d’un éventail de problèmes de lutte contre le terrorisme avec ses homologues mauritaniens, y compris les combattants terroristes étrangers, la lutte contre l’extrémisme violent, et le rôle du gouvernement et de la société civile la société joue dans la lutte contre le terrorisme.
M. Harnisch discutera de ces questions et d’autres avec des représentants du gouvernement et la société civile les 6 et 7 octobre.
Selon des sources de la presse locale, le responsable américain a été reçu mardi par le ministre de l’Intérieur et de la Décentration, M. Mohamed Salem Ould Merzoug.
L’audience a porté sur les relations de coopération unissant les deux pays ainsi que les moyens permettant de les développer et de renforcer les efforts de la Mauritanie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, ajoute la même source.
M. Christopher Harnisch a salué l’action menée par notre pays dans ce domaine.
L’audience s’est déroulée en présence de l’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie, SEM Michael Dodman.
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Au même temps qu’ils saluait l’annonce de Nicolas Sarkozy prétendant vouloir rompre avec les relations connues sous le nom de Françafrique, les Américains offrent leur propres analyses sur les relations unissant la France et ses anciennes colonies ainsi que les raisons de la survivance de la Françafrique.
Dans un câble sur une réunion entre diplomates américains et Bruno Joubert, ancien monsieur Afrique de l’Elysée, ce dernier affirmaient que « beaucoup de leaders africains comme Sassou Nguesso ont grandi avec la Françafrique. Quand ils rencontraient Chirac, ce n’était que tapes dans le dos, plaisanteries, longs repas. Ils commencent à s’apercevoir qu’avec Sarkozy, le temps des tapes dans le dos est révolu ».
Ce n’est pas l’avis des américains pour lesquels les réseaux d’influence parallèles sont loin de disparaître. Pour eux, le conseiller officieux pour l’Afrique de Nicolas Sarkozy, Robert Bourgi est la « quintessence de l’acteur de la Françafrique impliqué dans des intrigues n’importe où en Afrique ».
Les câbles américains indiquent clairement que, les interventions de Robert Bourgi exaspèrent ses collègues africanistes officiels de l’Elysée. Tout en reconnaissant que ce dernier fournit de précieux conseils sur le Sénégal, le Gabon ou le Congo-Brazzaville, les responsables français le présentent comme un « mercenaire seulement préoccupé par son bien être », un « opportuniste » qui ne cherche qu’à se faire promotionner dans le but de doper sa fortune personnelle.
Bourgi a laissé, ces deux derniers années. ses empreintes sur les dossiers malgaches et mauritaniens. Ses détracteurs français ne sont plus en poste à l’Elysée.
Dans les fuites documentées de Wikileaks, le pays de l’Oncle Sam ne cache pas son intérêt par la « rupture » avec les vestiges de la Françafrique que Nicolas Sarkozy a faussement promis. Cet intérêt est palpable dans un câble datant de 2008. Il indique en toute clarté que « cette nouvelle politique peut donner aux Etats-Unis des occasions d’étendre leur influence en Afrique sans rencontrer de résistance de la France ».
Les diplomates américains analysent les choses ainsi : les Français veulent « partager le fardeau africain », et cela les rend plus ouverts aux initiatives américaines sur le continent, d’Africom à la lutte anti-terroriste dans le Sahara. En plus, laisser les Etats-Unis étendre leur influence en Afrique permet aux Français d’y contrer la percée chinoise.
Autant dire que la diplomatie américaine a donc suivi de près la réorganisation des bases militaires françaises en Afrique, qui a abouti à la concentration des forces à Djibouti et Libreville. Réalistes, les diplomates américains constatent toutefois que « tuer la Françafrique est plus facile à dire qu’à faire ». Ils soulignent que certains leaders africains eux mêmes sont réticents au changement, notamment ceux qui tiraient des avantages du système, ceux qui, comme le rappelle l’ambassade américaine à Paris, « ont pu amasser des fortunes privées parfois transformées en un vaste patrimoine immobilier et autre, en France et en Europe ».
Tags : Etats-Unis, France, Afrique, Françafrique, réseaux, intérêts, USA, Nicolas Sarkozy, Gabon, Tchad, Mali, Niger, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Togo, RCA, RDC, Congo,
Washington veut passer par Khartoum pour convaincre les pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, et par Alger pour lutter contre le terrorisme sur le continent.
L’Afrique revient dans le viseur des Etats-Unis. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, est engagé dans une course contre la montre pour dénouer le contentieux de son pays avec le Soudan avant l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le chef du Commandement militaire américain en Afrique (Africom), Stephen Townsend, s’est rendu mercredi 23 septembre en visite en Algérie.
« Les Etats-Unis ont une occasion qui ne se présente qu’une fois d’assurer enfin une compensation aux victimes des attentats terroristes de 1998 menés par Al-Qaïda contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie », a écrit Mike Pompeo dans une lettre à des sénateurs dont l’AFP a eu connaissance. « Nous avons aussi une fenêtre unique et étroite pour soutenir le gouvernement de transition dirigé par un civil au Soudan, qui s’est enfin débarrassé de la dictature islamiste », a-t-il ajouté.
Au cœur de ce dossier, l’inscription du Soudan dans la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme. Cette sanction, synonyme d’entrave aux investissements pour le pays, remonte à 1993. La crise s’est envenimée avec les attentats de 1998, qui avaient fait plus de 200 morts. Le Soudan d’Omar al-Bachir était alors devenu un paria pour avoir accueilli le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.
Ces dernières années, Washington a changé de ton lorsque l’ex-autocrate soudanais a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et joué le jeu de la paix au Soudan du Sud. Les Etats-Unis ont renoué avec Khartoum, déjà sous l’ex-président démocrate Barack Obama, puis engagé un dialogue pour retirer le Soudan de leur liste noire. La révolution qui a balayé Omar al-Bachir, en 2019, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Depuis, Mike Pompeo ne ménage pas son soutien au premier ministre de transition, Abdallah Hamdok.
Mais les négociations achoppaient sur l’épineux dossier judiciaire de l’indemnisation des familles des victimes des attaques de 1998. Le secrétaire d’Etat pense désormais qu’une solution est en vue et en a fait « une de ses premières priorités », a dit à l’AFP une porte-parole de la diplomatie américaine. Son « plan » prévoit le versement par Khartoum, sur un compte bloqué, de fonds qui ne seront versés que sous conditions aux Etats-Unis pour indemniser les plaignants. Des médias américains ont cité le montant total de 335 millions de dollars (environ 287 millions d’euros).
Parmi ces conditions, le retrait du Soudan de la liste noire antiterroriste et l’adoption d’un texte de loi proclamant la « paix légale » avec Khartoum, pour écarter le risque de nouvelles poursuites. Dans son courrier, Mike Pompeo fait pression sur le Congrès américain afin qu’il vote cette disposition. « Cette loi doit entrer en vigueur mi-octobre au plus tard afin de garantir le paiement des indemnisations aux victimes dès que le Soudan sera retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme », ce qui interviendra « très probablement » d’ici fin octobre, a-t-il expliqué. C’est-à-dire avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Au sein du gouvernement, on s’inquiète toutefois d’une résistance de quelques influents sénateurs démocrates.
Pourquoi un tel empressement de la part d’un secrétaire d’Etat par ailleurs peu intéressé par l’Afrique ? C’est probablement au nom d’un autre dossier cher à l’administration Trump. Mike Pompeo s’est rendu fin août à Khartoum lors d’une tournée pour convaincre des pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël. Le camp du président-candidat veut capitaliser sur les accords historiques conclus sous son égide par l’Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn – un succès qui manquait à son bilan diplomatique, qui plus est favorable aux intérêts israéliens et donc susceptible de galvaniser son électorat évangélique.
Abdallah Hamdok avait semblé doucher les espoirs américains, en affirmant qu’il n’avait « pas de mandat » pour trancher cette question sensible. Mais les tractations se poursuivent en coulisses, avec des positions peut-être moins figées. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain au Soudan, qui avait rencontré en février le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a eu trois jours de pourparlers cette semaine à Abou Dhabi avec une délégation américaine. Au menu, bien entendu, la sortie de la liste noire, mais aussi, selon l’agence officielle soudanaise Suna, « l’avenir de la paix arabo-israélienne » et « le rôle que le Soudan devrait jouer dans la réalisation de cette paix ».
En parallèle à ce front, mais plus au nord sur le continent, le général Stephen Townsend, chef de l’Africom, a effectué mercredi une visite à Alger dans un contexte de tensions régionales, en particulier en Libye et au Mali, a-t-on appris de source officielle. Le général Townsend, « accompagné de membres de l’ambassade américaine en Algérie », a été reçu par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, précise un communiqué de la présidence algérienne, qui ne divulgue pas la teneur des discussions. Le gradé de haut rang américain a également eu des entretiens avec le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chanegriha, et le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum.
« Nous avons beaucoup à apprendre et à partager les uns avec les autres. Renforcer cette relation est très important pour nous », a expliqué le chef de l’Africom, cité dans un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie. « L’Algérie est un partenaire engagé dans la lutte contre le terrorisme. Affaiblir les organisations extrémistes violentes, les activités malveillantes et renforcer la stabilité régionale est une nécessité mutuelle », a plaidé le général Townsend. Il s’agissait de la première visite en Algérie d’un commandant de l’Africom depuis 2018.
L’Algérie, qui craint les risques d’instabilité à ses frontières, s’efforce de réactiver son rôle sur la scène diplomatique régionale et tente d’endosser un rôle de médiateur dans les crises en Libye et au Mali.
En ce moment précis, les gens à travers le monde ont les yeux tournés, en premier lieu à l’évolution de la pandémie, dont leur avenir même peut dépendre ; en second, à celle de la maladie du président américain ; et enfin, à la guerre dans le Haut-Karabagh, le seul conflit armé qui ait éclaté en dépit de la crise sanitaire mondiale. Alors que celles qui avaient commencé bien avant se sont aujourd’hui soit calmées, soit arrêtées, comme en Libye, où les négociations ont pris la relève et semblent même progresser.
Donald Trump a créé la surprise avant-hier en s’autorisant une brève escapade pour aller saluer ses partisans massés autour de l’hôpital. Personne, pas même Jair Bolsanaro, l’homme qui lui ressemble le plus, n’aurait osé pareille conduite, aussitôt condamnée par les démocrates en des termes qui disent assez que la trêve est terminée et que la campagne retrouve toute sa férocité. Il faudrait s’intéresser de près aux prochains sondages, pour voir comment a été reçue l’équipée courte mais périlleuse du patient Trump. Encore que périlleuse, elle l’ait été surtout pour sa garde la plus rapprochée, embarquée dans la même voiture que lui, lui le pestiféré.
A la différence de Boris Johnson et de Jair Bolsanaro, deux des «coronasceptiques» à avoir été contaminés comme pour l’avoir cherché, mais dont l’élection est récente, Trump a une campagne à terminer, et même à redresser, compte tenu de l’avance de son rival dans les sondages.
On l’estime désormais à 14 points, ce qui à première vue semble dire que les jeux sont faits. Les médecins de Trump n’excluent pas qu’il sorte de l’hôpital dans les heures qui viennent, à supposer que cela ne soit pas déjà fait. On ne peut toutefois exclure que sa maladie évolue tout différemment. Que bien loin de pouvoir revenir à la Maison-Blanche pour se replonger dans la campagne, il voit son état empirer soudain pour se retrouver entre la vie et la mort.
Ce ne serait pas la première fois que le Covid-19 fasse mine d’abord d’accorder sa grâce pour ensuite revenir sur sa décision. Ce qui vaut pour une personne vaut également pour un pays. Certains de nos voisins ont cru être au bout de leur peine qui ensuite ont dû déchanter, et reconfiner à la hâte. Il faut craindre qu’il nous arrive la même chose. Six mois plus tard, l’épidémie est toujours là, mais on n’en voit pas le bout. Elle reprend du poil de la bête là où précisément elle a semblé refluer.
Aux dernières nouvelles, les autorités de la ville de New York, autant dire le centre du monde, envisagent sérieusement la refermeture, non pas seulement des bars et restaurants, comme à Paris et ailleurs en Europe, mais celle des écoles. Pour autant, ce n’est pas parce que la pandémie est plus que jamais au centre de la campagne que Donald Trump est condamné à perdre devant Joe Biden. S’il n’est pas envoyé pour de bon au tapis, il pourrait même sortir de l’épreuve plus fort qu’il n’y était entré. Ce qui ne vous tue pas vous renforce. On peut le voir sur les cas de Johnson et Bolsonaro.
En temps de guerre, le candidat parti au front et d’où il est revenu sain et sauf a plus de chance que le candidat qui ne s’est pas trouvé au contact de l’ennemi. Or une épidémie est quelque chose qu’on a souvent comparé à une guerre. Pour peu que les électeurs américains les assimilent réellement et voilà l’avance de Biden réduite à pas grand-chose.
« Nous avons évoqué les voies et moyens de renforcer la coopération bilatérale, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la coopération entre les armées des deux pays », a déclaré à la presse Mark Thomas Esper à l’issue de l’audience que lui a accordée Abdelmadjid Tebboune.
La formule, destinée à la consommation médiatique, résume certainement l’entrevue du chef du Pentagone avec le président de la République, mais ne saurait traduire ce qui a été réellement dit d’une part et d’une autre.
Observateurs autoproclamés et analystes plus ou moins introduits dans les hautes sphères américaine et algérienne auront beau spéculer sur une visite qualifié d’historique, tout ce qu’ils aborderont ne sortira jamais de ce qu’ils ont été autorisés, directement ou indirectement, à divulguer. Il a été question du chaos libyen et des tentatives de répartition de ce pays, menées par plusieurs parties étrangères, la situation dans les pays du Sahel et la lutte contre les réseaux terroristes et leurs alliés, constitués par les puissants groupes spécialisés dans le trafic en tous genres (armes, drogues, migrants et même métaux précieux).
Certains commentateurs évoqueront à cette occasion, les ambitions africaines de la Chine, particulièrement sur le plan économique et technologique, ainsi que les visées russes ; une situation qui irrite au plus haut point les Etats-Unis, mais rares seront les spécialistes dans les questions internationales, à lier le déplacement au Maghreb du secrétaire d’Etat américain à la Défense aux grands enjeux économiques, qui vont marquer les 30 ou 40 prochaines années.
Comme lors de la seconde guerre mondiale où ils ont réussi à entrainer dans leur sillage l’Europe occidentale avant que celle-ci ne s’élargisse aux pays de l’Est, après la chute du mythique rideau de fer, les USA vont entreprendre aujourd’hui la même démarche, pour s’assurer une hégémonie, contrariée par la Chine. Mais cette fois-ci, le terrain, c’est l’Afrique, où se trouvent, selon les spécialistes en études prospectives, plus de 50% des ressources naturelles dont l’économie capitaliste a besoin. Pétrole, gaz, uranium, énergie solaire et surtout les immenses ressources en eaux, dont on parle rarement sont disponibles dans ce continent paradoxalement ravagé par les guerres, l’insécurité, le sous-développement et la pauvreté.
Dans ce contexte, la venue de Mark Thomas Esper à Alger traduit le souci des Américains d’entendre l’opinion des Algériens. Ces derniers, qui n’ont jamais été considérés comme des alliés naturels de Washington, comme le sont le Maroc et à un degré moindre la Tunisie, ne sont pas adeptes des alliances conjoncturelles, qui se nouent et se dénouent au gré des évènements.
Les Américains le savent très bien. Les relations historiques qu’entretient l’Algérie avec la Russie et surtout la Chine ne seront pas sacrifiées, quelle que soient les pressions, même si en Libye, Alger ne partage pas entièrement les points de vue de Moscou.
Sur un autre plan, Alger fera tout pour éviter que son armée n’intervienne en dehors de ses frontières, au Sahel à titre d’exemple, sans que ce la ne soit sérieusement motivé par des considérations propre à l’Algérie et à sa sécurité, et non selon le schéma que lui imposeront les Etats-Unis. En un mot, les Américains sont venus sonder les positions algériennes par rapport à plusieurs sujets, y compris la normalisation des relations avec l’Etat d’Israël, mais rien n’indique qu’ils vont avoir ce qu’ils voulu.
A l’annonce de l’infection de Donald Trump par le Covid-19, les principales places boursières à travers le monde, de même que les cours pétroliers, ont réagi à la baisse. Modérément sans doute, mais à la baisse quand même, ce qui montre bien que pour elles, c’est là une mauvaise nouvelle.
Si elles avaient réagi à la hausse, cela aurait signifié que pour elles la perspective d’une disparition de Trump de la scène était quelque chose de souhaitable. Ce serait dans ce cas comme si elles avaient indiqué que c’est dans son rival qu’elles se reconnaissaient, et qu’à leur manière insidieuse elles travaillaient déjà à sa victoire.
Elles ont ensuite, il est vrai, amorcé leur remontée, mais tout de même pas au point de retrouver leur niveau d’avant, ce qui semble dire qu’elles ne sont pas encore entièrement rassurées. Qu’une mauvaise nouvelle pour Trump et son camp soit reçue comme telle par les marchés financiers, voilà qui est flatteur pour lui.
Les médias anti-Trump, aussi virulents avec lui qu’il l’est avec eux, ont rapporté cette baisse, mais ils ne s’y sont guère attardés, peut-être seulement de crainte de lui accorder plus d’importance qu’elle n’en a. Ils auraient été obligés de lui prêter une plus grande attention si elle avait été plus importante.
N’empêche, si au lieu d’une baisse, ç’avait été une hausse, et même plus modérée que ne l’a été la baisse, les grands journaux américains, tous mortellement anti-Trump, n’auraient pas manqué d’y voir un bon présage pour la suite des événements.
L’hospitalisation de Trump, bien que normale, n’en donne pas moins à penser que son cas n’est pas aussi bénin qu’il a pu sembler d’abord. Toujours est-il qu’elle confirme l’idée que sa campagne électorale est terminée. Elle ne l’est pas que pour lui, mais également pour Joe Biden, qui ne pourrait pas poursuivre la sienne comme si de rien n’était. Ce serait du plus mauvais effet s’il le faisait. Il aurait l’air de tirer profit de la maladie de son rival.
Pis encore, de s’en réjouir. Un tel manque de goût serait sans doute contreproductif. Moins il en fait, donc, mieux c’est pour lui. Comme il a déjà souhaité prompt rétablissement à Trump, il ne lui reste au fond qu’à se retirer à son tour de la scène, du moins le temps de la quarantaine de Trump, et en entendant que ce dernier reprenne sa campagne. Une hypothèse peu probable, on s’en doute un peu.
La compétition se trouve ainsi amputée de sa phase la plus intense, sinon la plus décisive, sachant que ce n’est pas dans la dernière ligne droite que les électeurs américains se décident, mais bien avant. Cela est encore plus vrai dans le contexte actuel de polarisation extrême. Quand un pays est divisé en deux camps bien tranchés, comme c’est le cas des Etats-Unis depuis non pas d’hier mais l’élection de Trump, les électeurs ont eu largement le temps de faire leur choix.
Le président sortant avait d’ailleurs lancé la campagne pour un deuxième mandat dès le début de son arrivée au pouvoir. De même que les démocrates, qui n’ont jamais accepté sa victoire contre Hillary Clinton, s’étaient appliqués dès ce moment à le délégitimer. Ils l’auraient sûrement destitué si en plus de la Chambre des représentants ils avaient pris le contrôle du Sénat aux élections de mi-mandat, il y a maintenant près de deux ans.
Après la Tunisie où il a signé un accord de coopération militaire, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Mark Espère était jeudi à Alger où il a notamment rencontré le président Abdelmadjid Tebboune et les responsables militaires. Une occasion, pour le chef du Pentagone, de rappeler que les deux pays ont toujours entretenu des relations étroites notamment sur les questions sécuritaires.
Un communiqué de la présidence de la République a indiqué que «Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, ce matin, Mark Thomas Esper, Secrétaire à la Défense des Etats-Unis d’Amérique, qui effectue une visite de travail en Algérie ». L’audience s’est déroulée en présence de la délégation accompagnant le Secrétaire américain à la Défense et du chargé d’affaires à l’ambassade des Etats-unis à Alger, du côté américain, et du Général de Corps d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire (ANP), du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, Noureddine Bardad-Daidj, et du Général-major Mohammed Bouzit, Directeur général de la Documentation et de la sécurité extérieure au ministère de la Défense nationale, du côté algérien », précise la même source qui ajoute que le chef de l’Etat a offert un déjeuner en l’honneur de l’invité de l’Algérie.
De son côté, le ministre américain a indiqué, après sa sortie de la présidence de la République, que les deux parties ont «évoqué plusieurs sujets notamment comment renforcer les relations entre l’armée américaine et l’armée nationale algérienne et l’intensification de la coordination entre elles ».
M. Esper a souligné le « leadership constant de l’Algérie en matière de sécurité régionale.» « Nous avons évoqué les voies et moyens de renforcer la coopération bilatérale, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la coopération entre les armées des deux pays«, a ajouté M. Esper. Le chef du Pentagone a ajouté avoir évoqué avec le président algérien le « respect de la souveraineté des Etats et les libertés, ainsi que les questions d’intérêt commun ».
Après avoir déposé une gerbe de fleurs au Monument des martyrs, le responsable américain a indiqué que « tous les Américains ont un faible pour un peuple qui se bat et se sacrifie pour ses libertés ».
Cette visite du chef du Pentagone est la première du genre depuis 2006. Après Alger, Mark Esper s’est envolé pour Rabat pour signer un contrat de coopération militaire. A Tunis où il était en visite mercredi, le responsable américain avait assuré, après un entretien avec le président tunisien Kais Saied, que « nous nous réjouissons d’approfondir cette relation afin d’aider la Tunisie à protéger ses ports et ses frontières et à faire reculer le terrorisme ». Mais aucun détail n’a été donné sur le contrat signé entre les deux pays.
C’est le chassé-croisé des dirigeants des deux grandes puissances militaires au monde à Alger ! Tant mieux si notre pays commence à sortir la tête de l’eau après une longue période d’hibernation diplomatique à cause de ses troubles politiques dans le sillage de la chute du régime de Bouteflika. Que deux hauts responsables de la défense de la Russie et des Etats Unis arrivent successivement chez nous est tout sauf une banalité.
Mardi le Chef d’Etat-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chengriha a reçu Dmitri Shugaev Directeur du Service fédéral de coopération militaro-technique de la Fédération de Russie, accompagné d’une forte délégation d’experts. Partenaire historique et traditionnel de l’Algérie en matière de défense et d’armement, la Russie est considérée en Algérie et à juste titre, comme un pays «ami». Une amitié qui ne s’est jamais démentie mis à part un petit nuage passager en 2008 quand la Russie nous avait fourgué des MIG défectueux.
Pour le reste, les courbes diplomatiques et stratégiques d’Alger et de Moscou se sont toujours croisées. Tel n’est pas tout à fait le cas des Etats Unis bien que les deux pays soient liés par un partenariat stratégique notamment dans le domaine de la lutte anti-terroriste. Mais au Maghreb, le cheval de Troie des Américains c’est le royaume du Maroc qui ne refuse absolument rien à l’Oncle Sam. Mais en parfaits pragmatiques, les Etats Unis ont surtout des intérêts à défendre et pas des amis à chérir.
En l’occurrence, l’arrivée aujourd’hui à Alger du chef du Pentagone Mark Esper, pour une visite en Algérie, première du genre depuis quinze ans, (Donald Rumsfeld en 2006) suppose que les Américains ont jugé très utile de se rapprocher d’Alger.
Sous la formule aussi vague que passe-partout d’ «approfondir la coopération avec l’Algérie sur des questions clés de sécurité régionale, comme la menace posée par les groupes extrémistes», se cache une volonté de peser sur le cours des événements au Maghreb et au Sahel. Sans doute que les Américains n’apprécient pas l’installation des forces russes en Libye et verraient d’un très mauvais œil la perspective de l’installation d’une base militaire au pays de feu Kadhafi. Pas plus qu’ils ne soient rassurés par le forcing de leur ennemie juré la Chine qui est bien lancée dans son «Safari» aux quatre coins de l’Afrique.
Le chef du Pentagone qui arrivera aujourd’hui de Tunis avant de rejoindre demain Rabat depuis Alger, cherche sans doute des appuis à la stratégie américaine dans la sous-région. Le fait est que Mark Esper va avoir des entretiens avec les chefs d’Etats des trois pays pour tenter de tirer le Jackpot de sa virée maghrébine.
Mais si le soutien de la Tunisie politiquement et économiquement convalescente, et celui du Maroc «partenaire traditionnel» lui sont acquis, rien n’est moins sûr pour l’Algérie dont l’agenda diplomatique n’est pas conforme à l’«American way» notamment au Moyen Orient. Il va sans dire que, pour le président Tebboune ces prestigieux invités russo-américains apportent de précieux dividendes en interne au-delà de leur dimension géopolitique.