Étiquette : Françafrique

  • L’Afrique découvre le vrai visage de la France

    Si la France misait sur l’ignorance des peuples africains, elle vient d’en avoir pour ses frais. Le temps est un sale traître qui permet toujours de découvrir, tôt ou tard, la vérité.

    Avec le temps, les africains découvrent le mensonge des beaux discours sur la France éternelle, patrie des droits de l’Homme et amie des peuples africains. Une escroquerie qui a eu la vie dure mais qui a été enfin dévoilée. Une escroquerie dont les recettes sonnantes et trébuchantes a permis à la classe politique française un unanimisme basé sur l’hypocrisie et le pillage des ressources africaines sans s’offusquer de la précarité engendrée par ces pratiques de la diplomatie délinquante.

    Aujourd’hui, les africains ont dit « ça suffit ! ». Ils ne veulent plus de cette protection sanglante et improductive d’une France qui leur ferme les portes en interdisant le visa et en encourageant les expulsions massives des sans-papiers africains. Il veulent dessiner les contours d’une nouvelle relation avec la France basée sur l’égalité et l’équité et sans complots, ni conspirations ni coups d’État.

    Guerres civiles, dictatures, pauvreté, analphabétisme, malnutrition… La situation précaire de l’Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si riches en matières premières ? À qui profite l’argent du pétrole, de l’uranium, du diamant, du bois, des minerais ? Comment expliquer la présence permanente de l’armée française dans ses anciennes colonies ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il régulièrement, avec tous les honneurs, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées ? Autant de questions posées par une population meurtrie par « les blancs » comme on dit en Afrique. Ces blancs qui se sont avérés des vrais bouchers.

    Acculée aujourd’hui, la France tente de garder s mainmise sur l’Afrique à travers, entre autres, des pays pions tel que le Maroc et le Sénégal qui jouent le rôle de Cheval de Troye pour leur maître de l’Elysée.

    Tags : France, françafrique, spoliation, pillage, Maroc, Sénégal, ressources naturelles,

  • France-Mali-Sahel: Ingérence

    » Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore « .

    Par Mohamed Abdoun 

    Alire certains médias hexagonaux, on se surprend à » confirmer » que l’Afrique, une bonne partie du berceau du monde du moins, est toujours sous domination française. Que l’on en juge plutôt. Lundi passé, le président Ibrahim Boubacar Keita annonçait l’existence d’un dialogue avec Amadou Koufa le chef de la katiba Macina, et Iyad Ag Ghali, qui dirige le GSIM. Ces deux milices armées sont classées dans la case des islamistes, pour ne pas dire des terroristes.

    Mieux, ces derniers sont même qualifiés de » mauvais « . Car, ne l’oublions pas, il existe aussi de » bons terroristes » aux yeux de Paris. Paris a en effet soutenu, armé et financé de sanguinaires criminels, oeuvrant à massacrer le peuple syrien, pour la simple et crinelle raison que ces derniers sont également en guerre contre le président Bashar al-Assad. Ainsi, depuis l’annonce par IBK de ces contacts, les médias spéculaient ferme sur la réaction des » patrons français « .

    Macron laissera-t-il faire, ou bien rappellera- t-il à l’ordre son homologue malien, quitte à le » congédier » si le besoin s’en faisant sentir » impérieusement « . Mais, finalement, la peur-panique aura été de courte durée. Paris ne » sévira » pas. Pas de manière officielle du moins.

    Dans un communiqué, le Quai d’Orsay estime en effet que les » initiatives » prises par le président malien le sont dans le cadre » des recommandations du dialogue national inclusif « . Sic ! Et le ministère français des Affaires étrangères de juger que » l’action collective au Sahel est multidimensionnelle » et qu’ » au-delà de l’aspect sécuritaire, l’accent doit être mis sur les questions de stabilisation, de développement et de réconciliation « .

    Mine de rien, une pareille déclaration, n’était son hypocrisie manifeste, nous ramènerait directement l’accord d’Alger, celui-là même Bamako n’a jamais réussi à mettre en application à cause des multiples entraves » déployées » par la France. Celle-ci, dans sa bien curieuse réaction, ne laisse pas de rappeler, hypocritement aussi, » que la France combat les groupes armés terroristes au Sahel à la demande des États de la région et notamment du Mali « . Sous-entendu : si Bamako négocie avec ces deux chefs jihadistes, ce n’est pas le cas de Paris. Cette manière de couper la poire en deux, de botter en touche en quelque sorte, place IBK dos au mur.

    En cas d’échec de cette initiative, il en assumera seul les conséquences. Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore. Le sort en est jeté à présent. Les terroristes, très à leur aise dans cette région, jusqu’à tenter des incursions sur notre territoire à nous, font face à des régimes affaiblis et incapables de faire face avec la fermeté et l’efficacité voulues.

    En résumé, la lutte contre le terrorisme, si elle veut se rendre efficace, dont être accompagnée par un développement harmonieux de cette région et, partant, une émancipation totale vis-à-vis de la France. Les chefs d’Etats de la bande sahélo-saharienne auront-ils le courage de franchir ce pas salvateur ?

    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 16 fév 2020

    Tags : Mali, France, françafrique, colonisation, Libye, Kadhafi,

  • Sénégal, fer de lance des plans franco-marocains contre l’Afrique

    Le Sénégal est le pays clé dans l’offensive de la France et du Maroc contre l’Afrique en vue de poursuivre le pillage des ressources naturelles du continent noir. Non sans raison, le président Macky Sall passe souvent ses vacances au Maroc en vue d’être payé pour ses services. Selon un média mauritanien, Macky Sall a reçu le montant de 5 millions d’euros pour mener les plans franco-marocains contre l’Union Africaine.

    Son ancien ministre des affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a dépassé tous les limites de la dégénération éthique. Il passait chaque année à l’ambassade du Maroc pour percevoir le montant de 140.784 dirhams marocains, soit 8.224.754 francs CFA. Théoriquement, « pour couvrir les frais de pèlerinage à La Mecque pour trois personnes ». Après les révélations du hacker Chris Coleman sur la diplomatie marocaine, nous avons compris pourquoi (voir lettre ci-jointe).

    L’affaire a fait beaucoup de bruits à Dakar avant d’être étouffé par le président Sall qui a menacé les médias sénégalais de leur couper les subventions s’ils continuaient à parler su sujet.

    Dans ce courrier confidentiel, « Monsieur Afrique » vante les services du Sénégal :

    Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération

    DP : CAB/l – SG/4 – DG/7 – DG/7/3

    CC : Nos Postes en Afrique; MP/New York et Genève

    J’ai l’honneur de vous faire part des éléments du compte rendu fait par le Ministre des Affaires Etrangères du Togo et l’Ambassadeur du Sénégal à l’issue de la première journée des travaux du Comité Exécutif de l’Union africaine.

    D’emblée, la délégation du Sénégal a demandé le retrait du point V portant sur « le rapport intérimaire de la Présidente de la Commission sur la situation au Sahara occidental « , lors de l’examen de l’ordre du jour de la réunion.

    Comme convenu, le Chef de la délégation du Sénégal a lu la déclaration préparée conjointement au nom d’un certain nombre de pays amis préalablement sensibilisés, lesquels sont intervenus pour lui apporter leur soutien. Il s’agit du Gabon, la Côte d’Ivoire, le Togo, la Guinée, la Gambie, le Bénin, le Burkina Faso, Djibouti, la Libye, la RDC, le Congo, les Comores.

    D’autres délégations ont réagi violemment à cette proposition. Il s’agit de l’Algérie, le Mozambique, la Tanzanie, le Zimbabwe, l’Angola, la Namibie, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Lesotho, la Zambie, le Botswana, le Soudan du Sud en plus de la pseudo « rasd ».

    Les délégations du Tchad, de la Tunisie et des Seychelles ne sont pas intervenues dans le débat. Celles de la République centrafricaine, de la Guinée Bissau, de Madagascar sont suspendues.

    A la différence de toutes les réunions précédentes où le Sénégal était seul à intervenir, la question a suscité un débat vif qui a duré prés de deux heures.

    Devant cette impasse, la présidence éthiopienne du Conseil a entériné la proposition de Djibouti de constituer un groupe ministériel restreint présidé par l’Ethiopie et composé de la Mauritanie, l’Afrique du Sud, le Togo, le Ghana, le Burkina Faso et Djibouti.

    Le compromis auquel sont parvenus les membres de ce Comité restreint s’articule autour des points principaux suivants:

    1) Le Comité exécutif prend note du rapport intérimaire de la Présidente de la Commission sur la question du Sahara;

    2) Rappelle la Résolution 2099 (2013) du Conseil de sécurité des Nations Unies et les résolutions antérieures de l’OUA sur le sujet;

    3) Demande à la Présidente de la Commission de présenter un rapport exhaustif au prochain sommet de janvier 2014 qui reflète les points de vue de toutes les parties;

    4) Demande à la Présidente de la Commission de l’UA de redoubler d’efforts pour de futures consultations entre les deux parties, les Nations Unies et autres parties intéressées;

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Sénégal, françafrique, Union Africaine,

  • Sahara Occidental : Le régime de Bouteflika a rendu la France et le Maroc agressifs

    Dans une déclaration faite à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, Bouteflika a clairement accusé la France de « tenter de régler ses comptes avec l’Algérie  » en   appuyant le « Maroc » parce qu’elle « n’a jamais accepté l’indépendance algérienne ». Mais il y a aussi la question des visées colonialistes qui n’épargnent aucun pays de l’Afrique, notamment l’Afrique centrale et occidentale.

    En dépit de sa méfiance, Bouteflika a voulu donner une chance aux relations bilatérales en mettant de côté la question de la mémoire et les crimes de guerre commis par l’Hexagone contre la population algérienne. C’est ainsi que les dirigeants des deux pays n’ont pas hésité à parler de lune de miel malgré que le président algérien voyait d’un mauvais œil la la « marocanisation de la vie politique française. Selon Mondafrique, Saïd Bouteflika en aurait exprimé sa désapprobation auprès d’un conseiller de François Hollande. Et malgré les ingérences de la France dans le dossier du Sahara Occidental.

    En dépit des voyages de réconciliation, le ce ciel bleu et les prétendues relations exceptionnelles, le pont entre la France et l’Algérie n’a jamais été vraiment construit. La raison ? Paris et le Rabat devenaient de plus en plus arrogants et agressifs au point d’ignorer l’existence de l’Algérie.

    Théoriquement, au Conseil de Sécurité, il appartient aux Etats-Unis de rédiger le brouillon de la résolution sur le Sahara Occidental. Cependant, l’empreinte de la France dans le texte est plus que visible. Sans l’ombre d’un doute, elle pousse les sahraouis à la capitulation, à renoncer à leur droit à l’autodétermination. Même aux droits de l’homme les plus fondamentaux puisque la France empêche la MINURSO d’étendre ses prérogatives à la surveillance de la situation des droits humains au Sahara Occidental. Décomplexée, Paris n’hésite plus à prouver que le Maroc est toujours un protectorat de la France, voire un Département français, ce qui a poussé tous les émissaires onusiens à la démission. Le Maroc, pour sa part, se vante publiquement du soutien inconditionnel de la France à ses mésaventures expansionnistes ainsi que ses pratiques violentes contre la population sahraouie.

    La France et le Maroc ont mal interprété la bonne foi des autorités algériennes quant à leur volonté d’enterrer le passé et ouvrir une nouvelle page. Ensuite, la maladie de Bouteflika a fait le reste.

    L’agression française contre le peuple sahraoui n’est pas limité aux coulisses des Nations Unies. Paris s’est engagé aussi à soutenir l’offensive marocaine en Afrique visant à faire imploser l’Union Africaine à l’aide du soutien de certains pays francophones qui n’arrivent pas à se débarrasser de la tutelle gauloise.

    A cet égard, notre confrère Maamar Farah, du Soir d’Algérie, a écrit l’article suivant :

    La France entre macronisation et marocanisation

    Personne n’ignore qu’entre la France et le Maroc, les liens sont étroits, inaltérables — quelle que soit la couleur politique du régime à Paris — et soudés par les relations personnelles entre le roi et ses amis d’outre-Méditerranée. Les quelques nuages passagers qui traversent le ciel de cette belle entente et qui naissent du courage de quelques hommes politiques français dénonçant le silence de Paris sur les atteintes aux droits de l’Homme ou encore des écrits courageux des rares plumes libres non inféodées à Rabat, ces nuages ne peuvent remettre en cause les énormes intérêts français dans un pays encore colonisé. Un pays qui a une apparence de souveraineté mais qui n’est, en réalité, qu’une succursale de l’impérialisme et un haut lieu du sionisme international.

    Ce protectorat est dirigé par une oligarchie occidentalisée composée de courtisans affairistes dont les intérêts sont intimement liés aux grandes compagnies françaises et américaines notamment qui possèdent pratiquement tout le Maroc ! Au cours de deux visites effectuées en 1988-1989, nous avons parcouru des centaines de kilomètres entre Oujda, Fès, Casa, Rabat, Marrakech, Essouira et Béni Mellal et, partout, nous avons pu constater la mainmise des sociétés occidentales sur les richesses et l’économie marocaines. Nos hôtes ne s’en cachaient pas même s’ils ne disaient pas tout ! Les parts qui revenaient au roi, par exemple, n’étaient pas divulguées alors que le monarque possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises. Des amis bien informés ont évalué cette part à 10%. Sans compter, bien sûr, ses biens personnels car, ici, il s’agit des entreprises semi-publiques de grande importance.

    Qu’ils soient de gauche ou de droite, les pouvoirs successifs français ont toujours évité de critiquer le Maroc. Dans les moments de grande répression intérieure,  comme celui qu’a connu récemment le Rif ou sur le dossier du Sahara Occidental, les Français font preuve d’un étrange alignement sur le régime de Rabat. Même constat pour une presse dont les patrons ont des intérêts énormes au Maroc, à l’instar d’un Drahi, citoyen franco-maroco-israélien, propriétaire de BFM, de la chaîne sioniste i24 et de l’Express, entre autres. Quand ils ne sont pas patrons, beaucoup de journalistes français se laissent séduire par quelques faveurs sous forme d’avantages divers.

    Mais les journalistes ne sont pas les seuls privilégiés du système de lobbying marocain. Beaucoup d’hommes politiques, des membres influents de la société civile, des têtes d’affiche du monde des arts et du spectacle, sont également conviés à goûter aux plaisirs charnels qu’offrent les nuits chaudes de Marrakech. Pour certains, cela va plus loin puisque le «tourisme» local n’est pas très regardant sur les excès lubriques de quelques libertins en mal d’exotisme,  excès qui vont jusqu’à la pédophilie et l’esclavage sexuel d’enfants issus de la classe pauvre. Faut-il, pour ne pas être taxé de «comploteur antimarocain», citer les témoignages de l’amant d’Yves Saint-Laurent sur les soirées agitées de la villa Bleue impliquant des gosses ou les cas des ministres Jacques Lang et Frédéric Mitterand ou encore celui de ce pédophile espagnol condamné par la justice marocaine et gracié par le roi ?

    La permissivité du Makhzen vis-à-vis de ce désordre moral qui donne à Marrakech les allures d’un Sodome moderne est vivement appréciée par les milieux dominants français qui ont le double avantage d’être les vrais patrons de cette «province» et d’utiliser des «sujets» locaux pour jouir de plaisirs tabous et punis par la loi chez eux.

    Je fais encore appel à la mémoire pour citer un lieu que nous avons visité près de Marrakech, un immense camp de débauche collective où nous avons été invités pour un méchoui. Je ne suis pas un islamiste obscurantiste et je n’ai rien contre les cabarets et les boîtes de nuit que je fréquentais assidûment durant ma jeunesse, mais ce que j’ai vu et entendu à «Aliwood», près de Marrakech, m’a confirmé tout le mal que je pensais de ce «paradis sexuel» couru par les dépravés et les pédophiles du monde entier. Je passe sur les détails du «programme» pour ne pas choquer les âmes sensibles, m’arrêtant juste à ce moment fatidique où quelques fillettes en tenue légère furent introduites sous notre tente, pour une danse qui n’avait rien de folklorique.  Nous étions mal à l’aise, gênés par ce spectacle insolite et chacun de nous voyait sa propre fille parmi ces pauvres créatures. Mais l’honneur des Algériens fut sain et sauf. A l’invite d’un accompagnateur marocain qui nous proposait,  ni plus, ni moins, de «profiter» de l’occasion, Rezigui, vieux journaliste émérite de l’hebdomadaire arabophone El Moudjahid, se leva et en fit voir de toutes les couleurs à ces «organisateurs», pour une fois mal tombés : «Vous nous prenez pour qui ? Ces gosses ont l’âge de nos propres filles ! Vous ne connaissez pas l’Algérien ! Ne le confondez pas avec ces affamés sexuels, ces touristes dépravés qui profitent de votre bassesse…» Au moment de quitter notre tente, nous aperçûmes les fillettes agglutinées autour des restes de nos méchouis, s’arrachant les morceaux de viande comme des animaux ! Triste moment qui me fit réfléchir à ce Maghreb de l’impossible que nous voulions bâtir… Je pensais à Boumediène et à ce qu’il disait à propos de la féodalité marocaine…

    Pour revenir aux relations franco-marocaines, il n’y a pas que ce côté apparent des choses. Depuis quelque temps, les «représentants» et autres espions déclarés ou pas du Maroc pullulent en France,  grimpant rapidement les échelons du pouvoir politique. Il y eut Dati, Najet-Vallaud Belkacem, Azoulaï et bien d’autres. Leur rôle est de servir les thèses monarchiques et influer sur les positions françaises. Parfois, il s’agit de jonctions entre les intérêts du royaume et ceux d’Israël qui a certes des défenseurs de plus en plus nombreux en France, mais qui aura toujours besoin d’une forte présence en Afrique du Nord, dans un pays aux relations «intimes» avec l’ancienne Métropole.

    Le nouvel épisode de ce long feuilleton et qui a pour titre «Benalla et les Macron» traduit on ne peut mieux cette omniprésence marocaine dans les hautes sphères parisiennes. Une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets mais qui aura le mérite — nous l’espérons — d’ouvrir les yeux de l’opinion française sur des dérives qui n’ont que trop duré. L’intérêt de la France n’est pas et ne sera jamais dans ces arrangements douteux qui servent une caste éphémère mais pas les deux peuples. Les intérêts des deux oligarchies empêchent la vérité et la justice d’imprégner ces relations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne veulent pas sortir du sordide, depuis ces temps pas très lointains où des barbouzes du Quai des Orfèvres enlevaient Ben Barka,  au cœur de Paris, sur ordre de Hassan II.

    M. F. 

    P. S. : lorsqu’il est conçu sans arrière-pensées, le Partenariat public-privé peut effectivement rendre d’énormes services à l’économie algérienne. Mais la version corrigée et revue par le FCE et… l’UGTA (!) n’était qu’une énième tentative de brader le secteur public au profit de patrons à la soudaine richesse ! Ces pistonnés, de plus en plus nombreux au fil des mandats, lorgnent du côté des entreprises propriétaires de foncier important, bien installées et rentables.

    Un exemple édifiant : celui de GTH, grande société de travaux hydrauliques qui eut ses heures de gloire. Ayant une grande expérience dans le domaine des transferts hydriques et des constructions de stations et de barrages, cette société a, curieusement, de moins en moins de marchés au moment où, paradoxalement, quelques rares sociétés privées croulent sous les commandes ! Les travailleurs de GTH éprouvent des difficultés à percevoir leurs salaires et l’entreprise est en voie de disparition. Mais les «sauveurs» guettent…

    Ce n’est plus du  partenariat mais du «pousse-toi de là que je m’y mette !»

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, France, Union Africaine, françafrique,

  • La Guinée avant qu’Alpha Condé ne trahisse l’esprit d’Ahmed Sékou Touré

    Quand la Guinée dit « non » au Général (1)

    La Guinée est un territoire colonial qui a fait peu parler de lui jusque dans les années 1940. En 1945, des émeutes éclatent à Conakry à l’occasion d’élections municipales. Une bonne partie des mécontents sont persuadés que le scrutin est truqué. Ce soulèvement, maté par la force, indigne Ahmed Sékou Touré, engagé dans la vie syndicale de son territoire. En 1946, ce dernier ce rend au Congrès de Bamako et participe à la naissance du RDA. Mettant à profit son réseau de connaissances au sein du milieu syndical guinéen, Sékou Touré fonde le Parti démocratique de Guinée (PDG), section locale du RDA. Devenu vice-président en 1957, ce leader politique déjà reconnu n’entend pas rompre totalement avec la France, mais souhaite
    affirmer la personnalité politique de la Guinée et plus largement du continent africain.

    Les élections organisées dans le cadre du référendum doivent se tenir à Conakry le 2 octobre 1958. Voter « non » reviendrait à disposer immédiatement de l’indépendance. Tandis que l’ensemble des territoires français se prononcent massivement pour le « oui » (2), la Guinée rejette le projet gaullien par près de 95% des suffrages. Théoriquement, et sur le plan juridique, rien n’empêche la Guinée de demander son indépendance immédiate. Ce droit lui est d’ailleurs reconnu par la Constitution de la Ve République adoptée le 4 octobre. La volonté du gouvernement français de préserver ses intérêts sur le continent est cependant plus forte.

    A ce moment, Jacques Foccart est déjà le conseiller particulier du président en matière africaine. Ancien résistant, spécialisé dans le « renseignement et l’action » pendant la guerre, spécialiste dès 1947 des affaires africaines au RPF (Rassemblement du peuple français), parti gaulliste, Foccart est prêt à mener une guerre subversive en Guinée afin de protéger les intérêts français sur place, et de prévenir toute velléité d’indépendance de la part des États voisins. Maurice Robert, son interlocuteur et ami à Dakar (3), est chef de poste au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage). Il est un des artisans de la campagne de déstabilisation qui vise à prouver aux territoires africains encore sous tutelle qu’hors de la France, il n’y a point de salut. Dès lors, les services du SDECE, aidés par le haut-commissaire de l’AOF Pierre Messmer, s’emploient à étouffer l’économie guinéenne. De la fausse monnaie sort des imprimeries du SDECE et inonde la Guinée. Messmer dépêche également des militaires à Conakry afin de s’emparer du trésor du gouvernement de Guinée : le pays n’aura donc pas de budget pour sa première année d’indépendance ! Dans le même temps, le personnel administratif et militaire français quitte le pays en trois mois seulement emportant tout le matériel possible. Avant de partir, des colons français, planteurs pour la plupart, saccagent le matériel agricole ainsi que les plantations qu’ils abandonnent. Enfin, la Guinée demande officiellement à la France la signature d’un accord d’association (9 octobre 1958) comme elle en avait le droit. Bien entendu, l’ancienne métropole fait la sourde oreille. Qu’à cela ne tienne, Sékou Touré, qui déclarait en août 1958 que la Guinée préférait « la pauvreté dans la liberté plutôt que la richesse dans l’esclavage » (4) , n’hésite pas à mettre en œuvre une diplomatie ambitieuse et à solliciter l’aide technique et financière de l’URSS et de la Chine, geste lourd de conséquence en période de guerre froide… (5)

    Sur le plan politique, Maurice Robert active un réseau d’« honorables correspondants » visant à fortifier l’opposition à Sékou Touré. Il est également sommé d’organiser sur place des « postes de liaison et de renseignement » (PLR) qui finissent par quadriller un certain nombre d’États africains francophones au moment de l’indépendance. Officiellement, ces PLR visent à organiser les services de renseignements des « jeunes » États proches de la France. Officieusement, ils servent une stratégie d’isolement de la Guinée.

    En somme, l’exemple guinéen pose de façon très claire les bases de ce qui devient progressivement le système « françafricain ». Celui d’une ingérence de la France dans les affaires internes d’un État officiellement indépendant par activation de réseaux interpersonnels. Cette politique de réseautage est mise en œuvre par les agents des services de renseignement français (le SDECE et ses antennes sur place), en lien avec des leaders politiques locaux ou étrangers hostiles au régime visé. Tout ceci se fait en marge des institutions « officielles » de l’État et accorde à la cellule africaine de l’Élysée, et tout particulièrement à son responsable, Foccart, un pouvoir considérable. L’enjeu semble déjà clair : il s’agit de préserver à tout prix les intérêts économiques et politiques de la France qui fait de l’Afrique son domaine d’intervention régalien, mieux, une affaire présidentielle. Avec la marche vers les indépendances au cours des années 1959-1960, tout se passe comme si la métropole souhaitait partir pour mieux rester.

    (1) Kaba Lansiné, Le « non » de la Guinée à De Gaulle, Paris, éd. Chaka, 1990.

    (2) La colonie « modèle » de Côte-d’Ivoire voit le « oui » l’emporter à 99,9% des suffrages exprimés, meilleur score de l’AOF, mais résultat pour le moins suspect…

    (3) Maurice Robert a combattu en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale sous les couleurs de la France libre. En 1947, il rencontre Jacques Foccart, un des artisans de la création du RPF que ce dernier tente d’implanter solidement en Afrique.

    (4) Discours prononcé par Ahmed Sékou Touré le 25 août 1958. Destiné au président du Conseil De Gaulle, ce document a été remis par Sékou Touré à Jacques Foccart qui n’a pas cru bon de le présenter au Général. Ceci explique en partie la fureur de De Gaulle qui découvre alors un discours bien loin de la marque d’indéfectible attachement à la France à laquelle il s’attendait. Le texte est écrit dans un style plein de retenue, mais annonce clairement la volonté de la Guinée de marcher sur la voie de l’indépendance.

    (5) Camara Sylvain S., La Guinée sans la France, Paris, Presses de la FNSP, 1976.

    Extrait du livre « La « Françafrique » : entre mythe et réalité », de Benoît Beucher

    Tags : Guinée Conakry, Ahmed Sékou Touré, Alpha Condé, françafrique,

  • La France pille encore l’Afrique en 2019 : chaque année 440 milliards d’euros de taxes !

    « Je suis d’une génération qui ne dit pas aux Africains ce qu’ils doivent faire. » — Emmanuel Macron, 2017

    Le masque est tombé, lorsqu’une jeune fille africaine, l’interroge lors d’un forum public au Burkina Faso, sur la présence de l’armée française en Afrique… Macron répond alors hystériquement:” qu’ils (les africains) devraient applaudir les soldats français dans les rues africaines.

    Les Allemands se mêlent du franc CFA , et les plumes se délient ces jours-ci…

    Un journal économique allemand accuse la France de piller chaque année 440 milliards d’euros aux africains à travers le Franc CFA. (Franc pour les colonies françaises en Afrique)

    « Le gouvernement français recueille auprès de ses anciennes colonies chaque année 440 milliards d’euros de taxes. La France repose sur les recettes venant d’Afrique, pour ne pas sombrer dans l’insignifiance économique ».

    Et aussi…Pour justifier sa présence militaire, pour contrôler le sous-sol très riche en matières premières, dans toute l’Afrique La France crée des conflits, sous de bannières purement ethniques et religieux dans l’ombre évidemment.

    Rappelons que sur son territoire Européen, la France n’a pas de ressources en matières premières, pour faire fonctionner son industrie et son économie…

    La déstabilisation de ses anciennes colonies africaines, reste son nerf de guerre, avec l’assentiment, voir la complicité des chefs de tribus africaines, des USA, et leurs affidés, et bien sur les membres de l’onu de l’otan, l’Union Européenne…

    La France divise les africains dans ses armées, avec la manipulation des masses, par que sont les médias français et faux médias africains, comme jeune Afrique et tous les médias et les ” intellectuels, qui se font les relais de l’AFP Agence France Presse, organe qui dicte sa désinformation, sa propagande impérialiste, ce que les africains et le reste du monde doit comprendre concernant l’Afrique et la France …

    La France est dans ces pays pour :

    1. Liban: Pétrole et gaz naturel

    2. Mali: Or, pétrole et uranium

    3. Irak: Pétrole

    4. Syrie: Gaz, pétrole

    5. Tchad: Pétrole et uranium ..

    Mais officiellement sous le fallacieux prétexte, de combattre des groupes armés venus de Libye, pour qui, cette même France fourni les armes…

    Rebecca Bourahla

    Algérie Network

    Tags : France, Afrique, françafrique, pillage, spoliation, colonialisme,

  • ANALYSE: Le cauchemar français en Afrique – I : Contexte historique

    – Aujourd’hui, le continent africain est divisé par les frontières coloniales, les langues coloniales, et l’idéologie coloniale. Notamment, les frontières d’aujourd’hui ont émergé en grande partie de la conférence de Berlin de 1884-1885.

    Ümit Dönmez | 06.02.2020

    AA – Istanbul

    Par Mustafa Efe

    Le passé colonial français, et les motivations économiques, religieuses, sociales et politiques aux procédés assimilationnistes et jacobins, ont façonné le passé du continent africain. Il sera donc utile de jeter un bref regard sur le passé colonial de la France, notamment en Afrique. Si cette période n’est pas prise en compte, on ne pourra pas évaluer la situation actuelle, à la lumière seule des actions françaises présentes.
    Avec le début de la période d’indépendance, les administrations étatiques africaines ont été transférées à des administrateurs qui étaient députés au parlement français pendant la période coloniale, ou à d’autres personnes travaillant pour l’administration coloniale, ou ayant été éduquées dans le pays colonisateur. Cela a assuré la poursuite du colonialisme français.

    – Historique du colonialisme français

    La domination française sur l’Afrique a une histoire qui remonte au 17ème siècle. La France a planté les graines du mouvement d’occupation et d’exploitation sur le continent en 1624 en établissant des centres commerciaux au Sénégal. Avec la création de la Compagnie française des Indes orientales en 1664, le colonialisme est devenu plus systématique. L’Empire colonial français, qui s’étendait sur une superficie de 3,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1670, atteignait 11,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1920.

    Malgré le fait que le roi de France, François Ier, qui avait été fait prisonnier par l’empereur Charles Quint du Saint-Empire romain germanique en 1525 lors de la bataille de Pavie avait appelé à l’aide de [l’empereur ottoman] Soliman le Législateur (ou Soliman le Magnifique), et malgré le fait que de bonnes relations aient été établies entre les deux nations, et que la France doive sa survie à l’Empire ottoman; la France, après s’être renforcée, s’est attaquée à l’Empire ottoman. En 1799, Napoléon a attaqué Acre pour prendre le contrôle de l’Égypte et de Damas, et a connu sa première défaite. Napoléon a dit: « Si je n’avais pas été arrêté à Acre, j’aurais pu conquérir tout l’Orient ». Cela montre que si l’État ottoman n’avait pas arrêté la France, de nombreux pays du monde islamique, et même du continent asiatique jusqu’à à l’Extrême-Orient, auraient pu devenir des colonies françaises, comme ce fut le cas en Afrique.

    Alors que l’État ottoman avait commencé à perdre de son pouvoir, la France a occupé l’Algérie en 1830. Cette invasion marque le début des invasions de la France en Afrique du Nord.

    Pendant la Première Guerre mondiale, 1 million de soldats africains ont combattu dans l’armée française.

    Pierre Savorgnan de Brazza, un citoyen français d’origine italienne, fondateur de la colonie française ouest-africaine moderne, était un explorateur de l’ère coloniale. Brazzaville, la capitale de la République du Congo, porte notamment son nom.

    Élargissant l’arrière-pays algérien avec le traité franco-britannique de 1890, la France l’a transformé en une région où se rejoignent la région du bassin du Lac Tchad et le territoire français-africain. Avec la note du 30 octobre 1890, l’État ottoman a tracé les limites du Sahara turc. La Libye, qui est à l’ordre du jour actuellement, était en fait au centre de la lutte franco-ottomane à cette époque. Selon la note turque du 30 octobre 1890, l’arrière-pays libyen ottoman incluait la Libye, le Soudan, l’Égypte, le Tchad, l’ouest de l’Éthiopie, le Soudan du Sud, la région centrafricaine, le nord du Cameroun, le nord et à l’est du Nigéria et une région constituée du Niger pour sa moitié. L’État ottoman, en réaction aux attitudes agressives de la France, a fait état de ses droits au nord du Congo et à l’est du Niger en 1885. La note remise à la France le 12 mars 1902 confirme cette situation. Malgré toutes les luttes que l’Ottoman a menées, il n’a pas pu empêcher les activités coloniales de la France sur le continent africain.

    Pendant la traite transatlantique des esclaves, environ 5 300 000 Africains ont été réduits en esclaves en Sénégambie, en Afrique occidentale et centrale, et emmenés dans les Caraïbes, en Haïti, c’est-à-dire dans les colonies françaises du nouveau monde, dans des navires français. Les puissances coloniales ont convenu de ne pas se battre entre elles. De plus, elles ont collaboré pour qu’une possession perdue par une puissance coloniale puisse être récupérée par une autre puissance coloniale. Elles ont, par exemple, forcé les pays qu’ils avaient exploités afin de les faire enseigner en anglais dans les anciennes colonies françaises et en français dans les anciennes colonies anglaises. Cette situation perdure aujourd’hui. Par exemple, quelle langue le Rwanda remplace-t-il en prenant des mesures pour se débarrasser du français? L’anglais, qui est aussi une langue coloniale …

    – Colonialisme français et génocides en Afrique

    Les Français ont exploité une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et centrale pendant des siècles. La France a établi des formes d’administration directes pendant la période coloniale et a suivi des politiques d’assimilation en essayant d’établir son propre système de culture et de valeurs. Elle a structuré les colonies d’Afrique de l’Ouest en « Afrique occidentale française (AOF) » et celles d’Afrique centrale en « Afrique équatoriale française (AEF) ». La France a poursuivi une stratégie visant à mettre en conflit les tribus pour gérer plus facilement leurs colonies en Afrique. De plus, pour briser la résistance des peuples, comme par exemple avec le drapeau du Congo français, la France a utilisé un drapeau similaire au drapeau ottoman, constitué d’un « croissant et une étoile ».

    Les élites africaines, qui ont grandi dans les anciennes colonies françaises, ont soutenu que le colonialisme était bon et que les colonies ne devaient pas être indépendantes. Le colonialisme avait pénétré jusqu’à dans l’âme des Africains et un « EuroAfricisme » avait émergé, qui s’opposait à l’indépendance. Ce concept a été introduit en 1927 par un Français du nom de Guernier, auteur du livre « L’Afrique, champ d’expansion de l’Europe », (publié en 1933, ndlr].

    Blaise Diagne, président du premier congrès panafricain en 1919 et député sénégalais à l’Assemblée nationale française, avait déclaré: « Nous, autochtones […] voulons rester français. Parce que la France nous a donné toutes sortes de libertés et nous a traités comme ses propres enfants sans aucune discrimination. Personne ne veut que l’Afrique française soit laissée aux seuls Africains, comme certains le souhaiteraient. L’élite française ne permettrait pas les théories révolutionnaires qui exigent la séparation et l’indépendance, ce qui contreviendrait au calme et à l’ordre, qui sont essentiels pour la sécurité de tous ».

    Léopold Sedar Senghor, qui était le [premier] président du Sénégal entre 1960 et 1980, a également soutenu que la voie la plus appropriée et souhaitée pour son pays était une union au sein de l’Empire français et que les problèmes de l’empire était également ceux des colonies. Parmi l’élite africaine certains siégeaient à l’Assemblée nationale française.

    Les membres d’une même tribu ont été séparés entre différents États avec des frontières artificielles établies par les États coloniaux. Cette situation a provoqué des conflits entre de nombreux pays africains après l’indépendance. Par conséquent, d’autres dirigeants, à l’exception d’Ahmed Sekou Touré, ont accepté une indépendance au sein de l’Union française, que Frantz Fanon (1925-1961) a qualifiée de « fausse indépendance ».

    Comme exigence du nouveau monde capitaliste fondé après la Seconde Guerre mondiale, la France n’a accepté que « l’indépendance sur papier » de ses colonies, et à certaines conditions . La Guinée a rejeté l’indépendance conditionnelle; d’autres pays africains ont accepté. Mais la France a sécurisé ses relations avec les pays africains et signé des « accords de coopération » contraignants notamment sur la monnaie coloniale française (franc africain), le système éducatif français, le cadre des relations militaires et commerciales. De plus, elle a obligé les nouveaux pays «indépendants» à payer les infrastructures construites par la France pendant la période coloniale. 14 pays africains, anciennes colonies françaises, paient des impôts coloniaux à la France depuis leur indépendance. Alors que la France a dû s’excuser pour les richesses qu’elle a pillées en Afrique, et malgré les millions qu’elle a asservis ou tués, le chaos social sans fin qu’elle a provoqué et les génocides qu’elle a causés, elle continue de percevoir des impôts pour ce qu’elle fait.

    La France a en effet joué un rôle dans de nombreux génocides sur le continent africain, et coopéré ou fourni des armes à des forces génocidaires. La France a tué des millions d’Algériens pendant la période d’exploitation et d’occupation en Algérie, qui a duré 132 ans depuis 1830, indirectement par déportation, directement par balle ou par le feu dans des fours à chaux. Plus d’un million de personnes ont été tuées entre 1945 et l’indépendance.

    Les unités militaires françaises qui ont participé aux «opérations d’aide humanitaire (!)», lors du génocide des Tutsis par des Hutus au Rwanda en 1994, ont directement soutenu ce génocide. En outre, la France a fourni des armes, des renseignements, une stratégie, un soutien à la formation militaire au génocide et a déterminé la « liste des personnes à tuer ». Les massacres ont fait près d’un million de morts.

    Le nombre de personnes tuées en Tunisie, au Sénégal, au Niger, en Mauritanie, au Cameroun, au Burkina Faso, au Gabon, en Guinée et au Bénin reste encore inconnu.

    La France, comme d’autres puissances coloniales, a visé les leaders et les universitaires qui dirigeaient la société. Elle a, par exemple, tué 400 érudits lors d’un symposium islamique en 1917 au Tchad.

    [Mustafa Efe est président du Centre africain d’études stratégiques (AFSAM)]

    Anadolou

    Tags : France, Afrique, françafrique, colonialisme, néo-colonialisme, spoliation, esclavage, pillage,

  • La France tente une nouvelle tactique après avoir perdu son influence en Afrique de l’Ouest

    ISTANBUL

    Les problèmes économiques et sociaux dans les pays africains qui ont accédé à l’indépendance juste après leurs périodes colonialistes ont fourni une opportunité et un environnement pour le néocolonialisme pour progresser. En incluant notamment la France et l’Angleterre, les puissances coloniales possédaient la plupart des ressources précieuses du continent telles que les réserves d’hydrocarbures, les télécommunications, la gestion portuaire, l’administration des chemins de fer, les systèmes de commerce de détail et même les entreprises contractantes qui assurent la production de la sous-structure. Pour cette raison, les puissances coloniales qui ont accordé l’indépendance aux pays en question ont facilement comblé les lacunes de pouvoir résultant des crises de gouvernance des pays du continent. Les paroles de Doudou Thiam, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, rendent la situation plus significative: «Assez! L’indépendance qui ne peut aller au-delà de la forme… Si nous n’essayons pas d’obtenir nos droits de souveraineté économique et sociale, nous ne pouvons pas atteindre une véritable indépendance. »

    La conjoncture actuelle indiquant un changement en Afrique de l’Ouest, qui est également le principal sujet de cet article, on peut affirmer que la crainte de la France de perdre un territoire l’oblige à appliquer des méthodes contraires à l’éthique et mises à jour avec des stratégies néocoloniales. Par conséquent, nous pouvons affirmer que cette affaire se produit de deux manières.

    La première direction fait l’objet du franc CFA, qui est la monnaie coloniale. Les réserves du franc CFA et des États régionaux d’Afrique de l’Ouest (la totalité durant les premières années de fondation, dont la moitié dans la situation actuelle) ont été déposées à la Banque centrale française. Dans cette situation, il est également assez clair que bon nombre des présidents qui souhaitaient quitter la région CFA ces dernières années ont été frappés par des forces soutenues par la France. Dans ce contexte, il a été exprimé que les États de la région CFA abandonneraient l’héritage colonial et que l ‘«Eco», la monnaie du continent déterminée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), entrerait en vigueur dans 2020. En revanche, il a été signalé que le Nigéria, la Sierra Leone, le Libéria, la Gambie, le Ghana et la Guinée ont refusé d’utiliser le «Eco» comme monnaie lors de la réunion organisée par les États en cause le 17 janvier. En fait, avant lors de la réunion susmentionnée, des discussions avaient eu lieu sur les préparatifs de la CEDEAO sur la monnaie « éco » développée après des années d’études, et sur la manière dont la France allait utiliser « éco » et essayer de mettre en œuvre un nouveau type de système colonial. Ainsi, on peut penser que cette explication est liée au sujet et non à une surprise.

    La deuxième direction est que l’augmentation récente des activités terroristes en Afrique de l’Ouest constitue une base pour la France de garder des soldats dans les régions connexes. Contre le cas d’espèce, tant la société africaine, y compris l’initiative financière dans un premier temps, que la diaspora africaine en Europe réagissent sérieusement à l’attitude française et protestent. Les communautés en cause pensent que la puissance militaire de la France, dont 4 500 soldats dans le cadre de l’opération « Barkhane » que la France maintient depuis 2014 dans la région du Sahel, n’a provoqué qu’une augmentation de la terreur et de l’incapacité régionale.

    Les explications incalculables de Macron, qui a dit qu’il interrogerait les dirigeants sur «l’incertitude sur l’opposition accrue contre la France dans la région du Sahel» et «les dirigeants des États que la France a en leur pouvoir militaire lui doivent» une «explication» lors de la réunion de l’OTAN qui a eu lieu le 4 décembre 2019 a attiré une réaction significative de l’Afrique même. Dans ce contexte, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore, a indiqué que le ton de Macron est problématique et que Macron n’ira nulle part avec ce ton. Les présidents du Sénégal, du Mali, du Nigéria et de la Côte d’Ivoire ont également réagi contre le ton et les paroles de Macron. À la suite de tout cela, les bases françaises ont été protestées dans de nombreux pays africains, et les manifestations ont été interdites dans certaines autres villes avant la visite de Macron en Côte d’Ivoire et au Nigéria entre le 20 et le 22 décembre.

    Sommet Pau Sahel et préoccupation française

    À l’appel de Macron, les dirigeants de la Mauritanie, du Tchad, du Mali, du Nigéria et du Burkina Faso en tant qu’États d’Afrique de l’Ouest se sont réunis dans le cadre du sommet du G5 Sahel le 14 janvier dans la ville de Pau dans le sud de la France. Lors du sommet du Sahel organisé par Macron, la lutte contre le terrorisme, la légitimité de la France dans cette région, les nouvelles stratégies et la restructuration des opérations ont été discutées avec la participation du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du président du Conseil européen Charles Michel et du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. Même si Macron fait confiance à cette structure, on sait que l’Amérique a adouci son soutien en diminuant le nombre de soldats qu’elle a en Afrique de l’Ouest concernant le processus de transformation de la politique internationale. Pour cette raison, les circonstances données inquiètent la France de jour en jour, et la France augmentera sa politique immorale dans la région avec la crainte de perdre le pouvoir dans les prochains jours.

    Le président français Emmanuel Macron attend des explications politiquement favorables des dirigeants africains à la réaction de la société contre la montée en puissance militaire récente de la France dans les pays en cause. Paris attend non seulement une répétition forte et claire de la demande et du soutien à l’existence française sur le territoire des autres États du Sahel, mais souhaite également que ses alliés européens jouent un rôle actif dans la région du Sahel si nécessaire. De plus, même ces alliés européens agissent avec hésitation sur la réalisation de la mise en scène d’une force de 500 soldats appelée «Takuba». On sait que cette demande n’est pas encore venue des Etats du Sahel.

    Que signifie l’existence militaire française en Afrique de l’Ouest?

    Même si seulement quatre bases militaires de la France sont permanentes dans toute l’Afrique dans la situation actuelle, comme dans l’opération Barkhane, qui est la portée de la région du Sahel, les bases temporaires deviennent également permanentes dans le temps. Bien que Macron affirme que l’existence militaire française dans la région dans le cadre des opérations mentionnées n’est que pour la sécurité de l’Afrique, il n’est pas difficile de remarquer la réalité que la France opprime en fait les pays en cause tout comme une relation carotte-bâton, et de cette manière, il vise à maintenir ses gains économiques grâce aux précieuses ressources de la région. Pour cette raison, la France tente de profiter des activités terroristes en Afrique pour protéger et maintenir la légitimité de son existence dans la région, notamment dans le domaine militaire. En fait, cette circonstance démontre que la France viole remarquablement la sécurité, la stabilité et la souveraineté des États régionaux, et dans cette conjoncture, les anciennes puissances néocoloniales comme la France continueront de piller les ressources africaines. Les protestations de la diaspora à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique sont sérieusement précieuses pour avoir conscience de ce pillage. À ce stade, l’équation à plusieurs variables sur la rivalité entre la France et l’Angleterre en est le cas.

    En conséquence, comme l’a souligné l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Doudou Thiam, il est temps que les États africains consolident leurs acquis dans les domaines économique et social et arrêtent ce pillage. Il faut frapper quand le fer est chaud car la nouvelle et dynamique nouvelle génération d’Afrique a le potentiel nécessaire pour réaliser ces idéaux.

    * Le Vice-Coordinateur du Centre Africain de Coordination et d’Education (AKEM), Kaan Devecioglu poursuit ses études concentrées sur l’économie politique et les sujets africains, notamment sur le Soudan, à l’Association des Chercheurs sur l’Afrique (AFAM).

    * Traduit par Merve Dastan

    Source : fr24news.com, 31 jan 2020

    Lire l’article en anglais

    Tags : Afrique, France, colonialisme, françafrique, franc cfa, FCFA, afrique de l’Ouest,

  • France / Afrique : les intérêts économiques refont surface

    Et pour cause, Emmanuel Macron a été particulièrement irrité par les récentes déclarations de certains dirigeants africains, qu’il accuse de distiller un sentiment antifrançais au cœur des populations et de la jeunesse africaine.

    Lassaad Ben Ahmed | 13.01.2020

    AA / France / Fawzia Azzouz

    Le 25 novembre au Mali, périssaient 13 militaires français dans un crash aérien alors qu’ils participaient à une opération antiterroriste de la force Barkhane. Très vite, les débats se sont cristallisés sur la légitimité de la présence de l’armée française en Afrique et sur ses intérêts cachées. Nombreuses ont été les critiques qui considèrent que l’Etat français maintient sa mainmise sur l’économie africaine par une présence militaire sous couvert de lutte antiterroriste.

    Le sommet du G5 Sahel, convoqué à l’initiative du président français Emmanuel Macron, s’ouvre ce lundi à Pau. Au programme des discussions, figurent évidemment les opérations antiterroristes au Sahel via l’opération Barkhane, qui mobilise 4500 militaires français dans la zone mais aussi, une quête de ce que le chef de l’Etat appelle « la clarté ».

    Et pour cause, Emmanuel Macron a été particulièrement irrité par les récentes déclarations de certains dirigeants africains, qu’il accuse de distiller un sentiment antifrançais au cœur des populations et de la jeunesse africaine.

    Après la mort de 13 soldats français au Mali fin novembre, nombreux ont été les observateurs à s’interroger sur la légitimité de la présence de la France dans la région et ont notamment pointé du doigt le fait que si Paris se justifie en invoquant la nécessaire lutte contre le terrorisme, il n’en demeure pas moins qu’elle y possède d’indéniables intérêts économiques.

    Le 26 novembre, tandis qu’Emmanuel Macron rendait hommage à ces 13 militaires tombés au Mali via son compte Twitter, le sociologue Mathieu Rigouste lui avait répondu en lui demandant si les victimes étaient mortes pour « protéger » le pays ou pour « protéger les intérêts de l’Etat et des industries françaises ».

    Dans une analyse de la situation, publiée sur le média indépendant « l’Orient XXI », le spécialiste explique que « la concurrence chinoise menace les intérêts énergétiques et commerciaux occidentaux en Afrique depuis le début des années 2000 ». Il précise que « le Sahel abrite de grandes réserves pétrolières ainsi que des gisements d’uranium et d’or, mais aussi de gaz, de coltan, de cuivre, de grenats, de manganèse et de lithium, de minerais magnétiques et de terres rares ».

    Il rappelle, par ailleurs, dans son écrit, que le chercheur à l’institut stratégique de l’école militaire de Paris, Mahdi Taje, assumait ce positionnement dans les colonnes d’un média malien en 2017, en affirmant que « la réalité géographique de cette zone permettrait à certains États, s’ils se positionnent économiquement et militairement, de mieux contrôler les richesses des États du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest ».

    A noter également que dans le rapport du Sénat français de 2013, les parlementaires évoquaient la volonté française d’assurer « un accès sécurisé aux ressources énergétiques et minières » de l’Afrique, à travers l’opération Serval (devenue Barkhane en 2014).

    S’agissant de l’activité des entreprises françaises sur le continent africain, Mathieu Rigouste rappelle qu’elles sont au nombre de 40 mille dont 14 multinationales d’envergure, comme les géants Total, Areva ou encore Vinci.

    Les vendeurs d’armes comme Dassault figurent également sur la liste des entreprises ayant très clairement un profit à tirer des opérations françaises au Sahel. « Serval puis Barkhane ont été l’occasion de tester et de promouvoir les avions de chasse de Dassault et les missiles de la société aéronautique MBDA » note le sociologue qui mentionne également les « exportations de Rafale au Mali ».

    Dans un rapport publié en avril 2019 par Hervé Gaymard, mandaté par la diplomatie française pour « relancer la présence française en Afrique », on apprend qu’en « vingt ans, les exportations françaises ont doublé sur un marché qui a quadruplé, d’où une division par deux de nos parts de marché ».

    Sur cette période, « les exportations françaises vers le continent africain ont doublé (d’environ 13 à 28 milliards de dollars, en 2000 puis 2017), sur un marché dont la taille a quadruplé (d’environ 100 à environ 400 milliards de dollars d’exportations) ».

    Le stock d’investissement direct étranger français sur le continent africain «sont passés d’environ 5,9 milliards d’euros en 2000 à 52,6 milliards d’euros en 2017 (avec un pic à plus de 56 Md EUR en 2016) », selon ce même rapport.

    Les importations, elles, concernent principalement l’uranium, le cacao, les fruits tropicaux ou encore l’huile.

    Pour le géopolitologue Pascal Boniface, interrogé par Anadolu, « la France doit faire face à la concurrence d’autres acteurs dans la région dont la Chine et la Russie », illustrée par « la réussite des sommets Chine/Afrique et Russie/Afrique ».

    Il estime que la France « sait très bien qu’elle ne peut pas rester éternellement dans le Mali et au Sahel sauf à susciter une grogne » où elle serait qualifiée « non pas d’armée d’occupation mais sa présence sera de moins en moins bien acceptée ».

    C’est le cas, d’ailleurs, ces jours-ci, à la faveur de manifestations demandant le départ des forces françaises, devenues fréquentes, la dernière en date a eu lieu vendredi 10 janvier à Bamako.

    Boniface, par ailleurs directeur de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques), considère que la France et l’Afrique doivent « trouver une relation où chacun gagne à coopérer avec l’autre ».

    Pour le sociologue Saïd Bouamama, cité par le journal « Jeune Afrique », le néocolonialisme trouve sa source dans « l’instauration de nouveaux mécanismes de dépendance qui ne nécessitent pas l’occupation militaire des pays ».

    Il met ainsi en lumière « le double processus d’un encouragement à l’endettement suivi d’une exigence sous condition pour pouvoir continuer à bénéficier des crédits », opérés, entre autres, par l’Etat français.

    Le sociologue estime, enfin, que « la décolonisation n’a pas été poussée jusqu’aux domaines économiques et culturels » et que « les imaginaires sont restés ceux du dominant », notamment sur le continent africain.

    « Les politiques de coopération, d’aide soi-disant technique, les ONG, la francophonie, etc., ont été des outils de cette mise en dépendance culturelle et psychologique », conclut-il.

    À ce propos, le « pacte colonial » imposé par les pays européens à leurs anciennes colonies et selon lequel ces dernières ne peuvent importer que des produits provenant de la métropole et ne doivent exporter que vers celle-ci, a très longtemps pénalisé les pays africains.

    Fin décembre, le président Macron annonçait en grande pompe depuis Abidjan, la fin programmée du franc CFA qu’il considère comme l’un des derniers « vestiges de la françafrique » ainsi que la fin du dépôt des réserves de change en France pour les 8 pays d’Afrique de l’Ouest francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

    Il n’en demeure pas moins que jusqu’à aujourd’hui, ces réserves sont toujours détenues par le trésor français.

    Anadolou

    Tags : Afrique, France, françafrique, colonisation, colonialisme, Franc CFA, FCFA,

  • Le problème de l’Afrique c’est la France

    Sortir du brouillard sahélien

    Le 4 décembre dernier, lors du sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron avait convoqué de manière très peu diplomatique ses homologues du G5 Sahel en les appelant à clarifier leurs positions sur la présence de la force Barkhane dans la Bande sahélo-saharienne, une présence fortement décriée par leurs opinions publiques. Après un report, des remous, des tensions et des conciliabules, le sommet aura donc bien lieu le 13 janvier à Pau, les cinq chefs d’Etat ayant fini par accepter de s’y rendre. Ironie de l’histoire, si au départ, dans l’esprit du président français, cette réunion devait obliger les présidents du G5 Sahel à apporter des « réponses claires et assumées » sur la présence de Barkhane, finalement, ce sera à la France de se livrer à un nécessaire exercice de clarification pour sortir de sa confusion stratégique (1). Toutes les parties devront également jouer cartes sur table pour essayer, autant que faire se peut, de sortir le Sahel de la zone rouge dans laquelle il se trouve.

    Financement du terrorisme

    Le financement du terrorisme est bien évidemment la première question qui doit être mise sur le tapis de Pau, si celle-ci n’est pas traitée, toutes les autres seront nulles et non avenues. En novembre dernier, le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katembé a déclaré : « Nous savons d’où viennent les financements des groupes terroristes. Il faut que les Etats qui sont derrière ces financements arrêtent » (2). Cette injonction à cesser d’alimenter les djihadistes de la zone n’a pas porté ses fruits, bien au contraire. Selon des informations obtenues par l’IVERIS, un émir d’AQMI basé dans la zone ouest du Mali, qui vient de quitter son organisation pour intégrer l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), recrute actuellement à tour de bras, en distribuant des sommes conséquentes, 500 000 CFA et une Kalachnikov à toute personne qui rejoint ses rangs. A tel point que cette organisation est en train de supplanter AQMI et s’installe durablement dans la zone dite des trois frontières, où la présence de djihadistes étrangers est de plus en plus visible. A terme, l’instauration d’un califat dans cette région est à redouter, même si pour des raisons tactiques il n’est pas proclamé officiellement.

    Cette augmentation de la capacité de nuisance des groupes armés terroristes n’est possible que grâce aux moyens conséquents dont ils disposent. Or comment gagner une guerre lorsque des Etats, qui, au passage sont vos alliés, sponsorisent vos ennemis ? Cette question concerne la France mais également tous les pays du G5 Sahel qui acceptent des fonds de la part de pays qui, dans le même temps, alimentent les responsables des drames quotidiens que subissent les populations et causent des pertes considérables dans les rangs des armées nationales (3).

    En outre, un des plus grands dangers qui guette le Sahel actuellement est la mise en place d’une économie de guerre, avec en prime le narcotrafic, qui profite aux terroristes comme à certaines élites de ces Etats ; ce qui, compte tenu des dividendes engrangés, pourrait « éterniser » le conflit.

    Clarification française

    L’opération Takouba

    Pour sortir de sa solitude sahélienne, la France a tenté de sonner le rappel des troupes en Europe en créant une nouvelle force militaire, une unité de forces spéciales, baptisée Takouba, qui aurait dû être opérationnelle ce mois. Problème, peu d’Européens se sont montrés enthousiastes. Les Allemands ont refusé, la Belgique a accepté de dépêcher trois militaires, les Estoniens enverront, eux, une quinzaine de membres de leur force spéciale, mais pas avant le deuxième trimestre 2020. Reste la République tchèque qui se propose de déployer soixante hommes prochainement…

    Que va faire la France ? Renoncer à cette mauvaise idée d’un empilement de forces, (il en existe déjà six, Takouba serait la septième) ? Revoir sa politique d’un tout sécuritaire qui a montré ses limites puisque les résultats ne sont pas au rendez-vous et que les groupes terroristes ne cessent de prendre de l’ampleur, tant par le nombre de combattants que par les attaques de plus en plus sophistiquées et meurtrières ? Va-t-elle enfin se doter d’une vision stratégique et politique de long terme au lieu de réagir au coup par coup, en créant à chaque fois de nouveaux mécanismes inutiles, comme Takouba ou le P3S ?

    Désengagement des Etats-Unis dans le Sahel ?

    Fin décembre, le New York Times a annoncé une réduction importante des troupes américaines en Afrique, notamment dans le Sahel. Le Pentagone aurait demandé à l’Africom de proposer un plan de retrait des troupes au cours du mois de janvier. Cette information a été reprise par de nombreux médias et considérée comme un fait déjà établi. Mais, compte tenu du grand désordre qui règne à Washington et des divergences de vues entre la Maison Blanche, le Pentagone, le Département d’Etat et la CIA, rien n’est moins sûr. A cette heure, aucun signe de désengagement n’est visible sur le terrain. Par ailleurs, ce retrait paraît assez peu envisageable, d’une part pour des raisons géopolitiques, les USA laisseraient un espace vacant qui pourrait être avantageusement occupé par la Chine et/ou la Russie ; d’autre part, à cause des investissements déjà réalisés, notamment avec la création de la base de drone d’Agadez qui devrait être inaugurée avant la fin du mois de janvier.

    Cependant, si Donald Trump décidait réellement de se désengager du Sahel, au moins pendant le temps de sa campagne pour rassurer ses électeurs auxquels il avait promis de ramener les « boys » à la maison, que pourrait faire Barkhane, rester ou partir ? Faute de moyens et de volonté politique l’armée française n’est plus autonome pour ses opérations extérieures, au Sahel comme au Moyen-Orient, elle dépend du Pentagone en termes de logistique, de renseignement et de surveillance. Cette annonce est tombée à point nommé pour faire plier Paris, après les velléités d’Emmanuel Macron lors du sommet de l’OTAN. Ceci explique, peut-être, pourquoi le Président français a rappelé sa solidarité sans faille avec Washington après l’assassinat du Général iranien Qassem Soleimani en Irak.

    En attendant de se désengager ou pas, les Etats-Unis s’apprêtent à nommer un émissaire pour le Sahel. Le profil de cet envoyé spécial pourrait rassurer, ou pas, la France sur la stratégie des USA dans la zone.

    Stratégie régionale

    Si désormais les Européens affichent une unité de façade pour dénoncer l’arrivée des forces militaires turques en Libye et les multiples ingérences extérieures, alors qu’ils y interviennent beaucoup eux-mêmes, ils n’en restent pas moins profondément divisés et se contentent de déclarations d’intentions inefficaces. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les Européens n’ont même pas pris la peine de mentionner que le prochain débarquement de forces turques en Libye a été précédé de combattants affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL) en provenance d’Idlib, faisant ainsi craindre une invasion du Sahel par des djihadistes de Syrie, dont Recep Tayyip Erdogan ne sait plus quoi faire.

    Sur ce dossier encore, la France doit clarifier sa position. Selon Kader Abderrahim : « Si officiellement, la France soutient le gouvernement Sarraj, reconnu par la communauté internationale, dans les faits, elle soutient le général Haftar. » En outre, ce chercheur à l’IRIS, spécialiste du monde arabe et de l’islamisme, note « la France devrait s’employer à faire respecter le droit international et appliquer un contrôle strict de l’embargo sur les armes, cela limiterait les combats. » (4) Il ajoute : « Depuis un siècle, toutes les résonnances violentes sont venues du Proche Orient, le Maghreb est resté assez stable. C’est la première fois qu’il y a un étau qui se resserre dans tout le monde arabe avec l’Iran à l’Est et la Libye à l’Ouest et qui pourrait provoquer l’instabilité dans toute la Méditerranée. » Autant dire que la situation libyenne est grave et qu’elle pourrait embraser encore un peu plus le Sahel, car ces deux crises sont interdépendantes.

    L’Afrique aux Africains…

    Si la France doit clarifier ses positions vis-à-vis des pays du Sahel, c’est à l’Afrique elle-même de donner ses orientations. Jusqu’à présent, en guise d’unité africaine, ont coexisté plusieurs clubs de dirigeants s’auto-congratulant et demandant aux pays des autres continents des fonds et des armes. Mais les visées de la Turquie sur la Libye changent la donne, et il faut espérer que cela provoquera une réaction commune et forte de tous les pays africains. L’Union Africaine pourrait saisir l’occasion, le moment est opportun. C’est à cette organisation d’envoyer un émissaire auprès du président Erdogan pour lui dire de s’occuper de son pays et de ne pas changer de continent. C’est encore à elle de taper du poing sur la table des Etats qui remplissent les caisses des djihadistes…

    Finalement, cette réunion de Pau, tant décriée, pourrait s’avérer utile si les vrais sujets y étaient évoqués.

    Leslie Varenne

    (1)https://www.iveris.eu/list/notes/474-cote_divoire_sahel__deux_rendezvous_a_hauts_risques

    (2)https://www.agenceecofin.com/securite/2811-71576-nous-savons-d-o-viennent-les-financements-des-groupes-terroristes-ministre-de-la-defense-du-niger

    (3)Selon l’ONU en 3 mois entre octobre et décembre 2019, 193 militaires maliens sont morts au combat. https://www.elwatan.com/edition/international/sahel-lonu-alerte-sur-linsecurite-croissante-au-mali-06-01-2020

    (4)Le Conseil de Sécurité n’a pas réussi à faire voter une seule résolution pour faire respecter l’embargo sur les armes mis en place en 2011.

    La semaine prochaine aura lieu la conférence de Berlin à laquelle les Algériens, qui sont tout de même parmi les premiers impactés par la crise libyenne n’avaient pas été conviés. Les Allemands ont récupéré in extrémis leur faute majeure…

    source : IVERUS

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