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  • Comment Omar Bongo est devenu un acteur majeur de la Françafrique

    Le Gabon commémore ce samedi le dixième anniversaire de la disparition de son ancien président, Omar Bongo, qui a gouverné le pays pendant 42 ans. Entretien avec Antoine Glaser, auteur de plusieurs ouvrages sur les relations franco-africaines.
    Omar Bongo, mort le 8 juin 2009, était peu à peu devenu un interlocuteur majeur de Paris, en tant que dirigeant d’une ancienne colonie française riche en ressources pétrolières et l’un des chefs de file de la Françafrique.

    Retour sur cet allié essentiel et encombrant que fut Omar Bongo pour les gouvernements français successifs depuis les années 1960, avec le journaliste Antoine Glaser.

    RFI : Comment qualifieriez-vous les relations que la classe politique française a entretenues avec le Gabonais Omar Bongo ?

    Antoine Glaser : Je dirais qu’elles ont été à la fois essentielles et encombrantes. Essentielles car le Gabon est un pays important pour la France à cause de ses inépuisables ressources. En même temps encombrantes car les relations françaises avec ce pays dirigé depuis 50 ans par le clan Bongo incarnent les pesanteurs de ce qu’on a appelé la « Françafrique ».

    Quand Omar Bongo est arrivé au pouvoir à Libreville au milieu des années 1960, la France cherchait à compenser sa perte des ressources minières algériennes suite à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Elle s’est donc tournée vers le Gabon, qu’on appelait à l’époque le « pays PUM » à cause de son sous-sol riche en pétrole, en uranium et en manganèse, trois ressources stratégiques pour un pays industrialisé comme la France.

    Intronisé à la tête du pays par Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » du général de Gaulle, Omar Bongo a indéniablement permis aux entreprises de l’hexagone de se tailler la part du lion dans les ressources gabonaises. La classe politique française a également bénéficié de ces ressources car le dispositif mis en place par Bongo a alimenté au passage les partis politiques français, toutes obédiences comprises. « Le pétrole gabonais arrose l’ensemble du jardin politique de France et de Navarre. Il n’y a pas une fleur qui soit restée à l’écart », m’a dit un homme d’affaires français à l’époque où le pétrole coulait à flots. Cette générosité d’Omar Bongo a été source des turpitudes qui caractérisent les liaisons françafricaines.

    Le général de Gaulle connaissait le potentiel en ressources minières du Gabon. Alors quand le premier président Léon M’Ba est tombé gravement malade en 1965, il lui fallait à la tête du pays quelqu’un en qui il pouvait avoir confiance. Omar Bongo, qui avait été élève officier de réserve dans l’armée de l’air française, affecté au renseignement, avait le profil idéal pour succéder au très loyal M’Ba qui agonisait dans un hôpital français, des suites d’un cancer. Bongo aurait eu même droit à un entretien avec le général en personne, à l’Élysée. Satisfait, le général l’a fait nommer vice-président suite à un habillage constitutionnel. À la mort de Léon M’Ba en novembre 1967, Bongo est devenu président du Gabon.

    Omar Bongo s’est révélé être un tacticien hors pair, oscillant entre clientélisme et poigne de fer sur le plan intérieur et loyauté et volontarisme par rapport à ses parrains de la Françafrique. D’où vient cette intelligence politique, alors que l’homme a commencé sa carrière comme fonctionnaire aux PTT ?

    Il avait occupé de nombreuses fonctions au sein du gouvernement avant d’accéder à la présidence. Il avait impressionné Jacques Foccart par sa mémoire prodigieuse et sa compréhension des enjeux historiques de la période postcoloniale. « Madré », « rusé », « charismatique » sont des termes qui reviennent dans la bouche des observateurs qui ont suivi de près son évolution. Sa grande qualité à mes yeux était d’avoir su gérer avec un égal savoir-faire ce que j’appelle « l’Afrique du jour » et « l’Afrique de la nuit ». Il a négocié avec ses parrains politiques et financiers à l’Élysée, sans devenir leur marionnette, et en même temps il a su s’entendre avec les réseaux ethniques dans son pays, sans le soutien desquels il aurait eu du mal à gouverner et se maintenir au pouvoir pendant quatre décennies.

    La première fois que je l’ai rencontré, j’étais jeune journaliste à La Lettre du Continent. Je venais de publier un article dénonçant les malversations au sein de son entourage, l’instrumentalisation des divisons ethniques du pays et les problèmes de la démocratie. Il m’a toute de suite mis à l’aise en me tutoyant. Il m’a ensuite reproché d’avoir écrit qu’il était issu de l’ethnie minoritaire batéké. « Pourquoi dis-tu que suis téké, je suis aussi obamba », m’a-t-il interpellé. L’homme savait composer avec les différents milieux et établir des ponts avec ceux qui ne partageaient pas ses valeurs ou ses références identitaires, contrairement à d’autres chefs d’État africains qui se laissent « bunkériser » dans leurs milieux.

    Si Omar Bongo est devenu grâce à sa longévité au pouvoir, un élément majeur de la Françafrique, le véritable parrain de ce dispositif en Afrique était le chef d’État ivoirien Houphouët-Boigny. Les deux hommes étaient-ils proches ?

    Je ne crois pas que les deux hommes aient entretenu des relations extrêmement fraternelles ou chaleureuses. Il y avait surtout entre eux une répartition des tâches pour l’opérationnalisation de la Françafrique. Comment définir la Françafrique, simplement ? Disons que c’était un système intégré de réseaux, actifs dans les domaines aussi divers que la vie politique, la linguistique, l’économique et le militaire. Houphouët-Boigny qui se considérait comme sa tête de pont politique, avait élaboré le concept dans une relation franco-africaine étroite. Avec Jacques Foccart, les deux hommes croyaient fermement à une communauté de destin entre la France et l’Afrique. Or, Foccart était à Paris et Houphouët à Abidjan, mais ils restaient en contact en s’entretenant par téléphone tous les mercredis.

    À l’intérieur de ce dispositif, le rôle d’Omar Bongo consistait à organiser et à accueillir dans son pays les opérations militaires secrètes menées par la France en Afrique. Par exemple, c’était bien au Gabon qu’étaient installés les mercenaires de Bob Denard. C’est du Gabon qu’ont décollé en 1967 les avions transportant des armes à destination des sécessionnistes du Biafra (Nigeria), soutenus entre autres par la France et la Côte d’Ivoire. C’est encore à partir du Gabon qu’a été lancée en 1976 une opération de déstabilisation manquée du Bénin sous Mathieu Kérékou. Pour dire simplement, Houphouët-Boigny était la tête pensante de la Françafrique et à Omar Bongo incombait la maîtrise d’œuvre. À lui aussi d’en assurer le financement, grâce à l’argent du pétrole.

    Le nom d’Omar Bongo reste associé à de nombreux scandales financiers et de malversations tels que l’affaire Elf qui a éclaté en 1994 suite à une enquête de la Commission des opérations boursières ou plus récemment l’affaire dite des « biens mal acquis ». Pourtant il n’a jamais été réellement inquiété par la justice française. Pourquoi ?

    L’homme était devenu intouchable à cause de son influence politique. Il a utilisé l’argent du pétrole pour acheter l’amitié et les silences des puissants. Il s’agissait de financements occultes dont les bénéficiaires étaient les partis politiques français. Pendant longtemps, c’était principalement le RPR et les gaullistes qui ont été les récipiendaires de cette manne gabonaises. À partir de l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981, la gauche a eu droit également à des valises remplies de billets de banque. On raconte que le pouvoir socialiste lui aurait témoigné sa gratitude en renvoyant à sa demande le ministre de la coopération Jean-Pierre Cot, dès 1982. Bongo accusait le cabinet du ministre d’avoir transmis des dossiers compromettant le concernant au journaliste Pierre Péan. Le livre commis par ce dernier Affaires africaines (Fayard) comporte des pages particulièrement critiques dénonçant l’alliance des politiques, des pétroliers et des barbouzes au sommet de l’État gabonais.

    En 2008, le président gabonais reviendra à la charge, cette fois avec son homologue Nicolas Sarkozy. Il l’obligera à se séparer de son secrétaire d’État à la coopération, Jean-Marie Bockel, qu’Omar Bongo soupçonnait d’avoir transmis des informations confidentielles sur son patrimoine immobilier et mobilier au juge d’instruction chargé d’instruire le dossier sur les biens mal acquis par le clan Bongo. Nicolas Sarkozy s’empressera d’éteindre la colère du président Bongo en envoyant à Libreville Alain Joyandet, son nouveau ministre, pour le faire adouber par le président Bongo. C’était une véritable humiliation pour Paris qui donnait l’impression de venir faire allégéance à Omar Bongo.

    La Françafrique dont Omar Bongo fut l’un des principaux artisans, a-t-elle survécu à sa disparition en 2009 ?

    Non, ce système d’interdépendance entre les Français et les Africains correspond à une période de l’histoire où, à la faveur de la Guerre froide, Paris avait une très grande marge de manœuvre en Afrique, notamment dans ses anciennes colonies. La Françafrique, c’était la cooptation par Paris des élites francophones et francophiles à des positions de pouvoir en échange de l’accès à des matières premières stratégiques dont la France avait besoin, notamment le pétrole et l’uranium. La Guerre froide était une période particulièrement favorable à ce système de fonctionnement en réseaux mis en place par Jacques Foccart et que Houphouët-Boigny et Omar Bongo ont contrôlé à leur avantage. Or, la période de la Guerre froide terminée, ce système s’est rapidement effondré. Le fait qu’en 2009, Omar Bongo aille se faire soigner dans une clinique à Barcelone – où il meurt le 8 juin – plutôt que de venir à Paris, est bien la preuve de sa défiance à l’égard de la France. La Françafrique est désormais une notion désuète, car l’Afrique s’est mondialisée.

    Nos chers espions en Afrique, par Antoine Glaser. Fayard, 2018, 232 pages, 19 euros.

    Source : RFI

    Tags : Afrique, Gabon, françafrique, Antoine Glaser, Omar Bongo,

  • Gabon: Le double décès du président Léon Mba

    Voici ce que le Gabonais, Jean-Baptiste Essonghé fonctionnaire français et collaborateur du Général de Gaulle et de Foccart à l’Élysée, a écrit dans ses mémoires :

    « Pour la petite histoire, c’est moi qui centralisais toutes les notes des affaires africaines en provenance d’Afrique. Je connaissais comment les gabonais se comportaient avec les autres et ce que la France voulait du Gabon.

    (…)

    En mai 1965, j’ai rencontré mon ami le président Léon MBA dans sa chambre à l’hôpital Claude Bernard, nous nous sommes enlacés en pleurs comme des enfants, j’ai senti là des vibrations d’amour. Il a réitéré son souhait de me voir à Libreville occuper les fonctions de Ministre de l’Intérieur.

    En novembre 1966, un médecin qui faisait partie des lieux de fraternité que moi, m’appela fraternellement pour m’annoncer la mort du Président Léon MBA depuis plus de 24 heures, et, je me précipitai sur les lieux indiqués, et trouvai : Madame Gorgne, Albert Bernard BONGO, Georges RAWIRI et Jacques Foccart. Nous nous regardons tous en chien de faïence un moment. Nous décidons tous ensemble de suivre les instructions du Général de Gaulle.

    Nous organisions toutes les manoeuvres politiques du Gabon depuis l’Élysée, c’est le 28 novembre 1967 que nous annoncions la mort du Président Léon MBA.

    Mes collègues toubab m’appelaient familièrement « le nègre de l’Élysée ». Qui deviendra plus tard mon nom de code fût. « NEGRO ».

    Le témoignage qui suit, de monsieur Jean Nyaré Nkoghe, époux d’Agnès Mba fille ainée du président Léon Mba, confirme les manipulations et pratiques au sommet de l’État français et gabonais qui entourent jusqu’aujourd’hui la date réelle du décès du premier Président de la République gabonaise :

    « Jusqu’à ce jour, le flou et l’opacité entourent la mort de mon défunt beau-père. Au mois de février 1967, ma belle-mère Pauline Mba inquiète de ne pas avoir les nouvelles de son mari malade à Paris, invite à la maison le Vice-président Albert Bernard Bongo. Ce dernier accepte d’envoyer une ou deux personnes de la famille à Paris. Quelques jours après, mon épouse et moi recevions les billets et la réservation de deux jours d’hôtel à Paris, avec la précision qu’une personne de l’Ambassade sera à notre arrivée. Le premier jour de notre séjour, l’Ambassadeur Rawiri qui doit nous accompagner à l’hôpital nous fait dire qu’il est indisponible et qu’il viendra nous chercher le soir. Effectivement il nous a balade cette nuit-là dans
    Paris en promettant à la fin que nous irons voir le grand Patron demain. Le lendemain, il est venu nous chercher et ça a été le même scénario. Finalement nous sommes rentrés à Libreville, énervés, sans voir le malade.
    Bis repetita ! La deuxième fois, entre août et septembre 1967, ma belle-mère de plus en plus inquiète nous renvoie à ses frais voir son mari à Paris, sans informer les autorités gabonaises. Mais elle nous demande qu’à notre arrivée à Paris d’aller voir discrètement, de sa part, leur ami le médecin chef, Professeur Vic-Dupont directeur général de l’hôpital Claude Bernard qui suit les hospitalisations de son époux. Arrivés à Paris, impossible de rencontrer le Professeur qui nous fait une fois encore balader, rendez-vous après rendez-vous. Et nous rentrons, mon épouse et moi à Libreville sans voir le Président.

    Je me souviens également que le docteur Benjamin Ngoubou qui a été nommé ministre du travail et des affaires Sociales tout au début de l’année 1967, avait été dépêché officiellement à Paris par le Vice-Président Albert Bongo pour s’enquérir de l’État de santé de mon beau-père. Il a fait en ma présence le compte rendu de sa mission en ces termes à ma belle-mère Pauline Mba : « Maman Pauline, il reste un petit, un petit, un petit point seulement du cancer au poumon du Président, visible sur les films radiologiques. Bientôt c’est bon, il va sortir ».

    Pour revenir à votre question et aux mémoires de Jean Baptiste Essonghé que j’ai connu comme quelqu’un de très rigoureux, à ma connaissance, aucun membre de la famille, ni les parents proches, ni les intimes, ni ses enfants scolarisés à cette époque en France, ni même son épouse, n’a vu le président Léon Mba, mon beau-père, entre novembre 1966 et le 28 novembre 1967, date de l’annonce de son décès à l’hôpital Claude Bernard de Paris.

    Dans le même esprit, concernant le voyage sans retour en France du président Léon Mba, vous avez ci-après, le témoignage de monsieur Jacques Adiahénot, jeune journaliste de la radio-télévision gabonaise à l’époque, qui a accompagné le président lors de ce voyage :

    « J’ai reçu l’ordre de mission d’accompagner le président de la République à Paris le 18 août 1966 pour couvrir ses activités présidentielles. Arrivé à Paris, je me suis fait déposer à l’hôtel par le personnel de l’Ambassade du Gabon.

    Deux jours à peine, à ma grande surprise, l’Ambassadeur a envoyé un de ses collaborateurs pour me demander de payer ma chambre et de rentrer immédiatement au Gabon.

    Face à cet ordre de monsieur l’Ambassadeur, n’ayant pas reçu des frais de mission au départ de Libreville, je quittai l’hôtel sans payer en laissant tout mon matériel de reportage dans la chambre. Quelque jours après mon arrivé à Libreville, je suis convoqué par le ministre de l’information Albert Bernard Bongo qui me tend une lettre de licenciement au motif que j’ai abandonné la matériel de travail à Paris. J’ai expliqué au ministre pourquoi j’ai abandonné le matériel et il a déchiré la lettre de sanction ».

    Qu’est-il arrivé au président de la République deux jours après son arrivée à Paris au point où ses activités ont été annulées ?

    Des témoignages ci-dessus, il ressort clairement que le premier Président du Gabon Léon Mba est mort un jour de novembre 1966 (quelques jours avant le 12 novembre), date du retour de Paris du vice-président du Gouvernement Albert Bernard Bongo, et que les Hautes Autorités de l’Élysée ont annoncé sa mort aux citoyens français, gabonais, francophones d’Afrique, et du monde entier le 28 novembre 1967, c’est-à-dire un an après.
    Peut-on conclure qu’en francophonie (Côte d’Ivoire, Gabon…), un président de la République peut avoir plusieurs dates de décès : la date réelle et la date officielle.

    *Edmond Okemvele Nkogho*

    *Déficit démocratique et mal développement en francophonie : Quand nos dirigeants ne peuvent plus*

    L’Harmattan, 2019, PP 69-71

    Tags : Gabon, francophonie, françafrique, Léon Mba, 

  • L’indépendance dans l’inter-dépendance ou la Françafrique pour éterniser un esclavage sous d’autres formes

    Pour les anciennes colonies françaises, les conditions imposées pour les indépendances s’ajoutent à cette dépendance structurelle vis-à-vis du marché mondial.

    Ces conditions orientent les économies héritées de la colonisation vers une dépendance, non pas à l’égard du marché mondial seul, mais aussi et d’abord vis-à-vis de l’économie française.

    Tous les leviers de mise en dépendance ont été prévus et mis en œuvre (économiques, monétaires, culturels, militaires, etc.) pour faire système.

    La première étape de mise en œuvre du système fut l’organisation systématique de la balkanisation au moment des indépendances.

    Dès la loi-cadre de 1956, l’« autonomie » proposée concerne chacun des États et non les ensembles régionaux que constituaient depuis longtemps l’Afrique occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF).

    De 1956 au milieu des années 1960, l’État français s’évertue à détruire toutes les initiatives et leaders s’opposant à la balkanisation de l’ancien empire colonial : rétorsion contre l’État guinéen en 1958 pour son refus de la communauté française, assassinat du Centrafricain Barthélémy Boganda en mars 1959, arrestation du Sénégalais Mamadou Dia en décembre 1962, assassinat du Togolais Sylvanus Olympio en janvier 1963, coup d’État destituant le Malien Modibo Keita en novembre 1968, etc.

    La balkanisation laisse dès lors chacun des anciens territoires dans un face-à-face inégal avec l’ancienne puissance coloniale.

    La seconde étape est constituée par les accords de coopération que le Premier ministre Michel Debré résume comme suit au futur Président de l’État gabonais Léon Mba : On donne l’indépendance à condition que l’État s’engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés an-té-rieu-rement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre.

    Saïd Bouamama : « PLANTER du BLANC »

    Chroniques du (néo)colonialisme françaises

    https://www.syllepse.net/-planter-du-blanc–_r_69_i_760.html

    Editions Syllepse, Paris 2019, 224 pages, 15 euros

    Tags : Afrique, France, françafrique, néocolonialisme, colonialisme, esclavage, pillage, domination, Saïd Bouamama,

  • En Guinée, Nicolas Sarkozy n’est pas le bienvenu

    Depuis le mois de février, Nicolas Sarkozy a visité trois fois la Guinée, alors qu’il ne l’avait jamais visité pendant son mandat en tant que chef de l’Elysée.

    Cette vérité ne passe pas inaperçue dans le pays d’Ahmed Sékou Touré, où l’opinion public se pose des question sur cet oiseau de mauvaise augure.

    Dans un ton très franc et direct, Dansa Courouma, président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne, s’est exprimé le 22 février sur la visite de l’ancien président français Nicolas Sarkozy en Guinée.

    Rappelant les mauvais tours que cet ancien président français a fait subir à des pays africains, entre autres la Lybie et la Côte d’Ivoire, il a dit n’attacher aucune importance à la venue de ce dernier en Guinée.

    Acteur principal de la crise ivoirienne où il y a eu près de 3000 morts, la crise libyenne aussi et tant d’autres.

    L’Afrique est en train de s’embraser à cause d’une décision politique complaisante et indélicate de Sarkozy.

    «  La Guinée, le temple du panafricanisme, nous ne devons pas recevoir une personnalité controversée de ce genre. Je crois que cette visite est une visite controversée et provocatrice » a déclaré Dansa Courouma qui demande au président Alpha Condé des explications à l’endroit du peuple de Guinée.

    «  Je crois que le président Alpha Condé devrait le rencontrer dans un autre pays, mais pas en Guinée. Il a des explicaitons données au peuple de Guinée sur pourquoi la venue de Sarkozy en Guinée », a-t-il dit dans des propos relayés par Youtube.

    « Ce qui me sidère un peu, Sarkozy a toujours contesté la légitimité d’Alpha Condé. Alors, pourquoi ce mariage homosexuel aujourd’hui entre eux ? », a-t-il ajouté.

    Pour lui, « François Hollande, oui. Abdoulaye, oui. D’autres aussi, oui. Mais pas Sarkozy ». Les réactions de Nicolas Sarkozy n’ont rien à voir avec la France. La France et la Guinée sont dans une relation inviolable, a-t-il laissé entendre.

    Tags : Guinée, Alpha Condé, Nicolas Sarkozy, françafrique, Libye, Côte d’Ivoire,

  • Gabon : Mais de quoi parlez-vous loesque vous appelez à la négociation?

    Et comme ça, aujourd’hui on veut nous parler de dialogue ou de négociation avec les criminels notoires !?!

    Ceux-là même qui à chaque élection présidentielle, trichent pour se maintenir au pouvoir mais bien plus, tuent impunément nos frères et sœurs, nos enfants, violent nos droits, emprisonnent et commettent des forfaits inimaginables …

    Pire encore pour des supposés bantous, n’ont même pas accordé à nos morts des sépultures décentes préférant des charniers comme s’ils avaient à faire à des animaux !

    Ces démons-là car c’est comme cela qu’il faut les nommer, ont érigé la mendicité comme système pour soumettre les consciences et maintenir le peuple dans une forme d’obéissance pour ne pas dire de servitude.

    Ce régime use à chaque fois des mêmes stratagèmes qui consistent à acheter la paix et la concorde après avoir massacré et commis l’infamie.

    Et aujourd’hui on nous dit que c’est nous résistants qui entretenons le clivage et l’intolérance entre les gabonais.

    Les hommes qui composent le régime des Bongo-pdg ne résument pas tout le peuple gabonais.

    Notre préoccupation n’est pas tant les relations entre gabonais que la question du pouvoir usurpé et la justice qui doit être rendue contre ceux-là qui s’y maintiennent coûte que coûte.

    La question ici n’est pas seulement politique avec sa perspective partisane mais bien plus, elle relève du paradigme citoyen et patriotique qui commande à tous un sursaut. C’est le peuple qui majoritairement s’érige contre ce régime et pas une confrontation entre hommes politiques.

    C’est le régime dictatorial incarné par le système des Bongo-pdg qui est l’objet de notre cible. Ce sont les hommes qui composent ce régime et le régime lui-même qui doivent quitter le pouvoir et c’est contre eux, auteurs de tant de malheurs pour le Gabon que nous nous érigeons en tant que Résistance.

    Comment négocier pour faire la paix avec ceux qui depuis commettent régulièrement des massacres et les crimes rituels et qui ne sont jamais jugés?

    Nous sommes en résistance contre l’infamie, contre ceux qui ont mis le pays à terre et qui maintiennent le peuple gabonais dans la misère et la pauvreté.

    Nous sommes en résistance contre ceux qui considèrent le Gabon comme le royaume des Bongo-pdg et qui piétinent la dignité du peuple gabonais.

    Nous sommes en résistance pour que justice soit rendue à tous les morts et à toutes les personnes dont les droits ont été et sont toujours violés.

    Nous sommes en résistance parce que trop c’est trop, la dignité du peuple a été trop longtemps bafouée.

    Nous sommes en résistance pour que ce régime qui depuis 52 ans écrase et sommet le peuple tombe, qu’il quitte le pouvoir détenu illégitimement parce qu’il n’est pas issu de la souveraineté du peuple gabonais.

    Nous avons essayé à plusieurs reprises la voie du suffrage universel pour faire tomber ce régime sans y parvenir et aujourd’hui plus que jamais déterminés, nous sommes entrés en insurrection et ce n’est pas une chimère.

    Nous allons faire ce qui n’a jamais été fait afin d’obtenir ce qui n’a jamais été obtenu.

    Ce régime des Bongo-pdg doit tomber et il va tomber !

    Il n’est pas question de le maintenir en place en lui substituant d’autres hommes…

    Vox populi, vox Dei. Seule compte la souveraineté du peuple gabonais !

    Notre défi est la construction d’un Gabon nouveau auquel nous aspirons et espérons fermement et la chute de ce régime dictatorial est un préalable.

    «Quelque soit la durée de la nuit, le jour finit par poindre …» Nous savons que L’Aurore s’est levée au Gabon…

    Les filles et les fils du Gabon considèrent qu’il est temps de relever l’honneur de notre Mère Patrie.

    Pour nous résistants, c’est «le Gabon d’abord, la Patrie avant tout !»

    «Le Gabon nouveau, nous y croyons fermement !»

    Paul Éric

    Source : La Voix du Gabon

    Tags : Gabon, Ali Bongo Ondimba, françafrique, clan, dictature,

  • Au Gabon : Les fraudeurs appellent à la négociation

    Par Claude Boundounga

    Les adeptes de la Françafrique qu,i à chaque élection présidentielle, font recours à duperie et aux divers subterfuges en vue de rester au pouvoir, ceux qui ont les mains tachées de sang de leurs frères, souers et enfants, qui violent quotidiennement les droits les plus élémentaires des gabonais et gabonaises, ont le culot d’appeler la socieé civile à négocier.

    Ceux-là même qui n’hésitent pas à battre, emprisonner et torturer des citoyens innocents, ceux qui n’accordent même pas une sépulture décente aux morts qu’ils ont enterrés dans des sépultures collectives en vue de dissimuler leurs forfaits, sont les mêmes qui se présentent aujourd’hui pour parler de dialogue et de négociation.

    Ceux-là mêmes qui, depuis plus de 60 ans, offrent les richesses du Gabon à leurs maîtres français en éćhange d’un soutien pour rester au pouvoir et garder leurs privilèges personnels.

    Ceux-là mêmes qui ont imposé la pauvreté et la précarité à la population pour la soumettre économiquement et politiquement et maintenir un état d’obéissance et servitude.

    Les thuriféraires du régime du clan Bongo maintiennent leur seigneur en vie à perfusion dans le but de pérenniser ce système qui sème l’infamie, la misère et l’analphabétisme. Ils ont fait d’une république bananière un royaume bâti sur le sang des gabonais et gabonaises qui rêvent d’un Etat de droit où les droits de tout un chacun est préservé.

    Cependant, le peuple gabonais est déterminé à poursuivre la lutte contre cette mafia gouvernementale, à continuer l’insurrection contre les prédateurs du Gabon et ses mentors autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

    L’arrogance du clan mafieux qui règne au Gabon er arrivé au point de vouloir cacher la véritable maladie du président Bongo. Ils ont prétendu que son mal se limitait à une « simple fatigue légère » devenue « une fatigue sévère ».

    La preuve qu’ils méprisent l’opinion publique gabonaise, ils ont procédé au limogeage du vice-président de la République Pierre Claver Maganga Moussavou, un geste qui met à nu leurs intentions pour le simple fait d’avoir reconnu publiquement l’AVC dont Ali Bongo a été victime et qui a, probablement, laissé la cécité comme sequelle. Il a été écarté pour l’empêcher de faire d’autres déclaration contraire à leurs desseins obscures et indécents visant à masquer la vérité et imposer leurs choix loin de tout respect aux principes démocratiques.

    Tags : Gabon, Ali Bongo, Françafrique, Pierre Claver Maganga,

  • L’Elysée et la Françafrique : De Foccart à Macron

    Mise en place sous le général de Gaulle, la Françafrique – réseau d’influence informel, de nature politique, diplomatique, économique et militaire – est accusée par ses détracteurs de maintenir l’Afrique francophone sous la coupe du néocolonialisme français. Les présidents français successifs proclament sa disparition, tout en veillant à ce qu’elle demeure intacte. Retour sur ce réseau d’influence occulte qui croît depuis soixante ans au sein de la Vème République, jusqu’à en dévorer son hôte.

    Selon l’expression de Francois-Xavier Verschave, la Françafrique est « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement… ». Il ajoute : « ce système auto-dégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». (La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, 1998).

    NAISSANCE DE LA FRANÇAFRIQUE

    Au moment de son accession au pouvoir en 1958, le général de Gaulle trouve un monde colonial en ébullition. La France peine à se remettre de son humiliation militaire à Dien Bien Phû (1954), de son humiliation diplomatique après la crise de Suez (1956), et subit une instabilité politique en Algérie qui précipite la IVème République vers l’abîme. Face aux mouvements politiques en faveur de l’indépendance qui émaillent l’Afrique du Nord, le général est conscient de l’incapacité de la France à tenir indéfiniment ses anciennes colonies. Souhaitant installer sa Vème République sur les décombres de la quatrième, de Gaulle s’engage donc vers le chemin de l’indépendance des anciennes colonies françaises sur toute la décennie des années 1960.

    Dans ses Mémoires d’espoir, le général de Gaulle parle d’une relation « d’amitié » et de coopération avec des chefs d’État qu’il considère comme ses « amis », afin d’ouvrir « le progrès » au continent africain. En réalité, il s’agit pour la France de garder les pays nouvellement indépendants sous tutelle économique, politique et militaire. L’ancien colonisateur ne souhaite pas voir laisser les anciennes positions géopolitiques et les fabuleuses richesses de l’Afrique sortir du giron d’une économie française en plein essor.

    Dans son entreprise, la France peut se targuer de contribuer à la lutte contre le communisme, en garantissant des pouvoirs qui resteront globalement réticents aux avances de l’URSS, qui fait de l’Afrique noire une priorité dans le cadre de la guerre froide –soutien à Patrice Lumumba en RDC, espoirs envers Modibo Keita au Mali ou encore Sékou Touré en Guinée. De même, le soutien des pays africains à la France dans les institutions internationales tout comme l’entretien de nombreuses bases militaires françaises en Afrique garantissent à l’armée française une projection opérationnelle sur tout le continent. En définitive, on en revient au désir du général de Gaulle de conserver la position mondiale de la France dans un monde dominé par les puissances américaines et soviétiques.

    Afin de matérialiser le vœu gaullien, Jacques Foccart est nommé à la tête du Secrétariat général des affaires africaines et malgaches en 1959. Mais Foccart est déjà un vieux baroudeur de l’Afrique : il gravite dans les réseaux gaullistes dès 1952 dans le cadre de l’Union française, cette institution voulue par la IVème République afin de garder les territoires africains dans le giron colonial français. Devenu rapidement intime du vieux général, Foccart le suit naturellement lorsque de Gaulle arrive au pouvoir en 1958.

    Très vite, Foccart organise un réseau d’amitié entre politiques, militaires et hommes d’affaires afin de maintenir l’emprise de la France sur le continent tout en organisant un véritable pillage de ses ressources. Celles-ci bénéficieront soit aux entreprises françaises (on pense à son ami, Pierre Guillaumat, dirigeant d’Elf), soit aux politiques français, soit aux potentats africains qui ne feront nullement, ou si peu, ruisseler leurs bénéfices vers la population. Afin de maintenir l’ensemble cohérent, Foccart s’appuie sur son grand ami Felix Houphouët-Boigny, Président ivoirien, avec un entretien téléphonique tous les mercredis. De même, le général de Gaulle se tenait informé quasiment en temps réel des évolutions politiques du continent africain par l’intermédiaire de Foccart. Mieux encore, c’est par ce secrétaire que passe les relations diplomatiques entre les chefs d’États africains et la France.

    Pour Foccart, la stabilité d’une Afrique dans le giron de la France passe par le soutien des chefs d’État dociles et la déstabilisation de ceux qui sont considérés comme hostiles à l’emprise française. Ainsi, en 1964, le Gabonais Léon Mba essuie un coup d’État militaire dans l’indifférence totale de la population. Très vite, les réseaux Foccart s’activent et, après de brefs combats, Mba est réintégré dans ses fonctions, avec comme vice-président un jeune prometteur : Omar Bongo. À l’inverse, Foccart soutien les opposants des chefs d’États hostiles à la Françafrique : Ahmed Sékou Touré a constamment dû subir les tentatives de déstabilisation de Foccart, tandis que le maréchal Mobutu bénéficie de sa bienveillance en République démocratique du Congo.

    Face à une telle violence, le pouvoir politique français doit être protégé, sous peine de passer sous les fourches caudines des institutions internationales. Il incombe donc à Foccart d’être en première ligne des coups d’États, assassinats ou arrestations qui émaillent l’Afrique, souvent à son instigation. Le principe est de garder le général de Gaulle hors de tout soupçon afin de conserver son aura historique de héros national et d’homme d’État à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Foccart était donc conscient d’être en première ligne, comme il le confiait à Alain Pierrefitte, porte-parole du gouvernement après l’épisode du coup d’État manqué contre Léon Mba : « Il ne faut jamais que le Général soit en première ligne pour ce genre de coups durs. Il faut les régler sans lui en parler. On parle en son nom. On le met au courant quand c’est fini. Il peut toujours nous désavouer si ça rate. » (in Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir, Turpin Frédéric, CNRS éditions, 2018).

    L’APRÈS DE GAULLE

    Les convulsions du régime gaullien avec les événements de mai-juin 1968 ne changent pas grand-chose concernant le monde africain. Foccart continue d’officier sous Pompidou, avant d’être remplacé, sous Giscard, par son adjoint, René Journiac. Sous Giscard, Journiac s’est illustré par une empoignade mémorable avec « l’empereur » de Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa, qui, de colère, lui a asséné un coup de canne sur la tête. Cette offense à la Françafrique lui a rapidement coûté son trône, avec une expédition militaire aéroportée mémorable de l’armée française vers Bangui. Après la prise de la ville, David Dacko proclame la chute de l’empire et l’avènement d’une République qui abandonne la volonté de Bokassa de se doter de la bombe atomique et de se rapprocher du colonel Kadhafi en Libye.

    En 1981, un vent d’inquiétude souffle sur la Françafrique : quelle sera l’attitude de François Mitterrand, candidat socialiste, face à l’Afrique ? Que cela n’en tienne, le « monsieur Afrique » de Mitterrand, Guy Penne, se comporte exactement comme ses prédécesseurs. D’emblée le nouveau conseiller va jusqu’à organiser un entretien entre le président et Foccart lui-même grâce à un ami commun, l’omniprésent Felix Houphouët-Boigny. Le travail de Guy Penne est tellement efficace que Foccart, s’exprimait dans une biographie peu avant son décès : « nous n’avions aucun désaccords profonds » (in Foccart parle).

    Car Guy Penne a dû s’occuper d’un des plus grands adversaires de la Françafrique : Thomas Sankara. Adversaire déclaré du système, le président Burkinabé s’exprimait sur la dette comme arme de la domination occidentale sur l’Afrique lors d’un discours à Addis-Addeba lors d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) le 29 juillet 1987 :

    « La dette sous sa forme actuelle, est une reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n’est pas une question morale. Ce n’est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser ».

    Cette remise en question de l’hégémonie monétaire de la France et du franc CFA, monnaie des États africains dont la valeur est fixée en France, est intolérable pour le système, qui cherchera, de 1983 à 1987, à détruire Sankara par tous les moyens. Bien sûr, cette dureté est bien peu visible puisque l’on qualifiait à l’époque les relations entre le Burkina Faso et la France de « cordiale ».

    Car Thomas Sankara a bien des raisons de considérer la Françafrique comme un adversaire hostile. En 1983, Guy Penne est considéré comme un acteur essentiel de l’arrestation puis de l’emprisonnement du militaire. Son passage par la prison renforce son image de héros populaire, et contribue à la révolution qui renversera l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo. Mais cet épisode montre, aussi, que la Françafrique ne tolérera pas un homme d’État hors de ses réseaux, et, surtout, un idéaliste souhaitant débarrasser l’Afrique de la tutelle occidentale, et en particulier française.

    À l’instar de Foccart avec Guillaumat, Guy Penne sait s’entourer d’hommes capables de maintenir la cohésion du système malgré l’alternance. En particulier, Michel Roussin, ancien des services de renseignements, passé ensuite dans le cabinet de Jacques Chirac durant la cohabitation, pour terminer, aujourd’hui, dans le groupe Bolloré. De même, il a été à l’origine de l’éviction du jeune ministre de la Coopération, Jean Pierre Cot, qui fut le premier à remettre en question la politique africaine de la France. Il quitte le gouvernement en 1982.

    En 1986, suite à une affaire de détournement de fonds publics, Guy Penne doit quitter le navire pour laisser la place au fils aîné de François Mitterrand, Jean-Christophe. En prenant en compte le calendrier politique, l’éviction de Penne obéit plutôt à une volonté d’éviter un « mélange des genres ». En effet, 1986 est l’année de la cohabitation et Guy Penne est trop lié avec les milieux foccardiens, qui trustent les places auprès de Jacques Chirac, nouveau Premier ministre à Matignon. Mais l’éviction de Penne ne signifie pas la fin de sa carrière politique : dès septembre 1986, il est élu sénateur.

    Bien loin d’être vaincus par l’alternance, les réseaux foccardiens ont pu prospérer grâce à l’oreille des nouveaux acteurs au pouvoir. Mieux encore, les grandes lignes de la politique de Penne trouveront leur aboutissement avec la cohabitation. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné par un coup d’État monté contre lui par Blaise Compaoré, qui gouvernera le Burkina Faso jusqu’en 2014. Gauche ou droite, la défense des intérêts de la Françafrique sur tout le reste prime. En ce sens, il est avéré aujourd’hui que les services de renseignement français ont participé de près ou de loin à l’élimination de Sankara.

    LA MISE EN PLACE DES NOUVEAUX RÉSEAUX DE LA FRANÇAFRIQUE APRÈS 1986

    Très vite, la droite, à présent aux portes du pouvoir fait fructifier ses relations. Ainsi, Foccart promeut rapidement ses amis du Service d’action civique (SAC), une organisation paramilitaire, qualifiée de « police parallèle » qu’il a contribué à fonder en 1960 et qui a terminé ses activités en 1981. Parmi eux, nous retrouvons Charles Pasqua, dont Foccart fut le mentor à la fois au sein de la SAC et de la Françafrique. Le truculent deux fois ministre sous la cohabitation (à l’intérieur entre 1986 et 1988, puis entre 1993 et 1995) comprend le système de la Françafrique et y installe ses amis corses. Parmi eux, nous comptons Michel Tomi, ou encore la famille Feliciaggi, qui couvraient les chefs d’État africains de cadeaux, avec, en retour, l’accès à des marchés publics sans concurrence. La puissance des réseaux Pasqua était telle qu’on peut même parler d’une « Corsafrique » à l’intérieur de la Françafrique, ce que l’intéressé ne dément même pas en disant : « J’ai des amis corses, et alors ? Ce n’est pas un délit ». Mieux, il ne renie pas sa vision d’un homme au-dessus des lois, avec une phrase restée célèbre : « Je préfère qu’on me prenne pour un voyou que pour un con ».

    L’action de Pasqua amène indéniablement une dimension mafieuse à la Françafrique que Foccart et ses successeurs avaient subordonné aux intérêts de la présidence de la République. Dans le cas des réseaux de « Môssieur Charles », on assiste, pour la première fois à une autonomisation des réseaux de la Françafrique. Si ce vieux crocodile de la politique tient ses réseaux d’une main de fer, sa rupture avec Jacques Chirac et l’échec de ses ambitions présidentielles indique une première faille dans une Françafrique soumise à la direction de l’Élysée. En effet, après 1995, Pasqua continue d’entretenir ses relations avec l’Afrique en usant 1 % du budget du conseil général des Hauts-de-Seine (il en fut président de 1988 à 2004), pour la « coopération » avec l’Afrique. Ses mandats de sénateur, puis au parlement européen, ne le permettent pas de constituer une menace pour Jacques Chirac lors de l’élection présidentielle en 2002.

    La rupture avec Jacques Chirac amène une guerre des clans qui aura raison de la Françafrique telle que l’avait imaginée Foccart. Dans les couloirs feutrés de l’Élysée, une guerre sans merci s’engage entre :

    -D’un côté, un Foccart vieillissant et ses héritiers : Pasqua, Wibaux, et un nouveau venu, l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, qui se distinguera pour avoir trahi de Villepin, et plus tard, participera à la chute de François Fillon lors de la campagne présidentielle de 2017.

    -De l’autre, une équipe composée de diplomates sous la houlette de Dominique de Villepin, avec, entre autres, Michel Dulpuch, qui sera le « monsieur Afrique » de l’Élysée entre 1995 et 2002. Foccart, lui, sera relégué à un rôle de « représentant personnel du Président » soit l’équivalent d’une disgrâce à ses yeux.

    Le président de la République, Jacques Chirac, soutient largement le second groupe, qui exile rapidement Bourgi, attend que Foccart veuille bien mourir, et consomme sa rupture avec Pasqua. Lorsque le fondateur de la Françafrique meurt le 19 mars 1997, de Villepin tente de faire transiter par lui tout ce qui a trait à l’Afrique, via le Secrétariat général de l’Élysée. Mais n’est pas Foccart qui veut. Son autorité sera constamment battu en brèche par le camp adverse et ne trouvera son salut que par la tutelle de Chirac.

    C’est dans ce contexte fratricide que le livre de Francois-Xavier Verschave sort. La Françafrique, le plus long scandale de la République met chaque camp face à ses responsabilités, bien que le camp Pasqua soit le plus touché, du fait même de sa nature fondamentalement mafieuse. Cependant, si les réseaux Foccart ne s’étaient pas entretués sur fond de lutte de pouvoir à l’intérieur du RPR, il aurait été peu probable que Verschave ait eu la matière suffisante pour son entreprise de dénonciation de ce système. De même, un réseau uni aurait eu tôt fait de minorer voire de passer sous silence son travail.

    LA FRANÇAFRIQUE AU XXIÈME SIÈCLE

    La division entre la Françafrique « mafieuse » et la Françafrique « des diplomates » n’est pas aussi binaire qu’on ne croit. Les liens entre les différents protagonistes plongent dans les deux camps et les chefs d’États africains, à l’image d’Omar Bongo, savent cultiver leurs relations. Afin que les deux faces de la même pièce se réunissent à nouveau, il faut un homme qui soit à la foi proche de Pasqua et dans les allées du pouvoir, un homme qui n’hésite pas à être impitoyable tout en laissant une bonne part aux activités mafieuses, et, surtout, un homme capable de détruire Dominique de Villepin et ses affidés, tout en imposant le retour des copains de Pasqua à Jacques Chirac. Cet homme, c’est Nicolas Sarkozy.

    Très vite, après l’élection de Sarkozy à la présidence, une nouvelle génération de descendants de Pasqua gravite autour du président de la République.

    Très vite, après l’élection de Sarkozy à la présidence, une nouvelle génération de descendants de Pasqua gravite autour du président de la République. Mais les deux camps de la Françafrique sont à présent irréconciliables : de Villepin est empêtré dans les affaires et ne peut ralentir sa chute, Juppé est relégué à sa mairie de Bordeaux tandis que Robert Bourgi signe son grand retour. Parmi les noms à retenir de cette nouvelle Françafrique, nous pouvons citer Vincent Miclet, passé à l’école de Charles Pasqua, Pierre Haïk, avocat de Xavière Tiberi, de Charles Pasqua, de Laurent Gbagbo (lorsqu’il était président), ou encore de Jean Marie Messier. D’autres noms apparaissent, comme le clan Djourhi, impliqué jusqu’au cou dans l’affaire des financements libyens de la campagne de 2007 de Sarkozy, et, bien sûr, Claude Guéant, le sulfureux secrétaire général de l’Élysée. Le tandem qu’il forme avec Bourgi sera à l’origine de la chute de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.

    DE HOLLANDE À MACRON, UNE FRANÇAFRIQUE TOUJOURS LIÉE AU POUVOIR

    L’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 s’accompagne d’une prétendue volonté de prendre ses distances avec la Françafrique qui est devenue, par l’entremise des réseaux Pasqua/Sarkozy, une véritable organisation mafieuse autonome qui déploie ses activités en dehors du giron français, à l’instar du clan Djourhi basé à Londres. Sans poigne forte pour tenir ces hommes d’affaires, sans homme providentiel capable de se réclamer de Pasqua ou de Foccart, la Françafrique est vouée à une autonomie qui frise l’indépendance face à l’Élysée. Souhaitant mettre ses distances vis-à-vis de cet encombrant héritage, François Hollande nomme comme conseillère Afrique Hélène Le Gal, qui tente une première mise à distance avec ce réseau. Cependant cette politique se heurte rapidement au ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, qualifié par Serge Dassault de « meilleur ministre de la Défense qu’on n’ait jamais eu ». Déjà vampirisé par Claude Guéant et Robert Bourgi sous le mandat de Sarkozy, le poste de conseiller « Afrique » se vide totalement de sa substance. Néanmoins, sans ces réseaux, la France doit trouver un nouveau moyen de conserver son hégémonie dans la région.

    Sous François Hollande, la France, débarrassée des reliquats des réseaux Pasqua/Sarkozy, trouve un nouveau moyen de pérenniser son emprise sur ses anciennes colonies à présent cibles des appétits américains ou chinois : la lutte contre le djihadisme. Par l’opération Serval, qui a refoulé les djihadistes au plus profond du désert, la France renforce sa présence au niveau sécuritaire, et contribue à la formation des armées maliennes et tchadiennes. Face à la résilience du djihadisme et à l’apparition de Daesh en Afrique via la Libye en 2014/2015, la France se dote de nouvelles bases militaires, notamment en Côte d’Ivoire en 2014. De même, l’opération Serval est remplacée par l’opération Barkhane qui continue la lutte contre le djihadisme. Or actuellement, les djihadistes trouvent de nouveaux terrain où se développer vers le Burkina Faso alors que Boko Haram monte en puissance au Nigéria. L’ère Jean-Yves le Drian est donc profondément marquée par cette évolution sécuritaire et stratégique de la France dans son emprise envers ses anciennes colonies. Là encore, des vieux briscards de la Françafrique sont mobilisés dans cette nouvelle orientation, comme le Président tchadien Idriss Deby, dont la longévité au pouvoir depuis 1990 lui a fait connaître les années Pasqua.

    Emmanuel Macron, annonce, lui aussi, sa prétendue volonté de s’écarter des années de la Françafrique, et nomme, après sa victoire à la présidentielle de 2017, Franck Paris au poste de conseiller pour l’Afrique. L’idée de Macron serait de remplacer les réseaux d’influence français en Afrique par un « soft power », permettant à la France de se blanchir tout en conservant son influence dans les anciennes colonies. En ce sens, Franck Paris travaille donc à la création d’un « conseil présidentiel pour l’Afrique », composé d’entrepreneurs, chercheurs, journalistes etc, qui appartiennent à la diaspora africaine en France et qui agiraient en relais entre une diplomatie élyséenne rénovée et la société civile africaine.

    Au final, personne n’est dupe : la nomination du Franck Paris comme la création de ce « conseil présidentiel » n’est qu’un paravent qui cache mal la pérennisation de ces réseaux d’influence.

    Mais c’est sans compter Le Drian et son influence. De la même façon qu’avec Hélène le Gal, Le Drian reprend la main sur la politique africaine et par son approche sécuritaire. De même, la nomination d’Édouard Philippe, directeur des affaires publiques d’Areva de 2007 à 2010 laisse un mauvais signal pour ceux qui voulaient enterrer la Françafrique. Durant cette période, Philippe protège les intérêts d’Areva auprès de l’Assemblée nationale, en particulier sur le sujet des mines d’uranium au Niger. Finalement, personne n’est dupe : la nomination du Franck Paris comme la création de ce « conseil présidentiel » n’est qu’un paravent qui cache mal la pérennisation de ces réseaux d’influence.

    L’année 2017-2018 voit Macron entamer un « règne personnel » sur les sujets africains. Il débute une tournée africaine où il s’adresse directement à la jeunesse. Il vante le « défi civilisationnel de l’Afrique », s’emploie à charmer ses interlocuteurs via des discussions « sans filtre », et ouvre les archives françaises sur l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. De même, en mai 2018, Macron reçoit les deux potentats libyens les plus influents, Fayez Al Sarraj et Khalifa Haftar, et initie les accords de Paris, qui annoncent la tenue d’élections présidentielles pour le 10 décembre 2018 en Libye. C’est sans compter sur la situation locale explosive. L’organisation d’un scrutin est impossible, alors que les Italiens ne souhaitent pas voir la France s’immiscer davantage dans leur ancienne colonie. Donald Trump s’est empressé de soutenir l’Italie, réduisant à néant le poids diplomatique français et entraînant logiquement une humiliation lors de la conférence de Palerme en novembre dernier. Après cette déconvenue lourde de sens pour la position française en Afrique, Le Drian, à nouveau, reprend la main sur la question africaine.

    « Désireux de peser à nouveau dans le jeu libyen et souhaitant stopper l’hémorragie causée par la perte de ces juteux marchés africains, Macron se tourne vers les seuls hommes capables de lui prodiguer l’un comme l’autre : les réseaux Pasqua/Sarkozy ».

    Humilié diplomatiquement et sans poids de premier ordre, Macron doit donc se rallier à l’approche sécuritaire de Le Drian, dont la nomination au quai d’Orsay ne remet pas en question ce tropisme. Sa grande entourloupe de « soft power » est remise aux calendes grecques, et le « conseil présidentiel de l’Afrique » parqué dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD). De plus, la mise au ban des réseaux Pasqua/Sarkozy de la Françafrique a conduit à une quasi indépendance de ces hommes d’affaires. Ils n’hésitent plus à travailler pour des investisseurs étrangers, comme le Qatar, la Turquie, l’Arabie Saoudite, etc… Il en résulte une ouverture des marchés africains qui attirent les investisseurs et que la Chine comme la Russie ne mettent pas longtemps à en voir le potentiel. Or sans ces hommes d’affaires ayant l’oreille des dirigeants africains, la France, mécaniquement, à moins de poids pour faire valoir ses arguments face à ses concurrents. Il en résulte donc une pénétration de la Chine et de la Russie, très visible en Centrafrique, et qui bouscule sérieusement la suprématie française traditionnelle dans la région. Doit-on voir dans le rapprochement entre Macron et Sarkozy le désir de la part du Président de peser à nouveau dans le jeu libyen et de stopper l’hémorragie causée par la perte de ces juteux marchés africains – l’ex-président étant l’un des seuls à même de lui fournir le réseau suffisant pour y parvenir ?

    L’indépendance accrue des réseaux françafricains se matérialise par l’émergence d’une troisième génération de la Françafrique, après les bébés Foccart et les réseaux Pasqua/Sarkozy. Ces nouveaux réseaux, constitués de jeunes loups comme Charki, Djourhi junior ou encore Julien Balkany (le jeune frère du maire de Levallois), qui inaugurent de nouvelles pratiques et de nouvelles méthodes vers une organisation hors-sol qui sera de plus en plus mondialisée.

    Non content de tremper avec les pires réseaux que le milieu d’affaires français est capable de produire pour réparer les erreurs de son aventurisme diplomatique puéril, Emmanuel Macron doit, aujourd’hui, courir après ces personnes afin de les réintégrer dans le giron élyséen.

    Non content de tremper avec les pires réseaux que le milieu d’affaires français est capable de produire pour réparer les erreurs de son aventurisme diplomatique puéril, Emmanuel Macron doit, aujourd’hui, courir après ces personnes afin de les réintégrer dans le giron élyséen. Au prix, probablement, de davantage de révélations dans cette collusion entre le milieu macronien et la Françafrique. Plus largement, ces milieux de la Françafrique ont toujours su graviter autour du pouvoir et se sont réinventés avec une très grande adaptabilité à chaque alternance. Cette force de ces réseaux, tout comme son étendue et sa profondeur au sein des institutions et de l’Histoire de la Vème République, amène une question : sera-t-il possible de tuer le pouvoir de la Françafrique sur l’exécutif sans abolir la Vème République ? Mais le problème peut aussi se poser en sens inverse : serait-il concevable d’abolir la Vème République sans d’abord tuer le pouvoir de la Françafrique ? Finalement, les deux se confondent tant, et partagent une histoire commune au point qu’il est quasiment impossible de les distinguer.

    Pour aller plus loin :

    Beau Nicolas, La maison Pasqua, Paris, Plon, 2002

    Foccart Jacques, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, 2 tomes, Paris, Fayard-Jeune Afrique, 1995-1997

    Pigeaud Fanny, Ndongo Sylla, L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, la découverte « cahiers libres », 2018

    Turpin Frédéric, Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir,CNRS éditions, 2018.

    Verschave François-Xavier, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, 1998

    Le documentaire de Silvestro Montanaro : « Thomas Sankara…et ce jour là ils ont tués la félicité ». https://www.youtube.com/watch?v=94hBLBThVdo

    Sur la Françafrique version Sarkozy :      https://survie.org/themes/francafrique/article/nicolas-sarkozy-et-la-francafrique

    Un article du monde sur la Françafrique version Hollande : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/07/la-francafrique-ressuscitee-d-hollande-l-africain_4993714_3212.html

    Un article sur les débuts de la Françafrique version Macron : https://survie.org/themes/francafrique/article/emmanuel-macron-en-chef-militaire-au-mali-le-symbole-d-une-francafrique

    Un article sur les amitiés louches de Benalla : https://www.liberation.fr/france/2019/01/06/info-libe-les-amities-louches-de-benalla_1701361

    Source : Le Vent Se Lève, 29 mars 2019

    Tags : France, Afrique, Françafrique, spoliation, colonialisme, pillage,

  • Gabon : attention au syndrome algérien !

    Le président du Gabon, Ali Bongo, est rentré, samedi dernier, dans son pays après près de cinq mois d’absence à la suite d’un accident cardiovasculaire (AVC) en Arabie saoudite puis une longue convalescence au Maroc.

    Son retour au bercail a été célébré en grande pompe par ses partisans et le Parti démocratique gabonais (PDG), sa formation politique. Le parti, qui faisait profil bas depuis l’annonce de la maladie d’Ali Bongo, a dû battre le rappel de ses troupes pour lui réserver un accueil digne de ce nom. Malgré cette forte mobilisation, le doute plane toujours dans les esprits de certains Gabonais. Pourquoi un tel accueil triomphal, alors que le chef de l’Etat est arrivé et reparti aussitôt, lors de ses deux derniers séjours au Gabon? L’on se souvient que le président Ali Bongo est rentré à Libreville où il a assisté à la prestation de serment du nouveau gouvernement, huit jours après une tentative de putsch, le 7 janvier 2019.

    La presse n’a pas pu accéder à la salle de prestation de serment et la cérémonie n’a pas été retransmise en direct dans les médias comme d’habitude. Cette situation continue de cristalliser le débat politique sur la vacance du pouvoir chez une partie des citoyens et dans les rangs de l’opposition gabonaise. Le président Bongo vient-il, cette fois encore, éteindre le débat en cours ? Dans un communiqué, le gouvernement estime que ce retour est la preuve manifeste du rétablissement total de la santé du chef de l’Etat. Si tel est le cas, il ne reste qu’aux Gabonais de lui souhaiter bon vent pour mener à terme son second mandat.

    Le hic, c’est que nombre de Gabonais affichent leur scepticisme quant à la capacité du chef de l’Etat à gouverner le pays. Ces derniers craignent le scénario algérien, où le président Abdelaziz Bouteflika a été frappé par une incapacité à conduire les affaires de son pays à la suite d’un AVC depuis 2013.

    L’Algérie est aujourd’hui dirigée par l’entourage du chef de l’Etat, qui est à la manœuvre pour se maintenir au pouvoir contre la volonté des Algériens. Ce débat vient pomper l’atmosphère politique au Gabon, qui a connu pour la deuxième fois de son histoire, un coup d’état.

    Même si ce putsch n’est pas arrivé à terme, c’est le signe d’un malaise, présenté par certains analystes comme la conséquence directe de la réélection contestée de Ali Bongo à la présidentielle de 2016, avec moins de 6 000 voix d’avance sur l’opposant Jean Ping.

    Un scrutin marqué par des accusations de fraudes et des manifestations violemment réprimées

    Le président du Gabon, Ali Bongo, est rentré, samedi dernier, dans son pays après près de cinq mois d’absence à la suite d’un accident cardiovasculaire (AVC) en Arabie saoudite puis une longue convalescence au Maroc.
    Son retour au bercail a été célébré en grande pompe par ses partisans et le Parti démocratique gabonais (PDG), sa formation politique. Le parti, qui faisait profil bas depuis l’annonce de la maladie d’Ali Bongo, a dû battre le rappel de ses troupes pour lui réserver un accueil digne de ce nom. Malgré cette forte mobilisation, le doute plane toujours dans les esprits de certains Gabonais. Pourquoi un tel accueil triomphal, alors que le chef de l’Etat est arrivé et reparti aussitôt, lors de ses deux derniers séjours au Gabon? L’on se souvient que le président Ali Bongo est rentré à Libreville où il a assisté à la prestation de serment du nouveau gouvernement, huit jours après une tentative de putsch, le 7 janvier 2019.
    La presse n’a pas pu accéder à la salle de prestation de serment et la cérémonie n’a pas été retransmise en direct dans les médias comme d’habitude. Cette situation continue de cristalliser le débat politique sur la vacance du pouvoir chez une partie des citoyens et dans les rangs de l’opposition gabonaise. Le président Bongo vient-il, cette fois encore, éteindre le débat en cours ? Dans un communiqué, le gouvernement estime que ce retour est la preuve manifeste du rétablissement total de la santé du chef de l’Etat. Si tel est le cas, il ne reste qu’aux Gabonais de lui souhaiter bon vent pour mener à terme son second mandat.
    Le hic, c’est que nombre de Gabonais affichent leur scepticisme quant à la capacité du chef de l’Etat à gouverner le pays. Ces derniers craignent le scénario algérien, où le
    président Abdelaziz Bouteflika a été frappé par une incapacité à conduire les affaires de son pays à la suite d’un AVC depuis 2013. L’Algérie est aujourd’hui dirigée par l’entourage du chef de l’Etat, qui est à la manœuvre pour se maintenir au pouvoir contre la volonté des Algériens. Ce débat vient pomper l’atmosphère politique au Gabon, qui a connu pour la deuxième fois de son histoire, un coup d’état. Même si ce putsch n’est pas arrivé à terme, c’est le signe d’un malaise, présenté par certains analystes comme la conséquence directe de la réélection contestée de Ali Bongo à la présidentielle de 2016, avec moins de 6 000 voix d’avance sur l’opposant Jean Ping. Un scrutin marqué par des accusations de fraudes et des manifestations violemment réprimées, durant lesquelles plusieurs personnes ont trouvé la mort. Le débat sur la vacance du pouvoir ne doit pas être un prétexte pour un retour à la violence, mais doit s’inscrire dans une démarche républicaine prévue par la loi fondamentale de chaque pays. Les dirigeants africains doivent se résoudre à appliquer les règles de la démocratie, même lorsqu’elles sont en leur défaveur.

    Abdoulaye
    BALBONE

    Source: Sidwaya, 25 mars 2019

    , durant lesquelles plusieurs personnes ont trouvé la mort.

    Le débat sur la vacance du pouvoir ne doit pas être un prétexte pour un retour à la violence, mais doit s’inscrire dans une démarche républicaine prévue par la loi fondamentale de chaque pays.

    Les dirigeants africains doivent se résoudre à appliquer les règles de la démocratie, même lorsqu’elles sont en leur défaveur.

    Abdoulaye
    BALBONE

    Source: Sidwaya, 25 mars 2019

  • Tchad : Idriss Déby demande à l’Elysée d’intervenir pour évacuer l’ambassade tchadienne à Paris occupée par des opposants

    Le président Idriss Déby vient de demander au Quai d’Orsay d’ordonner l’évacuation sans ménagement de sa représentation à Paris, qu’il considère « d’illégal » ainsi que la judiciarisation des occupants afin de dissuader d’autres activistes, a rapporté un activiste politique tchadien.

    L’ambassade du Tchad en France a été assiégé mardi par des militants tchadiens résidents en France.

    L’ambassade a été prise d’assaut tôt ce matin pour, entre autres

    • protester contre le refus du dialogue politique réclamé par l’opposition et la société civile qui souhaite une issue pacifique de la crise politique qui a tant duré.
    • Départ sans conditions de l’armée française du Tchad
    • la libération des rebelles arrêtés lors du bombardement français sur une colonne de l’UFR
    • un dialogue inclusif regroupant toutes les forces vivent du Tchad ( opposition pacifique, oppositions armées, les diasporas, et le gouvernement).

    Selon des activistez tchadiens, l’ambassadeur aurait pris la fuite.

    Tags : Tchad, Idriss Déby, rébellion, françafrique,

  • Gabon: Communiqué “d’Appel à Agir”

    Communiqué de presse

    En première réaction à l’arrivée de Monsieur Ali Bongo

    Nous n’avons jamais demandé une preuve de vie. Nous avons demandé la constatation de la vacance du pouvoir. Nous avons affirmé qu’Ali Bongo n’est plus en capacité d’assumer les charges inhérentes à la fonction de président de la République.

    Les images de son arrivée renforcent notre conviction. Chacun a pu constater qu’il ne s’est pas exprimé. Or, après une si longue absence, sa prise de parole est fortement attendue. Le peuple gabonais est en droit d’exiger des clarifications. Ce mutisme entretenu pose la question de ses réelles capacités cognitives.

    Ceux qui ont déćidé du retour d’Ali Bongo voulaient éteindre la projection du 31 mars. Mal leur en a pris parce que, à l’évidence, Ali Bongo est sérieusement diminué. Il n’est donc plus le maître du jeu institutionnel.

    En conséquence, nous réitérons notre demande de constatation de la vacation du pouvoir. Parce que nous sommes légalistes et républicains, nous saisissons les instances compétentes pour exiger une expertise médicale. Dès lundi, nous déposeront une demande en référé devant le président du tribunal. Nous saisissons aussi la Cour Constitutionnelle pour exiger la mise en oeuvre de l’article 92 de sa loi organique.

    Pour le Gabon, agissons !

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    Tags : Gabon, Ali Bongo, françafrique,