Étiquette : France

  • La France découvre la réalité derrière les imams qui arrivent du Maroc

    A l’instar de ceux ommis à Paris et Bruxelles, l’attentat de Barcelone a été exécuté par des marocains recrutés, manipulés et dirigés par un imam de la localité de Ripoll et jouait l’agent double. Il était un agent des services secrets marocains et faisait semblant de collaborer avec ceux de l’Espagne.

    Depuis, l’accointance des imams marocains avec les renseignements de leur pays d’origine n’est plus à prouver. Pour éviter tout risque, le président Emmanuel Macron a formé le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) qui s’est penché sur la question de la lutte contre toute forme de radicalisation, prévention de la délinquance;  prévention de la radicalisation et la lutte contre l’islamisme et le repli communautaire;  lutte contre les dérives sectaires. Il veut mettre fin au « système des imams détachés », en provenance du Maroc, de la Turquie, de l’Algérie, pour en former des imams français, en développant des « cursus d’islamologie » dans les universités, les projets d’écoles d’aumôneries (militaires et hospitalières).

    L’Europe découvre que le vrai danger vient du Maroc, le pays qu’elle considérait comme allié et à qui elle a octroyé un «statu avancé» en dépit de son obstination pour le despotisme et les violations des règles les plus élémentaires des droits de l’homme.

    Tags : Maroc, France, Islam, radicalisation, Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, CIPDR,

  • Dans un magasin de chaussures … et Benjamin Griveaux

    En préambule et pour s’en débarrasser une fois pour toutes, le patronyme “ Griveaux ” n’a malheureusement rien à voir avec “ grivois ”. Un griveau est un homme dont les cheveux et les poils de barbe étaient mêlés de noir et de blanc.

    Ainsi donc, je me trouvais récemment dans un magasin de chaussures pour (re)chausser mes filles. Il y avait dans les lieux quatre autres clientes : une jeune acheteuse et trois copines. La vendeuse apporta quatre ou cinq paires à essayer. Ça n’a pas raté : à chaque essai, les trois copines prirent des photos. Barthes a écrit des choses très sensibles sur la photo qui nous permet de repousser la mort. L’acheteuse finit par marquer une préférence. L’une des copines tiqua et dit qu’on devrait en référer à Kevinette (un pseudo) qui était, elle, une vraie spécialiste. Par la grâce du téléphone et de l’internet, un cliché fut envoyé à Kevinette qui, comme la plupart des ados de nos jours, avait les yeux et les bouts de doigt rivés sur son portable. Moins d’une minute plus tard, le jugement tomba : « C’est bon ». Une bonne vingtaine de photos et deux connections internet avaient permis cet achat.

    Dans “ Benjamin Griveaux ” il y a “ Benjamin ”. Le jeune bras droit et homme de confiance du banquier éborgneur est, comme toutes ces ados acheteuses, bien de et dans son temps. Mais il en est aussi la victime.

    Soit, donc, un type de 40 ans qui a une épouse, trois enfants, une maîtresse (comme on disait à l’époque de Labiche). En public, il propose un discours traditionnaliste, nourri de valeurs ancestrales sur la Famille. En privé, il n’écoute que ses pulsions et s’envoie en l’air. Un beau matin, il a une érection. Il ne peut ou ne veut en faire profiter sa légitime. Il se prend en photo et expédie l’objet de toutes les convoitises à son illégitime. La suite est connue.

    Il n’a rien fait d’autre que nos ados à la fièvre acheteuse. En prenant un cliché, il a produit de la photo tout en étant produit par elle. Telle est la logique du selfie par qui je suis à la fois l’agent et l’objet. En prenant une photo sans intérêt artistique et en la propulsant, sans trop réfléchir, jusqu’à sa “ maîtresse ”, le jeune Benjamin a vérifié le principe bien connu démontré par Marshall McLuhan dans les années soixante : le médium est le message. Un selfie que je fais connaître par internet n’a rien à voir, ni dans la forme ni dans le fond, avec une photo posée chez un professionnel. Dans ce dernier cas, il y a trois facteurs qui contribuent au résultat final : le professionnel, le modèle et la prise du cliché. Dans le magasin de chaussures, comme dans le cabinet de Benjamin (j’appelle cette excellence « Benjamin » parce que j’en sais tellement sur lui désormais !), les trois facteurs – au sens premier du terme – ne font qu’un. Il n’y a plus de frontière entre l’intime et l’extime, entre celui qui pose et celui qui est posé, entre celui qui prend et celui qui est pris. La qualité artistique n’importe plus. Seul compte un résultat final qui existe avant même le début de l’entreprise.

    Dans la basse politique qui est désormais la norme, on appelle cela un effet d’annonce.

    “ Ceci n’est pas la verge de Benjamin Griveaux ”. (René Magritte).

    Source

    Tags : France, Benjamin, Griveaux, pudeur, perversion, vidéo, Alexandra Taddeo, Piotr Pavlenski,

  • France-Mali-Sahel: Ingérence

    » Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore « .

    Par Mohamed Abdoun 

    Alire certains médias hexagonaux, on se surprend à » confirmer » que l’Afrique, une bonne partie du berceau du monde du moins, est toujours sous domination française. Que l’on en juge plutôt. Lundi passé, le président Ibrahim Boubacar Keita annonçait l’existence d’un dialogue avec Amadou Koufa le chef de la katiba Macina, et Iyad Ag Ghali, qui dirige le GSIM. Ces deux milices armées sont classées dans la case des islamistes, pour ne pas dire des terroristes.

    Mieux, ces derniers sont même qualifiés de » mauvais « . Car, ne l’oublions pas, il existe aussi de » bons terroristes » aux yeux de Paris. Paris a en effet soutenu, armé et financé de sanguinaires criminels, oeuvrant à massacrer le peuple syrien, pour la simple et crinelle raison que ces derniers sont également en guerre contre le président Bashar al-Assad. Ainsi, depuis l’annonce par IBK de ces contacts, les médias spéculaient ferme sur la réaction des » patrons français « .

    Macron laissera-t-il faire, ou bien rappellera- t-il à l’ordre son homologue malien, quitte à le » congédier » si le besoin s’en faisant sentir » impérieusement « . Mais, finalement, la peur-panique aura été de courte durée. Paris ne » sévira » pas. Pas de manière officielle du moins.

    Dans un communiqué, le Quai d’Orsay estime en effet que les » initiatives » prises par le président malien le sont dans le cadre » des recommandations du dialogue national inclusif « . Sic ! Et le ministère français des Affaires étrangères de juger que » l’action collective au Sahel est multidimensionnelle » et qu’ » au-delà de l’aspect sécuritaire, l’accent doit être mis sur les questions de stabilisation, de développement et de réconciliation « .

    Mine de rien, une pareille déclaration, n’était son hypocrisie manifeste, nous ramènerait directement l’accord d’Alger, celui-là même Bamako n’a jamais réussi à mettre en application à cause des multiples entraves » déployées » par la France. Celle-ci, dans sa bien curieuse réaction, ne laisse pas de rappeler, hypocritement aussi, » que la France combat les groupes armés terroristes au Sahel à la demande des États de la région et notamment du Mali « . Sous-entendu : si Bamako négocie avec ces deux chefs jihadistes, ce n’est pas le cas de Paris. Cette manière de couper la poire en deux, de botter en touche en quelque sorte, place IBK dos au mur.

    En cas d’échec de cette initiative, il en assumera seul les conséquences. Personne ne viendra rappeler que le Mali, et tout le Sahel, ont basculé dans le chaos, et sont devenus la proie des terroristes et des trafiquants d’armes et de drogue, parce que la France de Sarkozy avait décidé un jour qu’il fallait éliminer Kadhafi, ouvrant au passage la boite de Pandore. Le sort en est jeté à présent. Les terroristes, très à leur aise dans cette région, jusqu’à tenter des incursions sur notre territoire à nous, font face à des régimes affaiblis et incapables de faire face avec la fermeté et l’efficacité voulues.

    En résumé, la lutte contre le terrorisme, si elle veut se rendre efficace, dont être accompagnée par un développement harmonieux de cette région et, partant, une émancipation totale vis-à-vis de la France. Les chefs d’Etats de la bande sahélo-saharienne auront-ils le courage de franchir ce pas salvateur ?

    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 16 fév 2020

    Tags : Mali, France, françafrique, colonisation, Libye, Kadhafi,

  • Amateurisme

    François Hollande, à deux ans des prochaines élections présidentielles françaises, continue sa bataille médiatique contre son ancien ministre de l’Économie, devenu depuis président de la République française, Emmanuel Macron.

    Le succès totalement imprévisible du jeune novice en politique a en effet pris de court celui qui malgré des sondages très pessimistes sur ses chances de réélection, envisageait de se présenter une fois encore au suffrage universel en 2017. Depuis une année, après avoir resurgi dans les médias à la faveur de la mobilisation des «gilets jaunes», l’ancien président ne manque jamais une occasion de critiquer l’action du gouvernement et implicitement son ex-ministre.

    Cette semaine, Hollande a profité d’une déclaration de Macron sur l’«ancien monde» et le renouvellement historique de l’échiquier politique français pour appuyer avec insistance sur l’inexpérience du gouvernement en place ainsi que des différents élus de La République En Marche.

    Si François Hollande «ne sait pas» si c’était sa «personne qui était visée», l’ancien président socialiste a tenu à répondre à Emmanuel Macron. «L’amateurisme, cela peut-être une qualité : le sport, le fait de se donner aux autres, de faire en sorte que nous puissions tous être unis…

    D’une certaine façon, c’est bien, a d’abord souligné François Hollande. Mais il y a quand même un certain nombre de domaines où on veut des professionnels, où c’est quand même mieux de savoir qu’il y a des garanties».

    François Hollande a poursuivi, rappelant les fondamentaux : «C’est quand même préférable de savoir de quoi on parle, de savoir ce que représentent les Français et savoir qui ils sont». Avant de conclure, lapidaire : «Ça s’appelle le respect».

    Il a aussi estimé que le régime actuel pouvait «quelques fois être loin des Français» avec des décisions prises «sans les avoir consultés, sans les avoir écoutés». «On ne peut pas non plus accepter que notre démocratie se réduise à des images qu’on a vues depuis deux ans : des violences dans la rue, contre les personnes, contre les biens, a-t-il déploré. Ça, c’est un échec grave de la démocratie quand la colère ne peut pas trouver son expression autrement que par la violence».

    Ainsi, François Hollande intensifie sa campagne contre le président en fonction et semble se positionner pour une possible candidature en 2022. Néanmoins, pour qu’une candidature de sa part fasse sens, il devra non seulement se munir d’un programme attractif pour les Français mais surtout réussir à les convaincre qu’un éventuel nouveau mandat à l’Élysée serait effectivement dans leur intérêt.

    Or, aujourd’hui, comme durant la majorité de son quinquennat, Hollande ne brille pas par sa popularité et seulement 3 % des Français le considèrent comme un présidentiable crédible. Un chiffre qui ne semble toutefois pas atteindre le moral de l’ex-chef d’État qui continue tranquillement sa guéguerre avec le clan Macron, en attendant le moment, s’il se présente, de se lancer dans la course à la présidentielle.

    Le Jour d’Algérie, 16 fév 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, François Hollande, gilets jaunes,

  • Algérie – Essais nucléaires français au Sahara : Le visage de la barbarie coloniale

    En 1960, l’Algérie, malgré les épreuves, n’était pas loin de l’indépendance dont les lueurs clignotaient dans un tunnel dont on entrevoyait le bout.

    Après les manifestations du 11 décembre, peu en doutaient, sinon ceux qui allaient, pour reprendre la bonne formule d’Yves Courrière, allumer «les feux du désespoir». Le général de Gaulle, revenu aux affaires deux années auparavant, cherchait à sortir du bourbier algérien. Il organise en janvier 1961 un référendum sur l’autodétermination pour recueillir l’assentiment du peuple pour sa politique.

    Les résultats confortèrent sa démarche sans se résigner encore à prononcer le mot indépendance. Mais des négociations vont bientôt s’amorcer, d’abord à Melun puis à Evian 1 où la question du Sahara se révélera vite un point d’achoppement entre les délégations du gouvernement français et du FLN.

    L’enjeu était double. Il s’agissait d’abord d’exploitation du pétrole découvert en 1956 et qui assurait déjà 40% des besoins de l’économie française. Pouvoir poursuivre les essais nucléaires était l’autre souci des Français. Sans la possession de l’arme nucléaire alors détenue par trois pays (USA, Urss et Grande-Bretagne), la France ne pouvait prétendre au rôle de puissance que lui assignait son «chef» si attaché à la souveraineté au point de répudier, un peu plus tard, l’Otan.

    C’est le 13 février 1960, à 7h04, qu’explose Gerboise bleue au sud de Reggane. C’est sur le même site d’expérimentation que se produiront trois autres essais en surface. Gerboise sera successivement, bleue blanche, rouge puis verte le 27 décembre 1960. Le choix des couleurs n’était pas fortuit mais renvoie à celles du drapeau tricolore. Jusqu’à 1966, l’armée française va changer de site. Treize autres bombes vont exploser à In Ekker, au nord de Tamanrasset.

    En vertu des accords d’Evian signés le 18 mars 1962, l’article 5 de la déclaration de principe relative aux questions militaires stipule que la France utilisera pour une durée de cinq ans les sites comprenant les installations d’In Ekker, de Reggane et de l’ensemble de Colomb-Béchar Hamma Guir. Longtemps, les officiels et les médias évitaient soigneusement le sujet qui, comme toutes les questions militaires, relevait quelque peu du tabou. La première fissure se produit en 1985 avec le très beau documentaire d’Azzedine Meddour.

    A partir d’un montage ingénieux d’archives, «Combien je vous aime» évoque cet épisode de la barbarie coloniale. Tout au long des années 1990 du siècle dernier et 2000, les langues vont se délier, tant en France qu’en Algérie, pour relater les effets de ces essais.

    Les circonstances du déroulement des effets et les accidents longtemps occultés sont mieux connus. Des associations, les médias ne cesseront pas de mettre en valeur cet épisode.

    A une demande de repentance est associée une exigence de réparation et d’indemnisation des victimes. Mais le dossier paraît conditionné par l’issue du traitement du contentieux de la mémoire qui relève des relations entre les Etats.

    R. Hammoudi

    Sud Horizons, 12 fév 2020

    Tags : Algérie, France, bombe atomique, essais nucléaires, repentance,

  • Sahara Occidental : Le régime de Bouteflika a rendu la France et le Maroc agressifs

    Dans une déclaration faite à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, Bouteflika a clairement accusé la France de « tenter de régler ses comptes avec l’Algérie  » en   appuyant le « Maroc » parce qu’elle « n’a jamais accepté l’indépendance algérienne ». Mais il y a aussi la question des visées colonialistes qui n’épargnent aucun pays de l’Afrique, notamment l’Afrique centrale et occidentale.

    En dépit de sa méfiance, Bouteflika a voulu donner une chance aux relations bilatérales en mettant de côté la question de la mémoire et les crimes de guerre commis par l’Hexagone contre la population algérienne. C’est ainsi que les dirigeants des deux pays n’ont pas hésité à parler de lune de miel malgré que le président algérien voyait d’un mauvais œil la la « marocanisation de la vie politique française. Selon Mondafrique, Saïd Bouteflika en aurait exprimé sa désapprobation auprès d’un conseiller de François Hollande. Et malgré les ingérences de la France dans le dossier du Sahara Occidental.

    En dépit des voyages de réconciliation, le ce ciel bleu et les prétendues relations exceptionnelles, le pont entre la France et l’Algérie n’a jamais été vraiment construit. La raison ? Paris et le Rabat devenaient de plus en plus arrogants et agressifs au point d’ignorer l’existence de l’Algérie.

    Théoriquement, au Conseil de Sécurité, il appartient aux Etats-Unis de rédiger le brouillon de la résolution sur le Sahara Occidental. Cependant, l’empreinte de la France dans le texte est plus que visible. Sans l’ombre d’un doute, elle pousse les sahraouis à la capitulation, à renoncer à leur droit à l’autodétermination. Même aux droits de l’homme les plus fondamentaux puisque la France empêche la MINURSO d’étendre ses prérogatives à la surveillance de la situation des droits humains au Sahara Occidental. Décomplexée, Paris n’hésite plus à prouver que le Maroc est toujours un protectorat de la France, voire un Département français, ce qui a poussé tous les émissaires onusiens à la démission. Le Maroc, pour sa part, se vante publiquement du soutien inconditionnel de la France à ses mésaventures expansionnistes ainsi que ses pratiques violentes contre la population sahraouie.

    La France et le Maroc ont mal interprété la bonne foi des autorités algériennes quant à leur volonté d’enterrer le passé et ouvrir une nouvelle page. Ensuite, la maladie de Bouteflika a fait le reste.

    L’agression française contre le peuple sahraoui n’est pas limité aux coulisses des Nations Unies. Paris s’est engagé aussi à soutenir l’offensive marocaine en Afrique visant à faire imploser l’Union Africaine à l’aide du soutien de certains pays francophones qui n’arrivent pas à se débarrasser de la tutelle gauloise.

    A cet égard, notre confrère Maamar Farah, du Soir d’Algérie, a écrit l’article suivant :

    La France entre macronisation et marocanisation

    Personne n’ignore qu’entre la France et le Maroc, les liens sont étroits, inaltérables — quelle que soit la couleur politique du régime à Paris — et soudés par les relations personnelles entre le roi et ses amis d’outre-Méditerranée. Les quelques nuages passagers qui traversent le ciel de cette belle entente et qui naissent du courage de quelques hommes politiques français dénonçant le silence de Paris sur les atteintes aux droits de l’Homme ou encore des écrits courageux des rares plumes libres non inféodées à Rabat, ces nuages ne peuvent remettre en cause les énormes intérêts français dans un pays encore colonisé. Un pays qui a une apparence de souveraineté mais qui n’est, en réalité, qu’une succursale de l’impérialisme et un haut lieu du sionisme international.

    Ce protectorat est dirigé par une oligarchie occidentalisée composée de courtisans affairistes dont les intérêts sont intimement liés aux grandes compagnies françaises et américaines notamment qui possèdent pratiquement tout le Maroc ! Au cours de deux visites effectuées en 1988-1989, nous avons parcouru des centaines de kilomètres entre Oujda, Fès, Casa, Rabat, Marrakech, Essouira et Béni Mellal et, partout, nous avons pu constater la mainmise des sociétés occidentales sur les richesses et l’économie marocaines. Nos hôtes ne s’en cachaient pas même s’ils ne disaient pas tout ! Les parts qui revenaient au roi, par exemple, n’étaient pas divulguées alors que le monarque possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises. Des amis bien informés ont évalué cette part à 10%. Sans compter, bien sûr, ses biens personnels car, ici, il s’agit des entreprises semi-publiques de grande importance.

    Qu’ils soient de gauche ou de droite, les pouvoirs successifs français ont toujours évité de critiquer le Maroc. Dans les moments de grande répression intérieure,  comme celui qu’a connu récemment le Rif ou sur le dossier du Sahara Occidental, les Français font preuve d’un étrange alignement sur le régime de Rabat. Même constat pour une presse dont les patrons ont des intérêts énormes au Maroc, à l’instar d’un Drahi, citoyen franco-maroco-israélien, propriétaire de BFM, de la chaîne sioniste i24 et de l’Express, entre autres. Quand ils ne sont pas patrons, beaucoup de journalistes français se laissent séduire par quelques faveurs sous forme d’avantages divers.

    Mais les journalistes ne sont pas les seuls privilégiés du système de lobbying marocain. Beaucoup d’hommes politiques, des membres influents de la société civile, des têtes d’affiche du monde des arts et du spectacle, sont également conviés à goûter aux plaisirs charnels qu’offrent les nuits chaudes de Marrakech. Pour certains, cela va plus loin puisque le «tourisme» local n’est pas très regardant sur les excès lubriques de quelques libertins en mal d’exotisme,  excès qui vont jusqu’à la pédophilie et l’esclavage sexuel d’enfants issus de la classe pauvre. Faut-il, pour ne pas être taxé de «comploteur antimarocain», citer les témoignages de l’amant d’Yves Saint-Laurent sur les soirées agitées de la villa Bleue impliquant des gosses ou les cas des ministres Jacques Lang et Frédéric Mitterand ou encore celui de ce pédophile espagnol condamné par la justice marocaine et gracié par le roi ?

    La permissivité du Makhzen vis-à-vis de ce désordre moral qui donne à Marrakech les allures d’un Sodome moderne est vivement appréciée par les milieux dominants français qui ont le double avantage d’être les vrais patrons de cette «province» et d’utiliser des «sujets» locaux pour jouir de plaisirs tabous et punis par la loi chez eux.

    Je fais encore appel à la mémoire pour citer un lieu que nous avons visité près de Marrakech, un immense camp de débauche collective où nous avons été invités pour un méchoui. Je ne suis pas un islamiste obscurantiste et je n’ai rien contre les cabarets et les boîtes de nuit que je fréquentais assidûment durant ma jeunesse, mais ce que j’ai vu et entendu à «Aliwood», près de Marrakech, m’a confirmé tout le mal que je pensais de ce «paradis sexuel» couru par les dépravés et les pédophiles du monde entier. Je passe sur les détails du «programme» pour ne pas choquer les âmes sensibles, m’arrêtant juste à ce moment fatidique où quelques fillettes en tenue légère furent introduites sous notre tente, pour une danse qui n’avait rien de folklorique.  Nous étions mal à l’aise, gênés par ce spectacle insolite et chacun de nous voyait sa propre fille parmi ces pauvres créatures. Mais l’honneur des Algériens fut sain et sauf. A l’invite d’un accompagnateur marocain qui nous proposait,  ni plus, ni moins, de «profiter» de l’occasion, Rezigui, vieux journaliste émérite de l’hebdomadaire arabophone El Moudjahid, se leva et en fit voir de toutes les couleurs à ces «organisateurs», pour une fois mal tombés : «Vous nous prenez pour qui ? Ces gosses ont l’âge de nos propres filles ! Vous ne connaissez pas l’Algérien ! Ne le confondez pas avec ces affamés sexuels, ces touristes dépravés qui profitent de votre bassesse…» Au moment de quitter notre tente, nous aperçûmes les fillettes agglutinées autour des restes de nos méchouis, s’arrachant les morceaux de viande comme des animaux ! Triste moment qui me fit réfléchir à ce Maghreb de l’impossible que nous voulions bâtir… Je pensais à Boumediène et à ce qu’il disait à propos de la féodalité marocaine…

    Pour revenir aux relations franco-marocaines, il n’y a pas que ce côté apparent des choses. Depuis quelque temps, les «représentants» et autres espions déclarés ou pas du Maroc pullulent en France,  grimpant rapidement les échelons du pouvoir politique. Il y eut Dati, Najet-Vallaud Belkacem, Azoulaï et bien d’autres. Leur rôle est de servir les thèses monarchiques et influer sur les positions françaises. Parfois, il s’agit de jonctions entre les intérêts du royaume et ceux d’Israël qui a certes des défenseurs de plus en plus nombreux en France, mais qui aura toujours besoin d’une forte présence en Afrique du Nord, dans un pays aux relations «intimes» avec l’ancienne Métropole.

    Le nouvel épisode de ce long feuilleton et qui a pour titre «Benalla et les Macron» traduit on ne peut mieux cette omniprésence marocaine dans les hautes sphères parisiennes. Une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets mais qui aura le mérite — nous l’espérons — d’ouvrir les yeux de l’opinion française sur des dérives qui n’ont que trop duré. L’intérêt de la France n’est pas et ne sera jamais dans ces arrangements douteux qui servent une caste éphémère mais pas les deux peuples. Les intérêts des deux oligarchies empêchent la vérité et la justice d’imprégner ces relations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne veulent pas sortir du sordide, depuis ces temps pas très lointains où des barbouzes du Quai des Orfèvres enlevaient Ben Barka,  au cœur de Paris, sur ordre de Hassan II.

    M. F. 

    P. S. : lorsqu’il est conçu sans arrière-pensées, le Partenariat public-privé peut effectivement rendre d’énormes services à l’économie algérienne. Mais la version corrigée et revue par le FCE et… l’UGTA (!) n’était qu’une énième tentative de brader le secteur public au profit de patrons à la soudaine richesse ! Ces pistonnés, de plus en plus nombreux au fil des mandats, lorgnent du côté des entreprises propriétaires de foncier important, bien installées et rentables.

    Un exemple édifiant : celui de GTH, grande société de travaux hydrauliques qui eut ses heures de gloire. Ayant une grande expérience dans le domaine des transferts hydriques et des constructions de stations et de barrages, cette société a, curieusement, de moins en moins de marchés au moment où, paradoxalement, quelques rares sociétés privées croulent sous les commandes ! Les travailleurs de GTH éprouvent des difficultés à percevoir leurs salaires et l’entreprise est en voie de disparition. Mais les «sauveurs» guettent…

    Ce n’est plus du  partenariat mais du «pousse-toi de là que je m’y mette !»

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, France, Union Africaine, françafrique,

  • La France est pour « l’intégration des Frères Musulmans dans le jeu politique en Egypte »

    Le fidèle et dévoué serviteur de Sa Majesté Le Roi a l’insigne honneur de porter à la Très Haute Attention Royale que le Chargé d’Affaires a.i. près l’Ambassade de France à Rabat a été reçu, à sa demande, au Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, aux fins d’une démarche officielle sur instruction du Quai d’Orsay.

    Le propos de cette démarche était, d’une part, de communiquer la position de la France concernant les développements que connait l’Egypte et, d’autre part, de partager ses idées concernant de possible voies de sortie de crise.
    Sur le premier point, la France se dit hautement préoccupée par la situation en Egypte, et craint une « spirale de violence » qui conduirait à un « scénario à la syrienne ».

    Autant que les préoccupations d’ordre interne à l’Egypte, Paris s’inquiète des conséquences régionales que pourrait avoir un « débordement de la situation », notamment envers Israël.

    Ces préoccupations régionales semblent partagées par les grandes puissances.

    Individuellement et au sein du Conseil de Sécurité de l’O NU , ces grandes puissances – et en particulier les Etats-Unis et la Russie – convergent sur des positions qualifiée (par mon interlocuteur) de « très durs » à l’égard de l’action du Gouvernement intérimaire en Egypte. Le diplomate français m’a confié que son pays a été approché par l’Egypte, pour qui les démarches russes et américaines au Conseil de Sécurité constituent des « gestes inamicaux ».

    Mais, tout en concédant volontiers que « l’heure est à la fermeté » à l’égard des Autorités du Caire, la France considère, tout à la fois, « l’escalade des pressions à l’extérieur et la montée des violences à l’intérieur », comme autant de sources de danger.

    En particulier, le Quai d’Orsay se dit opposé à des sanctions qui, selon lui, seraient contreproductives dans le cas présent.

    A titre alternatif, il défend la voie d’une médiation – dont les contours ne semblent pas encore définis avec précision, mais dont l’objectif serait d’attirer les partis à négocier un compromis articulé autour de la libération du Président destitué Mohamed M ORSI d’une part, et de l’organisation d’élections libres d’autre part. A cet égard, le souhait de M. Laurent FABIUS est de favoriser une désescalade des violences, et de pousser les autorités égyptiennes à concéder des « gestes concrets » d’apaisement qui aillent au-delà des déclarations.

    Dans cet esprit, Paris est d’avis que l’attitude de fermeté affichée face aux
    gouvernants de l’Egypte gagnerait à être calibrée pour servir un objectif de « pression productive ». Défendant qu’il est « dans l’intérêt du gouvernement égyptien d’avoir une communauté internationale qui appelle à l’arrêt de l’escalade de violence », la France souhaite que le Conseil de Sécurité parvienne à une position forte et commune sur la situation en Egypte.Dans l’approche française, une telle « expression internationale » serait, en soi, un début de sortie de crise, en ce sens qu’elle permettrait de « colmater les brèches » apparues dans la volonté de la Communauté internationale, permettant, ainsi, le ré-enclenchement d’une médiation internationale qui prendrait le relais des tentatives de l’Union européenne et des Etats-Unis.

    Sans décliner de « Plan » précis, le diplomate français a soulevé, avec insistance, l’idée de la mise en place d’une médiation à l’initiative de 2 ou 3 pays importants, suggérant – sans toutefois préciser si c’est là une proposition de ses Autorités – que le Maroc pourrait avoir un rôle à jouer en tant que « voie médiane », étant l’un des premiers pays arabes à avoir réagi à la situation en Egypte.

    Par ailleurs, les éléments d’information recueillis par le Quai d’Orsay auprès du Ministre Egyptien des Affaires étrangères, M. Nabil F AHMY , concernant la position des Autorités du Caire, convergent avec ceux que j’ai recueillis auprès de l’Ambassadeur d’Egypte à Rabat, à savoir que « la situation étaient complexe, que la responsabilité incombait aux frères musulmans, qui souhaitent une escalade de la violence, que le rétablissement de la paix dépendait de la situation sécuritaire et que la balle était dans le camp des frères musulmans ».

    Néanmoins, l’analyse du Quai d’Orsay tend à considérer que « la réussite de la transition démocratique n’est pas possible sans les frères musulmans […] qu’il faut intégrer dans le jeu politique pour pouvoir les neutraliser ». En cela, la conviction de Paris semble être que « les événements qu’a connu le monde arabe en 2011 ont un caractère irréversible, qui rend impossible tout retour en arrière ». En l’occurrence, toute remise en place du système
    égyptien tel qu’il existait avant 2011, serait inenvisageable.

    Enfin, le diplomate français n’a pas manqué de revenir sur le Sommet France-Afrique, prévu les 6 et 7 décembre 2013, et devrait s’articuler autour de trois thématiques principales, à savoir : la sécurité et la paix en Afrique ; l’économie et le développement ; et la question climatique. Le message relayé par mon interlocuteur est que la France accorde une grande importance à la présence personnelle de Sa Majesté Le Roi à ce Sommet.

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

    Tags : France, Frères Musulmans, Egypte, Al Sissi, islamisme,

  • Financement de Kadhafi : Rebondissement dans le camp Sarkozy

    Soupçonné d’avoir touché des fonds provenant du régime libyen de Mouammar Kadhafi, pour alimenter la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, un proche collaborateur de l’exprésident français a été mis en examen vendredi, pour « association de malfaiteurs ».

    Pour « association de malfaiteurs », l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, a été mis en examen vendredi 31 janvier, dans l’enquête sur des soupçons de financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par feu Mouammar Kadhafi, apprend-t-on.

    Thierry Gaubert, 68 ans est soupçonné d’avoir touché des fonds provenant du régime libyen de Mouammar Kadhafi, qui auraient pu alimenter la campagne de Nicolas Sarkozy. Le virement aurait été fait par une société appartenant à Ziad Takieddine qui ne serait rien d’autre qu’un intermédiaire entre les ex-alliés.

    Les juges enquêtent depuis avril 2013 sur la rude affaire Sarkozy formulée par des ex-dignitaires libyens. Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 21 mars 2018 pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de fonds publics libyens ».

    Ce noir chapitre de Sarkozy n’est visiblement pas encore achevé. L’ex-secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant et Eric Woerth, l’ancien trésorier de la campagne ont également été mis en examen.

    La cour d’appel de Paris, saisie par Nicolas Sarkozy, doit examiner en mars sa requête d’annulation de sa mise en examen.

    La Tribune des lecteurs, 7 fév 2020

    Tags : France, Sarkozy, Kadhafi, Libye, financement illicite,

  • Josette et Maurice Audin: En hommage aux disparus de la guerre d’Algérie

    par Youcef Dris*

    Le mois de février aura marqué l’histoire de la famille Audin, Maurice et Josette son épouse. Maurice Audin, né le 14 février 1932 à Béja (Tunisie), est un mathématicien français. Assistant à l’université d’Alger, il est membre du Parti communiste algérien et militant de l’indépendance algérienne. Il est déclaré mort le 21 juin 1957 à Alger.

    Le jeune homme était assistant en mathématiques à la faculté d’Alger, adhérant du Parti communiste algérien (PCA) et militant anticolonialiste. Il a 25 ans quand les militaires viennent l’arrêter, le mardi 11 juin 1957, à 23 heures, dans son appartement de la rue Flaubert, au cœur du quartier du Champ-de-Manœuvre, à Alger. En 1957, Josette Audin et son mari vivent à Alger et sont âgés respectivement de 26 et 25 ans. Le couple a trois enfants, une petite fille de 3 ans et demi et deux petits garçons de vingt mois, et un mois. Tous deux sont membres du Parti communiste algérien qui, à cette époque, est engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. «Depuis le début de l’année 1957 les parachutistes font régner la terreur, ils se promènent dans les villes, arrêtent les passants, ceux naturellement qui sont suspects, c’est à dire les Algériens, pas les Européens, et tout le monde sait que le jour ils paradent auprès des filles et que la nuit ils font leur sale boulot», (témoignage de Josette Audin dans une émission »Le monde en soi», le 3 novembre 2001.)

    C’est dans ce contexte que tous deux mènent des activités clandestines au sein du parti. En parallèle, le mathématicien est assistant à la faculté des sciences d’Alger. Sa thèse est presque aboutie lorsqu’il est arrêté dans la nuit du 11 juin 1957. (Elle sera finalement soutenue «in absentia» à la Sorbonne, six mois après sa disparition, par son directeur de thèse René de Possel.)

    Josette son épouse s’inquiète auprès des soldats venus l’arrêter, et leur demande quand son époux va revenir. L’un des militaires lui répond : «S’il est raisonnable, il sera de retour ici dans une heure.». Maurice Audin est conduit dans un immeuble en construction d’El-Biar, sur les hauteurs de la ville, transformé en centre de détention par l’armée française. Torturé à mort, exécuté, il n’en est jamais revenu. Le 1er juillet 1957, vingt jours après l’arrestation, un lieutenant-colonel tente de faire croire à Josette Audin que son mari s’est évadé lors d’un transfert. Alors, elle dépose plainte contre X pour homicide volontaire.

    Les parachutistes et le scénario fiction

    Josette Audin n’a même pas pu voir la dépouille de son mari : «Peut-être parce qu’il était européen, universitaire, les militaires ont essayé d’inventer une histoire. Les parachutistes de Bigeard ont imaginé un scénario de Maurice Audin s’enfuyant, s’étant échappé d’entre leurs mains. Evidemment, c’était complètement improbable, impossible. Non seulement ils ont torturé jusqu’à la mort, mais en plus, le fait de faire disparaître les gens participait à la terreur qu’ils faisaient régner sur la ville».

    L’épouse du mathématicien témoigne être restée quatre jours en compagnie de parachutistes et de policiers (qui restaient à son domicile), n’ayant autre chose à faire que se ronger les sangs : «A cette époque on savait que les gens qui étaient arrêtés étaient automatiquement torturés, donc forcément, je ne pensais qu’à ça, qu’il était certainement torturé.» Elle assiste le lendemain à l’arrestation du journaliste Henri Alleg, ami de Maurice Audin, venu à leur domicile : »Il s’était présenté chez nous. Il a essayé de faire croire qu’il était là pour renouveler l’assurance de mon mari mais les parachutistes n’ont pas été dupes. Ils ont téléphoné au lieutenant Charbonnier qui est venu très vite le chercher.»

    Josette Audin, morte samedi 2 février 2019, s’était battue toute sa vie pour que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans la disparition de son mari, le mathématicien Maurice Audin, pendant la guerre d’Algérie. Elle aura passé la majorité de sa vie à tenter de faire la lumière sur les circonstances de l’assassinat de son mari, Maurice Audin.

    La dernière fois où elle reçut des journalistes, c’était à la mi-décembre 2019. Il lui a été demandé ce qu’elle avait emporté, en 1966, quand elle avait quitté l’Algérie pour rejoindre la France, en passant par le Maroc et l’Espagne, avec ses trois enfants. Comme souvent, Josette Audin avait d’abord répondu par un silence. Puis elle avait lâché six mots, pas un de plus. »J’ai pris les choses importantes, les livres et les photos.» Les livres qui avaient traversé la Méditerranée étaient encore-là, un demi-siècle plus tard, dans la bibliothèque de son salon, perché au cinquième étage d’un immeuble blanc de Bagnolet, en banlieue parisienne. Lieu es situé dans le Bassin parisien, dans la région Île-de-France, limitrophe de Paris, ce qui change énormément du Champ-de-Manœuvre où vécurent les époux Audin et où sont nés leurs enfants. Avec les livres, il y avait les photos aussi, les rares portraits en noir et blanc, visage resté à jamais enfantin, de son mari Maurice Audin. Le combat de toute sa vie. A cette époque, Josette, 26 ans, était là. Leurs trois enfants, Michèle, 3 ans, Louis, 1 an et demi, et Pierre, 1 mois, aussi. Sans Josette, a l’habitude de dire sa fille Michèle, mathématicienne, il n’y aurait pas eu d’affaire Audin.

    Pierre Audin, fils de Maurice et de Josette, mathématicien comme son père, est auteur de nombreux ouvrages, dont «Une vie brève» (Gallimard), un livre très émouvant sur son père.

    L’épouse éplorée participe à la création d’un Comité Maurice Audin. Elle va inlassablement sonner à toutes les portes, celles des avocats, des journalistes, des militants des droits de l’homme, des politiques, pour faire éclater la vérité sur la disparition de son mari. Elle qui, le 15 février prochain, aurait dû avoir 88 ans, aura été veuve très jeune. Elle aura aussi connu une enfance un peu grise, de celles que raconte Albert Camus dans son roman autobiographique et inachevé, «le Premier homme». Elle est née et a grandi à Bab-el-Oued, le quartier algérois des Européens les plus modestes. Avant de disparaître, et dans un souffle, elle avait murmuré : »Tous les militaires impliqués dans l’affaire Audin sont morts tranquillement ou vont bientôt mourir sans avoir dit ce qu’ils avaient fait de Maurice Audin».

    Josette Audin est morte il y a un an jour pour jour, sans savoir comment a été tué son mari. Et c’est une tristesse supplémentaire pour tous ceux qui l’ont connue.

    Comme Josette, c’est un devoir important que de participer à faire connaître les ressorts de l’affaire de l’assassinat de Maurice Audin, aujourd’hui établi, ainsi que celle des disparus de la guerre d’indépendance algérienne. Cet acte de l’Histoire devrait s’inscrire dans la perspective du droit à la vérité, mais aussi du devoir de mémoire, qui en est le corollaire.

    Outre un intérêt personnel de nombre de militants de sa génération, l’histoire de la disparition de Maurice Audin, et la dénonciation de la guerre en Algérie par cette affaire, nous tous Algériens et parents de disparus sommes intéressés par la question de la réparation des injustices subies par le passé, même si rien ne répare jamais vraiment la souffrance causée aux proches d’un disparu. Dans le cas de Maurice Audin comme dans tous les autres, il manque toujours la vérité sur les circonstances de sa mort.

    Emmanuel Macron président de la République française avait choisi de reconnaître enfin la responsabilité de l’Etat dans la mort du mathématicien français communiste, enlevé chez lui à Alger par des parachutistes dans la nuit du 11 juin 1957, et jamais reparu. L’Elysée avait reconnu que Maurice Audin était «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France», annonçant «l’ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens.

    Comme Maurice Audin, des milliers d’Algériens disparaîtront du fait des forces de l’ordre françaises pendant la guerre d’Algérie. Emmanuel Macron a promis l’ouverture des archives pour sortir leur trace du brouillard du récit officiel et du refoulé. Historiens et familles l’attendent encore. Un an a passé depuis ces mots d’Emmanuel Macron chez Josette Audin. Entre-temps, la veuve de Maurice Audin est décédée à l’âge de 87 ans, le 2 février dernier. Et aucune décision n’est venue prolonger cet engagement présidentiel à »encourager le travail historique sur tous les disparus de la guerre d’Algérie, civils et militaires». En un an, aucune circulaire n’a pulvérisé le verrou sur ces archives.

    Combien de temps devons-nous attendre encore pour arriver à la vérité ? Quand l’Etat français donnera-t-il cette fameuse dérogation qui donnera accès à ces archives ? Ces fameuses dérogations supposent encore que les documents auxquels on donnerait accès soient déclassifiés par l’autorité qui les a produits (ou en tous cas, l’institution qui en est l’héritière). C’est-à-dire que cela implique que le secret de la défense français soit levé, au coup par coup, pièce par pièce, avec l’aval des autorités concernées.

    Autrement dit, un verrou puissant… et un verrou qui entrave drastiquement l’accès à autant de fonds d’archives susceptibles de crever un silence obstiné.

    *Ancien journaliste

    Le Quotidien d’Oran, 10 fév 2020

    Tags : Algérie, Guerre d’Algérie, Maurice Audin, Josette Audin, France,

  • Guerre larvée entre Emmanuel Macron et Tayip Erdogan

    ANALYSE – La France face à la Turquie, de la Syrie au Sénégal

    – En Turquie, la France n’a commencé à faire l’actualité que lorsque des voix d’opposition [à la Turquie] se sont élevées de la part de François Hollande et de son successeur, Emmanuel Macron.

    Ümit Dönmez | 10.02.2020

    De Akın Özçer

    AA – Istanbul

    La France, on se souviendra, en se plaçant sous la tutelle militaire américaine en Syrie, avait apporté son soutien aux YPG, branche syrienne du groupe terroriste PKK, dissimulée sous l’étiquette des « Kurdes syriens » et des « Forces démocratiques syriennes» (FDS). La France s’est fermement opposée aux opérations antiterroristes de la Turquie, en particulier aux opérations « Rameau d’olivier » et « Source de Paix ». A cette époque, le président François Hollande, aussi bien que son successeur Emmanuel Macron, avaient tenté de dissimuler à la communauté internationale, l’aspect hostile envers la Turquie de cette politique, en dissociant du PKK, les YPG qu’ils considèrent comme des alliés contre Daech.

    En réalité, cette séparation PKK/YPG constatée au niveau de l’État français n’avait guère d’importance pour le public, du fait du grand soutien des médias français, notamment du journal Le Monde, qui est le plus lu à l’étranger, pour la rébellion du PKK dans le Sud-Est [de la Turquie]. L’animosité envers la Turquie se dissimulait sous celle envers le gouvernement de l’ « islamiste Erdogan ». Pour cette raison, bien que la tentative de coup d’État du 15 juillet contre le pouvoir détesté [par ces leaders français] soit une attaque directe à la démocratie, il n’a pas été condamné par les pays démocratiques comme il aurait dû l’être, notamment par la France, mais à demi-mot. Après un certain temps, après le début des gardes à vue et arrestations des comploteurs du coup d’État, les flèches des critiques se sont orientées vers ce pouvoir détesté. Faisant partie des médias internationaux guidés par les États-Unis, les médias français n’ont pas hésité à déclarer les putschistes « victimes », et même à défendre les putschistes jugés. Ainsi, Le Monde a véhiculé le point de vue de Melek Çetinkaya, la mère de Furkan Çetinkaya, condamné pour ses activités au sein de l’organisation terroriste FETO, avec la signature de Marie Jégo et le titre « Lettre d’Istanbul ».

    Les positions de la France et des médias mainstream décrites ci-dessus, en raison de leur similarité avec la politique publique de l’administration américaine et de l’État profond américain, n’ont pas été beaucoup discutées au sein de notre opinion publique [en Turquie, ndlr]. Au premier plan, se tenaient nos relations qui se dégradaient progressivement avec les États-Unis, la seule superpuissance mondiale mais aussi un «État voyou» dans le contexte du droit international. La France n’est apparue au premier plan que lorsque des voix d’opposition [à la Turquie] se sont élevées de Hollande et de son successeur, Macron. La France, malgré l’insuffisance de ses forces, poursuit une politique dans notre région, hostile à la Turquie, et similaire à la politique française de la Première Guerre mondiale.

    – Main dans la main avec la Grèce en Méditerranée orientale

    Après l’opération Source de Paix, à laquelle elle s’est opposée, la France a perdu sa présence militaire dans l’est de l’Euphrate en raison des circonstances, et a même dû renoncer à ses ambitions historiques qui semblaient exister sur la Syrie qui était restée sous son mandat jusqu’en 1946. Mais avec la dissolution du corridor du terrorisme par les opérations turques à sa frontière sud, et dans la continuité géographique de cette région, en Méditerranée orientale, la France, avec la Grèce et l’Autorité chypriote grecque, adopte une attitude visant à restreindre la [zone de] juridiction maritime de la Turquie [soit sa zone économique exclusive (ZEE), ndlr]. Dans ce contexte, la France s’oppose au protocole d’accord signé entre la Turquie et le gouvernement légitime de la Libye, le Gouvernement d’entente nationale (GNA), sur la délimitation des zones de la juridiction maritime des deux pays. Il n’est pas surprenant que la France, qui a joué un rôle majeur dans l’intégration de la Grèce à la CEE en 1981, alors qu’elle n’était pas prête, adopte une politique pro-hellénique, mais il est déraisonnable de soutenir un plan qui exclurait arbitrairement le pays avec le plus long littoral (1577 km) en Méditerranée. cela n’a pas de sens; surtout si l’on prend en compte les importantes relations économiques et commerciales de la France avec la Turquie.

    Cependant, le président Macron n’a pas hésité à réitérer le soutien de Paris au Premier ministre grec Mitsotakis, qu’il a accueilli à l’Élysée la semaine dernière. Il a également annoncé qu’un « partenariat stratégique de sécurité » serait établi entre les deux pays, et que la France augmenterait également sensiblement sa présence maritime dans la région [en Méditerranée orientale, ndlr]. Dans un premier temps, il a envoyé le porte-avions français Charles de Gaulle dans la région.

    – Accuser la Turquie sur la Libye

    La France et la Grèce, comme on le sait, soutiennent le légionnaire Khalifa Haftar, qui s’est rebellé contre le GNA malgré l’accord politique libyen et la résolution 2259 du Conseil de sécurité de l’ONU. La principale cause au soutien de la Grèce à Haftar est qu’il a promis de déchirer l’accord signé avec la Turquie, s’il arrive au pouvoir. Toutefois, non seulement pour la Turquie, mais également pour la Libye, cet accord rend obsolète les limitations de leur[s zones respectives de] juridiction maritime. C’est une indication significative de la façon dont un putschiste qui veut le pouvoir est prêt à abandonner les intérêts nationaux de son pays au profit de ceux qui l’aident.

    Le président Macron ayant également d’autre motivations pour soutenir Haftar, lors d’une conférence de presse conjointe avec Mitsotakis, a accusé la Turquie de contrevenir aux engagements pris lors de la Conférence de Berlin. La justification, comme mentionnée dans un article du journal Le Monde sur le sujet, serait que les Rafale français auraient découvert l’envoi par la Turquie de véhicules blindés à Tripoli. Macron, qui a interprété les décisions prises à la Conférence de Berlin, en particulier la décision de ne pas être partie prenante dans le conflit militaire, comme si la partie agressive [Khalifa Haftar et ses milices, ndlr], en violation de la résolution 2259 du Conseil de sécurité des Nations Unies, était l’égal du gouvernement légitime, et il a accusé le président Erdogan de ne pas tenir sa promesse de Berlin, en livrant des véhicules blindés au gouvernement légitime, alors que Haftar violait le cessez-le-feu.

    Le Monde, dans son article sur le sujet, affirme que la Turquie aurait installé un système de défense aérienne à l’aéroport de Mitiga à Tripoli et qu’à Misrata, elle aurait fait tomber un drone des Émirats Arabes Unis (EAU). S’il y a du vrai dans ces informations, ce que fait la Turquie, c’est, conformément à la résolution 2259 du Conseil de sécurité de l’ONU, soutenir le GNA, le gouvernement légitime libyen, qui est attaqué. Ainsi que Macron veut l’imposer, se tenir à égale distance de l’un qui est légitime et de l’autre qui est coupable, n’est rien d’autre qu’agir essentiellement en faveur de l’agresseur. C’est exactement ce que fait la France.

    Emmanuel Macron, sur la base des informations du renseignement, a également accusé la Turquie d’avoir envoyé environ deux mille mercenaires en Libye. Selon Paris, ce sont des terroristes qui menacent la sécurité de l’Europe et de la plupart de ses anciennes colonies du Sahel. Il est ridicule que la France puisse affirmer que la Turquie soutiendrait le terrorisme, alors que la France présente comme son « vrai allié » les YPG, la branche [syrienne] du PKK, dont la nature terroriste ne laisse aucun doute. Basée sur la désinformation d’un soutien présumé à Daech, cette politique ne peut générer pour seul résultat, l’opposition de la Turquie et la détérioration des relations bilatérales de façon irréparable.

    – L’Ouverture de la Turquie à l’Afrique

    La France attribue le soutien implicite qu’elle a apporté à Haftar, à l’affirmation que celui-ci aurait mené une guerre efficace contre Al-Qaïda et les organisations terroristes affiliées à Daech, contre lesquelles la France lutte dans la plupart de ses anciennes colonies des pays du Sahel, avec ou sans frontières avec la Libye. Le fait que la France associe [injustement] la Turquie à des organisations terroristes « djihadistes » indique peut-être, et il est impossible de le savoir, que l’Élysée cherche à nuire à la politique africaine d’Ankara, dont elle surveille de près son « Ouverture à l’Afrique » et en particulier à ses anciennes colonies de population musulmane, avec 41 ambassades [de la Turquie] en Afrique et les activités intenses de l’Agence turque de coopération et de coordination (TIKA) ainsi que [les nombreux vols vers l’Afrique] de Turkish Airlines.

    Dans ce sens, le fait que Le Monde ait accordé une large place à la visite d’Erdogan au Sénégal est intéressant. Dans l’article d’analyse signé par Marie Lechapelays, il est souligné qu’Ankara poursuit depuis longtemps une politique active d’ouverture à l’Afrique et que la porte de cette ouverture est le Sénégal. Notant la prise en charge par la Turquie de projets d’infrastructure au Sénégal, tels que la construction du centre de conférence Abdou-Diouf, très important pour le président sénégalais Macky Sall, du Dakar Arena, et de l’Hôtel Radisson à Diamniadio, ainsi que la gestion de l’Aéroport Blaise Diagne, il est souligné, comme le dit le Professeur Oumar Ba, que les valeurs culturelles communes rapprochent les deux pays. Selon Ba, ​​le rapprochement de la Turquie à l’Afrique est aussi, à un certain degré, un résultat de son éloignement de la perspective de [son éventuelle adhésion à] l’Union Européenne.

    En somme, il est clairement constaté que la France poursuit une politique hostile relativement importante vis-à-vis de la Turquie qu’elle voit comme un concurrent sérieux en Afrique. Il n’est pas du tout rationnel d’essayer, comme les Etats-Unis et certains pays européens, de maquiller cette politique sous la forme d’une opposition au gouvernement au pouvoir en Turquie. Parce que la vérité est évidente.

    [Akın Özçer, diplomate turc retraité, est auteur de « ETA artık yok” (« ETA n’est plus », Décembre 2018), “Çoğul İspanya: Anayasal Sistemi ve Terörle Mücadele Modeli” (« L’Espagne plurielle: Son modèle institutionnel et son modèle de lutte contre le terrorisme », 2006), et de “Euskal Herria: İspanya Siyasi Tarihinde Bask Milliyetçiliği” (« Euskal Herria: Le nationalisme basque dans l’histoire politique espagnole », 1999)

    Source : Anadolou, 10 fév 2020

    Tags : France, Turquie, Macron, Erdoga, Libye, Syrie, terrorisme,